Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Vice-Président,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Lorsque vous m'avez invitée à participer à la session de clôture du Forum Innovation, j'ai accepté avec grand plaisir.
Je tiens à souligner que j'ai d'autant plus de plaisir à célébrer ce bicentenaire de la CCIP dans un lieu comme le palais Brongniard. Il y a quelque chose de symbolique à associer ce thème moderne et empreint de croissance et de créativité, dans un lieu si empreint lui-même de tradition et de modernisme à la fois.
Qu'est-ce que l'Innovation ? Vous avez certainement apporté aujourd'hui plusieurs définitions. Depuis plusieurs mois, j'en ai recueilli également un certain nombre. Toutes convergent : l'innovation c'est associer une idée à un produit ou un service mis sur le marché, à la disposition de chacun.
Pour ma part, j'aime à résumer cette idée par une formule forte :
'l'Innovation, c'est Créer de la Valeur, des valeurs, à partir des Savoirs' : de la valeur éthique, culturelle, à partir de nos savoirs et de nos connaissance, de la valeur technologique bien sûr et de la valeur économique voire boursière, valeur bien connue au palais Brongniard !
Dans la majorité des cas, la recherche est à l'origine de l'Innovation dans les domaines scientifiques, sociaux, culturels et bien d'autres.
Mais il y a aussi de nombreuses autres voies d'innovation, de nombreux outils, y compris dans notre vie quotidienne, dans nos comportements quotidiens, dans notre façon de penser et d'aborder les choses.
Pour moi, le terme Innovation, très large, englobe toutes ces notions, et je sais que vous les avez abordées aujourd'hui ensemble. Nous partageons la même vision.
Vous avez parlé et débattu de l'Innovation entre professionnels et experts, j'oserais dire. Mais qu'en pense le grand public ?
Je me réjouis de constater que, d'après un sondage réalisé auprès de plus de 1000 personnes, l'Innovation c'est une découverte scientifique qui a des applications pratiques, c'est une découverte scientifique commercialisable.
Mais revenons au thème que vous avez choisi, Monsieur le Président, pour conclure cet après-midi : l'Innovation et l'énergie d'entreprendre.
Je me réjouis que vous ayez choisi d'associer ces deux termes, ce qui n'est pas toujours systématique.
Comme vous j'ai une conviction : l'énergie d'entreprendre est le moteur de toute forme d'Innovation, elle libère et fédère la créativité et les énergies.
L'Innovation, qui très souvent prend sa source dans la R D, est essentielle pour construire notre avenir. Le Président de la République l'a lui-même redit il y a quelques semaines :
" Mon ambition, l'ambition des Français, c'est que la France soit reconnue partout comme une terre d'accueil favorable à l'investissement, à l'innovation, au lancement d'activités nouvelles et à la création d'emplois. ".
Conscient du rôle déterminant de la recherche pour dynamiser notre économie nationale, il a demandé que l'on rapproche le montant des dépenses intérieures de recherche à 3% du PIB à l'horizon 2010.
Aujourd'hui l'Union européenne est en retard avec seulement 1.9% du PIB en dépenses de recherche par rapport aux 2.7% aux Etats-Unis. La France a donc le devoir de combler ce retard pour atteindre son objectif national, et contribuer à atteindre l'objectif européen.
Alors que la part publique des dépenses de recherche est parmi la plus élevée en Europe, nos entreprises ne participent qu'à hauteur de 54% à cet effort de recherche, contre 66% attendus en 2010. Elles doivent augmenter d'environ 40% leurs dépenses de recherche en 8 ans, ce qui est considérable ! Pour cela, le gouvernement français a présenté un Plan de soutien en faveur de la Recherche et de l'Innovation.
Ce Plan est composé de 4 grandes séries de mesures :
- une première série de mesures vise à augmenter les dépenses de recherche par les entreprises ;
- une seconde série de mesures vise à mieux valoriser les résultats de la recherche par les entreprises ;
- pour pérenniser ces actions, il faut en parallèle développer l'esprit d'entreprendre et la formation à l'entrepreneuriat ;
- enfin, une quatrième série de mesures vise à faire de la recherche et l'innovation une priorité européenne.
Dans ce Plan, la création et l'accompagnement d'entreprises innovantes constituent une des priorités du gouvernement et du Ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies. Nous avons aussi la volonté de les accompagner pour leur permettre de grandir.
Si la croissance marque le pas, c'est à nous d'aller la chercher.
Pour cela, des mesures fiscales urgentes sont mises en place : exonérations de charges sociales, d'impôt sur les sociétés, de taxe locale et de plus-values seront accordées pour les jeunes entreprises innovantes de moins de 8 ans et actives en R D pour lesquelles un nouveau statut sera créé.
Des exonérations de taxe professionnelle, une accélération du taux d'amortissement sur les investissements de recherche seront aussi mises en place. Enfin un crédit d'Impôt Recherche 'dopé' est en cours de définition pour l'année 2004.
En complément, un statut fiscal et juridique sera créé pour les 'business angels' afin de les inciter à investir davantage avec des avantages fiscaux à la hauteur des risques qu'ils prennent ; une enveloppe de 30 M sera mise à disposition par la CDC-PME pour l'amorçage ; et le Concours National d'aide à la création d'entreprise apportera également dès cette année 30 M avec un règlement largement amélioré.
Promouvoir l'Innovation suppose aussi de professionnaliser l'accueil et l'accompagnement des jeunes porteurs de projets et des jeunes entreprises innovantes : les investisseurs privés auront sans doute plus confiance dans des jeunes projets et des entreprises de qualité, organisés et professionnalisés, conduits par des équipes performantes, aux compétences multiples : management, droit, finance, marketing, propriété intellectuelle, business développement, etc.
Dans ce sens, l'évaluation des 31 incubateurs publics a été lancée. En fonction de cette évaluation, les incubateurs seront re-financés avec un contrat d'objectifs dans la prochaine convention. Des objectifs de mission, de professionnalisation, des objectifs d'ouverture sur le secteur privé et de pérennisation à terme seront fixés.
Dans ce Plan, une autre des priorités est de mieux valoriser les résultats de la recherche. Le financement de la recherche est nécessaire, encore faut-il bien dépenser et valoriser les investissements. Cette valorisation passe obligatoirement par un partenariat entre recherche publique et privée.
J'ai été frappée par les premiers résultats de la consultation nationale : 90% des participants estiment que ce partenariat est encore insuffisant ! Nous avons obligation de tenir compte de ce constat et d'agir. Pour le faciliter :
- il faut permettre à la recherche publique et privée d'adopter un langage commun pour mieux travailler ensemble. (a) Pour cela les chercheurs du secteur public seront sensibilisés aux enjeux de la propriété intellectuelle et de sa gestion, ils seront incités financièrement à déposer davantage de brevets de qualité. (b) Une charte d'évaluation des chercheurs, avec une liste de critères pertinents et un guide de procédés sera rédigée en tenant compte des initiatives menées dans les organismes publics de recherche en France et à l'étranger. Elle sera un outil pour reconnaître les efforts des chercheurs en particulier l'Innovation ;
- au-delà d'un langage commun, il faut aussi créer davantage de passerelles entre recherche publique et privée. Pour cela le nombre de conventions CIFRE sera doublé d'ici 2010 pour atteindre le nombre de 1500. Des stages d'initiation à l'entreprise d'une durée de 4 à 6 mois seront créés pour les doctorants. Une incitation financière sera mise en place pour les chercheurs qui initient et exécutent des programmes de recherche en collaboration avec une entreprise qui finance le contrat ;
- l'essaimage, c'est-à-dire la création de jeunes entreprises innovantes à partir d'entreprises existantes, renforcera aussi le partenariat public-privé. Une jeune spin-off contracte généralement des contrats de recherche en partenariat avec la recherche publique. Elle intègre des équipes mixtes de chercheurs issus du secteur public et privé. Elle sera accueillie par les incubateurs publics aux côtés des jeunes entreprises issues du secteur public.
