Texte intégral
Madame, Monsieur, Cher-es ami-es, Cher-es Camarade
Je veux tout d'abord remercier mon ami Francis Giffard, Maire de Dives Sur Mer, ainsi que la population pour son accueil. Je reviens à chaque fois avec plaisir dans cette ville ouvrière. Vous qui êtes là aujourd'hui pour une journée à la mer, vous verrez cette ville solidaire et fraternelle.
Je veux avant toute chose évoquer les victimes de la canicule. D'abord dire ma peine partagée aux familles. Je comprends leur sentiment d'injustice. Je veux dire ma honte qu'une grande nation comme la France soit incapable, malgré l'engagement exceptionnel des personnels soignants et sociaux, d'affronter une vague de chaleur et de protéger les plus faibles.
Je n'accepte pas la tentative du gouvernement de rejeter sans autre forme de procès la responsabilité de cette catastrophe sanitaire sur l'administration. Cette attitude n'est pas digne de la responsabilité gouvernementale telle que je la conçois.
Enfin, je pense qu'au lieu de poser devant les caméras dans une maison de retraite, un verre d'eau à la main, le Chef du gouvernement devrait sérieusement se poser la question des conséquences de sa politique de santé, de l'état de l'hôpital et de la médecine de proximité. C'est pour cela qu'avec le groupe des députés communistes, je demande une commission d'enquête parlementaire non seulement sur les dysfonctionnements dans la gestion de la crise mais sur l'ensemble des politiques retenues en matière de santé. La politique sanitaire est de la responsabilité de l'Etat.
Mais pour la droite la santé coûte trop cher, les personnes âgées dépensent trop en médicaments. Le gouvernement, dès la rentrée, veut remettre en cause le remboursement par la sécurité sociale de nombreux soins. D'un côté le Premier ministre fait de grandes déclarations sur la solitude des personnes âgées et de l'autre il baisse le minimum garanti pour la prestation dépendance, l'APA. Il sabre les retraites et les services publics et on apprend le gel de 100 millions d'euros de crédits pour les maisons de retraites.
C'est un gouvernement dangereux, croulant de bons sentiments à la télé mais qui passe son temps à prendre des mesures contre les gens modestes et à alléger l'impôt des riches.
Depuis de nombreux mois les urgentistes, les personnels de santé alertaient sur la gravité de la situation. J'avais moi-même au printemps relayé leurs inquiétudes lors d'une Conférence de presse le 19 mai 2003 sur la situation des urgences en Ile-de-France.
Le gouvernement n'a rien écouté.
En matière de santé publique, l'addition des politiques libérales successives se paye aujourd'hui en vies humaines. L'hôpital a besoin d'un plan d'urgence. La santé a besoin d'infirmières, de médecins, il faut rouvrir les hôpitaux de proximité, renforcer le maillage sanitaire. Pour les personnes âgées dépendantes, isolées, je propose la création d'un service public garantissant des conditions de vie dignes au troisième et au quatrième âge. Une vie digne et humaine, car enfin, combien d'hommes et de femmes dans ce pays sont contraints à une vie ébréchée faute de moyens.
Je le dis chaque année et je persiste : des initiatives comme celle d'aujourd'hui donne à voir de la réalité de toutes celles et ceux qui ne sont pas partis en vacance. Je pense à nos jeunes qui ont passé l'été dans le quartier, en bas des immeubles. Je pense aux familles qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants en centres de vacances.
Je le dirais chaque année parce que je pense que l'on oublie trop dans ce pays les petits salaires. Un tiers de la population vit avec seulement 920 euros par mois.
Pour Jean-Pierre Raffarin, c'est vous les nantis. Vous qui gagnez 6000 francs par mois, ou bien moins. Vous touchez un petit salaire, une allocation, et vous tenez à la retraite à 60 ans, à la sécurité sociale, à la sécurité de l'emploi, à l'école gratuite, quel scandale !
Ceux qui gagnent un peu, gagnent encore trop pour la droite et les patrons. C'est simple, pour ces messieurs, vous avez encore trop de droits, trop d'acquis.
C'est l'époque du mépris pour ceux et celles qui vivent de leur travail. C'est comme si vous n'existiez pas, comme si les droits d'une partie de la population n'avait pas d'importance. Et bien nous allons faire entendre cette voix-là, la voix des salariés, des chômeurs.
