Déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, sur l'histoire du XXème siècle et sur la souveraineté nationale menacée par la construction européenne et la mondialisation économique , Orange, le 3 septembre 1999

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Circonstance : Université d'été du Front national, à Orange, le 3 septembre 1999

Texte intégral


" L'espérance française à l'aube du IIIème millénaire "

Les responsables de l'université d'Été doivent être remerciés d'avoir, au-delà des trahisons et de leurs conséquences navrantes, levé les yeux vers l'avenir, non de petites ambitions individuelles mais de la France et don des Français ; non seulement dans le proche immédiat mais pour le siècle prochain.
L'habitude a été prise par les partis politiques du système d'occuper l'espace médiatique estival en se penchant sur leurs problèmes politiciens.
Dès le début des UDT, Bernard Antony et son équipe se sont assigné des objectifs plus nobles et les ont atteints, dans la mesure au moins où ils n'ont pas été frustrés de leurs projets, comme l'an dernier, par des opérations parasites. Qu'ils soient remerciés de leurs efforts ! Votre assistance considérable, l'assiduité aux travaux, la qualité des débats témoignent, en effet, de leur réussite.
Le Front National n'est, en effet, pas un tremplin pour les ambitions méprisables de quelques apparatchiks, mais un mouvement politique au service de la France, par la mise en uvre d'un programme de salut national, tel qu'approuvé depuis un quart de siècle, par une proportion de plus en plus grande de nos concitoyens.
Nous ne voulons pas le pouvoir pour le pouvoir, ni pour les titres, ni pour les places, mais pour servir utilement la cause de la nation française et de son Peuple. Je l'ai souvent dit : " Nous préférons être élus que battus, mais nous préférons être battus sur ses idées qu'élus avec celles de nos adversaires " .
Je n'épiloguerai pas sur les rodomontades de ceux qui se pronostiquaient 30% des voix et qui ont du se contenter d'en faire 3%. Mais je veux souligner ici les responsabilités impardonnables de ceux qui, en pleine bataille électorale européenne, au moment où notre liste était créditée de 18 à 20 %, ont poignardé dans le dos le Front National, au mépris de l'honneur et de la fidélité, violé nos statuts. En portant ce coup au Front National, ils ont affaibli la cause nationale et donc la France.
Cela dit, et je vous prie de bien vouloir excuser que je me cite une fois encore " Si une telle crise, devait avoir raison, dis-je, du Front National, comment pouvions-nous croire et faire croire que nous sommes capables, d'assumer, le jour, venu, les écrasantes responsabilités du pouvoir, en période de crise grave " . Cette trahison a donc été pour nous une épreuve dans tous les sens du terme. Tôt ou tard, car c'est la loi de la vie, je savais que nous devrions en affronter.
Nous en avons goûté le fiel, maintenant tirons en le miel !
Qu'elle nous serve de leçon ! Que chacun cesse de ratiociner, en s'inspirant des analyses et des pamphlets de nos pires ennemis.
Chacun de nous, et de vous, a le devoir de défendre l'honneur et la réputation du Front National et de ses dirigeants. Le Président, le Congrès, le Bureau Politique déterminent les axes de la politique générale du mouvement. Ils doivent être obéi d'enthousiasme. Nous allons montrer que l'intrigue et le complot sont stériles et qu'au contraire, la légitimité est dynamique et novatrice.
Au moment où beaucoup, pour ne pas dire tous les hommes politiques aspirent ou se résignent, à ce que la France et les Nations sortent de l'Histoire, faisons un acte de foi, dans le destin de notre France. Condamnons fermement les solutions mortifères de l'européisme et du mondialisme. Que la France, solidaire des nations et des peuples ose se dresser contre les tyrannies nouvelles de l'Ordre Mondial, de la Pensée Unique, de la Démocratie totalitaire et l'écho de son appel soulèvera le monde. Avant, cependant, de scruter les profondeurs et les obscurités du siècle prochain, arrêtons-nous quelque temps sur le siècle, qui est sur le point de s'achever. Grandiose, mais aussi brutal et même féroce, il a créé les conditions démographiques, philosophiques, scientifiques et techniques, environnementales, d'une apocalypse à dimension humaine.
L'Histoire de ce 20° siècle n'est pas mince et l'énumération, d'ailleurs non exhaustive, de ses têtes de chapitres, ne peut être qu'incomplète.
· Le 20° siècle a été celui des grandes utopies socialistes (fascisme, national-socialisme, communisme), de leurs excès et de leurs crimes, leurs camps de concentration, leurs goulags et plus de cent millions de morts.
