Texte intégral
Comme vous le savez sans doute, l'agenda d'un ministre fait l'objet d'âpres tractations.
Lorsqu'un ministre est sollicité pour un événement, il est d'usage d'appliquer une grille d'évaluation qui permet de juger de la pertinence de la sollicitation. La cérémonie de ce soir a, sur cette grille, valeur d'exemple ! En effet, j'ai rarement vu autant de motifs qui auraient pu justifier ma visite : le site d'implantation : Marseille ; la nature de l'activité ; la recherche médicale que je souhaite développer et encourager ; les technologies impliquées : la biotechnologie, le type d'entreprise concerné et naturellement la personnalité des organisateurs messieurs Béret et Delaage.
C'est donc avec un immense plaisir que je me joins à vous ce soir pour l'inauguration de vos nouveaux locaux. Au travers de cet événement, je voudrais attirer votre attention sur trois points qui me semblent essentiels. La biotechnologie est une voie majeure de développement de la recherche médicale actuelle, il faut l'encourager. Le financement de projets comme celui de TROPHOS illustre la place de structures légères et dynamiques dans un paysage pharmaceutique largement dominé par des acteurs de grande taille. Enfin, le succès de TROPHOS c'est aussi le succès d'un mariage réussi entre le secteur public et le secteur privé.
La biotechnologie est une voie majeure de développement de la recherche médicale actuelle
Le progrès n'est pas linéaire, il alterne périodes d'accélérations que l'on qualifie de révolutions et périodes de ralentissement où le progrès n'est plus qu'incrémental. La biotechnologie a toutes les caractéristiques d'une révolution. Elle permet certes des innovations auparavant inespérées. Elle vient aussi modifier la société en lui posant de nouvelles et graves questions éthiques tout en laissant planer des menaces d'un type nouveau.
La biotechnologie a des applications dans de nombreux domaines : production industrielle ou agricole mais surtout domaine médical. Un constat d'abord : plus de 50% des nouveaux médicaments sont liés aux biotechnologies, 90% des sociétés de biotechnologies se situent dans le domaine de la pharmacie ou des technologies associées. Les travaux entrepris sur le génome humain nous permettent de rêver à des applications inespérées : diagnostic et prévention des maladies, mises au point de thérapeutiques nouvelles, découverte de nouvelles familles de médicaments et thérapie génique et cellulaire. L'ensemble des pathologies devraient bénéficier des découvertes attendues : maladies génétiques rares, maladies à déterminisme complexe à la fois génétique et environnementale, cancers, maladies cardiovasculaires, affections neuro dégénératives... Au-delà des produits typiquement biotechnologiques, ce champ de recherche offre de nouveaux outils dans la recherche de nouvelles molécules : modèles cellulaires, animaux transgéniques, ou de la bio-informatique. TROPHOS est un exemple de démarche innovante.
Je ne saurai exprimer l'enthousiasme que ces pistes soudainement ouvertes causent au médecin que je suis. Ces progrès sont là, devant nous, et à force d'efforts et de mise en commun, je ne doute pas que des structures comme TROPHOS nous permettront de réaliser ces potentialités.
On aurait toutefois tort de penser que ce n'est qu'une affaire de chercheurs. Les biotechnologies sont porteuses de risques, d'angoissesIl ne s'agit pas de les taire ! Il faut au contraire les désamorcer pour pouvoir tirer pleinement parti des promesses de ce nouvel outil. Angoisses éthiques tout d'abord, le clonage est à portée de main Où donc se situe l'acceptable, la réponse à un besoin médical ? Quelle est la frontière qu'il ne faut pas franchir? Risques enfin : les produits que nous développons ne comportent-ils pas des dangers pour nous ou pour la biodiversité ? Les débats sur les OGM permettent à chacun de mesurer l'acuité de ces questionnements.
