Déclarations de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, en réponse à des questions d'actualité sur le terrorisme et le Liban, à l'Assemblée nationale le 15 octobre 2002.

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale le 15 octobre 2002 sur le terrorisme et le Liban

Texte intégral

(Déclaration en réponse à une question d'actualité sur le terrorisme à l'Assemblée nationale le 15 octobre 2002) :
Vous m'interrogez, Monsieur le Député, sur la nature du mal qui frappe aujourd'hui le monde et sur les moyens de le combattre. La menace aujourd'hui est globale. Elle est diffuse. La nébuleuse terroriste à l'instar d'Al Qaïda, est une nébuleuse aux mille visages. Ce n'est pas un phénomène nouveau, nous l'avons connu sur notre propre territoire dans les années 80, dans les années 90. Cette menace acquiert avec les attentats du 11 septembre une forme nouvelle. Il s'agit véritablement aujourd'hui de crimes de masse. Nous l'avons vécu dans notre chair, à Karachi où ce fléau a touché nos ingénieurs et nos techniciens. Nous l'avons vécu, en Tunisie, dans une synagogue frappant des touristes, en Mer Rouge, avec le pétrolier Limburg frappant des intérêts économiques, enfin avec ce terrible attentat à Bali qui a frappé de jeunes touristes occidentaux. Il s'agit bien d'une menace opportuniste, qui sait utiliser à la fois les moyens les plus archaïques et les moyens les plus sophistiqués des nouvelles technologies et qui sait trouver, dans ces développements toutes les ressources de la mondialisation, tous les avantages de la libre circulation, tous les bénéfices d'Etats qui sont aujourd'hui des Etats de non-droit.
Face à cette menace globale, il faut aujourd'hui une réponse globale. Il faut combattre sans relâche, par tous les moyens le terrorisme. Il faut le faire par les moyens de la coopération militaire, quand cela est nécessaire et en dernier recours - l'Afghanistan l'a montré -, il faut le faire par les moyens de la coopération policière, de la coopération judiciaire, dans le domaine du renseignement. Il faut unir les forces de chaque Etat, dans le cadre de la solidarité internationale. Nous le faisons avec l'Union européenne, nous le faisons dans le cadre des Nations unies mais cela ne suffit pas car nous avons la conviction que face à cette menace globale, il faut prendre la vraie mesure de ce qui peut nourrir le terrorisme, d'anciens fléaux, la faim, l'injustice, les crises. Il faut prendre en compte ces menaces car elles nourrissent évidemment ce fléau.
Il faut, enfin, et c'est important, ne pas céder à la tentation d'un choc des cultures, d'une fracture ente les civilisations. C'est pour cela qu'il faut s'appuyer sur le respect de l'autre, sur la tolérance, sur le dialogue des cultures.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 octobre 2002)
(Déclaration en réponse à une question d'actualité sur le Liban à l'Assemblée nationale, le 15 octobre 2002) :
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Comme vous le savez, la France est un des partenaires privilégiés du Liban, qui occupe une place particulière dans notre histoire. Nous avons beaucoup d'intérêts communs culturels, économiques. Comme vous, nous sommes attachés à la souveraineté et à l'indépendance du Liban, d'où notre satisfaction, après le retrait israélien du Liban-Sud, d'où aussi notre insistance pour que le règlement de paix global au Proche-Orient intègre les volets libanais et syrien, d'où notre souhait que l'évolution vers cette paix globale permette au Liban et à la Syrie de consolider leurs relations et de mener à terme le retrait complet des forces syriennes conformément aux accords de Taëf.
Attachés à la stabilité du Liban, nous le sommes aussi à la réforme et à la reconstruction et c'est pour cela que nous appuyons les efforts de son gouvernement.
A titre bilatéral, le Liban appartient à la Zone de Solidarité Prioritaire. La France est le premier investisseur étranger au Liban au titre de l'Union européenne ; nous avons appuyé la signature de l'accord d'association dans le cadre du processus de Barcelone.
A titre multilatéral, nous appuyons les efforts du Liban et de son gouvernement auprès des institutions financières et nous plaidons pour la tenue d'une nouvelle conférence ad hoc à Paris. Cette mission a été confiée à M. Camdessus.
Autant de raisons donc, pour que le Sommet de la Francophonie se tienne à Beyrouth et qu'enfin, le Liban puisse voir restaurés son rôle dans la région et le rôle de Beyrouth comme grande capitale du monde arabe.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 octobre 2002)