Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Maires et les Préfets,
Mesdames et Messieurs,
Le thème de cette table ronde que j'ai l'honneur d'introduire est la mobilisation des acteurs.
Certains prétendent que la sécurité routière est un problème dont on ne se préoccupe pas suffisamment. D'autres constatent qu'au contraire, il y a trop d'intervenants parfois mal coordonnés. La question de la coordination et celle de la mobilisation sont, en effet, liées. Car en matière de sécurité routière, il n'y a pas de solution miracle. Ceux qui pensent qu'une seule mesure, technique, éducative ou répressive pourrait régler la question se trompent. C'est toute une panoplie d'outils de prévention qu'il convient de mettre en oeuvre.
Prévention primaire en conjuguant l'éducation, la formation, les modifications du comportement, la sanction des conducteurs imprudents, la répression des consommations dangereuses, l'alcool au premier chef.
Prévention secondaire par l'action des services de secours à qui je tiens à rendre hommage, tant leur travail est éprouvant et essentiel.
Cette panoplie, pour être efficace, doit être mise en oeuvre de façon cohérente et durable. Et c'est bien pour cela que la mobilisation coordonnée de tous les acteurs est si importante. Car sans elle, les actions resteront dispersées, disparates et finalement sans grand effet. Il est possible qu'une insuffisante mobilisation explique la stagnation du risque routier. Cette stagnation n'est guère stimulante. Il faut sortir de ce cercle vicieux.
La sécurité routière est une priorité évidente pour la santé publique.
Le retentissement sanitaire et économique des traumatismes liés à la circulation routière pour les conducteurs, les passagers et les piétons est suffisamment connu pour que je n'insiste pas trop sur ce point. En revanche, je tiens à souligner, qu'à mon sens l'insécurité routière renvoie à la place de la violence dans notre société. Les phénomènes de violence sont divers (familiaux, professionnels, urbains, hospitaliers) mais l'insécurité routière en est une des formes. Et c'est celle dont l'impact de santé publique est le plus fort. Il faudrait donc parler de violence routière. Et c'est contre cette forme de violence qu'il faut à tout prix se mobiliser.
Cette mobilisation des acteurs est difficile.
Si je n'ai pas ici le temps d'expliquer en détail les raisons de cette difficulté, je souhaite toutefois insister sur la complexité du problème. Une politique cohérente doit agir simultanément sur le triptyque conducteur / véhicule / environnement routier. La dialectique entre les trois est claire. J'en veux pour exemple un cas de figure simple : des voitures ou des voiries de plus en plus sûres peuvent inciter à prendre plus de risques.
La première des conditions d'une mobilisation est donc de définir des perspectives, des objectifs clairement définis et partagés. Ceci est le rôle de l'Etat. Il ne suffit pas d'annoncer des objectifs. Il faut une stratégie pour les atteindre, précisant comment il faut mettre en oeuvre les différents outils, le rôle et les responsabilités de chacun des acteurs. Voilà ce que je veux obtenir en santé publique dans le cadre de la loi de programmation quinquennale de santé publique dont la préparation est lancée et qui verra le jour en 2003.
L'Etat doit montrer l'exemple en faisant la preuve de sa capacité à mobiliser ses propres services. C'est bien le sens de l'implication des sept ministres qui ont apporté leur concours au rendez-vous qui nous réunit ici. Et de la présence du Premier Ministre.
Mais l'Etat ne peut pas tout. Les assureurs publics et privés jouent également un rôle clé.
N'oublions pas que c'est sur le terrain que se gagne la bataille de la violence routière. C'est donc au niveau local qu'il faut poursuivre cette mobilisation. Je note ainsi que trois régions Poitou-Charentes, Languedoc-Roussillon et Guadeloupe, se sont dotées de programmes régionaux de santé initiés par leurs conférences régionales de santé. Cela permet d'intégrer les compétences et la confiance dont bénéficient les professionnels de santé au sein des autres acteurs, la police, la justice, les associations, l'éducation, etc.
Voilà une voie à suivre. C'est elle qui peut nous permettre de sortir des faux débats opposant par exemple l'approche répressive et l'approche éducative. Il ne faut pas opposer les deux. Il faut les conjuguer pour une mobilisation optimale.
La mobilisation enfin doit être européenne. N'oublions pas l'Europe. Certains outils ne peuvent être mis en oeuvre que dans un cadre européen d'harmonisation des règles de droit (par exemple les limitations de vitesse, limitations de puissance des véhicules).
Cette mobilisation a un corollaire : l'expérimentation
Les acquis de la lutte contre l'épidémie de sida montrent qu'il est possible de modifier les prises de risques même chez les jeunes. Pour cela, il faut recourir aux méthodes modernes de communication et de formation. La prévention du sida nous a montré qu'une articulation entre la recherche et les acteurs de terrain permettait des gains importants. Chaque expérience doit ainsi être répertoriée, analysée, évaluée avant d'être généralisée s'il le faut.
Mobiliser signifie donc aussi libérer les initiatives de terrain, les encadrer, les aider, les évaluer et les faire connaître.
J'entends pour ma part renforcer la mobilisation du ministère de la Santé sur ce dossier. Nos agences vont être mises à contribution sur ce chantier et notamment l'INPES pour l'éducation sanitaire et l'InVS pour la surveillance épidémiologique.
Je terminerai en vous disant qu'on ne peut pas d'un côté exiger des pouvoirs publics une application stricte du principe de précaution et d'un autre côté laisser mettre en danger de façon outrancière sa vie et celle d'autrui sur les routes. C'est le sens que pour ma part j'aimerais donner à cette nécessaire mobilisation qui nous rassemble aujourd'hui.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 23 septembre 2002)
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Maires et les Préfets,
Mesdames et Messieurs,
Le thème de cette table ronde que j'ai l'honneur d'introduire est la mobilisation des acteurs.
