Texte intégral
Monsieur le Président du Comité national,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, tout d'abord, d'excuser l'absence de Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des Affaires européennes, qui est retenu par le débat, au Sénat, sur les priorités de la Présidence française de l'Union européenne.
Laissez-moi vous dire aussi combien je suis heureux de le remplacer pour cette grande manifestation. J'ai plaisir à accueillir, aujourd'hui, en ce haut lieu du patrimoine français, l'ensemble des membres du Comité national pour la campagne "l'Europe, un Patrimoine commun", lancée officiellement par le Conseil de l'Europe, à Bucarest, en novembre 1999.
Je salue ici le président du Comité national, M. Martin Malvy, son vice-président,
M. Chenard, le représentant du Conseil de l'Europe, M. Raymond Weber et les nombreux représentants des quatre ministères impliqués dans la Campagne (Culture, Aménagement du territoire et Environnement, Agriculture, et, bien sûr Affaires étrangères), les représentants d'élus et naturellement tous ceux et celles, représentants d'associations compétentes en matière de patrimoine, en l'honneur desquels est organisée cette réception. Ce sont eux qui ont conçu et mis en oeuvre les projets qui, par leur qualité et originalité, ont été choisis par le Comité national pour recevoir le label de la Campagne.
Permettez-moi tout d'abord de rappeler brièvement le contexte dans lequel s'inscrit cette Campagne du Conseil de l'Europe. C'est en octobre 1997, en effet, que s'est tenu, à Strasbourg, le deuxième Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de l'Europe, réunis pour fixer les nouvelles missions et orientations de l'Organisation face aux mutations profondes que traverse l'Europe.
Quatre axes prioritaires ont alors été retenus, autour desquels doit se concentrer l'action future du Conseil de l'Europe :
- démocratie et Droits de l'Homme,
- cohésion sociale,
- sécurité des citoyens,
- démocratie et diversité culturelle
C'est dans ce domaine, vous l'avez compris, que se situe la campagne consacrée au patrimoine européen que nous célébrons aujourd'hui.
Ce Sommet aura, par son succès, mis en lumière le rôle fédérateur du Conseil de l'Europe dans l'oeuvre de rassemblement de la famille européenne auquel il contribue depuis maintenant plus de 50 ans. La plus ancienne des institutions européennes réunit aujourd'hui 41 membres désireux d'oeuvrer, nous le souhaitons en tout cas, pour le respect des valeurs communes que sont la liberté individuelle, la liberté politique, celle du citoyen, le respect des Droits de l'Homme et la prééminence du droit ; à cet égard, la coopération culturelle joue un rôle fondamental dans la construction d'une Europe fondée sur la compréhension et la confiance mutuelles.
C'est la raison pour laquelle il a été décidé, lors de ce deuxième Sommet, que le patrimoine serait un des axes d'action privilégiés pour rapprocher les citoyens de tous les Etats membres du Conseil de l'Europe et pour répondre, en particulier, à l'attente des pays d'Europe centrale et orientale.
Le but principal de la Campagne est de souligner le rôle que la conscience d'un patrimoine commun, est appelée à jouer dans la construction d'un espace européen commun. Quel autre domaine, en effet, que le patrimoine culturel, sous toutes ses formes, saurait mieux faire partager le sentiment d'appartenance à un vaste espace de sécurité démocratique en Europe ?
Le patrimoine peut devenir un instrument précieux en tant que moyen de connaissance et de reconnaissance mutuelle, de tolérance et de compréhension entre les peuples. C'est pourquoi la notion de patrimoine retenue pour cette campagne recouvre une acception très large. I1 s'agit du patrimoine dans toutes ses composantes et dans toutes ses manifestations : de l'immobilier aux sites et paysages naturels, en passant par le patrimoine ethnologique et le patrimoine immatériel, composé des valeurs spirituelles et éthiques.
La France qui a toujours défendu une politique active de mise en valeur et de préservation de son patrimoine, ne pouvait qu'adhérer au message de la Campagne et s'engager activement aux côtés des autres comité nationaux et du Conseil de l'Europe.
C'est ce qu'elle a fait, par une contribution immédiate et massive, et je tiens, Mesdames et Messieurs, à féliciter chaleureusement toutes les associations, petites et grandes, qui ont répondu à l'appel du Conseil de l'Europe, en élaborant avec beaucoup d'énergie, de passion et d'enthousiasme des projets remarquables par leur originalité.