· Celui des 2 guerres mondiales qui virent triompher le concept d'arme totale, firent 100 millions de morts, en majorité civils, des destructions immenses, des souffrances et des chagrins incommensurables. La période de la guerre dite " froide " où dans le monde pendant des décennies les mini-guerres firent en moyenne au moins mille morts par jour. Et plus près de nous les guerres militairement et politiquement déshonorantes faites par l'occident aux populations civiles d'Irak et de Serbie.
· Il a été aussi le siècle des découvertes de l'infiniment petit, de l'énergie atomique, de l'exploration d'une infinitésimale partie de l'espace.
· Celui des révolutions scientifiques, technologiques dans les domaines aussi variés que la physique, la chimie, la biologie, l'informatique, la médecine, les communications, les transports, l'espace contrastant avec une stagnation remarquable dans le domaine de la philosophie et de reculs importants dans celui de la morale ou de la métaphysique.
A ce sujet, le développement inouï des
moyens de communication (Internet, fax, informatique, portables et minitel) et d'information (réseaux satellites, Banques de données) et l'influence croissante des médias aboutit à une véritable tyrannie de la Pensée Unique. Le développement du virtuel enlève à l'image photographique ou télévisuelle tout caractère probant. C'est la notion même de vérité qui est atteinte. Le faux s'installe en maître. Quel poids peut avoir la vérité quand elle est contredite ou falsifiée par les médias aux ordres des puissants ! Que pèsent à la bourse dite des valeurs, la vertu, la morale, le courage ou l'honneur ?
Faut-il croire John Swinston, rédacteur en chef du New York Times qui déclarait au banquet donné par ses confrères, lors de son départ à la retraite :
" Chacun ici présent sait que l'indépendance de la presse n'existe pasIl n'y a pas un parmi vous qui oserait publier ses véritables opinions et s'il le faisait, vous savez bien qu'elles ne seraient jamais imprimées. Si j'autorisais dans mon journal, la publication d'une opinion juste, je perdrais mon emploi en moins de 24 heures. Nous sommes les vassaux et les outils d'hommes riches qui commandent derrière la scène. Nous sommes leurs marionnettes. Ils tirent les ficelles et nous dansons. Notre temps, nos talents et nos vies sont la propriété de ces hommes " .
Sans commentaires.
Mais on comprend mieux alors les campagnes dont nous sommes de façon récurrente les victimes, la persécution qui accable les hommes libres qui refusent de plier l'échine.
· Ce siècle est aussi celui du paradoxe démographique. La population mondiale est passée de 1 milliard à plus de 5 milliards, de 6 dans 20 ans. Explosion irrésistible dans l'hémisphère sud et profonde dépression dans celui du septentrion. Déséquilibre entraînant des flux d'immigration torrentiels, générateurs de tous les dangers.
· Il a vu aussi la désintégration des Empires, la ruine des Tours de Babel, des empires de mille ans, de ceux du milieu, du Soleil levant. Celles, en tous cas, des empires coloniaux de l'Europe, du formidable empire soviétique et de son rêve hégémonique dont subsistent encore des énormes pans asiatiques et une profonde intoxication de nos idées et de nos structures. Certains s'efforcent de faire disparaître les nations historiques d'Europe dans le creuset d'une Europe fédérale. La France a tout à perdre dans cette voie qui conduit inévitablement à la perte de sa souveraineté, de son indépendance, de sa culture et de sa langue, des libertés, de la sécurité et du bien-être de son peuple. Il faut rompre clairement avec cette politique de mort et dire que la coopération nécessaire des peuples d'Europe doit s'organiser à partir des nations. Notre campagne électorale européenne, en dehors de la crise interne grave, qui l'a en partie paralysée, a d'ailleurs souffert d'un flou relatif à ce sujet. Il faut combattre hardiment l'Europe de Bruxelles et désengager la France, avec l'appui croissant de toutes ses victimes. L'Europe est en train de tuer la France et toutes les Nations historiques de son continent. Au bout de cette voie, il n'y a que la servitude et la guerre.
· Proposés comme remèdes, le marché mondial, la mondialisation économique, le mondialisme politique débouchant sur la tyrannie d'un Nouvel Ordre Mondial, le droit d'ingérence et l'établissement d'une démocratie totalitaire sur la ruine annoncée et désirée aux plus hauts échelons, des nations, des libertés, des traditions et des particularismes.
L'Europe fédérale semble aller à contre-courant, mais sournoisement, elle participe à la balkanisation des nations, au mélange systématique des peuples, au démantèlement des cadres historiques et sociaux et sert donc puissamment le rêve de gouvernement mondial de Big Brother.
