Texte intégral
Q - Pour la première fois, l'Europe s'est très largement impliquée dans le Tour de France, qui vient de s'achever sur la victoire de Lance Armstrong, ce qui montre au moins qu'au-delà des dissensions diplomatiques, le "show" et la course continuent sur fond d'entente cordiale avec le monde anglo-saxon. Pourquoi d'ailleurs un tel investissement des Européens, de l'Europe, dans une épreuve qui est, c'est vrai, la plus grande du monde et dans un sport, c'est vrai là aussi, universel, le vélo ?
R - Parce que le message de l'Europe, c'est-à-dire de la construction de cet ensemble unique au monde, s'adresse aux populations. Le Tour de France est l'événement le plus populaire qui puisse exister, il est regardé à la télévision par des centaines et des centaines de millions de téléspectateurs. Je me suis laissée dire que deux milliards de téléspectateurs avaient regardé au moins une des émissions du Tour de France. Et, surtout, c'est une manière de montrer qu'à travers ce parcours héroïque, nous sommes capable d'ouvrir la compétition à tous les pays du monde, et pour la première fois, vous l'avez dit, de faire de la publicité à ce grand événement du début de ce siècle, qui est la reconstruction de l'Europe à l'échelle de tout le continent.
Q - Avec une Europe qui va s'élargir... D'ailleurs, vous avez instauré un prix spécifique pour l'Europe élargie, qui s'ajoutait aux maillots traditionnels - le maillot à pois, le maillot jaune, le maillot vert etc. -, destiné à récompenser le meilleur coureur issu de l'un des pays qui va rejoindre l'Union européenne l'année prochaine...
R - Tout à fait, c'est un cadeau de bienvenue, c'est pour "marquer le coup", si l'on peut dire.
Q - A 10 000 euros, c'est ça ?
R - A 10 000 euros, avec un trophée, un très joli trophée aux couleurs de l'Europe, bleu avec des étoiles jaunes. Et c'est une manière de dire aussi que ce sport cycliste qui est jusqu'ici assez peu répandu dans ces pays, s'offre à eux, puisqu'on voit, notamment dans les pays baltes ou en République tchèque - puisque le vainqueur de ce prix de l'Europe élargie était un Tchèque qui participait au Tour pour la première fois de sa vie - qu'en dehors de ce que eux nous apportent - d'un point de vue économique, la diversité culturelle et puis le renforcement du poids de l'Europe -, nous avons aussi beaucoup à leur apporter. Et je suis très heureuse de voir que ce prix de l'Europe a rencontré un grand succès et aussi tout ce qui a été fait autour, une caravane avec des jeunes qui ont sillonné la France derrière les cyclistes, une caravane aux couleurs de l'Europe, 100 expositions dans des mairies sur l'Europe, avec des milliers de questionnaires sur l'Europe...
Q - Comment est-ce que le public du vélo a-t-il réagi à tout cet investissement que vous avez fait ?
R - Il a fort bien réagi, parce que l'Europe a pris un tour un peu ludique. Souvent on discute de la construction européenne autour de la question institutionnelle - Qui va gouverner l'Europe ? Qui sera le président de l'Europe ?
Q - Ce sont quand même des questions importantes...
R - C'est très important, mais le message qui a été transmis est que l'Europe va à votre rencontre, de même que les cyclistes vont à la rencontre des spectateurs qui sont au bord des routes et sillonnent la France - et d'ailleurs aussi parfois d'autres pays voisins -, de même l'Europe va à la rencontre des citoyens. Et c'était tout à fait en phase avec la campagne que je vais lancer de façon beaucoup plus décisive, beaucoup plus marquée à la rentrée, une sorte de "tour de France de l'Europe", que j'ai déjà commencé, mais que je vais accentuer. Il faut que les Français sachent que l'Europe, ce n'est pas Bruxelles. L'Europe, c'est tous les lieux du territoire européen et français, et c'est aux citoyens d'influencer suffisamment les décisions, pour que la construction européenne réponde à nos besoins en termes de prospérité, de stabilité, de paix, mais aussi d'événements comme celui du Tour de France. Par exemple, le sport - c'est une innovation de la future Constitution européenne - figure pour la première fois parmi les compétences de l'Europe.
Q - A la rentrée, commence un cycle extrêmement important pour l'Europe élargie, puisqu'il y a cette conférence intergouvernementale le 4 octobre, avec les chefs d'Etat et de gouvernement, qui vont tout de même décider de choses extrêmement importantes...