Nous en prenons l'engagement, rendez-vous pour agir aux portes des entreprises et des ANPE, dans vos quartiers. Nous allons avec vous y parler emploi, salaire, conditions de travail. Nous allons y parler de cette société qui frappe toujours les mêmes, dans ce monde où les droits humains sont sacrifiés sur l'autel de la finance.
2003, ce sont des dizaines de milliers de licenciements - le plus souvent d'une grande brutalité - votre ville est frappée avec les 57 licenciements chez Hownet, après les 30 chez Eurocel - tandis que les prélèvements financiers pour les dividendes augmentent de 9,7 % dans les entreprises françaises. Des hommes et des femmes de plus de 50 ans, 1.147.000 exactement cherchent du travail depuis plus d'un an.
Parler de la sécurité, de l'emploi, de la formation devient presque un gros mot. Le politiquement correct, c'est d'affirmer que le chômage, la précarité sont les passages obligés de la modernité.
2003, c'est aussi une nouvelle baisse du pouvoir d'achat. Cela fait vingt ans que les salaires ne profitent plus des fruits de la croissance. Un million et demi de ménages vit au-dessous du seuil de pauvreté.
Alors exiger l'augmentation des salaires, c'est ringard comme disaient les patrons qui se les accordaient eux même, ou, c'est juste et efficace ? oui, vous le savez, c'est juste humainement, efficace pour l'économie en faisant repartir la croissance sur des bases saines.
Car enfin, faites l'addition, entre le MEDEF qui attaque le travail et les salaires, la droite qui vous frappe de plein fouet et une gauche qui vous a quelque part oublié, vous avez, les salarié-es ont beaucoup perdu.
D'autres ont beaucoup gagné : les grandes fortunes, le marché financier. On augmente les actionnaires, on baisse les salaires, les riches sont de plus en plus riches. Il faudrait trouver cela normal, dire merci ? L'exploitation est une réalité. La domination économique d'une infime minorité sur des milliards d'individus est une injustice quotidienne.
Alors voyez-vous, n'attendez pas de moi, ni des communistes, qu'on se la joue "politiquement correct". J'ai entendu à la radio qu'on me traitait d'archéo parce que je refusais la casse des retraites alors que les communistes sont les seuls à avoir proposé à l'Assemblée nationale un projet de loi alternatif à celui de la droite. Mais oui, c'est vrai, pour moi, la modernité ce n'est pas travailler jusqu'à 70 ans, accepter la pauvreté et licencier, alors non je ne suis pas dans le "camp de leur réforme" qui nous met cinquante ans en arrière, je suis avec vous dans le camp du progrès social.
On nous susurre de renoncer, d'accepter la domination de l'argent personnellement, en pensant aux salariés de Moulinex, je n'ai pas l'intention de baisser les bras. Ma conception de la politique, ce n'est pas d'être le pantin des marchés financiers. La modernité, ce n'est pas sacrifier les acquis sociaux obtenus dans la lutte, ce n'est pas casser les entreprises publiques comme EDF-GDF, c'est se défendre, conquérir des libertés, de nouveaux droits, changer l'Europe et ce monde.
Jean-Pierre Raffarin et son gouvernement ne sont pas des hommes modernes. Ils appliquent la plus vieille, la plus rétrograde politique du monde : obéir aux puissants, écraser les faibles, donner tout pouvoir au patronat et au marché financier, au capitalisme. Ce sont des réactionnaires.
Face à cela, vous n'avez pas besoin d'une gauche libérale, mais d'une gauche engagée, porteuse de solutions alternatives et donc anti-capitaliste, d'un parti communiste qui se bat avec vous, qui, avec vous, construit une autre société, une autre Europe, un autre monde.
La révolte, l'esprit de justice sociale, de liberté, d'égalité, soufflait au printemps dans les manifs. Il a soufflé tout cet été avec les intermittents et ailleurs dans de nombreuses initiatives, à l'Assemblée nationale et au Sénat avec la bataille des parlementaires communistes pour les retraites, il souffle aujourd'hui à Dives. Au Larzac, des centaines de milliers de personnes, militant-es ou pas, de tout horizon, se sont rassemblés, pleins de fraternité, d'utopie et de bonne volonté.
