Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur la commémoration de l'armistice de 1918 et l'hommage à la mémoire des anciens combattants, Paris le 11 novembre 2002.

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Circonstance : Commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918

Texte intégral

Messieurs les officiers,
Mesdames et Messieurs,
J'ai tenu à ce que, dans le cadre des cérémonies commémorant le 84ème anniversaire de l'Armistice de 1918, une cérémonie puisse nous réunir, aujourd'hui, dans ce ministère. Vous le savez, toutes mes visites outre-mer commencent par un temps de recueillement au monument aux morts. Ce n'est pas dans un souci de protocole, mais pour célébrer la mémoire de ceux qui, souvent sans connaître au préalable la métropole, ont quitté leurs foyers pour sauver la Patrie.
Cette cérémonie, il nous faut la replacer dans le contexte historique d'événements désormais lointains mais qui se doivent de demeurer présents à nos mémoires.
En août 1914, la France entre dans la guerre dans un élan spontané, unanimement persuadée de la justice de sa cause et confiante dans une rapide victoire. En fait, la France et ses fils traversent quatre années de souffrances d'une intensité que nous avons peine aujourd'hui à concevoir.
Dans le contexte d'Union Sacrée, dès décembre 1914, un député interpelle ses collègues "devant les deuils glorieux mais cruels et multiples qui frappent les familles de nos officiers, sous-officiers et soldats". Il dépose un projet de loi afin que l'état civil "enregistre à l'honneur du nom de celui qui a donné sa vie pour le pays, un titre clair et impérissable à la gratitude et au respect de tous". Ainsi, le mot " décédé " est remplacé par ceux de "Mort pour la France".
Pour exprimer la gratitude et la reconnaissance du peuple français, il était donc indispensable que les noms des "Morts pour la France" soient portés à la connaissance de tous. Tel est l'objet de la loi du 25 octobre 1919, "relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la grande guerre". Celle-ci précise que des monuments seront élevés "en vue de glorifier les héros morts pour la Patrie".
Ce conflit devait être la "der des der". On sait qu'il n'en a rien été. Après l'effondrement des armées de la République, en 1940, c'est autour du général de Gaulle que se dresse la résistance, symbole de l'honneur. C'est outre-mer que la France libre trouve sa légitimité. Les soldats des bataillons du Pacifique ou des Antilles, les marins de Saint-Pierre et Miquelon sur les corvettes et bien d'autres encore, entrent dans la légende. De leur sacrifice, témoignent de nouveaux noms inscrits sur les monuments aux morts.
L'après-guerre réservait d'autres épreuves, l'Indochine puis l'Algérie qui ont marqué, une fois encore, une génération entière.
Aujourd'hui, dans la paix qu'il nous appartient de maintenir, devant ce monument, souvenons-nous des mots de l'écrivain Roland Dorgelès : "nos morts ne mourront pas aussi longtemps que nous penserons à eux". C'est là le sens profond de cette cérémonie qui célèbre plus particulièrement la mémoire des agents de ce ministère et des originaires d'outre-mer morts pour la France.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 14 janvier 2003)