Je suis convaincu que c'est à force de dialogue que la société définira l'usage des biotechnologies dans notre monde. La France a déjà oeuvré sur le sujet. Vous connaissez mes positions en matière de brevetabilité du génome : il est en effet essentiel de concilier protection des droits de propriété intellectuelle et ce qui ressort d'un patrimoine commun de l'humanité. La révision des lois sur la bioéthique que nous poursuivrons dans les prochains mois sera une occasion supplémentaire de faire progresser notre compréhension et donc notre acceptation de ce domaine.
Le cas de TROPHOS illustre aussi la place de structures à taille humaine dans la recherche médicale
Pour un habitant de Sirius, l'actualité économique doit apparaître très paradoxale.
En effet, il n'est pas un jour où l'on ne célèbre le rapprochement d'entreprises toujours plus grandes dans ce que les journalistes appellent des " mariages du siècle ". Cette course au gigantisme qui anime l'ensemble de l'économie se fonde sur le besoin de mutualiser les coûts mais aussi, très souvent, de disposer des fonds suffisants pour conduire des recherches toujours plus coûteuses et, souvent aussi, plus nombreuses. L'industrie pharmaceutique est sans doute aux premières loges de ce mouvement : une étude récente comptabilisait depuis 1981, 313 fusions et acquisitions pour un montant total de 365 milliards de dollars.
Notre habitant de Sirius, fier de son savoir nouvellement acquis, en déduit donc que l'avenir est au gigantisme. Il jette alors un regard nostalgique sur l'époque désormais révolue du pharmacien qui, à force d'ingéniosité, développe de nouveaux médicaments à partir de son officine. Il aurait tort d'être aussi catégorique !
Le paradoxe de notre époque c'est bien la juxtaposition de cette forte concentration avec une multiplication d'initiatives issues de jeunes entreprises innovantes. Rien qu'en France, selon l'ANVAR plus de 300 sociétés biotech ont été créées et ont levé plus d'un milliard d'euros d'investissement. L'autonomie, la réactivité, la souplesse que permettent ces structures sont reconnues. 50% des molécules récemment commercialisées par les grands groupes de pharmacie sont issus de recherches menées à l'extérieur de ces entreprises.
La recherche pharmaceutique peut donc être menée par des équipes de taille limitée. Je ne méconnais toutefois pas le poids financier des essais cliniques, étape essentielle au développement d'un nouveau produit. Des solutions existent, notamment la vente de la molécule à un groupe pharmaceutique pour qu'il se charge de sa commercialisation. Mais il faut peut-être envisager d'autres solutions. J'ai demandé à mes services d'y réfléchir. Comme vous le savez, je souhaite faire du soutien à l'innovation un axe majeur de ma politique du médicament. Il est essentiel que ce soutien ne se limite pas aux nouvelles molécules d'aujourd'hui via une politique de prix adaptée ou un accès plus rapide aux consommateurs. Les innovations de demain doivent aussi être préparées ! Mon ministère jouera donc un rôle clef au coté des ministères de la recherche et de l'économie, des finances et de l'industrie dans le développement des biotechnologies. Nous participerons notamment aux réflexions générales comme celle qui est actuellement menée sur le statut de jeune entreprise innovante mais nous souhaitons aussi pouvoir capitaliser sur notre connaissance spécifique du médicament et de son environnement réglementaire pour aider ce secteur.
TROPHOS illustre les potentialités de l'alliance public privé dans le développement des biotechnologies
L'histoire de TROPHOS est enfin l'illustration de ce que les pouvoirs publics souhaitent voir se multiplier en France. C'est en effet la conjonction de deux savoirs faire que l'on aimerait provoquer plus souvent : le savoir, mondialement reconnu, de l'université française, de sa recherche et les capacités d'entrepreneur. Capacités d'entrepreneur qui, faut-il le rappeler, ont été largement reconnues par le marché pour ce qui concerne Antoine Béret et Michel Delaage. Immunotech est en effet une grande réussite !