Plus que tout, je souhaite que les acteurs de la recherche publique et privée prennent conscience de leur complémentarité. C'est tout l'enjeu d'une recherche fédérée et complémentaire prometteuse pour l'innovation et la croissance. Au-delà des bénéfices directs pour une meilleure valorisation des résultats de la recherche, je suis convaincue que ce partenariat permettra aussi la diffusion de la culture de gestion par projets, d'évaluation et de brevets dans la recherche publique. Les doctorants sont un excellent vecteur pour insuffler cette culture de façon durable.
Bien sûr toutes ces mesures n'ont de sens que si, en parallèle, nous développons l'esprit d'entreprendre dans les écoles, les lycées, l'enseignement supérieur et la recherche. Il est de notre responsabilité d'insuffler l'esprit d'entreprendre auprès d'un large public. En parallèle, des initiations à l'entrepreneuriat seront mises en place dans l'enseignement supérieur et les organismes publics de recherche.
L'esprit d'entreprendre, c'est d'abord une envie, l'envie de réaliser un rêve. C'est assumer une liberté, la liberté de créer ; c'est acquérir une autonomie nouvelle, c'est s'investir.
L'esprit d'entreprendre, c'est, à partir d'une idée, aller jusqu'à un projet. Ou bien, à partir d'un projet, aller jusqu'à la création d'une entreprise. L'esprit d'entreprendre, c'est une valeur individuelle, mais c'est aussi une valeur collective, une valeur d'équipe.
Surtout, l'esprit d'entreprendre, c'est participer activement à la croissance de notre pays puisque les projets et les jeunes entreprises innovantes, en grandissant, créent l'économie et la croissance de demain.
Pour toutes ces raisons, la volonté d'entreprendre doit être encouragée dès le plus jeune âge. Encourager le goût de la réussite donc.
Nous devons être fiers d'entreprendre et fiers de ceux qui entreprennent !
Sans cet esprit d'entreprendre, il n'y a pas de défis, pas de rêve à concrétiser, il n'y a pas de grandes aventures humaines.
Si nous voulons libérer les énergies, en particulier cette énergie d'entreprendre qui anime cet anniversaire de la CCIP, il nous faut aussi faire en sorte que nos concitoyens, nos entrepreneurs, nos porteurs de projet puissent pleinement bénéficier des atouts des nouvelles technologies, à commencer par Internet. L'économie numérique ne se limite plus au développement des sites Internet, elle concerne tous les secteurs de l'économie, elle implique tous ses acteurs, les entrepreneurs et les administrations comme les consommateurs, les fournisseurs comme les utilisateurs.
C'est tout le sens du projet de loi pour la confiance dans l'économie numérique, qui, je l'ai appris par la voix de votre Président, a retenu toute votre attention. Sans entrer ce soir dans le détail et du projet de loi et des réactions qu'il a suscitées, j'aimerais redire un message fort.
Je partage votre avis selon lequel les pouvoirs du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel ne s'appliquent pas à la communication publique en ligne - exception faite, bien entendu, des contenus audiovisuels eux-mêmes (télévision et radio).
Par ailleurs, j'ai bien noté votre proposition d'un organisme de concertation relatif à l'Internet, j'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer en sa faveur, et ceci fait partie des propositions que je fais au Premier Ministre pour le prochain Comité Interministériel de la Société de l'Information.
Surtout, cette politique de Recherche et d'Innovation s'inscrit en priorité dans une politique européenne.
Savez-vous que plus de 90% de ceux qui ont participé à la consultation sur l'innovation sont convaincus que le rôle de l'Europe est appelé à se développer dans le domaine des politiques d'innovation ?
Savez-vous aussi que 50% d'entre eux pensent que la France doit jouer un rôle moteur dans l'Europe de l'Innovation ?
La Commission européenne a d'ailleurs salué le Plan en faveur de l'Innovation.
Lors du Conseil européen de printemps sera présenté un plan d'action européen cohérent avec les mesures du Plan Innovation qui seront citées en exemple.
La France est en mesure de faire entendre sa voix.
J'aurais le plaisir de restituer les conclusions de cette consultation avec Nicole Fontaine, le 9 avril prochain, à Paris lors du colloque 'Innover pour construire l'avenir'.
Un état d'avancement détaillé de la mise en place du plan sera présenté ainsi que les prochaines étapes et le calendrier gouvernemental.
Au coeur de cette politique de Recherche et d'Innovation, je sais que les régions ont et auront une action et une responsabilité croissantes.
Elles sont les relais indispensables entre les entreprises et les pouvoirs publics, pour construire notre avenir économique. C'est en particulier le cas pour la région parisienne et Paris.
L'action du gouvernement est décentralisée via les Chambres de Commerce et d'Industrie régionales, les DRRT, les délégués régionaux de l'Anvar, les incubateurs, d'autres acteurs régionaux.
Pour aller plus loin, le gouvernement propose la création d'un guichet unique régional dont le rôle sera de mieux coordonner l'action de l'Etat et des collectivités locales en faveur de l'innovation, et de mieux orienter les porteurs de projets et les jeunes entreprises. Cette réflexion s'inscrit dans la réflexion sur la décentralisation lancée par Jean-Pierre Raffarin.
La volonté politique est là, pour des régions exécutives et responsables, aux côtés d'un Etat fédératif et stratège.
A cet égard, je tiens ce soir à saluer tout particulièrement la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, la CCIP et ses membres pour leurs actions à nos côtés, au quotidien.
Je salue votre action dans le temps puisque aujourd'hui nous célébrons le bicentenaire : 200 ans d'action au service du développement économique ! C'est remarquable !
La CCIP est je sais la première chambre de commerce et d'industrie de France et d'Europe, c'était déjà une forme d'Innovation, une énergie d'entreprendre !
Je souhaite mettre en lumière ce soir l'oeuvre de la CCIP au service des entreprises qu'elle accompagne à toutes les étapes de leur développement, de la création jusqu'à leur transmission. Et je souhaite aussi mettre en lumière cette 'Énergie d'entreprendre' que la CCIP ne cesse d'insuffler depuis deux cents ans.
Ainsi ensemble, à l'image de la CCIP, développons notre énergie d'entreprendre, transformons la en création de valeur à partir de nos savoirs !
Innovons pour créer notre avenir !
Longue vie encore à la CCIP sur ce chemin qui est le nôtre !
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 2 avril 2003)
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Présidents et Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Lorsque vous m'avez invitée à participer à la session inaugurale de Capital-IT, j'ai aussitôt accepté d'y participer. Malheureusement, en raison des contraintes d'agenda de dernière minute, je n'ai pu être présente avec vous pour ouvrir officiellement ces journées, comme prévu. Je le regrette vivement. J'ai néanmoins confié le soin à ma conseillère Innovation, Lyse Santoro, de vous lire les principaux messages que je souhaite vous communiquer.
Capital-IT, ce sont des rencontres européennes de financeurs et de jeunes créateurs d'entreprises, avec une mission essentielle : aider les porteurs de projets et les entreprises innovantes à trouver les moyens de leur croissance, financement, partenaires, compétences et accompagnement, et les aider à développer leur visibilité sur le marché et pour les investisseurs.
Un continuum s'est développé entre Capital-IT et le Concours National d'aide à la création d'entreprises organisé par le Ministère de la Recherche et présidé par Monsieur Jean-François Dehecq. Capital-IT se positionne en aval du concours, il vise à accompagner les lauréats du Concours dans leurs relations avec la communauté des investisseurs en capitaux et en compétences professionnelles.
Je me réjouis que cette session soit l'occasion de réunir près de 500 acteurs professionnels de la recherche et de l'innovation, d'horizons différents : des financiers et investisseurs potentiels, 'business angels', fonds d'amorçage et capitaux-risqueurs, des entrepreneurs ou futurs entrepreneurs, des dirigeants de jeunes entreprises innovantes, des partenaires opérationnels, des fournisseurs de services et compétences, des représentants des organismes publics ou semi-publics, des conseils régionaux. Capital-IT est donc avant tout un lieu de rencontres et de partage d'expertise. Le partage de vos expériences, de vos savoirs et de vos énergies sera fécond pendant ces deux jours, j'en ai la conviction.