Eh bien moi je crois que la gauche, c'est-à-dire une certaine idée de la place des droits de l'être humain dans cette société, la gauche se construit partout où il y a de l'espoir et du désir de mettre en commun.
2003, c'est cela aussi, il y a beaucoup d'espoir dans tous ces rassemblements. Il y en aura encore plein les coeurs et les débats à la fête de l'Humanité.
Alors, bien sûr, les tenants de l'ordre établi veulent nous opposer les un-es aux autres. La "gauche ceci contre la gauche cela" Les politiques contre le mouvement social et vice versa.
A lire certains articles, la gauche serait tétanisée par le mouvement altermondialiste.
J'étais, comme beaucoup d'entre vous, dans les manifs pour la paix, avec les ouvriers de Métaleurop, pour les retraites, contre la décentralisation, avec les urgentistes, avec les sans-papiers, à Porto Alegre, à Florence, au Larzac, à Annemasse.
J'ai participé à des dizaines de Forums organisés par les communistes où des hommes et des femmes de sensibilités différentes, socialistes, communistes, écologistes, d'extrême gauche débattent, confrontent leur point de vue pour battre la droite et pour construire une perspective, et à chaque fois, de chaque rassemblement, de chaque initiative, j'en ressorts avec beaucoup de volonté d'en découdre avec tous les fauteurs des souffrances, des gâchis provoqués par la politique libérale et le système capitaliste.
N'en déplaise à certains, les communistes en étant de tous ces mouvements ne courent après personne, ne flattent personne, ils sont tout simplement de ceux et celles, avec ceux et celles qui veulent changer leur vie, la vie, ils sont tout simplement communistes.
Traîne encore trop souvent dans les têtes, une conception figée, archaïque de la politique, où chacun est éternellement rangé dans une case, où les intérêts partisans prennent le dessus sur les intérêts du peuple de gauche, sur le tous ensemble. Toutes celles et ceux qui se bougent pour que le quotidien et le monde changent, sont des acteurs-trices politiques. Les partis politiques n'ont pas le monopole de l'action politique. Et le mouvement social non plus. Je ne souhaite pas la division, je veux le rassemblement des énergies anti-libérales.
" Tous ensemble " nous pouvons faire beaucoup. Ensemble, solidaires, toute la multitude qui refuse le libéralisme peut demain construire un présent et un monde différent.
Un monde différent car chacun-ne s'en sent comptable lorsque l'organisation des Nations unies est frappée au coeur, lorsque la violence prend le pas sur la volonté démocratique et de paix.
Et il faut rêver tout haut, construire chaque jour les résistances, les acquis pour changer nos vies. Depuis vingt ans, on affadit sans cesse le message de la gauche. Comme vous, je n'ai pas envie d'agir pour l'alternance, pour changer des têtes. C'est la vie, la politique qu'il faut changer, c'est le quotidien et le monde. Et on n'ouvrira pas de perspectives alternatives à la situation actuelle sans que vous en soyez partie prenante.
J'aimerais conclure en disant quelques mots du Parti communiste. Vous savez, c'est un parti qui a certes des défauts mais je crois aussi quelques qualités. Le parti communiste, c'est d'abord un parti de militant-es, c'est à dire de citoyen-nes engagé-es librement au service du bien commun.
C'est un parti avec une multitude de personnes très différentes de toutes générations : des ouvriers, des profs, des salarié-es, des chômeurs.
Le Parti communiste, c'est aussi un parti qui porte un projet de civilisation. Les retraites, les salaires, la santé, la culture, la citoyenneté, la démocratie, la liberté, l'internationalisme, en mettant bout à bout les propositions communistes, dans cette palette de prises de positions, il y a le projet d'une société de liberté, où les hommes et les femmes maîtrisent leur destin commun, où les citoyen-nes décident que les lois, le système économique, le travail ont un seul but : le progrès matériel, culturel, éthique de l'humanité.
C'est le sens de notre engagement, c'est aussi votre aspiration, alors faisons le chemin ensemble pour ouvrir une nouvelle espérance.
Chers amis, chers camarades,
Si nous poursuivons ensemble le chemin du débat, de l'action, les tenants du système, ces messieurs de la droite et du MEDEF vont avoir des mois à venir agités, mais je vous propose de leur laisser quelques heures de répit en allant tous ensemble profiter des plages de Dives.