Cette société créée en 1982 a franchi l'ensemble des étapes dont rêvent tous les entrepreneurs : levée de fonds, premier bénéfice 5 ans après la création, développement à l'international en 1993 et rachat par une grande entreprise en 1995. Et l'histoire continue encore pour ce qui est devenu la filiale du numéro 3 mondial de ce secteur et pour ses 190 salariés.
Le transfert public privé est en effet un des vecteurs importants du développement des biotechnologies en France. Des efforts ont été faits, loi de 1999 sur l'innovation facilitant la mobilité des chercheurs vers le privé, le soutien aux incubateurs. On me dit que les choses changent, que les universitaires désireux de tenter l'aventure sont plus nombreux. Il reste que la viabilité économique des projets doit encore être renforcée. Les incubateurs y travaillent, il convient de les soutenir dans cette tache. Ce sont des structures jeunes qui, à chaque dossier traité, améliorent leur savoir faire, il faut leur donner du temps !
Un second axe qui facilite ce transfert est naturellement la réunion dans un même lieu des chercheurs et des entrepreneurs. Partager un campus est un puissant vecteur d'échanges et je me réjouis de voir se multiplier ces lieux en France où coexistent établissements publics de recherche, jeunes entreprises et grandes industries pharmaceutiques. Le parc de Luminy que nous soutenons à la Mairie de Marseille et à la communauté urbaine depuis 1990 est un bel exemple, il rassemble plus de 8000 étudiants, une trentaine de laboratoires de recherche, des pme innovantes, un incubateur dont TROPHOS a bénéficié. Permettez moi quelques instants de m'adresser à vous en tant qu'élu marseillais pour évoquer le projet d'extension de Luminy Biotech.
Afin d'accompagner la nouvelle dynamique de création d'activités du Parc Scientifique et Technologique de Marseille Luminy, la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole, avec ses partenaires des collectivités territoriales, Conseil Régional et Conseil Général, montent un projet d'immobilier d'entreprise de 3 200 m² de bureaux et de laboratoires, première tranche d'un ensemble d'environ 6 000 m².
Nous serons ainsi en mesure de proposer des locaux adaptés à des PMI de technologie du domaine des biotech, entreprises issues des compétences de Luminy ou attirées par elles et notamment celles dont l'activité exige une proximité avec les laboratoires de recherche publique. Ces locaux seront livrés fin 2004. La parenthèse est close !
TROPHOS a aussi valeur de symbole en matière de financement. En effet, à coté de financements privés comme ceux obtenus auprès de Turenne Capital ou de Société Générale Asset Management, l'entreprise a pu bénéficier de fonds auprès de l'association française de lutte contre la myopathie et de l'ANVAR. Deux enseignements peuvent être tirés de ce modèle pour le politique en charge de ce sujet.
D'une part, l'alliance entre financement privés et publics repose sur une répartition claire des rôles. Il est naturel que les financements privés se concentrent sur les phases proches de la commercialisation. Nous, acteurs publics, devons réfléchir comment porter les projets jusqu'à ce stade.
Le second enseignement me semble être le caractère novateur de l'intervention d'une association de malades. Ne devrions nous pas généraliser ce type de démarche ? Le patient n'a-t-il pas pour vocation de préempter en quelque sorte les traitements dont il sait avoir besoin ? En tant que Ministre de la Santé, responsable de la sécurité sociale, soyez assurés que cette problématique est au centre de mes préoccupations et je souhaiterais pouvoir mobiliser une partie des fonds du système de santé pour aider au développement de nouveaux traitements. C'est un projet ambitieux, nous devons l'articuler, le préciser et je suis ouvert à toutes les idées que vous pourrez me soumettre dans ce domaine.
Pour conclure, les efforts que se doivent de faire les pouvoirs publics en faveur des biotechnologies sont nombreux. La France n'est que le troisième pays européen dans ce domaine. Notre position de leader dans le domaine de l'industrie pharmaceutique doit nous permettre de progresser encore. Nous y travaillons et vous pouvez compter sur le ministère de la santé pour avoir un rôle moteur dans ce domaine.