L'Europe n'est évidemment, d'ailleurs, qu'une étape vers cet objectif à travers un élargissement démentiel et batracien aux dimensions du monde.
· Le 20° hélas, est aussi celui de la régression sociale et morale, celui du matérialisme le plus sec, celui du culte de Mammon et du Veau d'or. L'Éducation Nationale, par exemple, n'est plus ni nationale, ni éducative, continue de véhiculer sournoisement aux frais des contribuables, les billevesées criminelles du marxisme. Elle a réussi à imposer son monopole de promotion dans une société de " peaux d'ânes " après avoir détruit le système de promotion populaire par capillarité naguère assuré par le commerce et l'artisanat. Il faut maintenant passer obligatoirement par le pont aux ânes de ses examens et de ses diplômes (du moins quand les professeurs acceptent de rentrer de vacance pour les faire passer). Mais elle est elle-même, prisonnière non seulement de nos syndicats marxistes mais des maisons d'édition de livres scolaires qui imposent leurs propres options philosophiques, politiques ou culturelles (3/4 d'images, ¼ de textes). L'histoire est écrite ou réécrite par les fictions romanesques du livre, du cinéma, de la télévision, conformément aux ordres de Big Brother. La liberté de l'esprit, l'anticonformisme, le libre examen sont désormais interdits et mêmes, souvent, sévèrement réprimés.
· Le loisir désormais se télévise (foot, rugby, tennis, golf, athlétisme) ou s'informatise (jeux vidéo), transformant les citoyens d'acteurs en voyeurs d'une vie.
· L'agriculture et l'élevage productivistes participent au saccage du patrimoine naturel de l'humanité, tandis que se posent les problèmes, de la survie de la Terre, de l'Air, de l'Eau et donc de l'Homme lui-même.
Cette évolution entraîne la désertification des campagnes, l'agriculture intensive par l'utilisation massive d'engrais chimiques et de pesticides et dans l'élevage, l'abus de d'antibiotiques, d'hormones et de nourriture douteuse menacent gravement l'équilibre de la chaîne alimentaire. Les exploitations inhumaines de poulets d'élevage en batterie, sacrifient tout à la concurrence rendue sauvage par la suppression des frontières. On n'élève plus des animaux, " on fait de la protéine " . Les conséquences sur l'environnement et la santé publique sont dramatiques (dioxines, vaches folles, etc.). La pollution des eaux s'étend alors que les grandes multinationales ont le monopole des semences désormais hybrides, et veulent imposer, à tous risques, la production d'OGM (organismes génétiquement modifiés).
· La prise du pouvoir par les bourgeoisies capitalistes et technocratiques, la montée en puissance d'une dictature médiatique, le règne du prêt à penser, la persécution des esprits libres ou non conformes au standard de servitude menacent les peuples dans leur survie non seulement matérielle mais morale et spirituelle. Les USA incarnent aujourd'hui, bon gré, malgré, cette perspective menaçante. Que Dieu les protège d'eux-mêmes !
Sans aller jusqu'aux prédictions terrifiantes de Nostradamus et de " Cabot Paranne " . Les raisons d'inquiétude et même d'angoisse sont bien réelles mais c'est l'éminente dignité de notre civilisation volontariste que de ne pas accepter de se soumettre à l'inéluctable.
De quoi sera fait l'avenir ? Dieu seul le sait. Mais nous avons, nous, l'impérieux devoir d'essayer d'en discerner les contours, d'en évaluer les dangers mais aussi les promesses car les hommes ont besoin d'espoir pour vivre. C'est là le rôle de guetteurs que nous assumons à tous risques, depuis tant d'années, avec courage et lucidité.
" Sur, ma sur Anne, ne vois-tu rien venir ? " " Je ne vois que la route qui poudroie et l'herbe qui verdoie. "
Notre destin est-il de veiller aux frontières du désert des Tartares, alors que la Nation n'est défendue que par des tartarins ? N'est-il pas angoissant cet avenir d'une humanité de plus en plus nombreuse à l'extérieur, de moins en moins nombreuse chez nous et sur notre péninsule européenne ?
La régression des religions révélées devant la montée du culte du néant, le matérialisme triomphant, la Pensée Unique, le Nouvel Ordre Mondial, la destruction programmée des nations, l'établissement d'une démocratie totalitaire, forment la plus hypocrite des tyrannies. Celle qui met la violence, y compris la plus extrême, au service des intérêts les plus inhumains sous le couvert des idéaux humanitaires. Droits de l'Homme que de crimes on commet en ton nom !
