Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
En ce début d'année 2003, au nom du parti communiste, je tiens à vous présenter tous mes vux pour vous-mêmes et pour vos proches.
Une année s'est achevée.
Traditionnellement, c'est l'occasion de tourner la page, de reléguer derrière soi les difficultés, les épreuves, ses erreurs et défauts pour se tourner vers la nouvelle année. Eh bien, contrairement aux us et coutumes, je ne souhaite pas tourner si vite la page de 2002.
2002 qui reste coincée en travers de la gorge. Il nous était promis une grande année politique, une année d'explications, de débats, de choix. Au même moment voici un an, nous faisions de 2002 une année d'espoir. Il n'en fût rien que la révélation brutale d'un énorme gâchis et de profondes cassures. Le 21 avril a été un véritable séisme dont les signes avant-coureurs ont été négligés, voire ignorés. On ne peut pas faire aujourd'hui comme si ce n'était qu'une secousse accidentelle, les failles sont trop profondes, les conséquences trop graves.
L'extrême-droite ronge les poutres et les chevrons de notre démocratie. Comment expliquer cette irruption au seuil du pouvoir ? Je me rappelle cette phrase sibylline de Jean-Marie Le Pen, volée dans la Bible : " N'ayez pas peur ". Presque tout y est dit. Les idées de l'extrême-droite ont poussé sur les peurs multiples qui hantent les hommes et les femmes en leur for intérieur. Elles ont poussé sur la désespérance qui fait son nid dans cette société capitaliste. Elles ont poussé sur les inégalités, les discriminations, les conditions de vie difficiles, les atteintes à la dignité. Avec ses idées simplistes, égoïstes, autoritaires, l'extrême droite a porté à son paroxysme la division, le rejet de l'autre.
Quitte à être à contre-courant, je crois qu'il faut l'affronter franchement sur le terrain des valeurs et des idées, même si rien n'est possible sans s'attaquer aux causes des colères et des désespoirs : en un mot le mal-vivre.
En n'étant vraiment efficaces sur aucun de ces deux versants, changer le quotidien et engager le combat d'idées, trop de responsables politiques, trop de gouvernants, trop de ceux et celles qui travaillent l'opinion n'ont pas assumé leur responsabilité. Ce qui s'est dit à travers ces élections de douleur, de colère, et de trouble, ce qui s'est dit de la politique, des mentalités, ou de la société, tout cela doit vraiment faire réfléchir, sans quoi la chute de la démocratie risque de se poursuivre. Le score de l'extrême-droite baisse dans les élections partielles. Mais les réflexes, les idées, les rancurs sont là. Si la droite en recycle sans mal une partie, dans les mots et dans les actes, qui sait ce qu'il adviendra par la suite. Après la scission du Front National, combien d'observateurs ont considéré que le danger était écarté : sans voir l'eau qui dort. Les progrès de ces idées sont une sérieuse hypothèque sur l'avenir.
Tout cela souligne avec force l'échec de la gauche dans sa visée transformatrice originelle, les graves défauts de son action au gouvernement, son extrême difficulté à baigner dans les mouvements de la société. Cet échec est celui de la tiédeur, de l'acceptation du système, de la délégation de pouvoir.
A notre place, nous avons tenté, insuffisamment et maladroitement sans doute, de faire valoir d'autres options. Empêtrés dans des rapports de forces sérieusement défavorables, nous n'avons pas assez su remettre entre les mains des citoyennes et des citoyens des questions lourdes auxquelles nous étions confrontés. Nous avons eu du mal, nous aussi, à entendre, à écouter ce qui nous était dit dans le monde du travail, dans les couches populaires. Dans un contexte difficile, nous avons surtout peiné à porter haut notre volonté de dépassement du capitalisme, notre visée communiste, trop cantonnés que nous étions sur l'objectif de peser à gauche. Notre score a traduit ce malaise dans sa complexité, avec son lot de causes de longue durée.
Malgré cela, lors des élections législatives, nous sommes parvenus à conserver suffisamment de sièges pour constituer un groupe parlementaire. Nous voulons en faire un atout essentiel pour reconstruire des perspectives, un outil utile pour tous ceux et celles qui veulent faire avancer les choses.
Dans quelques jours, l'élection législative partielle dans la circonscription d'Argenteuil-Bezons permettra à Robert Hue, je l'espère, de retrouver son siège de député. Je veux ici lui témoigner de mon soutien dans cette bataille difficile.
Face au rouleau-compresseur de la droite, nous avons besoin que se rassemblent toutes les forces disponibles.
Face au gouvernement, nous n'avons pas traîné pour entrer dans la riposte, c'est aussi cela, l'année 2002. La démocratie, l'espoir ont reculé et la droite est déchaînée.
A gauche, certains s'interrogent sur les intentions du gouvernement, et critiquent le flou de sa ligne. Les mêmes accusent ce gouvernement de communiquer, mais de ne rien faire.