Les deux journées de Capital-IT seront rythmées par des présentations de jeunes entreprises devant un parterre d'investisseurs et de partenaires : une majorité de jeunes entreprises innovantes en amorçage ou au 1er tour de table, et des entreprises plus matures au 2ème et 3ème tour de table. Je crois savoir qu'environ 40 best IT seront présentes.
Ces deux jours seront aussi rythmés par des conférences, chacune ciblant une étape essentielle de la croissance des entreprises avec des ateliers de finance, de management, de ressources humaines.
Puis des grands thèmes seront abordés lors de sessions plénières : le financement de l'innovation et les business-modèles associés de l'Internet sans fil à haut débit. La direction de la technologie, présente, me rapportera vos commentaires et suggestions.
J'ai accepté d'inaugurer cette session pour plusieurs raisons :
- la création et l'accompagnement des jeunes entreprises innovantes est l'une des priorités affichées du gouvernement, et l'une de mes priorités ;
- le partage d'expériences, de compétences et d'énergie dans des lieux de rencontre et de partenariat comme celui-ci est également une de mes priorités. Ce n'est qu'en fédérant nos expériences et nos volontés que nous réussirons ;
- le travail d'équipe est une notion dont je porte haut les couleurs. Aucune entreprise ne peut réussir sans une équipe avec des compétences multiples et professionnelles. Vous le savez mieux que moi, et ces journées concourent à décliner ce message ;
- et je salue votre attitude volontariste malgré la conjoncture économique peu favorable.
Le gouvernement a présenté un Plan en faveur de la recherche et de l'Innovation. J'ai présenté ce Plan en collaboration avec Nicole Fontaine le 11 décembre 2002. Il s'inscrit dans le droit fil de l'objectif européen de devenir d'ici 10 ans l'économie la plus compétitive. Il s'inscrit également dans la politique de recherche du Gouvernement, qui au-delà d'être au service de l'excellence et de la dynamique scientifiques, est aussi au coeur de la politique d'innovation et de croissance économique de notre pays, pour créer des emplois et du progrès. L'Innovation, qui prend sa source majoritairement dans la R D, est essentielle pour construire notre avenir. 'L'Innovation, en quelques mots, c'est créer de la valeur, des valeurs, à partir de nos savoirs'.
Ce Plan que vous connaissez déjà bien, est composé de 4 grandes séries de mesures :
- une première série de mesures vise à augmenter les dépenses de recherche par les entreprises. Un constat doit nous frapper : alors que l'Etat français est, en Europe, celui qui dépense le plus pour la recherche publique, nos entreprises dépensent en moyenne 25 à 40% moins que les entreprises d'autres pays européens et internationaux. Notre objectif est d'augmenter ces dépenses de 40% d'ici 8 ans, un défi considérable dans la situation économique que nous connaissons ;
- une seconde série de mesures vise à mieux valoriser les résultats de la recherche par les entreprises. J'insiste sur ce point : le financement de la recherche est nécessaire, mais pas suffisant !
- pour pérenniser ces actions, il faut en parallèle développer l'esprit d'entreprendre et la formation à l'entrepreneuriat dans les écoles, les lycées, l'enseignement supérieur et la recherche. Une troisième série de mesures est mise en place dans ce sens avec Luc Ferry ;
- enfin, une quatrième série de mesures vise à faire de la recherche et de l'innovation une priorité européenne.
Dans ce Plan, la création et l'accompagnement d'entreprises innovantes est une des priorités affichées du gouvernement, et en particulier du Ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies. Nous avons la volonté politique d'apporter une impulsion forte nationale et européenne dans cette direction. Il ne suffit pas de favoriser la création des entreprises, il faut également les accompagner pour leur permettre de grandir.
Il est vrai aujourd'hui que la situation économique de notre pays, dans une conjoncture européenne et mondiale défavorable, est plus difficile pour la création et l'accompagnement des jeunes entreprises. Nous sommes loin de l'enthousiasme des investisseurs et des marchés que nous avons connu pendant l'année 2000. Personne ne peut prévoir quand les introductions en bourse repartiront. Le capital amorçage est mal couvert, la population de " business angels " est encore trop peu développée, et certains investisseurs sont frileux. Je suis consciente de cette situation. Face à elle, il nous faut au contraire être plus déterminés et actifs que jamais. La confiance est essentielle : rappelons qu'avant la croissance économique et l'optimisme de l'année 2000, nous avons connu une période économique basse. Nous devons garder en tête la notion de cycle économique.
Il faut capitaliser sur nos atouts, et nous en avons ! Il faut aussi bien identifier nos faiblesses pour y faire face et trouver des solutions, en particulier dans notre système d'investissement. Nous savons que le rapport entre le montant des investissements en capital-risque et le produit intérieur brut est dix fois inférieur en France que celui d'autres pays comme les Pays-Bas, la Finlande, le Danemark, la Suède. Les outils de financement d'amorçage et de pré-amorçage ne servent pas complètement leurs objectifs initiaux. Et le couplage entre incubateur et fonds d'amorçage n'est pas spontané ni optimal.
Face à la situation économique, oui, le Gouvernement a pris des mesures volontaires et ambitieuses pour encourager davantage la création et l'accompagnement des jeunes entreprises innovantes qui sont à l'honneur à Capital-IT. Ces mesures que je vous propose de décliner avec vous, elles vous concernent tout particulièrement et elles nourriront votre motivation et vos débats d'aujourd'hui. J'ai déjà décliné ces mesures ces deux derniers mois directement sur le terrain, à la rencontre de différents acteurs concernés.
Ce sont en premier lieu des mesures financières : quand l'investisseur est moins actif, c'est à l'Etat qu'il appartient de partager les risques, mais à condition d'être suivi et épaulé par des investisseurs privés, mobilisés et confiants. Il ne serait pas sérieux d'envisager que l'Etat puisse à lui seul prendre tous les risques ! L'Etat doit ensuite pouvoir bénéficier d'un retour sous forme de croissance et d'augmentation d'emplois. Pour cela il est vital de ne pas ralentir l'investissement en période d'incertitude et je compte sur chacun de vous pour participer à cet effort fédérateur et national, à nos côtés. Si la croissance marque le pas, c'est à l'entreprise d'aller la chercher.
Ce sont en premier lieu des avantages fiscaux pour soutenir leur croissance pendant les premières années : des exonérations de charges sociales, d'impôt sur les sociétés, de taxe locale et de plus-values seront accordées pour les jeunes entreprises innovantes de moins de 8 ans et actives en R D pour lesquelles un nouveau statut sera créé. Des exonérations de taxe professionnelle, une accélération du taux d'amortissement sur les investissements de recherche seront aussi mis en place. Et enfin un crédit d'Impôt Recherche 'dopé' est en cours de définition pour l'année 2004.
Ce sont en second lieu des sources de financement et de fonds propres qui seront apportées : un statut fiscal et juridique sera créé pour les 'business angels' pour permettre des avantages fiscaux à la hauteur des risques qu'ils prennent ; une enveloppe de 30 M sera mise à disposition par la CDC-PME pour l'amorçage ; et le Concours National d'aide à la création d'entreprise apportera également dès cette année 30 M avec un règlement amélioré.
Nous avons la volonté de créer un choc psychologique fort pour les jeunes entrepreneurs et les investisseurs et montrer que la France peut devenir l'un des territoires les plus accueillants et attractifs pour eux en Europe.
