Déclaration de M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, sur la politique du tourisme, sur la qualité de l'accueil, sur la "pénurie" qui touche les emplois qualifiés, sur les conditions de vie des travailleurs saisonniers et sur le processus de décentralisation, Tours le 10 octobre 2002.

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Circonstance : 24ème congrès de la fédération nationale des offices de tourisme et syndicats d'initiatives à Tours le 10 octobre 2002

Texte intégral


Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie, Monsieur le Président, pour m'avoir invité à participer au 24ème Congrès National des Offices de Tourisme et Syndicats d'Initiative.
J'ai d'ailleurs eu le plaisir de faire la connaissance de votre réseau lors des 3èmes assises nationales des offices de tourisme et syndicats d'initiative d'outre-mer qui eurent lieu en Guyane en 1999.
Je connais depuis longtemps le rôle fondamental de proximité des offices de tourisme et des syndicats d'initiative.
Vous êtes des acteurs de terrain incontournables.
Ma présence parmi vous aujourd'hui me donne l'occasion de consolider les relations de partenariat qui unissent mon département ministériel et votre Fédération.
Les offices de tourisme et les syndicats d'initiative sont en première ligne pour observer les évolutions, les nouvelles tendances, les nouveaux désirs de la clientèle aux quatre coins de France.
C'est pourquoi votre travail est précieux et notre collaboration va de soi.
Proches des populations locales, en lien direct avec les élus, à l'écoute de la clientèle, vous êtes un maillon essentiel de notre industrie touristique.
Votre fédération occupe une place stratégique, ne serait-ce que par son ancienneté.
Sa création date de 1920.
Elle dispose pour cela d'outils inégalables grâce à son réseau qui maille l'ensemble du territoire national, les chiffres parlent d'eux même :
- 3 600 Offices de Tourisme et Syndicats d'Initiative,
- 14 000 salariés
- 60 millions de visiteurs.
Ces données démontrent la vitalité et l'enracinement de ce tissu dans le fonctionnement de l'activité touristique nationale.
De la plus petite structure d'accueil, née bien souvent d'une volonté citoyenne et bénévole, à la plus grande des entreprises, vous êtes la vitrine de la France des villes et des villages.
En travaillant à l'échelle de nouveaux territoires, vous participez à une offre touristique nouvelle, à même de répondre aux attentes d'une population de proximité mais aussi à celles des clientèles désireuses de découvrir des espaces authentiques.
L'enjeu aujourd'hui pour les offices de tourisme et les syndicats d'initiative, est d'axer le métier d'accueil sur la valeur ajoutée :
- un conseil personnalisé,
- une gestion de l'information en temps réel ou "on line".
C'est-à-dire "apporter du sens" à l'information donnée.
De longue date, le Secrétariat d'Etat au Tourisme a toujours apporté un soutien financier et technique et accompagné les initiatives de votre fédération.
Cela va de soi. Nous continuerons à travailler ensemble.
Ainsi, je vous propose plusieurs projets que nous pourrions réaliser en partenariat :
- un travail sur la qualité,
- une nouvelle organisation des territoires,
- une réflexion sur l'observatoire statistique.
D'abord concernant la qualité de l'accueil, nous avons renouvelé et intensifié notre appui financier à ceux d'entre vous qui s'étaient engagés dans la certification.
39 offices de tourisme sont certifiés à ce jour. Des demandes sont en cours d'instruction.
Nous ne pouvons, en effet, concevoir durablement le développement du Tourisme sans une véritable démarche "qualité".
Celle-ci s'inscrit avec force dans mon action politique, et je souhaite mettre en place un véritable Plan Qualité France.
D'ailleurs, le succès de la "campagne Bonjour" est le résultat d'une véritable mobilisation collective.
La Fédération Nationale des Offices de Tourisme et Syndicats d'Initiative a démontré sa capacité à mobiliser son réseau pour promouvoir un accueil de meilleure qualité.
J'en profite pour vous remercier à nouveau.
Garantir la qualité, c'est vital face à la concurrence de nos voisins et l'exigence croissante de la clientèle.
C'est miser sur un travail de professionnalisation des acteurs, sur la valorisation des filières d'activités.
C'est aussi ouvrir le débat sur la modernisation des labels.
A ce titre, pour favoriser l'accès de tous aux loisirs, je poursuis la politique de mise en place du label "Tourisme et Handicap".
Le Président Jacques CHIRAC a souhaité que l'année 2003 soit consacrée à la mise en uvre d'améliorations notables en faveur de tous les handicapés.
Je vous invite à uvrer dans le même sens.
