Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire, sur les missions du Centre international d'études pédagogiques, Paris le 23 juillet 2003.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Signature du contrat d'objectifs du Centre international d'études pédagogiques à Paris le 23 juillet 2003

Texte intégral

J'ai connu et fréquenté le CIEP quand j'étais Doyen de l'IGEN. C'est un superbe lieu d'accueil et j'ai constaté avec plaisir en arrivant aujourd'hui que d'importants travaux de rénovation avaient été menés, dans le hall d'entrée notamment.
Je suis heureux de saluer le " bon élève de la classe " puisque c'est le premier contrat d'objectifs, dans le secteur proprement éducatif, que passe le ministère avec un établissement public national à caractère administratif. Cette procédure permet de concilier l'autonomie de l'établissement et les orientations politiques que doit lui donner sa tutelle.
J'ai le souvenir des interrogations que nous avions, lorsque j'étais directeur de cabinet, sur le devenir de l'établissement.
Le document que nous allons signer a pour premier mérite, me semble-t-il, de répondre à cette interrogation, en précisant le rôle du CIEP dans le dispositif de coopération internationale du ministère. Il le situe clairement comme un opérateur naturel dans les domaines de l'éducation et de la formation, ayant pour vocation de contribuer à la mise en oeuvre de la politique définie par le ministère. Ses activités le conduisent ainsi à être en relations étroites et fréquentes avec l'ensemble de nos structures, au premier rang desquelles figurent les directions de l'administration centrale, ainsi que les rectorats, les établissements d'enseignement supérieur et les autres établissements publics.Ce rôle est confirmé par la création d'un comité de liaison réunissant deux fois par an les directions concernées et l'établissement, réunions où s'échangeront informations, missions, cahiers des charges et comptes rendus.
Je me réjouis de cette reconnaissance, par le contrat, des missions que l'établissement accomplit pour le compte du ministère. La complémentarité entre les orientations de l'administration et les actions conduites par le CIEP y est clairement exprimée. Il revient au ministère de " mettre en scène " son établissement public dans le champ international, auprès de ses partenaires institutionnels, et de proposer son intervention comme un prolongement naturel de sa propre action.
Je suis heureux, également, de signer un contrat ambitieux dans ses contenus, qui va permettre au CIEP, dans ses deux grands secteurs de compétences, l'apprentissage des langues (le français pour les étrangers et les langues étrangères en France) et la coopération en éducation, de situer ses interventions au coeur des développements internationaux les plus récents. Les choses évoluent, en effet, très vite dans le secteur éducatif européen et international et il faut y faire preuve d'une grande capacité d'adaptation et d'innovation. C'est sans doute ce que l'on est en droit d'attendre d'un établissement public.
Dans le domaine de la coopération en éducation, la relation bilatérale fait largement place aujourd'hui à la négociation multilatérale. Les grands bailleurs de fonds internationaux que sont, vis-à-vis des pays en développement, la Banque Mondiale, l'Union européenne ou les banques régionales de développement, imposent leurs thèmes de réflexion et leurs méthodes de travail. Ils constituent désormais de puissants organisateurs de la coopération internationale dans le domaine éducatif.
Il nous faut donc faire valoir notre expertise, valoriser notre savoir-faire éducatif dans ce contexte où la concurrence est rude. Notre service public d'éducation doit pouvoir y faire entendre sa spécificité. Il n'y perdra pas son âme; au contraire, il s'y fera reconnaître, il y démontrera les qualités qui lui sont propres. La Pallice est là pour nous rappeler que celui qui est absent d'un combat le perd à coup sûr!
Dans cette perspective, le CIEP, en sa qualité d'établissement public, a certainement une vocation particulière, en partenariat avec l'ensemble des acteurs du système éducatif, à affirmer et renforcer la présence de notre service public d'éducation sur ce " marché ". Il est utile que le contrat mette en évidence ce rôle clé d'ensemblier des compétences que doit jouer le CIEP dans la mise en oeuvre de la réponse française aux appels d'offres multilatéraux. Les expériences que le CIEP a pu faire dans ce domaine depuis deux ans, dont certaines ont été couronnées de succès, montrent que le partenariat entre institutions et établissements, qu'ils soient publics, privés, français, européens, est le maître mot de cette activité.
