Interview de M. François Loos, ministre délégué au commerce extérieur, dans "Les Echos" le 1er octobre 2002, sur l'évolution des relations franco-algériennes en matière de commerce extérieur.

Prononcé le 1er octobre 2002

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Média : Energies News - Les Echos - Les Echos

Texte intégral

Q - L'intérêt des exportateurs français pour le marché algérien vous paraît-il refléter un mouvement de fond dans les relations commerciales entre Paris et Alger ?
R - Depuis deux ans, nos entreprises ont retrouvé le chemin de l'Algérie. La dynamique de nos échanges commerciaux a été spectaculaire en 2000 et 2001, avec des exportations en hausses respectives de 19 % et 17 %, et elle se poursuit en 2002. Cette évolution favorable s'inscrit dans un contexte de croissance soutenue de l'Algérie, grâce à la bonne tenue du prix des hydrocarbures, mais aussi en raison de l'ouverture économique et du processus de libéralisation engagé par l'actuel gouvernement. Ce sont donc là des raisons objectives, qui devraient être renforcées par la signature de l'accord d'association Algérie-Union européenne.
Il n'est donc guère étonnant que les entrepreneurs français misent sur ce marché. Dans un monde marqué par l'instabilité et la montée des tensions Nord-Sud, le moment me semble venu de relancer notre coopération économique globale avec l'Algérie.
Q - Les investissements sont loin de suivre le même chemin. Comment faire bouger les choses ?
R - C'est vrai, nos investissements n'ont pas progressé au même rythme que nos échanges. Mais j'ai bon espoir pour l'avenir. Cela implique, de part et d'autre, de la volonté politique et la mobilisation de tous les instruments disponibles. Du point de vue français, c'est déjà le cas puisque l'Algérie bénéficie des concours financiers de l'AFD, de la "réserve pays émergents" et de marges de manoeuvre conséquentes en termes de garanties de la Coface.
Du point de vue algérien, il est souhaitable que le processus de réformes et de libéralisation économique se poursuive. Un autre signal fort pourrait être une accélération des négociations d'adhésion de l'Algérie à l'OMC, pour lesquelles la France est prête à apporter à l'Algérie son expérience et son soutien.
Q - Pourquoi relancer aujourd'hui le mécanisme de conversion de la dette algérienne en investissements ?
R- C'est là une traduction concrète de notre volonté commune de favoriser le développement de l'investissement privé en Algérie. J'y vois également, dans un cadre délimité, une façon pertinente d'échanger du passé - la dette - contre de l'avenir - des projets privés. Cela me semble bon pour l'Algérie, en termes d'emploi et de transfert de technologie, et bon pour la France, car cela permettra à nos entreprises de bénéficier des nouvelles opportunités offertes par les autorités algériennes.
Je souhaite donc que l'accord en cours de négociation, qui porte sur un montant total de 61 millions d'euros, puisse rapidement être conclu. Dès la semaine prochaine, les négociateurs algériens seront reçus à Paris : il reste quelques questions en suspens mais je ne doute pas de la volonté politique de part et d'autre, pour que l'on puisse aboutir.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2002)