Quel aveuglement ! Ne voient-ils pas les buts de cette politique, le libéralisme arrogant, les lois qui volent en éclats, la société qui s'affaisse, les hommes et les femmes qui sont victimes de presque toutes les décisions adoptées ? Le problème principal est-il réellement de savoir qui va être nommé à quel poste dans la haute-administration ? Le problème principal est-il la technique comptable de contrebande du gouvernement ? Tout cela est condamnable, mais, le diagnostic est bien plus grave. Il faut que toutes les forces de gauche prennent leurs responsabilités pour ne pas laisser notre peuple se débrouiller seul avec ce gouvernement. Cette politique provoque des inquiétudes, des hommes et des femmes ressentent ce grignotage incessant, ces coups de boutoir répétés, sans apercevoir les moyens de la riposte à leur portée, sans distinguer d'alternative à cette politique.
" La route est droite, la pente est raide ", nous dit-on, mais Jean-Pierre Raffarin a vendu les freins ! Certes, nous avons un gouvernement qui compatit à la douleur des hommes et des femmes en leur disant " vous avez raison ", mais sommes-nous assez naïfs pour ne pas voir le bâton qu'il cache derrière son dos. Les communications publicitaires habillent bien mal des décisions dévastatrices formant un tout cohérent, le projet d'une société insécuritaire au plan social et démocratique. Une société de la peur. Le gouvernement a déjà beaucoup détruit. Un bulldozer aurait fait moins de dégâts. Il n'est qu'à voir l'ampleur des mesures déjà prises en l'espace de huit mois : suppression des emplois jeunes - le plus grand plan social de l'époque-, remise en cause des 35 heures mais maintien de la flexibilité, des gels de salaires et de l'annualisation, abrogation de la loi Hue pour le contrôle des fonds publics, réduction drastique des budgets de l'éducation, de la culture, de l'environnement et de la recherche, libéralisation des domaines relevant du service public, privatisations en tous genres, suspension des mesures anti-licenciements de la loi de modernisation sociale Le gouvernement déroule le tapis rouge au capitalisme mondialisé. La liberté qu'on nous propose appartient à ceux qui peuvent se la payer ! La liberté qu'on nous propose a déjà les ailes bien grignotées. La loi de sécurité intérieure débattue ces jours-ci au Parlement stigmatise les minorités, les jeunes, les pauvres, elle leur promet la prison. Cachez cette misère que je ne saurais voir ! C'est comme si les tensions internationales, ajoutées au climat de peur qui s'est installé permettaient toutes les dérives sécuritaires, toutes les répressions.
L'autre pendant de cette politique, c'est ce soi-disant bon-sens, c'est cette conviction du tout sécuritaire, ce sont les encouragements à la division et à la peur, c'est cette compassion venue d'en haut et ce paternalisme rampant En réalité le repli programmé du gouvernement sur les fonctions dites régaliennes de l'Etat cache une démission politique choisie et assumée. Avec Jean-Pierre Raffarin, le pouvoir politique livre une à une au marché les missions de l'Etat, les clefs de l'égalité des droits. Il n'est plus de choix citoyen collectif concernant l'avenir, car tout finalement tend à se faire en dehors du politique, en dehors de la démocratie. L'éclatement de la République qui nous est promis avec cette réforme dite de " décentralisation " n'arrange rien à l'affaire, il en est l'un des rouages. En réalité, voilà la règle : chacun pour soi et l'argent pour quelques uns. La société que l'on nous dessine est à craindre. C'est une société de course au profit, de barrières, d'inégalités.
Si le soleil a percé à Porto Alegre et à Florence pour dire qu'un autre monde est possible, des zones d'ombres ont perduré à la surface de notre planète. Tout nous appelle à dépasser ce système qui se satisfait des marées noires, de la précarité massive pour les travailleurs du monde, du règne de la finance. Dans les derniers jours de l'année, la santé de millions d'Africains n'a pas fait le poids face aux intérêts financiers des trusts pharmaceutiques. C'est une honte pour l'humanité !
A l'heure où se prépare son élargissement, la véritable question posée est de savoir si l'Europe doit être un pilier de cette mondialisation capitaliste ou un levier pour faire exister d'autres perspectives.
Avec la libéralisation du marché du gaz, de l'électricité, celles à venir de la poste et du rail, avec les reculs sociétaux présents dans le projet de nouveau traité, elle emprunte la mauvaise voie.
En regardant, le monde, j'ai aussi une pensée pour cette région meurtrière du proche et du moyen-orient. C'est peut être cela que l'on peut d'abord souhaiter pour 2003 : une année de paix.
Que souffle sur 2003 le vent de la paix ! George Bush veut la guerre, il ne cesse de le clamer depuis plusieurs mois. Les multiples résistances qui lui ont été opposées ont retardé ses projets, mais la menace se précise de plus en plus. La position de la France qui a pu contrarier les diplomates américains n'y est peut-être pas étrangère. Toutefois, on peut s'interroger sur les intentions profondes du gouvernement et du chef de l'Etat. On ne peut un jour demander aux armées de se tenir prêtes, et le lendemain affirmer que la guerre signerait un constat d'échec. Ne s'agirait-il pas d'une tentative pour faire avec l'opinion le chemin vers les armes, en jouant au final la carte de la résignation ? L'opinion publique a réellement du poids face à la guerre, cela vaut le coup de se faire entendre, de tenir. Il faut tout faire pour éviter le conflit armé et l'engagement de la France dans cette croisade aux senteurs de pétrole. Il faut que la France tienne. Et les mots n'y suffiront pas, il faudra des actes, à commencer par l'utilisation du veto au conseil de sécurité des Nations Unies. Cette semaine, nous avons exigé que l'Assemblée nationale puisse se prononcer, nous avons lancé une grande mobilisation pour la manifestation unitaire de samedi, et le meeting contre la guerre du 20 janvier à la Mutualité !
