Déclaration de M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales, sur les relations franco-allemandes, la politique agricole commune et les négociations à l'OMC, Berlin le 16 janvier 2003.

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Circonstance : Inauguration de la Semaine verte à Berlin le 16 janvier 2003

Texte intégral


Madame le Ministre,
Chère Renate,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec beaucoup de plaisir que je viens aujourd'hui m'exprimer devant vous, ici, à Berlin, à l'occasion de l'inauguration de la Semaine verte. Permettez-moi de vous remercier, chère Renate, pour votre accueil et vos mots chaleureux , et de vous vous dire combien j'y suis sensible.
L'année 2003 présente, pour la relation franco-allemande, une importance symbolique et politique toute particulière.
Depuis la constitution du Gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN et après les élections allemandes de septembre dernier, l'Allemagne et la France ont donné à leur coopération bilatérale une importance à la mesure des liens qui unissent nos deux pays et des enjeux de la construction européenne.
Grâce à la relation très étroite et confiante entre le Chancelier SCHRÖDER et le Président de la République Jacques CHIRAC, l'Allemagne et la France ont - comme chaque fois dans le passé - répondu présent aux grands rendez-vous de l'Europe.
Je pense en premier lieu à l'entrée des dix nouveaux Etats membres dans l'Union européenne. Chacun sait qu'elle a été rendue possible par l'accord franco-allemand de Bruxelles, dont Renate et moi-même avons jeté les bases. En surmontant leurs divergences, l'Allemagne et la France ont, enfin, permis de rassembler une famille que l'histoire, contre toute raison, avait séparé.
Je pense également à l'avenir des institutions européennes, où une impulsion politique forte de nos deux pays est nécessaire, si nous voulons donner à l'Europe élargie les institutions et les politiques modernes dont elle a besoin.
L'agriculture, ne l'oublions pas, est à la source du projet franco-allemand de l'Europe. Elle constitue à ce jour la politique européenne à la fois la plus aboutie et la plus intégrée. C'est pour cela aussi qu'elle est la politique européenne la plus critiquée. Parce qu'elle est représentative du projet de construire l'Europe, une Europe forte, indépendante, capable d'établir une relation d'égal à égal avec les autres grandes puissances du monde.
Alors que nous célébrons cette année le quarantième anniversaire du Traité de l'Elysée, et un an après avoir celui de la première Organisation Commune de Marché, je suis fier chère Renate, Mesdames, Messieurs, d'évoquer devant vous, sans nostalgie, ni passéisme, cette grande ambition que représente la Politique Agricole Commune, que nous nous attacherons ensemble, avec les agriculteurs et l'ensemble des citoyens, à conforter.
Bien sûr, cette politique doit être adaptée à chaque grande étape, en veillant à ce que les agriculteurs disposent d'un temps suffisant pour opérer ces changements. Et c'est dans cet esprit que nous travaillons.
Bien sûr, cette politique doit être défendue contre ceux qui, se réclamant souvent d'objectifs respectables, entendent la discréditer, pour mieux la remettre en cause dans ses fondements même. Et vous savez que nous avons à coeur de défendre et de promouvoir le modèle européen d'une agriculture écologiquement responsable et économiquement forte.
Bien sûr, cette politique doit être toujours plus attentive aux défis du développement des pays les plus pauvres, qui n'ont pas bénéficié jusqu'à présent des négociations conduites au GATT puis à l'OMC, alors que la société internationale leur reconnaît fort légitimement le droit à la sécurité alimentaire et le droit à l'alimentation.
Dans quelques jours, le 22 janvier, Renate et moi siégerons, parmi de nombreux autres collègues français et allemands, au Conseil des ministres conjoint qui se tiendra à Paris. Pour des personnes de notre génération, cet événement représentera, je crois, un moment d'émotion et de reconnaissance envers nos aînés, qui sur les cendres de l'Europe détruite par la guerre ont jeté les fondations de la construction européenne. Chacun sait qu'elle fut depuis lors un gage de paix et de prospérité pour notre continent. Et c'est avec la pleine conscience des responsabilités qui nous incombent que nous nous attacherons à travailler, ensemble, à la construction de cette Europe élargie, dont nous ne mesurons pas encore pleinement tous les défis.
Nous évoquerons à cette occasion les grandes échéances qui se présentent à nous au cours de cette année nouvelle : les évolutions de la PAC proposées par la Commission ; le Sommet du G 8 d'Evian ; les négociations de l'OMC. J'évoquerai brièvement deux d'entre elles.
Sur les évolutions de la PAC, je veux vous rappeler notre totale opposition au découplage des aides, que propose la Commission. En l'espèce, l'orientation me paraît dangereuse à la fois pour la pérennité d'une politique agricole européenne et pour la conduite des négociations à l'Organisation mondiale du commerce, où l'Europe doit promouvoir son modèle agricole et non assister, en spectateur, à son démantèlement, sous la pression des autres grandes puissances agricoles.
Sur les négociations à l'OMC, nous avons à coeur l'un et l'autre, chère Renate, de favoriser le développement des pays les plus pauvres. Nous devons le faire non seulement pour respecter le cap fixé à Doha, mais aussi et surtout parce que c'est une nécessité évidente, pour des raisons à la fois morales, politiques et économiques. Beaucoup d'erreurs ont été commises par le passé, beaucoup d'idéologie a gouverné cette question du développement. Je sais, chère Renate, qu'ensemble nous pourrons tirer les leçons du passé et prendre les initiatives nécessaires à une véritable solidarité avec le Sud, qui ne peut passer que par une association plus étroite entre nos politiques commerciales et nos politiques d'aide publique au développement.
Mesdames, Messieurs,
Chère Renate,
L'agriculture occupe en Allemagne comme en France, une place importante dans nos vies et nos identités, et c'est un plaisir tout particulier pour moi d'être ici aujourd'hui, à vos côtés, et de construire ensemble son avenir.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 20 janvier 2003)