Texte intégral
Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
Monsieur le Président de la Commission de Terminologie et de Néologie,
Mesdames et Messieurs,
Il y a trente ans, sous l'impulsion de Georges Pompidou, alors Premier Ministre, la France s'est engagée dans une politique linguistique ambitieuse et inventive, placée sous le signe de la modernité.
Inscrite au cur de l'État, cette politique était dotée de moyens législatifs et réglementaires adéquats, sur le plan national et international.
Certes, il n'est pas du rôle de l'État d'intervenir sur la qualité et l'évolution de notre langue, dont le garant demeure l'Académie française ; il est en revanche de son devoir de se préoccuper de son statut, de son emploi et de sa maîtrise.
Défendre et promouvoir le français en France et dans le monde ne signifie nullement repli sur soi ou nostalgie : la langue française a la chance de figurer parmi les quelques langues qui bénéficient d'un rayonnement international.
Cet atout, nous devons le conserver et le promouvoir, à l'étranger bien sûr, mais d'abord sur notre propre sol.
En créant la commission générale de terminologie et de néologie et en la plaçant auprès du Premier ministre, j'ai souhaité, nous avons tous souhaité, donner une nouvelle impulsion à la promotion de notre langue.
Permettez-moi d'exposer succinctement la problématique à laquelle nous sommes, me semble-t-il, confrontés.
A l'extérieur de nos frontières, le rayonnement de la langue et de la culture françaises sont des atouts inestimables pour notre pays. L'État doit donc préserver la place du français comme langue de communication internationale, renforcer les liens de la communauté francophone ; mais il doit aussi soutenir la promotion du plurilinguisme dans l'Union européenne. Il a besoin, pour y parvenir, de vocabulaires français et plurilingues, capables de traduire les réalités du monde contemporain.
A l'intérieur de nos frontières, le français est l'une des bases de notre cohésion nationale, parce qu'il permet, entre autres, de garantir l'égalité des chances. L'État a pris les mesures nécessaires pour qu'il continue à jouer ce rôle et la loi du 4 août 1994 constitue, à cet égard, un instrument privilégié de cette politique.
Nous avons aussi le devoir de veiller à la vitalité du français en lui donnant les moyens d'une adaptation continuelle aux transformations de notre époque, afin d'assurer à tous, quelles que soient leurs origines, la possibilité de s'exprimer.
Enfin, la conception d'expressions et de termes nouveaux en français est nécessaire pour créer un environnement propice à la présence du français dans certains secteurs, je pense aux sciences et aux techniques, à l'économie et surtout à un domaine qui se développe de manière vertigineuse, l'information et sa "langue" - si j'ose dire, devant vous, Monsieur le Secrétaire Perpétuel -, le numérique.
Parce que le français est une grande langue de diffusion internationale, qu'elle est la langue de la communauté francophone qui compte 49 États et ne cesse de s'élargir, qu'elle est la seule, avec l'anglais, qui soit parlée sur les cinq continents et enseignée dans tous les pays, qu'elle est la plus apprise après l'anglais, nous devons tout faire pour conserver ce rang, et si possible le conforter.
La tâche est immense. Le français recule, depuis plusieurs années, comme langue de communication internationale, notamment dans la vie scientifique et économique. Les progrès spectaculaires de la société de l'information représentent un risque important d'uniformisation des cultures et des langues.
La prise de conscience de ce risque reste encore très inégale ; si, fort heureusement, nous avons en France et hors de France, beaucoup de responsables, dans tous les domaines qui se battent pour refuser cette uniformisation, il faut bien reconnaître que certains, y compris sur notre propre sol, considèrent, et ils ont grand tort, qu'il ne s'agirait plus là que d'un combat d'arrière-garde. Nous ne pouvons nous satisfaire de ce constat, et malgré des résultats très positifs, nous devons conduire une bataille sur un triple front :
D'abord, celui de la promotion du français et du plurilinguisme dans le monde. Le statut international du français passe d'abord par le renforcement de la communauté francophone.
Troisième voie entre l'uniformisation culturelle et les particularismes, elle représente un espace transnational, unique parce qu'il respecte les identités.
Nous devons aller plus loin en n'hésitant pas à promouvoir aussi le plurilinguisme, parce que la langue française a tout à y gagner.
L'action que nous menons pour la promotion de notre langue s'accompagne en effet d'un engagement résolu en faveur du pluralisme linguistique et culturel, qui marque notre volonté de construire un monde respectueux de ses différences, dans lequel la France soit à la fois fidèle à elle-même et accueillante pour les autres.
