Texte intégral
Conférence de presse :
Je voulais avant tout dire tout le plaisir et l'intérêt que j'ai pris à ces rencontres, avec mon collègue ici auprès de moi, ainsi qu'à l'instant, avec votre président.
C'est la première fois qu'un membre du nouveau gouvernement français se rend dans votre pays, mais la délégation française comporte aussi des parlementaires : M. Vinçon, sénateur, président du groupe d'amitié France-Slovénie, qui connaît bien votre pays, ainsi que M. Blum, député. Ce n'est pas un hasard si nous avons souhaité que cette délégation soit ainsi élargie pour réunir l'exécutif et le législatif français, car face à l'Europe, le gouvernement et sa majorité, évidemment, sont très liés pour accompagner les efforts qui sont déployés par nos partenaires futurs, notamment la Slovénie.
Le message est double : il est d'abord de constater que la Slovénie est sans doute parmi les pays candidats celui qui a manifesté la capacité d'adaptation la plus prodigieuse ; il faut dire que les progrès ont été engagés il y a longtemps et pas seulement depuis ces quatre dernières années. Le second message, c'est le soutien à la démarche de la Slovénie et à l'idée de la solution d'un certain nombre de problèmes qui restent à régler, puisque, comme vous le savez, la Slovénie a conclu, d'ores et déjà, 28 des 31 chapitres de la pré-adhésion. Il ne reste en réalité à régler que ce qui n'est réglé nulle part ailleurs parmi les pays candidats, c'est-à-dire la question agricole, la Politique agricole commune (PAC), d'une part, et la question du paquet financier qui inclut les aides régionales européennes, la politique régionale, d'autre part.
Sur la PAC, inutile de souligner ici devant vous que la France est attachée à ce que l'agriculture demeure une activité européenne. L'Europe a toujours eu une tradition très dynamique dans le domaine agricole et agro-alimentaire et ce n'est pas au moment où nous allons retrouver une concomitance entre l'Europe politique et l'Europe géographique que nous allons renoncer à ce domaine d'excellence. Ici, en Slovénie, il y a une agriculture avec de petites structures familiales et nous pensons que, si des réformes, comme d'ailleurs dans d'autres pays, sont à venir, il ne faut pas déstabiliser et encore moins détruire ce secteur. Nous sommes ouverts à toute solution qui pourrait être respectueuse de ces particularités slovènes, notamment sur les quotas, et nous avons évoqué, parmi d'autres questions, les quotas laitiers. Nous sommes aussi favorables, bien entendu, et nous soutiendrons la Slovénie, dans l'accompagnement par des aides nationales de la PAC qui, très progressivement, va être intégrée à la politique agricole slovène.
Sur le paquet financier, évidemment, les pays les plus avancés, ayant déployé les plus grands efforts et qui ont un niveau de développement important comme c'est le cas de la Slovénie, par rapport à d'autres futurs partenaires de l'Europe, se sentent moins favorisés en matière d'aides européennes après l'adhésion, que des pays ayant davantage de difficultés. Je dirais que c'est à la base de l'Union européenne que cette solidarité joue davantage en faveur de ceux qui sont en retard qu'en faveur de ceux qui sont en avance. Néanmoins, je puis réaffirmer devant vous que la France s'opposera à ce que la Slovénie puisse être contributeur net au moment de l'adhésion et nous attendons de discuter les propositions de la Commission pour qu'il n'y ait aucun déficit financier par rapport aux aides qui vont être apportées à la Slovénie au moment de l'adhésion en 2004. Notre position est tout à fait sans hésitation à cet égard. C'est à la Commission de trouver des solutions pour un accord et nous sommes d'ailleurs déjà en train de discuter de cette question au sein du Comité des représentants permanents qui réunit les ambassadeurs des pays de l'Union à Bruxelles.
Sur les relations bilatérales, nous avons eu aussi des échanges extrêmement fructueux, avec mon collègue parce que le bilatéral s'enrichit d'une coopération qui s'inscrit dans le cadre de la pré-adhésion et qui continuera après l'adhésion. Vous savez que l'Europe élargie, en fait, existe déjà dans la réalité, puisque les Etats membres mènent déjà des actions communes avec les pays candidats.
