Déclaration de Mme Tokia Saïfi, secrétaire d'Etat au développement durable, sur les modalités de mise en place de l'agriculture raisonnée, Douai le 13 septembre 2003.

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Texte intégral


Monsieur le Président,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs
Permettez-moi tout d'abord de féliciter Jean-Jacques DELILLE et Jacques VERNIER pour leur excellente initiative de consacrer cette année la foire de DOUAI au thème de l'agriculture et bien sûr le remercier de m'avoir conviée à intervenir dans ce débat sur l'agriculture raisonnée.
Ce thème est d'autant plus pertinent que l'agriculture et la ville entretiennent dans le DOUAISIS des relations très particulières.
Dans un contexte périurbain très marqué, les espaces et les activités agricoles ainsi que l'agroalimentaire participent à notre culture et à notre économie régionale. Je pense par exemple au maraîchage, et bien sur à l'ail d'Arleux, ou encore à la bière de GAYANT.
Ils contribuent également à préserver notre cadre de vie et nos paysages. A ce titre ils sont particulièrement appréciés des populations urbaines pour leurs activités de loisirs. Ils permettent aussi, à travers les jardins familiaux notamment, de créer du lien social, de créer des liens avec la nature.
Ils sont à cet égard, et c'est très important pour moi, des lieux de pédagogie sur les liens que notre société entretient avec la nature et l'environnement.
Jean-Jacques DELILLE et Jacques VERNIER savent que j'accorde une très grande importance au thème de l'agriculture durable, auquel d'ailleurs l'ensemble du gouvernement est particulièrement attaché.
En ce moment au sommet de l'OMC à CANCUN, l'ensemble des Etats négocie les règles du jeu internationales. Hervé GAYMARD et François LOOS y déploient toute leur énergie pour que ces règles prennent en compte les particularités de notre agriculture notamment son rôle dans la gestion des territoires et la préservation de notre environnement. Ils répondent en cela à la demande de nos concitoyens et aux objectifs d'un développement plus durable.
Comme nous l'a rappelé M. MARECHAL, notre agriculture doit faire face à de nouvelles interrogations et de nouvelles exigences.
Il y a celles du commerce international, que je viens de citer. Il y a aussi la nécessité de répondre aux inquiétudes des consommateurs suite aux différentes crises sanitaires que nous avons traversées.
Plus localement, il est indispensable de préserver les espaces agricoles de l'urbanisation, et vous avez mesdames et messieurs les élus, dans ce domaine, une responsabilité toute particulière.
Enfin il s'agit de répondre à l'exigence de nos concitoyens en matière d'environnement qui, trop souvent encore, subit certaines pratiques intensives.
Face à cela, et il faut le souligner, la profession agricole n'est pas restée les bras croisés. Elle s'est mobilisée.
L'agriculture raisonnée en est la preuve, puisque l'idée est née, il y a plus de 10 ans maintenant, au sein même de la profession agricole. Elle a été portée depuis par le Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement (l'association FARRE) dont je salue ici l'obstination et la détermination.
Ces dernières ont permis en très grande partie la reconnaissance de l'agriculture raisonnée par les pouvoirs publics notamment par le décret du 25 avril 2002.
Cette démarche montre pour moi très clairement l'engagement de la profession dans une logique de développement durable et c'est pourquoi j'ai souhaité la promouvoir.
Car aujourd'hui en matière de développement durable le temps est venu de passer à l'action de terrain qui ne peut passer que par la mise en uvre concrète de pratiques durables dans tous les domaines.
En matière agricole, l'agriculture raisonnée m'apparaît aux côtés notamment de l'agriculture biologique, comme une pratique, à soutenir, dans laquelle un nombre important d'agriculteurs peuvent se reconnaître et s'investir.
Démarche volontaire, elle leur permettra de valoriser leurs efforts dans le cadre de leur relation avec leurs clients et le consommateur final. Ils pourront également valoriser ces efforts dans leur relation avec les collectivités locales, dont les préoccupations environnementales sont croissantes.
L'agriculture raisonnée va nous donner l'occasion d'entraîner un mouvement général de reconnaissance par le marché, y compris par la rémunération des productions, de la valeur de la protection de l'environnement et de la prévention des risques dans les pratiques agricoles.
C'est pourquoi le gouvernement s'est fixé un objectif clair et ambitieux. Avec Hervé GAYMARD, j'ai proposé d'inscrire un objectif de 30 % d'exploitations qualifiées d'ici fin 2008 dans le cadre de la Stratégie nationale de développement durable adoptée par le gouvernement le 3 juin dernier.
Avec :
- l'installation de la Commission nationale de l'agriculture raisonnée le 4 mars dernier,
- l'adoption par cette dernière le 1er juillet dernier de recommandations sur les plans de contrôle,
- la sortie d'un dernier décret (actuellement en examen en Conseil d'Etat) sur l'utilisation de l'expression " agriculture raisonnée ",
le dispositif devrait être très prochainement complet. Ceci ouvre la voie de l'agrément des premiers organismes certificateurs et de la qualification des premières exploitations dès cet automne.
La profession agricole de notre région a montré, notamment au travers de la mise en uvre des mesures agri-environnementales, son intérêt pour l'agriculture raisonnée en faisant de sa promotion une action prioritaire.
C'est pourquoi je sais que je peux compter sur elle pour atteindre les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés, et je souhaite que notre région puisse être exemplaire en la matière.
Il revient maintenant à chacun d'entre nous, professionnels agricoles, élus locaux, grande distribution, consommateurs, médias de promouvoir cette agriculture. Vous savez que sur ce point Monsieur MARECHAL vous pouvez compter sur moi.
Je vous remercie

(source http://www.environnement.gouv.fr, le 23 septembre 2003)