Texte intégral
Merci à chacune et chacun d'entre vous, merci à votre sénateur maire, merci du fond du cur à J.-P. Virapoulle. Avec B. Girardin et P. Devedjian, nous sommes très heureux de travailler ensemble à cet avenir de La Réunion, pour La Réunion en France et en Europe. Mon cher Jean-Paul, nous t'avons confié une mission nationale, une mission nationale d'envergure, parlementaire en mission désigné par le gouvernement, pour travailler à l'avenir des relations entre les régions ultra périphériques, les régions d'Outre-Mer et l'Union européenne. Cette mission est d'importance. Tu m'as dit que le travail était quasiment achevé et que, dans les semaines prochaines, nous pourrions ensemble, au niveau du Gouvernement, tirer les conclusions de cette mission. C'est très important parce que l'Europe est en train de changer ses règles du jeu ; elle change sa géographie, elle change ses institutions, elle va redistribuer ses financements. Il ne faut pas que l'Outre-Mer français, l'Outre-Mer européen soit abandonné par la nouvelle Europe. Et, d'ores et déjà, il nous faut militer pour que l'Europe de l'avenir, celle du 21ème siècle, à 25 membres, avec de nouvelles institutions, fasse de l'Outre-Mer français un atout majeur pour l'Europe et pour l'ensemble de notre continent.
C'est la mission de J.-P. Virapoulle. Je compte sur sa clairvoyance, sa capacité de travail, pour nous aider dans ce combat. Il peut compter sur tout le Gouvernement et sur le président, et aussi sur la majorité parlementaire, que je vois ici très nombreuse, rassemblée pour défendre ses idées auprès de l'Union européenne. Ce que j'ai vu ce matin me convainc que La Réunion sait faire le choix de l'avenir. C'est vrai qu'il faut faire face aux difficultés ; mais c'est vrai qu'il faut aussi regarder l'avenir en face. Et dans un avenir de compétition internationale, où chaque territoire doit jouer ses atouts, La Réunion doit faire le choix de l'avenir. La solution n'est pas dans la nostalgie. Oui à l'identité, oui à la culture, oui à tout ce qui nous fait vivre nos racines, mais oui aussi au 21ème siècle, oui à cette position géographique stratégique qui est la vôtre, oui au choix de l'avenir. Ces choix de l'avenir sont la conjugaison des vecteurs de développement.
D'abord, la formation. Vous le choisissez, à La Réunion, mais c'est très important. Quand on a la chance d'avoir cette démographie jeune, il faut évidemment faire le choix de la formation pour que La Réunion soit un territoire d'excellence. Il n'y a pas d'espoir sans formation, il n'y a pas d'épanouissement sans formation, il n'y aura pas d'emploi sans formation. Cette formation, elle doit être à tous les niveaux, au niveau évidemment élémentaire comme au niveau supérieur. Je salue les initiatives et les ambitions de l'université. Je crois qu'il est très important que vous fassiez, Monsieur le Président, ces choix d'avenir parce qu'il faut, pour regarder l'avenir en face, faire le choix de la recherche, de l'innovation. La recherche, c'est le cerveau de l'université, on ne va pas seulement à l'université pour aller conquérir un bac plus quelque chose ; l'université est un pôle de développement, de prospective, un pôle d'investissement, et l'université pour La Réunion est très importante comme tête de réseau, comme tête de pont de l'ensemble de l'effort de formation nécessaire. La jeunesse de la Réunion a droit à cette formation d'excellence. Je crois que nous pouvons progresser en travaillant davantage comme on va le faire donc avec l'université de La Rochelle pour que les centres de formation supérieure de la métropole puissent vous aider à muscler vos équipes de recherche, à muscler vos équipes pédagogiques, et faire en sorte que vous ayez ici des capacités d'excellence et que vous alliez chercher ailleurs les autres capacités qui peuvent faire défaut, car toute université a besoin de complémentarité. Il faut faire les choix stratégiques. Il faut faire en sorte qu'on puisse développer une compétence pour La Réunion qui soit une compétence de qualité internationale. Les critères d'évaluation aujourd'hui, ce n'est pas dans votre environnement immédiat. Il ne suffit pas d'être meilleur que vos voisins ; aujourd'hui, il faut la qualité internationale en matière de formation. C'est pour cela que cette égalité-là est l'égalité première ; si on n'obtient pas l'égalité de la formation, on n'a aucune chance d'avoir les autres égalités, économiques et sociales. Donc avançons dans cette coopération. Premier axe ici au parc du Colosse, ce choix important.