Pour notre part, nous sommes très désireux de renforcer cette coopération au titre des programmes européens, notamment le programme PHARE et dans deux domaines : le domaine agricole, d'une part - nous sommes très sensibles au développement rural, à la réforme des structures agricoles, à l'adaptation des modes de production ainsi qu'au phytosanitaire et à la sécurité alimentaire, forte préoccupation des consommateurs européens - d'autre part, la justice et les affaires intérieures qui me paraissent devoir être aussi un axe de coopération privilégié.
Les questions de sécurité ont pris une dimension très aiguë en Europe. Les citoyens sont très sensibilisés et la délimitation des nouvelles frontières de l'Union européenne ne doit évidemment pas se faire au détriment de la sécurité. Cela intéresse la coopération policière et judiciaire et la France est très engagée dans ce domaine.
Pour le surplus, la coopération purement bilatérale marche bien. Nous nous en félicitons. Elle a augmenté de près d'un tiers (30 %) en 2002. Le directeur du Centre des Etudes européennes de Strasbourg, qui est un centre de formation prestigieux en France dans cette ville européenne qu'est Strasbourg, doit se rendre dans votre pays les 14 et 15 octobre. Nous sommes prêts à aider de manière décisive la Slovénie pour la formation et la préparation aux concours européens. Ainsi c'est vraiment la pédagogie qui s'adresse à l'appareil d'Etat pour que les Slovènes puissent être aussi influents que possible au niveau des instances communautaires.
Voilà ce dont nous avons discuté. Nous sommes prêts à répondre à d'autres questions si vous le souhaitez.
Q - Madame la Ministre, selon les sondages, les Français ne sont pas vraiment favorables à l'élargissement. Quelles en sont les raisons ? Que comptez-vous faire ?
R - Vous avez raison de souligner que dans l'euro-baromètre, les Français ne sont pas très bien placés par rapport à l'élargissement. Je crois qu'il y a beaucoup de malentendus sur l'élargissement en France, dus à plusieurs facteurs et notamment aux débats sur la PAC qui ont troublé beaucoup de citoyens français. Ceux-ci ont pensé que la nouvelle Europe allait supprimer tout le dynamisme de l'Europe telle qu'elle s'est développée jusqu'à aujourd'hui, avec, comme vous le savez, le respect de l'identité, des traditions nationales dont notre tradition agricole, et je dirais même agro-alimentaire, puisque notre industrie est très performante dans ce secteur.
Le deuxième élément, c'est qu'il y a en France, comme chez vous, une sensibilité à la sécurité. L'Europe et ses nouvelles frontières sont peut-être un petit peu plus loin pour nous que pour les Autrichiens ou les Italiens plus proches, par exemple. Il y a toute une pédagogie pour démontrer que cette Europe élargie ne diminue pas les conditions de la sécurité intérieure dans un contexte très difficile, et je suis chargée à la demande du gouvernement de mener bientôt une campagne d'information et de pédagogie qui va être lancée par le Premier ministre. M. Raffarin va faire un tour de France pour parler d'Europe et nous allons le faire en liaison avec les élus nationaux dans leurs différentes circonscriptions et les élus locaux, qui seront nos interprètes et indiqueront la meilleure manière d'évoquer l'Europe selon les particularités régionales françaises. Vous savez qu'on a des régions très différentes, - vous avez ici un parlementaire venant du Berry, un autre du sud de la France. Il faut vraiment aller à la rencontre des citoyens pour leur expliquer ce que signifie cette ouverture formidable vers d'autres pays qui nous rejoignent mais qui n'ont jamais cessé d'être européens.