Mais au fait ! J'aimerais attirer votre attention sur le fait que, certes, promouvoir l'Innovation et les jeunes entreprises innovantes est une question d'argent : l'investissement est essentiel. Mais ce n'est pas qu'une question d'argent ! Le financement des jeunes entreprises innovantes est nécessaire mais non suffisant. S'il faut de l'argent, encore faut-il bien le dépenser et valoriser cet investissement financier en privilégiant la qualité des projets et des entreprises. C'est une question d'identifier de bons projets solides d'une grande qualité. C'est aussi une question d'organisation et de professionnalisation de l'accueil et de l'accompagnement des jeunes porteurs de projets et des jeunes entreprises innovantes : les investisseurs privés auront sans doute plus confiance dans des projets et des entreprises de qualité, organisés et professionnalisés, conduits par des équipes performantes. Aussi nous avons annoncé des mesures autres que financières :
- Ces mesures sont prises pour améliorer et professionnaliser les services d'accueil et d'accompagnement des porteurs de projets et des jeunes créateurs. Des compétences multiples autres que scientifiques et techniques sont essentielles pour la réussite de la jeune entreprise, vous le savez autant que moi : ce sont des compétences de management, juridiques, financières, de marketing, de propriété intellectuelle, de 'business development', et d'autres. L'Etat a la volonté de capitaliser sur les incubateurs qui fournissent aujourd'hui ces services, et d'aller plus loin. L'évaluation des 31 incubateurs publics a été lancée. Les résultats des 14 incubateurs dont le financement est arrivé à terme seront rendus au plus tard début avril ; le résultat sur l'ensemble des 31 sera rendu en juillet 2003. En fonction de leurs évaluations, les incubateurs seront re-financés avec un contrat d'objectifs pour les prochaines années. Des objectifs de mission, de professionnalisation avec de vraies équipes multi-compétentes internes ou externes, des objectifs d'ouverture sur le secteur privé et de pérennisation à terme seront fixés. Ces objectifs sont en cours de définition par un groupe de travail piloté par le Ministère de la Recherche.
- Nous devons aussi diffuser l'esprit d'entreprendre auprès d'un large public, en cohérence avec les priorités et les orientations européennes.
L'esprit d'entreprendre, c'est d'abord une envie, l'envie de réaliser un rêve. C'est assumer une liberté, la liberté de créer ; c'est acquérir une autonomie nouvelle, c'est s'investir. L'esprit d'entreprendre se décline dans différents domaines, celui de la recherche, bien sûr, mais dans bien d'autres domaines aussi, y compris dans votre vie personnelle. L'esprit d'entreprendre, c'est, à partir d'une idée, aller jusqu'à un projet. Ou bien, à partir d'un projet, aller jusqu'à la création d'une entreprise. L'esprit d'entreprendre, c'est une valeur individuelle, mais c'est aussi une valeur collective, une valeur d'équipe. Surtout, l'esprit d'entreprendre, c'est participer activement à la croissance de notre pays puisque les projets et les jeunes entreprises innovantes, en grandissant, créent la croissance de demain.
La volonté d'entreprendre doit être encouragée dès le plus jeune âge. Encourager le goût de la réussite. Il ne faut pas avoir peur de l'échec, il faut au contraire être fier d'avoir essayé et assez lucide pour analyser les causes de l'échec et en sortir plus forts et plus expérimentés. Nous devons être fiers d'entreprendre et fiers de ceux qui entreprennent ! Il nous appartient, tous ensemble, de changer notre état d'esprit très tôt dans notre système éducatif, et tout au long de notre vie professionnelle. Sans cet esprit d'entreprendre, il n'y a pas de défis, pas de rêve à concrétiser, il n'y a pas de grandes aventures humaines.
Concrètement des formations à l'entrepreneuriat seront mises en place dans l'enseignement supérieur et les organismes publics de recherche. Elles contribueront à mieux armer les futurs créateurs d'entreprises.
Cette politique de Recherche et d'Innovation s'inscrit en priorité dans une politique européenne.
Les premiers résultats de la consultation nationale montrent qu'une très large majorité des participants, plus de 90%, sont convaincus que le rôle de l'Europe est appelé à se développer dans le domaine des politiques d'innovation, et 50% d'entre eux pensent que la France doit être moteur dans l'Europe de l'Innovation. Je ne peux que me réjouir de cette volonté et de cette prise de conscience. Je la partage avec conviction.
La France a sans doute déjà amorcé cette dynamique, puisque la Commission européenne a salué positivement le Plan en faveur de l'Innovation et en particulier les mesures pour la création et l'accompagnement des jeunes entreprises innovantes. La France a la volonté de continuer à jouer ce rôle moteur en Europe avec des initiatives et des mesures exemplaires. Nous avons participé activement avec Nicole Fontaine à la préparation du conseil européen de printemps pour donner cette impulsion. Lors de ce conseil, il a été annoncé la présentation prochaine d'un plan d'action européen, un plan Innovation européen. Nous savons déjà que les mesures du Plan Innovation français sont en cohérence avec les recommandations et les orientations de ce futur plan européen, elles sont même parfois à l'initiative de certaines recommandations, et sans doute seront citées en exemple. La France est en mesure de faire entendre sa voix.
Depuis décembre, une large consultation nationale a été lancée sur ce plan pour laquelle de très nombreux participants se sont mobilisés. J'ai pu recueillir en direct certains de vos commentaires lors de visites sur le terrain ou de déjeuners au Ministère. Nous analysons actuellement l'ensemble de ces données.
L'une des premières conclusions, après ces deux mois et demi de consultation, est que le Plan est d'ores et déjà bien accueilli. 'Les mesures vont dans le bon sens ' entend-on ! Les mesures annoncées répondent aux attentes des professionnels sur le terrain.
Une autre conclusion importante est que ces mesures constituent une première étape. Même si le plan comporte déjà un nombre très important de mesures, il faut aller encore plus loin. Aussi les acteurs consultés anticipent déjà les prochaines mesures à prendre, dans la continuité des premières.
J'aurais le plaisir de vous restituer les conclusions de cette consultation avec Nicole Fontaine, le 9 avril prochain, à Paris lors du colloque 'Innover pour construire l'avenir'. A cette occasion, un état d'avancement détaillé de la mise en place du plan sera présenté ainsi que les prochaines étapes et le calendrier gouvernemental. Puis nous rentrerons aussitôt dans l'action et sa mise en oeuvre concrète sur le terrain. A ce moment-là, je souhaite pouvoir compter sur chacun d'entre vous. Vous serez des partenaires essentiels pour conduire ce grand chantier et mettre en place efficacement ce premier train de mesures.
Puissions-nous nous mobiliser tous, et relever ensemble le défi d'une Recherche et d'une Innovation forte et performante, pour permettre à la France de revenir en quelques années au premier plan européen, et à l'Europe d'être compétitive! Vous êtes au coeur de cette dynamique, j'en ai la conviction.
Vous allez donc contribuer, pendant ces deux jours chacun d'entre vous, à la croissance économique de notre pays, à travers des échanges, des partages d'expériences, de conseil et de financements. Vous allez donner l'exemple, le symbole d'un partenariat gagnant : c'est ensemble que l'on réussit, en fédérant nos énergies.
Avant de vous quitter, je souhaiterais vous transmettre deux messages forts :
- le premier message est que l'Etat, et en particulier le Ministère de la Recherche est à vos côtés malgré la situation difficile. Une vraie volonté politique est là pour vous aider et rendre vos conditions de travail plus favorables.
- le second message est 'donnons la priorité à la qualité' : qualité des projets, qualité des brevets déposés, qualité des business plan que vous rédigez, des études de marché que vous réalisez, qualité des compétences que vous mettez en oeuvre ou que vous recherchez, qualité des équipes dirigeantes des jeunes entreprises innovantes. C'est souvent l'équipe, les hommes, leur compétence et leur professionnalisme qui font la valeur d'un projet ou d'une entreprise, les investisseurs le savent bien ! Si la qualité est présente, alors il sera plus facile de trouver des financements. Les investisseurs privés auront sans doute plus confiance dans des jeunes projets et des entreprises de qualité, organisés et professionnalisés, conduits par des équipes performantes. La création et l'accompagnement des jeunes entreprises innovantes ne sont pas qu'une question d'argent, c'est aussi une question de qualité et de meilleure dépense de l'argent pour mettre le plus de chance de son côté dès le début, et réussir.
Aussi les deux mots clés pour ces deux jours sont, selon moi : Partenariat (pour un partage d'expériences et de compétence) et Qualité. A ces deux mots, s'ajoutent bien sûr la Confiance et la Mobilisation de tous.
Soyez fiers de participer au jour le jour à l'économie de notre pays et à celle de l'Europe, à la construction de notre avenir. 'Innovez pour construire notre avenir'.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite deux journées riches d'échanges et de partage.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 2 avril 2003)
Monsieur le Vice-Président,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Lorsque vous m'avez invitée à participer à la session de clôture du Forum Innovation, j'ai accepté avec grand plaisir.
