Texte intégral
Monsieur le Président NGUYEN MANH CAM
Mesdames et Messieurs les Ministres
Monsieur le Secrétaire général
Monsieur l'Administrateur général
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs
Chers amis,
Je suis heureux de vous accueillir à l'hôtel MATIGNON à l'occasion de la 11ème session de la Conférence ministérielle de la francophonie.
Je mesure l'importance de vos travaux. Vous vous réunissez en effet pour la première fois depuis le Sommet de HANOI, qui a décidé une importante réforme institutionnelle. 1970 avait vu la naissance de la francophonie multilatérale avec la signature de la convention de NIAMEY, acte fondateur créant l'Agence de Coopération culturelle et technique (ACCT). En 1986 s'était réuni, à l'initiative du Président François MITTERRAND, le premier Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage. Au Sommet de HANOI, en novembre dernier, notre communauté a rationalisé un système institutionnel complexe, et s'est dotée d'un Secrétaire général de la francophonie - que je salue chaleureusement en la personne de M. BOUTROS GHALI et d'un Administrateur Général, en la personne de M. Dehaybe, à qui j'adresse mes voeux de succès.
Nous savons tous quels ont été l'apport et la signification du Sommet de Hanoï : une définition plus large de la francophonie appuyée sur une réforme institutionnelle. Permettez-moi de revenir sur ces deux points.
Partager une langue c'est bien évidemment partager une culture et des valeurs. Mais c'est désormais plus que cela. Nous avons pris conscience à travers la pratique du travail effectué ensemble dans les instances de la francophonie que notre communauté disposait d'un réel poids politique. Elle est certes hétérogène, en termes d'appartenance géographique, de niveau de vie, de systèmes socio-politiques. Mais au-delà de ces disparités, nos 51 pays ont beaucoup en commun.
Je pense par exemple au souci légitime qui est le nôtre de maîtriser certains effets néfastes de la mondialisation du commerce et des flux culturels. La francophonie peut fournir à cet égard un cadre et des instruments utiles pour l'action.
Je pense aussi aux programmes que nous avons arrêtés dans le domaine des inforoutes. Ils montrent, s'il en était nécessaire, que le français peut aussi être une voie d'accès à la modernité : Un des enjeux nouveaux et prometteur pour notre communauté francophone est précisément celui des technologies de l'information. C'est d'ailleurs pourquoi mon gouvernement a décidé de lancer un programme pluriannuel pour les inforoutes, la promotion de la recherche scientifique et les nouveaux réseaux. Ensemble nous aurons un effet multiplicateur et je m'en réjouis car la tâche est d'importance.
La simple formulation de ces deux objectifs, prioritaires parmi bien d'autres, dessine une francophonie ouverte. Ouverte aux grands défis politique, économiques et sociaux du monde contemporain comme aux autres espaces linguistiques et aux nouvelles technologies. C'est cette francophonie que je qualifiais le 19 juin dernier de "vivante et attractive", qui figure, depuis mon discours de politique générale devant l'assemblée nationale, le 19 juin dernier, au nombre des priorités de la politique extérieure de la France.
D'ores et déjà d'ailleurs, la francophonie est attractive, puisque les 21 participants initiaux à l'ACCT, puis les 42 participants au premier Sommet francophone sont devenus, aujourd'hui, 51. Je suis très heureux de saluer la MOLDAVIE et SAINT THOMAS et PRINCE, membres à part entière depuis Hanoï. Je suis heureux de saluer aussi trois observateurs : POLOGNE, ALBANIE et MACEDOINE. D'autres candidatures encore se profilent à l'horizon.
Cela, il est vrai, peut inquiéter certains. Je les comprends, dans la mesure où il convient d'éviter que l'entrée de nouveaux membres ne se traduise par une diminution des programmes de coopération bénéficiant aux membres fondateurs. C'est bien pourquoi la France a annoncé à Hanoï un accroissement de ses contributions de 43 MF par an pendant le biennum 1998-1999, soit une hausse de 17%, chiffre tout à fait remarquable en regard des baisses qu'ont connues ces dernières années tous les budgets publics et en particulier ceux consacrés à l'aide publique au développement.
