Texte intégral
Message à l'occasion du Colloque sur les énergies renouvelables
(Débat national sur l'énergie)
Mesdames les ministres,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Le programme de cette réunion prévoyait que Claudie Haigneré, Ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, intervienne en cette fin de colloque.
Je puis vous assurer que la Ministre, qui sera présente à la réunion de demain, souhaitait vivement respecter un engagement pris de longue date et être ainsi parmi vous en cette fin d'après-midi pour clore ce débat sur les énergies renouvelables. C'est un sujet qui lui tient particulièrement à coeur, comme l'ensemble du sujet énergie.
Un impératif majeur et impromptu l'a contrainte à se rendre à Bruxelles pour rencontrer cette après-midi même le Commissaire Busquin, commissaire chargé de la recherche au sein de la Commission Européenne, en vue de préparer le conseil européen de la recherche qui se tiendra dans quelques jours.
Ce Conseil traitera notamment d'un sujet en relation directe avec les débats qui se déroulent, aujourd'hui et demain, ici à Rennes. Il s'agit d'ITER, sujet qui intéresse particulièrement la France comme vous le savez, puisque la France, au nom de l'Union Européenne, est candidate pour accueillir sur le territoire de la commune de Cadarache, en Provence, le laboratoire de démonstration de la faisabilité scientifique et technologique de ce grand projet international qui prépare notre avenir à long terme.
A long terme, puisqu'il cherche à recréer à petite échelle, à la fin de ce siècle, sur terre, à des fins de production électrique, le fonctionnement des étoiles et du soleil. Cette énergie de fusion contrôlée serait alors disponible en grande quantité en utilisant des matières premières, deutérium et lithium, pratiquement inépuisables. L'eau de mer constitue en effet une source de ces combustibles pour plusieurs milliers, si ce n'est millions d'années, selon des projections réalistes de consommation mondiale d'énergie. Ces combustibles seront transformés en deutérium, archétype du gaz chimiquement inerte, et dont on sait qu'il n'a aucun effet de serre. L'impact sur l'environnement sera ainsi très réduit par rapport à tout ce que nous connaissons aujourd'hui en matière de production d'énergie, même si naturellement cet impact ne saurait être nul, car il n'existe pas d'activité humaine sans impact sur l'environnement.
ITER est un projet qui s'apparente à une source d'énergie renouvelable et s'inscrit clairement dans une logique de développement durable à l'échelle planétaire. Il réunit actuellement l'Union Européenne, le Japon, la Chine, la Russie, le Canada et les Etats-Unis. D'autres pays ou groupes de pays manifestent leur intention de s'y associer.
En me demandant de la remplacer, Madame Claudie Haigneré m'a prié de vous faire part de ses regrets et m'a demandé de vous adresser à sa place ce message qui se veut d'abord un message de remerciements à tous les participants, intervenants et organisateurs.
La réussite de cette réunion est le vivant témoignage de l'intensité et de la qualité de votre mobilisation. C'est aussi un message d'encouragement à investir dans la recherche sur ces énergies renouvelables, au sens traditionnel du terme, c'est-à-dire ces énergies d'origine hydraulique, éolienne, solaire, thermique ou photovoltaïque, géothermique ou utilisant les combustibles issus de la biomasse et des déchets urbains. Un encouragement à investir dans le développement de leur mise en place, tout en sachant bien que ces énergies ne sauraient répondre en totalité aux besoins de notre société.
Cette journée marque une étape importante dans le déroulement du débat national sur l'énergie par le thème qu'il traite, celui des énergies renouvelables, thème qui dans l'esprit de beaucoup de nos concitoyens, ne serait-ce qu'en raison de son nom, est porteur d'espoir pour assurer de manière durable et sûre la satisfaction d'une part de nos besoins et de ceux des générations futures. Un scénario "réaliste" du World Energy Council" qui fait passer la production mondiale d'énergie de 8,6 Gtep en 1998 à 14 Gtep en 2050 prévoit que la production d'énergies renouvelables passerait, elle de 1,3 Gtep à 5 Gtep en 50 ans, soit plus qu'un quadruplement. Ces données donnent la mesure de l'effort à produire.
Le ministère délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies suit le déroulement du débat national sur l'énergie avec beaucoup d'attention et d'intérêt. Songeons par exemple que l'Union Européenne s'est donnée pour objectif le passage de 15 % actuellement de l'énergie électrique d'origine renouvelable à 21 % en 2010. Ceci ne se fera pas sans un important investissement de recherche.
Depuis la nuit des temps, l'énergie est une question majeure pour la vie des hommes et des sociétés qu'ils forment. Cela est aujourd'hui plus vrai que jamais.
L'énergie est un des éléments fondamentaux des choix publics comme des stratégies des entreprises ou des comportements individuels. Les réponses que nous donnons à cette question de l'énergie ou plutôt les réponses dont nous disposons, à un instant donné, façonnent fortement notre mode et confort de vie comme la vigueur de notre économie.
Ces réponses ont toujours très largement bénéficié des avancées des connaissances fondamentales ou techniques apportées par la recherche, même si cette recherche n'a pas toujours eu la forme que nous lui connaissons aujourd'hui.
L'énergie est un sujet d'intérêt général, qui, pour réussir des innovations de rupture, requiert des investissements lourds de recherche, à la rentabilité incertaine. L'action publique en cette matière est donc non seulement souhaitable, elle est indispensable. C'est pourquoi le gouvernement a fait du thème énergie-environnement l'une de ses trois priorités en matière de recherche. Les acteurs privés existent, mais ils seraient déraisonnables de croire qu'ils peuvent seuls préparer l'avenir. Leur rôle est plus de s'investir dans les recherches d'innovation incrémentale qui visent à optimiser les modes de production et de consommation existants et bien identifiés.
Le ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies souhaite donc, au-delà du développement de l'effort de R D des entreprises, multiplier les actions incitatives favorisant les partenariats entre le public et le privé, et voir s'accroître les efforts de publics de recherche consacrés à ces questions. Dans ce contexte, les choix qui découleront du débat national apporteront une contribution à la détermination des priorités de recherche. Ils devraient donner des raisons nouvelles de soutenir de manière sélective des recherches en faveur des énergies renouvelables, comme de soutenir d'autres formes d'énergie, parce que, nous en sommes convaincus, c'est en utilisant le large registre des énergies disponibles que nous répondrons aux exigences du développement durable.
La politique de recherche nationale est fondée sur la diversification des sources d'énergies en tenant compte de trois objectifs. On cherche à produire :
- Une énergie durable, économe des ressources, respectueuse de l'environnement en minimisant les émissions de gaz et de polluants ;
- Une énergie économique, c'est-à-dire au coût de production acceptable pour le consommateur et favorable à notre développement économique dans un monde particulièrement concurrentiel ;
- Une énergie sûre et fiable qui limite les risques pour la santé de nos citoyens.
C'est pourquoi, en respectant ces conditions, sur les 1 178 millions d'euros du Budget Civil de Recherche Développement destinés aux programmes de recherche sur l'énergie, 28 % sont consacrés aux énergies renouvelables et à la maîtrise de la consommation.
En effet, même si nous savons bien que le monde ne pourra se passer avant longtemps, ni des énergies fossiles, ni de l'énergie nucléaire telles que nous les connaissons aujourd'hui, sauf épuisement plus rapide que nous le croyons des matières premières associées, nous devons tout faire pour que les énergies renouvelables occupent le plus rapidement possible la place la plus importante possible dans notre approvisionnement énergétique.
Dans ce cadre, la recherche consacre en particulier ses efforts à une meilleure utilisation de la biomasse, à l'énergie solaire et à la géothermie profonde. L'énergie d'origine hydraulique ou éolienne requiert certes encore des efforts d'optimisation auxquels la recherche peut apporter des contributions importantes, mais l'essentiel des connaissances et des technologies dans ces deux secteurs sont disponibles.
Il est particulièrement important maintenant d'étudier l'intégration de ces systèmes dans les réseaux et sur leur site d'exploitation.
Le potentiel de production et d'utilisation de la biomasse est importante. Les biocarburants représentent actuellement un peu plus de 1 % de la consommation française de carburants. L'Union Européenne souhaite passer à 5,75 % en 2010 et le potentiel est au moins du double.
Les recherches soutenues par le ministère portent principalement sur les deux filières, esters et éthanol. Les recherches à moyen terme mettent par ailleurs l'accent sur les procédés de conversion thermochimique de la biomasse ligno-cellulosique, notamment par catalyse industrielle en vue de la synthèse de gaz. On travaille aussi sur l'adaptation des productions agricoles tant du point de vue des aspects biologiques et génétiques qu'agronomiques.
L'optimisation des systèmes éoliens terrestres a bénéficié dans le monde entier d'un effort technologique qui garantit aujourd'hui des performances de rendement, de fiabilité et d'adaptation locale particulièrement intéressantes. Elle doit être poursuivie notamment au niveau des auxiliaires d'intégration dans les systèmes (stockages intermédiaires, convertisseurs).
Le développement de l'éolien en mer à la périphérie de nos côtes nécessite, lui, une forte implication d'une recherche industrielle de haute technologie mettant à profit tous les acquis des pratiques de travaux offshore. Les implantations danoises, par exemple, ne sont pas directement transposables, car leurs fonds marins sont à moins de 15/20 m alors que les nôtres sauf exceptions sont à des profondeurs beaucoup plus considérables. Cette implication devra être accompagnée d'études sur la "marinisation" des matériels et le développement des prévisions et modèles aérodynamiques et météorologiques.
Au niveau de l'énergie solaire directe, les recherches portent à la fois sur les techniques photovoltaïques et les techniques solaires thermiques.
Pour le photovoltaïque, la limite théorique de rendement varie selon la filière technologique considérée. Elle est ainsi de 26 % pour une simple jonction en silicium cristallin. Par contre, quelques dispositifs de laboratoire ont dépassé 30 % en combinant plusieurs jonctions semi-conductrices.
