Texte intégral
Mesdames et messieurs les sénateurs,
chers collègues et amis,
C'est pour moi un grand plaisir d'être ici parmi vous, pour vous présenter le plan de mobilisation Nationale contre le cancer. Je tiens d'ailleurs à remercier le Président Nicolas About pour l'accueil qu'il a réservé à cette initiative et, plus généralement, pour la façon remarquable avec laquelle il mène les travaux de cette commission. Tout le monde garde en mémoire l'excellent rapport rendu en juin 2001 par Lucien Neuwirth et Claude Huriet sur la politique de lutte contre le cancer. Ces deux brillants rapporteurs avaient fait oeuvre de précurseurs et je veux saluer leurs travaux.
Au lendemain de l'annonce du plan cancer par le Président de la République, votre commission m'a semblé représenter l'enceinte privilégiée pour m'exprimer sur ce sujet.
Les chiffres du cancer
Ce plan ne contient pas moins de 70 mesures. Il constitue un programme stratégique de grande ampleur, dont je souhaite qu'il porte des résultats visibles d'ici cinq ans. Je voudrais devant vous replacer l'enjeu de ce chantier, et vous exposer brièvement les principes sur lesquels je veux m'appuyer pour conduire les actions du plan cancer.
Lorsqu'il a décidé de faire du cancer l'un des trois chantiers de son quinquennat, le Président de la République avait très bien compris l'ampleur des attentes et des espoirs de l'ensemble de nos concitoyens face au problème du cancer. Je souhaite rappeler simplement quelques chiffres dont nous devons tous prendre la mesure : le cancer tue en France 150 000 personnes chaque année. C'est à dire plus de 400 décès chaque jour, et l'équivalent d'un 11 septembre chaque semaine ! Un homme sur trois et une femme sur quatre décèderont d'un cancer. Cette hécatombe est encore plus grave pour les personnes jeunes et actives, puisque le cancer représente 37% des décès prématurés, loin devant les accidents et les suicides. Si les chiffres peuvent sembler abstraits, les Français, eux, ressentent parfaitement ce constat. Ils sont plusieurs millions à avoir connu directement le cancer. Pour toutes ces familles, le cancer est une injustice et une douleur insupportable.
Mais il y a aussi les survivants de la maladie. Ce sont des femmes, des hommes, des enfants, qui sont passés par l'épreuve, qui en sont sortis et qui veulent continuer à vivre. Je souhaite que l'on parle aujourd'hui de guérison du cancer. Les enfants, que l'on ne guérissait pas, ou si peu, il y a seulement 30 ans : aujourd'hui on en sauve plus de trois sur quatre ! Quel progrès formidable ! Je souhaite que l'on s'adresse aux patients qui ont passé cinq, huit ou dix ans sans rechute comme à des personnes normales. Ils ont droit à une vie normale, à la maison, au travail, dans leur vie sociale, économique et relationnelle.
Pourquoi un plan cancer ?
Depuis longtemps, bien entendu, le cancer est une priorité de santé publique. Alors, pourquoi un plan cancer ? Un plan cancer de plus, diront peut être certains. Je n'hésite pas à répondre : parce que jusqu'ici nous n'avions pas pris la mesure du problème. Nous n'avons pas pris la mesure de l'augmentation très forte de l'incidence du cancer : + 63% en vingt ans ! Nous n'avons pas pris conscience de la faiblesse de notre culture de santé publique, et de l'insuffisance de la prévention. Or de nombreux cancers sont évitables ! Evitables, la plupart des cancers du poumon, si l'on ne fume pas ; évitable une partie importante des cancers de la bouche, de l'oesophage, de l'estomac, si notre alimentation est équilibrée. Evitables les mélanomes, si l'on sait se protéger du soleil.
Evitables, enfin, les cancers du col de l'utérus pour les femmes qui se font dépister régulièrement. Nous n'avons pas pris conscience non plus des retards qui se sont accumulés dans les moyens techniques de nos hôpitaux. Nous avons sous estimé l'urgence de mieux coordonner la recherche en cancérologie, au risque de décrocher de la compétition internationale, alors même que nous disposons d'équipes parmi les meilleures du monde. Nous n'avons, et c'est sans doute le plus grave, pas pris conscience des attentes des malades et de leur famille d'une médecine plus humaine et plus proche, qui s'intéresse d'abord à la personne.