Que souffle sur 2003 le vent de la riposte et de la solidarité ! Le gouvernement est bras dessus, bras dessous avec le grand patronat. Le prochain dossier en vue, ce sont les retraites pour lesquelles on nous promet déjà une coupe réglée. Tout semble déjà décidé pour l'essentiel. Voulons-nous faire vivre ce système de solidarité entre les générations et entre les citoyens ou bien le livrer aux loups ? La retraite doit-elle rester un droit ou devenir une simple possibilité pour les salariés ?
"Il y a trop de réglementation", nous explique le gouvernement, ce qui veut dire : "vous avez trop de droits". En somme, le projet de Jean-Pierre Raffarin veut toucher à tous les "paramètres" pour se résumer à ceci : payer plus de cotisations pour être à la retraite plus tard avec moins d'argent. Certains appellent sans doute cela la modernité. Il est possible de décider autrement, si nous considérons que la retraite est un choix de société essentiel. Il est possible de décider autrement, si nous allons chercher l'argent là où il ne sert à rien d'autre qu'à se reproduire, à jeter les salariés à la rue et à remplir les poches de ceux qui n'en ont pas besoin.
Déjà, des salariés se préparent à cette bataille, nous serons de tous ces combats pour que le gouvernement batte en retraite ! Hier, Jean-Pierre Raffarin est allé se faire adouber par Ernest-Antoine Seillière, réélu président du MEDEF. Le gouvernement a choisi son camp : celui des patrons. Déjà, il a décidé de s'asseoir sur le non des salariés d'EDF et clairement de passer en force pour la suite. La Sécurité sociale est elle aussi menacée. On commence à nous expliquer qu'il y aura des maladies de riches et des maladies de pauvres. Ce gouvernement n'a décidément qu'une seule idée en tête : passer au pilon la solidarité, mettre les droits sur le bûcher.
La décentralisation féodale qu'il nous propose n'est qu'un mirage, une grande entreprise de vassalisation et d'asservissement face au marché, de casse des garanties collectives. Tout ce qui nous unit, il veut nous en délier. Nous avons lancé depuis plusieurs mois une pétition nationale pour un référendum. Un colloque national de réflexion et de riposte se tiendra à Tours le 25 janvier.
Décider d'une réforme de décentralisation seul dans un bureau à Paris, voilà qui relève du calembour !
S'enfuir à Versailles voici une décision qui rappelle des souvenirs peu glorieux, mais sans doute notre premier ministre a-t-il quelque " raffarinade " à nous lancer pour clore le débat.
Et que dire des tripatouillages pour fausser la démocratie lors des prochaines élections A tous ceux et à toutes celles qui n'acceptent pas cela, nous donnons rendez-vous lundi soir pour un grand meeting à la Mutualité. C'est le rendez-vous de ceux et celles qui veulent donner de la voix et faire entendre plus fort encore leurs aspirations. A tous ceux et celles qui veulent dire non à ce gouvernement-casseur !
Déjà, des hommes et des femmes s'organisent, comme ceux et celles qui se sont souhaité une bonne année malgré le doute, dans leurs usines occupées à ACT, chez Daewoo. Les communistes entendent prendre leurs responsabilités pour ne pas laisser ce gouvernement imposer son jeu. Le 25 janvier se tiendra également une initiative féministe pour riposter aux projets rétrogrades du gouvernement en matière de politique familiale, à Marseille aura lieu dans le courant du premier trimestre une grande rencontre de jeunes. Ils en ont assez d'être stigmatisés, cela devient insupportable. Le 20 janvier, à la Mutualité, nous voulons face à tous ces enjeux donner à voir d'autres choix possibles, pour mieux vivre ensemble.
Que souffle sur 2003 le vent de l'espoir ! Un cycle s'est clos le 21 avril. Il faut repartir au chagrin, il faut reprendre nos bâtons de pèlerins pour ouvrir les eaux. Il faut que naisse une alternative réelle au système actuel, pour porter un vrai changement. La tâche est immense. Après le séisme que nous avons connu, les rapports de force dans une gauche ébranlée et mise fortement en question ne sont pas immuables même si le risque de la bipolarisation existe avec son horizon zéro. Les Forum citoyens que nous avons lancé voici un peu plus de deux mois ont déjà rassemblé des milliers de personnes, communistes ou non. Ils ont révélé, si c'était nécessaire, ce besoin : il faut créer des lieux de rencontre et d'échanges où la politique est en question, où l'on débat du contenu des propositions et des formes de l'action à mener. Des lieux où se croisent ceux et celles qui sont engagés dans le mouvement social, citoyen, syndical, altermondialiste, associatif, avec ceux et celles qui sont militants politiques, avec ceux et celles qui n'ont pas d'engagement précis mais qui veulent changer le monde et prendre leur part du débat.