Une autre dimension de la recherche vise l'obtention de coûts de production modérés combinés à des rendements plus modestes de 10 à 15 % afin de rendre le kWh photovoltaïque compétitif dans des créneaux d'application plus larges. Actuellement le coût du kWh photovoltaïque est de plus de 10 fois celui du kWh gaz ou nucléaire. Le photovoltaïque de "troisième génération" s'attaque à ces objectifs avec des approches prioritaires que l'on peut résumer ainsi :
- Nouveaux matériaux nanostructurés, en particulier nanocristallites minéraux/organiques ;
- Maîtrise des interfaces dans les hétérostructures de couches minces ;
- Amélioration des technologies conventionnelles vers leurs limites ultimes (par exemple plaquettes ultraminces de silicium cristallin).
Ainsi, en matière de photovoltaïque, l'ADEME a consacré en 2002 près de 5,8 M à la recherche et développement. Cet effort mené avec l'ensemble des opérateurs industriels et les laboratoires du CNRS et du CEA vise à la fois à améliorer les performances et baisser les coûts directs de production des matériaux et des systèmes complets à l'horizon 2004.
En ce qui concerne le solaire thermique, en 2002, la recherche a également structuré son effort sur les composants, les matériels et les systèmes combinés. Ceci concerne par exemple le télé-suivi d'installations collectives, la conception et le dimensionnement de systèmes combinés (pour le chauffage et l'eau chaude). Une action incitative a été lancée par le Ministère en faveur du bâtiment durable à l'horizon 2010.
Pour ce qui est de la géothermie, il importe de distinguer les recherches d'accompagnement de la géothermie de basse et de haute énergie et de la géothermie en roche chaude et profonde tel que l'expérience de Soultz-sous-Forêts, en Alsace. Cette dernière expérience correspond à un pilote de démonstration à l'échelle mondiale pour l'exploitation d'une source nouvelle d'énergie : il s'agit de mettre en valeur la chaleur des roches situées à 5000 m de profondeur à des températures supérieures à 200 degrés. La prospective du groupement industriel indique qu'en exploitant 10 % des ressources potentielles de l'Europe, on pourrait produire 900 TeraWh par an, soit deux fois la consommation électrique de la France.
L'ADEME, le CEA et le CNRS ont élaboré un programme commun qui porte en particulier sur les sources d'énergie renouvelables incluant les recherches fondamentales en amont de ces questions.
La recherche est décidée à faire un effort majeur de coordination et d'investissement dans ces directions en tenant compte des recommandations qui proviendront du débat sur l'énergie.
Au delà de la question des sources d'énergie, se pose la question du stockage éventuel de grande quantité d'énergie, si celle-ci ne peut être consommée dans l'instant ou elle est produite. Ce besoin est général ; il est largement déterminant dans le cas de l'éolien et du solaire, sans parler de l'électricité. Les combustibles fossiles, la biomasse ou l'hydraulique sont, en eux-mêmes, des stockage naturels. L'hydrogène, produite à grande échelle, associée notamment aux piles à combustibles, est une des voies les plus prometteuses, si la production d'hydrogène retenue ne génère pas elle-même des émissions importantes de gaz à effet de serre, et l'on pense ici au craquage de l'eau à hautes températures en utilisant des processus membranaires.
L'hydrogène requiert un important effort de recherche encore, même si des résultats remarquables ont déjà été obtenus. A preuve, l'ouverture effective de la première "station service" à hydrogène la semaine dernière à Reykjavik, en Islande, avec l'aide de l'Union Européenne, après l'installation d'un équipement comparable à Berlin en octobre 2002.
Le Ministère délégué à la recherche et aux nouvelles technologies est pleinement conscient des enjeux que représente le présent débat sur l'énergie pour notre pays, pour chacun de nos concitoyens, pour ses entreprises.
Au-delà des solutions scientifiques et techniques auxquelles la recherche apportera sa contribution, deux questions fondamentales doivent être traitées : l'acceptabilité, par l'ensemble de notre société, de l'impact local ou global des différentes voies qui s'avéreront nécessaires, le développement d'une culture des bons usages et des bonnes pratiques des différents modes disponibles. A quoi sert de produire des bio-carburants, si chacun des automobilistes ne veille pas régulièrement au bon réglage du moteur de son véhicule ? A quoi sert de produire, à grand frais, une énergie " propre ", si l'utilisateur final la gaspille ? Songeons que si chaque français laisse simultanément allumée sans raison une lampe de 60 W, ce sont 3 centrales électriques qui fonctionnent pour rien.
Ces deux questions, acceptabilité dans une vision globale, culture de responsabilité, ont leur réponse dans les comportements humains, individuels ou collectifs. Les processus éducatifs, comme la recherche en sciences humaines et sociales, ont un rôle éminent à jouer en ces matières.
Ainsi, il est essentiel, pour mettre à profit durablement tous nos acquis sur les sources de production d'énergies renouvelables, de compléter nos efforts sur l'intégration de ces dispositifs dans nos systèmes techniques. Cela implique des recherches sur les dispositifs de stockage intermédiaire, les dispositifs de conversion, sur la gestion des réseaux à sources multiples.
J'espère, par ces réflexions, que Madame Claudie Haigneré souhaitait partager avec vous, vous avoir sensibilisé aux enjeux de recherche en matière d'énergies renouvelables, vous avoir convaincu de l'intérêt de soutenir les recherches engagées sur ce sujet qui portent sur un très large spectre, et vous avoir convaincu de l'intérêt d'être attentifs à leurs résultats.
Sachez que la recherche est attentive aux préoccupations de tous ceux qui souhaitent voir les énergies renouvelables se développer, dans une vision globale de traitement à long terme de la question de l'énergie avec l'objectif d'un développement durable.
Je vous remercie de votre attention
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 12 mai 2003)
Intervention lors du Colloque sur les énergies renouvelables
(Débat national sur l'énergie)
Mesdames les Ministres,
Mesdames et Messieurs les professeurs,
Mesdames et Messieurs,
Nous allons aborder le 5ème sujet prévu dans le cadre du débat national sur les énergies. Ce débat prépare les grandes décisions que notre pays devra prendre prochainement pour assurer, dans le long terme, notre indépendance énergétique, et ce dans une logique de développement durable. La ville de Rennes a été choisi pour traiter deux questions particulièrement importantes dans ce débat. Hier, c'était les énergies renouvelables ; aujourd'hui c'est l'énergie nucléaire, avec une interrogation forte et claire : "énergie d'avenir ou fausse solution". Ces deux questions touchent en fait à un même volet du débat : de quelle quantité d'énergie notre société souhaite disposer, dans 5, 10, 50 ans ou 100 ans ? quelles matières premières et quels modes de production peuvent nous fournir cette énorme quantité d'énergie, songeons qu'actuellement en France chaque français consomme en moyenne 3,2 tep, tout en satisfaisant les contraintes de plus en plus fortes que nous nous donnons: une énergie économe des ressources, respectueuse de l'environnement, minimisant les émissions de gaz à effet de serre et les polluants ; une énergie à un coût de production acceptable pour le consommateur et favorable à notre développement économique dans un monde particulièrement concurrentiel ; une énergie sûre et fiable qui limite les risques pour la santé de nos citoyens et des générations futures.
Empêchée d'être personnellement hier à Rennes, mon Directeur de cabinet vous a proposé de partager l'état de nos réflexions et nos propositions sur la question des énergies renouvelables et des efforts de recherche qu'elles pouvaient requérir. Désormais disponible, je suis particulièrement heureuse de pouvoir m'exprimer devant vous ce matin sur cette question de l'énergie nucléaire, avec à l'esprit la vision globale sur ces deux volets débattus ici à Rennes.
Permettez-moi de rappeler que l'énergie nucléaire n'aurait jamais pu atteindre le niveau de 34 % de notre production globale d'énergie, niveau où elle se trouve aujourd'hui, avec le degré de fiabilité et de disponibilité de notre parc de réacteurs, niveau unique au monde, sans s'être appuyé sur un formidable effort de recherche particulièrement riche de succès. Qu'il me soit permis de saluer ici tous les chercheurs et les ingénieurs qui ont contribué à ce résultat. Cette source d'énergie ne saurait également avoir d'avenir si cet effort de recherche n'est pas poursuivi. Plus, vous savez que même si nous cessions de produire de l'énergie nucléaire, nous devrions poursuivre des recherches afin d'assurer le traitement définitif des déchets existants. La recherche est donc bien au coeur du débat sur l'énergie, puisqu'elle est au cur du débat sur l'énergie nucléaire. Cette question de l'énergie nucléaire ne saurait en effet être traitée indépendamment de l'ensemble de la question énergie. Par exemple, le scénario réputé le plus réaliste présenté récemment par le "World Energy Council" fait passer la production mondiale d'énergie de 8,6 Gtep en 1998 à 14 Gtep en 2050 en prévoyant que la production d'énergies renouvelables passerait de 1,3 Gtep à 5 Gtep en 50 ans, soit plus qu'un quadruplement, que celle de l 'énergie nucléaire passerait de 0,6 Gtep à 1,8 Gtep, soit un triplement alors que le pétrole passerait de 3,4 Gtep à 2,6 Gtep et le charbon de 2,2 Gtep à 1,5 Gtep.
Il y a dans notre pays, comme d'ailleurs dans les nombreux autres pays qui ont développé une filière nucléaire et abritent l'un des 442 réacteurs actuellement en fonctionnement, sachant que 53 réacteurs supplémentaires sont en construction, deux attitudes antagonistes sur l'avenir du nucléaire.
La première est celle d'une volonté de fermer rapidement cette filière en mettant en avant que le danger et le risque d'exposition du public et des personnels des centrales aux rayonnements et à la radio-toxicité des combustibles irradiés et des matériaux qui interviennent dans la constitution des réacteurs, sans parler de dissémination, est trop grand pour qu'il soit raisonnable de faire confiance aux hommes pour les maîtriser, notamment sur le très long terme imposé par certains déchets, s'ils sont laissés en l'état. Cette attitude renvoi immédiatement à la question des sources de substitution, ou du changement profond du mode de vie et de production de nos sociétés, questions auxquelles aucune réponse totalement convaincante, je crois, n'a encore pu être apportée. Il est à cet égard intéressant de savoir qu'actuellement, les Allemands qui ont fait le choix d'arrêt programmé de leur filière nucléaire doivent importer déjà une part importante de leur énergie électrique, notamment de France dont 15 % de sa production d'électricité est exportée, production à près de 80 % d'origine nucléaire. Le déroulé de leur plan de sortie de la filière nucléaire et les exigences de la limitation des rejets de gaz à effet de serre ne peuvent en l'état qu'aggraver cette dépendance. N'oublions donc jamais la cohérence entre les motifs de nos choix et leurs conséquences. La question du nucléaire ne peut être traitée de manière isolée.