Deuxième axe : l'axe du tourisme, l'axe de l'attractivité. C'est un élément très important avec tous les atouts que vous avez. Nous voyons bien aujourd'hui que le tourisme est un facteur important de développement d'emplois ; des dizaines de milliers d'emplois sont possibles dans ce secteur, à condition que, naturellement, là aussi, on cherche la qualité internationale. Vous avez de nombreux produits touristiques, diversifiés, avec cette capacité de conjuguer mer et montagne qui sont les deux appels touristiques majeurs des clientèles modernes. Evidemment, il faut faire les efforts d'équipement, d'hébergement. Le secrétaire d'Etat au Tourisme, très mobilisé sur ces sujets, sera à vos côtés pour que l'offre touristique réunionnaise et cette compétitivité nécessaire en terme de qualité et en terme d'accueil J'ai bien entendu le message en ce qui concerne la continuité territoriale et les lignes aériennes. Nous avons eu à faire face à une difficulté majeure avec Air Liberté ; cette difficulté, nous l'avons affrontée les yeux dans les yeux avec l'avenir. Nous étions face à un projet économiquement déséquilibré et on ne peut pas sans cesse demander aux artisans de payer l'URSSAF, demander aux petites entreprises de payer l'impôt sur les sociétés, demander à toutes les Françaises et tous les Français de contribuer par l'impôt et laisser à quelques grands groupes des avantages fiscaux durablement qui, eux, ne payent pas l'impôt et qui, naturellement, pour ce faire, fragilisent et la dépense publique et le service aux usagers. C'est pour ça que nous avons voulu bâtir un autre projet. Nous travaillons à ce qu'il y ait cette continuité territoriale en créant des conditions économiques. Le président de la République l'a toujours dit : il faut une spécialisation du service aérien pour l'Outre-Mer. Ce n'est pas le même métier que le service aérien européen ou transcontinental. C'est un métier spécifique pour lequel il faut créer l'équation économique spécifique. Avec B. Girardin, nous travaillons sur ce dossier ; nous pensons avoir réuni des conditions économiques qui nous permettront d'avoir des perspectives durables en matière de transport aérien. Nous ferons les efforts en ce qui concerne les charges sociales, en ce qui concerne les défiscalisations, en ce qui concerne le soutien aux collectivités, mais à condition qu'on le fasse avec des acteurs qui s'engagent durablement dans ce service et qui font que le service aérien entre l'Outre-Mer et la métropole soit un service compétitif et service durable. Nous mettrons les moyens financiers nécessaires à condition que nous ayons des prix accessibles pour la population et aussi la durabilité de ce service. C'est très important évidemment pour le développement touristique. Mon gouvernement est fier de s'être engagé dès le début, avec un signal fort qu'est le passeport pour les jeunes qui vont chercher un plus" professionnel, pour leur permettre d'avoir cet accès et cet échange entre l'Outre-Mer et la métropole. C'est un signal de cette continuité territoriale que le président de la République a promis et pour lequel mon Gouvernement se sent engagé.
Formation, tourisme, mais aussi développement durable. Je vois dans le pôle ici, au parc du Colosse, le projet sur les énergies. Je crois que c'est très important d'aller chercher en effet les énergies du 21ème siècle. Le développement durable est une piste de développement considérable ; de très nombreux emplois sont derrière cette cause. La France a milité et milite pour qu'on ratifie partout dans le monde le protocole de Kyoto. Il y a un certain nombre de grandes puissances de l'autre coté de l'Atlantique qui refusent de signer le protocole de Kyoto. Mais pendant ce temps-là, ils font les efforts de recherche, ils font les efforts industriels pour que, le moment venu, ils puissent être prêts à la révolution industrielle des nouvelles énergies. Ils ne souhaitent pas, en signant le protocole de Kyoto, que nous nous investissions, nous, dans la défense de la planète, en faisant en sorte qu'on diminue les effets de serre et qu'on puisse maîtriser les émissions de gaz carbonique. Il y a là un vrai enjeu pour toute la planète. Le président de la République l'a dit à Johannesburg : "la maison brûle" ; il faut éteindre l'incendie, éteindre les flammes. Pour éteindre ces flammes-là, il faut faire le pari des formes d'énergies qui ne percent pas la couche d'ozone, qui sont aujourd'hui limitées en émissions de gaz carbonique. Il faut aller chercher toutes ces formes modernes de recherche d'énergies. C'est un élément très stratégique pour La Réunion et je vois ici la clairvoyance de vos élus en faisant ce choix de ce pôle énergétique avec des énergies traditionnelles et avec les énergies qui sont celles du 21ème siècle.