Je tiens à souligner que j'ai d'autant plus de plaisir à célébrer ce bicentenaire de la CCIP dans un lieu comme le palais Brongniard. Il y a quelque chose de symbolique à associer ce thème moderne et empreint de croissance et de créativité, dans un lieu si empreint lui-même de tradition et de modernisme à la fois.
Qu'est-ce que l'Innovation ? Vous avez certainement apporté aujourd'hui plusieurs définitions. Depuis plusieurs mois, j'en ai recueilli également un certain nombre. Toutes convergent : l'innovation c'est associer une idée à un produit ou un service mis sur le marché, à la disposition de chacun.
Pour ma part, j'aime à résumer cette idée par une formule forte :
'l'Innovation, c'est Créer de la Valeur, des valeurs, à partir des Savoirs' : de la valeur éthique, culturelle, à partir de nos savoirs et de nos connaissance, de la valeur technologique bien sûr et de la valeur économique voire boursière, valeur bien connue au palais Brongniard !
Dans la majorité des cas, la recherche est à l'origine de l'Innovation dans les domaines scientifiques, sociaux, culturels et bien d'autres.
Mais il y a aussi de nombreuses autres voies d'innovation, de nombreux outils, y compris dans notre vie quotidienne, dans nos comportements quotidiens, dans notre façon de penser et d'aborder les choses.
Pour moi, le terme Innovation, très large, englobe toutes ces notions, et je sais que vous les avez abordées aujourd'hui ensemble. Nous partageons la même vision.
Vous avez parlé et débattu de l'Innovation entre professionnels et experts, j'oserais dire. Mais qu'en pense le grand public ?
Je me réjouis de constater que, d'après un sondage réalisé auprès de plus de 1000 personnes, l'Innovation c'est une découverte scientifique qui a des applications pratiques, c'est une découverte scientifique commercialisable.
Mais revenons au thème que vous avez choisi, Monsieur le Président, pour conclure cet après-midi : l'Innovation et l'énergie d'entreprendre.
Je me réjouis que vous ayez choisi d'associer ces deux termes, ce qui n'est pas toujours systématique.
Comme vous j'ai une conviction : l'énergie d'entreprendre est le moteur de toute forme d'Innovation, elle libère et fédère la créativité et les énergies.
L'Innovation, qui très souvent prend sa source dans la R D, est essentielle pour construire notre avenir. Le Président de la République l'a lui-même redit il y a quelques semaines :
" Mon ambition, l'ambition des Français, c'est que la France soit reconnue partout comme une terre d'accueil favorable à l'investissement, à l'innovation, au lancement d'activités nouvelles et à la création d'emplois. ".
Conscient du rôle déterminant de la recherche pour dynamiser notre économie nationale, il a demandé que l'on rapproche le montant des dépenses intérieures de recherche à 3% du PIB à l'horizon 2010.
Aujourd'hui l'Union européenne est en retard avec seulement 1.9% du PIB en dépenses de recherche par rapport aux 2.7% aux Etats-Unis. La France a donc le devoir de combler ce retard pour atteindre son objectif national, et contribuer à atteindre l'objectif européen.
Alors que la part publique des dépenses de recherche est parmi la plus élevée en Europe, nos entreprises ne participent qu'à hauteur de 54% à cet effort de recherche, contre 66% attendus en 2010. Elles doivent augmenter d'environ 40% leurs dépenses de recherche en 8 ans, ce qui est considérable ! Pour cela, le gouvernement français a présenté un Plan de soutien en faveur de la Recherche et de l'Innovation.
Ce Plan est composé de 4 grandes séries de mesures :
- une première série de mesures vise à augmenter les dépenses de recherche par les entreprises ;
- une seconde série de mesures vise à mieux valoriser les résultats de la recherche par les entreprises ;
- pour pérenniser ces actions, il faut en parallèle développer l'esprit d'entreprendre et la formation à l'entrepreneuriat ;
- enfin, une quatrième série de mesures vise à faire de la recherche et l'innovation une priorité européenne.
Dans ce Plan, la création et l'accompagnement d'entreprises innovantes constituent une des priorités du gouvernement et du Ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies. Nous avons aussi la volonté de les accompagner pour leur permettre de grandir.
Si la croissance marque le pas, c'est à nous d'aller la chercher.
Pour cela, des mesures fiscales urgentes sont mises en place : exonérations de charges sociales, d'impôt sur les sociétés, de taxe locale et de plus-values seront accordées pour les jeunes entreprises innovantes de moins de 8 ans et actives en R D pour lesquelles un nouveau statut sera créé.
Des exonérations de taxe professionnelle, une accélération du taux d'amortissement sur les investissements de recherche seront aussi mises en place. Enfin un crédit d'Impôt Recherche 'dopé' est en cours de définition pour l'année 2004.
En complément, un statut fiscal et juridique sera créé pour les 'business angels' afin de les inciter à investir davantage avec des avantages fiscaux à la hauteur des risques qu'ils prennent ; une enveloppe de 30 M sera mise à disposition par la CDC-PME pour l'amorçage ; et le Concours National d'aide à la création d'entreprise apportera également dès cette année 30 M avec un règlement largement amélioré.
Promouvoir l'Innovation suppose aussi de professionnaliser l'accueil et l'accompagnement des jeunes porteurs de projets et des jeunes entreprises innovantes : les investisseurs privés auront sans doute plus confiance dans des jeunes projets et des entreprises de qualité, organisés et professionnalisés, conduits par des équipes performantes, aux compétences multiples : management, droit, finance, marketing, propriété intellectuelle, business développement, etc.
Dans ce sens, l'évaluation des 31 incubateurs publics a été lancée. En fonction de cette évaluation, les incubateurs seront re-financés avec un contrat d'objectifs dans la prochaine convention. Des objectifs de mission, de professionnalisation, des objectifs d'ouverture sur le secteur privé et de pérennisation à terme seront fixés.
Dans ce Plan, une autre des priorités est de mieux valoriser les résultats de la recherche. Le financement de la recherche est nécessaire, encore faut-il bien dépenser et valoriser les investissements. Cette valorisation passe obligatoirement par un partenariat entre recherche publique et privée.
J'ai été frappée par les premiers résultats de la consultation nationale : 90% des participants estiment que ce partenariat est encore insuffisant ! Nous avons obligation de tenir compte de ce constat et d'agir. Pour le faciliter :
- il faut permettre à la recherche publique et privée d'adopter un langage commun pour mieux travailler ensemble. (a) Pour cela les chercheurs du secteur public seront sensibilisés aux enjeux de la propriété intellectuelle et de sa gestion, ils seront incités financièrement à déposer davantage de brevets de qualité. (b) Une charte d'évaluation des chercheurs, avec une liste de critères pertinents et un guide de procédés sera rédigée en tenant compte des initiatives menées dans les organismes publics de recherche en France et à l'étranger. Elle sera un outil pour reconnaître les efforts des chercheurs en particulier l'Innovation ;
- au-delà d'un langage commun, il faut aussi créer davantage de passerelles entre recherche publique et privée. Pour cela le nombre de conventions CIFRE sera doublé d'ici 2010 pour atteindre le nombre de 1500. Des stages d'initiation à l'entreprise d'une durée de 4 à 6 mois seront créés pour les doctorants. Une incitation financière sera mise en place pour les chercheurs qui initient et exécutent des programmes de recherche en collaboration avec une entreprise qui finance le contrat ;
- l'essaimage, c'est-à-dire la création de jeunes entreprises innovantes à partir d'entreprises existantes, renforcera aussi le partenariat public-privé. Une jeune spin-off contracte généralement des contrats de recherche en partenariat avec la recherche publique. Elle intègre des équipes mixtes de chercheurs issus du secteur public et privé. Elle sera accueillie par les incubateurs publics aux côtés des jeunes entreprises issues du secteur public.