Voilà pourquoi il est aujourd'hui nécessaire qu'une mobilisation de tous les acteurs se développe pour lutter contre la maladie. Le plan cancer est là pour donner un sens et des objectifs à cette mobilisation, qui, je le sais, est déjà en marche. Ce plan ne prétend pas tout résoudre, mais il constitue un programme de travail. Les patients et leurs proches sont bien entendu les premiers destinataires de ce plan. Le Président de la République, qui a réuni hier leurs représentants à l'Elysée, nous a tracé la route : c'est avec les patients, dans une action conjointe avec les professionnels que nous devons avancer. Je sais que de nombreuses actions remarquables ont déjà été conduites. Je sais que plusieurs chantiers d'amélioration sont en cours. Et je souhaite que ces actions continuent. J'ai pu constater au cours des nombreux entretiens que j'ai eus et qui m'ont aidé à préparer ce plan, combien les volontés et les idées sont présentes, combien le désir de contribuer à l'action est fort. Je souhaite que tous ceux, associations, professionnels, qui veulent contribuer à ce chantier puissent le faire, et soient associés le plus étroitement possible à sa mise en oeuvre.
Principes et objectifs du plan
Depuis le 16 janvier, date de remise du rapport de la commission d'orientation, nous avons travaillé, Claudie Haigneré et moi même, pour préparer ce programme réaliste et ambitieux. Les principes qui animent le plan que je vous présente aujourd'hui sont des principes d'efficacité, de cohérence, d'ouverture et de réalisme. Efficacité, car il est nécessaire d'utiliser au mieux les moyens qui sont déjà disponibles : le plan contient de nombreuses mesures d'organisation qui ne nécessitent pas de moyens supplémentaires, et qui peuvent être mises en oeuvre dès maintenant. Cohérence, car c'est l'ensemble des mesures proposées qui permettra de réaliser un vrai pas en avant et de changer l'image sociale du cancer. Ouverture, car le plan propose des mesures audacieuses, profondément réformatrices et qui associent concrètement les professionnels, les patients, les associations et les services publics dans des actions communes. Enfin, réalisme, car il faut des budgets, du temps et de la concertation pour faire aboutir ce programme. Le budget, il sera au rendez-vous, financé par la hausse des droits sur le tabac. L'effort budgétaire annuel supplémentaire est de 100 millions d'euros dès 2003, et atteindra 640 Millions en 2007. Le temps, c'est cinq ans, durée pendant laquelle les mesures du plan seront mises en place. La concertation sera quant à elle un principe de base du plan : le cancer c'est l'affaire de tous, et tous, professionnels, patients et gestionnaires seront associés à la mise en place des mesures.
Présentation des mesures
Je ne vais pas entrer, en quelques minutes, dans l'ensemble des mesures proposées par le plan. Je souhaite pourtant mettre un accent particulier sur certaines d'entre elles.
Il nous faut en tout premier lieu rééquilibrer la place de la prévention en France. Notre système de santé, centré sur le curatif, sait mal prévenir les conduites à risque. Or, éviter les cancers évitables, cela nous concerne tous ; moi-même ; vous-mêmes. Les mesures nécessaires sont relativement simples, mais elles doivent être fortes. Elles concerneront en tout premier lieu le tabagisme, que je veux réduire de 30% chez les jeunes et de 20% chez les adultes.
Elles concerneront les cancers professionnels et le risque environnemental. Elles s'accompagneront d'actions d'éducation à la santé, en particulier en milieu scolaire.
Bien entendu, nous n'oublierons pas le dépistage. On sait que plus tôt le cancer est diagnostiqué, plus élevées sont les chances de guérison. Nous mettrons l'accent sur quatre cancers : le sein, le côlon, le col de l'utérus et le mélanome. Dans le domaine des soins, je veux avant toute chose répondre aux attentes des patients. Les patients, leur famille et leurs proches attendent une plus grande écoute, un plus grand respect de la personne, un accompagnement qui aille au delà des soins techniques. Ils attendent aussi une qualité égale de la prise en charge, partout sur le territoire. Pour cela, nous allons modifier l'organisation, les moyens mais aussi la culture de notre système de soins. La coordination, l'accompagnement et l'accès à l'innovation seront nos trois mots clés.
Nous développerons également les lieux d'information pour les patients et le public. Le système de prise en charge doit devenir transparent, et chacun doit avoir accès aux informations pouvant l'aider à être partenaire de sa prise en charge. C'est une évolution en profondeur des rapports entre les patients et le système de soins que je souhaite encourager.