Avec la formation, avec le développement durable, avec le tourisme, vous avez ici une capacité d'attraction. Avec cette ambition qui est la vôtre d'avoir une qualité internationale, vous avez là une carte d'avenir et vous n'êtes pas en situation de demander de l'aide à la métropole ; vous êtes dans la situation où vous montrez le chemin à la métropole en faisant les choix de l'avenir, en faisant les choix qui sont ceux des projets et du développement économique. Car c'est la seule chance de progrès. La seule chance de progrès aujourd'hui, ce n'est pas de compter sur la seule distribution de l'argent public. Bien sûr qu'il faut de l'argent public pour aider les plus fragiles - j'y reviendrai - mais la vraie stratégie, comme le disait en son temps le président Pompidou, c'est de mobiliser toute la Nation autour de grands projets, des projets créateurs de richesses, des projets créateurs d'emplois. Les projets que vous bâtissez ici, dans ce parc du Colosse, comme on l'a fait dans d'autres sites et d'autres régions de France, c'est la capacité de concentrer les financements sur des projets de développement durable qui créent des emplois. Ce qu'il y a de pire en développement économique, c'est la dispersion de l'argent. Si, au contraire, autour de grands projets mobilisateurs, vous mettez vos moyens concentrés, vous pouvez atteindre cette qualité de développement, cette capacité de projet qui est la clé de l'avenir.
Il y a, à La Réunion, cette capacité de projet. Quand je regarde bien comment est structurée votre économie, je vois votre capacité sur le plan agricole aujourd'hui avec des capacités formidables, des productions de qualité. Je pense qu'il nous faut travailler à l'avenir de cette agriculture réunionnaise qui, aujourd'hui, est une agriculture créative. Il faut que les nouvelles formules de contrats de développement durable puissent s'appliquer à votre capacité agricole pour qu'on puisse faire en sorte que ces 3.500 et autres capacités d'exploitations agricoles puissent être développées et qu'on garde à cette agriculture réunionnaise, dont on connaît la qualité des produits, cette capacité pour l'ensemble du marché européen qui va s'élargir à dix nouveaux pays. Il y a là des capacités de développement très importantes et la nouvelle Politique agricole commune sur laquelle nous travaillons, c'est une capacité nouvelle, pour les productions d'Outre-Mer, de venir conquérir le marché européen et ses millions et millions de consommateurs. Je crois à l'agriculture réunionnaise, je crois aussi au potentiel de votre tissu de petites et moyennes entreprises. Je pense qu'il est très important de définir une stratégie PME Outre-Mer. J'ai vu, dans l'ensemble des discussions que nous avons pu avoir ensemble, avec le département, avec les maires, des nécessités pour adapter sans doute notre système national à la création d'entreprise de manière à ce qu'on puisse mettre en place des dispositifs adaptés aux besoins de l'Outre-Mer. Nous sommes en train de discuter un projet de loi aujourd'hui important au Parlement, défendu par le ministre R. Dutreil, pour aider à la création d'entreprise. Il faut que l'Outre-Mer puisse bénéficier de cette dynamique. Quand vous regardez la France, avec notre fort potentiel, et que vous comparez avec la Grande-Bretagne ou que vous comparez avec l'Allemagne, à population égale, il manque à la France un million d'entreprises, c'est-à-dire un million d'entrepreneurs, c'est-à-dire des millions d'emplois que nous n'avons pas parce que, pendant la période de croissance, pendant les cinq ans passés, on a préféré disperser l'argent plutôt que de le concentrer sur des vraies stratégies de développement économique de long terme. Nous manquons d'entreprises aujourd'hui dans notre pays, nous manquons de création de richesses, car je suis de ceux qui veulent partager. Mais je sais qu'on ne peut partager que si, d'abord, on a créé. Et si on veut avoir un avenir économique durable, il faut jouer la carte de la création d'entreprises, de la création de valeur ajoutée, de la création de richesses.
C'est de cette ambition-là - je le dis aux entrepreneurs qui sont ici présents et qui ont le mérite de se battre tous les jours pour créer des emplois et développer cette dynamique économique - dont nous avons besoin Outre-Mer ; de cette capacité créative pour attirer des entrepreneurs et faire en sorte qu'on multiplie le nombre d'entreprises. C'est une stratégie importante, un lieu comme celui-ci doit avoir sa zone économique, sa capacité à attirer non seulement les touristes mais aussi les entrepreneurs, mais aussi les créateurs pour pouvoir développer l'emploi. Une fois que cette dynamique est développée - et nous avons pris avec J. Chirac l'engagement de créer plus de 200.000 entreprises en France chaque année -, vous devez avoir votre part dans cette création d'entreprises. Nous travaillerons avec vous sur ce sujet. Nous voulons, dans les cinq ans qui viennent, à la fin de notre mandature, pouvoir avoir créé un million d'entreprises. Ayez votre place dans cette création de richesses ; elle est très importante pour l'avenir économique de nos enfants.