Plus que tout, je souhaite que les acteurs de la recherche publique et privée prennent conscience de leur complémentarité. C'est tout l'enjeu d'une recherche fédérée et complémentaire prometteuse pour l'innovation et la croissance. Au-delà des bénéfices directs pour une meilleure valorisation des résultats de la recherche, je suis convaincue que ce partenariat permettra aussi la diffusion de la culture de gestion par projets, d'évaluation et de brevets dans la recherche publique. Les doctorants sont un excellent vecteur pour insuffler cette culture de façon durable.
Bien sûr toutes ces mesures n'ont de sens que si, en parallèle, nous développons l'esprit d'entreprendre dans les écoles, les lycées, l'enseignement supérieur et la recherche. Il est de notre responsabilité d'insuffler l'esprit d'entreprendre auprès d'un large public. En parallèle, des initiations à l'entrepreneuriat seront mises en place dans l'enseignement supérieur et les organismes publics de recherche.
L'esprit d'entreprendre, c'est d'abord une envie, l'envie de réaliser un rêve. C'est assumer une liberté, la liberté de créer ; c'est acquérir une autonomie nouvelle, c'est s'investir.
L'esprit d'entreprendre, c'est, à partir d'une idée, aller jusqu'à un projet. Ou bien, à partir d'un projet, aller jusqu'à la création d'une entreprise. L'esprit d'entreprendre, c'est une valeur individuelle, mais c'est aussi une valeur collective, une valeur d'équipe.
Surtout, l'esprit d'entreprendre, c'est participer activement à la croissance de notre pays puisque les projets et les jeunes entreprises innovantes, en grandissant, créent l'économie et la croissance de demain.
Pour toutes ces raisons, la volonté d'entreprendre doit être encouragée dès le plus jeune âge. Encourager le goût de la réussite donc.
Nous devons être fiers d'entreprendre et fiers de ceux qui entreprennent !
Sans cet esprit d'entreprendre, il n'y a pas de défis, pas de rêve à concrétiser, il n'y a pas de grandes aventures humaines.
Si nous voulons libérer les énergies, en particulier cette énergie d'entreprendre qui anime cet anniversaire de la CCIP, il nous faut aussi faire en sorte que nos concitoyens, nos entrepreneurs, nos porteurs de projet puissent pleinement bénéficier des atouts des nouvelles technologies, à commencer par Internet. L'économie numérique ne se limite plus au développement des sites Internet, elle concerne tous les secteurs de l'économie, elle implique tous ses acteurs, les entrepreneurs et les administrations comme les consommateurs, les fournisseurs comme les utilisateurs.
C'est tout le sens du projet de loi pour la confiance dans l'économie numérique, qui, je l'ai appris par la voix de votre Président, a retenu toute votre attention. Sans entrer ce soir dans le détail et du projet de loi et des réactions qu'il a suscitées, j'aimerais redire un message fort.
Je partage votre avis selon lequel les pouvoirs du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel ne s'appliquent pas à la communication publique en ligne - exception faite, bien entendu, des contenus audiovisuels eux-mêmes (télévision et radio).
Par ailleurs, j'ai bien noté votre proposition d'un organisme de concertation relatif à l'Internet, j'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer en sa faveur, et ceci fait partie des propositions que je fais au Premier Ministre pour le prochain Comité Interministériel de la Société de l'Information.
Surtout, cette politique de Recherche et d'Innovation s'inscrit en priorité dans une politique européenne.
Savez-vous que plus de 90% de ceux qui ont participé à la consultation sur l'innovation sont convaincus que le rôle de l'Europe est appelé à se développer dans le domaine des politiques d'innovation ?
Savez-vous aussi que 50% d'entre eux pensent que la France doit jouer un rôle moteur dans l'Europe de l'Innovation ?
La Commission européenne a d'ailleurs salué le Plan en faveur de l'Innovation.
Lors du Conseil européen de printemps sera présenté un plan d'action européen cohérent avec les mesures du Plan Innovation qui seront citées en exemple.
La France est en mesure de faire entendre sa voix.
J'aurais le plaisir de restituer les conclusions de cette consultation avec Nicole Fontaine, le 9 avril prochain, à Paris lors du colloque 'Innover pour construire l'avenir'.
Un état d'avancement détaillé de la mise en place du plan sera présenté ainsi que les prochaines étapes et le calendrier gouvernemental.
Au coeur de cette politique de Recherche et d'Innovation, je sais que les régions ont et auront une action et une responsabilité croissantes.
Elles sont les relais indispensables entre les entreprises et les pouvoirs publics, pour construire notre avenir économique. C'est en particulier le cas pour la région parisienne et Paris.
L'action du gouvernement est décentralisée via les Chambres de Commerce et d'Industrie régionales, les DRRT, les délégués régionaux de l'Anvar, les incubateurs, d'autres acteurs régionaux.
Pour aller plus loin, le gouvernement propose la création d'un guichet unique régional dont le rôle sera de mieux coordonner l'action de l'Etat et des collectivités locales en faveur de l'innovation, et de mieux orienter les porteurs de projets et les jeunes entreprises. Cette réflexion s'inscrit dans la réflexion sur la décentralisation lancée par Jean-Pierre Raffarin.
La volonté politique est là, pour des régions exécutives et responsables, aux côtés d'un Etat fédératif et stratège.
A cet égard, je tiens ce soir à saluer tout particulièrement la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, la CCIP et ses membres pour leurs actions à nos côtés, au quotidien.
Je salue votre action dans le temps puisque aujourd'hui nous célébrons le bicentenaire : 200 ans d'action au service du développement économique ! C'est remarquable !
La CCIP est je sais la première chambre de commerce et d'industrie de France et d'Europe, c'était déjà une forme d'Innovation, une énergie d'entreprendre !
Je souhaite mettre en lumière ce soir l'oeuvre de la CCIP au service des entreprises qu'elle accompagne à toutes les étapes de leur développement, de la création jusqu'à leur transmission. Et je souhaite aussi mettre en lumière cette 'Énergie d'entreprendre' que la CCIP ne cesse d'insuffler depuis deux cents ans.
Ainsi ensemble, à l'image de la CCIP, développons notre énergie d'entreprendre, transformons la en création de valeur à partir de nos savoirs !
Innovons pour créer notre avenir !
Longue vie encore à la CCIP sur ce chemin qui est le nôtre !
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 2 avril 2003)
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Présidents et Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Lorsque vous m'avez invitée à participer à la session inaugurale de Capital-IT, j'ai aussitôt accepté d'y participer. Malheureusement, en raison des contraintes d'agenda de dernière minute, je n'ai pu être présente avec vous pour ouvrir officiellement ces journées, comme prévu. Je le regrette vivement. J'ai néanmoins confié le soin à ma conseillère Innovation, Lyse Santoro, de vous lire les principaux messages que je souhaite vous communiquer.
Capital-IT, ce sont des rencontres européennes de financeurs et de jeunes créateurs d'entreprises, avec une mission essentielle : aider les porteurs de projets et les entreprises innovantes à trouver les moyens de leur croissance, financement, partenaires, compétences et accompagnement, et les aider à développer leur visibilité sur le marché et pour les investisseurs.
Un continuum s'est développé entre Capital-IT et le Concours National d'aide à la création d'entreprises organisé par le Ministère de la Recherche et présidé par Monsieur Jean-François Dehecq. Capital-IT se positionne en aval du concours, il vise à accompagner les lauréats du Concours dans leurs relations avec la communauté des investisseurs en capitaux et en compétences professionnelles.
Je me réjouis que cette session soit l'occasion de réunir près de 500 acteurs professionnels de la recherche et de l'innovation, d'horizons différents : des financiers et investisseurs potentiels, 'business angels', fonds d'amorçage et capitaux-risqueurs, des entrepreneurs ou futurs entrepreneurs, des dirigeants de jeunes entreprises innovantes, des partenaires opérationnels, des fournisseurs de services et compétences, des représentants des organismes publics ou semi-publics, des conseils régionaux. Capital-IT est donc avant tout un lieu de rencontres et de partage d'expertise. Le partage de vos expériences, de vos savoirs et de vos énergies sera fécond pendant ces deux jours, j'en ai la conviction.
