Texte intégral
Les nouveaux habits de l'aide au développement
Depuis l'indépendance des pays autrefois colonisés, l'assistance technique française, animée par ce que l'on appelait les "coopérants", constitue l'un des piliers de la coopération française. L'image un peu surannée que certains gardent de cet instrument ne se justifie plus. Tout en gardant sa place centrale dans le dispositif français, il a connu en effet une évolution en profondeur.
Au lendemain des indépendances, la plupart des pays de la "communauté" ont fait appel à l'ancienne métropole pour les aider à mettre en place leurs administrations et faire fonctionner les services publics, en attendant de disposer eux-mêmes des cadres nécessaires. Il leur fallait prendre le temps de former des hommes et des femmes en mesure d'assurer la relève.
Depuis plusieurs années, cette transition est achevée et, à quelques rares exceptions près, ce type de coopération n'a plus lieu d'être. D'où la baisse spectaculaire des effectifs de coopérants français en vingt ans : de 20.000 environ en 1980 à un peu plus de 2.000 actuellement !
Mais d'autres besoins sont apparus : devenus progressivement des partenaires, ces pays, à des degrés divers, sont restés très dépendants de l'aide internationale. Longtemps, cette aide fut principalement destinée à financer des projets de coopération que notre assistance technique se chargeait de mener à bien aux côtés des partenaires nationaux. Dans cette phase, nous sommes donc passés de la substitution à l'assistance technique.
Mais comme toute entreprise vivante, l'aide au développement évolue, se fixe des objectifs précis, des calendriers, "invente" de nouvelles formes d'intervention. Notre assistance technique a elle-même innové : ses missions sont aujourd'hui à là fois mieux ciblées et plus diversifiées ; elles interviennent dans un plus grand nombre de pays et font appel à une multitude de compétences spécialisées. Près des trois quarts des experts oeuvrent aujourd'hui dans les 54 pays de la zone de solidarité prioritaire, mais également dans différents organismes ou institutions dédiés au développement (y compris multilatéraux). Leur tâche a changé mais ils remplissaient toujours une mission essentielle : maintenir une présence française visible et permettre à notre pays de cultiver un lien étroit, avec les pays dont nous avons partagé le destin et avec lesquels nous gardons des intérêts communs. C'est la dimension humaine et historique de cette assistance technique, si importante en Afrique notamment mais dans d'autres régions du monde aussi.
Parfois critiquée par le passé - peut-être même jalousée -, cette présence est aujourd'hui reconnue comme une des forces de notre coopération : par sa connaissance des hommes et du terrain, la France est un interlocuteur apprécié et souvent sollicité. Nous avons le devoir de maintenir et de valoriser cet atout. Aujourd'hui, cependant, l'importance numérique des experts est moins recherchée que leur qualité et leur positionnement. Il s'agit désormais d'utiliser cet outil au mieux en choisissant avec soin, en concertation avec nos interlocuteurs, les profils, les hommes et les lieux, où cette expertise intervient.
La durée des séjours s'adapte selon les besoins : quelques semaines ou quelques mois dans certains cas, plusieurs années dans d'autres. La nature du recrutement s'est elle aussi diversifiée afin de mobiliser, en cas de besoin, une expertise privée sur contrat ou sur marché.
Le métier a donc évolué en profondeur : il n'y a plus de coopérants exerçant à l'étranger des métiers identiques à ceux qu'ils auraient eus en France ; ce sont maintenant des spécialistes en développement social ou urbain, en ingénierie éducative, en économie de la santé, en environnement, en gestion administrative... D'un coopérant sans attache professionnelle en France, on est passé à un fonctionnaire ou à un expert sélectionné et détaché par son employeur d'origine pour un temps limité et une mission spécifique. Par la suite, l'assistant technique conduisant un projet de coopération a laissé la place à l'expert apportant un conseil, une vision stratégique sur la réorganisation d'un domaine (éducation, santé, justice, fonction publique, transports urbains...).
L'aide au développement intervient, quant à elle, selon des règles et des modalités aujourd'hui différentes : elle prend de plus en plus la forme d'une offre d'expertise sur marché et se doit de répondre avec rapidité et souplesse aux sollicitations multiples, venant notamment de l'Union européenne, de la Banque mondiale ou des Nations unies.
Pour répondre à ces défis, nous avons mis en place un nouvel outil. Créé le 1er janvier dernier, le groupe d'intérêt public France Coopération internationale se veut être un véritable point de rencontre entre les administrations françaises, les experts et les organismes demandeurs. Cette nouvelle structure aura également la tâche d'établir des partenariats avec des institutions publiques et des acteurs privés, et se chargera de mettre en place des pôles régionaux d'expertise, comme cela a été fait à Dakar, où, en partenariat avec l'Unesco, une équipe travaille à la réforme des systèmes éducatifs de l'Afrique de l'Ouest.
