Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Il est des moments privilégiés dans la vie d'un ministre : le jour de la publication au Journal Officiel d'une loi promulguée dont il a assuré la conception et soutenu la discussion parlementaire en est un ; le jour de l'inauguration d'un service pour lequel il a travaillé, rendu des arbitrages, mené des batailles budgétaires en est un autre.
Le 31 juillet 2003 a ainsi été une journée importante pour le ministère de l'Ecologie et du Développement Durable et pour sa ministre, puisqu'il a vu la publication de la loi sur les risques, promulguée la veille.
Le 5 septembre 2003 ne nous sera pas indifférent non plus, puisqu'il voit l'inauguration, à Toulouse, de notre " petit dernier ", du Service Central Hydro-météorologique d'Appui à la Prévision des Inondations, alias, fort heureusement, le SCHAPI, projet sur lequel je travaille avec Pascal Berteaud, le directeur de l'eau, depuis plusieurs mois.
La rénovation de la politique de prévention des risques naturels que j'ai entreprise dès mon arrivée prend donc corps, progressivement, semaine après semaine.
Pourquoi ai-je mis en uvre le SCHAPI ?
Ce projet est tout d'abord indissociable de la réforme du dispositif national de prévision des crues que j'ai entamée, avec Gilles de Robien, depuis le mois de novembre dernier.
J'ai constaté, en effet, dès mon arrivée au Gouvernement, la vétusté et donc l'inadaptation du dispositif national d'annonce des crues. Les services d'annonce des crues ont été créés il y a une vingtaine d'années et localisés en fonction de critères que je n'arrive toujours pas à comprendre. Pour ne rien vous cacher, le bassin de la Maine, - " mon " bassin, si j'ose dire -, qui connaît certes des crues importantes et surtout récurrentes, disposait de 3 services d'annonce - Laval, Le Mans, Angers -, alors que la région Provence-Alpes-Côte d'Azur n'en disposait que d'un et que les rivières et les fleuves, là-bas, du fait de la cinétique des événements, font un nombre élevé de victimes graves.
Il fallait donc, au moins, rebattre les cartes en fonction des risques.
Ce dispositif souffrait, ensuite, d'un manque criant de moyens humains. Avec140 équivalents temps plein dédiés à l'annonce des crues répartis dans 52 services, sachant que certains services - je songe à celui de Nîmes ou celui de Paris - comptent plus d'une dizaine de postes, vous comprenez bien que certains services étaient dépourvus.
Il souffrait aussi d'un manque de moyens techniques, et n'avait pas incorporé les derniers développements technologiques dans le registre de l'hydro-météorologie.
Ce système n'était donc pas adapté aux exigences de sécurité des populations exposées aux crues, les crues de plaine comme les crues torrentielles, d'ailleurs.
J'ai donc souhaité sa réforme. La modernisation reposera d'abord sur une augmentation des effectifs par service, ce qui facilitera la connaissance approfondie des bassins versants et permettra d'assurer une meilleure permanence du service public.
La réforme conduira ensuite à la mise en uvre de méthodes nouvelles et homogènes pour passer de l'annonce des crues à la prévision des crues. Les pouvoirs publics doivent, en effet, aller au-delà de la simple annonce pour forger une véritable prévision, tenant compte à la fois des masses d'eau prévues et du territoire qui est couvert par les précipitations. La connaissance de ce territoire, de sa géologie, de sa morphologie, des zones d'expansion des crues, de tout ce qui contribue au " rendement " de la crue, de tout ce qui contribue à la relation pluie-débit, est important et doit être étudié. Les services, dans leur configuration actuelle, souvent dotés d'à peine un emploi, ne pouvaient exercer ce métier complexe, qui requiert de la patience.
La nouvelle carte de la prévision des crues a été arrêtée par Gilles de Robien et moi-même il y a quelques semaines. Nous passons de 52 services à 22. Comme prévu, les services passent de la surveillance de tronçons, de linéaires cours d'eau à la surveillance de bassins versants.
Le rôle du SCHAPI, service à compétence nationale, sera d'encadrer scientifiquement et techniquement cette réforme. Il servira de référence méthodologique aux services répartis sur le territoire. J'attends donc qu'il bonifie la prévision des crues.
La seconde fonction du SCHAPI, et donc la seconde raison qui a conduit à sa création, celle à laquelle le Gouvernement accorde le plus d'importance, est la fonction de " second rideau " des services de prévision des crues chargés de la surveillance des bassins à réaction rapide. C'est la fonction " orages cévenols ".