La seconde est celle qui consiste, tout en étant conscient des risques attachés à la production d'énergie nucléaire, et en valorisant le retour d'expérience considérable déjà acquis, à estimer nécessaire à la fois de poursuivre la production actuelle de notre électricité par les 58 réacteurs de deuxième génération que nous possédons sur notre territoire et de préparer les futurs générations de réacteurs disponibles à l'horizon 2015/2020 tout en veillant à retenir la meilleure des solutions possibles à la question du traitement des déchets existants, à la minimisation de la production de nouveaux déchets et au démantèlement des réacteurs actuels lorsqu'ils arriveront en fin de vie. Ils estiment cette solution du nucléaire indispensable pour assurant une certaine indépendance vis à vis des pays producteurs de sources d'énergie fossile, que nous n'avons pas sur notre territoire, et une certaine stabilité vis à vis de l'économie du pétrole. Ils soulignent également fortement l'intérêt de la filière nucléaire quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et donc à la limitation des changements climatiques. Naturellement, ils savent bien que cette solution ne saurait être exclusive à l'échelle mondiale, mais qu'elle est à adopter par notre pays.
Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a souhaité que le Parlement débatte et vote une loi d'orientation sur l'énergie, en 2003/2004. La représentation nationale devra ainsi débattre des conditions de la poursuite ou non du nucléaire et des caractéristiques des éventuels générateurs du futur, de la place éventuelle de l'énergie nucléaire dans notre approvisionnement énergétique, de la gestion de la filière et des déchets, de la question de la sécurité des installations nucléaires, toutes questions que les débats d'aujourd'hui vont aborder d'une manière très ouverte. N'ayons aucun a priori. Il n'y a pas de questions tabous. Il n'y a pas de filière nucléaire possible, sans une acceptabilité aussi large que possible de nos concitoyens et celle-ci, qui lui a été accordée depuis le début des années 1970, ne sera maintenue que si chacun a la possibilité de comprendre les raisons et les conséquences des choix associés.
Je crois profondément nécessaire que le public se saisisse de la question de l'énergie, dans toute ses dimensions ; je crois profondément que les connaissances acquises grâce à notre recherche ont un rôle important à jouer, et c'est pourquoi je crois nécessaire que les grandes institutions de recherche éclairent ce débat en présentant le fruit de leur expertise collective ; je crois profondément que la recherche devra être fortement sollicitée pour apporter des éléments complémentaires d'informations là où demeurent encore des incertitudes et pour soutenir l'innovation technologique, absolument indispensable pour relever les défis qui sont devant nous en matière de production d'énergie en général, d'énergie nucléaire en particulier, si nous poursuivions dans cette voie.
Pour notre pays, se déterminer, par la voie démocratique du vote parlementaire, sur les questions présentées il y a quelques instants concernant le nucléaire requiert que nous fassions tous des efforts d'écoute, d'explication, d'acquisition des connaissances indispensables au débat, de compréhension des enjeux, de transparence. C'est la raison pour laquelle je tiens à vous remercier, vous intervenants et participants d'être présents aujourd'hui ici à Rennes, comme je remercie les organisateurs de cette réunion, et vous chère Nicole, de votre invitation ce matin. Ce débat est fondamental pour intégrer l'ensemble des paramètres économiques, techniques, environnementaux et sociaux qui éclaireront la décision et répondre aux question que chacun est en droit de se poser : à quel prix sera produit le kWh d'électricité dans 5, 10 ou 15 ans en fonction de son mode de production, quelles sont les économies espérées par une modification de nos modes de consommation, quels sont les risques qui sont attachés à la filière nucléaire, selon le type de réacteur choisi, quel sera l'impact pour mon entreprise, mon exploitation agricole, pour ma vie quotidienne de l'implantation d'un champ d'éoliennes, d'un capteur solaire thermique ou photovoltaïque, d'une centrale ou d'un lieu de stockage nucléaire ?
Le ministère de la recherche a un rôle particulier à jouer dans cet effort d'objectivation et de pédagogie.
Nous devons dépassionner les discussions et sortir d'un affrontement stérile entre les anti- et les pro-nucléaires extrêmes qui ne s'écoutent plus, qui n'écoutent plus les faits et veulent imposer leur conviction plutôt que de faire partager leurs connaissances. La science peut apporter cet éclairage différent : c'est pourquoi le ministère de la recherche souhaite prendre des initiatives dans le débat.
La recherche française dans le domaine du nucléaire est l'une des toutes premières au monde. Le CEA a présenté récemment ses vues sur les générateurs futurs. Les grands déterminants scientifiques et technologiques pour les 2 générations suivantes de réacteurs sont aujourd'hui connus. Au-delà de ces déterminants, il s'agit aujourd'hui d'intégrer les notions économiques, par un dialogue poussé avec les industriels français du secteur : quelles voies devons-nous approfondir en priorité, à quelles échéances et avec quels moyens, pour répondre à quel modèle économique de consommation ? Telle est l'équation que je pose aujourd'hui. J'engage tous les acteurs à répondre, ensemble et en concertation à cette question. Les échéances sont proches : la troisième génération, celle de l'EPR, attend sa première réalisation effective. La quatrième génération, discutée actuellement entre spécialistes internationaux dans le cadre du Forum " génération quatre ", devra être encore plus sûre, et diminuer de façon drastique le nombre des déchets produits.
Sur l'initiative du DoE américain, dix pays, Argentine, Brésil, Canada, France, Japon, Corée du Sud, Afrique du Sud, Suisse, Royaume Uni et Etats Unis viennent d'annoncer qu'ils se sont associés pour étudier les réacteurs nucléaires de 4ème génération, susceptibles d'être déployés à partir de 2030. Il s'agit de proposer des systèmes de production d'électricité "durables, économiques, sûrs et fiables, résistants face aux risques de prolifération nucléaire et d'agression", selon la déclaration faite il y a quelques jours seulement. Six systèmes ont été sélectionnés ; il est prévu d'investir 6 milliards d'euros de R D sur ces hypothèses dans les prochaines années, hors construction des démonstrateurs. L'acceptabilité du nucléaire passe par deux éléments fondamentaux : la réduction des risques et la maîtrise de "l'aval du cycle". Je me réjouis ainsi des thèmes des premières tables rondes
Je souhaite approfondir maintenant, avec vous, cette question des déchets nucléaires, encore en suspens en France, alors que des solutions ont déjà pu être décidées ou sont sur le point de l'être dans d'autres pays. La France s'est dotée d'une législation innovante avec la loi Bataille du 31 décembre 1991, qui a encadré les recherches menées sur la gestion des déchets radioactifs en définissant 3 axes : la séparation / transmutation, le stockage et l'entreposage, et a fixé le rendez-vous de 2006, pour un bilan et une nouvelle décision législative. Bien sur, des retards ont été liés à l'indisponibilité de source de neutrons rapides comme Phénix ou Super Phénix, bien sur, le drame du laboratoire de Bure a ralenti les recherches programmées sur le stockage.
Mais Phénix monte actuellement en puissance et irradie déjà les échantillons de déchets transmutables ; la première extraction marquant la reprise effective du forage de Bures a eu lieu la semaine dernière ; Américains, Suédois ont décidé des sites de stockage, et des laboratoires qui désormais existent dans plusieurs pays permettant de partager une expertise déterminante. Nous disposons de nombreux résultats de recherche : ces résultats, les conditions de la présentation du passage à la réalisation industrielle ont été examinées lors du colloque sur les déchets nucléaires organisé par le Ministère de la recherche le 30 avril dernier. Les résultats sont tout à fait encourageants. J'ai particulièrement noté les progrès que nous avons fait dans la compréhension de l'impact biologique des faibles doses. En complément des documents remarquables publiés par le Comité national d'évaluation, le Ministère publie, annuellement, un document disponible sur son site Internet et relatif à la stratégie de recherche en matière de gestion des déchets nucléaires à haute activité et à vie longue.
Ainsi, je pense qu'en 2006, le gouvernement pourra faire utilement le point sur l'avancée des travaux sur ces trois axes et de débattre des options qui sont réellement accessibles à notre pays : poursuivre certaines études, en réorienter d'autres ou choisir entre diverses hypothèses et arrêter prochainement, de manière réfléchie et courageuse, certaines décisions avec l'accord, je l'espère, du plus grand nombre, parce que chacun aura eu en mains les éléments de la décision.
Le Gouvernement pourra proposer des décisions importantes à la représentation nationale qui aura la lourde tache de trancher parmi les choix présentés.
En dépit des progrès considérables déjà obtenus, le dialogue avec les citoyens, qui sont concernés au premier chef par ces décisions, est encore insuffisant. L'initiative du gouvernement en lançant ce débat "énergie" marque sa volonté de donner une réelle impulsion et de prendre des décisions. Je remercie tout particulièrement Nicole Fontaine de m'avoir permis d'intervenir ici. L'ensemble des ministères, institutions concernées - MINEFI, MEDD, MRNT, DGSNR, ANDRA- s'organise afin qu'un premier document de synthèse sur les recherches, une méthodologie d'analyse, un plan d'action soient disponibles et soumis à la représentation nationale au cours de l'année 2004, afin de préparer, dès 2004/2005, les décisions à prendre en 2006
Je crois fermement que les discussions qui pourront se tenir aujourd'hui seront à la mesure de l'enjeu qui s'offre à nous.
Les échéances sont plus ou moins rapprochées ; les réponses et choix que nous devons apporter ne sauraient être exclusifs : il serait absurde de se priver des énergies renouvelables, l'énergie nucléaire de fission est indispensable au moins jusqu'en 2050/2070. Je crois nécessairement complémentaires ces deux choix en vue de satisfaire les besoins des différentes générations. Les grands rendez-vous sont 2006, avec les déchets, 2010, pour le plan de transports propre, 2015 pour constructions potentielles des premiers réacteurs de 3ème génération, 2030 les objectifs du protocole de Kyoto, et la maîtrise industrielle d'une production d'énergie par la fusion thermonucléaire contrôlée à l'horizon de la fin du siècle, grâce aux avancées permises par le grand projet international ITER, source réellement innovante d'une énergie propre.