Cette dynamique-là nous permettra de créer les richesses qui nous permettront d'avoir une véritable politique de justice sociale. Aujourd'hui, la politique sociale de notre pays est insuffisante. Elle n'est pas toujours très juste ; quelquefois, on distribue l'argent sans le donner aux plus défavorisés ; on ne fait pas en sorte que l'argent public aille toujours, en premier, vers les plus pauvres, vers ceux qui souffrent. Quand j'ai regardé le dossier de la CMU, ici Outre-Mer et à La Réunion, quand je vois comment le dossier a été construit, il a été construit pour disperser, pour donner un certain nombre d'argent à un certain nombre de personnes. Mais les plus âgés, mais les personnes handicapées étaient exclues finalement de ce droit à la santé ; c'est-à-dire qu'on mettait beaucoup d'argent, mais que les plus fragiles et les plus pauvres n'avaient pas accès au droit à la santé. La justice, ce n'est pas la distribution à tous ; la justice c'est, là aussi, des efforts pour les plus fragiles, pour ceux qui sont dans la difficulté, pour les aider à vivre, pour éviter que notre tissu social ne se déchire. Ce que vous savez faire ici au niveau du département : je l'ai vu pour l'enfance maltraitée, je l'ai vu pour un certain nombre de politiques que vous menez contre le handicap et pour insérer les handicapés dans l'ensemble de la société et l'ensemble de votre département. Nous avons besoin de cette politique sociale mais une politique sociale qui soit vraiment destinée aux plus fragiles, aux plus pauvres.
Je vois bien que la croissance européenne est menacée par la situation internationale. Je vois bien que les taux de croissance que nous attendons, nous aurons des difficultés à les atteindre en 2003 ; nous sommes en mesure aujourd'hui, avec notre économie, d'assumer un rythme de croissance de 2,5% dès que les hypothèques internationales seront levées. Mais dans cette période où les hypothèques internationales bloquent les investissements, nous devons avoir comme priorité que le social, que notre pacte social, soit préservé et que les mesures sociales, qui sont le lien véritablement républicain entre tous les Français, puissent être préservées. C'est la priorité de mon Gouvernement. C'est la priorité à laquelle je suis fondamentalement attaché. C'est ce message que nous avons donné en relevant le plafond de la CMU. C'est un message pour l'Outre-Mer qui a aujourd'hui un coût de la santé supérieur à celui de la métropole, mais c'est aussi un message pour tous les Français dans les difficultés, dans la crise. Ce n'est pas par le social qu'il faut chercher les économies.
Enfin, je dois vous dire que nous souhaitons vraiment que La Réunion puisse participer à cette nouvelle dynamique de la France du 21ème siècle. Le président de la République à Johannesburg, à Monterrey, au Conseil de sécurité de l'ONU, bientôt à Evian pour le sommet du G8, partout où la France défend l'idée d'un monde multipolaire, d'un monde qui accepte la diversité, qui respecte le choix des peuples, d'un monde humaniste. Nous nous méfions de la mondialisation quand elle ne porte en elle-même que le gigantisme, que la concentration, que la standardisation, que la monoculture. Nous voulons un monde ouvert, un monde à la française où les valeurs universelles soient fortement présentes. C'est ça le combat de J. Chirac aujourd'hui dans le monde, c'est le combat pour la paix, c'est le combat pour le développement durable, c'est le combat pour le développement du Sud. C'est un combat d'une France fidèle à ses traditions d'humanisme ; ce combat-là, c'est aussi le combat de La Réunion et nous avons besoin, pour défendre ces valeurs de la France, de la présence Outre-Mer sur tous les océans, sur tous les continents, du drapeau français qui flotte fièrement pour défendre ces idées.
Nous avons besoin de cette présence mondiale, nous avons besoin de La Réunion pour, ici, dans l'Océan Indien, faire passer nos valeurs, pour que vos voisins entendent la voix de la France aujourd'hui, qui n'est pas la voix de la guerre, qui n'est pas la voix d'un directoire du monde, de pays riches qui voudraient mépriser les pays pauvres. C'est un monde qui sait que notre planète est fragile et qui sait que l'avenir de la planète ne peut se faire que dans la justice. C'est ça, le message de la France. Ce message, aujourd'hui, est entendu par des millions et des millions d'hommes et de femmes sur cette planète. Faisons en sorte que, avec ce message, on retrouve la France sur la scène internationale. Pendant la cohabitation, dans ces dernières années, les messages de la France ont été atténués, les messages de la France ont été dispersés ; ils étaient parfois ambigus. Aujourd'hui, la France a retrouvé sa voix forte ; la France a retrouvé sa voix, celle de son président de la République soutenu par le Gouvernement, soutenu par une majorité parlementaire, une France qui croit en son avenir, qui croit en ses valeurs, qui pense qu'elle a des choses à dire au monde, non pas pour imposer ses vues, mais pour faire en sorte qu'on vive dans un monde responsable, conscient de son avenir. C'est pour ça que, plus que jamais, le bleu de notre espoir, le blanc de l'avenir, et le rouge du sang de nos ancêtres, doivent être valorisés. C'est ce que nous avons tous en commun quel que soit le lieu où nous habitons, quel que soit le lieu où vit la France. Ensemble, faisons vivre la France et la République. Vive La Réunion et vive la France !"
