Message de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et Pierre Moscovici, ministre chargé des affaires européennes, sur les priorités de la présidence française de l'Union européenne, Paris le 24 juin 2000.

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Le 1er juillet 2000, la France assurera la présidence de l'Union européenne pour six mois. Chaque présidence rythme la vie communautaire. Elle doit assurer la continuité des travaux de celles qui l'ont précédée et s'inscrire dans la perspective des suivantes. Mais c'est aussi l'occasion pour le pays qui en a la charge, sur une période brève et intense, d'imprimer sa marque. La France, membre fondateur de l'Union européenne, aborde cette période avec détermination et ambition.
Notre présidence coïncide en effet avec plusieurs grands enjeux pour notre avenir commun. Il s'agit d'abord de la réforme des institutions, nécessaire pour que l'Europe soit plus efficace et puisse accueillir dans les meilleures conditions les pays de l'Est et du Sud de l'Europe, actuellement candidats. C'est l'objet de la Conférence intergouvernementale, ouverte en février 2000. La présidence française fera tout ce qui est en son pouvoir pour la conclure à la fin de l'année par un nouveau traité.
Capital pour l'avenir de l'Europe, le processus d'élargissement, qui concerne maintenant treize pays candidats, devra se poursuivre et s'approfondir, en veillant à conserver l'approche ouverte et réaliste que nous avons privilégiée jusqu'à présent.
L'affirmation de la politique étrangère commune et la mise en place de l'Europe de la défense, qui ont considérablement avancé depuis quelques mois, figure parmi les autres grands chantiers en cours. En organisant et en développant ses relations extérieures, l'Union doit acquérir progressivement un poids politique dans le monde à la hauteur de sa force économique. Sur le continent européen, le travail de démocratisation et de stabilisation des Balkans requiert une attention permanente.
Notre deuxième grande priorité sera de contribuer à redonner un sens politique à la construction européenne, de faire émerger une Europe véritablement utile aux citoyens, à la fois en réaffirmant ses valeurs et en développant des politiques qui répondent aux préoccupations premières de ses habitants.
L'Europe n'est pas uniquement un ensemble économique, commercial et financier. Elle est une communauté de valeurs fondée sur la démocratie. C'est pourquoi nous attacherons une grande importance à l'élaboration d'une Charte des droits fondamentaux des Européens, dont l'objet sera de rassembler les droits civiques et politiques, mais aussi les droits économiques et sociaux, qui fondent la spécificité européenne.
Dans la ligne des efforts entrepris depuis plusieurs années pour réorienter les politiques européennes, la France continuera de donner la priorité à la croissance et à l'emploi en Europe, notamment par le renforcement de la coordination des politiques économiques et par l'encouragement à l'innovation sous toutes ses formes.
Il nous reviendra également de poursuivre la mise en place d'un espace de sécurité, de liberté et de justice. Assurer la sécurité extérieure de l'Union, notamment face à la criminalité organisée et aux trafics internationaux, constituer un véritable espace judiciaire européen, tels sont quelques défis à relever.
Nous serons également très attentifs à l'action européenne dans le domaine de l'environnement, notamment la sécurité maritime, et chercherons à concrétiser le projet d'un espace européen de l'éducation et de la connaissance, fondé notamment sur la suppression des obstacles à la libre circulation des étudiants, des enseignants et des chercheurs en Europe.
La tâche sera lourde et une présidence est un moment bref. Mais avec le concours de tous, en France et en Europe, nous pouvons espérer que la présidence française fera avancer l'Europe et lui permettra d'entrer avec force et enthousiasme dans le XXIe siècle !

(source http://www.presidence-europe.fr, le 28 juin 2000)