Ces lieux manquent, ils sont pourtant la condition d'un véritable rassemblement, la garantie d'une politique qui se construit avec les citoyens, les citoyennes, en toute clarté. Si la rencontre parvient à se faire, à égalité , chacun dans son rôle, entre mouvement social, citoyen et la politique, une alternative devient possible. A l'approche du Forum social de Paris-Saint-Denis, nous voulons avancer dans cette direction. Il faut remettre la politique sur les places publiques !
Cela ne nous dédouane pas d'entamer un travail sur nous mêmes : reconstruire une cohérence qui nous permette d'être pleinement communistes. Nous débutons, avec notre congrès, une course de fond où nous devrons faire preuve d'endurance, de ténacité, de courage. Les questions lourdes qui sont posées à notre peuple, à la société française et à nous-mêmes sont profondes, elles exigent des réponses solides qui ne peuvent prendre corps que dans la durée. Il n'y aura pas de coup de baguette magique, même si il peut émerger des mouvements porteurs. Qu'entendons-nous par dépassement du capitalisme ? Qu'entendons-nous par communisme aujourd'hui ? Pour ma part, je pense profondément que l'Etat du monde, les méfaits du système capitaliste appellent le développement d'une multitude de luttes portant l'émancipation humaine donc le dépassement du capitalisme. Plus le champ de ces luttes sera vaste contre toutes les exploitations, dominations, plus l'élan sera vif, moins la loi de l'argent et ses suppôts gouvernementaux pourront avancer leurs pions sur le vaste échiquier de la société. Je pense qu'il y a une quête de sens chez nombre de nos compatriotes, d'une visée portant d'autres rapports entre les individus et les peuples, d'une mise en commun, d'une mise en partage de notre monde et de ses richesses. C'est pour moi la visée communiste d'aujourd'hui. Alors comment transformer la société, avec qui ? Comment s'y prendre pour rassembler, pour donner corps à une alternative politique ? Quel parti communiste aujourd'hui ? Il nous faut, je crois, un parti, un parti communiste, porteur de ce qu'on pourrait appeler d'un mot, une utopie concrète. Notre démarche de rassemblement devra se bâtir sur des contenus, peut-être dans ces Forum qui pourraient jouer un rôle essentiel. Il ne nous faut pas voir, en effet, l'espace politique tel qu'il existe, tout rabougri, mais chercher à l'élargir. S'il est possible de changer le monde, cela doit se faire par et pour les hommes et les femmes qui y vivent. C'est là, à mon sens qu'est l'un de nos principaux défis, celui peut-être de l'éducation populaire, de la co-élaboration maximum. Cela exige sans aucun doute des efforts de mobilisation nouveaux pour notre parti.
Enfin, j'aimerais parler un peu de vous. Avec un premier vu : longue vie au pluralisme ! Longue vie à la diversité de la presse française et européenne. J'y insiste parce que je ne crois pas que l'avenir doive appartenir à des Berlusconi concentrant dans leurs mains toutes les plumes, tous les micros et toutes les caméras. Il faudra réouvrir ce débat à l'échelle nationale et européenne. La sauvegarde des titres de la presse quotidienne, notamment, et de leur indépendance, est à mes yeux un combat essentiel à la démocratie.
Je suis également très préoccupée de la précarisation croissante du métier de journaliste. Je l'avais déjà affirmé dans un message aux salariés de France Soir, je crois à la nécessité d'un journalisme de l'investigation, des faits, du terrain ; des idées, et donc d'un journalisme qui a besoin de temps et de liberté. Et ce n'est pas possible sans un statut et de bonnes conditions de travail.
Votre regard, votre éclairage, vos commentaires, sont essentiels à notre démocratie. Je sais que beaucoup d'entre vous ont été interpellés par le choc de l'année écoulée. Cela doit sans doute nous amener à réfléchir mieux au " spectacle " politique. J'aimerais vous dire que parfois j'ai le sentiment que nous sommes collectivement un peu à côté de la plaque. Le 21 avril, c'est une vrai panne de la démocratie. Comment réamorcer la pompe ? Je sais que c'est également un sujet de débat chez vous, entre confrères. Ces quelques mots francs soulignent également nos propres insuffisances.
Mesdames, messieurs,
En ces temps de recommencements, je souhaite à tous nos concitoyens et concitoyennes, une année de paix, de justice, de solidarité. Ce sera sans doute une année de veille, de combat, de résistance. Que ce soit également une année où se dégagent des horizons, où naissent des perspectives. Une année d'espoir.
Je souhaite à chacun et chacune d'entre vous une belle et heureuse année ainsi qu'à vos proches, ceux que vous aimez. Qu'elle soit pleine de projets et de rêves qui naissent et qui se réalisent. Qu'elle soit faite de réussite et d' épanouissement dans votre travail.
Je vous remercie.