La Recherche est appelée à contribuer à ces différentes échéances et, à apporter, au gouvernement, en coordination avec les acteurs industriels et économiques, les réponses nécessaires sur les différents choix possibles en intégrant leur faisabilité, leurs échéances, leurs coûts. J'ai confiance dans sa capacité à relever le défi.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 12 mai 2003)
Nucléaire : énergie d'avenir ou fausse solution ?
Journée du 6 mai 2003
I. Introduction
Mesdames et messieurs, je suis très heureuse de pouvoir vous rejoindre aujourd'hui pour ces sixièmes Rencontres du Débat national sur les énergies. Comme vient de le rappeler Nicole Fontaine, des questions majeures se dressent devant nous afin d'inscrire, à long terme, notre avenir dans une perspective de développement durable. Les questions touchant aux énergies renouvelables et à l'énergie nucléaire constituent en fait les deux volets d'un même enjeu, ayant trait aux grands choix à faire pour demain. Quelles matières premières privilégier, tout en nous conformant aux défis posés par les enjeux environnementaux ? Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon importante et régulière dans les décennies à venir ?
II. La recherche au coeur de la réflexion sur l'énergie
L'énergie nucléaire représente aujourd'hui, en France, 34 % de notre production globale d'énergie, mais n'aurait pu atteindre ce niveau ni son degré de fiabilité sans l'appui d'un formidable effort de recherche de l'ensemble d'une communauté, fort réputée au niveau international et qu'il convient de saluer pour sa contribution. Toutefois, cette source d'énergie ne saurait avoir d'avenir si cet effort de recherche n'était poursuivi, en particulier pour ce qui concerne le traitement des déchets existants. La recherche est donc au coeur du débat sur l'énergie.
Pour autant, la question nucléaire ne peut être traitée indépendamment de l'ensemble des questions touchant à l'énergie. Les scénarios établis par le World Economic Council dessinent des perspectives de recours croissant tant aux énergies renouvelables qu'à l'énergie nucléaire, au coeur de notre rencontre d'hier et d'aujourd'hui, ce qui renforce encore l'acuité du débat.
III. Le nucléaire : les scénarii possibles
Face aux possibilités qui s'offrent à nous pour le futur, deux grandes attitudes dominent ce débat. Certains, estiment que les risques liés à la sûreté des installations sont trop importants pour que soit justifié le maintien en activité de la filière, quels que soient ses intérêts par ailleurs. C'est notamment le choix qu'a fait l'Allemagne, en élaborant un plan de sortie progressive du nucléaire. D'autres, mettant en avant en particulier la nécessité de l'indépendance énergétique du pays et l'intérêt du pétrole au regard du changement climatique, jugent au contraire utile de poursuivre ce choix en préparant les prochaines générations de réacteurs, tout en faisant émerger des solutions viables pour le traitement des déchets radioactifs.
IV. L'avenir du nucléaire : recherche et gestion des risques
Le Premier ministre a souhaité que le Parlement débatte, à l'automne, de la loi d'orientation sur l'énergie. La représentation nationale devra donc se prononcer sur la place de l'énergie nucléaire dans notre approvisionnement énergétique, sur la question des déchets..., autant de questions qui figurent également à l'agenda de cette journée. L'acceptabilité figurera sans nul doute parmi les questions à aborder et à examiner avec attention, tant il semble nécessaire que chacun devra comprendre les choix et les motivations qui les sous-tendront.
C'est notamment en raison de cette nécessité que la recherche doit jouer un rôle important, à partir de l'expertise qu'elle permet. La recherche devra être sollicitée, afin d'apporter des éléments d'information et pour susciter des innovations technologiques indispensables à l'amélioration constante des conditions d'exploitation des sources d'énergie, quelles qu'elles soient. Le débat est fondamental afin d'intégrer la multitude de paramètres qui doivent éclairer la décision et répondre aux nombreuses questions que chacun est fondé à se poser.
Outre les enjeux liés à la quatrième génération de réacteurs, la question des déchets nucléaires semble également urgente à aborder en France, d'autant plus que certains autres pays ont déjà identifié des solutions. En France, la loi Bataille a fixé trois voies à explorer (la séparation-transmutation, le stockage et l'entreposage), avant qu'un bilan d'étape ne soit fait en 2006 en vue d'éclairer la prise de décision. Nous disposons aujourd'hui de nombreux résultats de recherches sur la question des déchets nucléaires, dont une part importante a déjà été mise à la disposition de tous, sur le site Internet du Ministère. Le Gouvernement pourra donc certainement faire utilement le point, en 2006, sur les résultats des recherches menées sur ces trois axes, en vue d'arrêter de manière réfléchie un choix, qui sera nécessairement courageux, et avec, souhaitons-le, l'accord du plus grand nombre.
V. Conclusion
En dépit des progrès considérables permis par de tels éléments d'échange, le dialogue avec nos concitoyens demeure sans doute encore insuffisant. Il faut donc saluer l'initiative prise par le Gouvernement, en la personne de Nicole Fontaine, que constitue ce grand Débat national sur les énergies, jalonné de plusieurs rendez-vous dans diverses villes de France. L'effort de pédagogie est demeure plus que jamais nécessaire afin d'éclairer notre débat et le dépassionner, en vue de favoriser un échange serein et objectif. Je vous souhaite un très bon débat.
(source http://www.debat-energie.gouv.fr, le 9 mai 2003)
Mesdames et messieurs, je suis très heureuse de pouvoir vous rejoindre aujourd'hui pour ces sixièmes Rencontres du Débat national sur les énergies. Comme vient de le rappeler Nicole Fontaine, des questions majeures se dressent devant nous afin d'inscrire, à long terme, notre avenir dans une perspective de développement durable. Les questions touchant aux énergies renouvelables et à l'énergie nucléaire constituent en fait les deux volets d'un même enjeu, ayant trait aux grands choix à faire pour demain. Quelles matières premières privilégier, tout en nous conformant aux défis posés par les enjeux environnementaux ? Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon importante et régulière dans les décennies à venir ?
- La recherche au cur de la réflexion sur l'énergie
L'énergie nucléaire représente aujourd'hui, en France, 34 % de notre production globale d'énergie, mais n'aurait pu atteindre ce niveau ni son degré de fiabilité sans l'appui d'un formidable effort de recherche de l'ensemble d'une communauté, fort réputée au niveau international et qu'il convient de saluer pour sa contribution. Toutefois, cette source d'énergie ne saurait avoir d'avenir si cet effort de recherche n'était poursuivi, en particulier pour ce qui concerne le traitement des déchets existants. La recherche est donc au cur du débat sur l'énergie.
Pour autant, la question nucléaire ne peut être traitée indépendamment de l'ensemble des questions touchant à l'énergie. Les scénarios établis par le World Economic Council dessinent des perspectives de recours croissant tant aux énergies renouvelables qu'à l'énergie nucléaire, au cur de notre rencontre d'hier et d'aujourd'hui, ce qui renforce encore l'acuité du débat.
- Le nucléaire : les scénarii possibles
Face aux possibilités qui s'offrent à nous pour le futur, deux grandes attitudes dominent ce débat. Certains, estiment que les risques liés à la sûreté des installations sont trop importants pour que soit justifié le maintien en activité de la filière, quels que soient ses intérêts par ailleurs. C'est notamment le choix qu'a fait l'Allemagne, en élaborant un plan de sortie progressive du nucléaire. D'autres, mettant en avant en particulier la nécessité de l'indépendance énergétique du pays et l'intérêt du pétrole au regard du changement climatique, jugent au contraire utile de poursuivre ce choix en préparant les prochaines générations de réacteurs, tout en faisant émerger des solutions viables pour le traitement des déchets radioactifs.
- L'avenir du nucléaire : recherche et gestion des risques
Le Premier ministre a souhaité que le Parlement débatte, à l'automne, de la loi d'orientation sur l'énergie. La représentation nationale devra donc se prononcer sur la place de l'énergie nucléaire dans notre approvisionnement énergétique, sur la question des déchets, autant de questions qui figurent également à l'agenda de cette journée. L'acceptabilité figurera sans nul doute parmi les questions à aborder et à examiner avec attention, tant il semble nécessaire que chacun devra comprendre les choix et les motivations qui les sous-tendront.
C'est notamment en raison de cette nécessité que la recherche doit jouer un rôle important, à partir de l'expertise qu'elle permet. La recherche devra être sollicitée, afin d'apporter des éléments d'information et pour susciter des innovations technologiques indispensables à l'amélioration constante des conditions d'exploitation des sources d'énergie, quelles qu'elles soient. Le débat est fondamental afin d'intégrer la multitude de paramètres qui doivent éclairer la décision et répondre aux nombreuses questions que chacun est fondé à se poser.
Outre les enjeux liés à la quatrième génération de réacteurs, la question des déchets nucléaires semble également urgente à aborder en France, d'autant plus que certains autres pays ont déjà identifié des solutions. En France, la loi Bataille a fixé trois voies à explorer (la séparation-transmutation, le stockage et l'entreposage), avant qu'un bilan d'étape ne soit fait en 2006 en vue d'éclairer la prise de décision. Nous disposons aujourd'hui de nombreux résultats de recherches sur la question des déchets nucléaires, dont une part importante a déjà été mise à la disposition de tous, sur le site Internet du Ministère. Le Gouvernement pourra donc certainement faire utilement le point, en 2006, sur les résultats des recherches menées sur ces trois axes, en vue d'arrêter de manière réfléchie un choix, qui sera nécessairement courageux, et avec, souhaitons-le, l'accord du plus grand nombre.
En dépit des progrès considérables permis par de tels éléments d'échange, le dialogue avec nos concitoyens demeure sans doute encore insuffisant. Il faut donc saluer l'initiative prise par le Gouvernement, en la personne de Nicole Fontaine, que constitue ce grand Débat national sur les énergies, jalonné de plusieurs rendez-vous dans diverses villes de France. L'effort de pédagogie est demeure plus que jamais nécessaire afin d'éclairer notre débat et le dépassionner, en vue de favoriser un échange serein et objectif. Je vous souhaite un très bon débat.
