Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, en réponse à une question sur la situation économique et la politique de réformes du gouvernement, au Sénat le 27 février 2003.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Monsieur le sénateur et cher président,
Il est vrai - comme monsieur Angels, auquel je réponds également, l'avait dit tout à l'heure - que nous devons faire face à un ralentissement de la croissance, que nous n'avons pas voulu, par nos décisions, accélérer. Nous n'avons pas voulu participer d'un mouvement de déprime. Et d'autre part, nous ne voulons pas être le pays qui se bat pour la guerre et qui choisit les statistiques (...) Il n'y a aucune ambiguïté sur ce sujet. Vous savez que la question de la guerre en Irak est posée notre combat est celui de la paix.
Cette guerre en Irak, nous nous battons contre. Elle a fait, en effet, que, dans le monde entier, l'attentisme aujourd'hui est celui que l'on connaît pour tous les investisseurs. Je dois dire d'ailleurs que, non seulement, il y a cet attentisme, mais que nous devons faire face à un certain nombre de difficultés auxquelles nous ne nous attendions pas. Je ne croyais pas trouver France Télécom dans cet état ! Je ne croyais pas trouver EDF dans cet état ! Je ne croyais pas trouver la SNCF dans cet état ! Je ne croyais pas trouver RFF dans cet état ! Et je ne croyais pas trouver la Poste avec 300 millions d'euros de déficit, avec une situation, en effet particulièrement préoccupante !
Donc, monsieur le président Mercier, en effet, face à cette situation, il y avait trois solutions : l'attentisme, la rigueur ou la réforme. Nous choisissons la réforme. Et d'ores et déjà nous avons organisé, vous le savez, la réforme de la fonction régalienne, puisque s'agissant de la sécurité, de la justice, la loi de programmation militaire, nous avons structuré l'ensemble de ce pôle pour donner aux Français la sécurité intérieure et extérieure qu'ils attendent. Deuxièmement, nous avons engagé la réforme pour la dynamique des entreprises ; nous avons assoupli les 35 heures ; nous avons allégé les charges. Et surtout nous avons, avec le texte qui est actuellement en discussion, permis de redonner confiance à la création d'entreprise, car il manque 1 million d'entreprises à notre pays aujourd'hui. Et ce million qui manque, pèse, aujourd'hui, évidemment, pour notre combat pour l'emploi;
Donc, ce pôle de l'économie, est pour nous très important. Nous avons d'autres réformes qui sont maintenant engagées : il y a celle de la décentralisation, engagée d'abord par une réforme de la Constitution qui va reconnaître le fait régional, qui va autoriser l'expérimentation et les transferts, et qui, surtout, va répondre à une demande de la Haute Assemblée depuis longtemps, qui est de protéger les collectivités territoriales contre des transferts qui ne sont pas financés.
Monsieur Signé, qui connaît bien la vie politique et qui a voté le transfert de l'APA, qui n'était pas financée, sait bien que, grâce à notre réforme, il ne sera plus possible de transférer des charges sans transférer les financements, grâce à la protection de la Constitution.
Nous ferons donc cette réforme de la décentralisation. Nous ferons aussi, avant l'été, la réforme des retraites - car c'est très important - pour faire en sorte que l'on puisse, sur ce dossier, à la fois, s'occuper des petites retraites, que vous avez sous-estimées, mais aussi pour qu'il y ait plus d'équité dans la retraite des Français. Décentralisation, réforme des retraites avant l'été. Puis, ensuite, au deuxième semestre, nous mènerons la réforme de la politique de santé, avec J.-F. Mattei. Parce que, vous le savez comme moi, la situation aujourd'hui d'un grand nombre de nos hôpitaux est une situation préoccupante, et qu'il nous faire en sorte que nous puissions préparer pour l'avenir, avec cet horizon 2007 pour les hôpitaux, et finalement leur donner cette chance qui ne leur a pas été donnée par le passé, puisque la réforme des 35 heures n'a pas été anticipée.
Et puis je dois dire, monsieur le président, qu'il y a trois autres dossiers très importants qui restent pour nous très mobilisables : ce sont les sujets de la lutte contre le cancer, la lutte contre l'insécurité routière - c'est très important - et la réforme pour l'intégration des handicapés dans notre société.
Voilà notre programme, c'est celui de la réforme, ce n'est pas celui de l'immobilisme, et ce n'est pas celui de la rigueur.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 février 2003)