Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président,
Chers Collègues,
Mesdames et messieurs les délégués,
Je suis heureux de me trouver à vos côtés pour ouvrir les discussions gouvernementales à l'occasion de ce Sommet mondial contre le dopage. Cette initiative conjointe du Président de l'A.M.A. et de mon collègue Brian MIKKELSEN est particulièrement opportune.
En effet, ce sommet s'inscrit dans le prolongement de la conférence de Lausanne qui, en février 1999, a marqué la volonté des Etats de s'impliquer dans la lutte contre ce fléau, aux côtés du mouvement sportif et du Comité International Olympique, dont je salue le Président, Jacques Rogge.
C'est de cette rencontre constructive et nécessaire que l'Agence Mondiale Antidopage est née. Ses travaux nous permettront durant ces deux journées de débattre, et, je l'espère, d'élaborer enfin un corps de règles communes nécessaire à la lutte internationale contre le dopage. Je tiens à saluer le considérable travail effectué par l'A.M.A. sous la présidence de Richard POUND.
La tâche qui nous incombe aujourd'hui est de relever ce défi en franchissant une étape supplémentaire, ici, à Copenhague.
Il convient tout d'abord de réaffirmer avec force les dimensions éthique et de santé publique de la lutte contre le dopage.
Le dopage ne peut être admis, ni dans le sport de haut niveau, où il porte atteinte à l'essence de la compétition, ni dans la pratique courante de tous les sports.
Tout sportif, quel que soit son niveau est porteur d'exemplarité, et, le dopage, parce qu'il repose sur la tricherie, détruit la force éducatrice du sport.
Le dopage, en outre, compromet gravement la santé de ceux qui le pratiquent. Il faut comme le dit Sénèque " soigner le corps par égard pour l'âme ".
Mais au-delà de ces principes que nous partageons tous, la lutte contre le dopage n'a de sens que si elle est menée à la fois au niveau national et au niveau international.
Le sport lui-même a une telle dimension. Que ce soient, les jeux olympiques, les championnats continentaux ou les championnats du Monde, les compétitions de haut niveau sont par nature des compétitions internationales.
Il en découle que le mouvement sportif, tant par ses fédérations nationales ou internationales que par ses ligues professionnelles -toutes ses ligues professionnelles- doit se sentir pleinement responsable de la lutte contre le dopage, et qu'il entre dans ses compétences d'en assumer la mise en oeuvre.
Mais les Etats doivent aussi accepter une responsabilité très forte en ce domaine. La protection de la santé des pratiquants est en effet en jeu. Il leur revient sur leur territoire d'édicter des règles, de prévoir des normes, de promouvoir des actions visant à dissuader et à décourager les conduites dopantes.
Pourtant une telle action voit vite ses limites atteintes dès lors que chaque Etat oeuvre seul, quand il agit, dans son pré carré national sans unir son effort à celui des autres pays.
Que constate-t-on aujourd'hui?
Sans nul doute que la lutte contre le dopage n'est pas, au plan international, menée avec suffisamment de résultats.
Le niveau d'engagement des Etats, tant dans leur droit interne, qu'au niveau de leur action internationale, est trop inégal.
Il convient d'ailleurs de réfléchir et de mettre en oeuvre les nécessaires politiques de coopération intergouvernementales qui s'imposent aujourd'hui.
L'on relève aussi, avec une certaine gêne, des contradictions peu compréhensibles concernant la sévérité des sanctions d'une part entre les positions des différentes fédérations nationales et internationales selon la discipline pratiquée et, d'autre part, entre ces mêmes fédérations et les Etats.
Vous le savez, la France a mis en place, depuis de nombreuses années, les outils de nature à mener en ce domaine une action significative.
J'ai moi-même veillé, dès ma prise de fonction au ministère des Sports, à ce que les résultats des analyses de laboratoire soient produits dans des délais plus rapides, et j'ai défini des objectifs quantitatifs en hausse en matière de contrôle.
Il appartient à chacun d'entre nous, de franchir une nouvelle étape et de faciliter la convergence des politiques nationales.