J'ajoute que nous souhaitons faire participer à ces rencontres, - qui peuvent se dérouler à l'occasion d'événements, par exemple, musicaux, théâtraux, culturels, pas seulement des débats politiques - nos partenaires dont la Slovénie. Je suis très heureuse d'inviter mon collègue slovène dans une région de France, comme j'ai d'ailleurs invité aussi d'autres partenaires, parce que les jeunes attendent un dialogue au-delà des questions nationales. Evidemment, la Slovénie c'est une ouverture formidable, un pays avec lequel nous avons des liens historiques, un pays qui vit l'Europe déjà depuis plusieurs années - et c'est un atout extraordinaire pour expliquer l'Europe - mais il reste encore beaucoup de travail à faire.
Q - Les désaccords sur l'avenir de la PAC ne vont-ils pas retarder le processus d'élargissement ?
R - Sur la PAC, les positions sont très claires. Il y a un processus qui a été arrêté à Berlin en 1999 avec un paquet financier - ce que l'on donne, ce que l'on reçoit - et il y a en Europe un principe éthique selon lequel on ne rompt pas un contrat en cours d'exécution.
Ce contrat a été fixé jusqu'en 2006. Nous avons déjà des conversations, nous pensons qu'il faut que ces conversations se déroulent dans des conditions normales.
Premièrement, il ne faut pas diffuser de fausses idées sur la PAC. Elle a certes un certain coût mais le bénéfice pour les Européens de cette politique agricole a été énorme. Il a permis de maintenir, que ce soit pour nous ou pour nos voisins, - je pense aux Espagnols, mais à bien d'autres pays, les Irlandais etc. -, un niveau d'activité important, un maillage de nos territoires, la présence de nos agriculteurs sur les territoires et aussi une dynamique industrielle qui est importante également dans d'autres pays européens. Cette dynamique n'aurait certainement pas été possible sans l'audace d'unir nos moyens à travers la PAC. Cette politique a déjà évolué et il le fallait. Notamment nous n'avons plus, comme cela était le cas voici dix ans, de surplus. C'est pourquoi en matière de quotas nous sommes évidemment ouverts pour un assouplissement car, s'ils étaient trop rigoureusement appliqués, cela porterait atteinte aux intérêts économiques de la Slovénie dans des conditions qui ne seraient pas acceptables.
Nous restons toutefois très sensibilisés à la question des excédents. Car nous avons déployé des efforts très importants en France comme ailleurs pour éviter ces excédents agricoles.
Enfin et en dernier lieu, nous sommes très attentifs à mettre l'accent sur ce que l'on appelle le développement rural, des actions qui sont cofinancées par l'Union et les Etats membres. Ce développement rural est un impératif tout à fait important dans un contexte où nous sommes de plus en plus sensibilisés à l'environnement. Les agriculteurs y sont très sensibles et cela fera partie - cela fait déjà partie - des perspectives et des discussions que nous avons. Mais rompre un équilibre arrêté dans le cadre européen, c'est-à-dire que chacun a fait des concessions et chacun a pensé à l'époque du sommet de Berlin en 1999 qu'il était intéressant de faire ces concessions pour arriver à un équilibre commun, cela, c'est l'idée européenne, il n'y a pas de gagnant et il n'y a pas de perdant. Ce rapprochement a été acquis dans des conditions qui n'ont pas été faciles et nous pensons que nous pouvons attendre l'échéance pour envisager des changements.
Q - Vous attendez-vous à ce que les dix pays candidats puissent entrer dans l'Union européenne ensemble ?
R - Tout d'abord, je voulais indiquer que la France est tout à fait en phase avec la présidence danoise qui mène ce processus de pré-adhésion dans des conditions remarquables avec l'idée que les échéances doivent être respectées, c'est-à-dire qu'il faut conclure les négociations au 1er janvier prochain.
Certes, tous les pays ne sont pas au même niveau que la Slovénie, nous le souhaiterions, mais ce n'est pas le cas. Néanmoins, nous pensons qu'il est fort probable, en tous cas très souhaitable, que les dix pays qui prévus pour entrer dans cette première vague de l'élargissement, nous rejoignent. Il peut y avoir des incidents, mais en l'état actuel des choses, nous pensons que ce sera possible et nous estimons que c'est souhaitable.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 septembre 2002)
Interview à la télévision nationale slovène :
Q - La France soutient-elle l'élargissement de l'Union européenne à dix nouveaux membres ?