R - C'est le nouveau pacte qui va être scellé entre les 25 Etats de l'Europe, même si les 10 nouveaux ne vont entrer effectivement que le 1er mai 2004. En réalité, ils vont être associés à part entière au processus d'adoption de cette première Constitution européenne de l'histoire de l'Europe. Pourquoi une Constitution ? Simplement parce qu'il y a la volonté de montrer que l'Europe est un accomplissement qui doit répondre aux aspirations des peuples. Ce n'est pas seulement la rencontre entre les intérêts des différents Etats membres de l'Union européenne ; l'Europe est faite pour les populations, pour les citoyens. Le nouvel enjeu est de faire mieux comprendre cela à ces citoyens.
Q - Avec évidemment le risque que dénoncent déjà un certain nombre d'eurosceptiques : il y a ceux qui vous disent, cela ne marche déjà pas très bien l'Europe comme ça, alors là, cela marchera encore beaucoup moins à 25, avec un système extraordinairement complexe, avec des règles qui, d'ailleurs, ne sont pas toujours familières aux concitoyens européens que nous sommes.
R - Je ne le crois pas. Je crois que cela va marcher. D'abord parce que le processus d'élaboration de cette Constitution, qui est le cadre juridique dans lequel s'inscrit la construction européenne, est tout à fait exceptionnel, démocratique et transparent. C'est la première fois que, pratiquement en direct, en temps réel, sur Internet notamment, dans les médias, tous les débats sont publics autour de "qui fait quoi en Europe", "quel est le niveau de compétences qui est convenable pour l'Europe", "qui va gouverner l'Europe", "comment est-ce qu'on va maintenir la stabilité monétaire et développer la croissance..." C'est la première fois que ces débats sont ouverts au public.
Q - Mais alors, est-ce qu'il faut adapter par exemple notre régime des intermittents du spectacle au régime commun européen moyen ? C'est une question que les Français peuvent parfaitement se poser pour chacun d'entre eux d'ailleurs ?
R - Il faut s'adapter au monde qui bouge et à l'Europe qui évolue, comme les dix pays qui vont nous rejoindre le font, et comme nous-mêmes devons le faire. Vous avez parlé des intermittents du spectacle Il faut adapter ce système aux besoins actuels, à nos capacités financières, tout en préservant le soutien aux activités du spectacle. C'est très important, c'est notre image de marque. Nous tenons à toutes ces activités culturelles, y compris dans les plus petits villages de France.
Q - Mentionnée dans la Convention européenne...
R - La diversité culturelle est un des nouveaux objectifs de l'Union européenne, et c'est un des objectifs auquel nous tenons puisque nous sommes, nous Français, les promoteurs auprès de l'UNESCO de la première convention internationale, sur la diversité culturelle. Mais il faut s'adapter, il faut évoluer. De nouveaux équilibres se dessinent, en matière de retraite, en matière de protection sociale, en matière aussi d'accès au marché de l'emploi. Il faut faciliter la mobilité... On ne peut pas ne pas tenir compte du contexte, et notamment de l'Europe.
Q - Mais on a envie de vous dire que c'est formidable, parlons de politique culturelle, parlons de choses comme ça, parlons du Tour cycliste, très bien, parfait ! Mais pourquoi ne pas prendre à bras le corps des sujets qui sont autrement plus lourds, c'est-à-dire la situation de l'emploi, une croissance défaillante en Europe, notamment dans les grands pays européens ? Un certain nombre de réformes structurelles qui ne sont pas faites, chez nous par exemple sur la maladie, alors qu'en Allemagne il est clair qu'il vient de se passer quelque chose de très important, un consensus entre l'opposition et la majorité ? On a l'impression qu'on met un petit peu la charrue devant les bufs ?
R - C'est difficile de mener des changements, au moment où la croissance n'est pas au rendez-vous. C'est beaucoup plus difficile de faire admettre qu'il faut s'adapter au monde qui bouge, alors qu'on ne peut pas offrir un taux de croissance, comme je l'indiquais, qui permette de digérer ces changements aussi facilement. Il faut le faire parce que chacun, chaque pays, chaque Etat - vous avez parlé du chancelier Schröder, on pourrait parler de l'Autriche, on pourrait même parler des pays qui vont nous rejoindre, la Hongrie, la Pologne - tous ces pays ont fait ces réformes, ont mené ces évolutions...