On me pose parfois la question, " mais devant cette adversité, n'êtes-vous pas découragé, voire désespéré ? " . Je confesse qu'à certaines heures, le doute m'effleure comme il s'est insinué dans l'esprit des plus grands saints. Nos forces, il est vrai, paraissent si faibles quand on les compare à celles de nos adversaires ou de nos ennemis, quand un torrent de décadence sociale, politique, morale, semble entraîner irrésistiblement le monde vers des apocalypses inconnues mais cependant pressenties.
Il faut donc étudier dans le doute mais réaliser dans la foi. Il n'est qu'un remède au doute, c'est la prière. Or, la prière du militant, c'est l'action politique.
Il est un certain nombre de valeurs que je ne discute pas, certaines nous viennent de la révélation, d'autres qu'impose la longue expérience des peuples et des hommes. Beaucoup de nos adversaires ont fait leur deuil de la France, de son État, de son Histoire. Ils se disent réalistes alors qu'ils ne sont que résignés.
A la vérité, il n'y a pas de sincérité dans leur démarche. Tout juste, s'efforcent-ils d'assurer la défense de leurs avantages acquis dans une évolution qu'ils ont renoncé à maîtriser. Ils feignent d'être les organisateurs de faits qui les dépassent et leur échappent, soit dit en paraphrasant la formule de Cocteau. Nous pensons, nous, que tant qu'il y aura des hommes capables de vouloir, il y aura une route pour le meilleur.
Notre famille politique est par essence volontariste. Mais, pour être elle-même, elle doit respecter nos propres valeurs : Patrie, fidélité, honneur, volonté, dévouement, discipline, valeurs sans lesquelles, d'ailleurs, il n'y a ni liberté, ni fraternité. Ceux qui les renient sous prétexte que la fin justifie les moyens ne sont pas des nôtres. Car nous pensons qu'avant l'économie, il y a la politique et qu'avant la politique, il y a la morale.
La France est-elle sortie de l'Histoire ? Elle, qui pendant plus de mille ans lui imprima sa marque. Les autres nations d'Europe qui depuis plus de deux millénaires rayonnent sur le monde, qui avec elle ont bâti la civilisation, vont-elles accepter de voir disparaître leur souveraineté, leur langue, leur âme. Vont-elles livrer leur peuple au Moloch, se résigner à n'être plus que des États " floridiformes " ou " californoïde " aux ordres de Washington ou de New York, comme ceux qui composent la colonie d'Amérique du Nord, sujet devenu tyran.
Si le mondialisme n'annonce pas les jours ultimes, s'il n'est qu'un avatar de l'histoire, peut-être oublié ou honni dans cinquante ans, s'il n'est qu'une conséquence de l'abandon des règles morales et civiques qui nous ont gouverné pendant des siècles, alors il nous appartient de le traiter comme ce qu'il est, une idéologie matérialiste à l'instar du communisme, contre lequel on peut, contre lequel on doit lutter, pour lui échapper. Il dépendra des plus lucides, des plus courageux et des plus sages de mobiliser les peuples pour assurer dans le monde de demain non seulement la défense des Droits de l'Homme, mais celle des Droits de l'Âme en s'inspirant des succès et des échecs de trois millénaires et plus de civilisation. Car ce sont bien, aujourd'hui, à l'aube du 3ème millénaire notre civilisation et ses valeurs qui sont menacées par la mise en place du Nouvel Ordre Mondial. Les dix dernières années ont été marquées par une explosion des relations internationales dans les domaines économiques et financiers. Les marchés n'aiment pas les frontières. Ils sont pour eux, sources de perte de temps, de contrôle et de régulation. Il fallait donc les abattre et organiser le vaste marché mondial que les mondialistes appellent de leurs vux. C'est essentiellement pour cette raison que les nations sont le verrou à faire sauter en priorité. En effet, la Nation, cadre traditionnel d'exercice du pouvoir des pays occidentaux est en train de subir une véritable révolution. Les bouleversements économiques, démographiques et sociaux à l'échelle planétaire, mais aussi l'idéologie " du nouvel humanisme " organisent une mutation du monde qui conduit inexorablement à la disparition de la Nation en tant qu'entité constituée. Un territoire, une population et une volonté de partager un avenir commun constituaient les fondements d'une Nation. Aujourd'hui, la tendance est à la création de grands ensembles qui avalent les frontières et tentent de mixer les populations. Plus de barrières, plus de contrôle, la liberté d'échange devient la règle. La Nation, dans sa spécificité, dans sa substance, subit l'assaut du mondialisme avec la complaisance des gouvernants de droite et de gauche qui, tels les moutons de panurge, suivent, sans mot dire, les diktats des gourous de la finance internationale. C'est vite oublier que l'ensemble des sociétés politiques de l'Europe a été marqué pendant tout le XIXème siècle et une partie du XXème par l'unicité, le regroupement et la concentration des entités politiques et administratives. Le