Texte intégral
H. Lauret.- La deuxième guerre d'Irak a donc débuté à 3 h 35 ce matin, les dés sont jetés. Est-ce qu'on peut d'ores et déjà dire, indépendamment de l'aspect militaire bien entendu, des hostilités, que ce conflit fera date, ne serait-ce que parce que les divisions qu'il a mises au jour entre la France, l'Allemagne, les Etats-Unis, les Européens eux-mêmes, aujourd'hui, sont évidentes ?
- "Vous le soulignez et je regrette, comme vous je crois, que le droit international ne soit pas respecté. Une force ne peut être légitime et légitimée que dans le cadre d'un droit international. Permettez-moi de dire pour commencer que je suis très heureux et très fier d'appartenir à un pays qui s'est imposé sur la scène internationale pour défendre la paix, mais aussi pour rappeler qu'il ne peut pas y avoir d'ordre mondial sans respect du droit international, sans respect de la primauté du droit international, comme le Président de la République vient de le dire. Alors il y a des divisions c'est vrai. Aujourd'hui et demain, à Bruxelles, il y aura un sommet européen, ce sera l'occasion de parler de cela. Vous savez, il y a deux choses qui sont fausses : dire, en gros, que ce n'est pas grave, qu'on peut s'entendre, "ne vous faites pas de souci, on va encore se renforcer"... Ça, ce n'est pas vrai. Il faut parler en famille lorsque les choses ne vont pas et c'est ce que nous ferons aujourd'hui et demain. Et puis le seconde risque, c'est de dire que tout va mal, c'est fini, l'Europe est en miettes, elle disparaîtra... C'est faux. Au contraire, il faut profiter de cela pour poser la vraie question : 2004, c'est le grand rendez-vous de l'Europe, ce n'est pas un rendez-vous économique, un rendez-vous agricole, un rendez-vous institutionnel, c'est un rendez-vous politique ; est-ce que, oui ou non, nous voulons que l'Europe puisse être, comme les Etats-Unis, une force politique, diplomatique, militaire, comparable ?"
Sans moyen de défense, sans moyen diplomatique...
- "Avec des moyens de défense, avec des moyens diplomatiques, c'est celle-là la question de 2004. C'est la question qu'il faut poser non seulement aux chefs d'Etat et de Gouvernement mais aussi au peuple. Parce que si nous faisons des avancées, il faut tirer les leçons de cette plus que division, de cette vision différente du monde aujourd'hui. Il faut tirer les conséquences. Quelles sont ces conséquences ? Là, c'est le manque d'aspect politique de l'Union européenne. A partir de là, il faut monter, créer, non seulement des institutions mais aussi des équipements, des budgets, faire en sorte que cette Europe puisse défendre, puisse parler d'une seule voix, eh bien cela tôt ou tard, on en parlera devant les peuples."
Mais votre enthousiasme n'est pas un peu douché par les circonstances de cette guerre en Irak ?
- "C'est impossible de reculer aujourd'hui. L'Union européenne c'est une marche, une marche en avant qui n'est pas une marche forcée, une marche qui montre qu'aujourd'hui, au moment où le Mercosur - les pays d'Amérique du Sud - se fait, au moment où l'ASEAN se fait, - les pays asiatiques - au moment où l'ALENA se fait - le Mexique, les Etats-Unis et le Canada -, comment voulez- vous que nous ne comprenions pas que le monde devient multipolaire ?"
Mais là vous parlez d'espaces économiques.
- "Justement d'espace économique, mais on voit bien aujourd'hui que la Chine est en train non seulement d'être un espace économique mais de devenir de plus en plus un espace politique. On voit bien aujourd'hui que les Etats-Unis, même au niveau des Nations unies, dépassent les Nations unies pour dicter leurs lois militaires et donc, il est normal de dire que le monde ne peut pas être unipolaire, unilatéral avec une seule puissance. C'est impossible."
Donc, paradoxalement, si je vous comprends bien, les conséquences ou l'une des conséquences de ce conflit, pourraient être un resserrement des liens au sein de l'Europe vieille ou moins vieille?
- "En tout cas oui. C'est à l'occasion d'une crise - c'est comme dans une famille -, que l'on peut tirer les conséquences des difficultés. Alors, soit on peut se séparer - je ne peux pas y croire.."
Et la convention Giscard pourrait mettre tout ça...