Q - Et nous, pas encore ?
R - Et nous sommes en train de le faire, avec une grande détermination, que chacun a pu constater. Le projet de loi sur les retraites a été adopté par le Parlement et le gouvernement, le Premier ministre, a marqué une détermination totale, parce que c'est de l'intérêt collectif. C'est de l'intérêt de la France et des Français de changer maintenant, parce que demain ce sera trop tard...
Q - Est-ce que vous avez le sentiment qu'il peut y avoir, sur l'un des points les plus cruciaux des nouvelles institutions européennes, un blocage ? Un blocage par exemple sur le vote à la majorité qualifiée ? Peut-être que les auditeurs ne sont pas toujours tous familiers de ces questions, mais les règles du jeu vont changer, et parfois être bouleversées... Est-ce que vous avez le sentiment que l'opinion publique est consciente de cela ? Par exemple les électeurs français sont-ils conscients que les prochaines élections européennes vont, elles également, changer de nature ?
R - Sans doute pas suffisamment, puisque de manière générale, les Français semblent, d'après les sondages, insuffisamment informés des évolutions européennes...
Q - La faute à qui ?
R - La faute à tout le monde, la faute à nous gouvernants, certainement...
Q - Et à nous journalistes aussi ?
R - Peut-être, parce qu'il faut faire davantage le lien entre le quotidien et l'Europe. Quand on parle de santé, quand on parle même de lutte contre les incendies - puisque la sécurité civile va faire l'objet d'une coopération beaucoup plus grande au niveau européen -, il faut rattacher cela aux moyens que nous offre ou que devrait nous offrir l'Europe. Il faut que ces débats soient liés non seulement aux problèmes locaux, mais aux problèmes européens. Et c'est un peu cela la démarche que je voudrais conduire à la rentrée.
Sur les élections, pour la première fois, ces élections vont être maintenant régionales, au lieu d'être organisées sur la base de listes nationales, donc assez lointaines de l'électeur...
Q - Et cela veut dire quoi pour l'électeur ?
R - Cela veut dire qu'il y aura une compétition électorale qui sera territorialisée, avec des élus qui auront à présenter un programme et ensuite, une fois élus, à rendre compte à leurs électeurs au plan régional. C'est-à-dire qu'il y aura un lien beaucoup plus direct entre l'électeur et le parlementaire européen qui a un rôle - je voudrais le souligner ici - absolument majeur pour défendre les intérêts de la France dans les prises de décisions européennes
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e août 2003)
R - Parce que le message de l'Europe, c'est-à-dire de la construction de cet ensemble unique au monde, s'adresse aux populations. Le Tour de France est l'événement le plus populaire qui puisse exister, il est regardé à la télévision par des centaines et des centaines de millions de téléspectateurs. Je me suis laissée dire que deux milliards de téléspectateurs avaient regardé au moins une des émissions du Tour de France. Et, surtout, c'est une manière de montrer qu'à travers ce parcours héroïque, nous sommes capable d'ouvrir la compétition à tous les pays du monde, et pour la première fois, vous l'avez dit, de faire de la publicité à ce grand événement du début de ce siècle, qui est la reconstruction de l'Europe à l'échelle de tout le continent.
Q - Avec une Europe qui va s'élargir... D'ailleurs, vous avez instauré un prix spécifique pour l'Europe élargie, qui s'ajoutait aux maillots traditionnels - le maillot à pois, le maillot jaune, le maillot vert etc. -, destiné à récompenser le meilleur coureur issu de l'un des pays qui va rejoindre l'Union européenne l'année prochaine...
R - Tout à fait, c'est un cadeau de bienvenue, c'est pour "marquer le coup", si l'on peut dire.
Q - A 10 000 euros, c'est ça ?
R - A 10 000 euros, avec un trophée, un très joli trophée aux couleurs de l'Europe, bleu avec des étoiles jaunes. Et c'est une manière de dire aussi que ce sport cycliste qui est jusqu'ici assez peu répandu dans ces pays, s'offre à eux, puisqu'on voit, notamment dans les pays baltes ou en République tchèque - puisque le vainqueur de ce prix de l'Europe élargie était un Tchèque qui participait au Tour pour la première fois de sa vie - qu'en dehors de ce que eux nous apportent - d'un point de vue économique, la diversité culturelle et puis le renforcement du poids de l'Europe -, nous avons aussi beaucoup à leur apporter. Et je suis très heureuse de voir que ce prix de l'Europe a rencontré un grand succès et aussi tout ce qui a été fait autour, une caravane avec des jeunes qui ont sillonné la France derrière les cyclistes, une caravane aux couleurs de l'Europe, 100 expositions dans des mairies sur l'Europe, avec des milliers de questionnaires sur l'Europe...