J'ai également souhaité au niveau communautaire la mise en place d'une compétence d'appui relative au sport afin que nos différents Etats puissent notamment agir de concert et de façon coordonnée en matière de dopage. Je remercie mon collègue, Evangelo Venizelos, qui, dans le cadre de la Présidence grecque, ne ménage aucun effort en ce sens.
Toutefois, aujourd'hui, les Etats ne peuvent obtenir de résultats que s'ils définissent un objectif commun et arrêtent ensemble une méthode pour l'atteindre.
Le projet de code mondial antidopage, texte de référence pour chacun d'entre nous, est un progrès incontestable. Il doit certes être amélioré. Cela doit être le cas pour certaines dispositions relatives aux contrôles hors compétition, pour la responsabilité de mise en oeuvre des contrôles lors des compétitions internationales, et enfin pour les sanctions des athlètes contrôlés positifs lors des ces dernières.
Mais au-delà de ces nécessaires précisions sur lesquelles, je suis sûr, nous trouverons un accord, nous savons que le code à l'instar du statut de l'AMA évoluera encore.
En effet, l'actuel statut de l'AMA, fondation suisse de droit privé, doit être modifié. L'efficacité de l'Agence résidera, à mes yeux, dans sa réelle capacité à mutualiser efforts et moyens des Etats et du mouvement sportif.
En aucune façon, elle ne doit conduire à une déresponsabilisation ou un désengagement de ces indispensables acteurs. Il importe donc qu'ils puissent y jouer un rôle actif, un rôle moteur. Plus que dans le passé, la France souhaite s'impliquer à ce niveau pertinent de la lutte contre le dopage.
Seul un instrument de droit international public pourra donner à l'Agence la reconnaissance juridique qui lui manque aujourd'hui. Ce traité doit résulter de négociations menées dans le cadre d'une organisation internationale dont le champ embrasse tous les continents, dans l'esprit des travaux déjà conduits sous l'égide du Conseil de l'Europe.
Tel est l'objectif et le sens de la position que j'ai présentés devant l'Unesco en janvier dernier, et soutenus par 103 Etats dont je vois les principaux représentants aujourd'hui réunis dans cette salle.
Cette orientation a été relayée avec force par le Président Adolf OGI, Conseiller spécial auprès du Secrétaire général de l'ONU. Son soutien nous est précieux.
Néanmoins, la convergence de nos politiques ne doit pas conduire à un nivellement par le bas des règles antidopage. Il appartiendra à chacun des représentants des Etats dans les instances internationales compétentes, de défendre cette exigence.
Mais avant d'aboutir à la convergence nécessaire de nos politiques, il nous appartient d'adopter une méthode commune.
Il s'agit en premier lieu de faire approuver à l'occasion du Sommet qui nous réunit, par toutes les composantes du mouvement sportif, le code antidopage élaboré par l'AMA. Il comporte les éléments qui figureront, je l'espère, dans une future Convention internationale contre le dopage.
Il s'agit, en second lieu, de mobiliser tous les Etats pour que chacun déclare, pour son propre compte, son ferme engagement à adapter ses règles et ses pratiques en matière de lutte contre le dopage dans le cadre de ce processus.
Alors, Copenhague ouvrira une nécessaire étape transitoire au terme de laquelle les Etats disposeront d'un instrument juridique commun et doteront l'AMA d'un statut lui permettant d'être le " gendarme international " de la lutte contre le dopage.
Durant cette période transitoire, les législations qui ont fait preuve de leur efficacité continueront à s'appliquer, en étroite relation avec l'AMA, et ce, jusqu'à la mise en place complète du corps de règles internationales.
Ainsi, pendant cette période de convergence, les efforts de lutte contre le dopage ne seront pas relâchés et les nouvelles procédures de l'AMA pourront s'affirmer.
Telle est la position de la France. J'espère que notre réflexion commune fera significativement progresser la lutte internationale contre le dopage.
Puisse le sommet de Copenhague permettre au sport tel que nous l'aimons et le défendons, d'offrir durablement les repères éthiques auxquels nous sommes Mesdames, Messieurs si profondément attachés.
Je vous remercie.