(Source premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 mars 2003)
C'est la mission de J.-P. Virapoulle. Je compte sur sa clairvoyance, sa capacité de travail, pour nous aider dans ce combat. Il peut compter sur tout le Gouvernement et sur le président, et aussi sur la majorité parlementaire, que je vois ici très nombreuse, rassemblée pour défendre ses idées auprès de l'Union européenne. Ce que j'ai vu ce matin me convainc que La Réunion sait faire le choix de l'avenir. C'est vrai qu'il faut faire face aux difficultés ; mais c'est vrai qu'il faut aussi regarder l'avenir en face. Et dans un avenir de compétition internationale, où chaque territoire doit jouer ses atouts, La Réunion doit faire le choix de l'avenir. La solution n'est pas dans la nostalgie. Oui à l'identité, oui à la culture, oui à tout ce qui nous fait vivre nos racines, mais oui aussi au 21ème siècle, oui à cette position géographique stratégique qui est la vôtre, oui au choix de l'avenir. Ces choix de l'avenir sont la conjugaison des vecteurs de développement.
D'abord, la formation. Vous le choisissez, à La Réunion, mais c'est très important. Quand on a la chance d'avoir cette démographie jeune, il faut évidemment faire le choix de la formation pour que La Réunion soit un territoire d'excellence. Il n'y a pas d'espoir sans formation, il n'y a pas d'épanouissement sans formation, il n'y aura pas d'emploi sans formation. Cette formation, elle doit être à tous les niveaux, au niveau évidemment élémentaire comme au niveau supérieur. Je salue les initiatives et les ambitions de l'université. Je crois qu'il est très important que vous fassiez, Monsieur le Président, ces choix d'avenir parce qu'il faut, pour regarder l'avenir en face, faire le choix de la recherche, de l'innovation. La recherche, c'est le cerveau de l'université, on ne va pas seulement à l'université pour aller conquérir un bac plus quelque chose ; l'université est un pôle de développement, de prospective, un pôle d'investissement, et l'université pour La Réunion est très importante comme tête de réseau, comme tête de pont de l'ensemble de l'effort de formation nécessaire. La jeunesse de la Réunion a droit à cette formation d'excellence. Je crois que nous pouvons progresser en travaillant davantage comme on va le faire donc avec l'université de La Rochelle pour que les centres de formation supérieure de la métropole puissent vous aider à muscler vos équipes de recherche, à muscler vos équipes pédagogiques, et faire en sorte que vous ayez ici des capacités d'excellence et que vous alliez chercher ailleurs les autres capacités qui peuvent faire défaut, car toute université a besoin de complémentarité. Il faut faire les choix stratégiques. Il faut faire en sorte qu'on puisse développer une compétence pour La Réunion qui soit une compétence de qualité internationale. Les critères d'évaluation aujourd'hui, ce n'est pas dans votre environnement immédiat. Il ne suffit pas d'être meilleur que vos voisins ; aujourd'hui, il faut la qualité internationale en matière de formation. C'est pour cela que cette égalité-là est l'égalité première ; si on n'obtient pas l'égalité de la formation, on n'a aucune chance d'avoir les autres égalités, économiques et sociales. Donc avançons dans cette coopération. Premier axe ici au parc du Colosse, ce choix important.
