Déclaration de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, sur les grandes étapes du programme AGENAE (analyse génétique des animaux d'élevage), Paris le 25 septembre 2002.

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Circonstance : Mise en place du groument d'intérêt scientifique AGENAE (analyse génétique desanimaux d'élevage) à Paris le 25 septembre 2002

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
C'est un grand honneur de participer avec M. Gaymard à l'installation de ce Groupement d'Intérêt Scientifique. J'adresse toutes mes félicitations aux acteurs qui ont permis la conception et l'installation de ce partenariat dont je me réjouis.
Je souhaite partager avec eux un message d'encouragement et exposer quelques perspectives d'avenir. Gardons bien à l'esprit que ce programme AGENAE s'inscrit dans un programme ambitieux de génomique : le Ministère chargé de la Recherche soutient depuis plusieurs années les recherches fondamentale en ce domaine.
Vous êtes conscients comme moi de la nécessité du transfert des outils de la génomique dans le domaine économique, à la fois dans les technologies de pointes (biotechnologies pour la santé), mais aussi dans les secteurs plus traditionnels.
Cela suppose que les acteurs privés du GIS prennent le relais des investissements publics afin de démultiplier l'effet de levier produit par l'engagement de l'Etat.
Projet AGENAE : le fruit de partenariats féconds
Les grandes étapes du projet
Au début des années 90 naît à l'INRA l'idée d'un grand programme sur le génome des animaux d'élevage : il s'agit alors d'une décision ambitieuse de travailler de front sur quatre espèces (bovin, porc, truite, poulet) en étendant les objectifs à la génomique structurale.
Ce sera le programme AGENAE - Analyse Genétique des Animaux d'Elevage - , programme fédérateur transversal remarquable, puisqu'il implique des équipes de près de la moitié de ses départements (7 sur 17).
A terme, ce programme doit permettre de relever deux défis majeurs pour l'avenir de l'élevage européen :
- permettre une meilleure maîtrise de la reproduction, de l'alimentation, de la santé et du bien-être animal afin d'améliorer la rentabilité de l'élevage, les modes de conduite des troupeaux et la qualité des produits d'origine animale ;
- mieux gérer la diversité génétique des espèces animales d'intérêt économique majeur.
Ces objectifs ambitieux, communs aux physiologistes et aux généticiens, nécessitent l'identification et la caractérisation du plus grand nombre possible de gènes gouvernant les grandes fonctions physiologiques de l'organisme, l'analyse de leur mode d'expression conjointe et la description de leur polymorphisme dans les populations.
Des partenariats exemplaires
Les partenariats établis entre l'INRA et le CIRAD permettent une ouverture aux enjeux de développement des pays du sud.
Les partenariats avec les milieux de l'élevage et de la production sont la condition d'une participation active de ces professionnels et de leur prise de conscience des enjeux de la génomique. On peut, à cet égard, féliciter l'INRA d'avoir réussi à impliquer une partie des acteurs du secteur animal, généralement peu concernés par les aspects plus fondamentaux de la recherche.
Pour l'instant, la participation des professionnels de l'élevage bovin et aquacole est acquise à travers la société privée APIS-GENE (rassemblant les acteurs de la filière bovine) et le CIPA (Comité Interprofessionnel des produits de l'aquaculture).
La mobilisation des professionnels de l'élevage porcin est en cours et la filière de l'aviculture a témoigné son intérêt pour ce programme.
La création du GIS sera complétée fin 2002 par la création d'une société de valorisation qui portera la propriété des résultats pouvant donner lieu à des applications et sera chargée de les valoriser.
Le budget prévisionnel de 50 Millions d'euros sera pour moitié financé par les organismes publics de recherche, et à hauteur de 9 millions par les professionnels. Le montant exact de la participation du Ministère délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies reste à déterminer. Le Ministère de l'Agriculture soutiendra certains programmes du GIS.
Perspectives de coopérations internationales
Les collaborations internationales (EU)
Un des grands intérêts de ce GIS tient à son organisation en 2 programmes, l'un pour la recherche à vocation générique, l'autre pour des recherches plus finalisées. Cela permet des collaborations internationales sur la partie générique dont les résultats ont vocation à être publics et cela témoigne d'une collaboration exemplaire entre l'INRA et l'USDA (United States Department of Agriculture) dans le domaine de l'échange de banques et de fragments.
Des discussions en cours au niveau européen
Des consortiums se sont constitués entre certains pays de l'UE et d'autres partenaires, avec des visées assez finalisées : (consortium entre Danois et Chinois sur la génétique porcine, consortium anglo-chinois sur la génétique avicole).
Dans cette perspective, l'exemple du rapprochement récent entre le réseau Génoplante et son équivalent allemand GABI, germe d'un réseau d'excellence européen dans un secteur hautement stratégique et concurrentiel, pourrait inspirer les principaux acteurs concernés.
Des discussions en cours, les partenaires sont identifiés, il existe enfin en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux Pays Bas des initiatives similaires.
Les succès antérieurs des programmes européens consacrés à la cartographie génétique (BOVMAP pour les bovins, CHICKMAP pour les volailles, PIGMAP et SALMAP pour la truite) sont de bonne augure.
J'attache la plus grande importance à ce que la France joue un rôle moteur dans l'établissement d'une position forte de l'Europe dans ce secteur fortement concurrentiel, à haute technicité et faisant intervenir toute l'excellence de la recherche en génomique - dans un contexte où la prévention des risques alimentaires et le transfert de technologies vers les pays moins développés prennent de plus en plus d'importance.
Conclusion
Le GIS AGENAE s'inscrit dans les perspectives futures de la génomique :
- ce groupement complète très utilement le dispositif existant : GIS Génoplante, réseau GenHomme, CNS (Centre National de Séquençage), CNG (Centre National de Génotypage), réseau de Génopôles, Infobiogen (structure nationale de bio informatique).
- des partenariats vont se mettre en place avec le CEA (biopuces), le CNRS, l'INSERM (projets ciblés de génomique fonctionnelle).
- le groupement assure une visibilité internationale accrue des recherches françaises dans le champ de la génomique.
Je peux déjà vous annoncer que le Ministère chargé de la Recherche et des Nouvelles Technologies poursuivra son soutien à GENOPLANTE, précurseur d'AGENAE dans le champ végétal.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 27 septembre 2002)