Parce que la pauvreté n'est pas une fatalité, la France a fait de l'aide au développement l'une de ses grandes priorités. La Coopération française entend ainsi offrir à ses partenaires une aide efficace mobilisant des hommes et des femmes de talent. Telle est la mission de France Coopération internationale dont nous attendons un surcroît d'efficacité et de dynamisme.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 septembre 2003)
Depuis l'indépendance des pays autrefois colonisés, l'assistance technique française, animée par ce que l'on appelait les "coopérants", constitue l'un des piliers de la coopération française. L'image un peu surannée que certains gardent de cet instrument ne se justifie plus. Tout en gardant sa place centrale dans le dispositif français, il a connu en effet une évolution en profondeur.
Au lendemain des indépendances, la plupart des pays de la "communauté" ont fait appel à l'ancienne métropole pour les aider à mettre en place leurs administrations et faire fonctionner les services publics, en attendant de disposer eux-mêmes des cadres nécessaires. Il leur fallait prendre le temps de former des hommes et des femmes en mesure d'assurer la relève.
Depuis plusieurs années, cette transition est achevée et, à quelques rares exceptions près, ce type de coopération n'a plus lieu d'être. D'où la baisse spectaculaire des effectifs de coopérants français en vingt ans : de 20.000 environ en 1980 à un peu plus de 2.000 actuellement !
Mais d'autres besoins sont apparus : devenus progressivement des partenaires, ces pays, à des degrés divers, sont restés très dépendants de l'aide internationale. Longtemps, cette aide fut principalement destinée à financer des projets de coopération que notre assistance technique se chargeait de mener à bien aux côtés des partenaires nationaux. Dans cette phase, nous sommes donc passés de la substitution à l'assistance technique.
Mais comme toute entreprise vivante, l'aide au développement évolue, se fixe des objectifs précis, des calendriers, "invente" de nouvelles formes d'intervention. Notre assistance technique a elle-même innové : ses missions sont aujourd'hui à là fois mieux ciblées et plus diversifiées ; elles interviennent dans un plus grand nombre de pays et font appel à une multitude de compétences spécialisées. Près des trois quarts des experts oeuvrent aujourd'hui dans les 54 pays de la zone de solidarité prioritaire, mais également dans différents organismes ou institutions dédiés au développement (y compris multilatéraux). Leur tâche a changé mais ils remplissaient toujours une mission essentielle : maintenir une présence française visible et permettre à notre pays de cultiver un lien étroit, avec les pays dont nous avons partagé le destin et avec lesquels nous gardons des intérêts communs. C'est la dimension humaine et historique de cette assistance technique, si importante en Afrique notamment mais dans d'autres régions du monde aussi.
Parfois critiquée par le passé - peut-être même jalousée -, cette présence est aujourd'hui reconnue comme une des forces de notre coopération : par sa connaissance des hommes et du terrain, la France est un interlocuteur apprécié et souvent sollicité. Nous avons le devoir de maintenir et de valoriser cet atout. Aujourd'hui, cependant, l'importance numérique des experts est moins recherchée que leur qualité et leur positionnement. Il s'agit désormais d'utiliser cet outil au mieux en choisissant avec soin, en concertation avec nos interlocuteurs, les profils, les hommes et les lieux, où cette expertise intervient.
La durée des séjours s'adapte selon les besoins : quelques semaines ou quelques mois dans certains cas, plusieurs années dans d'autres. La nature du recrutement s'est elle aussi diversifiée afin de mobiliser, en cas de besoin, une expertise privée sur contrat ou sur marché.
Le métier a donc évolué en profondeur : il n'y a plus de coopérants exerçant à l'étranger des métiers identiques à ceux qu'ils auraient eus en France ; ce sont maintenant des spécialistes en développement social ou urbain, en ingénierie éducative, en économie de la santé, en environnement, en gestion administrative... D'un coopérant sans attache professionnelle en France, on est passé à un fonctionnaire ou à un expert sélectionné et détaché par son employeur d'origine pour un temps limité et une mission spécifique. Par la suite, l'assistant technique conduisant un projet de coopération a laissé la place à l'expert apportant un conseil, une vision stratégique sur la réorganisation d'un domaine (éducation, santé, justice, fonction publique, transports urbains...).
L'aide au développement intervient, quant à elle, selon des règles et des modalités aujourd'hui différentes : elle prend de plus en plus la forme d'une offre d'expertise sur marché et se doit de répondre avec rapidité et souplesse aux sollicitations multiples, venant notamment de l'Union européenne, de la Banque mondiale ou des Nations unies.
Pour répondre à ces défis, nous avons mis en place un nouvel outil. Créé le 1er janvier dernier, le groupe d'intérêt public France Coopération internationale se veut être un véritable point de rencontre entre les administrations françaises, les experts et les organismes demandeurs. Cette nouvelle structure aura également la tâche d'établir des partenariats avec des institutions publiques et des acteurs privés, et se chargera de mettre en place des pôles régionaux d'expertise, comme cela a été fait à Dakar, où, en partenariat avec l'Unesco, une équipe travaille à la réforme des systèmes éducatifs de l'Afrique de l'Ouest.
Parce que la pauvreté n'est pas une fatalité, la France a fait de l'aide au développement l'une de ses grandes priorités. La Coopération française entend ainsi offrir à ses partenaires une aide efficace mobilisant des hommes et des femmes de talent. Telle est la mission de France Coopération internationale dont nous attendons un surcroît d'efficacité et de dynamisme.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 septembre 2003)