Car il s'agit là d'un enjeu essentiel. En effet, au moment où le continent européen connaît des bouleversements importants, la conscience d'appartenir à une histoire commune, à une famille commune devient plus aiguë. Elle exige, pour s'affirmer, des repères tangibles et chacun s'interroge, avec une vigueur accrue sur ce qu'est cette identité européenne à retrouver, à reconstruire, cette identité, si difficile à cerner, parce que si riche, si mouvante, si diverse.
Cette interrogation, cette quête de sens est emblématique des retrouvailles entre tous les membres de la famille européenne au sens le plus large que le Conseil de l'Europe a permis de réaliser au cours de la décennie écoulée.
Mais en même temps, on peut aussi se demander si cette quête n'est pas vaine et si l'Europe aura jamais eu véritablement une identité propre, une identité unique. C'est la question que posait Jacques Attali, le 15 mai dernier, lors du colloque auquel l'avait convié Pierre Moscovici et qui s'intitulait "L'Europe, identité plurielle".
Selon Jacques Attali, l'Europe n'aurait jamais eu d'identité d'aucune sorte et n'aurait été, au mieux, qu'un "lieu de vagabondage d'intellectuels" et s'il existe - c'est toujours Jacques Attali qui parle - une identité culturelle européenne, "elle n'est pas dans une culture, mais dans le nomadisme des hommes de culture".
Alors, dans ce contexte, et devant l'incertitude que fait naître cette interrogation philosophique sur une identité difficile à saisir, j'ai le sentiment que l'approche que vous avez choisie pour cette campagne est plutôt rassurante parce qu'elle porte sur ce qui fait l'Europe concrètement.
Bien sûr, d'aucuns objecteront que l'approche patrimoniale est réductrice et qu'elle assimile la culture à une somme d'objets que l'on reçoit et que l'on lègue. Il est incontestable que le patrimoine, c'est ce qui fait de la culture un héritage qui se reçoit et qui se transmet. Mais ce n'est pas seulement un héritage qui se mesure, qui se comptabilise et s'évalue. C'est aussi un ensemble qui se construit, qui se transforme, qui s'enrichit, et l'approche retenue montre à quel point il s'agit là d'une matière vivante et évolutive qui reflète ce qu'Edgar Morin appelle "le bouillon de culture européenne", ce perpétuel "tourbillon", ce "chantier tumultueux" dont vous êtes quelques-uns des témoins et des acteurs. En somme, le patrimoine c'est la part visible, tangible, de notre identité plurielle d'Européens.
Loin de conforter l'idée artificielle d'une unité de notre patrimoine européen, vous mettez en lumière, au contraire, non seulement sa diversité, mais ses contradictions, les antagonismes qui l'habitent, le travaillent, le déchirent parfois. Cette attitude essentiellement dynamique est bien à l'opposé d'une approche patrimoniale conservatrice et frileuse. Elle est le reflet de la vivacité du projet européen, un projet exigeant et ambitieux auquel, tous ici, vous contribuez.
Je suis frappé par le grand nombre de projets que cette campagne a suscités en France, montrant ainsi la grande vitalité des réseaux de patrimoine dans notre pays ; mais j'ai été frappé également par l'extraordinaire diversité des projets qui ont été sélectionnés et labellisés par le Comité national dont Martin Malvy nous parlera dans un instant.
Je tiens à cette occasion à féliciter le Comité national, sans lequel la Campagne n'aurait pu voir le jour en France, et le travail remarquable de l'association " Relais Culture Europe ", qui a fait de la Campagne en France l'une des plus réussie des pays membres du Conseil de l'Europe.
Je félicite tout aussi chaleureusement les représentants des ministères qui, au sein du comité, ont étroitement collaboré à la Campagne depuis son lancement.
Et je tiens, bien sûr, à féliciter et à remercier aussi le Conseil de l'Europe, représenté ici par M. Weber, directeur chargé de la Culture et du patrimoine culturel. Et je me garderai d'oublier la Commission européenne qui a apporté sa contribution à cette grande opération.
Je souhaite que ces nombreux liens et échanges qui se sont tissés tout au long de la Campagne entre les réseaux européens dans le domaine du patrimoine persistent et s'intensifient bien au-delà du cadre et de la durée prévue pour la Campagne.
A tous, enfin, je souhaite plein succès dans cette belle oeuvre commune !