R - Nous pensons que, de toute façon, la Slovénie fera partie des pays qui sont prêts. Nous n'avons aucun doute à ce sujet. En principe, il y aura neuf autres pays, cela me paraît possible et unanimement souhaitable. Nous attendons, comme vous, les rapports de progrès de la Commission.
Q - Si l'on parle du dernier "paquet" financier, la Slovénie serait contributeur net au budget européen. Vous attendez-vous à beaucoup de changements dans les négociations ?
R - La Slovénie, comme les autres pays, acquittera sa contribution comme Etat membre. En revanche, nous souhaitons que ce principe ne conduise pas à faire de la Slovénie un contributeur net et nous nous y opposerons. La Commission doit faire des propositions et nous trouverons les modalités nécessaires pour éviter cette conséquence.
Q - Quel est votre point de vue sur les paiements directs aux nouveaux pays membres ?
R - Nous sommes un pays très attaché à la Politique agricole commune. Nous pensons que l'agriculture est une activité humaine, sociale et surtout économique pour l'Europe. Nous soutenons évidemment la Slovénie dans son effort pour s'adapter après l'adhésion et nous sommes en faveur de la continuation des aides directes de l'Etat slovène aux agriculteurs dans des conditions qui, là encore, seront discutées au sein de l'Union.
Q - En France, le soutien à l'élargissement n'est pas très fort Qu'en pensez-vous ?
R - C'est une grande préoccupation pour le ministre que je suis, parce que les citoyens sont un peu déstabilisés, d'une part par les discussions sur l'agriculture, et d'autre part, par les questions de sécurité. Ils ont l'impression qu'un ensemble européen plus vaste va se constituer au détriment de la sécurité, la sécurité aux frontières.
Q - Vous attendez-vous vraiment à la fin des négociations pour la fin de l'année ?
R - Oui.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 septembre 2002)
Je voulais avant tout dire tout le plaisir et l'intérêt que j'ai pris à ces rencontres, avec mon collègue ici auprès de moi, ainsi qu'à l'instant, avec votre président.
C'est la première fois qu'un membre du nouveau gouvernement français se rend dans votre pays, mais la délégation française comporte aussi des parlementaires : M. Vinçon, sénateur, président du groupe d'amitié France-Slovénie, qui connaît bien votre pays, ainsi que M. Blum, député. Ce n'est pas un hasard si nous avons souhaité que cette délégation soit ainsi élargie pour réunir l'exécutif et le législatif français, car face à l'Europe, le gouvernement et sa majorité, évidemment, sont très liés pour accompagner les efforts qui sont déployés par nos partenaires futurs, notamment la Slovénie.
Le message est double : il est d'abord de constater que la Slovénie est sans doute parmi les pays candidats celui qui a manifesté la capacité d'adaptation la plus prodigieuse ; il faut dire que les progrès ont été engagés il y a longtemps et pas seulement depuis ces quatre dernières années. Le second message, c'est le soutien à la démarche de la Slovénie et à l'idée de la solution d'un certain nombre de problèmes qui restent à régler, puisque, comme vous le savez, la Slovénie a conclu, d'ores et déjà, 28 des 31 chapitres de la pré-adhésion. Il ne reste en réalité à régler que ce qui n'est réglé nulle part ailleurs parmi les pays candidats, c'est-à-dire la question agricole, la Politique agricole commune (PAC), d'une part, et la question du paquet financier qui inclut les aides régionales européennes, la politique régionale, d'autre part.