(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 6 mars 2003)
Monsieur le Président,
Chers Collègues,
Mesdames et messieurs les délégués,
Je suis heureux de me trouver à vos côtés pour ouvrir les discussions gouvernementales à l'occasion de ce Sommet mondial contre le dopage. Cette initiative conjointe du Président de l'A.M.A. et de mon collègue Brian MIKKELSEN est particulièrement opportune.
En effet, ce sommet s'inscrit dans le prolongement de la conférence de Lausanne qui, en février 1999, a marqué la volonté des Etats de s'impliquer dans la lutte contre ce fléau, aux côtés du mouvement sportif et du Comité International Olympique, dont je salue le Président, Jacques Rogge.
C'est de cette rencontre constructive et nécessaire que l'Agence Mondiale Antidopage est née. Ses travaux nous permettront durant ces deux journées de débattre, et, je l'espère, d'élaborer enfin un corps de règles communes nécessaire à la lutte internationale contre le dopage. Je tiens à saluer le considérable travail effectué par l'A.M.A. sous la présidence de Richard POUND.
La tâche qui nous incombe aujourd'hui est de relever ce défi en franchissant une étape supplémentaire, ici, à Copenhague.
Il convient tout d'abord de réaffirmer avec force les dimensions éthique et de santé publique de la lutte contre le dopage.
Le dopage ne peut être admis, ni dans le sport de haut niveau, où il porte atteinte à l'essence de la compétition, ni dans la pratique courante de tous les sports.
Tout sportif, quel que soit son niveau est porteur d'exemplarité, et, le dopage, parce qu'il repose sur la tricherie, détruit la force éducatrice du sport.
Le dopage, en outre, compromet gravement la santé de ceux qui le pratiquent. Il faut comme le dit Sénèque " soigner le corps par égard pour l'âme ".
Mais au-delà de ces principes que nous partageons tous, la lutte contre le dopage n'a de sens que si elle est menée à la fois au niveau national et au niveau international.
Le sport lui-même a une telle dimension. Que ce soient, les jeux olympiques, les championnats continentaux ou les championnats du Monde, les compétitions de haut niveau sont par nature des compétitions internationales.
Il en découle que le mouvement sportif, tant par ses fédérations nationales ou internationales que par ses ligues professionnelles -toutes ses ligues professionnelles- doit se sentir pleinement responsable de la lutte contre le dopage, et qu'il entre dans ses compétences d'en assumer la mise en oeuvre.
Mais les Etats doivent aussi accepter une responsabilité très forte en ce domaine. La protection de la santé des pratiquants est en effet en jeu. Il leur revient sur leur territoire d'édicter des règles, de prévoir des normes, de promouvoir des actions visant à dissuader et à décourager les conduites dopantes.
Pourtant une telle action voit vite ses limites atteintes dès lors que chaque Etat oeuvre seul, quand il agit, dans son pré carré national sans unir son effort à celui des autres pays.
Que constate-t-on aujourd'hui?
Sans nul doute que la lutte contre le dopage n'est pas, au plan international, menée avec suffisamment de résultats.
Le niveau d'engagement des Etats, tant dans leur droit interne, qu'au niveau de leur action internationale, est trop inégal.
Il convient d'ailleurs de réfléchir et de mettre en oeuvre les nécessaires politiques de coopération intergouvernementales qui s'imposent aujourd'hui.
L'on relève aussi, avec une certaine gêne, des contradictions peu compréhensibles concernant la sévérité des sanctions d'une part entre les positions des différentes fédérations nationales et internationales selon la discipline pratiquée et, d'autre part, entre ces mêmes fédérations et les Etats.
Vous le savez, la France a mis en place, depuis de nombreuses années, les outils de nature à mener en ce domaine une action significative.
J'ai moi-même veillé, dès ma prise de fonction au ministère des Sports, à ce que les résultats des analyses de laboratoire soient produits dans des délais plus rapides, et j'ai défini des objectifs quantitatifs en hausse en matière de contrôle.
Il appartient à chacun d'entre nous, de franchir une nouvelle étape et de faciliter la convergence des politiques nationales.
