Texte intégral
Bonjour Philippe Douste-Blazy. Vous n'allez pas couper à la question ce matin : vous êtes essence ou diesel vous ?
Je suis "essence" et puis c'est vrai qu'il y a deux voitures diesel à la mairie.
Ah bon. A la mairie mais pas vous ?
Moi j'ai une toute petite voiture qui est essence oui.
Comment vous expliquez cette décision du gouvernement ? On donne au contribuable 1 milliard 800 millions d'euros, en baissant l'impôt sur le revenu et puis on va tout de suite lui reprendre 800 millions d'euros, s'il a le malheur de rouler au diesel. Comment vous expliquez ça ?
D'abord, je crois qu'on fait une erreur de raisonnement parce que l'idée du gouvernement, c'est de baisser l'impôt qui permet de revaloriser "le travail". Pour donner la possibilité aux Français d'avoir envie. Envie de prendre des initiatives. Envie de prendre des risques. Envie de monter leur entreprise. Parce que dans la mondialisation actuelle, si vous n'augmentez pas la compétitivité de ce pays, alors vous n'avez rien compris !
Alors on dit toujours : on baisse l'impôt sur le revenu pour aider les riches. Attention, ça c'est en effet l'équivalent d'1 milliard 500 millions d'euros. Mais on oublie aussi de dire qu'on augmente la prime pour l'emploi pour 500 millions. Ca c'est les gens qui ne paient d'impôts comme vous le savez, qui sont les plus modérés et puis aussi, on a raugmenté le SMIC pour plus d'1 milliard 500 millions d'euros.
Mais un contribuable d'un diesel, lui, fiscalement, il risque d'avoir une opération blanche.
Non, je fais cette première remarque. Je vais vous répondre. Je fais cette première remarque pour qu'on torde le cou définitivement à ceux qui disent que l'on fait des choses pour les riches, et pas pour les autres.
C'est fait.
Merci. Deuxièmement, vous me dites : on enlève d'un côté, et on prend de l'autre. Alors, encore une fois, la philosophie, c'est de diminuer l'impôt, de dire à ceux qui travaillent : continuez à travailler. Le mérite ça se récompense Monsieur Aphatie. Il ne faut pas avoir peur de le dire.
Vous l'avez déjà dit.
En effet, vous allez avoir le tabac, probablement. Ca c'est la lutte contre le cancer et moi ça ne me dérange pas et deuxièmement, vous avez le gas-oil, et ça c'est deux choses : premièrement, les infrastructures sur le réseau ferré de France, le fer-routage et les autoroutes. Si l'engagement solennel de Jean-Pierre Raffarin est tenu, et je tiens à ce qu'il soit tenu, comme Monsieur Méhaignerie l'a dit, cette partie centre de l'UMP, nous y tenons beaucoup.
Si les 800 millions d'euros qui correspondent à l'augmentation du gas-oil, sont dédiés, exclusivement à l'emploi qui permettra de faire des infrastructures de fer-routage et de TGV, alors c'est exactement ce que me demandait Mme Voynet à l'époque, alors que ses amis socialistes et communistes ne l'ont pas voulu.
Et pourquoi ne pas taxer aussi les 280.000 poids lourds qui, eux aussi, polluent et qui eux aussi, et ce serait même les premiers concernés d'ailleurs, utiliseraient le fer-routage. Pourquoi les mettre en dehors de la mesure ?
Parce que je viens de vous dire que la philosophie est de ne pas toucher à l'emploi et à l'activité. Nous avons une croissance suffisamment molle pour ne pas gêner les PME et les PMI. C'est vrai que le fer-routage Monsieur Aphatie, c'est de mettre des camions sur des trains. Ca ne vous a pas échappé.
C'est exactement ça, oui. Est-ce que vous admettez tout de même qu'il y a un sentiment d'incohérence ou une difficulté à faire comprendre les choix gouvernementaux successifs ? On a entendu dans le journal de 7 h 30, Hervé Mariton, qui est un député UMP de la Drôme, qui disait : c'est une erreur de faire ceci.
Non, si c'est dédié aux infrastructures, ce n'est pas une erreur. Si c'était uniquement pour augmenter le budget de 800 millions d'euros, alors, en effet, ce n'est pas normal. Ce que je veux vous dire c'est qu'à Johannesburg Monsieur Chirac s'est exprimé sur la lutte contre la pollution. On ne peut pas dire qu'il n'y a pas de cohérence. Il dit qu'il faut diminuer la pollution. Il dit que la France et l'Europe doivent être exemplaires. Eh bien là on le montre, ça s'appelle une taxe d'écologie. Quel est le sujet ? Quelle est la différence à la pompe, entre le prix du litre de gas-oil et le prix du 98 ou 95 sans plomb ?