- "Oui, la convention de Giscard d'Estaing et puis, je crois aussi une volonté politique à un moment donné de la part des chefs d'Etat et de gouvernement. Mais il y a pire à mon avis : c'est que le fait de voir ce conflit démarrer ce matin montre que tous les aspects de cette guerre n'ont pas été pris en compte."
Alors, en conséquence ?
- "En particulier l'aspect culturel et l'aspect religieux. Je crois que demain nous ne pouvons pas faire l'économie d'une réflexion sur ce qui peut se passer à court terme, où armée contre armée, la plus grande armée du monde et l'une des plus petite, bon très bien. Et puis derrière, il y a autre chose, une zone du monde, une zone du monde qui est en train d'être humiliée. Attention..."
Dans quel cas faut-il faire cette réflexion puisque les institutions internationales, l'ONU manifestement, l'Amérique n'est pas prête d'y revenir ?
- "Oui, c'est une des énormes questions qu'il faut que nous nous posions. D'ailleurs, à l'UMP, nous avons décidé d'envoyer de très nombreux députés dans tous les pays de l'Union européenne - les Quinze -, mais également, bien sûr, chez les 10 nouveaux pour expliquer, pour écouter aussi ce qu'ils proposent et pour parler de la position sur l'Irak, mais aussi de l'avenir de l'ONU, de l'avenir de l'Union européenne. Car, en effet, vous avez raison, l'avenir de l'ONU est en cause."
Venons-en aussi au théâtre franco-français : le contexte de guerre, les dépressions boursières, enfin cette faiblesse économique généralisée, contraint votre majorité à des ajustements douloureux, notamment, le plus critique sans doute, c'est que le chômage reparte. Est-ce que dans ces conditions, le Premier ministre a raison de poursuivre la baisse des impôts ? Est-ce qu'il faut plus de volonté, plus de concret par exemple dans la baisse de la dépense publique ?
- "Il doit y avoir à la fois une augmentation de la consommation et pour augmenter la consommation il faut continuer, je dirais, notre cap."
Elle baisse en ce moment..
- "Bien sûr... Continuer notre cap, c'est-à-dire baisser les charges sociales et baisser un peu l'impôt sur le revenu. Evidemment, nous sommes obligés de changer de rythme, on ne peut pas faire la même chose à 1 % de croissance qu'à 3 % de croissance. Ça, ce sont les dépenses de consommation, il faut donc les garder, car si vous augmentez les impôts et les prélèvements obligatoires, vous entraînez la récession et ça, on ne peut pas le faire. Deuxièmement, vous avez vu aussi que F. Fillon, hier, et J.-P. Raffarin ont décidé de consacrer 300 millions d'euros aux mesures d'urgence de lutte contre le chômage. Ce sont des périodes où il faut le faire. Je regrette que pendant les périodes de croissance, on n'ait pas rééquilibré le budget, mais ça les socialistes n'ont pas voulu le faire."
Oui, mais c'est vous qui êtes aux affaires aujourd'hui.
- "J'explique qu'aujourd'hui nous sommes obligés de le faire ; il y a trois ou quatre ans, on aurait pu s'en passer. Ensuite, je crois que vous avez raison, il faut gager tout cela par des économies, il faut demander à chaque ministre de faire avec le budget de l'année précédente."
C'est crédible dans le contexte actuel ?
- "Evidemment, il est hors de question aujourd'hui d'augmenter le train de vie de l'Etat ! "
Vous êtes aussi président de la commission d'enquête parlementaire chargée d'apprécier la gestion des entreprises publiques. Il y a eu avant hier, je crois, un épisode étonnant à l'Assemblée nationale : l'ancien directeur financier de Michel Bon à France Télécom, a grosso modo expliqué que son groupe avait racheté Orange, MobilCom notamment, dépensé donc des dizaines et des dizaines de milliards d'euros, sans en référer au Conseil d'administration, au mépris de toutes les règles de gouvernance et des lois d'ailleurs, et des minoritaires. Est-ce que c'est encore possible dans l'univers d'aujourd'hui ? Comment est-ce que les élus, l'élu que vous êtes, peut représenter un jour une force de contrôle suffisante ?
- "La Commission d'enquête parlementaire que je préside n'a pas vocation à avoir un a priori idéologique ou politique sur les entreprises publiques. Elle regarde simplement où sont les dysfonctionnements, où ont été les dysfonctionnements, où ont été les responsabilités.."
Là, on le voit bien.