(source http://www.pcf.fr, le 24 janvier 2003)
En ce début d'année 2003, au nom du parti communiste, je tiens à vous présenter tous mes vux pour vous-mêmes et pour vos proches.
Une année s'est achevée.
Traditionnellement, c'est l'occasion de tourner la page, de reléguer derrière soi les difficultés, les épreuves, ses erreurs et défauts pour se tourner vers la nouvelle année. Eh bien, contrairement aux us et coutumes, je ne souhaite pas tourner si vite la page de 2002.
2002 qui reste coincée en travers de la gorge. Il nous était promis une grande année politique, une année d'explications, de débats, de choix. Au même moment voici un an, nous faisions de 2002 une année d'espoir. Il n'en fût rien que la révélation brutale d'un énorme gâchis et de profondes cassures. Le 21 avril a été un véritable séisme dont les signes avant-coureurs ont été négligés, voire ignorés. On ne peut pas faire aujourd'hui comme si ce n'était qu'une secousse accidentelle, les failles sont trop profondes, les conséquences trop graves.
L'extrême-droite ronge les poutres et les chevrons de notre démocratie. Comment expliquer cette irruption au seuil du pouvoir ? Je me rappelle cette phrase sibylline de Jean-Marie Le Pen, volée dans la Bible : " N'ayez pas peur ". Presque tout y est dit. Les idées de l'extrême-droite ont poussé sur les peurs multiples qui hantent les hommes et les femmes en leur for intérieur. Elles ont poussé sur la désespérance qui fait son nid dans cette société capitaliste. Elles ont poussé sur les inégalités, les discriminations, les conditions de vie difficiles, les atteintes à la dignité. Avec ses idées simplistes, égoïstes, autoritaires, l'extrême droite a porté à son paroxysme la division, le rejet de l'autre.
Quitte à être à contre-courant, je crois qu'il faut l'affronter franchement sur le terrain des valeurs et des idées, même si rien n'est possible sans s'attaquer aux causes des colères et des désespoirs : en un mot le mal-vivre.
En n'étant vraiment efficaces sur aucun de ces deux versants, changer le quotidien et engager le combat d'idées, trop de responsables politiques, trop de gouvernants, trop de ceux et celles qui travaillent l'opinion n'ont pas assumé leur responsabilité. Ce qui s'est dit à travers ces élections de douleur, de colère, et de trouble, ce qui s'est dit de la politique, des mentalités, ou de la société, tout cela doit vraiment faire réfléchir, sans quoi la chute de la démocratie risque de se poursuivre. Le score de l'extrême-droite baisse dans les élections partielles. Mais les réflexes, les idées, les rancurs sont là. Si la droite en recycle sans mal une partie, dans les mots et dans les actes, qui sait ce qu'il adviendra par la suite. Après la scission du Front National, combien d'observateurs ont considéré que le danger était écarté : sans voir l'eau qui dort. Les progrès de ces idées sont une sérieuse hypothèque sur l'avenir.
Tout cela souligne avec force l'échec de la gauche dans sa visée transformatrice originelle, les graves défauts de son action au gouvernement, son extrême difficulté à baigner dans les mouvements de la société. Cet échec est celui de la tiédeur, de l'acceptation du système, de la délégation de pouvoir.
A notre place, nous avons tenté, insuffisamment et maladroitement sans doute, de faire valoir d'autres options. Empêtrés dans des rapports de forces sérieusement défavorables, nous n'avons pas assez su remettre entre les mains des citoyennes et des citoyens des questions lourdes auxquelles nous étions confrontés. Nous avons eu du mal, nous aussi, à entendre, à écouter ce qui nous était dit dans le monde du travail, dans les couches populaires. Dans un contexte difficile, nous avons surtout peiné à porter haut notre volonté de dépassement du capitalisme, notre visée communiste, trop cantonnés que nous étions sur l'objectif de peser à gauche. Notre score a traduit ce malaise dans sa complexité, avec son lot de causes de longue durée.
Malgré cela, lors des élections législatives, nous sommes parvenus à conserver suffisamment de sièges pour constituer un groupe parlementaire. Nous voulons en faire un atout essentiel pour reconstruire des perspectives, un outil utile pour tous ceux et celles qui veulent faire avancer les choses.
Dans quelques jours, l'élection législative partielle dans la circonscription d'Argenteuil-Bezons permettra à Robert Hue, je l'espère, de retrouver son siège de député. Je veux ici lui témoigner de mon soutien dans cette bataille difficile.
Face au rouleau-compresseur de la droite, nous avons besoin que se rassemblent toutes les forces disponibles.
Face au gouvernement, nous n'avons pas traîné pour entrer dans la riposte, c'est aussi cela, l'année 2002. La démocratie, l'espoir ont reculé et la droite est déchaînée.
A gauche, certains s'interrogent sur les intentions du gouvernement, et critiquent le flou de sa ligne. Les mêmes accusent ce gouvernement de communiquer, mais de ne rien faire.