Il va bientôt augmenter.
Aujourd'hui vous savez combien c'est ? Aujourd'hui c'est 30.
Si ça continue comme ça il n'y aura plus. L'objectif c'est de rapprocher les prix.
Il y a dix ans c'était combien ? 25.
D'accord. Jacques Chirac sera tout à l'heure à Auxerre et justement il reviendra sur tous les choix budgétaires du gouvernement et il y a à ce propos une autre bizarrerie : si l'impôt sur le revenu baisse, 1 milliard 800 millions de baisse, on apprend aussi que le gouvernement - pressé par les déficits, pressé par l'Europe - doit trouver pour l'année prochaine 4 milliards d'euros, pour tenter de contenir le déficit de la sécurité sociale. Quelles pistes selon vous faudrait-il suivre pour trouver ces 4 milliards d'euros ? Quelles mesures préconisez-vous ?
Je pense d'abord qu'il faut réformer notre système d'assurance maladie, avec un dialogue social apaisé, dans une démocratie apaisée.
Des mesures concrètes pour l'année prochaine. Par exemple, on parle d'une taxation sur les boites de médicaments. Ca vous parait être une bonne mesure ou pas ?
Pour moi il faut responsabiliser, à la fois les médecins, et responsabiliser à la fois les usagers. Responsabiliser les usagers, très franchement, moi je regarderais surtout ceux qui ne payant pas le médecin, ne payant pas le pharmacien, sont parfois quand même responsables d'abus. Je connais des personnes, et j'ai beaucoup d'amis qui sont médecins généralistes, qui ont fait médecine avec moi, qui me disent qu'à deux heures, trois heures du matin, souvent on les appelle trois fois, quatre fois, cinq fois pour pratiquement rien.
Là il faut faire quand même attention ! A l'inverse, il ne faut pas non plus pénaliser ceux qui sont évidemment les plus malades. Donc je pense qu'il faut regarder avec un système d'informatisation des données, et avec la CNAM, la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, il faut responsabiliser certaines personnes qui aujourd'hui ne le sont pas.
Les gros consommateurs. Et le projet de taxe sur les boîtes de médicaments. Vous avez suivi tous ces dossiers. Vous les connaissez. Le projet de taxe : 50 centimes d'euro, c'est un projet qui circule, bon projet ? Pas bon projet ?
Ca circule. En tout cas, il est évident qu'il faudra augmenter légèrement probablement le forfait hospitalier. Ca c'est possible. Mais le plus important de tout, c'est la responsabilisation des médecins. Moi je plaide depuis toujours pour une régulation médicalisée des dépenses de santé. Ca veut dire quoi ? On sait aujourd'hui par exemple que lorsque vous avez un ulcère à l'estomac, il est totalement anormal de donner deux médicaments, parce que ça ne sert à rien.
Un seul suffit. Eh bien les médecins qui en donnent deux seront punis, eux, individuellement, et pas collectivement. Ca s'appelle "la régulation médicalisée". Ca s'appelle "les bonnes références médicales". C'est bon pour le malade, c'est bon pour le médecin, et puis c'est bon aussi pour le ministre des finances !
Dans ce contexte difficile, on voit que les cotes de popularité de Jacques Chirac, et surtout de Jean-Pierre Raffarin chutent. Le dernier sondage donne 38 % d'opinions favorables pour Jean-Pierre Raffarin. Vous êtes inquiet de ce que l'on pourrait commencer à qualifier d'impopularité pour le Premier ministre ?
Ce qui est important pour un Premier ministre et pour un gouvernement, c'est la crédibilité. Nous avons décidé de réformer notre pays. Nous l'avons commencé sur les retraites. Nous allons le continuer sur l'assurance maladie. Là nous avons fait le choix de la croissance et c'est la raison pour laquelle on préfère augmenter un petit peu les déficits, plutôt que la récession.
Mais ce décrochage par rapport à l'opinion publique du Premier ministre, il vous inquiète ?
Monsieur Aphatie, vous êtes trop fin analyste politique depuis longtemps.
Je ne sais pas, mais ce décrochage vous inquiète ?
Pour ne pas savoir que, vous avez vu certainement beaucoup de décrochages avec ensuite.
On en a vu un par exemple : Alain Juppé en 95 et puis il n'est pas remonté. Alors est-ce que Jean-Pierre Raffarin est sur le même sillage d'après vous ?
Attendez. Alain Juppé n'a pas terminé et vous verrez. Peut-être qu'il remontera.
Oui mais, à l'époque, à l'époque.
Jean-Pierre Raffarin aujourd'hui est assez populaire et deuxièmement Jean-Pierre Raffarin montre aux Français que ce que l'on avait dit pendant la campagne électorale se fait aujourd'hui et ça, c'est certainement le plus important !