Les deux journées de Capital-IT seront rythmées par des présentations de jeunes entreprises devant un parterre d'investisseurs et de partenaires : une majorité de jeunes entreprises innovantes en amorçage ou au 1er tour de table, et des entreprises plus matures au 2ème et 3ème tour de table. Je crois savoir qu'environ 40 best IT seront présentes.
Ces deux jours seront aussi rythmés par des conférences, chacune ciblant une étape essentielle de la croissance des entreprises avec des ateliers de finance, de management, de ressources humaines.
Puis des grands thèmes seront abordés lors de sessions plénières : le financement de l'innovation et les business-modèles associés de l'Internet sans fil à haut débit. La direction de la technologie, présente, me rapportera vos commentaires et suggestions.
J'ai accepté d'inaugurer cette session pour plusieurs raisons :
- la création et l'accompagnement des jeunes entreprises innovantes est l'une des priorités affichées du gouvernement, et l'une de mes priorités ;
- le partage d'expériences, de compétences et d'énergie dans des lieux de rencontre et de partenariat comme celui-ci est également une de mes priorités. Ce n'est qu'en fédérant nos expériences et nos volontés que nous réussirons ;
- le travail d'équipe est une notion dont je porte haut les couleurs. Aucune entreprise ne peut réussir sans une équipe avec des compétences multiples et professionnelles. Vous le savez mieux que moi, et ces journées concourent à décliner ce message ;
- et je salue votre attitude volontariste malgré la conjoncture économique peu favorable.
Le gouvernement a présenté un Plan en faveur de la recherche et de l'Innovation. J'ai présenté ce Plan en collaboration avec Nicole Fontaine le 11 décembre 2002. Il s'inscrit dans le droit fil de l'objectif européen de devenir d'ici 10 ans l'économie la plus compétitive. Il s'inscrit également dans la politique de recherche du Gouvernement, qui au-delà d'être au service de l'excellence et de la dynamique scientifiques, est aussi au coeur de la politique d'innovation et de croissance économique de notre pays, pour créer des emplois et du progrès. L'Innovation, qui prend sa source majoritairement dans la R D, est essentielle pour construire notre avenir. 'L'Innovation, en quelques mots, c'est créer de la valeur, des valeurs, à partir de nos savoirs'.
Ce Plan que vous connaissez déjà bien, est composé de 4 grandes séries de mesures :
- une première série de mesures vise à augmenter les dépenses de recherche par les entreprises. Un constat doit nous frapper : alors que l'Etat français est, en Europe, celui qui dépense le plus pour la recherche publique, nos entreprises dépensent en moyenne 25 à 40% moins que les entreprises d'autres pays européens et internationaux. Notre objectif est d'augmenter ces dépenses de 40% d'ici 8 ans, un défi considérable dans la situation économique que nous connaissons ;
- une seconde série de mesures vise à mieux valoriser les résultats de la recherche par les entreprises. J'insiste sur ce point : le financement de la recherche est nécessaire, mais pas suffisant !
- pour pérenniser ces actions, il faut en parallèle développer l'esprit d'entreprendre et la formation à l'entrepreneuriat dans les écoles, les lycées, l'enseignement supérieur et la recherche. Une troisième série de mesures est mise en place dans ce sens avec Luc Ferry ;
- enfin, une quatrième série de mesures vise à faire de la recherche et de l'innovation une priorité européenne.
Dans ce Plan, la création et l'accompagnement d'entreprises innovantes est une des priorités affichées du gouvernement, et en particulier du Ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies. Nous avons la volonté politique d'apporter une impulsion forte nationale et européenne dans cette direction. Il ne suffit pas de favoriser la création des entreprises, il faut également les accompagner pour leur permettre de grandir.
Il est vrai aujourd'hui que la situation économique de notre pays, dans une conjoncture européenne et mondiale défavorable, est plus difficile pour la création et l'accompagnement des jeunes entreprises. Nous sommes loin de l'enthousiasme des investisseurs et des marchés que nous avons connu pendant l'année 2000. Personne ne peut prévoir quand les introductions en bourse repartiront. Le capital amorçage est mal couvert, la population de " business angels " est encore trop peu développée, et certains investisseurs sont frileux. Je suis consciente de cette situation. Face à elle, il nous faut au contraire être plus déterminés et actifs que jamais. La confiance est essentielle : rappelons qu'avant la croissance économique et l'optimisme de l'année 2000, nous avons connu une période économique basse. Nous devons garder en tête la notion de cycle économique.
Il faut capitaliser sur nos atouts, et nous en avons ! Il faut aussi bien identifier nos faiblesses pour y faire face et trouver des solutions, en particulier dans notre système d'investissement. Nous savons que le rapport entre le montant des investissements en capital-risque et le produit intérieur brut est dix fois inférieur en France que celui d'autres pays comme les Pays-Bas, la Finlande, le Danemark, la Suède. Les outils de financement d'amorçage et de pré-amorçage ne servent pas complètement leurs objectifs initiaux. Et le couplage entre incubateur et fonds d'amorçage n'est pas spontané ni optimal.
Face à la situation économique, oui, le Gouvernement a pris des mesures volontaires et ambitieuses pour encourager davantage la création et l'accompagnement des jeunes entreprises innovantes qui sont à l'honneur à Capital-IT. Ces mesures que je vous propose de décliner avec vous, elles vous concernent tout particulièrement et elles nourriront votre motivation et vos débats d'aujourd'hui. J'ai déjà décliné ces mesures ces deux derniers mois directement sur le terrain, à la rencontre de différents acteurs concernés.
Ce sont en premier lieu des mesures financières : quand l'investisseur est moins actif, c'est à l'Etat qu'il appartient de partager les risques, mais à condition d'être suivi et épaulé par des investisseurs privés, mobilisés et confiants. Il ne serait pas sérieux d'envisager que l'Etat puisse à lui seul prendre tous les risques ! L'Etat doit ensuite pouvoir bénéficier d'un retour sous forme de croissance et d'augmentation d'emplois. Pour cela il est vital de ne pas ralentir l'investissement en période d'incertitude et je compte sur chacun de vous pour participer à cet effort fédérateur et national, à nos côtés. Si la croissance marque le pas, c'est à l'entreprise d'aller la chercher.
Ce sont en premier lieu des avantages fiscaux pour soutenir leur croissance pendant les premières années : des exonérations de charges sociales, d'impôt sur les sociétés, de taxe locale et de plus-values seront accordées pour les jeunes entreprises innovantes de moins de 8 ans et actives en R D pour lesquelles un nouveau statut sera créé. Des exonérations de taxe professionnelle, une accélération du taux d'amortissement sur les investissements de recherche seront aussi mis en place. Et enfin un crédit d'Impôt Recherche 'dopé' est en cours de définition pour l'année 2004.
Ce sont en second lieu des sources de financement et de fonds propres qui seront apportées : un statut fiscal et juridique sera créé pour les 'business angels' pour permettre des avantages fiscaux à la hauteur des risques qu'ils prennent ; une enveloppe de 30 M sera mise à disposition par la CDC-PME pour l'amorçage ; et le Concours National d'aide à la création d'entreprise apportera également dès cette année 30 M avec un règlement amélioré.
Nous avons la volonté de créer un choc psychologique fort pour les jeunes entrepreneurs et les investisseurs et montrer que la France peut devenir l'un des territoires les plus accueillants et attractifs pour eux en Europe.