Quel aveuglement ! Ne voient-ils pas les buts de cette politique, le libéralisme arrogant, les lois qui volent en éclats, la société qui s'affaisse, les hommes et les femmes qui sont victimes de presque toutes les décisions adoptées ? Le problème principal est-il réellement de savoir qui va être nommé à quel poste dans la haute-administration ? Le problème principal est-il la technique comptable de contrebande du gouvernement ? Tout cela est condamnable, mais, le diagnostic est bien plus grave. Il faut que toutes les forces de gauche prennent leurs responsabilités pour ne pas laisser notre peuple se débrouiller seul avec ce gouvernement. Cette politique provoque des inquiétudes, des hommes et des femmes ressentent ce grignotage incessant, ces coups de boutoir répétés, sans apercevoir les moyens de la riposte à leur portée, sans distinguer d'alternative à cette politique.
" La route est droite, la pente est raide ", nous dit-on, mais Jean-Pierre Raffarin a vendu les freins ! Certes, nous avons un gouvernement qui compatit à la douleur des hommes et des femmes en leur disant " vous avez raison ", mais sommes-nous assez naïfs pour ne pas voir le bâton qu'il cache derrière son dos. Les communications publicitaires habillent bien mal des décisions dévastatrices formant un tout cohérent, le projet d'une société insécuritaire au plan social et démocratique. Une société de la peur. Le gouvernement a déjà beaucoup détruit. Un bulldozer aurait fait moins de dégâts. Il n'est qu'à voir l'ampleur des mesures déjà prises en l'espace de huit mois : suppression des emplois jeunes - le plus grand plan social de l'époque-, remise en cause des 35 heures mais maintien de la flexibilité, des gels de salaires et de l'annualisation, abrogation de la loi Hue pour le contrôle des fonds publics, réduction drastique des budgets de l'éducation, de la culture, de l'environnement et de la recherche, libéralisation des domaines relevant du service public, privatisations en tous genres, suspension des mesures anti-licenciements de la loi de modernisation sociale Le gouvernement déroule le tapis rouge au capitalisme mondialisé. La liberté qu'on nous propose appartient à ceux qui peuvent se la payer ! La liberté qu'on nous propose a déjà les ailes bien grignotées. La loi de sécurité intérieure débattue ces jours-ci au Parlement stigmatise les minorités, les jeunes, les pauvres, elle leur promet la prison. Cachez cette misère que je ne saurais voir ! C'est comme si les tensions internationales, ajoutées au climat de peur qui s'est installé permettaient toutes les dérives sécuritaires, toutes les répressions.
L'autre pendant de cette politique, c'est ce soi-disant bon-sens, c'est cette conviction du tout sécuritaire, ce sont les encouragements à la division et à la peur, c'est cette compassion venue d'en haut et ce paternalisme rampant En réalité le repli programmé du gouvernement sur les fonctions dites régaliennes de l'Etat cache une démission politique choisie et assumée. Avec Jean-Pierre Raffarin, le pouvoir politique livre une à une au marché les missions de l'Etat, les clefs de l'égalité des droits. Il n'est plus de choix citoyen collectif concernant l'avenir, car tout finalement tend à se faire en dehors du politique, en dehors de la démocratie. L'éclatement de la République qui nous est promis avec cette réforme dite de " décentralisation " n'arrange rien à l'affaire, il en est l'un des rouages. En réalité, voilà la règle : chacun pour soi et l'argent pour quelques uns. La société que l'on nous dessine est à craindre. C'est une société de course au profit, de barrières, d'inégalités.
Si le soleil a percé à Porto Alegre et à Florence pour dire qu'un autre monde est possible, des zones d'ombres ont perduré à la surface de notre planète. Tout nous appelle à dépasser ce système qui se satisfait des marées noires, de la précarité massive pour les travailleurs du monde, du règne de la finance. Dans les derniers jours de l'année, la santé de millions d'Africains n'a pas fait le poids face aux intérêts financiers des trusts pharmaceutiques. C'est une honte pour l'humanité !
A l'heure où se prépare son élargissement, la véritable question posée est de savoir si l'Europe doit être un pilier de cette mondialisation capitaliste ou un levier pour faire exister d'autres perspectives.
Avec la libéralisation du marché du gaz, de l'électricité, celles à venir de la poste et du rail, avec les reculs sociétaux présents dans le projet de nouveau traité, elle emprunte la mauvaise voie.
En regardant, le monde, j'ai aussi une pensée pour cette région meurtrière du proche et du moyen-orient. C'est peut être cela que l'on peut d'abord souhaiter pour 2003 : une année de paix.
Que souffle sur 2003 le vent de la paix ! George Bush veut la guerre, il ne cesse de le clamer depuis plusieurs mois. Les multiples résistances qui lui ont été opposées ont retardé ses projets, mais la menace se précise de plus en plus. La position de la France qui a pu contrarier les diplomates américains n'y est peut-être pas étrangère. Toutefois, on peut s'interroger sur les intentions profondes du gouvernement et du chef de l'Etat. On ne peut un jour demander aux armées de se tenir prêtes, et le lendemain affirmer que la guerre signerait un constat d'échec. Ne s'agirait-il pas d'une tentative pour faire avec l'opinion le chemin vers les armes, en jouant au final la carte de la résignation ? L'opinion publique a réellement du poids face à la guerre, cela vaut le coup de se faire entendre, de tenir. Il faut tout faire pour éviter le conflit armé et l'engagement de la France dans cette croisade aux senteurs de pétrole. Il faut que la France tienne. Et les mots n'y suffiront pas, il faudra des actes, à commencer par l'utilisation du veto au conseil de sécurité des Nations Unies. Cette semaine, nous avons exigé que l'Assemblée nationale puisse se prononcer, nous avons lancé une grande mobilisation pour la manifestation unitaire de samedi, et le meeting contre la guerre du 20 janvier à la Mutualité !