Ce pluralisme linguistique, nous le soutenons en Europe, notamment par la généralisation progressive de l'enseignement de deux langues vivantes dans le système éducatif.
Nous en sommes aussi d'ardents défenseurs sur notre propre sol.
Vous savez que la loi de 1994 fait de la maîtrise du français et de la connaissance de deux autres langues l'un des objectifs essentiels de notre système éducatif.
La maîtrise d'un large éventail de langues est un atout à la fois professionnel et culturel ; cela n'est pas encore suffisamment ancré dans l'esprit des Français.
Dans notre dispositif de combat, le second front est constitué de tous les secteurs où les lois économiques risqueraient de faire reculer l'emploi du français, voire de le marginaliser.
Le plan pour la langue française que le Ministre de la Culture, a mis en place en mars 1996 vise tout particulièrement ces domaines. Des résultats satisfaisants peuvent être enregistrés, notamment pour ce qui concerne l'application de la loi de 1994, et la présence du français dans les nouveaux réseaux de communication.
Cette loi a pour objet principal de prévoir l'emploi obligatoire de la langue française dans la désignation, la présentation et la publicité des biens, produits ou services. L'État accorde une grande importance à ce texte.
Le bilan établi dans le rapport au Parlement montre que son application est très satisfaisante, grâce aux efforts conjoints des services chargés de son, application et des associations agréées.
Toutefois des difficultés persistent dans les secteurs de l'informatique et des colloques scientifiques. Des mécanismes d'accompagnement de la loi ont déjà été mis en place et sont prévus pour améliorer la situation.
L'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication peut offrir, si nous savons la saisir, une chance immense pour promouvoir toutes les cultures et toutes les langues.
Lors du Sommet de Cotonou, le Président de la République a appelé la francophonie à prendre la tête d'une vaste campagne pour le pluralisme linguistique et la diversité culturelle sur les autoroutes de l'information.
Il nous appartient de créer des contenus en français, sur "CEDEROM" et sur les réseaux en ligne. Les Ministres de la Culture et de l'Industrie ont mis en place les fonds de soutien nécessaires à cet effet. J'ai demandé aux administrations de se doter de serveurs Internet et souhaité que les informations qu'ils contiennent soient diffusées en français ou traduites en au moins deux langues.
Le troisième front de bataille c'est notre action en faveur de la langue française dans le cadre de la réforme de l'État.
Je souhaiterais insister sur l'enrichissement de la langue française et le rôle que l'État doit jouer dans ce domaine.
Nous assistons aujourd'hui à une véritable explosion des vocabulaires, et la question de la terminologie, c'est à dire des vocabulaires scientifiques, techniques, économiques et juridiques... est d'une importance capitale pour que notre langue continue d'être présente dans les sciences, les techniques, la vie économique en France, à l'étranger, et dans les organisations internationales.
Cette entreprise ne va pas de soi. C'est pour répondre à ces besoins que les pouvoirs publics ont mis en place, dès le début des années 70, une politique d'incitation à la production terminologique, conduite sous l'impulsion des ministères, par des groupes d'experts des domaines concernés. Il faut rendre hommage au magnifique travail qui a été réalisé et qui s'est traduit par l'adoption et la diffusion de plus de 4000 termes.
Il était toutefois nécessaire de modifier quelque peu le dispositif existant pour accroître son efficacité, lui donner un nouvel élan et redéfinir le rôle de l'État.
La refonte prévue par le décret du 3 juillet 1996 s'inscrit dans cette démarche.
Dans ce domaine, je pense qu'il n'appartient pas à l'État de décider du choix des termes.
En revanche, il lui revient d'avoir un rôle d'impulsion, et, plus encore, de diffusion des travaux d'enrichissement de la langue française et de montrer l'exemple, en faisant obligation à ses services d'employer ces vocabulaires.
J'insiste en particulier sur la forte demande émanant de tous les traducteurs, et particulièrement ceux des organisations internationales, qui ont besoin d'accéder à de vastes banques de données traitant de tous les domaines du vocabulaire.
Entre les commissions spécialisées chargées de faire des propositions, et l'Académie française dont l'accord est nécessaire pour que les termes, expressions et définitions soient publiés, la commission générale de terminologie et de néologie placée auprès du Premier ministre et que j'ai le plaisir d'installer aujourd'hui, se trouve au cur de ce nouveau dispositif.
Votre responsabilité sera grande : il vous reviendra d'harmoniser l'ensemble des travaux et d'en établir la méthodologie. J'ai voulu qu'elle soit présidée par Gabriel de Broglie, dont je connais à la fois la grande compétence et la passion sans limites pour notre langue.