Vous savez qu'entre septembre et novembre, à l'Est d'une ligne Lyon-Toulouse, des événements pluviométriques extrêmes peuvent survenir et engendrer des crues ou des ruissellements torrentiels meurtriers.. Nous avons tous en mémoire les événements qui se sont déroulés sur une échelle impressionnante, l'an dernier, dans le Gard et l'Hérault, ou ceux de l'Aude en 1999 ou la crue torrentielle de l'Ouvèze en 1992 et les ravages qu'elle a provoqués à Vaison-la-Romaine.
Mais nous avons oublié le grand " aigouat " d'octobre 1940, qui a causé des centaines de morts, qui s'est traduit par des précipitations de plus d'un mètre d'eau en vingt quatre heures sur un territoire couvrant le Roussillon et la Catalogne, en Espagne.
Votre rôle sera, Monsieur le directeur du SCHAPI, cher Jean-Michel Tanguy, en étroite liaison avec Météo-France, de guider heure par heure le travail du ou des services de prévision des crues concernés par une prévision d'événement extrême, et ainsi que l'a évoqué le directeur de l'eau, de " gagner du temps sur le temps ". Pour ces phénomènes, qui se développent en seulement quelques heures, gagner deux ou trois heures sur la prévision peut être tout simplement vital. Et c'est bien le rôle du SCHAPI que de permettre ce gain..
A la charnière entre Météo-France et les services locaux, nous avons voulu créer, avec le SCHAPI, un bonificateur, un multiplicateur, un accélérateur d'informations.
Je vous demande de consacrer prioritairement vos forces et votre esprit d'analyse à cette fonction dont peuvent dépendre des vies humaines.
Pour étayer vos analyses, je vous recommande de travailler avec les chercheurs spécialisés dans les risques naturels, qui disposent des annales et des chroniques météorologiques. Vous contribuerez ainsi à l'entretien de la mémoire du risque à laquelle j'ai attaché, lors de l'élaboration de la loi sur les risques, tant d'importance.
Le Président de Météo-France a eu des mots très chaleureux et encourageants et je l'en remercie. Le directeur de l'eau me semble déterminé, comme toujours. Votre ministre tient à vous puisqu'elle créera 20 postes supplémentaires au SCHAPI en 2004, pour que vous parveniez le plus rapidement possible à votre effectif-cible de 30. Alors longue vie au SCHAPI !
(source http://www.environnement.gouv.fr, le 18 septembre 2003)
Il est des moments privilégiés dans la vie d'un ministre : le jour de la publication au Journal Officiel d'une loi promulguée dont il a assuré la conception et soutenu la discussion parlementaire en est un ; le jour de l'inauguration d'un service pour lequel il a travaillé, rendu des arbitrages, mené des batailles budgétaires en est un autre.
Le 31 juillet 2003 a ainsi été une journée importante pour le ministère de l'Ecologie et du Développement Durable et pour sa ministre, puisqu'il a vu la publication de la loi sur les risques, promulguée la veille.
Le 5 septembre 2003 ne nous sera pas indifférent non plus, puisqu'il voit l'inauguration, à Toulouse, de notre " petit dernier ", du Service Central Hydro-météorologique d'Appui à la Prévision des Inondations, alias, fort heureusement, le SCHAPI, projet sur lequel je travaille avec Pascal Berteaud, le directeur de l'eau, depuis plusieurs mois.
La rénovation de la politique de prévention des risques naturels que j'ai entreprise dès mon arrivée prend donc corps, progressivement, semaine après semaine.
Pourquoi ai-je mis en uvre le SCHAPI ?
Ce projet est tout d'abord indissociable de la réforme du dispositif national de prévision des crues que j'ai entamée, avec Gilles de Robien, depuis le mois de novembre dernier.
J'ai constaté, en effet, dès mon arrivée au Gouvernement, la vétusté et donc l'inadaptation du dispositif national d'annonce des crues. Les services d'annonce des crues ont été créés il y a une vingtaine d'années et localisés en fonction de critères que je n'arrive toujours pas à comprendre. Pour ne rien vous cacher, le bassin de la Maine, - " mon " bassin, si j'ose dire -, qui connaît certes des crues importantes et surtout récurrentes, disposait de 3 services d'annonce - Laval, Le Mans, Angers -, alors que la région Provence-Alpes-Côte d'Azur n'en disposait que d'un et que les rivières et les fleuves, là-bas, du fait de la cinétique des événements, font un nombre élevé de victimes graves.
Il fallait donc, au moins, rebattre les cartes en fonction des risques.
Ce dispositif souffrait, ensuite, d'un manque criant de moyens humains. Avec140 équivalents temps plein dédiés à l'annonce des crues répartis dans 52 services, sachant que certains services - je songe à celui de Nîmes ou celui de Paris - comptent plus d'une dizaine de postes, vous comprenez bien que certains services étaient dépourvus.