Sur la PAC, inutile de souligner ici devant vous que la France est attachée à ce que l'agriculture demeure une activité européenne. L'Europe a toujours eu une tradition très dynamique dans le domaine agricole et agro-alimentaire et ce n'est pas au moment où nous allons retrouver une concomitance entre l'Europe politique et l'Europe géographique que nous allons renoncer à ce domaine d'excellence. Ici, en Slovénie, il y a une agriculture avec de petites structures familiales et nous pensons que, si des réformes, comme d'ailleurs dans d'autres pays, sont à venir, il ne faut pas déstabiliser et encore moins détruire ce secteur. Nous sommes ouverts à toute solution qui pourrait être respectueuse de ces particularités slovènes, notamment sur les quotas, et nous avons évoqué, parmi d'autres questions, les quotas laitiers. Nous sommes aussi favorables, bien entendu, et nous soutiendrons la Slovénie, dans l'accompagnement par des aides nationales de la PAC qui, très progressivement, va être intégrée à la politique agricole slovène.
Sur le paquet financier, évidemment, les pays les plus avancés, ayant déployé les plus grands efforts et qui ont un niveau de développement important comme c'est le cas de la Slovénie, par rapport à d'autres futurs partenaires de l'Europe, se sentent moins favorisés en matière d'aides européennes après l'adhésion, que des pays ayant davantage de difficultés. Je dirais que c'est à la base de l'Union européenne que cette solidarité joue davantage en faveur de ceux qui sont en retard qu'en faveur de ceux qui sont en avance. Néanmoins, je puis réaffirmer devant vous que la France s'opposera à ce que la Slovénie puisse être contributeur net au moment de l'adhésion et nous attendons de discuter les propositions de la Commission pour qu'il n'y ait aucun déficit financier par rapport aux aides qui vont être apportées à la Slovénie au moment de l'adhésion en 2004. Notre position est tout à fait sans hésitation à cet égard. C'est à la Commission de trouver des solutions pour un accord et nous sommes d'ailleurs déjà en train de discuter de cette question au sein du Comité des représentants permanents qui réunit les ambassadeurs des pays de l'Union à Bruxelles.
Sur les relations bilatérales, nous avons eu aussi des échanges extrêmement fructueux, avec mon collègue parce que le bilatéral s'enrichit d'une coopération qui s'inscrit dans le cadre de la pré-adhésion et qui continuera après l'adhésion. Vous savez que l'Europe élargie, en fait, existe déjà dans la réalité, puisque les Etats membres mènent déjà des actions communes avec les pays candidats.
Pour notre part, nous sommes très désireux de renforcer cette coopération au titre des programmes européens, notamment le programme PHARE et dans deux domaines : le domaine agricole, d'une part - nous sommes très sensibles au développement rural, à la réforme des structures agricoles, à l'adaptation des modes de production ainsi qu'au phytosanitaire et à la sécurité alimentaire, forte préoccupation des consommateurs européens - d'autre part, la justice et les affaires intérieures qui me paraissent devoir être aussi un axe de coopération privilégié.
Les questions de sécurité ont pris une dimension très aiguë en Europe. Les citoyens sont très sensibilisés et la délimitation des nouvelles frontières de l'Union européenne ne doit évidemment pas se faire au détriment de la sécurité. Cela intéresse la coopération policière et judiciaire et la France est très engagée dans ce domaine.
Pour le surplus, la coopération purement bilatérale marche bien. Nous nous en félicitons. Elle a augmenté de près d'un tiers (30 %) en 2002. Le directeur du Centre des Etudes européennes de Strasbourg, qui est un centre de formation prestigieux en France dans cette ville européenne qu'est Strasbourg, doit se rendre dans votre pays les 14 et 15 octobre. Nous sommes prêts à aider de manière décisive la Slovénie pour la formation et la préparation aux concours européens. Ainsi c'est vraiment la pédagogie qui s'adresse à l'appareil d'Etat pour que les Slovènes puissent être aussi influents que possible au niveau des instances communautaires.
Voilà ce dont nous avons discuté. Nous sommes prêts à répondre à d'autres questions si vous le souhaitez.
Q - Madame la Ministre, selon les sondages, les Français ne sont pas vraiment favorables à l'élargissement. Quelles en sont les raisons ? Que comptez-vous faire ?