Que souffle sur 2003 le vent de la riposte et de la solidarité ! Le gouvernement est bras dessus, bras dessous avec le grand patronat. Le prochain dossier en vue, ce sont les retraites pour lesquelles on nous promet déjà une coupe réglée. Tout semble déjà décidé pour l'essentiel. Voulons-nous faire vivre ce système de solidarité entre les générations et entre les citoyens ou bien le livrer aux loups ? La retraite doit-elle rester un droit ou devenir une simple possibilité pour les salariés ?
"Il y a trop de réglementation", nous explique le gouvernement, ce qui veut dire : "vous avez trop de droits". En somme, le projet de Jean-Pierre Raffarin veut toucher à tous les "paramètres" pour se résumer à ceci : payer plus de cotisations pour être à la retraite plus tard avec moins d'argent. Certains appellent sans doute cela la modernité. Il est possible de décider autrement, si nous considérons que la retraite est un choix de société essentiel. Il est possible de décider autrement, si nous allons chercher l'argent là où il ne sert à rien d'autre qu'à se reproduire, à jeter les salariés à la rue et à remplir les poches de ceux qui n'en ont pas besoin.
Déjà, des salariés se préparent à cette bataille, nous serons de tous ces combats pour que le gouvernement batte en retraite ! Hier, Jean-Pierre Raffarin est allé se faire adouber par Ernest-Antoine Seillière, réélu président du MEDEF. Le gouvernement a choisi son camp : celui des patrons. Déjà, il a décidé de s'asseoir sur le non des salariés d'EDF et clairement de passer en force pour la suite. La Sécurité sociale est elle aussi menacée. On commence à nous expliquer qu'il y aura des maladies de riches et des maladies de pauvres. Ce gouvernement n'a décidément qu'une seule idée en tête : passer au pilon la solidarité, mettre les droits sur le bûcher.
La décentralisation féodale qu'il nous propose n'est qu'un mirage, une grande entreprise de vassalisation et d'asservissement face au marché, de casse des garanties collectives. Tout ce qui nous unit, il veut nous en délier. Nous avons lancé depuis plusieurs mois une pétition nationale pour un référendum. Un colloque national de réflexion et de riposte se tiendra à Tours le 25 janvier.
Décider d'une réforme de décentralisation seul dans un bureau à Paris, voilà qui relève du calembour !
S'enfuir à Versailles voici une décision qui rappelle des souvenirs peu glorieux, mais sans doute notre premier ministre a-t-il quelque " raffarinade " à nous lancer pour clore le débat.
Et que dire des tripatouillages pour fausser la démocratie lors des prochaines élections A tous ceux et à toutes celles qui n'acceptent pas cela, nous donnons rendez-vous lundi soir pour un grand meeting à la Mutualité. C'est le rendez-vous de ceux et celles qui veulent donner de la voix et faire entendre plus fort encore leurs aspirations. A tous ceux et celles qui veulent dire non à ce gouvernement-casseur !
Déjà, des hommes et des femmes s'organisent, comme ceux et celles qui se sont souhaité une bonne année malgré le doute, dans leurs usines occupées à ACT, chez Daewoo. Les communistes entendent prendre leurs responsabilités pour ne pas laisser ce gouvernement imposer son jeu. Le 25 janvier se tiendra également une initiative féministe pour riposter aux projets rétrogrades du gouvernement en matière de politique familiale, à Marseille aura lieu dans le courant du premier trimestre une grande rencontre de jeunes. Ils en ont assez d'être stigmatisés, cela devient insupportable. Le 20 janvier, à la Mutualité, nous voulons face à tous ces enjeux donner à voir d'autres choix possibles, pour mieux vivre ensemble.
Que souffle sur 2003 le vent de l'espoir ! Un cycle s'est clos le 21 avril. Il faut repartir au chagrin, il faut reprendre nos bâtons de pèlerins pour ouvrir les eaux. Il faut que naisse une alternative réelle au système actuel, pour porter un vrai changement. La tâche est immense. Après le séisme que nous avons connu, les rapports de force dans une gauche ébranlée et mise fortement en question ne sont pas immuables même si le risque de la bipolarisation existe avec son horizon zéro. Les Forum citoyens que nous avons lancé voici un peu plus de deux mois ont déjà rassemblé des milliers de personnes, communistes ou non. Ils ont révélé, si c'était nécessaire, ce besoin : il faut créer des lieux de rencontre et d'échanges où la politique est en question, où l'on débat du contenu des propositions et des formes de l'action à mener. Des lieux où se croisent ceux et celles qui sont engagés dans le mouvement social, citoyen, syndical, altermondialiste, associatif, avec ceux et celles qui sont militants politiques, avec ceux et celles qui n'ont pas d'engagement précis mais qui veulent changer le monde et prendre leur part du débat.