(Source http://www.u-m-p.org, le 16 septembre 2003)
Je suis "essence" et puis c'est vrai qu'il y a deux voitures diesel à la mairie.
Ah bon. A la mairie mais pas vous ?
Moi j'ai une toute petite voiture qui est essence oui.
Comment vous expliquez cette décision du gouvernement ? On donne au contribuable 1 milliard 800 millions d'euros, en baissant l'impôt sur le revenu et puis on va tout de suite lui reprendre 800 millions d'euros, s'il a le malheur de rouler au diesel. Comment vous expliquez ça ?
D'abord, je crois qu'on fait une erreur de raisonnement parce que l'idée du gouvernement, c'est de baisser l'impôt qui permet de revaloriser "le travail". Pour donner la possibilité aux Français d'avoir envie. Envie de prendre des initiatives. Envie de prendre des risques. Envie de monter leur entreprise. Parce que dans la mondialisation actuelle, si vous n'augmentez pas la compétitivité de ce pays, alors vous n'avez rien compris !
Alors on dit toujours : on baisse l'impôt sur le revenu pour aider les riches. Attention, ça c'est en effet l'équivalent d'1 milliard 500 millions d'euros. Mais on oublie aussi de dire qu'on augmente la prime pour l'emploi pour 500 millions. Ca c'est les gens qui ne paient d'impôts comme vous le savez, qui sont les plus modérés et puis aussi, on a raugmenté le SMIC pour plus d'1 milliard 500 millions d'euros.
Mais un contribuable d'un diesel, lui, fiscalement, il risque d'avoir une opération blanche.
Non, je fais cette première remarque. Je vais vous répondre. Je fais cette première remarque pour qu'on torde le cou définitivement à ceux qui disent que l'on fait des choses pour les riches, et pas pour les autres.
C'est fait.
Merci. Deuxièmement, vous me dites : on enlève d'un côté, et on prend de l'autre. Alors, encore une fois, la philosophie, c'est de diminuer l'impôt, de dire à ceux qui travaillent : continuez à travailler. Le mérite ça se récompense Monsieur Aphatie. Il ne faut pas avoir peur de le dire.
Vous l'avez déjà dit.
En effet, vous allez avoir le tabac, probablement. Ca c'est la lutte contre le cancer et moi ça ne me dérange pas et deuxièmement, vous avez le gas-oil, et ça c'est deux choses : premièrement, les infrastructures sur le réseau ferré de France, le fer-routage et les autoroutes. Si l'engagement solennel de Jean-Pierre Raffarin est tenu, et je tiens à ce qu'il soit tenu, comme Monsieur Méhaignerie l'a dit, cette partie centre de l'UMP, nous y tenons beaucoup.
Si les 800 millions d'euros qui correspondent à l'augmentation du gas-oil, sont dédiés, exclusivement à l'emploi qui permettra de faire des infrastructures de fer-routage et de TGV, alors c'est exactement ce que me demandait Mme Voynet à l'époque, alors que ses amis socialistes et communistes ne l'ont pas voulu.
Et pourquoi ne pas taxer aussi les 280.000 poids lourds qui, eux aussi, polluent et qui eux aussi, et ce serait même les premiers concernés d'ailleurs, utiliseraient le fer-routage. Pourquoi les mettre en dehors de la mesure ?
Parce que je viens de vous dire que la philosophie est de ne pas toucher à l'emploi et à l'activité. Nous avons une croissance suffisamment molle pour ne pas gêner les PME et les PMI. C'est vrai que le fer-routage Monsieur Aphatie, c'est de mettre des camions sur des trains. Ca ne vous a pas échappé.
C'est exactement ça, oui. Est-ce que vous admettez tout de même qu'il y a un sentiment d'incohérence ou une difficulté à faire comprendre les choix gouvernementaux successifs ? On a entendu dans le journal de 7 h 30, Hervé Mariton, qui est un député UMP de la Drôme, qui disait : c'est une erreur de faire ceci.
Non, si c'est dédié aux infrastructures, ce n'est pas une erreur. Si c'était uniquement pour augmenter le budget de 800 millions d'euros, alors, en effet, ce n'est pas normal. Ce que je veux vous dire c'est qu'à Johannesburg Monsieur Chirac s'est exprimé sur la lutte contre la pollution. On ne peut pas dire qu'il n'y a pas de cohérence. Il dit qu'il faut diminuer la pollution. Il dit que la France et l'Europe doivent être exemplaires. Eh bien là on le montre, ça s'appelle une taxe d'écologie. Quel est le sujet ? Quelle est la différence à la pompe, entre le prix du litre de gas-oil et le prix du 98 ou 95 sans plomb ?
Il va bientôt augmenter.
Aujourd'hui vous savez combien c'est ? Aujourd'hui c'est 30.
