Déclaration de M. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, sur la position de la CFDT lors des négociations avec le gouvernement sur le projet de réforme des retraites, Paris, le 14 mai 2003.

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Circonstance : Négociations entre le gouvernement et les syndicats sur le projet de réforme des retraites, à Paris le 14 mai 2003

Texte intégral

En ce moment, les partenaires sociaux sont reçus au ministère des Affaires sociales pour une ultime séance de négociation sur la réforme des retraites.
Messieurs les ministres, Mesdames, Messieurs,
La CFDT se félicite de la tenue cette négociation au lendemain de la très forte mobilisation à travers toute la France, des salariés du secteur privé comme du secteur public.
L'appel lancé avec force en direction du gouvernement, hier dans les rues et dans tous les secteurs professionnels, témoigne de l'inquiétude profonde d'un grand nombre de nos concitoyens quant à l'avenir, quant à leur avenir et traduit par là même leur forte attente d'une réforme claire, cohérente et juste.
Aussi, la CFDT veut voir dans cette négociation, la volonté du gouvernement d'entendre et de répondre positivement aux nécessaires améliorations qu'appelle son projet de loi.
Nous sommes arrivés là, au terme d'une longue concertation, à un moment décisif :
- pour l'avenir de nos retraites,
- pour la sauvegarde de notre système par répartition
- et plus fondamentalement encore pour la pérennité même de nos valeurs de solidarité et de justice sociale.
La CFDT n'a cessé, avec d'autres, de dire que rien ne serait pire que d'ajourner à nouveau les décisions nécessaires et urgentes pour sauver notre système par répartition.
Le choix clairement fait aujourd'hui de maintenir la répartition comme fondement de notre système de retraite, est pour la CFDT un acquis essentiel sur lequel nous pouvons bâtir à présent.
Ce choix était loin d'être une évidence, loin d'être acquis il y a quelques mois, tant le spectre de la capitalisation a hanté les esprits et enfermé les débats.
Mais la garantie de ce socle indispensable ne peut se suffire à elle-même au regard des contradictions et des inégalités que recouvrent les régimes actuels, à l'intérieur du secteur privé comme du secteur public que certains tentent inutilement d'opposer.
La CFDT ne se fait ni l'écho d'une quelconque fatalité sociale à laquelle il faudrait se résigner, ni le relais de recettes miraculeuses qui pourraient nous dispenser de solutions moins indolores.
A l'inverse, elle revendique de pouvoir s'engager sur une réforme qui débouche sur une harmonisation des régimes existants, assise sur une plus grande équité pour tous et une plus grande liberté de choix pour chacun.
Forte de ces orientations, la CFDT ne se satisfait pas des résultats actuels de la concertation, encore bien trop éloignés des exigences qu'elle pose.
Ses exigences, vous les connaissez :
- un haut niveau de retraite garanti à tous
- cela signifie notamment un taux plus important pour les bas salaires.
- cela veut dire aussi, un arrêt de la dégradation des taux de remplacement
- cela passe enfin par la valorisation négociée annuellement des pensions liquidées de tous les régimes
La possibilité d'un départ anticipé pour ceux qui ont commencé à travailler très jeune.
L'ouverture des possibilités de choix des départs à la retraite notamment en diminuant les abattements.
L'engagement de négociation dans le privé et dans le public, sur la pénibilité dans le travail et sa compensation, et sur la situation des salariés de plus de 50 ans.
La possibilité de racheter des années de cotisations.
L'obtention de véritables contreparties à l'harmonisation des durées de cotisations pour les fonctionnaires par :
- la prise en compte des primes en créant un régime complémentaire obligatoire géré paritairement,
- par la possibilité d'un départ anticipé pour ceux qui ont commencé à travailler très jeunes,
- par la possibilité de valider le temps partiel,
- par la possibilité du rachat des années d'étude,
- par l'amélioration du minimum de pension,
- par l'amélioration enfin du système de cessation progressive d'activité.
7. La mise à plat et la clarification des règles de la compensation et de la surcompensation pour aboutir à la suppression de celle-ci
Ces exigences rencontrent aujourd'hui un large consensus mais elles ne sauraient être valablement traduites sans que leur financement soit clairement envisagé.
Sur ce point la CFDT refuse de s'enfermer dans les rigidités auxquelles conduit la proposition du gouvernement de n'utiliser que le seul paramètre de la durée de cotisations pour financer les retraites.
La question des retraites revêt aujourd'hui un besoin de solidarité nationale et les salariés n'ont pas à supporter seuls le poids de l'évolution démographique.
C'est pourquoi, la CFDT revendique un effort général pour financer ces mesures de justice sociale. Il s'agit là de mettre en place une CSG, qui a l'avantage de faire participer les salariés bien évidemment, les retraités aussi mais tous les revenus, en particulier ceux du capital et du patrimoine.
Tout ne doit pas être bouclé dans cette réforme pour les 40 ans à venir, mais il faut que la réforme engage un processus de fond qui doit être ajusté régulièrement en fonction des évolutions de l'environnement économique et démographique.
Pour la CFDT, ces points sont décisifs et conditionnent la réussite de la réforme.
Monsieur le Ministre, vous avez déclaré hier devant les députés, que vous étiez " prêt à discuter avec celles et ceux qui veulent améliorer le projet de réforme ", vous connaissez nos propositions d'amélioration, nous saurons prendre nos responsabilités si le gouvernement y répond favorablement.
Messieurs les ministres nous attendons ces réponses.

(source http://www.cfdt.fr, le 15 mai 2003)