renforcement de l'autorité de l'État s'était affirmé par les sacrifices consentis et partagés par l'ensemble de la communauté nationale. La révolution industrielle, mais aussi l'école, l'église, l'armée, les guerres, avaient contribué à un sentiment fort d'appartenance et à un effacement progressif des disparités locales au profit de la Patrie et de la Nation. Cette fin de siècle est, au contraire marquée par la division et l'émiettement. La construction européenne nous a été imposée par des traités scélérats qui ont comme seule finalité de dissoudre la France dans un ensemble supranational et fédéral. Depuis le Traité de Rome, l'Acte Unique, Maastricht, Amsterdam et la mise en place de l'EURO ont en quelques années mis en pièce plus de quinze siècles d'histoire. Ce démantèlement organisé de la Nation se conjugue aussi avec la promotion de petites entités régionales qui parcellisent un peu plus le cadre national. L'Euro-régionalisme sera l'aboutissement du projet, jamais avoué, d'États-Unis d'Europe. La Nation est ainsi désagrégée en amont par le pouvoir fédéral et en aval par l'autonomie de nouvelles régions constituées. Son harmonie, son homogénéité et son existence sont remises en cause sans que personne, mis à part le Front National, ne s'oppose à cette mort lente. Un jour ou l'autre, l'histoire jugera les criminels qui ont trahi l'indépendance nationale et ont contribué à affaiblir la France. L'imbécillité n'est pas, en histoire, une circonstance atténuante. L'autre facette de la mise en place de ce village planétaire est la multiplication des revendications sectorielles. Aujourd'hui, la défense d'intérêts catégoriels morcelle la solidarité nationale et compromet les sacrifices nécessaires à la cohésion de la Nation. La volonté commune d'un destin partagé se dilue dans une idéologie individualiste et suicidaire qui " ringardise " les valeurs traditionnelles et favorise toutes les déviances. Les récentes discussions autour de la Charte des langues régionales masquent d'autres réalités beaucoup plus préoccupantes. Cette revendication qui peut paraître anodine sous certains aspects peut être envisagée sous deux angles. Au premier abord on pourrait considérer cette revendication comme sympathique, marquant un attachement maintenu à une culture ou un enracinement tenace dans un terroir ou une province. Rien n'est plus faux ! Cette revendication souvent exposée par des organisations d'extrême gauche, traduit une profonde désaffection à l'égard de l'État-Nation. Cette pression autonomiste souligne l'affaiblissement d'un État qui ne protège plus, ni ne rassemble plus. Soyons clair, nous ne sommes pas des jacobins forcenés, nous sommes même favorables " aux petites patries " comme disait Maurras. Nous sommes les défenseurs des cultures locales, des provinces, de cette France rurale et traditionnelle " du seigle et de la châtaigne " . Nous comprenons très bien que certains veuillent retrouver dans les langues régionales leurs racines progressivement effacées par le Républicanisme forcené de la IIIème République et par l'hégémonie culturelle américaine. Si, nous sommes favorables à la défense des traditions, de l'enracinement dans nos provinces, mais aussi de nos langues et de nos " patois " , nous sommes en revanche les fervents défenseurs d'une France indivisible et indépendante ainsi que de notre belle langue française. Mais, il ne faut pas se tromper de combat. Face à l'idéologie mondialiste qui s'organise, mieux vaut une France forte, unie et combattante plutôt qu'une France parcellisée et individualiste qui deviendra une proie facile pour les lobbies et les maffias de tous ordres. Entre l'euro-mondialisme et l'ethno-culturalisme, les nations européennes sont prises dans un étau mortel qui prépare leur mise en esclavage. Revendications régionalistes, homosexuelles, religieuses, communautaristes, sociales, syndicales,l'actualité politique est sans cesse marquée par le culte du particularisme. C'est en fonction de sa condition de " jeune " , de " femme " , " d'intellectuel " , " d'immigré " , " de chasseur " que tend ainsi à se trouver défini pour chacun son mode d'intégration ou de non-intégration au destin de la collectivité nationale. Au morcellement des solidarités, à la pluralité des appartenances, à la défense des intérêts catégoriels, professionnels ou locaux ne peut ainsi manquer de correspondre l'effacement de toute vision commune de l'avenir collectif. Aujourd'hui, la Nation française semble très éloignée de la vision qu'en avait en 1882 Ernest Renan quand il postulait " qu'une Nation était une solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore " . Aujourd'hui les Français sont-ils prêts à faire des sacrifices ? Au moment où les gouvernants font croire au peuple qu'il faut travailler moins, au moment où le goût du travail et de l'effort s'amenuisent et au moment où les valeurs traditionnelles s'estompent, peut-on encore le croire !
