Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur les inondations dans le sud de la France et l'annonce d'un prochain arrêté de catastrophe naturelle, à l'Assemblée nationale le 16 novembre 1999.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Après vous, monsieur le président de l'Assemblée nationale, au nom du Gouvernement, je veux m'incliner devant la douleur des familles des victimes de cette catastrophe naturelle, particulièrement tragique. Aujourd'hui, nous déplorons 29 morts et 4 disparus, au moment où je vous parle. Je veux exprimer la solidarité de la nation envers ces familles et envers les habitants de l'Aude, du Tarn, des Pyrénées Orientales mais aussi de l'Hérault, qui ont souffert de ces inondations et parfois perdu leurs maisons et leurs biens.
Je tiens, devant la représentation nationale, à saluer l'engagement total des élus de ces départements, le grand mouvement de solidarité qui s'exprime aujourd'hui à travers tout le pays, notamment de la part d'autres collectivités locales. Je souhaite enfin rendre hommage au courage et au travail exemplaires des sauveteurs accompagnés de nombreux bénévoles. Quant aux agents des services publics, notamment de France Télécom, de l'EDF, de l'Equipement, de la SNCF, de Réseau Ferré de France, ils ne ménagent pas leurs efforts pour rétablir le plus rapidement possible le fonctionnement des services les plus essentiels.
Dès le début de la catastrophe, le Gouvernement a mobilisé l'ensemble des moyens disponibles. Les plans Orsec ont été déclenchés dans la nuit de vendredi à samedi par les préfets des départements principalement concernés. Ce week-end, 1700 sapeurs pompiers professionnels et volontaires des départements touchés et des départements voisins ont été mobilisés ainsi que 800 gendarmes. Ils ont reçu le renfort de 400 militaires des unités d'instruction et d'intervention de la Sécurité civile et de 700 militaires des forces armées. Les sauveteurs ont effectué près de 5000 interventions dont 1000 évacuations et 500 hélitreuillages.
Après cette phase de secours d'urgence, le Gouvernement maintient une forte mobilisation pour rétablir les services publics et pour venir en aide à ceux qui se trouvent démunis après la catastrophe. D'ores et déjà, les sapeurs pompiers et les forces armées, complétés hier par un renfort de plusieurs compagnies, apportent leur aide aux collectivités locales pour procéder aux déblaiements et nettoyages indispensables. Les compagnies du Génie s'apprêtent à installer des ponts mobiles afin de rétablir le franchissement de certains cours d'eau.
Au-delà des premiers secours d'urgence aux personnes les plus démunies qui ont été mis en place par la ministre de l'Emploi et de la Solidarité et par le ministre de l'Intérieur, le Gouvernement a décidé, compte tenu de l'ampleur exceptionnelle des dégâts, d'apporter une aide rapide et importante aux collectivités locales pour la remise en état des voiries et des ouvrages hydrauliques. Un travail interministériel d'évaluation, en liaison avec ces collectivités, a été entrepris. Il devrait permettre de fixer le chiffre des concours nécessaires d'ici 48 heures.
L'arrêté constatant l'état de catastrophe naturelle sera publié sans délai, après la réunion, dès demain, de la commission compétente. Ainsi, particuliers, entreprises et collectivités seront en mesure d'être couverts par leurs assurances. Dès à présent, des instructions ont été données aux services fiscaux et aux trésoriers généraux pour que la situation des personnes et des entreprises les plus touchées soit prise en considération favorablement.
S'agissant des exploitations agricoles, les directeurs départementaux de l'agriculture sont mobilisés pour évaluer dans les meilleurs délais les dégâts causés, en vue d'un examen rapide par la Commission nationale des calamités agricoles.
Je me rendrai dans l'Aude, jeudi. Je rencontrerai les élus, les responsables économiques et les autorités administratives des départements touchés et pas seulement, bien sûr, de l'Aude. J'indiquerai les mesures exceptionnelles qui auront été décidées au vu de l'évaluation de la situation. D'ici là, que les populations touchées par cette catastrophe sachent qu'elles pourront compter sur la mobilisation sans failles du Gouvernement et sur la solidarité de la nation.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 novembre 1999)