Mais au fait ! J'aimerais attirer votre attention sur le fait que, certes, promouvoir l'Innovation et les jeunes entreprises innovantes est une question d'argent : l'investissement est essentiel. Mais ce n'est pas qu'une question d'argent ! Le financement des jeunes entreprises innovantes est nécessaire mais non suffisant. S'il faut de l'argent, encore faut-il bien le dépenser et valoriser cet investissement financier en privilégiant la qualité des projets et des entreprises. C'est une question d'identifier de bons projets solides d'une grande qualité. C'est aussi une question d'organisation et de professionnalisation de l'accueil et de l'accompagnement des jeunes porteurs de projets et des jeunes entreprises innovantes : les investisseurs privés auront sans doute plus confiance dans des projets et des entreprises de qualité, organisés et professionnalisés, conduits par des équipes performantes. Aussi nous avons annoncé des mesures autres que financières :
- Ces mesures sont prises pour améliorer et professionnaliser les services d'accueil et d'accompagnement des porteurs de projets et des jeunes créateurs. Des compétences multiples autres que scientifiques et techniques sont essentielles pour la réussite de la jeune entreprise, vous le savez autant que moi : ce sont des compétences de management, juridiques, financières, de marketing, de propriété intellectuelle, de 'business development', et d'autres. L'Etat a la volonté de capitaliser sur les incubateurs qui fournissent aujourd'hui ces services, et d'aller plus loin. L'évaluation des 31 incubateurs publics a été lancée. Les résultats des 14 incubateurs dont le financement est arrivé à terme seront rendus au plus tard début avril ; le résultat sur l'ensemble des 31 sera rendu en juillet 2003. En fonction de leurs évaluations, les incubateurs seront re-financés avec un contrat d'objectifs pour les prochaines années. Des objectifs de mission, de professionnalisation avec de vraies équipes multi-compétentes internes ou externes, des objectifs d'ouverture sur le secteur privé et de pérennisation à terme seront fixés. Ces objectifs sont en cours de définition par un groupe de travail piloté par le Ministère de la Recherche.
- Nous devons aussi diffuser l'esprit d'entreprendre auprès d'un large public, en cohérence avec les priorités et les orientations européennes.
L'esprit d'entreprendre, c'est d'abord une envie, l'envie de réaliser un rêve. C'est assumer une liberté, la liberté de créer ; c'est acquérir une autonomie nouvelle, c'est s'investir. L'esprit d'entreprendre se décline dans différents domaines, celui de la recherche, bien sûr, mais dans bien d'autres domaines aussi, y compris dans votre vie personnelle. L'esprit d'entreprendre, c'est, à partir d'une idée, aller jusqu'à un projet. Ou bien, à partir d'un projet, aller jusqu'à la création d'une entreprise. L'esprit d'entreprendre, c'est une valeur individuelle, mais c'est aussi une valeur collective, une valeur d'équipe. Surtout, l'esprit d'entreprendre, c'est participer activement à la croissance de notre pays puisque les projets et les jeunes entreprises innovantes, en grandissant, créent la croissance de demain.
La volonté d'entreprendre doit être encouragée dès le plus jeune âge. Encourager le goût de la réussite. Il ne faut pas avoir peur de l'échec, il faut au contraire être fier d'avoir essayé et assez lucide pour analyser les causes de l'échec et en sortir plus forts et plus expérimentés. Nous devons être fiers d'entreprendre et fiers de ceux qui entreprennent ! Il nous appartient, tous ensemble, de changer notre état d'esprit très tôt dans notre système éducatif, et tout au long de notre vie professionnelle. Sans cet esprit d'entreprendre, il n'y a pas de défis, pas de rêve à concrétiser, il n'y a pas de grandes aventures humaines.
Concrètement des formations à l'entrepreneuriat seront mises en place dans l'enseignement supérieur et les organismes publics de recherche. Elles contribueront à mieux armer les futurs créateurs d'entreprises.
Cette politique de Recherche et d'Innovation s'inscrit en priorité dans une politique européenne.
Les premiers résultats de la consultation nationale montrent qu'une très large majorité des participants, plus de 90%, sont convaincus que le rôle de l'Europe est appelé à se développer dans le domaine des politiques d'innovation, et 50% d'entre eux pensent que la France doit être moteur dans l'Europe de l'Innovation. Je ne peux que me réjouir de cette volonté et de cette prise de conscience. Je la partage avec conviction.
La France a sans doute déjà amorcé cette dynamique, puisque la Commission européenne a salué positivement le Plan en faveur de l'Innovation et en particulier les mesures pour la création et l'accompagnement des jeunes entreprises innovantes. La France a la volonté de continuer à jouer ce rôle moteur en Europe avec des initiatives et des mesures exemplaires. Nous avons participé activement avec Nicole Fontaine à la préparation du conseil européen de printemps pour donner cette impulsion. Lors de ce conseil, il a été annoncé la présentation prochaine d'un plan d'action européen, un plan Innovation européen. Nous savons déjà que les mesures du Plan Innovation français sont en cohérence avec les recommandations et les orientations de ce futur plan européen, elles sont même parfois à l'initiative de certaines recommandations, et sans doute seront citées en exemple. La France est en mesure de faire entendre sa voix.
Depuis décembre, une large consultation nationale a été lancée sur ce plan pour laquelle de très nombreux participants se sont mobilisés. J'ai pu recueillir en direct certains de vos commentaires lors de visites sur le terrain ou de déjeuners au Ministère. Nous analysons actuellement l'ensemble de ces données.
L'une des premières conclusions, après ces deux mois et demi de consultation, est que le Plan est d'ores et déjà bien accueilli. 'Les mesures vont dans le bon sens ' entend-on ! Les mesures annoncées répondent aux attentes des professionnels sur le terrain.
Une autre conclusion importante est que ces mesures constituent une première étape. Même si le plan comporte déjà un nombre très important de mesures, il faut aller encore plus loin. Aussi les acteurs consultés anticipent déjà les prochaines mesures à prendre, dans la continuité des premières.
J'aurais le plaisir de vous restituer les conclusions de cette consultation avec Nicole Fontaine, le 9 avril prochain, à Paris lors du colloque 'Innover pour construire l'avenir'. A cette occasion, un état d'avancement détaillé de la mise en place du plan sera présenté ainsi que les prochaines étapes et le calendrier gouvernemental. Puis nous rentrerons aussitôt dans l'action et sa mise en oeuvre concrète sur le terrain. A ce moment-là, je souhaite pouvoir compter sur chacun d'entre vous. Vous serez des partenaires essentiels pour conduire ce grand chantier et mettre en place efficacement ce premier train de mesures.
Puissions-nous nous mobiliser tous, et relever ensemble le défi d'une Recherche et d'une Innovation forte et performante, pour permettre à la France de revenir en quelques années au premier plan européen, et à l'Europe d'être compétitive! Vous êtes au coeur de cette dynamique, j'en ai la conviction.
Vous allez donc contribuer, pendant ces deux jours chacun d'entre vous, à la croissance économique de notre pays, à travers des échanges, des partages d'expériences, de conseil et de financements. Vous allez donner l'exemple, le symbole d'un partenariat gagnant : c'est ensemble que l'on réussit, en fédérant nos énergies.
Avant de vous quitter, je souhaiterais vous transmettre deux messages forts :
- le premier message est que l'Etat, et en particulier le Ministère de la Recherche est à vos côtés malgré la situation difficile. Une vraie volonté politique est là pour vous aider et rendre vos conditions de travail plus favorables.
- le second message est 'donnons la priorité à la qualité' : qualité des projets, qualité des brevets déposés, qualité des business plan que vous rédigez, des études de marché que vous réalisez, qualité des compétences que vous mettez en oeuvre ou que vous recherchez, qualité des équipes dirigeantes des jeunes entreprises innovantes. C'est souvent l'équipe, les hommes, leur compétence et leur professionnalisme qui font la valeur d'un projet ou d'une entreprise, les investisseurs le savent bien ! Si la qualité est présente, alors il sera plus facile de trouver des financements. Les investisseurs privés auront sans doute plus confiance dans des jeunes projets et des entreprises de qualité, organisés et professionnalisés, conduits par des équipes performantes. La création et l'accompagnement des jeunes entreprises innovantes ne sont pas qu'une question d'argent, c'est aussi une question de qualité et de meilleure dépense de l'argent pour mettre le plus de chance de son côté dès le début, et réussir.
Aussi les deux mots clés pour ces deux jours sont, selon moi : Partenariat (pour un partage d'expériences et de compétence) et Qualité. A ces deux mots, s'ajoutent bien sûr la Confiance et la Mobilisation de tous.
Soyez fiers de participer au jour le jour à l'économie de notre pays et à celle de l'Europe, à la construction de notre avenir. 'Innovez pour construire notre avenir'.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite deux journées riches d'échanges et de partage.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 2 avril 2003)