(source http://www.debat-energie.gouv.fr, le 9 mai 2003)
(Débat national sur l'énergie)
Mesdames les ministres,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Le programme de cette réunion prévoyait que Claudie Haigneré, Ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, intervienne en cette fin de colloque.
Je puis vous assurer que la Ministre, qui sera présente à la réunion de demain, souhaitait vivement respecter un engagement pris de longue date et être ainsi parmi vous en cette fin d'après-midi pour clore ce débat sur les énergies renouvelables. C'est un sujet qui lui tient particulièrement à coeur, comme l'ensemble du sujet énergie.
Un impératif majeur et impromptu l'a contrainte à se rendre à Bruxelles pour rencontrer cette après-midi même le Commissaire Busquin, commissaire chargé de la recherche au sein de la Commission Européenne, en vue de préparer le conseil européen de la recherche qui se tiendra dans quelques jours.
Ce Conseil traitera notamment d'un sujet en relation directe avec les débats qui se déroulent, aujourd'hui et demain, ici à Rennes. Il s'agit d'ITER, sujet qui intéresse particulièrement la France comme vous le savez, puisque la France, au nom de l'Union Européenne, est candidate pour accueillir sur le territoire de la commune de Cadarache, en Provence, le laboratoire de démonstration de la faisabilité scientifique et technologique de ce grand projet international qui prépare notre avenir à long terme.
A long terme, puisqu'il cherche à recréer à petite échelle, à la fin de ce siècle, sur terre, à des fins de production électrique, le fonctionnement des étoiles et du soleil. Cette énergie de fusion contrôlée serait alors disponible en grande quantité en utilisant des matières premières, deutérium et lithium, pratiquement inépuisables. L'eau de mer constitue en effet une source de ces combustibles pour plusieurs milliers, si ce n'est millions d'années, selon des projections réalistes de consommation mondiale d'énergie. Ces combustibles seront transformés en deutérium, archétype du gaz chimiquement inerte, et dont on sait qu'il n'a aucun effet de serre. L'impact sur l'environnement sera ainsi très réduit par rapport à tout ce que nous connaissons aujourd'hui en matière de production d'énergie, même si naturellement cet impact ne saurait être nul, car il n'existe pas d'activité humaine sans impact sur l'environnement.
ITER est un projet qui s'apparente à une source d'énergie renouvelable et s'inscrit clairement dans une logique de développement durable à l'échelle planétaire. Il réunit actuellement l'Union Européenne, le Japon, la Chine, la Russie, le Canada et les Etats-Unis. D'autres pays ou groupes de pays manifestent leur intention de s'y associer.
En me demandant de la remplacer, Madame Claudie Haigneré m'a prié de vous faire part de ses regrets et m'a demandé de vous adresser à sa place ce message qui se veut d'abord un message de remerciements à tous les participants, intervenants et organisateurs.
La réussite de cette réunion est le vivant témoignage de l'intensité et de la qualité de votre mobilisation. C'est aussi un message d'encouragement à investir dans la recherche sur ces énergies renouvelables, au sens traditionnel du terme, c'est-à-dire ces énergies d'origine hydraulique, éolienne, solaire, thermique ou photovoltaïque, géothermique ou utilisant les combustibles issus de la biomasse et des déchets urbains. Un encouragement à investir dans le développement de leur mise en place, tout en sachant bien que ces énergies ne sauraient répondre en totalité aux besoins de notre société.
Cette journée marque une étape importante dans le déroulement du débat national sur l'énergie par le thème qu'il traite, celui des énergies renouvelables, thème qui dans l'esprit de beaucoup de nos concitoyens, ne serait-ce qu'en raison de son nom, est porteur d'espoir pour assurer de manière durable et sûre la satisfaction d'une part de nos besoins et de ceux des générations futures. Un scénario "réaliste" du World Energy Council" qui fait passer la production mondiale d'énergie de 8,6 Gtep en 1998 à 14 Gtep en 2050 prévoit que la production d'énergies renouvelables passerait, elle de 1,3 Gtep à 5 Gtep en 50 ans, soit plus qu'un quadruplement. Ces données donnent la mesure de l'effort à produire.
Le ministère délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies suit le déroulement du débat national sur l'énergie avec beaucoup d'attention et d'intérêt. Songeons par exemple que l'Union Européenne s'est donnée pour objectif le passage de 15 % actuellement de l'énergie électrique d'origine renouvelable à 21 % en 2010. Ceci ne se fera pas sans un important investissement de recherche.
Depuis la nuit des temps, l'énergie est une question majeure pour la vie des hommes et des sociétés qu'ils forment. Cela est aujourd'hui plus vrai que jamais.
L'énergie est un des éléments fondamentaux des choix publics comme des stratégies des entreprises ou des comportements individuels. Les réponses que nous donnons à cette question de l'énergie ou plutôt les réponses dont nous disposons, à un instant donné, façonnent fortement notre mode et confort de vie comme la vigueur de notre économie.
Ces réponses ont toujours très largement bénéficié des avancées des connaissances fondamentales ou techniques apportées par la recherche, même si cette recherche n'a pas toujours eu la forme que nous lui connaissons aujourd'hui.
L'énergie est un sujet d'intérêt général, qui, pour réussir des innovations de rupture, requiert des investissements lourds de recherche, à la rentabilité incertaine. L'action publique en cette matière est donc non seulement souhaitable, elle est indispensable. C'est pourquoi le gouvernement a fait du thème énergie-environnement l'une de ses trois priorités en matière de recherche. Les acteurs privés existent, mais ils seraient déraisonnables de croire qu'ils peuvent seuls préparer l'avenir. Leur rôle est plus de s'investir dans les recherches d'innovation incrémentale qui visent à optimiser les modes de production et de consommation existants et bien identifiés.
Le ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies souhaite donc, au-delà du développement de l'effort de R D des entreprises, multiplier les actions incitatives favorisant les partenariats entre le public et le privé, et voir s'accroître les efforts de publics de recherche consacrés à ces questions. Dans ce contexte, les choix qui découleront du débat national apporteront une contribution à la détermination des priorités de recherche. Ils devraient donner des raisons nouvelles de soutenir de manière sélective des recherches en faveur des énergies renouvelables, comme de soutenir d'autres formes d'énergie, parce que, nous en sommes convaincus, c'est en utilisant le large registre des énergies disponibles que nous répondrons aux exigences du développement durable.
La politique de recherche nationale est fondée sur la diversification des sources d'énergies en tenant compte de trois objectifs. On cherche à produire :
- Une énergie durable, économe des ressources, respectueuse de l'environnement en minimisant les émissions de gaz et de polluants ;
- Une énergie économique, c'est-à-dire au coût de production acceptable pour le consommateur et favorable à notre développement économique dans un monde particulièrement concurrentiel ;
- Une énergie sûre et fiable qui limite les risques pour la santé de nos citoyens.
C'est pourquoi, en respectant ces conditions, sur les 1 178 millions d'euros du Budget Civil de Recherche Développement destinés aux programmes de recherche sur l'énergie, 28 % sont consacrés aux énergies renouvelables et à la maîtrise de la consommation.
En effet, même si nous savons bien que le monde ne pourra se passer avant longtemps, ni des énergies fossiles, ni de l'énergie nucléaire telles que nous les connaissons aujourd'hui, sauf épuisement plus rapide que nous le croyons des matières premières associées, nous devons tout faire pour que les énergies renouvelables occupent le plus rapidement possible la place la plus importante possible dans notre approvisionnement énergétique.
Dans ce cadre, la recherche consacre en particulier ses efforts à une meilleure utilisation de la biomasse, à l'énergie solaire et à la géothermie profonde. L'énergie d'origine hydraulique ou éolienne requiert certes encore des efforts d'optimisation auxquels la recherche peut apporter des contributions importantes, mais l'essentiel des connaissances et des technologies dans ces deux secteurs sont disponibles.
Il est particulièrement important maintenant d'étudier l'intégration de ces systèmes dans les réseaux et sur leur site d'exploitation.
Le potentiel de production et d'utilisation de la biomasse est importante. Les biocarburants représentent actuellement un peu plus de 1 % de la consommation française de carburants. L'Union Européenne souhaite passer à 5,75 % en 2010 et le potentiel est au moins du double.
Les recherches soutenues par le ministère portent principalement sur les deux filières, esters et éthanol. Les recherches à moyen terme mettent par ailleurs l'accent sur les procédés de conversion thermochimique de la biomasse ligno-cellulosique, notamment par catalyse industrielle en vue de la synthèse de gaz. On travaille aussi sur l'adaptation des productions agricoles tant du point de vue des aspects biologiques et génétiques qu'agronomiques.
L'optimisation des systèmes éoliens terrestres a bénéficié dans le monde entier d'un effort technologique qui garantit aujourd'hui des performances de rendement, de fiabilité et d'adaptation locale particulièrement intéressantes. Elle doit être poursuivie notamment au niveau des auxiliaires d'intégration dans les systèmes (stockages intermédiaires, convertisseurs).
Le développement de l'éolien en mer à la périphérie de nos côtes nécessite, lui, une forte implication d'une recherche industrielle de haute technologie mettant à profit tous les acquis des pratiques de travaux offshore. Les implantations danoises, par exemple, ne sont pas directement transposables, car leurs fonds marins sont à moins de 15/20 m alors que les nôtres sauf exceptions sont à des profondeurs beaucoup plus considérables. Cette implication devra être accompagnée d'études sur la "marinisation" des matériels et le développement des prévisions et modèles aérodynamiques et météorologiques.
Au niveau de l'énergie solaire directe, les recherches portent à la fois sur les techniques photovoltaïques et les techniques solaires thermiques.
Pour le photovoltaïque, la limite théorique de rendement varie selon la filière technologique considérée. Elle est ainsi de 26 % pour une simple jonction en silicium cristallin. Par contre, quelques dispositifs de laboratoire ont dépassé 30 % en combinant plusieurs jonctions semi-conductrices.
