Texte intégral
A. Hausser-. C'est aujourd'hui la date butoir pour présenter un plan de sauvetage pour la compagnie Air Lib. Vous avez reçu un plan hier...
- "Tardivement."
"Tardivement, mais le délai était respecté. Ce plan prévoirait l'entrée d'une compagnie néerlandaise à hauteur de 50 % dans le capital d'Air Lib. On fait aussi "miroiter" - je crois que c'est comme cela qu'il faut dire - l'achat de plusieurs Airbus, puis il y a évidemment des conditions qui sont posées, dont celle de l'effacement de la dette - on peut presque le dire ainsi. Vous recevez le PDG de d'Imca ce matin, qu'allez-vous lui dire ?
- "Nous allons surtout l'écouter, parce que vous avez résumé, de manière très synthétique et claire, ce qui nous a été adressé hier soir, à la nuit tombée, donc nous avons travaillé une partie de la soirée et cette nuit pour regarder cela. Et ce matin, avec G. de Robien, nous allons poser des questions à monsieur Corbet et à l'investisseur, parce qu'il y a des questions à poser. Il s'agit de beaucoup d'argent et surtout de 2 800 salariés, c'est avant tout à eux que nous pensons. Et donc, nous allons poser des questions, nous aurons des réponses, en tout cas j'espère. Et puis le Gouvernement prendra le temps du week-end pour réfléchir et donner une réponse définitive par rapport à ce qui nous sera dit ou pas dit ce matin."
A priori, ce plan vous semble crédible ?
- "J'ai lu, dans les conditions que je viens de vous raconter.."
Ce n'est pas très détaillé si j'ai bien compris...
- "Il y a beaucoup de choses qui sont demandées apparemment, beaucoup de choses qui sont expliquées. Je n'y ai pas vu - mais peut-être ai-je lu rapidement ou mal - beaucoup d'argent apporté par l'éventuel investisseur. Donc, nous allons poser toutes ces questions ce matin. Je crois qu'à l'heure à laquelle vous me recevez sur votre antenne, il est trop tôt pour dire ce que sera la position du Gouvernement. Je rappelle simplement notre objectif : essayer de faire que cette compagnie survive, en tout cas nous avons toujours été dans cette optique-là, mais pas à n'importe quelles conditions, et toujours avoir en tête les 2 800 salariés de l'entreprise."
Air Lib est devenu un problème social, c'est un problème économique ?
- "Si l'entreprise ne pouvait plus voler parce que les conditions qui nous sont proposées ne sont pas acceptables, ce serait une difficulté sociale réelle, car 2 800 personnes, qui, de plus, ont été ballottées, ce sont des hommes et des femmes, pilotes, personnels navigants, personnels au sol, administratifs qui, depuis des mois et des années, vivent de plan en plan, de redressements en semi-redressements. Donc, naturellement, la dimension sociale du dossier est très importante, et naturellement, le Gouvernement et le Premier ministre en particulier y sont très sensibles."
Et pourquoi pas un plan de plus, pourquoi pas une solution de plus ?
- "On a tous, comme une partie de vos téléspectateurs, des emprunts pour notre maison, une voiture, telle et telle chose. Et on se dit tous qu'un jour il faut rembourser. Donc, on peut toujours mener une politique au fil de l'eau qui consiste à dire : toujours plus, toujours demain, toujours après-demain. Il y a un moment où, de temps en temps, quand on est gestionnaire d'une entreprise, il faut être sérieux. Et nous espérons que le plan qui nous est présenté est sérieux. Car lorsqu'on a des dettes, c'est le cas de tous les ménages de France, de toutes les entreprises de France, il y a un jour où il faut bien les rembourser."
L'arbitrage qui sera rendu sera-t-il politique ou économique ?
- "Quand il s'agit de 2 800 personnes, c'est avant tout un arbitrage social. De plus, Air Lib participe à l'aménagement du territoire, il y a des lignes exploitées vers l'outre-mer française, et un certain nombre de destinations en France, vers la Corse..."
Abandonnées par Air France...
- "Abandonnées par Air France ou reprise par Air Lib, ou qui ont intéressé telle ou telle compagnie. Il faudra naturellement tenir compte de tout cela. Donc, ce n'est pas une décision facile que le Gouvernement aura à prendre. Nous la prendrons en fonction, naturellement, de l'intérêt des salariés de l'entreprise dans un premier temps, du sérieux du plan. Et puis, également, du respect du bon équilibre des finances publiques et de la parole de l'Etat."