J'ai noté la même volonté d'adaptation dans le domaine de l'apprentissage des langues.
Tout en saluant l'évolution des sessions de formation organisées par le CIEP vers les terres nouvelles que sont l'enseignement bilingue, le français langue seconde, le français langue d'enseignement, l'utilisation des technologies de l'information et de la communication, je voudrais souligner que l'émergence progressive d'une société de la formation tout au long de la vie s'accompagne d'une demande spectaculaire de certifications standardisées et transférables. Le secteur des langues, sans doute parce qu'il constitue un domaine clé de la mobilité et de la formation à distance, est particulièrement sensible à cette demande sociale.
Je suis heureux que le CIEP s'engage résolument dans cette problématique nouvelle, en s'appuyant sur l'expérience acquise dans le domaine du français langue étrangère, depuis bientôt 15 ans, à travers la mise en oeuvre du DELF et du DALF dont il a décerné 360 000 unités dans le monde en 2002, et, très récemment, grâce au lancement et au succès du Test de connaissance du français. Je suis persuadé qu'il y a là aussi une piste de réflexion intéressante pour le développement de l'enseignement des langues étrangères en France, thème dont le Président de la République a fait une priorité dans son discours du 14 juillet dernier.
Le développement du CIEP s'inscrit donc dans une démarche innovante et ouverte que le contrat me paraît tout à fait à même de préserver et d'accompagner.
J'ai apprécié aussi que le contrat fasse une place significative au renforcement de la capacité du CIEP à être mobilisateur d'expertise et créateur de réflexion. Le maintien des formations qu'il dispense à un haut niveau de qualité exige, en effet, un contact soutenu avec l'état le plus actuel de la réflexion et de la recherche dans ses domaines de compétence, le français langue étrangère, la didactique des langues et l'aide au développement en éducation. Il me paraît donc tout à fait souhaitable qu'il puisse, à partir de son centre de ressources documentaires et de ses publications, notamment sa "Revue internationale d'éducation", renforcer sa capacité à mobiliser des réseaux de compétences, à organiser des séminaires et des colloques sur les grands enjeux de ces secteurs d'activités. L'organisation conjointe avec la Banque mondiale, en décembre prochain, d'un colloque international sur l'enseignement technique et professionnel dans les pays en développement, témoigne du rôle que doit pouvoir jouer le CIEP à cet égard.
Je suis heureux, enfin, de voir la place faite dans le contrat à la démarche qualité. J'y vois là un exemple de l'ambition que doit avoir le service public d'éducation et que je souhaite promouvoir.
L'auto-évaluation chère à notre ministère ne répond plus aujourd'hui aux critères de reconnaissance exigés dans un contexte international. Je me réjouis donc de voir le CIEP poursuivre la démarche qu'il a lancée en 2002 et qui lui a permis d'obtenir pour le Test de Connaissance du français une labellisation ISO 9001. C'est un enjeu majeur pour l'avenir de notre service public de pouvoir faire la preuve qu'il est capable de satisfaire aux plus hautes exigences de qualité.
Je voudrais dire, en conclusion, que le département ministériel dont j'ai la charge a conçu ce contrat dans un esprit d'ouverture à la collaboration avec les partenaires privés du CIEP, au premier rang desquels je tiens, bien entendu, à citer le ministère des Affaires étrangères.
Je remercie tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce contrat, les directions du ministère, notamment la DAF, qui en a été la cheville ouvrière, la DRIC, qui en a été un acteur attentif, et le directeur du CIEP, dont je salue l'engagement personnel.
Je remercie à l'avance tous ceux qui, dès le mois de septembre prochain, s'efforceront de donner corps et vie aux engagements réciproques qu'il contient et à l'appui politique et matériel que le ministère a décidé d'apporter aux activités du CIEP.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 25 juillet 2003)