J'ai également souhaité au niveau communautaire la mise en place d'une compétence d'appui relative au sport afin que nos différents Etats puissent notamment agir de concert et de façon coordonnée en matière de dopage. Je remercie mon collègue, Evangelo Venizelos, qui, dans le cadre de la Présidence grecque, ne ménage aucun effort en ce sens.
Toutefois, aujourd'hui, les Etats ne peuvent obtenir de résultats que s'ils définissent un objectif commun et arrêtent ensemble une méthode pour l'atteindre.
Le projet de code mondial antidopage, texte de référence pour chacun d'entre nous, est un progrès incontestable. Il doit certes être amélioré. Cela doit être le cas pour certaines dispositions relatives aux contrôles hors compétition, pour la responsabilité de mise en oeuvre des contrôles lors des compétitions internationales, et enfin pour les sanctions des athlètes contrôlés positifs lors des ces dernières.
Mais au-delà de ces nécessaires précisions sur lesquelles, je suis sûr, nous trouverons un accord, nous savons que le code à l'instar du statut de l'AMA évoluera encore.
En effet, l'actuel statut de l'AMA, fondation suisse de droit privé, doit être modifié. L'efficacité de l'Agence résidera, à mes yeux, dans sa réelle capacité à mutualiser efforts et moyens des Etats et du mouvement sportif.
En aucune façon, elle ne doit conduire à une déresponsabilisation ou un désengagement de ces indispensables acteurs. Il importe donc qu'ils puissent y jouer un rôle actif, un rôle moteur. Plus que dans le passé, la France souhaite s'impliquer à ce niveau pertinent de la lutte contre le dopage.
Seul un instrument de droit international public pourra donner à l'Agence la reconnaissance juridique qui lui manque aujourd'hui. Ce traité doit résulter de négociations menées dans le cadre d'une organisation internationale dont le champ embrasse tous les continents, dans l'esprit des travaux déjà conduits sous l'égide du Conseil de l'Europe.
Tel est l'objectif et le sens de la position que j'ai présentés devant l'Unesco en janvier dernier, et soutenus par 103 Etats dont je vois les principaux représentants aujourd'hui réunis dans cette salle.
Cette orientation a été relayée avec force par le Président Adolf OGI, Conseiller spécial auprès du Secrétaire général de l'ONU. Son soutien nous est précieux.
Néanmoins, la convergence de nos politiques ne doit pas conduire à un nivellement par le bas des règles antidopage. Il appartiendra à chacun des représentants des Etats dans les instances internationales compétentes, de défendre cette exigence.
Mais avant d'aboutir à la convergence nécessaire de nos politiques, il nous appartient d'adopter une méthode commune.
Il s'agit en premier lieu de faire approuver à l'occasion du Sommet qui nous réunit, par toutes les composantes du mouvement sportif, le code antidopage élaboré par l'AMA. Il comporte les éléments qui figureront, je l'espère, dans une future Convention internationale contre le dopage.
Il s'agit, en second lieu, de mobiliser tous les Etats pour que chacun déclare, pour son propre compte, son ferme engagement à adapter ses règles et ses pratiques en matière de lutte contre le dopage dans le cadre de ce processus.
Alors, Copenhague ouvrira une nécessaire étape transitoire au terme de laquelle les Etats disposeront d'un instrument juridique commun et doteront l'AMA d'un statut lui permettant d'être le " gendarme international " de la lutte contre le dopage.
Durant cette période transitoire, les législations qui ont fait preuve de leur efficacité continueront à s'appliquer, en étroite relation avec l'AMA, et ce, jusqu'à la mise en place complète du corps de règles internationales.
Ainsi, pendant cette période de convergence, les efforts de lutte contre le dopage ne seront pas relâchés et les nouvelles procédures de l'AMA pourront s'affirmer.
Telle est la position de la France. J'espère que notre réflexion commune fera significativement progresser la lutte internationale contre le dopage.
Puisse le sommet de Copenhague permettre au sport tel que nous l'aimons et le défendons, d'offrir durablement les repères éthiques auxquels nous sommes Mesdames, Messieurs si profondément attachés.
Je vous remercie.
(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 6 mars 2003)