Deuxième axe : l'axe du tourisme, l'axe de l'attractivité. C'est un élément très important avec tous les atouts que vous avez. Nous voyons bien aujourd'hui que le tourisme est un facteur important de développement d'emplois ; des dizaines de milliers d'emplois sont possibles dans ce secteur, à condition que, naturellement, là aussi, on cherche la qualité internationale. Vous avez de nombreux produits touristiques, diversifiés, avec cette capacité de conjuguer mer et montagne qui sont les deux appels touristiques majeurs des clientèles modernes. Evidemment, il faut faire les efforts d'équipement, d'hébergement. Le secrétaire d'Etat au Tourisme, très mobilisé sur ces sujets, sera à vos côtés pour que l'offre touristique réunionnaise et cette compétitivité nécessaire en terme de qualité et en terme d'accueil J'ai bien entendu le message en ce qui concerne la continuité territoriale et les lignes aériennes. Nous avons eu à faire face à une difficulté majeure avec Air Liberté ; cette difficulté, nous l'avons affrontée les yeux dans les yeux avec l'avenir. Nous étions face à un projet économiquement déséquilibré et on ne peut pas sans cesse demander aux artisans de payer l'URSSAF, demander aux petites entreprises de payer l'impôt sur les sociétés, demander à toutes les Françaises et tous les Français de contribuer par l'impôt et laisser à quelques grands groupes des avantages fiscaux durablement qui, eux, ne payent pas l'impôt et qui, naturellement, pour ce faire, fragilisent et la dépense publique et le service aux usagers. C'est pour ça que nous avons voulu bâtir un autre projet. Nous travaillons à ce qu'il y ait cette continuité territoriale en créant des conditions économiques. Le président de la République l'a toujours dit : il faut une spécialisation du service aérien pour l'Outre-Mer. Ce n'est pas le même métier que le service aérien européen ou transcontinental. C'est un métier spécifique pour lequel il faut créer l'équation économique spécifique. Avec B. Girardin, nous travaillons sur ce dossier ; nous pensons avoir réuni des conditions économiques qui nous permettront d'avoir des perspectives durables en matière de transport aérien. Nous ferons les efforts en ce qui concerne les charges sociales, en ce qui concerne les défiscalisations, en ce qui concerne le soutien aux collectivités, mais à condition qu'on le fasse avec des acteurs qui s'engagent durablement dans ce service et qui font que le service aérien entre l'Outre-Mer et la métropole soit un service compétitif et service durable. Nous mettrons les moyens financiers nécessaires à condition que nous ayons des prix accessibles pour la population et aussi la durabilité de ce service. C'est très important évidemment pour le développement touristique. Mon gouvernement est fier de s'être engagé dès le début, avec un signal fort qu'est le passeport pour les jeunes qui vont chercher un plus" professionnel, pour leur permettre d'avoir cet accès et cet échange entre l'Outre-Mer et la métropole. C'est un signal de cette continuité territoriale que le président de la République a promis et pour lequel mon Gouvernement se sent engagé.
Formation, tourisme, mais aussi développement durable. Je vois dans le pôle ici, au parc du Colosse, le projet sur les énergies. Je crois que c'est très important d'aller chercher en effet les énergies du 21ème siècle. Le développement durable est une piste de développement considérable ; de très nombreux emplois sont derrière cette cause. La France a milité et milite pour qu'on ratifie partout dans le monde le protocole de Kyoto. Il y a un certain nombre de grandes puissances de l'autre coté de l'Atlantique qui refusent de signer le protocole de Kyoto. Mais pendant ce temps-là, ils font les efforts de recherche, ils font les efforts industriels pour que, le moment venu, ils puissent être prêts à la révolution industrielle des nouvelles énergies. Ils ne souhaitent pas, en signant le protocole de Kyoto, que nous nous investissions, nous, dans la défense de la planète, en faisant en sorte qu'on diminue les effets de serre et qu'on puisse maîtriser les émissions de gaz carbonique. Il y a là un vrai enjeu pour toute la planète. Le président de la République l'a dit à Johannesburg : "la maison brûle" ; il faut éteindre l'incendie, éteindre les flammes. Pour éteindre ces flammes-là, il faut faire le pari des formes d'énergies qui ne percent pas la couche d'ozone, qui sont aujourd'hui limitées en émissions de gaz carbonique. Il faut aller chercher toutes ces formes modernes de recherche d'énergies. C'est un élément très stratégique pour La Réunion et je vois ici la clairvoyance de vos élus en faisant ce choix de ce pôle énergétique avec des énergies traditionnelles et avec les énergies qui sont celles du 21ème siècle.
Avec la formation, avec le développement durable, avec le tourisme, vous avez ici une capacité d'attraction. Avec cette ambition qui est la vôtre d'avoir une qualité internationale, vous avez là une carte d'avenir et vous n'êtes pas en situation de demander de l'aide à la métropole ; vous êtes dans la situation où vous montrez le chemin à la métropole en faisant les choix de l'avenir, en faisant les choix qui sont ceux des projets et du développement économique. Car c'est la seule chance de progrès. La seule chance de progrès aujourd'hui, ce n'est pas de compter sur la seule distribution de l'argent public. Bien sûr qu'il faut de l'argent public pour aider les plus fragiles - j'y reviendrai - mais la vraie stratégie, comme le disait en son temps le président Pompidou, c'est de mobiliser toute la Nation autour de grands projets, des projets créateurs de richesses, des projets créateurs d'emplois. Les projets que vous bâtissez ici, dans ce parc du Colosse, comme on l'a fait dans d'autres sites et d'autres régions de France, c'est la capacité de concentrer les financements sur des projets de développement durable qui créent des emplois. Ce qu'il y a de pire en développement économique, c'est la dispersion de l'argent. Si, au contraire, autour de grands projets mobilisateurs, vous mettez vos moyens concentrés, vous pouvez atteindre cette qualité de développement, cette capacité de projet qui est la clé de l'avenir.