- "Mais nous enquêtons. c'est une commission d'enquête, et d'ailleurs, je l'ai ouvert au public et à la presse, pour que les choses soient vraiment claires, mais également pour en tirer les conséquences pour la nouvelle gouvernance des entreprises publiques, pour que cela ne recommence pas. Alors en effet, on s'aperçoit aujourd'hui que MobilCom et NTL, à l'époque, ont été achetés pour plusieurs milliards d'euros, dizaines de milliards d'euros, sans en référer au Conseil d'administration. Alors, nous allons écouter M. Bon, nous allons aussi écouter différentes personnes responsables au niveau de l'Etat actionnaire."
Est-ce qu'il y aura des sanctions ?
- "La question qui est posée d'abord, c'est de voir comment ça se passe. J'ai fait venir récemment M. Elie Cohen, pour l'auditionner. Comment voulez-vous qu'un Conseil d'administration d'une entreprise publique fonctionne lorsque le premier tiers c'est l'Etat, qui, lui, ne parle pratiquement jamais pendant le Conseil d'administration, de peur d'être totalement " trahi " par le second tiers qui est celui des salariés, qui appartiennent au Conseil d'administration et qui, une seconde après la fin du Conseil d'administration, font une conférence de presse avec leurs syndicats ? Vous le savez, lorsque les entreprises sont cotées, d'abord c'est interdit, et deuxièmement très dangereux.."
C'est du pénal.
- "Oui, ça pourrait être du pénal, mais enfin c'est une pratique aujourd'hui. Donc, on peut comprendre que l'Etat n'ose pas dire au Conseil d'administration tout ce qu'il pense dans la mesure où on sait que la conférence de presse a lieu deux secondes après."
Alors il faut que l'Etat sorte du jeu ?
- "Attendez. Troisièmement, vous avez le troisième tiers : ce sont les personnalités qualifiées, les personnalités qualifiées, ce sont les fournisseurs ou les clients de l'entreprise. Quand on voit cela, on peut se dire, en effet, que cette commission d'enquête pourra conclure sur une nouvelle gouvernance des entreprises publiques. En tout cas vous pouvez me faire confiance pour le faire de manière sérieuse, honnête et pour aller au bout.."
A quel délai ?
- "Je remettrai le rapport vers le 13 juillet."
Et cette fois-ci, on appliquera les éléments de ce énième rapport ?
- "En tout cas, croyez que le député que vous avez devant vous fera tout pour que l'exécutif suive."
(Source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 mars 2003)
- "Vous le soulignez et je regrette, comme vous je crois, que le droit international ne soit pas respecté. Une force ne peut être légitime et légitimée que dans le cadre d'un droit international. Permettez-moi de dire pour commencer que je suis très heureux et très fier d'appartenir à un pays qui s'est imposé sur la scène internationale pour défendre la paix, mais aussi pour rappeler qu'il ne peut pas y avoir d'ordre mondial sans respect du droit international, sans respect de la primauté du droit international, comme le Président de la République vient de le dire. Alors il y a des divisions c'est vrai. Aujourd'hui et demain, à Bruxelles, il y aura un sommet européen, ce sera l'occasion de parler de cela. Vous savez, il y a deux choses qui sont fausses : dire, en gros, que ce n'est pas grave, qu'on peut s'entendre, "ne vous faites pas de souci, on va encore se renforcer"... Ça, ce n'est pas vrai. Il faut parler en famille lorsque les choses ne vont pas et c'est ce que nous ferons aujourd'hui et demain. Et puis le seconde risque, c'est de dire que tout va mal, c'est fini, l'Europe est en miettes, elle disparaîtra... C'est faux. Au contraire, il faut profiter de cela pour poser la vraie question : 2004, c'est le grand rendez-vous de l'Europe, ce n'est pas un rendez-vous économique, un rendez-vous agricole, un rendez-vous institutionnel, c'est un rendez-vous politique ; est-ce que, oui ou non, nous voulons que l'Europe puisse être, comme les Etats-Unis, une force politique, diplomatique, militaire, comparable ?"
Sans moyen de défense, sans moyen diplomatique...