Je crois malheureusement avec Paul Valéry que " les Nations comme les civilisations peuvent disparaître " et que la notre est en grand danger. Le mondialisme qui se met en place, dispose désormais du pilier de la justice internationale pour imposer ses vues et interdire à ses adversaires de s'opposer à lui. Jusqu'à présent, le Droit International reconnu par la communauté internationale était basé sur une règle simple, la reconnaissance et l'inviolabilité de la souveraineté des États.
L'intervention militaire des pays les plus riches du monde dans les affaires intérieures de la Serbie inaugure une forme nouvelle de Droit International, déjà palpable lors de la guerre du golfe, basé sur le principe d'ingérence humanitaire et démocratique. L'évolution de ce Droit international imposé par la force et par le plus fort, en l'occurrence, par les Américains et leurs alliés, menace très gravement la liberté et l'indépendance des États souverains partout dans le monde. Ce précédent criminel au cur de l'Europe, est une bombe à retardement pour les années qui viennent. Quelles en sont les limites ? Pourquoi n'être pas intervenu en Turquie, en Chine, au Congo, au Daghestan et même en Israël ? Ce nouveau droit n'est-il pas en réalité le droit du plus fort sur le plus faible ?
Il est un formidable détonateur pour des situations internationales critiques qui méritent plus une attention diplomatique, plutôt que des guerres technologiques faciles qui n'affectent toujours que les populations civiles et les plus faibles. Prenons l'exemple de l'Irak ! La guerre a été faîte au nom du Droit International pour une agression caractérisée sur un pays voisin. Il faudrait d'ailleurs que les historiens se posent un jour la question de savoir pourquoi Sadam Hussein, du jour au lendemain, s'en est pris au Koweït. Avec quels soutiens ? Quelles assurances a-t-il eu ? Quelle diplomatie l'a encouragé ? La coalition a bombardé pendant des jours et des jours des objectifs civils et militaires sans arriver à faire tomber le Président, objectif avoué de G.BUSCH. Après le conflit, on a instauré un embargo terrible qui a frappé et qui frappe en priorité les plus faibles, les vieillards et les enfants dont plus d'un million sont morts en 9 ans et qui aujourd'hui encore fait des ravages sans que les consciences humanistes et les chantres des droits de l'homme se mobilisent pour stopper ce massacre. Tous les jours depuis des mois, on apprend que les Américains bombardent l'Irak sans mandat international et sans autorisation du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Qui s'en soucie ? Qui s'y oppose ? La seule action humanitaire française qui a eu lieu dans ce pays a été menée par mon épouse Jany qui, avec des bénévoles, ont fourni des produits de première nécessité et des médicaments pour sauver des enfants dans le cadre de l'association S.O.S. Enfants d'Irak. Pour ces démocrates d'un autre type, la vie, selon que vous êtes puissant ou misérable n'a pas la même valeur. Ils n'ont qu'une valeur, celle de l'argent et n'agissent qu'en fonction d'intérêts purement financiers.
Voilà quel est leur " nouvel humanisme " . Il s'impose par la force, sème la mort, engendre la désolation et aboutit au désordre. De ce Droit à broyer les nations, nous ne voulons pas ! Nous le combattons et le combattrons à l'avenir car il est un danger redoutable pour la liberté, la souveraineté, la prospérité et la sécurité de la France et de l'Europe ! Sous couvert de démocratie, se cache une véritable tyrannie oligarchique.
Savez-vous par exemple que la valeur boursière de Microsoft (Bill Gates) et Intel est l'égale de celle des firmes traditionnelles comme Général Motors, Ford, Boeing, Kodak, Sears, Caterpillar et Kellog's, prises ensemble.
Oui, mesdames et messieurs, il s'agit bien d'une guerre et vous me permettrez une fois n'est pas coutume de citer François MITTERRAND qui avouait : " La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l'Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mortapparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le mondeC'est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort ! " . La mort des Nations, aurait-il pu rajouter !