(source http://www.pcf.fr, le 22 août 2003)
Je veux tout d'abord remercier mon ami Francis Giffard, Maire de Dives Sur Mer, ainsi que la population pour son accueil. Je reviens à chaque fois avec plaisir dans cette ville ouvrière. Vous qui êtes là aujourd'hui pour une journée à la mer, vous verrez cette ville solidaire et fraternelle.
Je veux avant toute chose évoquer les victimes de la canicule. D'abord dire ma peine partagée aux familles. Je comprends leur sentiment d'injustice. Je veux dire ma honte qu'une grande nation comme la France soit incapable, malgré l'engagement exceptionnel des personnels soignants et sociaux, d'affronter une vague de chaleur et de protéger les plus faibles.
Je n'accepte pas la tentative du gouvernement de rejeter sans autre forme de procès la responsabilité de cette catastrophe sanitaire sur l'administration. Cette attitude n'est pas digne de la responsabilité gouvernementale telle que je la conçois.
Enfin, je pense qu'au lieu de poser devant les caméras dans une maison de retraite, un verre d'eau à la main, le Chef du gouvernement devrait sérieusement se poser la question des conséquences de sa politique de santé, de l'état de l'hôpital et de la médecine de proximité. C'est pour cela qu'avec le groupe des députés communistes, je demande une commission d'enquête parlementaire non seulement sur les dysfonctionnements dans la gestion de la crise mais sur l'ensemble des politiques retenues en matière de santé. La politique sanitaire est de la responsabilité de l'Etat.
Mais pour la droite la santé coûte trop cher, les personnes âgées dépensent trop en médicaments. Le gouvernement, dès la rentrée, veut remettre en cause le remboursement par la sécurité sociale de nombreux soins. D'un côté le Premier ministre fait de grandes déclarations sur la solitude des personnes âgées et de l'autre il baisse le minimum garanti pour la prestation dépendance, l'APA. Il sabre les retraites et les services publics et on apprend le gel de 100 millions d'euros de crédits pour les maisons de retraites.
C'est un gouvernement dangereux, croulant de bons sentiments à la télé mais qui passe son temps à prendre des mesures contre les gens modestes et à alléger l'impôt des riches.
Depuis de nombreux mois les urgentistes, les personnels de santé alertaient sur la gravité de la situation. J'avais moi-même au printemps relayé leurs inquiétudes lors d'une Conférence de presse le 19 mai 2003 sur la situation des urgences en Ile-de-France.
Le gouvernement n'a rien écouté.
En matière de santé publique, l'addition des politiques libérales successives se paye aujourd'hui en vies humaines. L'hôpital a besoin d'un plan d'urgence. La santé a besoin d'infirmières, de médecins, il faut rouvrir les hôpitaux de proximité, renforcer le maillage sanitaire. Pour les personnes âgées dépendantes, isolées, je propose la création d'un service public garantissant des conditions de vie dignes au troisième et au quatrième âge. Une vie digne et humaine, car enfin, combien d'hommes et de femmes dans ce pays sont contraints à une vie ébréchée faute de moyens.
Je le dis chaque année et je persiste : des initiatives comme celle d'aujourd'hui donne à voir de la réalité de toutes celles et ceux qui ne sont pas partis en vacance. Je pense à nos jeunes qui ont passé l'été dans le quartier, en bas des immeubles. Je pense aux familles qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants en centres de vacances.
Je le dirais chaque année parce que je pense que l'on oublie trop dans ce pays les petits salaires. Un tiers de la population vit avec seulement 920 euros par mois.
Pour Jean-Pierre Raffarin, c'est vous les nantis. Vous qui gagnez 6000 francs par mois, ou bien moins. Vous touchez un petit salaire, une allocation, et vous tenez à la retraite à 60 ans, à la sécurité sociale, à la sécurité de l'emploi, à l'école gratuite, quel scandale !
Ceux qui gagnent un peu, gagnent encore trop pour la droite et les patrons. C'est simple, pour ces messieurs, vous avez encore trop de droits, trop d'acquis.
C'est l'époque du mépris pour ceux et celles qui vivent de leur travail. C'est comme si vous n'existiez pas, comme si les droits d'une partie de la population n'avait pas d'importance. Et bien nous allons faire entendre cette voix-là, la voix des salariés, des chômeurs.
