Déclaration de M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, sur le développement de toutes les formes de tourisme, sur la sécurité des personnes et des biens, sur les difficultés des saisonniers dans la région Provence Côte d'Azur, Nice le 13 septembre 2002.

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Circonstance : Comité régional du tourisme Riviera Côte d'Azur à Nice la 13 septembre 2002

Texte intégral

Monsieur le Maire,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens, tout d'abord, à vous remercier chaleureusement pour l'accueil que vous me réservez.
Monsieur le Président, vous avez souligné les points de convergences de nos deux territoires : la Côte d'Azur et la Guyane, et j'y suis particulièrement sensible.
Elles associent avec subtilité, des traditions ancestrales et des technologies de pointe, dans un environnement naturel exceptionnel.
C'est donc avec un vif plaisir que je participe à votre assemblée générale et à l'anniversaire de la création de votre institution : le Comité Régional du Tourisme Riviera Côte d'Azur.
60 ans.
Un âge auquel bien peu d'institutions parviennent aujourd'hui.
A ce titre, votre comité est un exemple pour tous car il est, le précurseur d'une idée réaliste du tourisme et de sa mise en uvre quotidienne.
On ne peut évoquer le CRT Riviera Côte d'Azur sans rappeler aussi le souvenir de son ancien président M. Paul Augier.
Je salue avec vous la mémoire de ce grand homme.
Sa personnalité et son dévouement, en ont fait longtemps un personnage incontournable de la côte d'azur.
En matière d'équipements, d'hébergements, de restauration, d'évènements, vous contribuez à créer un pôle touristique attractif tout au long de l'année, c'est à dire 12 mois sur 12.
Vos établissements prestigieux et mythiques, comme celui où nous sommes ici, au Négresco, font la renommée de votre région.
Les salons internationaux, les congrès et les festivals qui s'y succèdent, contribuent au dynamisme général.
L'essor fabuleux de la Provence-Côte d'Azur en fait la deuxième région la plus visitée de France.
A ce titre, je vous félicite du travail réalisé et de la capacité d'anticipation dont vous faites preuve depuis 60 ans.
Lorsque l'on dépeint la France à l'étranger, c'est aussitôt l'image de la côte d'azur qui vient à l'esprit, après l'Ile de France.
Le CRT Riviera Côte d'Azur a su se développer en phase avec l'intérêt grandissant, voir explosif au fil des années, que les touristes ont témoigné pour votre superbe côte.
Votre préoccupation actuelle de marier les beautés héliomarines et la richesse des sites montagneux, c'est à dire le littoral et l'arrière pays, est, à une autre échelle, également celle du Secrétariat d'Etat au Tourisme.
Aussi la maîtrise du temps et de l'espace constituent de plus en plus un enjeu du développement touristique.
Car nous observons que 80% des visiteurs se concentrent sur 20% du territoire.
Le pari des prochaines années, que vous ne manquerez pas de relever par vos initiatives originales, ce pari, réside dans notre capacité à faire migrer les flux touristiques sur l'ensemble du territoire en leur proposant de nouvelles découvertes tout au long de l'année.
La profession doit s'adapter à la demande des consommateurs, et faire preuve de réactivité pour assurer des prestations de qualité.
Nous devons pour cela favoriser toutes les formes de tourisme, depuis les plus classiques -balnéaire et montagne-, jusqu'aux thématiques -industriel, technologique, sportif, gastronomique, culturel et autre
Vous attirez mon attention, Monsieur le Président, sur la réalité économique du terrain.
Je suis également venu pour vous écouter et comprendre vos attentes.
J'ai, à ce titre, noté la gravité de vos propos en ce qui concerne la sécurité des biens et des personnes et votre souci permanent, tant envers les professionnels que les touristes victimes de violences.
Vous savez que la sécurité est l'une des priorités majeures de l'action gouvernementale.
Je ne manquerai pas de faire part de vos inquiétudes à mon collègue Nicolas Sarkozy.
Aussi, j'ai entendu la difficile concurrence à laquelle vous devez faire face, notamment au sein de la communauté européenne.
Vos préoccupations sont légitimes, notamment, en matière fiscale.
L'harmonisation des taxes appliquées à la restauration, et la baisse des charges qui pèsent directement sur l'emploi, sont les revendications justifiées de l'ensemble de la profession.
Sachez que je travaille en étroite collaboration avec mes collègues du gouvernement sur ces thèmes essentiels : Renaud Dutreil et Noëlle Lenoir.