Votre autorité, et je sais que vous vous êtes déjà mis au travail, augure bien de la qualité des travaux à venir pour fournir les outils d'expression de la modernité technologique et scientifique en français.
Je me réjouis également que l'Académie française participe désormais directement aux travaux d'enrichissement de la langue française et joue un rôle majeur dans l'ensemble de la procédure.
Pour mettre en uvre cette politique ambitieuse, il revient à l'administration de montrer l'exemple. Cela suppose une coopération ministérielle efficace.
C'est pourquoi j'ai tenu à ce que soit mis en place un groupe permanent de hauts fonctionnaires consacré à la langue française ; instance de veille et de concertation, ce groupe est chargé de suivre la mise en uvre des décisions du Gouvernement et de faire des propositions.
Dans cette grande distribution des rôles, il manque sans doute l'acteur le plus important : je veux parler des Français. Rien ne sera possible en effet, si nos concitoyens ne sont pas convaincus de l'importance qu'il y a à acquérir une bonne maîtrise de leur langue.
Dans un monde où communiquer est capital, la maîtrise de la langue est un enjeu de taille. Elle est déterminante pour la réussite scolaire, l'insertion sociale et professionnelle et l'épanouissement personnel.
Notre langue est un bien individuel et une richesse collective. Elle ne sert pas seulement à communiquer, elle permet aussi de souder la communauté qui en fait usage. Élément constitutif de l'identité, de l'histoire et de la culture nationales, elle est le ciment du lien social et marque l'égalité de tous les Français.
La réaffirmation du statut du français symbolise l'unité de la République et favorise l'intégration. Elle permet aussi, au-delà des frontières, de se situer dans le vaste ensemble de la communauté francophone et de tous ceux qui, dans le monde, parlent et étudient le français.
Monsieur le Secrétaire Perpétuel, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, il ne me reste plus qu'à souhaiter de fructueux travaux à votre commission.
N'oublions jamais le rôle que la langue française a joué dans l'Histoire du monde. Il fut souvent déterminant dans la naissance, le développement et la consolidation de nombreux peuples.
La raison en est vraisemblablement que le français demeure une des langues universelles, qui fait partie du patrimoine commun de l'humanité.
Son ancienneté, sa lente maturation, la richesse de ses qualités propres lui confèrent en effet cette vocation.
Monsieur le Président de la Commission de Terminologie et de Néologie,
Mesdames et Messieurs,
Il y a trente ans, sous l'impulsion de Georges Pompidou, alors Premier Ministre, la France s'est engagée dans une politique linguistique ambitieuse et inventive, placée sous le signe de la modernité.
Inscrite au cur de l'État, cette politique était dotée de moyens législatifs et réglementaires adéquats, sur le plan national et international.
Certes, il n'est pas du rôle de l'État d'intervenir sur la qualité et l'évolution de notre langue, dont le garant demeure l'Académie française ; il est en revanche de son devoir de se préoccuper de son statut, de son emploi et de sa maîtrise.
Défendre et promouvoir le français en France et dans le monde ne signifie nullement repli sur soi ou nostalgie : la langue française a la chance de figurer parmi les quelques langues qui bénéficient d'un rayonnement international.
Cet atout, nous devons le conserver et le promouvoir, à l'étranger bien sûr, mais d'abord sur notre propre sol.
En créant la commission générale de terminologie et de néologie et en la plaçant auprès du Premier ministre, j'ai souhaité, nous avons tous souhaité, donner une nouvelle impulsion à la promotion de notre langue.
Permettez-moi d'exposer succinctement la problématique à laquelle nous sommes, me semble-t-il, confrontés.
A l'extérieur de nos frontières, le rayonnement de la langue et de la culture françaises sont des atouts inestimables pour notre pays. L'État doit donc préserver la place du français comme langue de communication internationale, renforcer les liens de la communauté francophone ; mais il doit aussi soutenir la promotion du plurilinguisme dans l'Union européenne. Il a besoin, pour y parvenir, de vocabulaires français et plurilingues, capables de traduire les réalités du monde contemporain.
A l'intérieur de nos frontières, le français est l'une des bases de notre cohésion nationale, parce qu'il permet, entre autres, de garantir l'égalité des chances. L'État a pris les mesures nécessaires pour qu'il continue à jouer ce rôle et la loi du 4 août 1994 constitue, à cet égard, un instrument privilégié de cette politique.
Nous avons aussi le devoir de veiller à la vitalité du français en lui donnant les moyens d'une adaptation continuelle aux transformations de notre époque, afin d'assurer à tous, quelles que soient leurs origines, la possibilité de s'exprimer.