Vous dites "nous nous donnons le week-end pour réfléchir", cela veut dire...
- "Pour étudier. Cela veut dire que, ce matin, entretien avec monsieur Corbet, avec un représentant, semble-t-il, d'Imca. Nous allons regarder les réponses, les questions, et réfléchir, en parler au sein du Gouvernement, travailler sur ce plan. Et puis, le moment venu, le Gouvernement fera connaître sa réponse."
La semaine prochaine ?
- "Dans des délais rapides, parce que je crois, je le répète, les personnels ont été suffisamment ballottés pour qu'on leur dise ce que l'on va faire et qu'ils connaissent rapidement la vérité."
Vous avez un deuxième dossier très lourd qui est celui de la marée noire. Avec R. Bachelot, vous êtes-vous entourés de toutes les précautions nécessaires pour que les personnes, bénévoles ou non, ne soient pas contaminées ?
- "On a, dans cette affaire, une situation très particulière, c'est qu'à la fin de la semaine dernière, le pétrole est arrivé. Et puis, on a eu ce changement de temps, le froid sec que nous connaissons, et toutes les conséquences sur le territoire, qui fait que les courants ne sont plus d'ouest. Donc, depuis quelques jours, nous avons beaucoup moins d'entrées. On ne sait plus [quelle est] la situation réelle. On sait qu'il y a du pétrole."
Mais on survole quand même les nappes ?
- "Oui, on les survole, mais même s'il fait un froid sec, en mer, la situation est beaucoup plus tourmentée. Donc, on n'a pas vraiment d'information sur ce qu'il y a devant nos côtes et ce qui va arriver. Donc, ce qu'a fait le Gouvernement depuis une semaine, c'est augmenter les moyens [avec] le plan Polmar-terre. Donc, mettre plus de soldats, plus de sauveteurs de la sécurité civile, plus de tenues pour que les gens ramassent dans les conditions les meilleurs ; activer le plan Polmar-mer quand il a été possible d'aller en mer, on est allés cherché des nappes de pétrole avec des chalutiers et des navires spécialisés. Dès qu'il y aura le changement de temps, dès qu'on va revenir à des conditions de dépression de vent d'ouest et de sud-ouest, nous allons voir ce qui arrivent sur nos côtes, et là, notre dispositif est prêt. Comme vous l'indiquez vous-même, nous aurons la possibilité aussi d'accueillir des volontaires qui seront protégés, puisqu'ils viendront d'inscrire dans les mairies. Mais pour l'instant, le Gouvernement a mis les moyens en militaires, en agents de la sécurité civile, en pompiers, en gendarmes, suffisants pour que nous n'ayons pas besoin, dans un premier temps, de faire appel à des volontaires."
Est-ce que vous êtes un peu terrorisé par la marée noire ? Sur le plan politique aussi, parce que vous avez peur qu'on vous fasse des reproches ?
- "Non, vous savez, ce n'est pas une question politique. Moi, j'étais maire, jusqu'à mon entrée au Gouvernement, d'une petite ville à l'entrée de l'estuaire de la Gironde, face à l'océan. Je vois les conséquences pour l'économie touristique, pour les paysages naturellement, et même du point de vue de la psychologie de chacune et chacun. Je pense également aux professionnels de la mer. Je suis tout proche des Marennes-Oléron ; je pense également aux ostréiculteurs de l'Aquitaine. Ce sont des gens qui souffrent, actuellement, et auxquels il faut penser en priorité."
Et ce matin, on pense aussi aux automobilistes qui ont redécouvert qu'il pouvait faire froid en France.
- "Et aux passagers du transport aérien."
Oui, mais ce sont surtout les automobilistes qui ont été bloqués ou qui sont bloqués sur les routes et les autoroutes, quand il se met à neiger ou à pleuvoir, à avoir du verglas. On ne sait plus gérer le froid en France ?
- "On n'est plus habitués. C'est le réchauffement climatique, c'est le confort auquel nous sommes habitués. Je crois qu'il n'y a pas toujours les réflexes des automobilistes qui partent sans une bouteille d'eau, sans un pull dans leur voiture, sans un manteau, etc., et qui se retrouvent dans des conditions difficiles. C'est un peu la discipline collective et un peu l'absence de raison, parfois, dans le comportement de certaines familles - ce qu'on a vu dimanche soir sur l'autoroute, entre le péage de Saint-Arnoult et Paris. Et puis, c'est vrai que, globalement, la collectivité française, malgré le travail des gens sur le terrain, n'a pas été très bonne dimanche. D'où le fait que..."