- "Avec des moyens de défense, avec des moyens diplomatiques, c'est celle-là la question de 2004. C'est la question qu'il faut poser non seulement aux chefs d'Etat et de Gouvernement mais aussi au peuple. Parce que si nous faisons des avancées, il faut tirer les leçons de cette plus que division, de cette vision différente du monde aujourd'hui. Il faut tirer les conséquences. Quelles sont ces conséquences ? Là, c'est le manque d'aspect politique de l'Union européenne. A partir de là, il faut monter, créer, non seulement des institutions mais aussi des équipements, des budgets, faire en sorte que cette Europe puisse défendre, puisse parler d'une seule voix, eh bien cela tôt ou tard, on en parlera devant les peuples."
Mais votre enthousiasme n'est pas un peu douché par les circonstances de cette guerre en Irak ?
- "C'est impossible de reculer aujourd'hui. L'Union européenne c'est une marche, une marche en avant qui n'est pas une marche forcée, une marche qui montre qu'aujourd'hui, au moment où le Mercosur - les pays d'Amérique du Sud - se fait, au moment où l'ASEAN se fait, - les pays asiatiques - au moment où l'ALENA se fait - le Mexique, les Etats-Unis et le Canada -, comment voulez- vous que nous ne comprenions pas que le monde devient multipolaire ?"
Mais là vous parlez d'espaces économiques.
- "Justement d'espace économique, mais on voit bien aujourd'hui que la Chine est en train non seulement d'être un espace économique mais de devenir de plus en plus un espace politique. On voit bien aujourd'hui que les Etats-Unis, même au niveau des Nations unies, dépassent les Nations unies pour dicter leurs lois militaires et donc, il est normal de dire que le monde ne peut pas être unipolaire, unilatéral avec une seule puissance. C'est impossible."
Donc, paradoxalement, si je vous comprends bien, les conséquences ou l'une des conséquences de ce conflit, pourraient être un resserrement des liens au sein de l'Europe vieille ou moins vieille?
- "En tout cas oui. C'est à l'occasion d'une crise - c'est comme dans une famille -, que l'on peut tirer les conséquences des difficultés. Alors, soit on peut se séparer - je ne peux pas y croire.."
Et la convention Giscard pourrait mettre tout ça...
- "Oui, la convention de Giscard d'Estaing et puis, je crois aussi une volonté politique à un moment donné de la part des chefs d'Etat et de gouvernement. Mais il y a pire à mon avis : c'est que le fait de voir ce conflit démarrer ce matin montre que tous les aspects de cette guerre n'ont pas été pris en compte."
Alors, en conséquence ?
- "En particulier l'aspect culturel et l'aspect religieux. Je crois que demain nous ne pouvons pas faire l'économie d'une réflexion sur ce qui peut se passer à court terme, où armée contre armée, la plus grande armée du monde et l'une des plus petite, bon très bien. Et puis derrière, il y a autre chose, une zone du monde, une zone du monde qui est en train d'être humiliée. Attention..."
Dans quel cas faut-il faire cette réflexion puisque les institutions internationales, l'ONU manifestement, l'Amérique n'est pas prête d'y revenir ?
- "Oui, c'est une des énormes questions qu'il faut que nous nous posions. D'ailleurs, à l'UMP, nous avons décidé d'envoyer de très nombreux députés dans tous les pays de l'Union européenne - les Quinze -, mais également, bien sûr, chez les 10 nouveaux pour expliquer, pour écouter aussi ce qu'ils proposent et pour parler de la position sur l'Irak, mais aussi de l'avenir de l'ONU, de l'avenir de l'Union européenne. Car, en effet, vous avez raison, l'avenir de l'ONU est en cause."
Venons-en aussi au théâtre franco-français : le contexte de guerre, les dépressions boursières, enfin cette faiblesse économique généralisée, contraint votre majorité à des ajustements douloureux, notamment, le plus critique sans doute, c'est que le chômage reparte. Est-ce que dans ces conditions, le Premier ministre a raison de poursuivre la baisse des impôts ? Est-ce qu'il faut plus de volonté, plus de concret par exemple dans la baisse de la dépense publique ?
- "Il doit y avoir à la fois une augmentation de la consommation et pour augmenter la consommation il faut continuer, je dirais, notre cap."
Elle baisse en ce moment..
- "Bien sûr... Continuer notre cap, c'est-à-dire baisser les charges sociales et baisser un peu l'impôt sur le revenu. Evidemment, nous sommes obligés de changer de rythme, on ne peut pas faire la même chose à 1 % de croissance qu'à 3 % de croissance. Ça, ce sont les dépenses de consommation, il faut donc les garder, car si vous augmentez les impôts et les prélèvements obligatoires, vous entraînez la récession et ça, on ne peut pas le faire. Deuxièmement, vous avez vu aussi que F. Fillon, hier, et J.-P. Raffarin ont décidé de consacrer 300 millions d'euros aux mesures d'urgence de lutte contre le chômage. Ce sont des périodes où il faut le faire. Je regrette que pendant les périodes de croissance, on n'ait pas rééquilibré le budget, mais ça les socialistes n'ont pas voulu le faire."
