Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur la qualite de la gestion des entreprises patrimoniales, la promotion de l'esprit d'entreprise et la compétitivité de ce modèle d'entreprise, Paris le 1er avril 2003.

Prononcé le 1er avril 2003

Intervenant(s) : 

Circonstance : Remise du "Grand prix de l'entreprise patrimoniale" au Sénat le 1er avril 2003

Texte intégral

Monsieur le Président, cher Yvon Gattaz,
Mes chers collègues,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Vous êtes les bienvenus, ici au Sénat, qui est, vous le savez, la Maison des collectivités locales, mais aussi la Maison des entrepreneurs.
Je suis très honoré que vous ayez choisi, pour la deuxième année, de placer le grand prix de l'entreprise patrimoniale sous mon patronage.
Vous connaissez en effet mon attachement à la cause de l'entreprise et à la défense de la liberté d'entreprendre. Depuis de nombreuses années, j'ai multiplié les initiatives afin de promouvoir l'esprit d'entreprise dans notre pays.
En janvier dernier, nous avons ainsi lancé la première " Semaine de l'Entrepreneur " et installé les cinq cent meilleurs lauréats des 120 concours à la création d'entreprise en France, dans l'Hémicycle du Sénat. Un tabou est tombé. Les temps ont changé. La Nation rend hommage à ses entrepreneurs.
Pas plus tard que la semaine dernière, notre Haute assemblée a délibéré, de façon ouverte, sur le projet de loi relatif à l'initiative économique qui comprend de nombreuses mesures destinées à affirmer le rôle primordial des entreprises dans notre économie et à réaffirmer le travail comme une valeur essentielle.
Le Sénat a joué pleinement son rôle d'assemblée législative. Mes collègues ont considérablement enrichi ce texte et y ont apporté de nombreuses améliorations. C'est le texte le plus complet qui ait été pris en la matière depuis longtemps. Cette loi permettra à nos entreprises de mieux fonctionner et facilitera la vie de nos entrepreneurs.
Mais s'il est important de faire évoluer les lois, il est tout aussi important de faire évoluer les esprits. Les entreprises sont les seules à créer des richesses. Il faut l'admettre, le reconnaître et surtout l'encourager.
C'est pourquoi mes collègues sénateurs et moi-même avons pris depuis de nombreuses années des initiatives destinées à promouvoir l'esprit d'entreprise. Ces initiatives, il est important de le souligner, s'adressent à toutes les formes d'entreprises, les grandes comme les petites. Car toutes contribuent, à leur manière, à la prospérité de notre Nation.
Les grandes entreprises sont le fer de lance de nos savoir faire à l'international. Elles sont le gage de notre souveraineté économique. Elles assurent la pérennité de notre culture.
Les petites entreprises jouent quant à elles un rôle moteur dans la diffusion des innovations. Il faut faire en sorte qu'elles soient nombreuses, ce qui est, vous le savez, l'objectif du Gouvernement de mon ami Jean-Pierre Raffarin. Il faut aussi veiller à ce que ces entreprises soient viables. Cela dépend étroitement de la qualité des projets d'entreprise.
Enfin, les entreprises de taille moyenne constituent à mes yeux, je vous l'ai dit l'an dernier et je vous le redis : le taillis sous futaie de l'économie française.
Or, dans cette catégorie, les entreprises patrimoniales occupent le premier rang. Pourquoi ?
Tout simplement, parce qu'elles correspondent le mieux aux attentes des Français et sont au coeur de cette croissance durable que nous appelons tous de nos voeux.
Les entreprises patrimoniales sont en effet le type même d'entreprises dans lequel on rencontre le plus d'authentiques entrepreneurs.
Au risque de forcer un peu le trait, et donc de caricaturer, les grandes entreprises sont bien souvent dirigées par des gestionnaires issus de grandes écoles, eux-mêmes placés sous la surveillance des marchés financiers. Il n'y a à cela rien de mal. Mais, il arrive fréquemment que ces gestionnaires, aient un oeil fixé sur les résultats financiers de l'entreprise et l'autre .... sur les garanties qu'ils obtiendraient pour eux-mêmes en cas d'échec. Ce sont parfois des entreprises de financiers, et pas d'entrepreneurs. Or, un bon financier fait rarement un bon entrepreneur. Les plus grands entrepreneurs ont tous commencé par créer leur entreprise, qu'il s'agisse des Michelin, des Bollon ou des Lagardère.
Il ne s'agit pas pour moi d'opposer des modèles ni de porter des jugements à l'emporte-pièce. Mais enfin, force est de constater que les résultats des entreprises patrimoniales sont excellents, et qu'elles jouent un rôle déterminant dans le fonctionnement de notre économie. Pourquoi ? Le secret de ces entreprises tient-il dans le caractère familial des entreprises ?
Je ne le crois pas. Du moins ce n'est pas la clef principale d'explication. Tout simplement, si vous êtes entrepreneur vous prenez des risques calculés pour le bien de votre entreprise. Vous jouez. Mais avec votre propre argent. Si vous êtes un financier, nécessairement vous avez davantage tendance à vous concentrer sur le court terme.
Il y a donc à mon avis un lien étroit entre la forme d'entreprise dominante et le concept de croissance durable, c'est à dire la capacité d'une économie à soutenir pendant un grand nombre d'années, un niveau important de croissance harmonieuse.
Des études ont été faites sur ce sujet et toutes convergent pour montrer la compétitivité du modèle de l'entreprise patrimoniale. Cela parce qu'elles permettent plus que d'autres formes d'entreprise, de mettre en valeur le capital humain, notre principale ressource.
Je ne souhaite pas être plus long. Vous connaissez mes convictions et mon engagement. Très simplement, mais très sincèrement, je vous souhaite à tous beaucoup de réussite professionnelle et personnelle.
Le Président remettra ensuite le grand prix de l'entreprise patrimoniale au lauréat.

(source http://www.senat.fr, le 28 avril 2003)