Si ça continue comme ça il n'y aura plus. L'objectif c'est de rapprocher les prix.
Il y a dix ans c'était combien ? 25.
D'accord. Jacques Chirac sera tout à l'heure à Auxerre et justement il reviendra sur tous les choix budgétaires du gouvernement et il y a à ce propos une autre bizarrerie : si l'impôt sur le revenu baisse, 1 milliard 800 millions de baisse, on apprend aussi que le gouvernement - pressé par les déficits, pressé par l'Europe - doit trouver pour l'année prochaine 4 milliards d'euros, pour tenter de contenir le déficit de la sécurité sociale. Quelles pistes selon vous faudrait-il suivre pour trouver ces 4 milliards d'euros ? Quelles mesures préconisez-vous ?
Je pense d'abord qu'il faut réformer notre système d'assurance maladie, avec un dialogue social apaisé, dans une démocratie apaisée.
Des mesures concrètes pour l'année prochaine. Par exemple, on parle d'une taxation sur les boites de médicaments. Ca vous parait être une bonne mesure ou pas ?
Pour moi il faut responsabiliser, à la fois les médecins, et responsabiliser à la fois les usagers. Responsabiliser les usagers, très franchement, moi je regarderais surtout ceux qui ne payant pas le médecin, ne payant pas le pharmacien, sont parfois quand même responsables d'abus. Je connais des personnes, et j'ai beaucoup d'amis qui sont médecins généralistes, qui ont fait médecine avec moi, qui me disent qu'à deux heures, trois heures du matin, souvent on les appelle trois fois, quatre fois, cinq fois pour pratiquement rien.
Là il faut faire quand même attention ! A l'inverse, il ne faut pas non plus pénaliser ceux qui sont évidemment les plus malades. Donc je pense qu'il faut regarder avec un système d'informatisation des données, et avec la CNAM, la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, il faut responsabiliser certaines personnes qui aujourd'hui ne le sont pas.
Les gros consommateurs. Et le projet de taxe sur les boîtes de médicaments. Vous avez suivi tous ces dossiers. Vous les connaissez. Le projet de taxe : 50 centimes d'euro, c'est un projet qui circule, bon projet ? Pas bon projet ?
Ca circule. En tout cas, il est évident qu'il faudra augmenter légèrement probablement le forfait hospitalier. Ca c'est possible. Mais le plus important de tout, c'est la responsabilisation des médecins. Moi je plaide depuis toujours pour une régulation médicalisée des dépenses de santé. Ca veut dire quoi ? On sait aujourd'hui par exemple que lorsque vous avez un ulcère à l'estomac, il est totalement anormal de donner deux médicaments, parce que ça ne sert à rien.
Un seul suffit. Eh bien les médecins qui en donnent deux seront punis, eux, individuellement, et pas collectivement. Ca s'appelle "la régulation médicalisée". Ca s'appelle "les bonnes références médicales". C'est bon pour le malade, c'est bon pour le médecin, et puis c'est bon aussi pour le ministre des finances !
Dans ce contexte difficile, on voit que les cotes de popularité de Jacques Chirac, et surtout de Jean-Pierre Raffarin chutent. Le dernier sondage donne 38 % d'opinions favorables pour Jean-Pierre Raffarin. Vous êtes inquiet de ce que l'on pourrait commencer à qualifier d'impopularité pour le Premier ministre ?
Ce qui est important pour un Premier ministre et pour un gouvernement, c'est la crédibilité. Nous avons décidé de réformer notre pays. Nous l'avons commencé sur les retraites. Nous allons le continuer sur l'assurance maladie. Là nous avons fait le choix de la croissance et c'est la raison pour laquelle on préfère augmenter un petit peu les déficits, plutôt que la récession.
Mais ce décrochage par rapport à l'opinion publique du Premier ministre, il vous inquiète ?
Monsieur Aphatie, vous êtes trop fin analyste politique depuis longtemps.
Je ne sais pas, mais ce décrochage vous inquiète ?
Pour ne pas savoir que, vous avez vu certainement beaucoup de décrochages avec ensuite.
On en a vu un par exemple : Alain Juppé en 95 et puis il n'est pas remonté. Alors est-ce que Jean-Pierre Raffarin est sur le même sillage d'après vous ?
Attendez. Alain Juppé n'a pas terminé et vous verrez. Peut-être qu'il remontera.
Oui mais, à l'époque, à l'époque.
Jean-Pierre Raffarin aujourd'hui est assez populaire et deuxièmement Jean-Pierre Raffarin montre aux Français que ce que l'on avait dit pendant la campagne électorale se fait aujourd'hui et ça, c'est certainement le plus important !
(Source http://www.u-m-p.org, le 16 septembre 2003)