Une autre dimension de la recherche vise l'obtention de coûts de production modérés combinés à des rendements plus modestes de 10 à 15 % afin de rendre le kWh photovoltaïque compétitif dans des créneaux d'application plus larges. Actuellement le coût du kWh photovoltaïque est de plus de 10 fois celui du kWh gaz ou nucléaire. Le photovoltaïque de "troisième génération" s'attaque à ces objectifs avec des approches prioritaires que l'on peut résumer ainsi :
- Nouveaux matériaux nanostructurés, en particulier nanocristallites minéraux/organiques ;
- Maîtrise des interfaces dans les hétérostructures de couches minces ;
- Amélioration des technologies conventionnelles vers leurs limites ultimes (par exemple plaquettes ultraminces de silicium cristallin).
Ainsi, en matière de photovoltaïque, l'ADEME a consacré en 2002 près de 5,8 M à la recherche et développement. Cet effort mené avec l'ensemble des opérateurs industriels et les laboratoires du CNRS et du CEA vise à la fois à améliorer les performances et baisser les coûts directs de production des matériaux et des systèmes complets à l'horizon 2004.
En ce qui concerne le solaire thermique, en 2002, la recherche a également structuré son effort sur les composants, les matériels et les systèmes combinés. Ceci concerne par exemple le télé-suivi d'installations collectives, la conception et le dimensionnement de systèmes combinés (pour le chauffage et l'eau chaude). Une action incitative a été lancée par le Ministère en faveur du bâtiment durable à l'horizon 2010.
Pour ce qui est de la géothermie, il importe de distinguer les recherches d'accompagnement de la géothermie de basse et de haute énergie et de la géothermie en roche chaude et profonde tel que l'expérience de Soultz-sous-Forêts, en Alsace. Cette dernière expérience correspond à un pilote de démonstration à l'échelle mondiale pour l'exploitation d'une source nouvelle d'énergie : il s'agit de mettre en valeur la chaleur des roches situées à 5000 m de profondeur à des températures supérieures à 200 degrés. La prospective du groupement industriel indique qu'en exploitant 10 % des ressources potentielles de l'Europe, on pourrait produire 900 TeraWh par an, soit deux fois la consommation électrique de la France.
L'ADEME, le CEA et le CNRS ont élaboré un programme commun qui porte en particulier sur les sources d'énergie renouvelables incluant les recherches fondamentales en amont de ces questions.
La recherche est décidée à faire un effort majeur de coordination et d'investissement dans ces directions en tenant compte des recommandations qui proviendront du débat sur l'énergie.
Au delà de la question des sources d'énergie, se pose la question du stockage éventuel de grande quantité d'énergie, si celle-ci ne peut être consommée dans l'instant ou elle est produite. Ce besoin est général ; il est largement déterminant dans le cas de l'éolien et du solaire, sans parler de l'électricité. Les combustibles fossiles, la biomasse ou l'hydraulique sont, en eux-mêmes, des stockage naturels. L'hydrogène, produite à grande échelle, associée notamment aux piles à combustibles, est une des voies les plus prometteuses, si la production d'hydrogène retenue ne génère pas elle-même des émissions importantes de gaz à effet de serre, et l'on pense ici au craquage de l'eau à hautes températures en utilisant des processus membranaires.
L'hydrogène requiert un important effort de recherche encore, même si des résultats remarquables ont déjà été obtenus. A preuve, l'ouverture effective de la première "station service" à hydrogène la semaine dernière à Reykjavik, en Islande, avec l'aide de l'Union Européenne, après l'installation d'un équipement comparable à Berlin en octobre 2002.
Le Ministère délégué à la recherche et aux nouvelles technologies est pleinement conscient des enjeux que représente le présent débat sur l'énergie pour notre pays, pour chacun de nos concitoyens, pour ses entreprises.
Au-delà des solutions scientifiques et techniques auxquelles la recherche apportera sa contribution, deux questions fondamentales doivent être traitées : l'acceptabilité, par l'ensemble de notre société, de l'impact local ou global des différentes voies qui s'avéreront nécessaires, le développement d'une culture des bons usages et des bonnes pratiques des différents modes disponibles. A quoi sert de produire des bio-carburants, si chacun des automobilistes ne veille pas régulièrement au bon réglage du moteur de son véhicule ? A quoi sert de produire, à grand frais, une énergie " propre ", si l'utilisateur final la gaspille ? Songeons que si chaque français laisse simultanément allumée sans raison une lampe de 60 W, ce sont 3 centrales électriques qui fonctionnent pour rien.
Ces deux questions, acceptabilité dans une vision globale, culture de responsabilité, ont leur réponse dans les comportements humains, individuels ou collectifs. Les processus éducatifs, comme la recherche en sciences humaines et sociales, ont un rôle éminent à jouer en ces matières.
Ainsi, il est essentiel, pour mettre à profit durablement tous nos acquis sur les sources de production d'énergies renouvelables, de compléter nos efforts sur l'intégration de ces dispositifs dans nos systèmes techniques. Cela implique des recherches sur les dispositifs de stockage intermédiaire, les dispositifs de conversion, sur la gestion des réseaux à sources multiples.
J'espère, par ces réflexions, que Madame Claudie Haigneré souhaitait partager avec vous, vous avoir sensibilisé aux enjeux de recherche en matière d'énergies renouvelables, vous avoir convaincu de l'intérêt de soutenir les recherches engagées sur ce sujet qui portent sur un très large spectre, et vous avoir convaincu de l'intérêt d'être attentifs à leurs résultats.
Sachez que la recherche est attentive aux préoccupations de tous ceux qui souhaitent voir les énergies renouvelables se développer, dans une vision globale de traitement à long terme de la question de l'énergie avec l'objectif d'un développement durable.
Je vous remercie de votre attention
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 12 mai 2003)
Intervention lors du Colloque sur les énergies renouvelables
(Débat national sur l'énergie)
Mesdames les Ministres,
Mesdames et Messieurs les professeurs,
Mesdames et Messieurs,
Nous allons aborder le 5ème sujet prévu dans le cadre du débat national sur les énergies. Ce débat prépare les grandes décisions que notre pays devra prendre prochainement pour assurer, dans le long terme, notre indépendance énergétique, et ce dans une logique de développement durable. La ville de Rennes a été choisi pour traiter deux questions particulièrement importantes dans ce débat. Hier, c'était les énergies renouvelables ; aujourd'hui c'est l'énergie nucléaire, avec une interrogation forte et claire : "énergie d'avenir ou fausse solution". Ces deux questions touchent en fait à un même volet du débat : de quelle quantité d'énergie notre société souhaite disposer, dans 5, 10, 50 ans ou 100 ans ? quelles matières premières et quels modes de production peuvent nous fournir cette énorme quantité d'énergie, songeons qu'actuellement en France chaque français consomme en moyenne 3,2 tep, tout en satisfaisant les contraintes de plus en plus fortes que nous nous donnons: une énergie économe des ressources, respectueuse de l'environnement, minimisant les émissions de gaz à effet de serre et les polluants ; une énergie à un coût de production acceptable pour le consommateur et favorable à notre développement économique dans un monde particulièrement concurrentiel ; une énergie sûre et fiable qui limite les risques pour la santé de nos citoyens et des générations futures.
Empêchée d'être personnellement hier à Rennes, mon Directeur de cabinet vous a proposé de partager l'état de nos réflexions et nos propositions sur la question des énergies renouvelables et des efforts de recherche qu'elles pouvaient requérir. Désormais disponible, je suis particulièrement heureuse de pouvoir m'exprimer devant vous ce matin sur cette question de l'énergie nucléaire, avec à l'esprit la vision globale sur ces deux volets débattus ici à Rennes.
Permettez-moi de rappeler que l'énergie nucléaire n'aurait jamais pu atteindre le niveau de 34 % de notre production globale d'énergie, niveau où elle se trouve aujourd'hui, avec le degré de fiabilité et de disponibilité de notre parc de réacteurs, niveau unique au monde, sans s'être appuyé sur un formidable effort de recherche particulièrement riche de succès. Qu'il me soit permis de saluer ici tous les chercheurs et les ingénieurs qui ont contribué à ce résultat. Cette source d'énergie ne saurait également avoir d'avenir si cet effort de recherche n'est pas poursuivi. Plus, vous savez que même si nous cessions de produire de l'énergie nucléaire, nous devrions poursuivre des recherches afin d'assurer le traitement définitif des déchets existants. La recherche est donc bien au coeur du débat sur l'énergie, puisqu'elle est au cur du débat sur l'énergie nucléaire. Cette question de l'énergie nucléaire ne saurait en effet être traitée indépendamment de l'ensemble de la question énergie. Par exemple, le scénario réputé le plus réaliste présenté récemment par le "World Energy Council" fait passer la production mondiale d'énergie de 8,6 Gtep en 1998 à 14 Gtep en 2050 en prévoyant que la production d'énergies renouvelables passerait de 1,3 Gtep à 5 Gtep en 50 ans, soit plus qu'un quadruplement, que celle de l 'énergie nucléaire passerait de 0,6 Gtep à 1,8 Gtep, soit un triplement alors que le pétrole passerait de 3,4 Gtep à 2,6 Gtep et le charbon de 2,2 Gtep à 1,5 Gtep.
Il y a dans notre pays, comme d'ailleurs dans les nombreux autres pays qui ont développé une filière nucléaire et abritent l'un des 442 réacteurs actuellement en fonctionnement, sachant que 53 réacteurs supplémentaires sont en construction, deux attitudes antagonistes sur l'avenir du nucléaire.
La première est celle d'une volonté de fermer rapidement cette filière en mettant en avant que le danger et le risque d'exposition du public et des personnels des centrales aux rayonnements et à la radio-toxicité des combustibles irradiés et des matériaux qui interviennent dans la constitution des réacteurs, sans parler de dissémination, est trop grand pour qu'il soit raisonnable de faire confiance aux hommes pour les maîtriser, notamment sur le très long terme imposé par certains déchets, s'ils sont laissés en l'état. Cette attitude renvoi immédiatement à la question des sources de substitution, ou du changement profond du mode de vie et de production de nos sociétés, questions auxquelles aucune réponse totalement convaincante, je crois, n'a encore pu être apportée. Il est à cet égard intéressant de savoir qu'actuellement, les Allemands qui ont fait le choix d'arrêt programmé de leur filière nucléaire doivent importer déjà une part importante de leur énergie électrique, notamment de France dont 15 % de sa production d'électricité est exportée, production à près de 80 % d'origine nucléaire. Le déroulé de leur plan de sortie de la filière nucléaire et les exigences de la limitation des rejets de gaz à effet de serre ne peuvent en l'état qu'aggraver cette dépendance. N'oublions donc jamais la cohérence entre les motifs de nos choix et leurs conséquences. La question du nucléaire ne peut être traitée de manière isolée.