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juin 2000)
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, tout d'abord, d'excuser l'absence de Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des Affaires européennes, qui est retenu par le débat, au Sénat, sur les priorités de la Présidence française de l'Union européenne.
Laissez-moi vous dire aussi combien je suis heureux de le remplacer pour cette grande manifestation. J'ai plaisir à accueillir, aujourd'hui, en ce haut lieu du patrimoine français, l'ensemble des membres du Comité national pour la campagne "l'Europe, un Patrimoine commun", lancée officiellement par le Conseil de l'Europe, à Bucarest, en novembre 1999.
Je salue ici le président du Comité national, M. Martin Malvy, son vice-président,
M. Chenard, le représentant du Conseil de l'Europe, M. Raymond Weber et les nombreux représentants des quatre ministères impliqués dans la Campagne (Culture, Aménagement du territoire et Environnement, Agriculture, et, bien sûr Affaires étrangères), les représentants d'élus et naturellement tous ceux et celles, représentants d'associations compétentes en matière de patrimoine, en l'honneur desquels est organisée cette réception. Ce sont eux qui ont conçu et mis en oeuvre les projets qui, par leur qualité et originalité, ont été choisis par le Comité national pour recevoir le label de la Campagne.
Permettez-moi tout d'abord de rappeler brièvement le contexte dans lequel s'inscrit cette Campagne du Conseil de l'Europe. C'est en octobre 1997, en effet, que s'est tenu, à Strasbourg, le deuxième Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de l'Europe, réunis pour fixer les nouvelles missions et orientations de l'Organisation face aux mutations profondes que traverse l'Europe.
Quatre axes prioritaires ont alors été retenus, autour desquels doit se concentrer l'action future du Conseil de l'Europe :
- démocratie et Droits de l'Homme,
- cohésion sociale,
- sécurité des citoyens,
- démocratie et diversité culturelle
C'est dans ce domaine, vous l'avez compris, que se situe la campagne consacrée au patrimoine européen que nous célébrons aujourd'hui.
Ce Sommet aura, par son succès, mis en lumière le rôle fédérateur du Conseil de l'Europe dans l'oeuvre de rassemblement de la famille européenne auquel il contribue depuis maintenant plus de 50 ans. La plus ancienne des institutions européennes réunit aujourd'hui 41 membres désireux d'oeuvrer, nous le souhaitons en tout cas, pour le respect des valeurs communes que sont la liberté individuelle, la liberté politique, celle du citoyen, le respect des Droits de l'Homme et la prééminence du droit ; à cet égard, la coopération culturelle joue un rôle fondamental dans la construction d'une Europe fondée sur la compréhension et la confiance mutuelles.
C'est la raison pour laquelle il a été décidé, lors de ce deuxième Sommet, que le patrimoine serait un des axes d'action privilégiés pour rapprocher les citoyens de tous les Etats membres du Conseil de l'Europe et pour répondre, en particulier, à l'attente des pays d'Europe centrale et orientale.
Le but principal de la Campagne est de souligner le rôle que la conscience d'un patrimoine commun, est appelée à jouer dans la construction d'un espace européen commun. Quel autre domaine, en effet, que le patrimoine culturel, sous toutes ses formes, saurait mieux faire partager le sentiment d'appartenance à un vaste espace de sécurité démocratique en Europe ?
Le patrimoine peut devenir un instrument précieux en tant que moyen de connaissance et de reconnaissance mutuelle, de tolérance et de compréhension entre les peuples. C'est pourquoi la notion de patrimoine retenue pour cette campagne recouvre une acception très large. I1 s'agit du patrimoine dans toutes ses composantes et dans toutes ses manifestations : de l'immobilier aux sites et paysages naturels, en passant par le patrimoine ethnologique et le patrimoine immatériel, composé des valeurs spirituelles et éthiques.
La France qui a toujours défendu une politique active de mise en valeur et de préservation de son patrimoine, ne pouvait qu'adhérer au message de la Campagne et s'engager activement aux côtés des autres comité nationaux et du Conseil de l'Europe.
C'est ce qu'elle a fait, par une contribution immédiate et massive, et je tiens, Mesdames et Messieurs, à féliciter chaleureusement toutes les associations, petites et grandes, qui ont répondu à l'appel du Conseil de l'Europe, en élaborant avec beaucoup d'énergie, de passion et d'enthousiasme des projets remarquables par leur originalité.