En second lieu, il est important d'associer les atouts et les talents, de regrouper vos moyens et vos actions, dans le cadre des nouvelles intercommunalités.
Le tourisme est en effet d'abord une question de territoires, fédérant différents acteurs.
Les politiques touristiques gagneront à être conçues dans une approche respectant l'articulation entre un développement économique viable, un développement social équitable et la préservation des ressources pour les générations futures. Il s'agit de faire le choix de la qualité, du cadre de vie et de la meilleure valorisation des ressources patrimoniales et environnementales.
Comme vous l'avez souligné, Monsieur le Président, la mise en place des nouveaux territoires va forcément avoir un impact sur l'organisation des offices de tourisme.
L'enjeu des prochaines années réside dans la capacité à réorganiser les réseaux dans l'évolution de la décentralisation.
Je suis heureux que votre fédération se propose de réfléchir aux possibilités innovantes de son futur fonctionnement.
A ce titre, je souscris totalement à votre démarche, qui consiste à organiser, sous forme de journées techniques délocalisées, une action d'information auprès des communes. Les maires doivent être sensibilisés au fait que leur office n'a pas seulement un rôle à jouer en direction du touriste mais qu'il est un outil capital pour le développement local.
Enfin, en troisième lieu, un autre domaine transversal me paraît de première importance, il s'agit de l'observation statistique. Je souhaite la mise en cohérence de l'ensemble des moyens d'études utilisés par tous et sur l'ensemble du territoire. Bien souvent l'image que nous renvoyons à l'étranger est brouillée. Nous y gagnerons en clarté et en lisibilité.
Mesdames et Messieurs,
Comme je l'ai souligné tout à l'heure, je suis très attentif à la formation liée à l'accueil, et à la qualification des emplois.
Le phénomène de "pénurie" qui touche des emplois qualifiés comme les conditions de vie et de travail des saisonniers m'interpellent fortement.
L'ANPE a dénombré en 2001 près de 54 000 offres non pourvues dans le domaine de l'hôtellerie-restauration.
Les métiers du tourisme doivent se donner les moyens d'être plus attractifs, notamment auprès des jeunes.
La lutte contre le chômage est une priorité du gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN. Aussi, les 2 000 emplois jeunes liés directement à la Fédération représentent une nécessité.
C'est pourquoi, et je réponds directement Monsieur le Président à vos questions, les conventions de travail des emplois jeunes déjà conclues iront naturellement à leur terme, et ce jusqu'en 2007.
Mais nous devons aller plus loin encore.
Car le problème reste entier pour les emplois-jeunes qui arrivent à échéance aujourd'hui. Il convient d'évaluer au cas par cas chaque situation.
C'est à partir de ce bilan que sera appréciée l'opportunité de prolonger une aide publique pour l'activité, comme de répondre aux besoins spécifiques de la personne.
Il faut rompre avec un système qui ne proposait pas d'avenir aux jeunes employés en terme de formation et d'intégration dans les collectivités d'accueil.
Les structures associatives pourront ainsi s'engager dans un programme de consolidation de leurs activités.
Une dégressivité de l'aide de l'Etat sur 3 ans sera aménagée pour éviter, dans les cas qui le justifient, un arrêt brutal du soutien de l'Etat.
Il faut avoir le courage de le faire et c'est là toute mon ambition. Avec mon collègue François FILLON, nous travaillons sur l'ensemble de ces problèmes pour parvenir à une situation plus satisfaisante.
Le contrat jeune est une première réponse. Mais les métiers du tourisme doivent encore pouvoir attirer beaucoup plus de jeunes.
Nous devons y travailler sans relâche. Donner de la perspective, garantir la pérennité, c'est aussi le prix de la qualité que nous recherchons.
C'est mon combat.
Mesdames et Messieurs,
Ces quelques exemples illustrent l'importance et la qualité de votre contribution à l'économie touristique qui occupe une place primordiale dans l'économie française.
Aujourd'hui, le secteur du tourisme connaît de profondes mutations.
Sous l'effet de la globalisation, de la construction européenne et des stratégies économiques, les regroupements dans le secteur touristique se multiplient. Les agences de voyages, les systèmes de réservation, les transports, l'industrie hôtelière sont à l'heure des partenariats et des fusions.
Le succès du tourisme français des années futures sera subordonné à la réussite de la rencontre entre le désir du visiteur et l'offre touristique proposée.
Les produits devront respecter certaines exigences, la conformité avec la promesse client, le respect de l'environnement, la qualité et la traçabilité, l'intégration des services et des technologies dans les prestations et une identité renforcée des lieux et des produits.