Il y a, à La Réunion, cette capacité de projet. Quand je regarde bien comment est structurée votre économie, je vois votre capacité sur le plan agricole aujourd'hui avec des capacités formidables, des productions de qualité. Je pense qu'il nous faut travailler à l'avenir de cette agriculture réunionnaise qui, aujourd'hui, est une agriculture créative. Il faut que les nouvelles formules de contrats de développement durable puissent s'appliquer à votre capacité agricole pour qu'on puisse faire en sorte que ces 3.500 et autres capacités d'exploitations agricoles puissent être développées et qu'on garde à cette agriculture réunionnaise, dont on connaît la qualité des produits, cette capacité pour l'ensemble du marché européen qui va s'élargir à dix nouveaux pays. Il y a là des capacités de développement très importantes et la nouvelle Politique agricole commune sur laquelle nous travaillons, c'est une capacité nouvelle, pour les productions d'Outre-Mer, de venir conquérir le marché européen et ses millions et millions de consommateurs. Je crois à l'agriculture réunionnaise, je crois aussi au potentiel de votre tissu de petites et moyennes entreprises. Je pense qu'il est très important de définir une stratégie PME Outre-Mer. J'ai vu, dans l'ensemble des discussions que nous avons pu avoir ensemble, avec le département, avec les maires, des nécessités pour adapter sans doute notre système national à la création d'entreprise de manière à ce qu'on puisse mettre en place des dispositifs adaptés aux besoins de l'Outre-Mer. Nous sommes en train de discuter un projet de loi aujourd'hui important au Parlement, défendu par le ministre R. Dutreil, pour aider à la création d'entreprise. Il faut que l'Outre-Mer puisse bénéficier de cette dynamique. Quand vous regardez la France, avec notre fort potentiel, et que vous comparez avec la Grande-Bretagne ou que vous comparez avec l'Allemagne, à population égale, il manque à la France un million d'entreprises, c'est-à-dire un million d'entrepreneurs, c'est-à-dire des millions d'emplois que nous n'avons pas parce que, pendant la période de croissance, pendant les cinq ans passés, on a préféré disperser l'argent plutôt que de le concentrer sur des vraies stratégies de développement économique de long terme. Nous manquons d'entreprises aujourd'hui dans notre pays, nous manquons de création de richesses, car je suis de ceux qui veulent partager. Mais je sais qu'on ne peut partager que si, d'abord, on a créé. Et si on veut avoir un avenir économique durable, il faut jouer la carte de la création d'entreprises, de la création de valeur ajoutée, de la création de richesses.
C'est de cette ambition-là - je le dis aux entrepreneurs qui sont ici présents et qui ont le mérite de se battre tous les jours pour créer des emplois et développer cette dynamique économique - dont nous avons besoin Outre-Mer ; de cette capacité créative pour attirer des entrepreneurs et faire en sorte qu'on multiplie le nombre d'entreprises. C'est une stratégie importante, un lieu comme celui-ci doit avoir sa zone économique, sa capacité à attirer non seulement les touristes mais aussi les entrepreneurs, mais aussi les créateurs pour pouvoir développer l'emploi. Une fois que cette dynamique est développée - et nous avons pris avec J. Chirac l'engagement de créer plus de 200.000 entreprises en France chaque année -, vous devez avoir votre part dans cette création d'entreprises. Nous travaillerons avec vous sur ce sujet. Nous voulons, dans les cinq ans qui viennent, à la fin de notre mandature, pouvoir avoir créé un million d'entreprises. Ayez votre place dans cette création de richesses ; elle est très importante pour l'avenir économique de nos enfants.
