Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, à la conférence de presse, vous avez dit que cette visite était un premier pas vers une intensification des relations entre la France et l'Autriche. Comment voyez-vous les relations franco-autrichiennes ?
R - Ce sont des retrouvailles importantes pour nos deux pays. J'ai eu un grand plaisir à m'entretenir avec ma collègue, ministre des Affaires étrangères, comme je le ferai tout à l'heure avec le chancelier et le président. De la même façon, j'ai été très honoré de pouvoir m'exprimer dans l'enceinte du Parlement. Nous aurons, dans les prochaines semaines, des visites importantes, la rencontre entre nos deux ministres de l'Intérieur et le président de la République sera heureux d'accueillir le président autrichien à Paris ; nous allons en fixer prochainement le calendrier. De la même façon, nous allons travailler sur la visite du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en Autriche, et sur la prochaine visite de votre président de l'Assemblée nationale, M. Khol à Paris, à l'invitation de Jean-Louis Debré. Vous voyez que nous avons un agenda chargé. Nous avons aussi des responsabilités importantes pour l'Europe. Nous avons l'élargissement, qui avance, et puis nous avons la Conférence intergouvernementale, qui va s'ouvrir à Rome à la fin de la semaine. Il est très important que nos deux pays, qui ont des liens historiques très forts, qui ont des liens culturels très forts, et qui ont une conscience commune des intérêts de l'Europe dans le monde, puissent rapprocher leurs points de vue pour essayer de trouver des solutions au service de l'Europe.
Q - Puisqu'on parle de l'Europe et de la Conférence intergouvernementale, il y a une question sur la future Constitution de l'Union européenne : les petits pays, comme l'Autriche, ont des intérêts différents de ceux des pays comme la France, on discute de savoir si chaque pays aura un commissaire à la Commission. Comment croyez-vous qu'on puisse trouver un compromis ?
R - D'abord, nous sommes d'accord sur l'objectif. Le but, c'est bien d'avoir une Constitution qui permette à l'Europe d'être plus lisible, plus transparente et plus démocratique, ça, c'est un élément important. Ensuite, nous sommes d'accord sur le principe de l'égalité des Etats. Nous croyons qu'il faut respecter cette égalité. Nous pensons qu'il faut aussi être soucieux de l'efficacité du travail de l'Europe, et en particulier de la Commission. C'est pour cela que nous avons soutenu le projet issu de la Convention présidée par M. Giscard d'Estaing, qui préconisait une Commission plus resserrée. Je sais que c'est une préoccupation autrichienne, nous en avons longuement parlé ce matin lors de nos entretiens avec Benita Ferrero-Waldner, et nous allons continuer d'évoquer cette question pour essayer de rapprocher les points de vue. Je crois qu'en nous comprenant mieux, nous allons trouver les meilleures institutions possibles pour l'Europe comme nous le souhaitons.
Q - Vous pensez donc qu'un compromis est possible sur cette question ?
R - Je crois qu'entre le principe de représentativité qu'exprime l'Autriche, en souhaitant que chaque pays puisse avoir un commissaire, et le principe d'efficacité, nous allons explorer les différentes voies. Ce que nous souhaitons fondamentalement, c'est que le projet issu de la Convention ne soit pas déconstruit, ne soit pas "détricoté". Parce que nous nous retrouverions alors devant une absence de perspectives pour l'Europe. Il y a un projet que tout le monde qualifie de bon projet. Je crois qu'il faut essayer d'en maintenir l'équation, et par contre, essayer de clarifier, de préciser tous les points qui méritent de l'être, pour avoir la meilleure Constitution possible. C'est l'intérêt de nos gouvernements, et c'est l'intérêt aussi de nos peuples.
Q - Sur le plan international, le sujet de ces derniers mois a été la guerre et la situation en Irak. La France a toujours été contre cette guerre. Vous avez personnellement fortement critiqué cette guerre. On discute maintenant du futur de l'Irak, vous réclamez un calendrier précis pour le transfert de la souveraineté au peuple irakien. Quand, à votre avis, devraient avoir lieu les premières élections démocratiques en Irak ?
R - C'est bien évidemment une question très difficile. Nous pensons qu'il faut distinguer deux choses très importantes :
- Un transfert de souveraineté, qui pour nous devrait avoir lieu très rapidement, d'ici la fin de l'année ; parce que la souveraineté est un principe essentiel pour les peuples, et que le peuple irakien veut prendre en main son destin. Faisons donc en sorte de pouvoir transférer la souveraineté aux Irakiens très rapidement à partir des institutions qui existent, le Conseil de gouvernement, le Conseil des ministres. Essayons, en élargissant la légitimité de ces institutions, de prévoir un gouvernement provisoire, qui pourrait, dans les quelques mois, d'ici la fin de l'année, s'installer et être dépositaire, temporairement, de la souveraineté irakienne.