Q - Comment est-ce que le public du vélo a-t-il réagi à tout cet investissement que vous avez fait ?
R - Il a fort bien réagi, parce que l'Europe a pris un tour un peu ludique. Souvent on discute de la construction européenne autour de la question institutionnelle - Qui va gouverner l'Europe ? Qui sera le président de l'Europe ?
Q - Ce sont quand même des questions importantes...
R - C'est très important, mais le message qui a été transmis est que l'Europe va à votre rencontre, de même que les cyclistes vont à la rencontre des spectateurs qui sont au bord des routes et sillonnent la France - et d'ailleurs aussi parfois d'autres pays voisins -, de même l'Europe va à la rencontre des citoyens. Et c'était tout à fait en phase avec la campagne que je vais lancer de façon beaucoup plus décisive, beaucoup plus marquée à la rentrée, une sorte de "tour de France de l'Europe", que j'ai déjà commencé, mais que je vais accentuer. Il faut que les Français sachent que l'Europe, ce n'est pas Bruxelles. L'Europe, c'est tous les lieux du territoire européen et français, et c'est aux citoyens d'influencer suffisamment les décisions, pour que la construction européenne réponde à nos besoins en termes de prospérité, de stabilité, de paix, mais aussi d'événements comme celui du Tour de France. Par exemple, le sport - c'est une innovation de la future Constitution européenne - figure pour la première fois parmi les compétences de l'Europe.
Q - A la rentrée, commence un cycle extrêmement important pour l'Europe élargie, puisqu'il y a cette conférence intergouvernementale le 4 octobre, avec les chefs d'Etat et de gouvernement, qui vont tout de même décider de choses extrêmement importantes...
R - C'est le nouveau pacte qui va être scellé entre les 25 Etats de l'Europe, même si les 10 nouveaux ne vont entrer effectivement que le 1er mai 2004. En réalité, ils vont être associés à part entière au processus d'adoption de cette première Constitution européenne de l'histoire de l'Europe. Pourquoi une Constitution ? Simplement parce qu'il y a la volonté de montrer que l'Europe est un accomplissement qui doit répondre aux aspirations des peuples. Ce n'est pas seulement la rencontre entre les intérêts des différents Etats membres de l'Union européenne ; l'Europe est faite pour les populations, pour les citoyens. Le nouvel enjeu est de faire mieux comprendre cela à ces citoyens.
Q - Avec évidemment le risque que dénoncent déjà un certain nombre d'eurosceptiques : il y a ceux qui vous disent, cela ne marche déjà pas très bien l'Europe comme ça, alors là, cela marchera encore beaucoup moins à 25, avec un système extraordinairement complexe, avec des règles qui, d'ailleurs, ne sont pas toujours familières aux concitoyens européens que nous sommes.
R - Je ne le crois pas. Je crois que cela va marcher. D'abord parce que le processus d'élaboration de cette Constitution, qui est le cadre juridique dans lequel s'inscrit la construction européenne, est tout à fait exceptionnel, démocratique et transparent. C'est la première fois que, pratiquement en direct, en temps réel, sur Internet notamment, dans les médias, tous les débats sont publics autour de "qui fait quoi en Europe", "quel est le niveau de compétences qui est convenable pour l'Europe", "qui va gouverner l'Europe", "comment est-ce qu'on va maintenir la stabilité monétaire et développer la croissance..." C'est la première fois que ces débats sont ouverts au public.
Q - Mais alors, est-ce qu'il faut adapter par exemple notre régime des intermittents du spectacle au régime commun européen moyen ? C'est une question que les Français peuvent parfaitement se poser pour chacun d'entre eux d'ailleurs ?
R - Il faut s'adapter au monde qui bouge et à l'Europe qui évolue, comme les dix pays qui vont nous rejoindre le font, et comme nous-mêmes devons le faire. Vous avez parlé des intermittents du spectacle Il faut adapter ce système aux besoins actuels, à nos capacités financières, tout en préservant le soutien aux activités du spectacle. C'est très important, c'est notre image de marque. Nous tenons à toutes ces activités culturelles, y compris dans les plus petits villages de France.