J'en arrive à la recherche. Nous savons tous que l'espoir de vaincre le cancer est suspendu à la recherche sur le cancer. Or les concepts ont évolué. Le génôme humain est décrypté, et l'échelle des questions scientifiques est passée de la cellule à l'ADN. La France, qui dispose d'équipes de recherche de premier plan, doit être à la pointe de ces travaux. Avec le ministère de la recherche, nous développerons une stratégie nationale de recherche en cancérologie, appuyée sur des programmes coordonnés, pilotés et financés. Au niveau régional, nous encouragerons l'émergence de cancéropôles, qui associeront hôpitaux de référence et unités de recherche fondamentale. Nous favoriserons résolument les partenariats entre chercheurs publics et industriels et nous soutiendrons les projets importants, en particulier les projets s'inscrivant dans une dynamique européenne de la recherche.
Afin d'assurer une visibilité et une cohésion globale de la lutte contre le cancer, de la recherche aux soins, nous allons mettre en place un Institut National du Cancer. Cet institut définira et financera des programmes de recherche ; il établira les référentiels de qualité des pratiques médicales et de soins ; il observera la mise en place de l'ensemble des mesures du plan cancer, et assurera une information auprès du public.
Mesdames et messieurs les sénateurs, comme vous le voyez, la tâche n'est pas minime. Le plan national de mobilisation contre le cancer est ambitieux, parce que l'enjeu attaché au cancer est également ambitieux. Les attentes des patients et de leurs familles sont énormes, et nous n'avons pas le droit de les décevoir. Ce programme, il faut le faire.
Vous savez trop bien combien d'idées se sont épuisées faute d'une coordination efficace. En accord avec le Premier Ministre, Jean Pierre Raffarin, je souhaite développer une méthode de pilotage par projets, qui évite les trop fréquents conflits hiérarchiques ou de territoire, dont les professionnels et les patients ne veulent plus. Je souhaite également systématiser l'évaluation de chacune des actions du plan : pour cela, je vais mettre en place un dispositif spécifique d'évaluation du plan, afin d'en mesurer les effets sur la maladie, mais aussi sur la satisfaction des patients et des professionnels.
Vous le voyez, les dimensions du plan de mobilisation nationale contre le cancer sont multiples. Je veux d'ailleurs faire du chantier présidentiel une action exemplaire, qui pourra bénéficier à l'ensemble de l'organisation sanitaire et de la recherche médicale, pour toutes les pathologies et pour tous les patients. Toutes les énergies et tous les talents sont les bienvenus. Ce chantier est un chantier qui s'ouvre.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 31 mars 2003)
chers collègues et amis,
C'est pour moi un grand plaisir d'être ici parmi vous, pour vous présenter le plan de mobilisation Nationale contre le cancer. Je tiens d'ailleurs à remercier le Président Nicolas About pour l'accueil qu'il a réservé à cette initiative et, plus généralement, pour la façon remarquable avec laquelle il mène les travaux de cette commission. Tout le monde garde en mémoire l'excellent rapport rendu en juin 2001 par Lucien Neuwirth et Claude Huriet sur la politique de lutte contre le cancer. Ces deux brillants rapporteurs avaient fait oeuvre de précurseurs et je veux saluer leurs travaux.
Au lendemain de l'annonce du plan cancer par le Président de la République, votre commission m'a semblé représenter l'enceinte privilégiée pour m'exprimer sur ce sujet.
Les chiffres du cancer
Ce plan ne contient pas moins de 70 mesures. Il constitue un programme stratégique de grande ampleur, dont je souhaite qu'il porte des résultats visibles d'ici cinq ans. Je voudrais devant vous replacer l'enjeu de ce chantier, et vous exposer brièvement les principes sur lesquels je veux m'appuyer pour conduire les actions du plan cancer.
Lorsqu'il a décidé de faire du cancer l'un des trois chantiers de son quinquennat, le Président de la République avait très bien compris l'ampleur des attentes et des espoirs de l'ensemble de nos concitoyens face au problème du cancer. Je souhaite rappeler simplement quelques chiffres dont nous devons tous prendre la mesure : le cancer tue en France 150 000 personnes chaque année. C'est à dire plus de 400 décès chaque jour, et l'équivalent d'un 11 septembre chaque semaine ! Un homme sur trois et une femme sur quatre décèderont d'un cancer. Cette hécatombe est encore plus grave pour les personnes jeunes et actives, puisque le cancer représente 37% des décès prématurés, loin devant les accidents et les suicides. Si les chiffres peuvent sembler abstraits, les Français, eux, ressentent parfaitement ce constat. Ils sont plusieurs millions à avoir connu directement le cancer. Pour toutes ces familles, le cancer est une injustice et une douleur insupportable.