La seconde est celle qui consiste, tout en étant conscient des risques attachés à la production d'énergie nucléaire, et en valorisant le retour d'expérience considérable déjà acquis, à estimer nécessaire à la fois de poursuivre la production actuelle de notre électricité par les 58 réacteurs de deuxième génération que nous possédons sur notre territoire et de préparer les futurs générations de réacteurs disponibles à l'horizon 2015/2020 tout en veillant à retenir la meilleure des solutions possibles à la question du traitement des déchets existants, à la minimisation de la production de nouveaux déchets et au démantèlement des réacteurs actuels lorsqu'ils arriveront en fin de vie. Ils estiment cette solution du nucléaire indispensable pour assurant une certaine indépendance vis à vis des pays producteurs de sources d'énergie fossile, que nous n'avons pas sur notre territoire, et une certaine stabilité vis à vis de l'économie du pétrole. Ils soulignent également fortement l'intérêt de la filière nucléaire quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et donc à la limitation des changements climatiques. Naturellement, ils savent bien que cette solution ne saurait être exclusive à l'échelle mondiale, mais qu'elle est à adopter par notre pays.
Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a souhaité que le Parlement débatte et vote une loi d'orientation sur l'énergie, en 2003/2004. La représentation nationale devra ainsi débattre des conditions de la poursuite ou non du nucléaire et des caractéristiques des éventuels générateurs du futur, de la place éventuelle de l'énergie nucléaire dans notre approvisionnement énergétique, de la gestion de la filière et des déchets, de la question de la sécurité des installations nucléaires, toutes questions que les débats d'aujourd'hui vont aborder d'une manière très ouverte. N'ayons aucun a priori. Il n'y a pas de questions tabous. Il n'y a pas de filière nucléaire possible, sans une acceptabilité aussi large que possible de nos concitoyens et celle-ci, qui lui a été accordée depuis le début des années 1970, ne sera maintenue que si chacun a la possibilité de comprendre les raisons et les conséquences des choix associés.
Je crois profondément nécessaire que le public se saisisse de la question de l'énergie, dans toute ses dimensions ; je crois profondément que les connaissances acquises grâce à notre recherche ont un rôle important à jouer, et c'est pourquoi je crois nécessaire que les grandes institutions de recherche éclairent ce débat en présentant le fruit de leur expertise collective ; je crois profondément que la recherche devra être fortement sollicitée pour apporter des éléments complémentaires d'informations là où demeurent encore des incertitudes et pour soutenir l'innovation technologique, absolument indispensable pour relever les défis qui sont devant nous en matière de production d'énergie en général, d'énergie nucléaire en particulier, si nous poursuivions dans cette voie.
Pour notre pays, se déterminer, par la voie démocratique du vote parlementaire, sur les questions présentées il y a quelques instants concernant le nucléaire requiert que nous fassions tous des efforts d'écoute, d'explication, d'acquisition des connaissances indispensables au débat, de compréhension des enjeux, de transparence. C'est la raison pour laquelle je tiens à vous remercier, vous intervenants et participants d'être présents aujourd'hui ici à Rennes, comme je remercie les organisateurs de cette réunion, et vous chère Nicole, de votre invitation ce matin. Ce débat est fondamental pour intégrer l'ensemble des paramètres économiques, techniques, environnementaux et sociaux qui éclaireront la décision et répondre aux question que chacun est en droit de se poser : à quel prix sera produit le kWh d'électricité dans 5, 10 ou 15 ans en fonction de son mode de production, quelles sont les économies espérées par une modification de nos modes de consommation, quels sont les risques qui sont attachés à la filière nucléaire, selon le type de réacteur choisi, quel sera l'impact pour mon entreprise, mon exploitation agricole, pour ma vie quotidienne de l'implantation d'un champ d'éoliennes, d'un capteur solaire thermique ou photovoltaïque, d'une centrale ou d'un lieu de stockage nucléaire ?
Le ministère de la recherche a un rôle particulier à jouer dans cet effort d'objectivation et de pédagogie.
Nous devons dépassionner les discussions et sortir d'un affrontement stérile entre les anti- et les pro-nucléaires extrêmes qui ne s'écoutent plus, qui n'écoutent plus les faits et veulent imposer leur conviction plutôt que de faire partager leurs connaissances. La science peut apporter cet éclairage différent : c'est pourquoi le ministère de la recherche souhaite prendre des initiatives dans le débat.
La recherche française dans le domaine du nucléaire est l'une des toutes premières au monde. Le CEA a présenté récemment ses vues sur les générateurs futurs. Les grands déterminants scientifiques et technologiques pour les 2 générations suivantes de réacteurs sont aujourd'hui connus. Au-delà de ces déterminants, il s'agit aujourd'hui d'intégrer les notions économiques, par un dialogue poussé avec les industriels français du secteur : quelles voies devons-nous approfondir en priorité, à quelles échéances et avec quels moyens, pour répondre à quel modèle économique de consommation ? Telle est l'équation que je pose aujourd'hui. J'engage tous les acteurs à répondre, ensemble et en concertation à cette question. Les échéances sont proches : la troisième génération, celle de l'EPR, attend sa première réalisation effective. La quatrième génération, discutée actuellement entre spécialistes internationaux dans le cadre du Forum " génération quatre ", devra être encore plus sûre, et diminuer de façon drastique le nombre des déchets produits.
Sur l'initiative du DoE américain, dix pays, Argentine, Brésil, Canada, France, Japon, Corée du Sud, Afrique du Sud, Suisse, Royaume Uni et Etats Unis viennent d'annoncer qu'ils se sont associés pour étudier les réacteurs nucléaires de 4ème génération, susceptibles d'être déployés à partir de 2030. Il s'agit de proposer des systèmes de production d'électricité "durables, économiques, sûrs et fiables, résistants face aux risques de prolifération nucléaire et d'agression", selon la déclaration faite il y a quelques jours seulement. Six systèmes ont été sélectionnés ; il est prévu d'investir 6 milliards d'euros de R D sur ces hypothèses dans les prochaines années, hors construction des démonstrateurs. L'acceptabilité du nucléaire passe par deux éléments fondamentaux : la réduction des risques et la maîtrise de "l'aval du cycle". Je me réjouis ainsi des thèmes des premières tables rondes
Je souhaite approfondir maintenant, avec vous, cette question des déchets nucléaires, encore en suspens en France, alors que des solutions ont déjà pu être décidées ou sont sur le point de l'être dans d'autres pays. La France s'est dotée d'une législation innovante avec la loi Bataille du 31 décembre 1991, qui a encadré les recherches menées sur la gestion des déchets radioactifs en définissant 3 axes : la séparation / transmutation, le stockage et l'entreposage, et a fixé le rendez-vous de 2006, pour un bilan et une nouvelle décision législative. Bien sur, des retards ont été liés à l'indisponibilité de source de neutrons rapides comme Phénix ou Super Phénix, bien sur, le drame du laboratoire de Bure a ralenti les recherches programmées sur le stockage.
Mais Phénix monte actuellement en puissance et irradie déjà les échantillons de déchets transmutables ; la première extraction marquant la reprise effective du forage de Bures a eu lieu la semaine dernière ; Américains, Suédois ont décidé des sites de stockage, et des laboratoires qui désormais existent dans plusieurs pays permettant de partager une expertise déterminante. Nous disposons de nombreux résultats de recherche : ces résultats, les conditions de la présentation du passage à la réalisation industrielle ont été examinées lors du colloque sur les déchets nucléaires organisé par le Ministère de la recherche le 30 avril dernier. Les résultats sont tout à fait encourageants. J'ai particulièrement noté les progrès que nous avons fait dans la compréhension de l'impact biologique des faibles doses. En complément des documents remarquables publiés par le Comité national d'évaluation, le Ministère publie, annuellement, un document disponible sur son site Internet et relatif à la stratégie de recherche en matière de gestion des déchets nucléaires à haute activité et à vie longue.
Ainsi, je pense qu'en 2006, le gouvernement pourra faire utilement le point sur l'avancée des travaux sur ces trois axes et de débattre des options qui sont réellement accessibles à notre pays : poursuivre certaines études, en réorienter d'autres ou choisir entre diverses hypothèses et arrêter prochainement, de manière réfléchie et courageuse, certaines décisions avec l'accord, je l'espère, du plus grand nombre, parce que chacun aura eu en mains les éléments de la décision.
Le Gouvernement pourra proposer des décisions importantes à la représentation nationale qui aura la lourde tache de trancher parmi les choix présentés.
En dépit des progrès considérables déjà obtenus, le dialogue avec les citoyens, qui sont concernés au premier chef par ces décisions, est encore insuffisant. L'initiative du gouvernement en lançant ce débat "énergie" marque sa volonté de donner une réelle impulsion et de prendre des décisions. Je remercie tout particulièrement Nicole Fontaine de m'avoir permis d'intervenir ici. L'ensemble des ministères, institutions concernées - MINEFI, MEDD, MRNT, DGSNR, ANDRA- s'organise afin qu'un premier document de synthèse sur les recherches, une méthodologie d'analyse, un plan d'action soient disponibles et soumis à la représentation nationale au cours de l'année 2004, afin de préparer, dès 2004/2005, les décisions à prendre en 2006
Je crois fermement que les discussions qui pourront se tenir aujourd'hui seront à la mesure de l'enjeu qui s'offre à nous.
Les échéances sont plus ou moins rapprochées ; les réponses et choix que nous devons apporter ne sauraient être exclusifs : il serait absurde de se priver des énergies renouvelables, l'énergie nucléaire de fission est indispensable au moins jusqu'en 2050/2070. Je crois nécessairement complémentaires ces deux choix en vue de satisfaire les besoins des différentes générations. Les grands rendez-vous sont 2006, avec les déchets, 2010, pour le plan de transports propre, 2015 pour constructions potentielles des premiers réacteurs de 3ème génération, 2030 les objectifs du protocole de Kyoto, et la maîtrise industrielle d'une production d'énergie par la fusion thermonucléaire contrôlée à l'horizon de la fin du siècle, grâce aux avancées permises par le grand projet international ITER, source réellement innovante d'une énergie propre.