Une conception moderne et dynamique de la francophonie, des moyens accus et de nouvelles institutions, un souci de dialogue et d'élaboration collective - auquel je sais que vous êtes attachés, messieurs les Ministres, comme l'est mon gouvernement- voilà de quoi espérer en l'avenir de notre communauté.
S'agissant de la réforme des Institutions, la clé de voûte du nouveau dispositif a été marquée par la création du poste de Secrétaire général de la francophonie.
Il va de soi qu'il ne s'agit en aucune façon d'affaiblir l'Agence. Il s'agit, plus simplement, de favoriser la synergie entre ces deux pièces maîtresses de notre édifice institutionnel que sont le Comité Permanent de la Francophonie d'une part et l'Agence d'autre part.
Dans l'esprit des nouvelles dispositions de la Charte, le Secrétaire général est le plus haut responsable de l'Agence. Mais il est bien clair que c'est l'Administrateur général qui assurera la direction de l'Agence. C'est à lui qu'il appartiendra, sur la base des objectifs définis par le Sommet et la Conférence ministérielle et des orientations générales qu'ils auront arrêtées sur proposition du Secrétaire général, de proposer la programmation et de la mettre en oeuvre. Je sais, Monsieur l'Administrateur général, que votre parfaite connaissance de nos institutions, comme des hommes qui les font vivre, vous prédisposent à ce poste.
Il m'est du reste déjà revenu que vous avez proposé de soumettre au CPF, d'ici à l'été, un plan de réorganisation des structures de l'Agence, afin de la rendre plus souple, davantage apte à fonctionner comme une administration de mission. La France approuve cette démarche et vous pouvez compter sur son entier soutien.
Quant au Secrétaire général, nous attendons de lui qu'il soit le visage et la voix de notre communauté et nous aide à lui conférer une dimension politique que tous, je crois, nous appelons de nos voeux. Afin d'éviter tout malentendu, je répéterai ici ce qui, je l'espère, est désormais bien compris : vouloir donner à la francophonie une dimension politique, ce n'est pas nourrir une chimère en s'efforçant de susciter une organisation concurrente de l'ONU.
Il s'agit simplement pour notre communauté francophone d'amplifier, et aussi de conférer une visibilité et une efficacité accrues aux actions déjà menées au cours des dernières années par la francophonie dans deux grandes directions. Tout d'abord partout ou cela est nécessaire ou demandé, le soutien à la construction de l'Etat de droit, par la participation à l'organisation et à l'observation d'élections. Ensuite, dans les organisations internationales comme dans les grandes conférences qui traitent des problèmes majeurs de notre planète, la concertation autour de position commune que nous inspirent des valeurs partagées : la foi dans les droits de l'homme, le progrès de la démocratie, le refus d'un nivellement des différences niant les identités, bref l'affirmation du droit à la différence dans le respect des valeurs universelles.
Je me félicite que le premier titulaire du poste soit une personnalité aussi éminente que M. Boutros BOUTROS GHALI, dont l'expérience et le talent constitueront un atout majeur pour notre communauté.
Un dernier mot enfin : j'ai annoncé il y a quelques jours une réforme de notre dispositif de coopération. S'agissant de la francophonie, elle se traduira par un rapprochement des services concernés du quai d'Orsay et de ceux de la rue Monsieur. Cela devrait favoriser une meilleure synergie entre la francophonie, notre politique de coopération et notre politique culturelle extérieure.
J'espère que la cohérence du dispositif que nous nous apprêtons à mettre en place sera le gage d'une plus grande stabilité.