Mais il y a aussi les survivants de la maladie. Ce sont des femmes, des hommes, des enfants, qui sont passés par l'épreuve, qui en sont sortis et qui veulent continuer à vivre. Je souhaite que l'on parle aujourd'hui de guérison du cancer. Les enfants, que l'on ne guérissait pas, ou si peu, il y a seulement 30 ans : aujourd'hui on en sauve plus de trois sur quatre ! Quel progrès formidable ! Je souhaite que l'on s'adresse aux patients qui ont passé cinq, huit ou dix ans sans rechute comme à des personnes normales. Ils ont droit à une vie normale, à la maison, au travail, dans leur vie sociale, économique et relationnelle.
Pourquoi un plan cancer ?
Depuis longtemps, bien entendu, le cancer est une priorité de santé publique. Alors, pourquoi un plan cancer ? Un plan cancer de plus, diront peut être certains. Je n'hésite pas à répondre : parce que jusqu'ici nous n'avions pas pris la mesure du problème. Nous n'avons pas pris la mesure de l'augmentation très forte de l'incidence du cancer : + 63% en vingt ans ! Nous n'avons pas pris conscience de la faiblesse de notre culture de santé publique, et de l'insuffisance de la prévention. Or de nombreux cancers sont évitables ! Evitables, la plupart des cancers du poumon, si l'on ne fume pas ; évitable une partie importante des cancers de la bouche, de l'oesophage, de l'estomac, si notre alimentation est équilibrée. Evitables les mélanomes, si l'on sait se protéger du soleil.
Evitables, enfin, les cancers du col de l'utérus pour les femmes qui se font dépister régulièrement. Nous n'avons pas pris conscience non plus des retards qui se sont accumulés dans les moyens techniques de nos hôpitaux. Nous avons sous estimé l'urgence de mieux coordonner la recherche en cancérologie, au risque de décrocher de la compétition internationale, alors même que nous disposons d'équipes parmi les meilleures du monde. Nous n'avons, et c'est sans doute le plus grave, pas pris conscience des attentes des malades et de leur famille d'une médecine plus humaine et plus proche, qui s'intéresse d'abord à la personne.
Voilà pourquoi il est aujourd'hui nécessaire qu'une mobilisation de tous les acteurs se développe pour lutter contre la maladie. Le plan cancer est là pour donner un sens et des objectifs à cette mobilisation, qui, je le sais, est déjà en marche. Ce plan ne prétend pas tout résoudre, mais il constitue un programme de travail. Les patients et leurs proches sont bien entendu les premiers destinataires de ce plan. Le Président de la République, qui a réuni hier leurs représentants à l'Elysée, nous a tracé la route : c'est avec les patients, dans une action conjointe avec les professionnels que nous devons avancer. Je sais que de nombreuses actions remarquables ont déjà été conduites. Je sais que plusieurs chantiers d'amélioration sont en cours. Et je souhaite que ces actions continuent. J'ai pu constater au cours des nombreux entretiens que j'ai eus et qui m'ont aidé à préparer ce plan, combien les volontés et les idées sont présentes, combien le désir de contribuer à l'action est fort. Je souhaite que tous ceux, associations, professionnels, qui veulent contribuer à ce chantier puissent le faire, et soient associés le plus étroitement possible à sa mise en oeuvre.
Principes et objectifs du plan
Depuis le 16 janvier, date de remise du rapport de la commission d'orientation, nous avons travaillé, Claudie Haigneré et moi même, pour préparer ce programme réaliste et ambitieux. Les principes qui animent le plan que je vous présente aujourd'hui sont des principes d'efficacité, de cohérence, d'ouverture et de réalisme. Efficacité, car il est nécessaire d'utiliser au mieux les moyens qui sont déjà disponibles : le plan contient de nombreuses mesures d'organisation qui ne nécessitent pas de moyens supplémentaires, et qui peuvent être mises en oeuvre dès maintenant. Cohérence, car c'est l'ensemble des mesures proposées qui permettra de réaliser un vrai pas en avant et de changer l'image sociale du cancer. Ouverture, car le plan propose des mesures audacieuses, profondément réformatrices et qui associent concrètement les professionnels, les patients, les associations et les services publics dans des actions communes. Enfin, réalisme, car il faut des budgets, du temps et de la concertation pour faire aboutir ce programme. Le budget, il sera au rendez-vous, financé par la hausse des droits sur le tabac. L'effort budgétaire annuel supplémentaire est de 100 millions d'euros dès 2003, et atteindra 640 Millions en 2007. Le temps, c'est cinq ans, durée pendant laquelle les mesures du plan seront mises en place. La concertation sera quant à elle un principe de base du plan : le cancer c'est l'affaire de tous, et tous, professionnels, patients et gestionnaires seront associés à la mise en place des mesures.