Cette dynamique-là nous permettra de créer les richesses qui nous permettront d'avoir une véritable politique de justice sociale. Aujourd'hui, la politique sociale de notre pays est insuffisante. Elle n'est pas toujours très juste ; quelquefois, on distribue l'argent sans le donner aux plus défavorisés ; on ne fait pas en sorte que l'argent public aille toujours, en premier, vers les plus pauvres, vers ceux qui souffrent. Quand j'ai regardé le dossier de la CMU, ici Outre-Mer et à La Réunion, quand je vois comment le dossier a été construit, il a été construit pour disperser, pour donner un certain nombre d'argent à un certain nombre de personnes. Mais les plus âgés, mais les personnes handicapées étaient exclues finalement de ce droit à la santé ; c'est-à-dire qu'on mettait beaucoup d'argent, mais que les plus fragiles et les plus pauvres n'avaient pas accès au droit à la santé. La justice, ce n'est pas la distribution à tous ; la justice c'est, là aussi, des efforts pour les plus fragiles, pour ceux qui sont dans la difficulté, pour les aider à vivre, pour éviter que notre tissu social ne se déchire. Ce que vous savez faire ici au niveau du département : je l'ai vu pour l'enfance maltraitée, je l'ai vu pour un certain nombre de politiques que vous menez contre le handicap et pour insérer les handicapés dans l'ensemble de la société et l'ensemble de votre département. Nous avons besoin de cette politique sociale mais une politique sociale qui soit vraiment destinée aux plus fragiles, aux plus pauvres.
Je vois bien que la croissance européenne est menacée par la situation internationale. Je vois bien que les taux de croissance que nous attendons, nous aurons des difficultés à les atteindre en 2003 ; nous sommes en mesure aujourd'hui, avec notre économie, d'assumer un rythme de croissance de 2,5% dès que les hypothèques internationales seront levées. Mais dans cette période où les hypothèques internationales bloquent les investissements, nous devons avoir comme priorité que le social, que notre pacte social, soit préservé et que les mesures sociales, qui sont le lien véritablement républicain entre tous les Français, puissent être préservées. C'est la priorité de mon Gouvernement. C'est la priorité à laquelle je suis fondamentalement attaché. C'est ce message que nous avons donné en relevant le plafond de la CMU. C'est un message pour l'Outre-Mer qui a aujourd'hui un coût de la santé supérieur à celui de la métropole, mais c'est aussi un message pour tous les Français dans les difficultés, dans la crise. Ce n'est pas par le social qu'il faut chercher les économies.
Enfin, je dois vous dire que nous souhaitons vraiment que La Réunion puisse participer à cette nouvelle dynamique de la France du 21ème siècle. Le président de la République à Johannesburg, à Monterrey, au Conseil de sécurité de l'ONU, bientôt à Evian pour le sommet du G8, partout où la France défend l'idée d'un monde multipolaire, d'un monde qui accepte la diversité, qui respecte le choix des peuples, d'un monde humaniste. Nous nous méfions de la mondialisation quand elle ne porte en elle-même que le gigantisme, que la concentration, que la standardisation, que la monoculture. Nous voulons un monde ouvert, un monde à la française où les valeurs universelles soient fortement présentes. C'est ça le combat de J. Chirac aujourd'hui dans le monde, c'est le combat pour la paix, c'est le combat pour le développement durable, c'est le combat pour le développement du Sud. C'est un combat d'une France fidèle à ses traditions d'humanisme ; ce combat-là, c'est aussi le combat de La Réunion et nous avons besoin, pour défendre ces valeurs de la France, de la présence Outre-Mer sur tous les océans, sur tous les continents, du drapeau français qui flotte fièrement pour défendre ces idées.
Nous avons besoin de cette présence mondiale, nous avons besoin de La Réunion pour, ici, dans l'Océan Indien, faire passer nos valeurs, pour que vos voisins entendent la voix de la France aujourd'hui, qui n'est pas la voix de la guerre, qui n'est pas la voix d'un directoire du monde, de pays riches qui voudraient mépriser les pays pauvres. C'est un monde qui sait que notre planète est fragile et qui sait que l'avenir de la planète ne peut se faire que dans la justice. C'est ça, le message de la France. Ce message, aujourd'hui, est entendu par des millions et des millions d'hommes et de femmes sur cette planète. Faisons en sorte que, avec ce message, on retrouve la France sur la scène internationale. Pendant la cohabitation, dans ces dernières années, les messages de la France ont été atténués, les messages de la France ont été dispersés ; ils étaient parfois ambigus. Aujourd'hui, la France a retrouvé sa voix forte ; la France a retrouvé sa voix, celle de son président de la République soutenu par le Gouvernement, soutenu par une majorité parlementaire, une France qui croit en son avenir, qui croit en ses valeurs, qui pense qu'elle a des choses à dire au monde, non pas pour imposer ses vues, mais pour faire en sorte qu'on vive dans un monde responsable, conscient de son avenir. C'est pour ça que, plus que jamais, le bleu de notre espoir, le blanc de l'avenir, et le rouge du sang de nos ancêtres, doivent être valorisés. C'est ce que nous avons tous en commun quel que soit le lieu où nous habitons, quel que soit le lieu où vit la France. Ensemble, faisons vivre la France et la République. Vive La Réunion et vive la France !"
(Source premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 mars 2003)