En concluant, je forme des voeux pour le succès de vos travaux et je vous assure du soutien sans faille que la France apportera à cette francophonie rénovée et ambitieuse.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 juin 2001)
Mesdames et Messieurs les Ministres
Monsieur le Secrétaire général
Monsieur l'Administrateur général
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs
Chers amis,
Je suis heureux de vous accueillir à l'hôtel MATIGNON à l'occasion de la 11ème session de la Conférence ministérielle de la francophonie.
Je mesure l'importance de vos travaux. Vous vous réunissez en effet pour la première fois depuis le Sommet de HANOI, qui a décidé une importante réforme institutionnelle. 1970 avait vu la naissance de la francophonie multilatérale avec la signature de la convention de NIAMEY, acte fondateur créant l'Agence de Coopération culturelle et technique (ACCT). En 1986 s'était réuni, à l'initiative du Président François MITTERRAND, le premier Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage. Au Sommet de HANOI, en novembre dernier, notre communauté a rationalisé un système institutionnel complexe, et s'est dotée d'un Secrétaire général de la francophonie - que je salue chaleureusement en la personne de M. BOUTROS GHALI et d'un Administrateur Général, en la personne de M. Dehaybe, à qui j'adresse mes voeux de succès.
Nous savons tous quels ont été l'apport et la signification du Sommet de Hanoï : une définition plus large de la francophonie appuyée sur une réforme institutionnelle. Permettez-moi de revenir sur ces deux points.
Partager une langue c'est bien évidemment partager une culture et des valeurs. Mais c'est désormais plus que cela. Nous avons pris conscience à travers la pratique du travail effectué ensemble dans les instances de la francophonie que notre communauté disposait d'un réel poids politique. Elle est certes hétérogène, en termes d'appartenance géographique, de niveau de vie, de systèmes socio-politiques. Mais au-delà de ces disparités, nos 51 pays ont beaucoup en commun.
Je pense par exemple au souci légitime qui est le nôtre de maîtriser certains effets néfastes de la mondialisation du commerce et des flux culturels. La francophonie peut fournir à cet égard un cadre et des instruments utiles pour l'action.
Je pense aussi aux programmes que nous avons arrêtés dans le domaine des inforoutes. Ils montrent, s'il en était nécessaire, que le français peut aussi être une voie d'accès à la modernité : Un des enjeux nouveaux et prometteur pour notre communauté francophone est précisément celui des technologies de l'information. C'est d'ailleurs pourquoi mon gouvernement a décidé de lancer un programme pluriannuel pour les inforoutes, la promotion de la recherche scientifique et les nouveaux réseaux. Ensemble nous aurons un effet multiplicateur et je m'en réjouis car la tâche est d'importance.
La simple formulation de ces deux objectifs, prioritaires parmi bien d'autres, dessine une francophonie ouverte. Ouverte aux grands défis politique, économiques et sociaux du monde contemporain comme aux autres espaces linguistiques et aux nouvelles technologies. C'est cette francophonie que je qualifiais le 19 juin dernier de "vivante et attractive", qui figure, depuis mon discours de politique générale devant l'assemblée nationale, le 19 juin dernier, au nombre des priorités de la politique extérieure de la France.
D'ores et déjà d'ailleurs, la francophonie est attractive, puisque les 21 participants initiaux à l'ACCT, puis les 42 participants au premier Sommet francophone sont devenus, aujourd'hui, 51. Je suis très heureux de saluer la MOLDAVIE et SAINT THOMAS et PRINCE, membres à part entière depuis Hanoï. Je suis heureux de saluer aussi trois observateurs : POLOGNE, ALBANIE et MACEDOINE. D'autres candidatures encore se profilent à l'horizon.
Cela, il est vrai, peut inquiéter certains. Je les comprends, dans la mesure où il convient d'éviter que l'entrée de nouveaux membres ne se traduise par une diminution des programmes de coopération bénéficiant aux membres fondateurs. C'est bien pourquoi la France a annoncé à Hanoï un accroissement de ses contributions de 43 MF par an pendant le biennum 1998-1999, soit une hausse de 17%, chiffre tout à fait remarquable en regard des baisses qu'ont connues ces dernières années tous les budgets publics et en particulier ceux consacrés à l'aide publique au développement.