La Recherche est appelée à contribuer à ces différentes échéances et, à apporter, au gouvernement, en coordination avec les acteurs industriels et économiques, les réponses nécessaires sur les différents choix possibles en intégrant leur faisabilité, leurs échéances, leurs coûts. J'ai confiance dans sa capacité à relever le défi.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 12 mai 2003)
Nucléaire : énergie d'avenir ou fausse solution ?
Journée du 6 mai 2003
I. Introduction
Mesdames et messieurs, je suis très heureuse de pouvoir vous rejoindre aujourd'hui pour ces sixièmes Rencontres du Débat national sur les énergies. Comme vient de le rappeler Nicole Fontaine, des questions majeures se dressent devant nous afin d'inscrire, à long terme, notre avenir dans une perspective de développement durable. Les questions touchant aux énergies renouvelables et à l'énergie nucléaire constituent en fait les deux volets d'un même enjeu, ayant trait aux grands choix à faire pour demain. Quelles matières premières privilégier, tout en nous conformant aux défis posés par les enjeux environnementaux ? Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon importante et régulière dans les décennies à venir ?
II. La recherche au coeur de la réflexion sur l'énergie
L'énergie nucléaire représente aujourd'hui, en France, 34 % de notre production globale d'énergie, mais n'aurait pu atteindre ce niveau ni son degré de fiabilité sans l'appui d'un formidable effort de recherche de l'ensemble d'une communauté, fort réputée au niveau international et qu'il convient de saluer pour sa contribution. Toutefois, cette source d'énergie ne saurait avoir d'avenir si cet effort de recherche n'était poursuivi, en particulier pour ce qui concerne le traitement des déchets existants. La recherche est donc au coeur du débat sur l'énergie.
Pour autant, la question nucléaire ne peut être traitée indépendamment de l'ensemble des questions touchant à l'énergie. Les scénarios établis par le World Economic Council dessinent des perspectives de recours croissant tant aux énergies renouvelables qu'à l'énergie nucléaire, au coeur de notre rencontre d'hier et d'aujourd'hui, ce qui renforce encore l'acuité du débat.
III. Le nucléaire : les scénarii possibles
Face aux possibilités qui s'offrent à nous pour le futur, deux grandes attitudes dominent ce débat. Certains, estiment que les risques liés à la sûreté des installations sont trop importants pour que soit justifié le maintien en activité de la filière, quels que soient ses intérêts par ailleurs. C'est notamment le choix qu'a fait l'Allemagne, en élaborant un plan de sortie progressive du nucléaire. D'autres, mettant en avant en particulier la nécessité de l'indépendance énergétique du pays et l'intérêt du pétrole au regard du changement climatique, jugent au contraire utile de poursuivre ce choix en préparant les prochaines générations de réacteurs, tout en faisant émerger des solutions viables pour le traitement des déchets radioactifs.
IV. L'avenir du nucléaire : recherche et gestion des risques
Le Premier ministre a souhaité que le Parlement débatte, à l'automne, de la loi d'orientation sur l'énergie. La représentation nationale devra donc se prononcer sur la place de l'énergie nucléaire dans notre approvisionnement énergétique, sur la question des déchets..., autant de questions qui figurent également à l'agenda de cette journée. L'acceptabilité figurera sans nul doute parmi les questions à aborder et à examiner avec attention, tant il semble nécessaire que chacun devra comprendre les choix et les motivations qui les sous-tendront.
C'est notamment en raison de cette nécessité que la recherche doit jouer un rôle important, à partir de l'expertise qu'elle permet. La recherche devra être sollicitée, afin d'apporter des éléments d'information et pour susciter des innovations technologiques indispensables à l'amélioration constante des conditions d'exploitation des sources d'énergie, quelles qu'elles soient. Le débat est fondamental afin d'intégrer la multitude de paramètres qui doivent éclairer la décision et répondre aux nombreuses questions que chacun est fondé à se poser.
Outre les enjeux liés à la quatrième génération de réacteurs, la question des déchets nucléaires semble également urgente à aborder en France, d'autant plus que certains autres pays ont déjà identifié des solutions. En France, la loi Bataille a fixé trois voies à explorer (la séparation-transmutation, le stockage et l'entreposage), avant qu'un bilan d'étape ne soit fait en 2006 en vue d'éclairer la prise de décision. Nous disposons aujourd'hui de nombreux résultats de recherches sur la question des déchets nucléaires, dont une part importante a déjà été mise à la disposition de tous, sur le site Internet du Ministère. Le Gouvernement pourra donc certainement faire utilement le point, en 2006, sur les résultats des recherches menées sur ces trois axes, en vue d'arrêter de manière réfléchie un choix, qui sera nécessairement courageux, et avec, souhaitons-le, l'accord du plus grand nombre.
V. Conclusion
En dépit des progrès considérables permis par de tels éléments d'échange, le dialogue avec nos concitoyens demeure sans doute encore insuffisant. Il faut donc saluer l'initiative prise par le Gouvernement, en la personne de Nicole Fontaine, que constitue ce grand Débat national sur les énergies, jalonné de plusieurs rendez-vous dans diverses villes de France. L'effort de pédagogie est demeure plus que jamais nécessaire afin d'éclairer notre débat et le dépassionner, en vue de favoriser un échange serein et objectif. Je vous souhaite un très bon débat.
(source http://www.debat-energie.gouv.fr, le 9 mai 2003)
Mesdames et messieurs, je suis très heureuse de pouvoir vous rejoindre aujourd'hui pour ces sixièmes Rencontres du Débat national sur les énergies. Comme vient de le rappeler Nicole Fontaine, des questions majeures se dressent devant nous afin d'inscrire, à long terme, notre avenir dans une perspective de développement durable. Les questions touchant aux énergies renouvelables et à l'énergie nucléaire constituent en fait les deux volets d'un même enjeu, ayant trait aux grands choix à faire pour demain. Quelles matières premières privilégier, tout en nous conformant aux défis posés par les enjeux environnementaux ? Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon importante et régulière dans les décennies à venir ?
- La recherche au cur de la réflexion sur l'énergie
L'énergie nucléaire représente aujourd'hui, en France, 34 % de notre production globale d'énergie, mais n'aurait pu atteindre ce niveau ni son degré de fiabilité sans l'appui d'un formidable effort de recherche de l'ensemble d'une communauté, fort réputée au niveau international et qu'il convient de saluer pour sa contribution. Toutefois, cette source d'énergie ne saurait avoir d'avenir si cet effort de recherche n'était poursuivi, en particulier pour ce qui concerne le traitement des déchets existants. La recherche est donc au cur du débat sur l'énergie.
Pour autant, la question nucléaire ne peut être traitée indépendamment de l'ensemble des questions touchant à l'énergie. Les scénarios établis par le World Economic Council dessinent des perspectives de recours croissant tant aux énergies renouvelables qu'à l'énergie nucléaire, au cur de notre rencontre d'hier et d'aujourd'hui, ce qui renforce encore l'acuité du débat.
- Le nucléaire : les scénarii possibles
Face aux possibilités qui s'offrent à nous pour le futur, deux grandes attitudes dominent ce débat. Certains, estiment que les risques liés à la sûreté des installations sont trop importants pour que soit justifié le maintien en activité de la filière, quels que soient ses intérêts par ailleurs. C'est notamment le choix qu'a fait l'Allemagne, en élaborant un plan de sortie progressive du nucléaire. D'autres, mettant en avant en particulier la nécessité de l'indépendance énergétique du pays et l'intérêt du pétrole au regard du changement climatique, jugent au contraire utile de poursuivre ce choix en préparant les prochaines générations de réacteurs, tout en faisant émerger des solutions viables pour le traitement des déchets radioactifs.
- L'avenir du nucléaire : recherche et gestion des risques
Le Premier ministre a souhaité que le Parlement débatte, à l'automne, de la loi d'orientation sur l'énergie. La représentation nationale devra donc se prononcer sur la place de l'énergie nucléaire dans notre approvisionnement énergétique, sur la question des déchets, autant de questions qui figurent également à l'agenda de cette journée. L'acceptabilité figurera sans nul doute parmi les questions à aborder et à examiner avec attention, tant il semble nécessaire que chacun devra comprendre les choix et les motivations qui les sous-tendront.
C'est notamment en raison de cette nécessité que la recherche doit jouer un rôle important, à partir de l'expertise qu'elle permet. La recherche devra être sollicitée, afin d'apporter des éléments d'information et pour susciter des innovations technologiques indispensables à l'amélioration constante des conditions d'exploitation des sources d'énergie, quelles qu'elles soient. Le débat est fondamental afin d'intégrer la multitude de paramètres qui doivent éclairer la décision et répondre aux nombreuses questions que chacun est fondé à se poser.
Outre les enjeux liés à la quatrième génération de réacteurs, la question des déchets nucléaires semble également urgente à aborder en France, d'autant plus que certains autres pays ont déjà identifié des solutions. En France, la loi Bataille a fixé trois voies à explorer (la séparation-transmutation, le stockage et l'entreposage), avant qu'un bilan d'étape ne soit fait en 2006 en vue d'éclairer la prise de décision. Nous disposons aujourd'hui de nombreux résultats de recherches sur la question des déchets nucléaires, dont une part importante a déjà été mise à la disposition de tous, sur le site Internet du Ministère. Le Gouvernement pourra donc certainement faire utilement le point, en 2006, sur les résultats des recherches menées sur ces trois axes, en vue d'arrêter de manière réfléchie un choix, qui sera nécessairement courageux, et avec, souhaitons-le, l'accord du plus grand nombre.
En dépit des progrès considérables permis par de tels éléments d'échange, le dialogue avec nos concitoyens demeure sans doute encore insuffisant. Il faut donc saluer l'initiative prise par le Gouvernement, en la personne de Nicole Fontaine, que constitue ce grand Débat national sur les énergies, jalonné de plusieurs rendez-vous dans diverses villes de France. L'effort de pédagogie est demeure plus que jamais nécessaire afin d'éclairer notre débat et le dépassionner, en vue de favoriser un échange serein et objectif. Je vous souhaite un très bon débat.
(source http://www.debat-energie.gouv.fr, le 9 mai 2003)