R - Vous avez raison de souligner que dans l'euro-baromètre, les Français ne sont pas très bien placés par rapport à l'élargissement. Je crois qu'il y a beaucoup de malentendus sur l'élargissement en France, dus à plusieurs facteurs et notamment aux débats sur la PAC qui ont troublé beaucoup de citoyens français. Ceux-ci ont pensé que la nouvelle Europe allait supprimer tout le dynamisme de l'Europe telle qu'elle s'est développée jusqu'à aujourd'hui, avec, comme vous le savez, le respect de l'identité, des traditions nationales dont notre tradition agricole, et je dirais même agro-alimentaire, puisque notre industrie est très performante dans ce secteur.
Le deuxième élément, c'est qu'il y a en France, comme chez vous, une sensibilité à la sécurité. L'Europe et ses nouvelles frontières sont peut-être un petit peu plus loin pour nous que pour les Autrichiens ou les Italiens plus proches, par exemple. Il y a toute une pédagogie pour démontrer que cette Europe élargie ne diminue pas les conditions de la sécurité intérieure dans un contexte très difficile, et je suis chargée à la demande du gouvernement de mener bientôt une campagne d'information et de pédagogie qui va être lancée par le Premier ministre. M. Raffarin va faire un tour de France pour parler d'Europe et nous allons le faire en liaison avec les élus nationaux dans leurs différentes circonscriptions et les élus locaux, qui seront nos interprètes et indiqueront la meilleure manière d'évoquer l'Europe selon les particularités régionales françaises. Vous savez qu'on a des régions très différentes, - vous avez ici un parlementaire venant du Berry, un autre du sud de la France. Il faut vraiment aller à la rencontre des citoyens pour leur expliquer ce que signifie cette ouverture formidable vers d'autres pays qui nous rejoignent mais qui n'ont jamais cessé d'être européens.
J'ajoute que nous souhaitons faire participer à ces rencontres, - qui peuvent se dérouler à l'occasion d'événements, par exemple, musicaux, théâtraux, culturels, pas seulement des débats politiques - nos partenaires dont la Slovénie. Je suis très heureuse d'inviter mon collègue slovène dans une région de France, comme j'ai d'ailleurs invité aussi d'autres partenaires, parce que les jeunes attendent un dialogue au-delà des questions nationales. Evidemment, la Slovénie c'est une ouverture formidable, un pays avec lequel nous avons des liens historiques, un pays qui vit l'Europe déjà depuis plusieurs années - et c'est un atout extraordinaire pour expliquer l'Europe - mais il reste encore beaucoup de travail à faire.
Q - Les désaccords sur l'avenir de la PAC ne vont-ils pas retarder le processus d'élargissement ?
R - Sur la PAC, les positions sont très claires. Il y a un processus qui a été arrêté à Berlin en 1999 avec un paquet financier - ce que l'on donne, ce que l'on reçoit - et il y a en Europe un principe éthique selon lequel on ne rompt pas un contrat en cours d'exécution.
Ce contrat a été fixé jusqu'en 2006. Nous avons déjà des conversations, nous pensons qu'il faut que ces conversations se déroulent dans des conditions normales.
Premièrement, il ne faut pas diffuser de fausses idées sur la PAC. Elle a certes un certain coût mais le bénéfice pour les Européens de cette politique agricole a été énorme. Il a permis de maintenir, que ce soit pour nous ou pour nos voisins, - je pense aux Espagnols, mais à bien d'autres pays, les Irlandais etc. -, un niveau d'activité important, un maillage de nos territoires, la présence de nos agriculteurs sur les territoires et aussi une dynamique industrielle qui est importante également dans d'autres pays européens. Cette dynamique n'aurait certainement pas été possible sans l'audace d'unir nos moyens à travers la PAC. Cette politique a déjà évolué et il le fallait. Notamment nous n'avons plus, comme cela était le cas voici dix ans, de surplus. C'est pourquoi en matière de quotas nous sommes évidemment ouverts pour un assouplissement car, s'ils étaient trop rigoureusement appliqués, cela porterait atteinte aux intérêts économiques de la Slovénie dans des conditions qui ne seraient pas acceptables.