De même, l'assouplissement des 35h et la mise en place des contrats-jeune devraient permettre aux artisans et aux petites entreprises -notamment celles de moins de 20 salariés- d'avoir des réponses à leur demande.
Nous savons que le manque de main d'uvre, dont on me fait part ici et là, immobilise l'ensemble des établissements touristiques.
Or les conditions d'embauche, de formation et de logement des saisonniers ne sont plus satisfaisantes. Cette situation conduit, en conséquence, à pénaliser les entreprises, et donc les consommateurs. C'est inacceptable.
C'est pourquoi, je rencontre très prochainement (le 23 septembre) mon collègue François Fillon pour évoquer avec lui l'intégralité de ces difficultés sociales.
C'est en concertation avec l'ensemble des acteurs, tant institutionnels, privés et associatifs, que de vraies décisions pourront être prises.
Le 19 septembre prochain, le salon Top Resa sera l'occasion pour moi, d'approfondir ces délicats problèmes liés aux métiers du tourisme. L'occasion de dire que toutes les mesures préconisées font partie des priorités annoncées par le gouvernement et voulues par le Président Jacques Chirac.
Le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin présentera le projet de budget 2003 au conseil des ministres du 25 septembre.
Dès qu'il se sera exprimé à ce sujet, je serai, avec Dominique Bussereau, aux côtés de Gilles de Robien, à la conférence de presse pour présenter les budgets de nos ministères.
Lors de ce même Conseil des Ministres, je ferai une communication sur la saison d'été 2002 et j'informerai ainsi les membres du gouvernement de l'état des lieux du tourisme.
Dans le dialogue que je tiens à développer avec tous les partenaires que je rencontre, au cours d'entretiens privés, lors de mes déplacements, comme ici chez vous aujourd'hui, les remarques, les suggestions, les initiatives et les actions dont on me fait part, constituent pour moi autant de pistes de réflexions pour une ambition nouvelle.
La France, avec plus de 76 millions de touristes par an, est encore la première destination mondiale.
Cette place fait de notre pays une référence et souvent un modèle.
Mais elle lui confère également un rôle particulier dans la perspective du tourisme de demain.
Un chiffre me paraît particulièrement évocateur : en 2001, le solde des échanges de la France avec l'étranger a atteint 17,2 milliards d'euros, dont plus de 15 milliards sont imputables aux seules rentrées touristiques.
Ces très bons résultats, dont nous pouvons être collectivement fiers, ne signifient pas pour autant que nous devons relâcher nos efforts. Nous connaissons la fragilité de notre secteur et nous devons faire feu de tout bois.
C'est pourquoi, fin août, à l'occasion du 10ème anniversaire de la conférence des ambassadeurs, j'ai eu le plaisir de présider un déjeuner de travail sur le thème du tourisme, en présence d'une quarantaine de diplomates.
J'ai mesuré l'engagement de nos compatriotes à faire vivre la France à l'étranger et le soutien qu'ils apportent à la promotion de notre pays.
Cette coopération réussie se conjugue avec le travail effectif mené sur le terrain par Maison de la France.
Mesdames et Messieurs, un grand chantier politique s'ouvre actuellement. Il s'agit de la décentralisation.
Notre département ministériel doit naturellement prendre toute sa dimension à ce débat.
Pour le tourisme, ce sera l'occasion de redéfinir le rôle de l'Etat et réaffirmer les missions régaliennes qui sont les siennes.
Le Secrétariat d'Etat s'attachera entre autre à définir une stratégie qui intègre le concept d'un tourisme durable pour l'ensemble de nos territoires métropolitain et d'outre mer.
Ce sera l'occasion de redéfinir le rôle de nos différents niveaux d'institutions.
De manière générale, nous devons veiller à développer les actions de proximité par les collectivités territoriales, qui agissent de façon plus concrète et mieux que quiconque sur le terrain.
Leur savoir-faire pourrait prendre la forme d'une expérimentation limitée dans le temps, et dont l'analyse des résultats permettrait d'affiner la mise en place de ce grand projet d'envergure.
Vous l'avez compris, le grand débat ne fait que commencer.
Bien entendu, chacun est invité à y participer.
Le témoignage de votre expérience nous est précieux. Et à plus d'un titre, le CRT Riviera Côte d'Azur pourra alimenter avantageusement les discussions.
Le Premier Ministre nous a demandé d'être imaginatif.
Inventons ensemble le tourisme que nous voulons pour demain,
bâtissons un tourisme de qualité pour tous, vecteur d'échanges et d'épanouissement.
Je sais que je peux compter sur vous.
Je vous remercie pour votre attention.
(Source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 8 octobre 2002)