Ces lieux manquent, ils sont pourtant la condition d'un véritable rassemblement, la garantie d'une politique qui se construit avec les citoyens, les citoyennes, en toute clarté. Si la rencontre parvient à se faire, à égalité , chacun dans son rôle, entre mouvement social, citoyen et la politique, une alternative devient possible. A l'approche du Forum social de Paris-Saint-Denis, nous voulons avancer dans cette direction. Il faut remettre la politique sur les places publiques !
Cela ne nous dédouane pas d'entamer un travail sur nous mêmes : reconstruire une cohérence qui nous permette d'être pleinement communistes. Nous débutons, avec notre congrès, une course de fond où nous devrons faire preuve d'endurance, de ténacité, de courage. Les questions lourdes qui sont posées à notre peuple, à la société française et à nous-mêmes sont profondes, elles exigent des réponses solides qui ne peuvent prendre corps que dans la durée. Il n'y aura pas de coup de baguette magique, même si il peut émerger des mouvements porteurs. Qu'entendons-nous par dépassement du capitalisme ? Qu'entendons-nous par communisme aujourd'hui ? Pour ma part, je pense profondément que l'Etat du monde, les méfaits du système capitaliste appellent le développement d'une multitude de luttes portant l'émancipation humaine donc le dépassement du capitalisme. Plus le champ de ces luttes sera vaste contre toutes les exploitations, dominations, plus l'élan sera vif, moins la loi de l'argent et ses suppôts gouvernementaux pourront avancer leurs pions sur le vaste échiquier de la société. Je pense qu'il y a une quête de sens chez nombre de nos compatriotes, d'une visée portant d'autres rapports entre les individus et les peuples, d'une mise en commun, d'une mise en partage de notre monde et de ses richesses. C'est pour moi la visée communiste d'aujourd'hui. Alors comment transformer la société, avec qui ? Comment s'y prendre pour rassembler, pour donner corps à une alternative politique ? Quel parti communiste aujourd'hui ? Il nous faut, je crois, un parti, un parti communiste, porteur de ce qu'on pourrait appeler d'un mot, une utopie concrète. Notre démarche de rassemblement devra se bâtir sur des contenus, peut-être dans ces Forum qui pourraient jouer un rôle essentiel. Il ne nous faut pas voir, en effet, l'espace politique tel qu'il existe, tout rabougri, mais chercher à l'élargir. S'il est possible de changer le monde, cela doit se faire par et pour les hommes et les femmes qui y vivent. C'est là, à mon sens qu'est l'un de nos principaux défis, celui peut-être de l'éducation populaire, de la co-élaboration maximum. Cela exige sans aucun doute des efforts de mobilisation nouveaux pour notre parti.
Enfin, j'aimerais parler un peu de vous. Avec un premier vu : longue vie au pluralisme ! Longue vie à la diversité de la presse française et européenne. J'y insiste parce que je ne crois pas que l'avenir doive appartenir à des Berlusconi concentrant dans leurs mains toutes les plumes, tous les micros et toutes les caméras. Il faudra réouvrir ce débat à l'échelle nationale et européenne. La sauvegarde des titres de la presse quotidienne, notamment, et de leur indépendance, est à mes yeux un combat essentiel à la démocratie.
Je suis également très préoccupée de la précarisation croissante du métier de journaliste. Je l'avais déjà affirmé dans un message aux salariés de France Soir, je crois à la nécessité d'un journalisme de l'investigation, des faits, du terrain ; des idées, et donc d'un journalisme qui a besoin de temps et de liberté. Et ce n'est pas possible sans un statut et de bonnes conditions de travail.
Votre regard, votre éclairage, vos commentaires, sont essentiels à notre démocratie. Je sais que beaucoup d'entre vous ont été interpellés par le choc de l'année écoulée. Cela doit sans doute nous amener à réfléchir mieux au " spectacle " politique. J'aimerais vous dire que parfois j'ai le sentiment que nous sommes collectivement un peu à côté de la plaque. Le 21 avril, c'est une vrai panne de la démocratie. Comment réamorcer la pompe ? Je sais que c'est également un sujet de débat chez vous, entre confrères. Ces quelques mots francs soulignent également nos propres insuffisances.
Mesdames, messieurs,
En ces temps de recommencements, je souhaite à tous nos concitoyens et concitoyennes, une année de paix, de justice, de solidarité. Ce sera sans doute une année de veille, de combat, de résistance. Que ce soit également une année où se dégagent des horizons, où naissent des perspectives. Une année d'espoir.
Je souhaite à chacun et chacune d'entre vous une belle et heureuse année ainsi qu'à vos proches, ceux que vous aimez. Qu'elle soit pleine de projets et de rêves qui naissent et qui se réalisent. Qu'elle soit faite de réussite et d' épanouissement dans votre travail.
Je vous remercie.
(source http://www.pcf.fr, le 24 janvier 2003)