Vous avez fait une réunion ?
- "...G. de Robien a convoqué tout le monde : les dirigeants d'autoroutes, les préfets ont été vus. Hier, les usagers, des clients de l'autoroute ont été reçus. On en tire toutes les conclusions. Pardonnez-moi de revenir aussi sur le transport aérien : on a eu un état de désorganisation de nos aéroports, avec des conséquences dans le trafic, dans les jours qui ont été suivis, qui n'étaient pas du tout acceptables. Nous l'avons dit aux dirigeants d'Aéroports de Paris, pas aux personnels qui eux ont fait leur boulot sur le terrain. Il faut que nous soyons réactifs et surtout qu'on informe. On comprend tous qu'il y ait de la neige, du verglas, du brouillard en hiver, que les choses doivent être difficiles et que cela ne dépend pas de l'homme. Mais il faut au moins que lorsque les gens sont pris dans la tourmente, dans ces conditions-là, ils aient la bonne information : est-ce qu'ils doivent sortir de l'autoroute ou pas, rentrer chez eux ou pas sortir de chez eux, être déviés là ou là... Ce que nous avons reproché aux systèmes de transport, le dernier week-end, ce n'est pas qu'il ait plu ou pas, ou qu'on ait mis du temps à déverglacer, cela se comprend très bien, c'est qu'on n'ait pas donné aux citoyens, aux automobilistes, aux clients du transport aérien les informations exactes et précises en temps voulu."
Faut-il comprendre que les services publics ont des clients ?
- "Oui, je crois que nous sommes tous, quelque part, contribuables, et quelque part, le service public - le président de la République l'a rappelé, à juste titre, hier ..."
Avec une certaine vigueur.
- "Il a raison. Il y a des vraies responsabilités vis-à-vis des Français. Le service public en France, c'est quelque chose d'important auquel nous croyons, à condition qu'il soit toujours responsable et qu'il remplisse bien ses tâches."
Est-ce qu'il y a des sanctions qui vont être prises ?
- "Certainement. Il y a déjà une sanction morale. Je crois que l'opinion a fait clairement entendre sa voix, c'est important ; les médias, vous y avez participé. Je crois que quelque part, il faut savoir que cela ne peut pas se reproduire, en tout cas dans ces conditions-là."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 janvier 2003)
- "Tardivement."
"Tardivement, mais le délai était respecté. Ce plan prévoirait l'entrée d'une compagnie néerlandaise à hauteur de 50 % dans le capital d'Air Lib. On fait aussi "miroiter" - je crois que c'est comme cela qu'il faut dire - l'achat de plusieurs Airbus, puis il y a évidemment des conditions qui sont posées, dont celle de l'effacement de la dette - on peut presque le dire ainsi. Vous recevez le PDG de d'Imca ce matin, qu'allez-vous lui dire ?
- "Nous allons surtout l'écouter, parce que vous avez résumé, de manière très synthétique et claire, ce qui nous a été adressé hier soir, à la nuit tombée, donc nous avons travaillé une partie de la soirée et cette nuit pour regarder cela. Et ce matin, avec G. de Robien, nous allons poser des questions à monsieur Corbet et à l'investisseur, parce qu'il y a des questions à poser. Il s'agit de beaucoup d'argent et surtout de 2 800 salariés, c'est avant tout à eux que nous pensons. Et donc, nous allons poser des questions, nous aurons des réponses, en tout cas j'espère. Et puis le Gouvernement prendra le temps du week-end pour réfléchir et donner une réponse définitive par rapport à ce qui nous sera dit ou pas dit ce matin."
A priori, ce plan vous semble crédible ?
- "J'ai lu, dans les conditions que je viens de vous raconter.."
Ce n'est pas très détaillé si j'ai bien compris...
- "Il y a beaucoup de choses qui sont demandées apparemment, beaucoup de choses qui sont expliquées. Je n'y ai pas vu - mais peut-être ai-je lu rapidement ou mal - beaucoup d'argent apporté par l'éventuel investisseur. Donc, nous allons poser toutes ces questions ce matin. Je crois qu'à l'heure à laquelle vous me recevez sur votre antenne, il est trop tôt pour dire ce que sera la position du Gouvernement. Je rappelle simplement notre objectif : essayer de faire que cette compagnie survive, en tout cas nous avons toujours été dans cette optique-là, mais pas à n'importe quelles conditions, et toujours avoir en tête les 2 800 salariés de l'entreprise."
