Texte intégral
Je suis heureux d'installer ce soir ce groupe de travail sur les manquements à l'obligation scolaire avec mes collègues et amis Nicolas Sarkozy, Luc Ferry et Xavier Darcos; j'en profite pour excuser Jean-François Mattei, retenu à l'Académie de médecine où il prononce un discours sur le devoir de santé publique en France.
Comment répondre à l'absentéisme scolaire? Comment responsabiliser les parents, les alerter et les faire réagir quand leurs enfants manquent l'école ou les cours au collège? Nous sommes là face à des questions difficiles et qui se posent hélas, de plus en plus. En 20 ans l'absentéisme s'est beaucoup développé, et ce dans toutes les couches de la société. Il nous faut donc agir, et agir en étroite concertation les uns avec les autres. C'est tout l'objet du groupe que j'ai souhaité mettre en place et je vous remercie tous de votre présence.
Il n'est jamais facile de réunir autour d'une même table tous les acteurs d'un problème. C'est le cas cette fois. Ce groupe, piloté par la Délégation Interministérielle à la famille, va travailler dès maintenant; vous vous réunirez régulièrement à partir du 3 octobre prochain et pendant tout le trimestre à venir pour nous remettre, aux ministres présents et à moi-même, vos conclusions et vos propositions à la fin de cette année.
Ce rassemblement d'expériences et de compétences diverses exprime, j'en suis sûr, notre volonté commune de trouver des réponses intelligentes, concrètes, aux problèmes de l'absentéisme scolaire. Au-delà, c'est toute la question de l'insertion des jeunes dans la société qui est posée.
Nous avons affaire ici à des enjeux cruciaux: le respect des règles de base de la vie en société et le respect d'un droit de l'enfant à l'éducation.
Nous nous trouvons, en effet, face à certains adolescents et souvent, hélas, à certains enfants qui passent parfois plus de temps dans les rues qu'à l'école, que leurs parents ne maîtrisent plus, et face auxquels les enseignants , le personnel scolaire, malgré tous leurs efforts, sont souvent désemparés.
En outre, n'oublions pas que le fait d'offrir aux enfants une instruction dès le plus jeune âge, est un acquis de notre République, consacré par la convention de New-York qui reconnaît de façon solennelle ce droit de l'enfant à l'éducation. Plus encore, la convention stipule que les Etats signataires, je cite, "prennent des mesures pour encourager la régularité de la fréquentation scolaire". Priver les enfants de ce droit, en n'assumant pas ses responsabilités de parents, c'est donc porter atteinte à un engagement essentiel de notre pays.
Que peut-on faire concrètement? Sans anticiper sur le travail que vous allez accomplir ensemble, je voudrais vous dire en quelques mots comment je vois les choses.
Je crois qu'il faut chercher avant tout à responsabiliser les parents. Les responsabiliser par tous les moyens et d'abord par la recherche d'un contact et d'un dialogue approfondi avec eux. L'une des difficultés souvent mises en avant par les services scolaires est celle des circuits de signalement des absences. Les délais qui s'écoulent entre l'absence répétitive constatée et le contact avec les parents sont parfois très longs. Par ailleurs, dans bien des cas, ceux-ci ignorent totalement ces absences. Je souhaite donc que les dispositifs qui seront définitivement retenus privilégient le travail de médiation, avant que n'interviennent des sanctions.
Les sanctions sont nécessaires. Il y a des cas où seule reste la sanction comme moyen de rappeler les parents à leurs devoirs vis-à-vis de leurs enfants.
Comme Nicolas Sarkozy, je pense que cette sanction, quand elle est nécessaire, doit être comprise et expliquée aux parents. Le dispositif de suspension des allocations familiales en vigueur depuis 1959, ne me paraît pas adapté dans sa forme actuelle. Il peut en effet frapper à l'aveugle, en aggravant des situations sociales déjà difficiles, et sans que les familles concernées comprennent pourquoi elles sont sanctionnées. Je rappelle que les allocations familiales, si elles traduisent la reconnaissance de la nation aux parents, sont aussi censées compenser une partie de ce que l'on peut appeler le "coût d'entretien" de l'enfant, même si je n'aime pas cette expression. Or l'absentéisme scolaire n'a aucun impact sur ce coût, l'école étant gratuite.
Peut-être faut-il imaginer un système qui serait celui d'une "amende parentale", prononcée pourquoi pas par un juge de proximité, permettant une sanction au cas par cas, tenant compte de chaque situation particulière ; cette amende serait directement rattachée à la faute, c'est à dire à l'absentéisme d'un enfant et donnerait lieu obligatoirement à un travail de médiation approfondi avec les parents.
Prévention, dialogue, sanction : tout l'objectif pour moi est d'arriver véritablement à responsabiliser les parents et à favoriser un échange souvent inexistant entre parents, enfants et institutions.
