Texte intégral
Que vous inspire l'annonce, dans la presse, de 2 000 à 3 000 suppressions de postes dans l'éducation nationale ?
Le gouvernement est en train de se prendre les pieds dans le tapis. A la mi-juillet, au dernier Conseil supérieur de la fonction publique, Jean-Paul Delevoye [ministre de la fonction publique] avait clairement indiqué que le nombre des fonctionnaires n'était pas un préalable à la réforme de l'Etat et qu'il fallait, d'abord, discuter des besoins. Nous avions jugé positivement ces orientations. Depuis, plus rien ! Au contraire, l'offensive médiatique a repris, pendant l'été, sur le périmètre de l'emploi public. Le gouvernement a pris le problème à l'envers sous la pression de Bercy. Il a écarté les partenaires sociaux et cultivé le secret. C'est une mauvaise méthode, qui ne peut qu'aboutir à des couacs.
Apparemment, pour des raisons budgétaires et politiques, M. Delevoye ne pouvait qu'annoncer le maintien ou la réduction des effectifs. Cette contrainte l'a poussé à revenir sur la programmation pluriannuelle des emplois, mise en place par Lionel Jospin et Jack Lang, et sur le protocole Sapin de résorption de la précarité. Ce non-respect de la parole de l'Etat constitue une très fâcheuse première.
Quels emplois vous semblent les plus menacés ?
Le plan Jospin-Lang avait prévu, cette année, 7 300 créations nettes d'emplois dans les enseignements scolaires : 4 000 au titre de transformations de crédits en postes offerts aux non-titulaires, 800 créations de postes dans le premier degré, 1 000 dans le second degré et 1 500 chez les non-enseignants. Le ministre de l'éducation nationale ayant précisé, dimanche 1er septembre, qu'il n'y aurait rien pour le second degré et que 1 000 postes seraient créés dans le premier degré, c'est effectivement du côté des non-enseignants qu'il lui faut tailler pour pouvoir afficher une réduction des effectifs. 5 000 emplois de surveillants sont sur la sellette. Et quant aux 65 000 aides-éducateurs (les emplois-jeunes), leur avenir n'est pas assuré. Plusieurs milliers d'entre eux ar! rivent en fin de contrat en juin 2003 et ne seront pas prorogés. Supprimer des postes de surveillants irait à l'encontre de la nécessité de pourvoir les établissements réputés difficiles de véritables équipes pluriprofessionnelles.
On prête à Luc Ferry l'intention de transférer aux collectivités territoriales la gestion des personnels non administratifs. Qu'en pensez-vous ?
Nous sommes contre s'il s'agit de faire supporter à d'autres des dépenses que l'Etat ne veut plus assurer. Il n'est pas évident que la réduction de la fracture scolaire passe par de nouveaux transferts aux collectivités territoriales. Et nous demandons un premier bilan de la décentralisation avant d'engager une autre étape.
Envisagez-vous une riposte ?
Nous avons demandé audience à Jean-Pierre Raffarin. Nous ne cherchons pas a priori des motifs de conflit avec le gouvernement, mais, s'il s'obstine, il va au-devant de difficultés. Avec ses choix, le ministère ne se donne aucune marge pour améliorer l'enseignement. Les quelques créations prévues sont en deçà des besoins. Le premier ministre doit donc respecter ses engagements sur le dialogue social et revenir sur un certain nombre d'arbitrages. Nous sommes prêts à discuter avec lui à tout moment. Mais s'il devait s'en tenir aux positions actuelles, il est possible qu'il y ait conflit.
(source http://www.fsu.fr, le 5 septembre 2002)
Le gouvernement est en train de se prendre les pieds dans le tapis. A la mi-juillet, au dernier Conseil supérieur de la fonction publique, Jean-Paul Delevoye [ministre de la fonction publique] avait clairement indiqué que le nombre des fonctionnaires n'était pas un préalable à la réforme de l'Etat et qu'il fallait, d'abord, discuter des besoins. Nous avions jugé positivement ces orientations. Depuis, plus rien ! Au contraire, l'offensive médiatique a repris, pendant l'été, sur le périmètre de l'emploi public. Le gouvernement a pris le problème à l'envers sous la pression de Bercy. Il a écarté les partenaires sociaux et cultivé le secret. C'est une mauvaise méthode, qui ne peut qu'aboutir à des couacs.
Apparemment, pour des raisons budgétaires et politiques, M. Delevoye ne pouvait qu'annoncer le maintien ou la réduction des effectifs. Cette contrainte l'a poussé à revenir sur la programmation pluriannuelle des emplois, mise en place par Lionel Jospin et Jack Lang, et sur le protocole Sapin de résorption de la précarité. Ce non-respect de la parole de l'Etat constitue une très fâcheuse première.
Quels emplois vous semblent les plus menacés ?
Le plan Jospin-Lang avait prévu, cette année, 7 300 créations nettes d'emplois dans les enseignements scolaires : 4 000 au titre de transformations de crédits en postes offerts aux non-titulaires, 800 créations de postes dans le premier degré, 1 000 dans le second degré et 1 500 chez les non-enseignants. Le ministre de l'éducation nationale ayant précisé, dimanche 1er septembre, qu'il n'y aurait rien pour le second degré et que 1 000 postes seraient créés dans le premier degré, c'est effectivement du côté des non-enseignants qu'il lui faut tailler pour pouvoir afficher une réduction des effectifs. 5 000 emplois de surveillants sont sur la sellette. Et quant aux 65 000 aides-éducateurs (les emplois-jeunes), leur avenir n'est pas assuré. Plusieurs milliers d'entre eux ar! rivent en fin de contrat en juin 2003 et ne seront pas prorogés. Supprimer des postes de surveillants irait à l'encontre de la nécessité de pourvoir les établissements réputés difficiles de véritables équipes pluriprofessionnelles.
On prête à Luc Ferry l'intention de transférer aux collectivités territoriales la gestion des personnels non administratifs. Qu'en pensez-vous ?
Nous sommes contre s'il s'agit de faire supporter à d'autres des dépenses que l'Etat ne veut plus assurer. Il n'est pas évident que la réduction de la fracture scolaire passe par de nouveaux transferts aux collectivités territoriales. Et nous demandons un premier bilan de la décentralisation avant d'engager une autre étape.
Envisagez-vous une riposte ?
Nous avons demandé audience à Jean-Pierre Raffarin. Nous ne cherchons pas a priori des motifs de conflit avec le gouvernement, mais, s'il s'obstine, il va au-devant de difficultés. Avec ses choix, le ministère ne se donne aucune marge pour améliorer l'enseignement. Les quelques créations prévues sont en deçà des besoins. Le premier ministre doit donc respecter ses engagements sur le dialogue social et revenir sur un certain nombre d'arbitrages. Nous sommes prêts à discuter avec lui à tout moment. Mais s'il devait s'en tenir aux positions actuelles, il est possible qu'il y ait conflit.
(source http://www.fsu.fr, le 5 septembre 2002)