Air Lib est devenu un problème social, c'est un problème économique ?
- "Si l'entreprise ne pouvait plus voler parce que les conditions qui nous sont proposées ne sont pas acceptables, ce serait une difficulté sociale réelle, car 2 800 personnes, qui, de plus, ont été ballottées, ce sont des hommes et des femmes, pilotes, personnels navigants, personnels au sol, administratifs qui, depuis des mois et des années, vivent de plan en plan, de redressements en semi-redressements. Donc, naturellement, la dimension sociale du dossier est très importante, et naturellement, le Gouvernement et le Premier ministre en particulier y sont très sensibles."
Et pourquoi pas un plan de plus, pourquoi pas une solution de plus ?
- "On a tous, comme une partie de vos téléspectateurs, des emprunts pour notre maison, une voiture, telle et telle chose. Et on se dit tous qu'un jour il faut rembourser. Donc, on peut toujours mener une politique au fil de l'eau qui consiste à dire : toujours plus, toujours demain, toujours après-demain. Il y a un moment où, de temps en temps, quand on est gestionnaire d'une entreprise, il faut être sérieux. Et nous espérons que le plan qui nous est présenté est sérieux. Car lorsqu'on a des dettes, c'est le cas de tous les ménages de France, de toutes les entreprises de France, il y a un jour où il faut bien les rembourser."
L'arbitrage qui sera rendu sera-t-il politique ou économique ?
- "Quand il s'agit de 2 800 personnes, c'est avant tout un arbitrage social. De plus, Air Lib participe à l'aménagement du territoire, il y a des lignes exploitées vers l'outre-mer française, et un certain nombre de destinations en France, vers la Corse..."
Abandonnées par Air France...
- "Abandonnées par Air France ou reprise par Air Lib, ou qui ont intéressé telle ou telle compagnie. Il faudra naturellement tenir compte de tout cela. Donc, ce n'est pas une décision facile que le Gouvernement aura à prendre. Nous la prendrons en fonction, naturellement, de l'intérêt des salariés de l'entreprise dans un premier temps, du sérieux du plan. Et puis, également, du respect du bon équilibre des finances publiques et de la parole de l'Etat."
Vous dites "nous nous donnons le week-end pour réfléchir", cela veut dire...
- "Pour étudier. Cela veut dire que, ce matin, entretien avec monsieur Corbet, avec un représentant, semble-t-il, d'Imca. Nous allons regarder les réponses, les questions, et réfléchir, en parler au sein du Gouvernement, travailler sur ce plan. Et puis, le moment venu, le Gouvernement fera connaître sa réponse."
La semaine prochaine ?
- "Dans des délais rapides, parce que je crois, je le répète, les personnels ont été suffisamment ballottés pour qu'on leur dise ce que l'on va faire et qu'ils connaissent rapidement la vérité."
Vous avez un deuxième dossier très lourd qui est celui de la marée noire. Avec R. Bachelot, vous êtes-vous entourés de toutes les précautions nécessaires pour que les personnes, bénévoles ou non, ne soient pas contaminées ?
- "On a, dans cette affaire, une situation très particulière, c'est qu'à la fin de la semaine dernière, le pétrole est arrivé. Et puis, on a eu ce changement de temps, le froid sec que nous connaissons, et toutes les conséquences sur le territoire, qui fait que les courants ne sont plus d'ouest. Donc, depuis quelques jours, nous avons beaucoup moins d'entrées. On ne sait plus [quelle est] la situation réelle. On sait qu'il y a du pétrole."
Mais on survole quand même les nappes ?
- "Oui, on les survole, mais même s'il fait un froid sec, en mer, la situation est beaucoup plus tourmentée. Donc, on n'a pas vraiment d'information sur ce qu'il y a devant nos côtes et ce qui va arriver. Donc, ce qu'a fait le Gouvernement depuis une semaine, c'est augmenter les moyens [avec] le plan Polmar-terre. Donc, mettre plus de soldats, plus de sauveteurs de la sécurité civile, plus de tenues pour que les gens ramassent dans les conditions les meilleurs ; activer le plan Polmar-mer quand il a été possible d'aller en mer, on est allés cherché des nappes de pétrole avec des chalutiers et des navires spécialisés. Dès qu'il y aura le changement de temps, dès qu'on va revenir à des conditions de dépression de vent d'ouest et de sud-ouest, nous allons voir ce qui arrivent sur nos côtes, et là, notre dispositif est prêt. Comme vous l'indiquez vous-même, nous aurons la possibilité aussi d'accueillir des volontaires qui seront protégés, puisqu'ils viendront d'inscrire dans les mairies. Mais pour l'instant, le Gouvernement a mis les moyens en militaires, en agents de la sécurité civile, en pompiers, en gendarmes, suffisants pour que nous n'ayons pas besoin, dans un premier temps, de faire appel à des volontaires."