Nous en prenons l'engagement, rendez-vous pour agir aux portes des entreprises et des ANPE, dans vos quartiers. Nous allons avec vous y parler emploi, salaire, conditions de travail. Nous allons y parler de cette société qui frappe toujours les mêmes, dans ce monde où les droits humains sont sacrifiés sur l'autel de la finance.
2003, ce sont des dizaines de milliers de licenciements - le plus souvent d'une grande brutalité - votre ville est frappée avec les 57 licenciements chez Hownet, après les 30 chez Eurocel - tandis que les prélèvements financiers pour les dividendes augmentent de 9,7 % dans les entreprises françaises. Des hommes et des femmes de plus de 50 ans, 1.147.000 exactement cherchent du travail depuis plus d'un an.
Parler de la sécurité, de l'emploi, de la formation devient presque un gros mot. Le politiquement correct, c'est d'affirmer que le chômage, la précarité sont les passages obligés de la modernité.
2003, c'est aussi une nouvelle baisse du pouvoir d'achat. Cela fait vingt ans que les salaires ne profitent plus des fruits de la croissance. Un million et demi de ménages vit au-dessous du seuil de pauvreté.
Alors exiger l'augmentation des salaires, c'est ringard comme disaient les patrons qui se les accordaient eux même, ou, c'est juste et efficace ? oui, vous le savez, c'est juste humainement, efficace pour l'économie en faisant repartir la croissance sur des bases saines.
Car enfin, faites l'addition, entre le MEDEF qui attaque le travail et les salaires, la droite qui vous frappe de plein fouet et une gauche qui vous a quelque part oublié, vous avez, les salarié-es ont beaucoup perdu.
D'autres ont beaucoup gagné : les grandes fortunes, le marché financier. On augmente les actionnaires, on baisse les salaires, les riches sont de plus en plus riches. Il faudrait trouver cela normal, dire merci ? L'exploitation est une réalité. La domination économique d'une infime minorité sur des milliards d'individus est une injustice quotidienne.
Alors voyez-vous, n'attendez pas de moi, ni des communistes, qu'on se la joue "politiquement correct". J'ai entendu à la radio qu'on me traitait d'archéo parce que je refusais la casse des retraites alors que les communistes sont les seuls à avoir proposé à l'Assemblée nationale un projet de loi alternatif à celui de la droite. Mais oui, c'est vrai, pour moi, la modernité ce n'est pas travailler jusqu'à 70 ans, accepter la pauvreté et licencier, alors non je ne suis pas dans le "camp de leur réforme" qui nous met cinquante ans en arrière, je suis avec vous dans le camp du progrès social.
On nous susurre de renoncer, d'accepter la domination de l'argent personnellement, en pensant aux salariés de Moulinex, je n'ai pas l'intention de baisser les bras. Ma conception de la politique, ce n'est pas d'être le pantin des marchés financiers. La modernité, ce n'est pas sacrifier les acquis sociaux obtenus dans la lutte, ce n'est pas casser les entreprises publiques comme EDF-GDF, c'est se défendre, conquérir des libertés, de nouveaux droits, changer l'Europe et ce monde.
Jean-Pierre Raffarin et son gouvernement ne sont pas des hommes modernes. Ils appliquent la plus vieille, la plus rétrograde politique du monde : obéir aux puissants, écraser les faibles, donner tout pouvoir au patronat et au marché financier, au capitalisme. Ce sont des réactionnaires.
Face à cela, vous n'avez pas besoin d'une gauche libérale, mais d'une gauche engagée, porteuse de solutions alternatives et donc anti-capitaliste, d'un parti communiste qui se bat avec vous, qui, avec vous, construit une autre société, une autre Europe, un autre monde.
La révolte, l'esprit de justice sociale, de liberté, d'égalité, soufflait au printemps dans les manifs. Il a soufflé tout cet été avec les intermittents et ailleurs dans de nombreuses initiatives, à l'Assemblée nationale et au Sénat avec la bataille des parlementaires communistes pour les retraites, il souffle aujourd'hui à Dives. Au Larzac, des centaines de milliers de personnes, militant-es ou pas, de tout horizon, se sont rassemblés, pleins de fraternité, d'utopie et de bonne volonté.