Oui, mais c'est vous qui êtes aux affaires aujourd'hui.
- "J'explique qu'aujourd'hui nous sommes obligés de le faire ; il y a trois ou quatre ans, on aurait pu s'en passer. Ensuite, je crois que vous avez raison, il faut gager tout cela par des économies, il faut demander à chaque ministre de faire avec le budget de l'année précédente."
C'est crédible dans le contexte actuel ?
- "Evidemment, il est hors de question aujourd'hui d'augmenter le train de vie de l'Etat ! "
Vous êtes aussi président de la commission d'enquête parlementaire chargée d'apprécier la gestion des entreprises publiques. Il y a eu avant hier, je crois, un épisode étonnant à l'Assemblée nationale : l'ancien directeur financier de Michel Bon à France Télécom, a grosso modo expliqué que son groupe avait racheté Orange, MobilCom notamment, dépensé donc des dizaines et des dizaines de milliards d'euros, sans en référer au Conseil d'administration, au mépris de toutes les règles de gouvernance et des lois d'ailleurs, et des minoritaires. Est-ce que c'est encore possible dans l'univers d'aujourd'hui ? Comment est-ce que les élus, l'élu que vous êtes, peut représenter un jour une force de contrôle suffisante ?
- "La Commission d'enquête parlementaire que je préside n'a pas vocation à avoir un a priori idéologique ou politique sur les entreprises publiques. Elle regarde simplement où sont les dysfonctionnements, où ont été les dysfonctionnements, où ont été les responsabilités.."
Là, on le voit bien.
- "Mais nous enquêtons. c'est une commission d'enquête, et d'ailleurs, je l'ai ouvert au public et à la presse, pour que les choses soient vraiment claires, mais également pour en tirer les conséquences pour la nouvelle gouvernance des entreprises publiques, pour que cela ne recommence pas. Alors en effet, on s'aperçoit aujourd'hui que MobilCom et NTL, à l'époque, ont été achetés pour plusieurs milliards d'euros, dizaines de milliards d'euros, sans en référer au Conseil d'administration. Alors, nous allons écouter M. Bon, nous allons aussi écouter différentes personnes responsables au niveau de l'Etat actionnaire."
Est-ce qu'il y aura des sanctions ?
- "La question qui est posée d'abord, c'est de voir comment ça se passe. J'ai fait venir récemment M. Elie Cohen, pour l'auditionner. Comment voulez-vous qu'un Conseil d'administration d'une entreprise publique fonctionne lorsque le premier tiers c'est l'Etat, qui, lui, ne parle pratiquement jamais pendant le Conseil d'administration, de peur d'être totalement " trahi " par le second tiers qui est celui des salariés, qui appartiennent au Conseil d'administration et qui, une seconde après la fin du Conseil d'administration, font une conférence de presse avec leurs syndicats ? Vous le savez, lorsque les entreprises sont cotées, d'abord c'est interdit, et deuxièmement très dangereux.."
C'est du pénal.
- "Oui, ça pourrait être du pénal, mais enfin c'est une pratique aujourd'hui. Donc, on peut comprendre que l'Etat n'ose pas dire au Conseil d'administration tout ce qu'il pense dans la mesure où on sait que la conférence de presse a lieu deux secondes après."
Alors il faut que l'Etat sorte du jeu ?
- "Attendez. Troisièmement, vous avez le troisième tiers : ce sont les personnalités qualifiées, les personnalités qualifiées, ce sont les fournisseurs ou les clients de l'entreprise. Quand on voit cela, on peut se dire, en effet, que cette commission d'enquête pourra conclure sur une nouvelle gouvernance des entreprises publiques. En tout cas vous pouvez me faire confiance pour le faire de manière sérieuse, honnête et pour aller au bout.."
A quel délai ?
- "Je remettrai le rapport vers le 13 juillet."
Et cette fois-ci, on appliquera les éléments de ce énième rapport ?
- "En tout cas, croyez que le député que vous avez devant vous fera tout pour que l'exécutif suive."
(Source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 mars 2003)