Je vous remercie de votre attention et je souhaite bonne chance à TROPHOS.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 19 septembre 2002)
Lorsqu'un ministre est sollicité pour un événement, il est d'usage d'appliquer une grille d'évaluation qui permet de juger de la pertinence de la sollicitation. La cérémonie de ce soir a, sur cette grille, valeur d'exemple ! En effet, j'ai rarement vu autant de motifs qui auraient pu justifier ma visite : le site d'implantation : Marseille ; la nature de l'activité ; la recherche médicale que je souhaite développer et encourager ; les technologies impliquées : la biotechnologie, le type d'entreprise concerné et naturellement la personnalité des organisateurs messieurs Béret et Delaage.
C'est donc avec un immense plaisir que je me joins à vous ce soir pour l'inauguration de vos nouveaux locaux. Au travers de cet événement, je voudrais attirer votre attention sur trois points qui me semblent essentiels. La biotechnologie est une voie majeure de développement de la recherche médicale actuelle, il faut l'encourager. Le financement de projets comme celui de TROPHOS illustre la place de structures légères et dynamiques dans un paysage pharmaceutique largement dominé par des acteurs de grande taille. Enfin, le succès de TROPHOS c'est aussi le succès d'un mariage réussi entre le secteur public et le secteur privé.
La biotechnologie est une voie majeure de développement de la recherche médicale actuelle
Le progrès n'est pas linéaire, il alterne périodes d'accélérations que l'on qualifie de révolutions et périodes de ralentissement où le progrès n'est plus qu'incrémental. La biotechnologie a toutes les caractéristiques d'une révolution. Elle permet certes des innovations auparavant inespérées. Elle vient aussi modifier la société en lui posant de nouvelles et graves questions éthiques tout en laissant planer des menaces d'un type nouveau.
La biotechnologie a des applications dans de nombreux domaines : production industrielle ou agricole mais surtout domaine médical. Un constat d'abord : plus de 50% des nouveaux médicaments sont liés aux biotechnologies, 90% des sociétés de biotechnologies se situent dans le domaine de la pharmacie ou des technologies associées. Les travaux entrepris sur le génome humain nous permettent de rêver à des applications inespérées : diagnostic et prévention des maladies, mises au point de thérapeutiques nouvelles, découverte de nouvelles familles de médicaments et thérapie génique et cellulaire. L'ensemble des pathologies devraient bénéficier des découvertes attendues : maladies génétiques rares, maladies à déterminisme complexe à la fois génétique et environnementale, cancers, maladies cardiovasculaires, affections neuro dégénératives... Au-delà des produits typiquement biotechnologiques, ce champ de recherche offre de nouveaux outils dans la recherche de nouvelles molécules : modèles cellulaires, animaux transgéniques, ou de la bio-informatique. TROPHOS est un exemple de démarche innovante.
Je ne saurai exprimer l'enthousiasme que ces pistes soudainement ouvertes causent au médecin que je suis. Ces progrès sont là, devant nous, et à force d'efforts et de mise en commun, je ne doute pas que des structures comme TROPHOS nous permettront de réaliser ces potentialités.
On aurait toutefois tort de penser que ce n'est qu'une affaire de chercheurs. Les biotechnologies sont porteuses de risques, d'angoissesIl ne s'agit pas de les taire ! Il faut au contraire les désamorcer pour pouvoir tirer pleinement parti des promesses de ce nouvel outil. Angoisses éthiques tout d'abord, le clonage est à portée de main Où donc se situe l'acceptable, la réponse à un besoin médical ? Quelle est la frontière qu'il ne faut pas franchir? Risques enfin : les produits que nous développons ne comportent-ils pas des dangers pour nous ou pour la biodiversité ? Les débats sur les OGM permettent à chacun de mesurer l'acuité de ces questionnements.