Car il s'agit là d'un enjeu essentiel. En effet, au moment où le continent européen connaît des bouleversements importants, la conscience d'appartenir à une histoire commune, à une famille commune devient plus aiguë. Elle exige, pour s'affirmer, des repères tangibles et chacun s'interroge, avec une vigueur accrue sur ce qu'est cette identité européenne à retrouver, à reconstruire, cette identité, si difficile à cerner, parce que si riche, si mouvante, si diverse.
Cette interrogation, cette quête de sens est emblématique des retrouvailles entre tous les membres de la famille européenne au sens le plus large que le Conseil de l'Europe a permis de réaliser au cours de la décennie écoulée.
Mais en même temps, on peut aussi se demander si cette quête n'est pas vaine et si l'Europe aura jamais eu véritablement une identité propre, une identité unique. C'est la question que posait Jacques Attali, le 15 mai dernier, lors du colloque auquel l'avait convié Pierre Moscovici et qui s'intitulait "L'Europe, identité plurielle".
Selon Jacques Attali, l'Europe n'aurait jamais eu d'identité d'aucune sorte et n'aurait été, au mieux, qu'un "lieu de vagabondage d'intellectuels" et s'il existe - c'est toujours Jacques Attali qui parle - une identité culturelle européenne, "elle n'est pas dans une culture, mais dans le nomadisme des hommes de culture".
Alors, dans ce contexte, et devant l'incertitude que fait naître cette interrogation philosophique sur une identité difficile à saisir, j'ai le sentiment que l'approche que vous avez choisie pour cette campagne est plutôt rassurante parce qu'elle porte sur ce qui fait l'Europe concrètement.
Bien sûr, d'aucuns objecteront que l'approche patrimoniale est réductrice et qu'elle assimile la culture à une somme d'objets que l'on reçoit et que l'on lègue. Il est incontestable que le patrimoine, c'est ce qui fait de la culture un héritage qui se reçoit et qui se transmet. Mais ce n'est pas seulement un héritage qui se mesure, qui se comptabilise et s'évalue. C'est aussi un ensemble qui se construit, qui se transforme, qui s'enrichit, et l'approche retenue montre à quel point il s'agit là d'une matière vivante et évolutive qui reflète ce qu'Edgar Morin appelle "le bouillon de culture européenne", ce perpétuel "tourbillon", ce "chantier tumultueux" dont vous êtes quelques-uns des témoins et des acteurs. En somme, le patrimoine c'est la part visible, tangible, de notre identité plurielle d'Européens.
Loin de conforter l'idée artificielle d'une unité de notre patrimoine européen, vous mettez en lumière, au contraire, non seulement sa diversité, mais ses contradictions, les antagonismes qui l'habitent, le travaillent, le déchirent parfois. Cette attitude essentiellement dynamique est bien à l'opposé d'une approche patrimoniale conservatrice et frileuse. Elle est le reflet de la vivacité du projet européen, un projet exigeant et ambitieux auquel, tous ici, vous contribuez.
Je suis frappé par le grand nombre de projets que cette campagne a suscités en France, montrant ainsi la grande vitalité des réseaux de patrimoine dans notre pays ; mais j'ai été frappé également par l'extraordinaire diversité des projets qui ont été sélectionnés et labellisés par le Comité national dont Martin Malvy nous parlera dans un instant.
Je tiens à cette occasion à féliciter le Comité national, sans lequel la Campagne n'aurait pu voir le jour en France, et le travail remarquable de l'association " Relais Culture Europe ", qui a fait de la Campagne en France l'une des plus réussie des pays membres du Conseil de l'Europe.
Je félicite tout aussi chaleureusement les représentants des ministères qui, au sein du comité, ont étroitement collaboré à la Campagne depuis son lancement.
Et je tiens, bien sûr, à féliciter et à remercier aussi le Conseil de l'Europe, représenté ici par M. Weber, directeur chargé de la Culture et du patrimoine culturel. Et je me garderai d'oublier la Commission européenne qui a apporté sa contribution à cette grande opération.
Je souhaite que ces nombreux liens et échanges qui se sont tissés tout au long de la Campagne entre les réseaux européens dans le domaine du patrimoine persistent et s'intensifient bien au-delà du cadre et de la durée prévue pour la Campagne.
A tous, enfin, je souhaite plein succès dans cette belle oeuvre commune !
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juin 2000)