Je compte sur vous et vos propositions, sur votre analyse approfondie de ce problème pour parvenir à répondre vraiment à cet enjeu essentiel de la responsabilisation.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 3 octobre 2002)
Comment répondre à l'absentéisme scolaire? Comment responsabiliser les parents, les alerter et les faire réagir quand leurs enfants manquent l'école ou les cours au collège? Nous sommes là face à des questions difficiles et qui se posent hélas, de plus en plus. En 20 ans l'absentéisme s'est beaucoup développé, et ce dans toutes les couches de la société. Il nous faut donc agir, et agir en étroite concertation les uns avec les autres. C'est tout l'objet du groupe que j'ai souhaité mettre en place et je vous remercie tous de votre présence.
Il n'est jamais facile de réunir autour d'une même table tous les acteurs d'un problème. C'est le cas cette fois. Ce groupe, piloté par la Délégation Interministérielle à la famille, va travailler dès maintenant; vous vous réunirez régulièrement à partir du 3 octobre prochain et pendant tout le trimestre à venir pour nous remettre, aux ministres présents et à moi-même, vos conclusions et vos propositions à la fin de cette année.
Ce rassemblement d'expériences et de compétences diverses exprime, j'en suis sûr, notre volonté commune de trouver des réponses intelligentes, concrètes, aux problèmes de l'absentéisme scolaire. Au-delà, c'est toute la question de l'insertion des jeunes dans la société qui est posée.
Nous avons affaire ici à des enjeux cruciaux: le respect des règles de base de la vie en société et le respect d'un droit de l'enfant à l'éducation.
Nous nous trouvons, en effet, face à certains adolescents et souvent, hélas, à certains enfants qui passent parfois plus de temps dans les rues qu'à l'école, que leurs parents ne maîtrisent plus, et face auxquels les enseignants , le personnel scolaire, malgré tous leurs efforts, sont souvent désemparés.
En outre, n'oublions pas que le fait d'offrir aux enfants une instruction dès le plus jeune âge, est un acquis de notre République, consacré par la convention de New-York qui reconnaît de façon solennelle ce droit de l'enfant à l'éducation. Plus encore, la convention stipule que les Etats signataires, je cite, "prennent des mesures pour encourager la régularité de la fréquentation scolaire". Priver les enfants de ce droit, en n'assumant pas ses responsabilités de parents, c'est donc porter atteinte à un engagement essentiel de notre pays.
Que peut-on faire concrètement? Sans anticiper sur le travail que vous allez accomplir ensemble, je voudrais vous dire en quelques mots comment je vois les choses.
Je crois qu'il faut chercher avant tout à responsabiliser les parents. Les responsabiliser par tous les moyens et d'abord par la recherche d'un contact et d'un dialogue approfondi avec eux. L'une des difficultés souvent mises en avant par les services scolaires est celle des circuits de signalement des absences. Les délais qui s'écoulent entre l'absence répétitive constatée et le contact avec les parents sont parfois très longs. Par ailleurs, dans bien des cas, ceux-ci ignorent totalement ces absences. Je souhaite donc que les dispositifs qui seront définitivement retenus privilégient le travail de médiation, avant que n'interviennent des sanctions.
Les sanctions sont nécessaires. Il y a des cas où seule reste la sanction comme moyen de rappeler les parents à leurs devoirs vis-à-vis de leurs enfants.
Comme Nicolas Sarkozy, je pense que cette sanction, quand elle est nécessaire, doit être comprise et expliquée aux parents. Le dispositif de suspension des allocations familiales en vigueur depuis 1959, ne me paraît pas adapté dans sa forme actuelle. Il peut en effet frapper à l'aveugle, en aggravant des situations sociales déjà difficiles, et sans que les familles concernées comprennent pourquoi elles sont sanctionnées. Je rappelle que les allocations familiales, si elles traduisent la reconnaissance de la nation aux parents, sont aussi censées compenser une partie de ce que l'on peut appeler le "coût d'entretien" de l'enfant, même si je n'aime pas cette expression. Or l'absentéisme scolaire n'a aucun impact sur ce coût, l'école étant gratuite.
Peut-être faut-il imaginer un système qui serait celui d'une "amende parentale", prononcée pourquoi pas par un juge de proximité, permettant une sanction au cas par cas, tenant compte de chaque situation particulière ; cette amende serait directement rattachée à la faute, c'est à dire à l'absentéisme d'un enfant et donnerait lieu obligatoirement à un travail de médiation approfondi avec les parents.
Prévention, dialogue, sanction : tout l'objectif pour moi est d'arriver véritablement à responsabiliser les parents et à favoriser un échange souvent inexistant entre parents, enfants et institutions.
Je compte sur vous et vos propositions, sur votre analyse approfondie de ce problème pour parvenir à répondre vraiment à cet enjeu essentiel de la responsabilisation.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 3 octobre 2002)