Je suis convaincu que c'est à force de dialogue que la société définira l'usage des biotechnologies dans notre monde. La France a déjà oeuvré sur le sujet. Vous connaissez mes positions en matière de brevetabilité du génome : il est en effet essentiel de concilier protection des droits de propriété intellectuelle et ce qui ressort d'un patrimoine commun de l'humanité. La révision des lois sur la bioéthique que nous poursuivrons dans les prochains mois sera une occasion supplémentaire de faire progresser notre compréhension et donc notre acceptation de ce domaine.
Le cas de TROPHOS illustre aussi la place de structures à taille humaine dans la recherche médicale
Pour un habitant de Sirius, l'actualité économique doit apparaître très paradoxale.
En effet, il n'est pas un jour où l'on ne célèbre le rapprochement d'entreprises toujours plus grandes dans ce que les journalistes appellent des " mariages du siècle ". Cette course au gigantisme qui anime l'ensemble de l'économie se fonde sur le besoin de mutualiser les coûts mais aussi, très souvent, de disposer des fonds suffisants pour conduire des recherches toujours plus coûteuses et, souvent aussi, plus nombreuses. L'industrie pharmaceutique est sans doute aux premières loges de ce mouvement : une étude récente comptabilisait depuis 1981, 313 fusions et acquisitions pour un montant total de 365 milliards de dollars.
Notre habitant de Sirius, fier de son savoir nouvellement acquis, en déduit donc que l'avenir est au gigantisme. Il jette alors un regard nostalgique sur l'époque désormais révolue du pharmacien qui, à force d'ingéniosité, développe de nouveaux médicaments à partir de son officine. Il aurait tort d'être aussi catégorique !
Le paradoxe de notre époque c'est bien la juxtaposition de cette forte concentration avec une multiplication d'initiatives issues de jeunes entreprises innovantes. Rien qu'en France, selon l'ANVAR plus de 300 sociétés biotech ont été créées et ont levé plus d'un milliard d'euros d'investissement. L'autonomie, la réactivité, la souplesse que permettent ces structures sont reconnues. 50% des molécules récemment commercialisées par les grands groupes de pharmacie sont issus de recherches menées à l'extérieur de ces entreprises.
La recherche pharmaceutique peut donc être menée par des équipes de taille limitée. Je ne méconnais toutefois pas le poids financier des essais cliniques, étape essentielle au développement d'un nouveau produit. Des solutions existent, notamment la vente de la molécule à un groupe pharmaceutique pour qu'il se charge de sa commercialisation. Mais il faut peut-être envisager d'autres solutions. J'ai demandé à mes services d'y réfléchir. Comme vous le savez, je souhaite faire du soutien à l'innovation un axe majeur de ma politique du médicament. Il est essentiel que ce soutien ne se limite pas aux nouvelles molécules d'aujourd'hui via une politique de prix adaptée ou un accès plus rapide aux consommateurs. Les innovations de demain doivent aussi être préparées ! Mon ministère jouera donc un rôle clef au coté des ministères de la recherche et de l'économie, des finances et de l'industrie dans le développement des biotechnologies. Nous participerons notamment aux réflexions générales comme celle qui est actuellement menée sur le statut de jeune entreprise innovante mais nous souhaitons aussi pouvoir capitaliser sur notre connaissance spécifique du médicament et de son environnement réglementaire pour aider ce secteur.
TROPHOS illustre les potentialités de l'alliance public privé dans le développement des biotechnologies
L'histoire de TROPHOS est enfin l'illustration de ce que les pouvoirs publics souhaitent voir se multiplier en France. C'est en effet la conjonction de deux savoirs faire que l'on aimerait provoquer plus souvent : le savoir, mondialement reconnu, de l'université française, de sa recherche et les capacités d'entrepreneur. Capacités d'entrepreneur qui, faut-il le rappeler, ont été largement reconnues par le marché pour ce qui concerne Antoine Béret et Michel Delaage. Immunotech est en effet une grande réussite !
Cette société créée en 1982 a franchi l'ensemble des étapes dont rêvent tous les entrepreneurs : levée de fonds, premier bénéfice 5 ans après la création, développement à l'international en 1993 et rachat par une grande entreprise en 1995. Et l'histoire continue encore pour ce qui est devenu la filiale du numéro 3 mondial de ce secteur et pour ses 190 salariés.