Quel aveu pour un Président socialiste qui dirigea la France pendant 14 ans ! Voilà la vérité que l'on cache aux français. Cette guerre est d'abord financière et économique mais une guerre ne se fait jamais sans dégâts. Elle est un véritable rouleau compresseur pour les pays libres et souverains et jette les bases d'un esclavagisme moderne. Dans ces conditions quelle est la marge réelle pour gouverner un pays ? Tous les jours, les médias se font l'écho de tractations boursières et financières plus ou moins secrètes entre états-majors de sociétés commerciales. La récente bataille BNP-Société générale n'est qu'un épiphénomène de la féroce bataille que se livrent les entreprises dans le monde. Les sociétés n'ont plus de drapeaux et sur une simple spéculation boursière peuvent se trouver jeter à la rue des milliers d'employés, de travailleurs et de salariés. L'homme, la dignité humaine ne comptent plus, seules sont comptabilisées les valeurs boursières. Les pouvoirs publics sont leurs complices et tentent par des subterfuges médiatiques d'accompagner cette terrible évolution. Nous sommes en présence d'un patient qui souffre d'un cancer et à qui l'on tente d'atténuer la douleur par des soins palliatifs, en se résignant à sa mort prochaine. Nos gouvernants ont abdiqué ! Ils ne croient plus, ni en la France, ni d'ailleurs en l'Europe ! Ils servent le mondialisme.
Il est quand même incroyable de voir un gouvernement socialo-communiste faire l'apologie des privatisations, se féliciter de telle ou telle fusion, d'encourager tel rapprochement et d'intervenir pour que les entreprises nationales fusionnent avec des sociétés étrangères. Quel cynisme, quel mépris du peuple des plus faibles, quelle désolation pour tous ces français qui croyaient encore aux vertus prolétariennes de la gauche. Les socialistes et les communistes sont devenus les principaux soutiens de la finances internationale et du grand capital. Ce n'est pas un hasard, si monsieur Strauss Khan bénéficie d'une côte de popularité excellente dans les milieux financiers. D'ailleurs, pour celui qui s'intéresse un peu à la sociologie électorale, le Parti Socialiste et le Parti Communiste ne sont plus les représentant des travailleurs, mais ceux des nantis. L'un est soutenu par la bourgeoisie et " les intellectuels " , l'autre dispose des bataillons de fonctionnaires politisés à l'abri du chômage et regroupés en syndicat des avantages acquis. Le libre échangisme mondial s'impose en brisant tout sur son passage. La remise en cause des clivages politiques traditionnels, la désaffection syndicale, l'immobilisme gouvernemental, le contrôle de l'information, de la presse et des médias en général, rien ne lui échappe. Il est un ogre sans foi ni loi pour les nations et pour les valeurs multiséculaires qui ont façonné notre monde.
Il est le marchepied d'un gouvernement mondial qui entend bien mener le monde au siècle prochain. L'Europe de Bruxelles est son allié objectif. Elle a été constituée pour n'être qu'une étape dans le processus de mondialisation. L'exemple de l'EURO doit faire réfléchir ceux qui en doutent encore. L'EURO qui devait être le contrepoids efficace face au dollar n'en est qu'une pâle copie. C'est tellement vrai que sa baisse a été continue jusqu'à une quasi parité avec le dollar. Dans ces conditions, si 1 EURO = 1 dollar, pourquoi ne pas utiliser le dollar qui a l'autorité et surtout l'antériorité, affirment déjà certains ! Des frontières qui disparaissent, des particularités locales, culturelles qui s'estompent au profit d'une culture universelle, une idéologie des droits de l'homme promue au rang de sainte écriture, l'apparence de la démocratie, un marché unique planétaire, une monnaie unique, pourquoi pas le dollar, et la boucle est bouclée. Le village planétaire n'est plus une lubie. Nous assistons impuissant à l'édification d'un véritable totalitarisme, beaucoup plus vicieux que le communisme et beaucoup plus destructeur que lui. Il ne s'agit plus d'un phantasme, d'un scénario de science fiction mais bel et bien d'un cauchemar : un communisme " light " ou un totalitarisme " soft " , le résultat est le même !
Et gare à ceux qui essaieraient de s'affranchir de cette tutelle. Ils en répondraient devant les tribunaux internationaux érigés en justice divine et s'il le faut, essuieraient les foudres des armées coalisées.
Mitterrand, encore lui, dans un livre d'entretien avec un de ses conseillers a dit : " j'ai été le dernier Président de République Française " . Rien n'est plus vrai. La France, il faut se rendre à l'évidence n'est plus un pays libre ! Enferré dans des contraintes internationales liées aux Traités ratifiés, gouvernée par des politiciens qui ont été incapables d'assumer leurs responsabilités d'homme d'État et étroitement contrôlée par les censeurs de la pensée unique, la France abdique, sans lutter, sa liberté au profit des nouveaux maîtres.
Et ce n'est sûrement pas CHIRAC qui tentera de résister tant son opinion est faîte sur l'inéluctable victoire du nouvel ordre mondial dont il espère certainement quelques miettes pour sa jouissance personnelle.