Si l'offre se réorganise, alors la demande et le comportement des touristes évoluent aussi.
Aujourd'hui, les produits touristiques doivent être plus respectueux de l'environnement, des cultures et des hommes.
Nous devons promouvoir un tourisme porteur d'éthique et de développement durable.
Car les touristes accordent, de plus en plus, de valeur à l'identité culturelle locale, à la participation aux activités, et au mode de vie des habitants.
En un mot, l'implication des populations locales dans le projet touristique est essentielle.
Il importe de prendre en compte ces nouveaux aspects de l'offre touristique et ces nouvelles attentes des clientèles dans la mise en uvre d'une nouvelle politique du tourisme volontariste.
A travers elle, j'entends bien prétendre donner à ce secteur toute sa place dans le développement économique et social de notre pays.
Ainsi, depuis ma prise de fonction, je me suis attaché à rencontrer les acteurs du tourisme français dans toute leur diversité et je continuerai à le faire pendant les prochaines semaines. Je tiens à écouter les préoccupations, les attentes des élus, des professionnels et des associatifs, afin de développer une politique efficace.
Pour ce qui concerne les collectivités locales, permettez-moi à cet instant, d'évoquer quelques sujets qui ont été au cur de mes entretiens de ces dernières semaines et qui devraient retenir plus particulièrement votre attention.
Tout d'abord, le processus de la décentralisation voulu par le Premier ministre, Jean-Pierre RAFFARIN et son gouvernement.
Il est l'occasion de redéfinir les rapports entre collectivités territoriales et Etat, entre secteur public et privé pour trouver de nouvelles synergies, mais aussi pour une plus grande proximité entre les collectivités et la population.
Cette avancée va nous permettre, j'en suis convaincu, de mieux préparer notre pays aux évolutions rapides du tourisme du XXIe siècle. Ce sera l'occasion d'engager un vrai débat sur le fond et les formes que nous voulons donner demain au tourisme français.
Cette nouvelle étape de la décentralisation sera aussi, pour notre ministère l'occasion de nouvelles évolutions et adaptations dans un souci de plus grande efficacité, de plus grande proximité avec les acteurs touristiques, mais aussi de simplification des procédures et de modernisation des pratiques administratives.
Ainsi, nombre d'améliorations seront apportées à la réglementation actuelle, dans le souci d'une simplification demandée par tous. Dans ce sens, je travaille à l'achèvement du Code du Tourisme qui est une reconnaissance importante de notre secteur d'activité.
L'augmentation de nouveaux produits dont la distribution dite "en ligne" sera généralisée. Plus que jamais, la mise en tourisme des richesses culturelles, patrimoniales et naturelles impliquera le travail en partenariat et en réseau.
Mesdames et Messieurs,
Les destinations désirables sont multiples en métropole et en outre-mer, et je vous remercie, Monsieur le Président, de l'avoir illustré avec autant de chaleur et de ferveur.
Aussi, je ne serai pas complet si je n'évoquais pas devant vous, mon attachement profond à cette France d'outre-mer.
La situation touristique y est contrastée.
Ces régions françaises profitent d'un environnement naturel d'une grande richesse et d'atouts culturels et humains considérables.
Par exemple, savez-vous que la Guyane représente le plus grand espace boisé de l'Union européenne ?
Mais les chiffres démontrent qu'il existe des difficultés réelles, structurelles et conjoncturelles. C'est la situation très préoccupante que connaissent les Antilles actuellement. C'est pourquoi, j'ai engagé un travail avec ma collègue Brigitte GIRARDIN, en vue d'aboutir très vite à un plan d'action.
Et j'effectuerai, dans ce cadre, de nombreux déplacements avant la fin de l'année, pour rencontrer les élus et les acteurs touristiques.
Ecouter, comprendre, et trouver in situ les solutions les plus adaptées.
Mesdames et Messieurs,
L'enjeu est de communiquer sur nos atouts et nos savoirs-faire. Mais aussi, d'organiser l'économie touristique, de développer de nouvelles formes de séjours, de promouvoir et de valoriser des produits qui font appel à tous les sens.
En l'occurrence à nos 5 sens, selon la formule de votre 24ème Congrès.
Et l'office de tourisme est le lieu idéal pour aller à la rencontre et répondre au désir des visiteurs.
Votre mobilisation et votre enthousiasme composent les fondations du développement touristique de demain.
Soyez assurés que vous avez auprès de moi une écoute attentive et un soutien déterminé.
Vous pouvez compter sur moi, comme je compte sur vous.
Je vous remercie.

(Source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 15 octobre 2002)