Q - Mentionnée dans la Convention européenne...
R - La diversité culturelle est un des nouveaux objectifs de l'Union européenne, et c'est un des objectifs auquel nous tenons puisque nous sommes, nous Français, les promoteurs auprès de l'UNESCO de la première convention internationale, sur la diversité culturelle. Mais il faut s'adapter, il faut évoluer. De nouveaux équilibres se dessinent, en matière de retraite, en matière de protection sociale, en matière aussi d'accès au marché de l'emploi. Il faut faciliter la mobilité... On ne peut pas ne pas tenir compte du contexte, et notamment de l'Europe.
Q - Mais on a envie de vous dire que c'est formidable, parlons de politique culturelle, parlons de choses comme ça, parlons du Tour cycliste, très bien, parfait ! Mais pourquoi ne pas prendre à bras le corps des sujets qui sont autrement plus lourds, c'est-à-dire la situation de l'emploi, une croissance défaillante en Europe, notamment dans les grands pays européens ? Un certain nombre de réformes structurelles qui ne sont pas faites, chez nous par exemple sur la maladie, alors qu'en Allemagne il est clair qu'il vient de se passer quelque chose de très important, un consensus entre l'opposition et la majorité ? On a l'impression qu'on met un petit peu la charrue devant les bufs ?
R - C'est difficile de mener des changements, au moment où la croissance n'est pas au rendez-vous. C'est beaucoup plus difficile de faire admettre qu'il faut s'adapter au monde qui bouge, alors qu'on ne peut pas offrir un taux de croissance, comme je l'indiquais, qui permette de digérer ces changements aussi facilement. Il faut le faire parce que chacun, chaque pays, chaque Etat - vous avez parlé du chancelier Schröder, on pourrait parler de l'Autriche, on pourrait même parler des pays qui vont nous rejoindre, la Hongrie, la Pologne - tous ces pays ont fait ces réformes, ont mené ces évolutions...
Q - Et nous, pas encore ?
R - Et nous sommes en train de le faire, avec une grande détermination, que chacun a pu constater. Le projet de loi sur les retraites a été adopté par le Parlement et le gouvernement, le Premier ministre, a marqué une détermination totale, parce que c'est de l'intérêt collectif. C'est de l'intérêt de la France et des Français de changer maintenant, parce que demain ce sera trop tard...
Q - Est-ce que vous avez le sentiment qu'il peut y avoir, sur l'un des points les plus cruciaux des nouvelles institutions européennes, un blocage ? Un blocage par exemple sur le vote à la majorité qualifiée ? Peut-être que les auditeurs ne sont pas toujours tous familiers de ces questions, mais les règles du jeu vont changer, et parfois être bouleversées... Est-ce que vous avez le sentiment que l'opinion publique est consciente de cela ? Par exemple les électeurs français sont-ils conscients que les prochaines élections européennes vont, elles également, changer de nature ?
R - Sans doute pas suffisamment, puisque de manière générale, les Français semblent, d'après les sondages, insuffisamment informés des évolutions européennes...
Q - La faute à qui ?
R - La faute à tout le monde, la faute à nous gouvernants, certainement...
Q - Et à nous journalistes aussi ?
R - Peut-être, parce qu'il faut faire davantage le lien entre le quotidien et l'Europe. Quand on parle de santé, quand on parle même de lutte contre les incendies - puisque la sécurité civile va faire l'objet d'une coopération beaucoup plus grande au niveau européen -, il faut rattacher cela aux moyens que nous offre ou que devrait nous offrir l'Europe. Il faut que ces débats soient liés non seulement aux problèmes locaux, mais aux problèmes européens. Et c'est un peu cela la démarche que je voudrais conduire à la rentrée.
Sur les élections, pour la première fois, ces élections vont être maintenant régionales, au lieu d'être organisées sur la base de listes nationales, donc assez lointaines de l'électeur...
Q - Et cela veut dire quoi pour l'électeur ?
R - Cela veut dire qu'il y aura une compétition électorale qui sera territorialisée, avec des élus qui auront à présenter un programme et ensuite, une fois élus, à rendre compte à leurs électeurs au plan régional. C'est-à-dire qu'il y aura un lien beaucoup plus direct entre l'électeur et le parlementaire européen qui a un rôle - je voudrais le souligner ici - absolument majeur pour défendre les intérêts de la France dans les prises de décisions européennes
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e août 2003)