Nous restons toutefois très sensibilisés à la question des excédents. Car nous avons déployé des efforts très importants en France comme ailleurs pour éviter ces excédents agricoles.
Enfin et en dernier lieu, nous sommes très attentifs à mettre l'accent sur ce que l'on appelle le développement rural, des actions qui sont cofinancées par l'Union et les Etats membres. Ce développement rural est un impératif tout à fait important dans un contexte où nous sommes de plus en plus sensibilisés à l'environnement. Les agriculteurs y sont très sensibles et cela fera partie - cela fait déjà partie - des perspectives et des discussions que nous avons. Mais rompre un équilibre arrêté dans le cadre européen, c'est-à-dire que chacun a fait des concessions et chacun a pensé à l'époque du sommet de Berlin en 1999 qu'il était intéressant de faire ces concessions pour arriver à un équilibre commun, cela, c'est l'idée européenne, il n'y a pas de gagnant et il n'y a pas de perdant. Ce rapprochement a été acquis dans des conditions qui n'ont pas été faciles et nous pensons que nous pouvons attendre l'échéance pour envisager des changements.
Q - Vous attendez-vous à ce que les dix pays candidats puissent entrer dans l'Union européenne ensemble ?
R - Tout d'abord, je voulais indiquer que la France est tout à fait en phase avec la présidence danoise qui mène ce processus de pré-adhésion dans des conditions remarquables avec l'idée que les échéances doivent être respectées, c'est-à-dire qu'il faut conclure les négociations au 1er janvier prochain.
Certes, tous les pays ne sont pas au même niveau que la Slovénie, nous le souhaiterions, mais ce n'est pas le cas. Néanmoins, nous pensons qu'il est fort probable, en tous cas très souhaitable, que les dix pays qui prévus pour entrer dans cette première vague de l'élargissement, nous rejoignent. Il peut y avoir des incidents, mais en l'état actuel des choses, nous pensons que ce sera possible et nous estimons que c'est souhaitable.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 septembre 2002)
Interview à la télévision nationale slovène :
Q - La France soutient-elle l'élargissement de l'Union européenne à dix nouveaux membres ?
R - Nous pensons que, de toute façon, la Slovénie fera partie des pays qui sont prêts. Nous n'avons aucun doute à ce sujet. En principe, il y aura neuf autres pays, cela me paraît possible et unanimement souhaitable. Nous attendons, comme vous, les rapports de progrès de la Commission.
Q - Si l'on parle du dernier "paquet" financier, la Slovénie serait contributeur net au budget européen. Vous attendez-vous à beaucoup de changements dans les négociations ?
R - La Slovénie, comme les autres pays, acquittera sa contribution comme Etat membre. En revanche, nous souhaitons que ce principe ne conduise pas à faire de la Slovénie un contributeur net et nous nous y opposerons. La Commission doit faire des propositions et nous trouverons les modalités nécessaires pour éviter cette conséquence.
Q - Quel est votre point de vue sur les paiements directs aux nouveaux pays membres ?
R - Nous sommes un pays très attaché à la Politique agricole commune. Nous pensons que l'agriculture est une activité humaine, sociale et surtout économique pour l'Europe. Nous soutenons évidemment la Slovénie dans son effort pour s'adapter après l'adhésion et nous sommes en faveur de la continuation des aides directes de l'Etat slovène aux agriculteurs dans des conditions qui, là encore, seront discutées au sein de l'Union.
Q - En France, le soutien à l'élargissement n'est pas très fort Qu'en pensez-vous ?
R - C'est une grande préoccupation pour le ministre que je suis, parce que les citoyens sont un peu déstabilisés, d'une part par les discussions sur l'agriculture, et d'autre part, par les questions de sécurité. Ils ont l'impression qu'un ensemble européen plus vaste va se constituer au détriment de la sécurité, la sécurité aux frontières.
Q - Vous attendez-vous vraiment à la fin des négociations pour la fin de l'année ?
R - Oui.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 septembre 2002)