Présentation des mesures
Je ne vais pas entrer, en quelques minutes, dans l'ensemble des mesures proposées par le plan. Je souhaite pourtant mettre un accent particulier sur certaines d'entre elles.
Il nous faut en tout premier lieu rééquilibrer la place de la prévention en France. Notre système de santé, centré sur le curatif, sait mal prévenir les conduites à risque. Or, éviter les cancers évitables, cela nous concerne tous ; moi-même ; vous-mêmes. Les mesures nécessaires sont relativement simples, mais elles doivent être fortes. Elles concerneront en tout premier lieu le tabagisme, que je veux réduire de 30% chez les jeunes et de 20% chez les adultes.
Elles concerneront les cancers professionnels et le risque environnemental. Elles s'accompagneront d'actions d'éducation à la santé, en particulier en milieu scolaire.
Bien entendu, nous n'oublierons pas le dépistage. On sait que plus tôt le cancer est diagnostiqué, plus élevées sont les chances de guérison. Nous mettrons l'accent sur quatre cancers : le sein, le côlon, le col de l'utérus et le mélanome. Dans le domaine des soins, je veux avant toute chose répondre aux attentes des patients. Les patients, leur famille et leurs proches attendent une plus grande écoute, un plus grand respect de la personne, un accompagnement qui aille au delà des soins techniques. Ils attendent aussi une qualité égale de la prise en charge, partout sur le territoire. Pour cela, nous allons modifier l'organisation, les moyens mais aussi la culture de notre système de soins. La coordination, l'accompagnement et l'accès à l'innovation seront nos trois mots clés.
Nous développerons également les lieux d'information pour les patients et le public. Le système de prise en charge doit devenir transparent, et chacun doit avoir accès aux informations pouvant l'aider à être partenaire de sa prise en charge. C'est une évolution en profondeur des rapports entre les patients et le système de soins que je souhaite encourager.
J'en arrive à la recherche. Nous savons tous que l'espoir de vaincre le cancer est suspendu à la recherche sur le cancer. Or les concepts ont évolué. Le génôme humain est décrypté, et l'échelle des questions scientifiques est passée de la cellule à l'ADN. La France, qui dispose d'équipes de recherche de premier plan, doit être à la pointe de ces travaux. Avec le ministère de la recherche, nous développerons une stratégie nationale de recherche en cancérologie, appuyée sur des programmes coordonnés, pilotés et financés. Au niveau régional, nous encouragerons l'émergence de cancéropôles, qui associeront hôpitaux de référence et unités de recherche fondamentale. Nous favoriserons résolument les partenariats entre chercheurs publics et industriels et nous soutiendrons les projets importants, en particulier les projets s'inscrivant dans une dynamique européenne de la recherche.
Afin d'assurer une visibilité et une cohésion globale de la lutte contre le cancer, de la recherche aux soins, nous allons mettre en place un Institut National du Cancer. Cet institut définira et financera des programmes de recherche ; il établira les référentiels de qualité des pratiques médicales et de soins ; il observera la mise en place de l'ensemble des mesures du plan cancer, et assurera une information auprès du public.
Mesdames et messieurs les sénateurs, comme vous le voyez, la tâche n'est pas minime. Le plan national de mobilisation contre le cancer est ambitieux, parce que l'enjeu attaché au cancer est également ambitieux. Les attentes des patients et de leurs familles sont énormes, et nous n'avons pas le droit de les décevoir. Ce programme, il faut le faire.
Vous savez trop bien combien d'idées se sont épuisées faute d'une coordination efficace. En accord avec le Premier Ministre, Jean Pierre Raffarin, je souhaite développer une méthode de pilotage par projets, qui évite les trop fréquents conflits hiérarchiques ou de territoire, dont les professionnels et les patients ne veulent plus. Je souhaite également systématiser l'évaluation de chacune des actions du plan : pour cela, je vais mettre en place un dispositif spécifique d'évaluation du plan, afin d'en mesurer les effets sur la maladie, mais aussi sur la satisfaction des patients et des professionnels.
Vous le voyez, les dimensions du plan de mobilisation nationale contre le cancer sont multiples. Je veux d'ailleurs faire du chantier présidentiel une action exemplaire, qui pourra bénéficier à l'ensemble de l'organisation sanitaire et de la recherche médicale, pour toutes les pathologies et pour tous les patients. Toutes les énergies et tous les talents sont les bienvenus. Ce chantier est un chantier qui s'ouvre.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 31 mars 2003)