Enfin, la conception d'expressions et de termes nouveaux en français est nécessaire pour créer un environnement propice à la présence du français dans certains secteurs, je pense aux sciences et aux techniques, à l'économie et surtout à un domaine qui se développe de manière vertigineuse, l'information et sa "langue" - si j'ose dire, devant vous, Monsieur le Secrétaire Perpétuel -, le numérique.
Parce que le français est une grande langue de diffusion internationale, qu'elle est la langue de la communauté francophone qui compte 49 États et ne cesse de s'élargir, qu'elle est la seule, avec l'anglais, qui soit parlée sur les cinq continents et enseignée dans tous les pays, qu'elle est la plus apprise après l'anglais, nous devons tout faire pour conserver ce rang, et si possible le conforter.
La tâche est immense. Le français recule, depuis plusieurs années, comme langue de communication internationale, notamment dans la vie scientifique et économique. Les progrès spectaculaires de la société de l'information représentent un risque important d'uniformisation des cultures et des langues.
La prise de conscience de ce risque reste encore très inégale ; si, fort heureusement, nous avons en France et hors de France, beaucoup de responsables, dans tous les domaines qui se battent pour refuser cette uniformisation, il faut bien reconnaître que certains, y compris sur notre propre sol, considèrent, et ils ont grand tort, qu'il ne s'agirait plus là que d'un combat d'arrière-garde. Nous ne pouvons nous satisfaire de ce constat, et malgré des résultats très positifs, nous devons conduire une bataille sur un triple front :
D'abord, celui de la promotion du français et du plurilinguisme dans le monde. Le statut international du français passe d'abord par le renforcement de la communauté francophone.
Troisième voie entre l'uniformisation culturelle et les particularismes, elle représente un espace transnational, unique parce qu'il respecte les identités.
Nous devons aller plus loin en n'hésitant pas à promouvoir aussi le plurilinguisme, parce que la langue française a tout à y gagner.
L'action que nous menons pour la promotion de notre langue s'accompagne en effet d'un engagement résolu en faveur du pluralisme linguistique et culturel, qui marque notre volonté de construire un monde respectueux de ses différences, dans lequel la France soit à la fois fidèle à elle-même et accueillante pour les autres.
Ce pluralisme linguistique, nous le soutenons en Europe, notamment par la généralisation progressive de l'enseignement de deux langues vivantes dans le système éducatif.
Nous en sommes aussi d'ardents défenseurs sur notre propre sol.
Vous savez que la loi de 1994 fait de la maîtrise du français et de la connaissance de deux autres langues l'un des objectifs essentiels de notre système éducatif.
La maîtrise d'un large éventail de langues est un atout à la fois professionnel et culturel ; cela n'est pas encore suffisamment ancré dans l'esprit des Français.
Dans notre dispositif de combat, le second front est constitué de tous les secteurs où les lois économiques risqueraient de faire reculer l'emploi du français, voire de le marginaliser.
Le plan pour la langue française que le Ministre de la Culture, a mis en place en mars 1996 vise tout particulièrement ces domaines. Des résultats satisfaisants peuvent être enregistrés, notamment pour ce qui concerne l'application de la loi de 1994, et la présence du français dans les nouveaux réseaux de communication.
Cette loi a pour objet principal de prévoir l'emploi obligatoire de la langue française dans la désignation, la présentation et la publicité des biens, produits ou services. L'État accorde une grande importance à ce texte.
Le bilan établi dans le rapport au Parlement montre que son application est très satisfaisante, grâce aux efforts conjoints des services chargés de son, application et des associations agréées.
Toutefois des difficultés persistent dans les secteurs de l'informatique et des colloques scientifiques. Des mécanismes d'accompagnement de la loi ont déjà été mis en place et sont prévus pour améliorer la situation.
L'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication peut offrir, si nous savons la saisir, une chance immense pour promouvoir toutes les cultures et toutes les langues.
Lors du Sommet de Cotonou, le Président de la République a appelé la francophonie à prendre la tête d'une vaste campagne pour le pluralisme linguistique et la diversité culturelle sur les autoroutes de l'information.
Il nous appartient de créer des contenus en français, sur "CEDEROM" et sur les réseaux en ligne. Les Ministres de la Culture et de l'Industrie ont mis en place les fonds de soutien nécessaires à cet effet. J'ai demandé aux administrations de se doter de serveurs Internet et souhaité que les informations qu'ils contiennent soient diffusées en français ou traduites en au moins deux langues.
Le troisième front de bataille c'est notre action en faveur de la langue française dans le cadre de la réforme de l'État.