Une conception moderne et dynamique de la francophonie, des moyens accus et de nouvelles institutions, un souci de dialogue et d'élaboration collective - auquel je sais que vous êtes attachés, messieurs les Ministres, comme l'est mon gouvernement- voilà de quoi espérer en l'avenir de notre communauté.
S'agissant de la réforme des Institutions, la clé de voûte du nouveau dispositif a été marquée par la création du poste de Secrétaire général de la francophonie.
Il va de soi qu'il ne s'agit en aucune façon d'affaiblir l'Agence. Il s'agit, plus simplement, de favoriser la synergie entre ces deux pièces maîtresses de notre édifice institutionnel que sont le Comité Permanent de la Francophonie d'une part et l'Agence d'autre part.
Dans l'esprit des nouvelles dispositions de la Charte, le Secrétaire général est le plus haut responsable de l'Agence. Mais il est bien clair que c'est l'Administrateur général qui assurera la direction de l'Agence. C'est à lui qu'il appartiendra, sur la base des objectifs définis par le Sommet et la Conférence ministérielle et des orientations générales qu'ils auront arrêtées sur proposition du Secrétaire général, de proposer la programmation et de la mettre en oeuvre. Je sais, Monsieur l'Administrateur général, que votre parfaite connaissance de nos institutions, comme des hommes qui les font vivre, vous prédisposent à ce poste.
Il m'est du reste déjà revenu que vous avez proposé de soumettre au CPF, d'ici à l'été, un plan de réorganisation des structures de l'Agence, afin de la rendre plus souple, davantage apte à fonctionner comme une administration de mission. La France approuve cette démarche et vous pouvez compter sur son entier soutien.
Quant au Secrétaire général, nous attendons de lui qu'il soit le visage et la voix de notre communauté et nous aide à lui conférer une dimension politique que tous, je crois, nous appelons de nos voeux. Afin d'éviter tout malentendu, je répéterai ici ce qui, je l'espère, est désormais bien compris : vouloir donner à la francophonie une dimension politique, ce n'est pas nourrir une chimère en s'efforçant de susciter une organisation concurrente de l'ONU.
Il s'agit simplement pour notre communauté francophone d'amplifier, et aussi de conférer une visibilité et une efficacité accrues aux actions déjà menées au cours des dernières années par la francophonie dans deux grandes directions. Tout d'abord partout ou cela est nécessaire ou demandé, le soutien à la construction de l'Etat de droit, par la participation à l'organisation et à l'observation d'élections. Ensuite, dans les organisations internationales comme dans les grandes conférences qui traitent des problèmes majeurs de notre planète, la concertation autour de position commune que nous inspirent des valeurs partagées : la foi dans les droits de l'homme, le progrès de la démocratie, le refus d'un nivellement des différences niant les identités, bref l'affirmation du droit à la différence dans le respect des valeurs universelles.
Je me félicite que le premier titulaire du poste soit une personnalité aussi éminente que M. Boutros BOUTROS GHALI, dont l'expérience et le talent constitueront un atout majeur pour notre communauté.
Un dernier mot enfin : j'ai annoncé il y a quelques jours une réforme de notre dispositif de coopération. S'agissant de la francophonie, elle se traduira par un rapprochement des services concernés du quai d'Orsay et de ceux de la rue Monsieur. Cela devrait favoriser une meilleure synergie entre la francophonie, notre politique de coopération et notre politique culturelle extérieure.
J'espère que la cohérence du dispositif que nous nous apprêtons à mettre en place sera le gage d'une plus grande stabilité.
En concluant, je forme des voeux pour le succès de vos travaux et je vous assure du soutien sans faille que la France apportera à cette francophonie rénovée et ambitieuse.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 juin 2001)