Il est un Président sans pouvoir et bientôt sans pays. Il est surtout un homme sans honneur, un vague gouverneur d'une province du monde en fin de carrière.
Nos institutions ne sont plus adaptées à l'évolution du monde et le comportement inacceptable de certains hauts dignitaires de la République entraîne un profond déséquilibre de notre système politique. La Cinquième République taillée sur mesure pour le Général De Gaulle a été profondément remaniée au point qu'elle en a perdu toute efficacité. L'acceptation de la cohabitation par François MITTERRAND et la cohabitation consensuelle voulue par CHIRAC avec un gouvernement socialo-communiste n'ont fait qu'aggraver les choses. La France est devenue un pays malade de son immobilisme et de sa soumission, malade de la cupidité, du renoncement et même de la trahison de ses serviteurs. Alors me direz-vous, que pouvons-nous faire ? Tout simplement combattre, encore et toujours, car la vérité s'imposera et avec elle notre inéluctable victoire.
Plus praticiens que théoriciens de la Politique, ancrés dans le service de la Nation et du peuple français, nous affronterons les réalités quelles qu'elles soient et nous battons pour défendre leur pérennité.
Parce que nous croyons profondément que la nation reste, plus que jamais, la structure politique la plus performante, la plus apte à défendre la liberté, la sécurité, l'identité, la culture, la langue, le progrès social de notre peuple, et parce que notre nation est l'une des plus anciennes du monde, nous n'accepterons jamais que soit attenté à son indépendance ni au droit de son peuple à décider de son destin, dans le respect des lois fondamentales.
La France est et restera !
Les évènements, imprévisibles aujourd'hui, y auront leur part mais aussi la volonté des hommes et surtout des plus fidèles et des plus courageux. Il y faudra, comme le demandait déjà Renan, il y a un siècle, une " Réforme intellectuelle et morale " puisque ce sont l'Esprit et l'Éthique qui sont aujourd'hui les plus atteints par la décadence " . Celle-ci ne peut imposer son cycle de mort que pour autant que tous capitulent devant elle, comme l'ont déjà fait, pratiquement toutes les pseudo élites de notre temps.
Nous refusons de croire qu'elle soit inéluctable et que le pire soit certain. La Providence peut agir pour peu que continue de briller l'esprit de résistance. Mais elle n'aide, on le sait, que ceux qui s'aident eux-mêmes Jusqu'ici, nous n'avons pas cédé ni aux persécutions, ni aux provocations, ni à la médiabolisation.
Certains espéraient que l'abjecte trahison conduite par des hauts fonctionnaires qui subvertirent des sots et des ambitieux, aurait raison de nous. Il n'en est rien, pourvu que chacun soit conscient des exigences de notre mission et des conditions de son succès.
Je crois que le matérialisme, le rationalisme, le scientisme seront vaincus par une formidable aspiration au renouveau spirituel qu'on sent sourdre de partout comme une réaction vitale à la mort programmée de la civilisation humaine dans ses infinies diversités.
Les tenants du totalitarisme s'inquiètent. Ceux qui veulent éradiquer les religions se font chasseurs de sectes avec exactement les mêmes méthodes que celles qu'ils ont employées contre nous. Et qui sont ces hommes, ce sont des socialistes et des communistes, athées, généralement francs-maçons, qui, chacun dans son secteur, de Cambadélis à Viviers, visent à éteindre comme Viviani au début du siècle, " Les étoiles qui brillent dans le ciel " .
C'est là un projet totalitaire dont nous sommes évidemment la cible principale. En résumé, pour sauver la France, il faut un effort décisif et prolongé de reconstruction de ses valeurs fondamentales.
Cet effort exige un instrument. Cet instrument c'est le Front National, rénové, réorganisé, dynamisé pour les batailles futures et décisives. Je tracerai les grandes lignes de ce projet qui devra aboutir au Congrès de 2000 dans mon discours de rentrée aux B.B.R., notre grande fête militante à laquelle je vous demande d'assister très nombreux. Une fois de plus, malgré la plus dure épreuve de l'histoire de notre Front National, n'en doutons pas, nos démons principaux sont en nous, qui sont le doute, la lassitude, le découragement, c'est eux d'abord qu'il faut vaincre, et malgré les persécutions et les provocations de toutes sortes qui nous attendent et qui attestent de la crainte que nous inspirons aux ennemis de la Patrie, nous allons le Front haut au devant du siècle et même du millénaire prochain, porteurs de l'immense espérance française.
Levons-nous et marchons !
(Source http://www.front-national.com, le 8 février 2001)