Est-ce que vous êtes un peu terrorisé par la marée noire ? Sur le plan politique aussi, parce que vous avez peur qu'on vous fasse des reproches ?
- "Non, vous savez, ce n'est pas une question politique. Moi, j'étais maire, jusqu'à mon entrée au Gouvernement, d'une petite ville à l'entrée de l'estuaire de la Gironde, face à l'océan. Je vois les conséquences pour l'économie touristique, pour les paysages naturellement, et même du point de vue de la psychologie de chacune et chacun. Je pense également aux professionnels de la mer. Je suis tout proche des Marennes-Oléron ; je pense également aux ostréiculteurs de l'Aquitaine. Ce sont des gens qui souffrent, actuellement, et auxquels il faut penser en priorité."
Et ce matin, on pense aussi aux automobilistes qui ont redécouvert qu'il pouvait faire froid en France.
- "Et aux passagers du transport aérien."
Oui, mais ce sont surtout les automobilistes qui ont été bloqués ou qui sont bloqués sur les routes et les autoroutes, quand il se met à neiger ou à pleuvoir, à avoir du verglas. On ne sait plus gérer le froid en France ?
- "On n'est plus habitués. C'est le réchauffement climatique, c'est le confort auquel nous sommes habitués. Je crois qu'il n'y a pas toujours les réflexes des automobilistes qui partent sans une bouteille d'eau, sans un pull dans leur voiture, sans un manteau, etc., et qui se retrouvent dans des conditions difficiles. C'est un peu la discipline collective et un peu l'absence de raison, parfois, dans le comportement de certaines familles - ce qu'on a vu dimanche soir sur l'autoroute, entre le péage de Saint-Arnoult et Paris. Et puis, c'est vrai que, globalement, la collectivité française, malgré le travail des gens sur le terrain, n'a pas été très bonne dimanche. D'où le fait que..."
Vous avez fait une réunion ?
- "...G. de Robien a convoqué tout le monde : les dirigeants d'autoroutes, les préfets ont été vus. Hier, les usagers, des clients de l'autoroute ont été reçus. On en tire toutes les conclusions. Pardonnez-moi de revenir aussi sur le transport aérien : on a eu un état de désorganisation de nos aéroports, avec des conséquences dans le trafic, dans les jours qui ont été suivis, qui n'étaient pas du tout acceptables. Nous l'avons dit aux dirigeants d'Aéroports de Paris, pas aux personnels qui eux ont fait leur boulot sur le terrain. Il faut que nous soyons réactifs et surtout qu'on informe. On comprend tous qu'il y ait de la neige, du verglas, du brouillard en hiver, que les choses doivent être difficiles et que cela ne dépend pas de l'homme. Mais il faut au moins que lorsque les gens sont pris dans la tourmente, dans ces conditions-là, ils aient la bonne information : est-ce qu'ils doivent sortir de l'autoroute ou pas, rentrer chez eux ou pas sortir de chez eux, être déviés là ou là... Ce que nous avons reproché aux systèmes de transport, le dernier week-end, ce n'est pas qu'il ait plu ou pas, ou qu'on ait mis du temps à déverglacer, cela se comprend très bien, c'est qu'on n'ait pas donné aux citoyens, aux automobilistes, aux clients du transport aérien les informations exactes et précises en temps voulu."
Faut-il comprendre que les services publics ont des clients ?
- "Oui, je crois que nous sommes tous, quelque part, contribuables, et quelque part, le service public - le président de la République l'a rappelé, à juste titre, hier ..."
Avec une certaine vigueur.
- "Il a raison. Il y a des vraies responsabilités vis-à-vis des Français. Le service public en France, c'est quelque chose d'important auquel nous croyons, à condition qu'il soit toujours responsable et qu'il remplisse bien ses tâches."
Est-ce qu'il y a des sanctions qui vont être prises ?
- "Certainement. Il y a déjà une sanction morale. Je crois que l'opinion a fait clairement entendre sa voix, c'est important ; les médias, vous y avez participé. Je crois que quelque part, il faut savoir que cela ne peut pas se reproduire, en tout cas dans ces conditions-là."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 janvier 2003)