Il souffrait aussi d'un manque de moyens techniques, et n'avait pas incorporé les derniers développements technologiques dans le registre de l'hydro-météorologie.
Ce système n'était donc pas adapté aux exigences de sécurité des populations exposées aux crues, les crues de plaine comme les crues torrentielles, d'ailleurs.
J'ai donc souhaité sa réforme. La modernisation reposera d'abord sur une augmentation des effectifs par service, ce qui facilitera la connaissance approfondie des bassins versants et permettra d'assurer une meilleure permanence du service public.
La réforme conduira ensuite à la mise en uvre de méthodes nouvelles et homogènes pour passer de l'annonce des crues à la prévision des crues. Les pouvoirs publics doivent, en effet, aller au-delà de la simple annonce pour forger une véritable prévision, tenant compte à la fois des masses d'eau prévues et du territoire qui est couvert par les précipitations. La connaissance de ce territoire, de sa géologie, de sa morphologie, des zones d'expansion des crues, de tout ce qui contribue au " rendement " de la crue, de tout ce qui contribue à la relation pluie-débit, est important et doit être étudié. Les services, dans leur configuration actuelle, souvent dotés d'à peine un emploi, ne pouvaient exercer ce métier complexe, qui requiert de la patience.
La nouvelle carte de la prévision des crues a été arrêtée par Gilles de Robien et moi-même il y a quelques semaines. Nous passons de 52 services à 22. Comme prévu, les services passent de la surveillance de tronçons, de linéaires cours d'eau à la surveillance de bassins versants.
Le rôle du SCHAPI, service à compétence nationale, sera d'encadrer scientifiquement et techniquement cette réforme. Il servira de référence méthodologique aux services répartis sur le territoire. J'attends donc qu'il bonifie la prévision des crues.
La seconde fonction du SCHAPI, et donc la seconde raison qui a conduit à sa création, celle à laquelle le Gouvernement accorde le plus d'importance, est la fonction de " second rideau " des services de prévision des crues chargés de la surveillance des bassins à réaction rapide. C'est la fonction " orages cévenols ".
Vous savez qu'entre septembre et novembre, à l'Est d'une ligne Lyon-Toulouse, des événements pluviométriques extrêmes peuvent survenir et engendrer des crues ou des ruissellements torrentiels meurtriers.. Nous avons tous en mémoire les événements qui se sont déroulés sur une échelle impressionnante, l'an dernier, dans le Gard et l'Hérault, ou ceux de l'Aude en 1999 ou la crue torrentielle de l'Ouvèze en 1992 et les ravages qu'elle a provoqués à Vaison-la-Romaine.
Mais nous avons oublié le grand " aigouat " d'octobre 1940, qui a causé des centaines de morts, qui s'est traduit par des précipitations de plus d'un mètre d'eau en vingt quatre heures sur un territoire couvrant le Roussillon et la Catalogne, en Espagne.
Votre rôle sera, Monsieur le directeur du SCHAPI, cher Jean-Michel Tanguy, en étroite liaison avec Météo-France, de guider heure par heure le travail du ou des services de prévision des crues concernés par une prévision d'événement extrême, et ainsi que l'a évoqué le directeur de l'eau, de " gagner du temps sur le temps ". Pour ces phénomènes, qui se développent en seulement quelques heures, gagner deux ou trois heures sur la prévision peut être tout simplement vital. Et c'est bien le rôle du SCHAPI que de permettre ce gain..
A la charnière entre Météo-France et les services locaux, nous avons voulu créer, avec le SCHAPI, un bonificateur, un multiplicateur, un accélérateur d'informations.
Je vous demande de consacrer prioritairement vos forces et votre esprit d'analyse à cette fonction dont peuvent dépendre des vies humaines.
Pour étayer vos analyses, je vous recommande de travailler avec les chercheurs spécialisés dans les risques naturels, qui disposent des annales et des chroniques météorologiques. Vous contribuerez ainsi à l'entretien de la mémoire du risque à laquelle j'ai attaché, lors de l'élaboration de la loi sur les risques, tant d'importance.
Le Président de Météo-France a eu des mots très chaleureux et encourageants et je l'en remercie. Le directeur de l'eau me semble déterminé, comme toujours. Votre ministre tient à vous puisqu'elle créera 20 postes supplémentaires au SCHAPI en 2004, pour que vous parveniez le plus rapidement possible à votre effectif-cible de 30. Alors longue vie au SCHAPI !
(source http://www.environnement.gouv.fr, le 18 septembre 2003)