Texte intégral
L'Afrique ne doit pas être exclue du commerce international
L'Afrique subsaharienne est la grande oubliée du commerce international. Les pays les moins avancés, dont trente-quatre se trouvent en Afrique subsaharienne, n'ont pas réussi à organiser les marchés et filières qui leur permettraient de s'engager dans le commerce international ; ils sont hors d'état de faire face à la concurrence des pays développés. Pourtant, le développement de leurs échanges est l'un des moyens de faire prendre aux pays d'Afrique le train de la croissance. C'est toute l'ambition de l'initiative du président de la République française annoncée au Sommet Afrique-France le 20 février 2003.
L'échec des politiques de développement mises en place en Afrique subsaharienne n'est pas l'échec du commerce au service du développement : c'est l'échec de l'application aux pays les plus pauvres de politiques formatées pour les pays les plus développés du monde. Il est illusoire d'espérer que la libéralisation des échanges, telle qu'elle est anticipée aujourd'hui, contribue effectivement à la croissance en Afrique, même si elle a produit de bons résultats chez certains pays émergents. Selon la Banque africaine de développement, une réduction de la moitié des barrières aux échanges procurerait un bénéfice pour l'ensemble des pays en développement de 200 milliards de dollars en 2015, alors qu'il serait seulement de 2,4 milliards pour l'Afrique subsaharienne, soit 1,2 % du total.
Il est temps de réfléchir avec les pays d'Afrique aux moyens d'adapter nos règles commerciales. Mieux, il faut en inventer de nouvelles. Le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) peut constituer une enceinte utile de proposition : les pays d'Afrique définissent leurs besoins et nous font connaître leurs attentes. Ils sont en train de devenir force de proposition dans les organisations compétentes et de s'organiser régionalement.
Les pays développés sont prêts à mettre en place des dispositifs adaptés à la spécificité africaine. Les règles de l'OMC ne permettent pas aujourd'hui de distinguer entre les pays en développement, en fonction de leur niveau de richesse : faisons en sorte que cela devienne possible !
La France propose de défendre pour l'Afrique subsaharienne un traitement commercial privilégié sur une base durable. Ainsi, les règles commerciales varient selon les pays vers lesquels les pays d'Afrique subsaharienne exportent : ne retenons à chaque fois que les plus favorables pour que chacun de ces pays bénéficie du régime le plus avantageux. Les producteurs les plus pauvres sont vulnérables aux variations des cours des matières premières : il faut que nous trouvions ensemble comment faire face à ces difficultés majeures du continent africain et que nous cessions d'ignorer ce problème, encore trop marqués par les échecs du passé en la matière. Les politiques de soutien aux exportations agricoles, sous toutes leurs formes, y compris l'aide alimentaire et les crédits à l'exportation, peuvent dans certaines circonstances déstabiliser les productions vivrières locales : instaurons un moratoire des soutiens à l'exportation de produits agricoles vers l'Afrique, délions l'aide alimentaire.
S'il est organisé autour de règles préférentielles, le commerce peut devenir l'un des principaux instruments de développement et de paix pour l'Afrique. A nous de bâtir ensemble ces nouvelles règles.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 avril 2003)
L'Afrique subsaharienne est la grande oubliée du commerce international. Les pays les moins avancés, dont trente-quatre se trouvent en Afrique subsaharienne, n'ont pas réussi à organiser les marchés et filières qui leur permettraient de s'engager dans le commerce international ; ils sont hors d'état de faire face à la concurrence des pays développés. Pourtant, le développement de leurs échanges est l'un des moyens de faire prendre aux pays d'Afrique le train de la croissance. C'est toute l'ambition de l'initiative du président de la République française annoncée au Sommet Afrique-France le 20 février 2003.
L'échec des politiques de développement mises en place en Afrique subsaharienne n'est pas l'échec du commerce au service du développement : c'est l'échec de l'application aux pays les plus pauvres de politiques formatées pour les pays les plus développés du monde. Il est illusoire d'espérer que la libéralisation des échanges, telle qu'elle est anticipée aujourd'hui, contribue effectivement à la croissance en Afrique, même si elle a produit de bons résultats chez certains pays émergents. Selon la Banque africaine de développement, une réduction de la moitié des barrières aux échanges procurerait un bénéfice pour l'ensemble des pays en développement de 200 milliards de dollars en 2015, alors qu'il serait seulement de 2,4 milliards pour l'Afrique subsaharienne, soit 1,2 % du total.
Il est temps de réfléchir avec les pays d'Afrique aux moyens d'adapter nos règles commerciales. Mieux, il faut en inventer de nouvelles. Le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) peut constituer une enceinte utile de proposition : les pays d'Afrique définissent leurs besoins et nous font connaître leurs attentes. Ils sont en train de devenir force de proposition dans les organisations compétentes et de s'organiser régionalement.
Les pays développés sont prêts à mettre en place des dispositifs adaptés à la spécificité africaine. Les règles de l'OMC ne permettent pas aujourd'hui de distinguer entre les pays en développement, en fonction de leur niveau de richesse : faisons en sorte que cela devienne possible !
La France propose de défendre pour l'Afrique subsaharienne un traitement commercial privilégié sur une base durable. Ainsi, les règles commerciales varient selon les pays vers lesquels les pays d'Afrique subsaharienne exportent : ne retenons à chaque fois que les plus favorables pour que chacun de ces pays bénéficie du régime le plus avantageux. Les producteurs les plus pauvres sont vulnérables aux variations des cours des matières premières : il faut que nous trouvions ensemble comment faire face à ces difficultés majeures du continent africain et que nous cessions d'ignorer ce problème, encore trop marqués par les échecs du passé en la matière. Les politiques de soutien aux exportations agricoles, sous toutes leurs formes, y compris l'aide alimentaire et les crédits à l'exportation, peuvent dans certaines circonstances déstabiliser les productions vivrières locales : instaurons un moratoire des soutiens à l'exportation de produits agricoles vers l'Afrique, délions l'aide alimentaire.
S'il est organisé autour de règles préférentielles, le commerce peut devenir l'un des principaux instruments de développement et de paix pour l'Afrique. A nous de bâtir ensemble ces nouvelles règles.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 avril 2003)