Le transfert public privé est en effet un des vecteurs importants du développement des biotechnologies en France. Des efforts ont été faits, loi de 1999 sur l'innovation facilitant la mobilité des chercheurs vers le privé, le soutien aux incubateurs. On me dit que les choses changent, que les universitaires désireux de tenter l'aventure sont plus nombreux. Il reste que la viabilité économique des projets doit encore être renforcée. Les incubateurs y travaillent, il convient de les soutenir dans cette tache. Ce sont des structures jeunes qui, à chaque dossier traité, améliorent leur savoir faire, il faut leur donner du temps !
Un second axe qui facilite ce transfert est naturellement la réunion dans un même lieu des chercheurs et des entrepreneurs. Partager un campus est un puissant vecteur d'échanges et je me réjouis de voir se multiplier ces lieux en France où coexistent établissements publics de recherche, jeunes entreprises et grandes industries pharmaceutiques. Le parc de Luminy que nous soutenons à la Mairie de Marseille et à la communauté urbaine depuis 1990 est un bel exemple, il rassemble plus de 8000 étudiants, une trentaine de laboratoires de recherche, des pme innovantes, un incubateur dont TROPHOS a bénéficié. Permettez moi quelques instants de m'adresser à vous en tant qu'élu marseillais pour évoquer le projet d'extension de Luminy Biotech.
Afin d'accompagner la nouvelle dynamique de création d'activités du Parc Scientifique et Technologique de Marseille Luminy, la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole, avec ses partenaires des collectivités territoriales, Conseil Régional et Conseil Général, montent un projet d'immobilier d'entreprise de 3 200 m² de bureaux et de laboratoires, première tranche d'un ensemble d'environ 6 000 m².
Nous serons ainsi en mesure de proposer des locaux adaptés à des PMI de technologie du domaine des biotech, entreprises issues des compétences de Luminy ou attirées par elles et notamment celles dont l'activité exige une proximité avec les laboratoires de recherche publique. Ces locaux seront livrés fin 2004. La parenthèse est close !
TROPHOS a aussi valeur de symbole en matière de financement. En effet, à coté de financements privés comme ceux obtenus auprès de Turenne Capital ou de Société Générale Asset Management, l'entreprise a pu bénéficier de fonds auprès de l'association française de lutte contre la myopathie et de l'ANVAR. Deux enseignements peuvent être tirés de ce modèle pour le politique en charge de ce sujet.
D'une part, l'alliance entre financement privés et publics repose sur une répartition claire des rôles. Il est naturel que les financements privés se concentrent sur les phases proches de la commercialisation. Nous, acteurs publics, devons réfléchir comment porter les projets jusqu'à ce stade.
Le second enseignement me semble être le caractère novateur de l'intervention d'une association de malades. Ne devrions nous pas généraliser ce type de démarche ? Le patient n'a-t-il pas pour vocation de préempter en quelque sorte les traitements dont il sait avoir besoin ? En tant que Ministre de la Santé, responsable de la sécurité sociale, soyez assurés que cette problématique est au centre de mes préoccupations et je souhaiterais pouvoir mobiliser une partie des fonds du système de santé pour aider au développement de nouveaux traitements. C'est un projet ambitieux, nous devons l'articuler, le préciser et je suis ouvert à toutes les idées que vous pourrez me soumettre dans ce domaine.
Pour conclure, les efforts que se doivent de faire les pouvoirs publics en faveur des biotechnologies sont nombreux. La France n'est que le troisième pays européen dans ce domaine. Notre position de leader dans le domaine de l'industrie pharmaceutique doit nous permettre de progresser encore. Nous y travaillons et vous pouvez compter sur le ministère de la santé pour avoir un rôle moteur dans ce domaine.
Je vous remercie de votre attention et je souhaite bonne chance à TROPHOS.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 19 septembre 2002)