Eh bien moi je crois que la gauche, c'est-à-dire une certaine idée de la place des droits de l'être humain dans cette société, la gauche se construit partout où il y a de l'espoir et du désir de mettre en commun.
2003, c'est cela aussi, il y a beaucoup d'espoir dans tous ces rassemblements. Il y en aura encore plein les coeurs et les débats à la fête de l'Humanité.
Alors, bien sûr, les tenants de l'ordre établi veulent nous opposer les un-es aux autres. La "gauche ceci contre la gauche cela" Les politiques contre le mouvement social et vice versa.
A lire certains articles, la gauche serait tétanisée par le mouvement altermondialiste.
J'étais, comme beaucoup d'entre vous, dans les manifs pour la paix, avec les ouvriers de Métaleurop, pour les retraites, contre la décentralisation, avec les urgentistes, avec les sans-papiers, à Porto Alegre, à Florence, au Larzac, à Annemasse.
J'ai participé à des dizaines de Forums organisés par les communistes où des hommes et des femmes de sensibilités différentes, socialistes, communistes, écologistes, d'extrême gauche débattent, confrontent leur point de vue pour battre la droite et pour construire une perspective, et à chaque fois, de chaque rassemblement, de chaque initiative, j'en ressorts avec beaucoup de volonté d'en découdre avec tous les fauteurs des souffrances, des gâchis provoqués par la politique libérale et le système capitaliste.
N'en déplaise à certains, les communistes en étant de tous ces mouvements ne courent après personne, ne flattent personne, ils sont tout simplement de ceux et celles, avec ceux et celles qui veulent changer leur vie, la vie, ils sont tout simplement communistes.
Traîne encore trop souvent dans les têtes, une conception figée, archaïque de la politique, où chacun est éternellement rangé dans une case, où les intérêts partisans prennent le dessus sur les intérêts du peuple de gauche, sur le tous ensemble. Toutes celles et ceux qui se bougent pour que le quotidien et le monde changent, sont des acteurs-trices politiques. Les partis politiques n'ont pas le monopole de l'action politique. Et le mouvement social non plus. Je ne souhaite pas la division, je veux le rassemblement des énergies anti-libérales.
" Tous ensemble " nous pouvons faire beaucoup. Ensemble, solidaires, toute la multitude qui refuse le libéralisme peut demain construire un présent et un monde différent.
Un monde différent car chacun-ne s'en sent comptable lorsque l'organisation des Nations unies est frappée au coeur, lorsque la violence prend le pas sur la volonté démocratique et de paix.
Et il faut rêver tout haut, construire chaque jour les résistances, les acquis pour changer nos vies. Depuis vingt ans, on affadit sans cesse le message de la gauche. Comme vous, je n'ai pas envie d'agir pour l'alternance, pour changer des têtes. C'est la vie, la politique qu'il faut changer, c'est le quotidien et le monde. Et on n'ouvrira pas de perspectives alternatives à la situation actuelle sans que vous en soyez partie prenante.
J'aimerais conclure en disant quelques mots du Parti communiste. Vous savez, c'est un parti qui a certes des défauts mais je crois aussi quelques qualités. Le parti communiste, c'est d'abord un parti de militant-es, c'est à dire de citoyen-nes engagé-es librement au service du bien commun.
C'est un parti avec une multitude de personnes très différentes de toutes générations : des ouvriers, des profs, des salarié-es, des chômeurs.
Le Parti communiste, c'est aussi un parti qui porte un projet de civilisation. Les retraites, les salaires, la santé, la culture, la citoyenneté, la démocratie, la liberté, l'internationalisme, en mettant bout à bout les propositions communistes, dans cette palette de prises de positions, il y a le projet d'une société de liberté, où les hommes et les femmes maîtrisent leur destin commun, où les citoyen-nes décident que les lois, le système économique, le travail ont un seul but : le progrès matériel, culturel, éthique de l'humanité.
C'est le sens de notre engagement, c'est aussi votre aspiration, alors faisons le chemin ensemble pour ouvrir une nouvelle espérance.
Chers amis, chers camarades,
Si nous poursuivons ensemble le chemin du débat, de l'action, les tenants du système, ces messieurs de la droite et du MEDEF vont avoir des mois à venir agités, mais je vous propose de leur laisser quelques heures de répit en allant tous ensemble profiter des plages de Dives.
(source http://www.pcf.fr, le 22 août 2003)