Certains prétendent que la sécurité routière est un problème dont on ne se préoccupe pas suffisamment. D'autres constatent qu'au contraire, il y a trop d'intervenants parfois mal coordonnés. La question de la coordination et celle de la mobilisation sont, en effet, liées. Car en matière de sécurité routière, il n'y a pas de solution miracle. Ceux qui pensent qu'une seule mesure, technique, éducative ou répressive pourrait régler la question se trompent. C'est toute une panoplie d'outils de prévention qu'il convient de mettre en oeuvre.
Prévention primaire en conjuguant l'éducation, la formation, les modifications du comportement, la sanction des conducteurs imprudents, la répression des consommations dangereuses, l'alcool au premier chef.
Prévention secondaire par l'action des services de secours à qui je tiens à rendre hommage, tant leur travail est éprouvant et essentiel.
Cette panoplie, pour être efficace, doit être mise en oeuvre de façon cohérente et durable. Et c'est bien pour cela que la mobilisation coordonnée de tous les acteurs est si importante. Car sans elle, les actions resteront dispersées, disparates et finalement sans grand effet. Il est possible qu'une insuffisante mobilisation explique la stagnation du risque routier. Cette stagnation n'est guère stimulante. Il faut sortir de ce cercle vicieux.
La sécurité routière est une priorité évidente pour la santé publique.
Le retentissement sanitaire et économique des traumatismes liés à la circulation routière pour les conducteurs, les passagers et les piétons est suffisamment connu pour que je n'insiste pas trop sur ce point. En revanche, je tiens à souligner, qu'à mon sens l'insécurité routière renvoie à la place de la violence dans notre société. Les phénomènes de violence sont divers (familiaux, professionnels, urbains, hospitaliers) mais l'insécurité routière en est une des formes. Et c'est celle dont l'impact de santé publique est le plus fort. Il faudrait donc parler de violence routière. Et c'est contre cette forme de violence qu'il faut à tout prix se mobiliser.
Cette mobilisation des acteurs est difficile.
Si je n'ai pas ici le temps d'expliquer en détail les raisons de cette difficulté, je souhaite toutefois insister sur la complexité du problème. Une politique cohérente doit agir simultanément sur le triptyque conducteur / véhicule / environnement routier. La dialectique entre les trois est claire. J'en veux pour exemple un cas de figure simple : des voitures ou des voiries de plus en plus sûres peuvent inciter à prendre plus de risques.
La première des conditions d'une mobilisation est donc de définir des perspectives, des objectifs clairement définis et partagés. Ceci est le rôle de l'Etat. Il ne suffit pas d'annoncer des objectifs. Il faut une stratégie pour les atteindre, précisant comment il faut mettre en oeuvre les différents outils, le rôle et les responsabilités de chacun des acteurs. Voilà ce que je veux obtenir en santé publique dans le cadre de la loi de programmation quinquennale de santé publique dont la préparation est lancée et qui verra le jour en 2003.
L'Etat doit montrer l'exemple en faisant la preuve de sa capacité à mobiliser ses propres services. C'est bien le sens de l'implication des sept ministres qui ont apporté leur concours au rendez-vous qui nous réunit ici. Et de la présence du Premier Ministre.
Mais l'Etat ne peut pas tout. Les assureurs publics et privés jouent également un rôle clé.
N'oublions pas que c'est sur le terrain que se gagne la bataille de la violence routière. C'est donc au niveau local qu'il faut poursuivre cette mobilisation. Je note ainsi que trois régions Poitou-Charentes, Languedoc-Roussillon et Guadeloupe, se sont dotées de programmes régionaux de santé initiés par leurs conférences régionales de santé. Cela permet d'intégrer les compétences et la confiance dont bénéficient les professionnels de santé au sein des autres acteurs, la police, la justice, les associations, l'éducation, etc.
Voilà une voie à suivre. C'est elle qui peut nous permettre de sortir des faux débats opposant par exemple l'approche répressive et l'approche éducative. Il ne faut pas opposer les deux. Il faut les conjuguer pour une mobilisation optimale.
La mobilisation enfin doit être européenne. N'oublions pas l'Europe. Certains outils ne peuvent être mis en oeuvre que dans un cadre européen d'harmonisation des règles de droit (par exemple les limitations de vitesse, limitations de puissance des véhicules).
Cette mobilisation a un corollaire : l'expérimentation
Les acquis de la lutte contre l'épidémie de sida montrent qu'il est possible de modifier les prises de risques même chez les jeunes. Pour cela, il faut recourir aux méthodes modernes de communication et de formation. La prévention du sida nous a montré qu'une articulation entre la recherche et les acteurs de terrain permettait des gains importants. Chaque expérience doit ainsi être répertoriée, analysée, évaluée avant d'être généralisée s'il le faut.
Mobiliser signifie donc aussi libérer les initiatives de terrain, les encadrer, les aider, les évaluer et les faire connaître.
J'entends pour ma part renforcer la mobilisation du ministère de la Santé sur ce dossier. Nos agences vont être mises à contribution sur ce chantier et notamment l'INPES pour l'éducation sanitaire et l'InVS pour la surveillance épidémiologique.
Je terminerai en vous disant qu'on ne peut pas d'un côté exiger des pouvoirs publics une application stricte du principe de précaution et d'un autre côté laisser mettre en danger de façon outrancière sa vie et celle d'autrui sur les routes. C'est le sens que pour ma part j'aimerais donner à cette nécessaire mobilisation qui nous rassemble aujourd'hui.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 23 septembre 2002)