Je souhaiterais insister sur l'enrichissement de la langue française et le rôle que l'État doit jouer dans ce domaine.
Nous assistons aujourd'hui à une véritable explosion des vocabulaires, et la question de la terminologie, c'est à dire des vocabulaires scientifiques, techniques, économiques et juridiques... est d'une importance capitale pour que notre langue continue d'être présente dans les sciences, les techniques, la vie économique en France, à l'étranger, et dans les organisations internationales.
Cette entreprise ne va pas de soi. C'est pour répondre à ces besoins que les pouvoirs publics ont mis en place, dès le début des années 70, une politique d'incitation à la production terminologique, conduite sous l'impulsion des ministères, par des groupes d'experts des domaines concernés. Il faut rendre hommage au magnifique travail qui a été réalisé et qui s'est traduit par l'adoption et la diffusion de plus de 4000 termes.
Il était toutefois nécessaire de modifier quelque peu le dispositif existant pour accroître son efficacité, lui donner un nouvel élan et redéfinir le rôle de l'État.
La refonte prévue par le décret du 3 juillet 1996 s'inscrit dans cette démarche.
Dans ce domaine, je pense qu'il n'appartient pas à l'État de décider du choix des termes.
En revanche, il lui revient d'avoir un rôle d'impulsion, et, plus encore, de diffusion des travaux d'enrichissement de la langue française et de montrer l'exemple, en faisant obligation à ses services d'employer ces vocabulaires.
J'insiste en particulier sur la forte demande émanant de tous les traducteurs, et particulièrement ceux des organisations internationales, qui ont besoin d'accéder à de vastes banques de données traitant de tous les domaines du vocabulaire.
Entre les commissions spécialisées chargées de faire des propositions, et l'Académie française dont l'accord est nécessaire pour que les termes, expressions et définitions soient publiés, la commission générale de terminologie et de néologie placée auprès du Premier ministre et que j'ai le plaisir d'installer aujourd'hui, se trouve au cur de ce nouveau dispositif.
Votre responsabilité sera grande : il vous reviendra d'harmoniser l'ensemble des travaux et d'en établir la méthodologie. J'ai voulu qu'elle soit présidée par Gabriel de Broglie, dont je connais à la fois la grande compétence et la passion sans limites pour notre langue.
Votre autorité, et je sais que vous vous êtes déjà mis au travail, augure bien de la qualité des travaux à venir pour fournir les outils d'expression de la modernité technologique et scientifique en français.
Je me réjouis également que l'Académie française participe désormais directement aux travaux d'enrichissement de la langue française et joue un rôle majeur dans l'ensemble de la procédure.
Pour mettre en uvre cette politique ambitieuse, il revient à l'administration de montrer l'exemple. Cela suppose une coopération ministérielle efficace.
C'est pourquoi j'ai tenu à ce que soit mis en place un groupe permanent de hauts fonctionnaires consacré à la langue française ; instance de veille et de concertation, ce groupe est chargé de suivre la mise en uvre des décisions du Gouvernement et de faire des propositions.
Dans cette grande distribution des rôles, il manque sans doute l'acteur le plus important : je veux parler des Français. Rien ne sera possible en effet, si nos concitoyens ne sont pas convaincus de l'importance qu'il y a à acquérir une bonne maîtrise de leur langue.
Dans un monde où communiquer est capital, la maîtrise de la langue est un enjeu de taille. Elle est déterminante pour la réussite scolaire, l'insertion sociale et professionnelle et l'épanouissement personnel.
Notre langue est un bien individuel et une richesse collective. Elle ne sert pas seulement à communiquer, elle permet aussi de souder la communauté qui en fait usage. Élément constitutif de l'identité, de l'histoire et de la culture nationales, elle est le ciment du lien social et marque l'égalité de tous les Français.
La réaffirmation du statut du français symbolise l'unité de la République et favorise l'intégration. Elle permet aussi, au-delà des frontières, de se situer dans le vaste ensemble de la communauté francophone et de tous ceux qui, dans le monde, parlent et étudient le français.
Monsieur le Secrétaire Perpétuel, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, il ne me reste plus qu'à souhaiter de fructueux travaux à votre commission.
N'oublions jamais le rôle que la langue française a joué dans l'Histoire du monde. Il fut souvent déterminant dans la naissance, le développement et la consolidation de nombreux peuples.
La raison en est vraisemblablement que le français demeure une des langues universelles, qui fait partie du patrimoine commun de l'humanité.
Son ancienneté, sa lente maturation, la richesse de ses qualités propres lui confèrent en effet cette vocation.