- Et puis, travaillons pour qu'il y ait un transfert progressif, graduel, des responsabilités administratives, politiques, économiques, qui pourrait alors s'échelonner sur un calendrier plus long, entre six et neuf mois, et qui verrait alors, peu à peu, transférer l'ensemble des responsabilités, et donc une souveraineté totale aux Irakiens. Ceci doit évidemment se faire progressivement et graduellement.
Nous pensons que parallèlement, il faut un processus politique, avec une Assemblée constituante, une Constitution, un référendum constitutionnel, et puis des élections. Donc le transfert serait total à la fin du processus avec les élections. Mais nous pensons qu'il faut tout de suite poser le principe de respect de la souveraineté irakienne. Nous l'avons fait en Afghanistan, nous pensons qu'il faut faire de même en Irak.
Q - Pensez-vous que toutes les troupes étrangères doivent se retirer de l'Irak ?
R - Il faut éviter bien sûr de créer un vide. Les forces de la coalition doivent assurer leur présence, c'est le droit international. Actuellement il y a un régime, que l'on qualifie "d'occupation", qui a pour responsabilité, selon les lois internationales, selon la Convention de Vienne, d'assurer la sécurité et la stabilité. Ce que nous observons tous, c'est que la situation est difficile, dangereuse. Il y a une spirale de la violence et du terrorisme. Pour enrayer cette spirale, il faut changer l'approche et donc prévoir un transfert très rapide de la souveraineté, bien évidemment accompagné par une force, nous pensons une force multinationale, et nous espérons que la prochaine résolution permettra de poser le cadre de cette souveraineté irakienne, de la présence de cette force multinationale, sous mandat des Nations unies, qui doivent jouer un rôle central dans ce processus.
Q - Au Proche-Orient, la situation est aussi assez difficile, on constate une escalade de la violence. Le processus de paix est en panne, il n'y a pas d'espoir. Vous avez proposé une force internationale d'interposition, que pourrait-elle faire pour améliorer la situation ?
R - Nous pensons que dans les prochains mois, il est très important de rester en initiative. Alors même qu'il va y avoir des élections aux Etats-Unis, un calendrier électoral, nous pensons qu'il ne faut pas rester inertes. Il faut donc accélérer le processus de la Feuille de route et prendre des initiatives. La conférence internationale est prévue entre la première et la deuxième phase de la Feuille de route. Elle pourrait être un grand rendez-vous. Parallèlement, il faut garantir la sécurité. Garantir la sécurité d'Israël, garantir la sécurité d'un Etat palestinien qui est envisagé à la date de 2005. Pour que les conditions de sécurité puissent être maintenues, il faut bien sûr une trêve, il faut que les organisations les plus radicales du côté palestinien acceptent cette trêve, acceptent de s'engager du côté de la paix. Mais pour cela, il faut créer les conditions, et nous pensons que l'idée d'une force d'interposition internationale permettrait véritablement de créer ces conditions et donc d'inciter les deux parties à la modération. C'est pour nous un élément très important, plutôt que de s'engager dans une politique de sécurité unilatérale, comme la construction d'un mur. Nous pensons que la garantie, par la communauté internationale, d'une force, serait beaucoup plus efficace et beaucoup plus légitime.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2003)
R - Ce sont des retrouvailles importantes pour nos deux pays. J'ai eu un grand plaisir à m'entretenir avec ma collègue, ministre des Affaires étrangères, comme je le ferai tout à l'heure avec le chancelier et le président. De la même façon, j'ai été très honoré de pouvoir m'exprimer dans l'enceinte du Parlement. Nous aurons, dans les prochaines semaines, des visites importantes, la rencontre entre nos deux ministres de l'Intérieur et le président de la République sera heureux d'accueillir le président autrichien à Paris ; nous allons en fixer prochainement le calendrier. De la même façon, nous allons travailler sur la visite du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en Autriche, et sur la prochaine visite de votre président de l'Assemblée nationale, M. Khol à Paris, à l'invitation de Jean-Louis Debré. Vous voyez que nous avons un agenda chargé. Nous avons aussi des responsabilités importantes pour l'Europe. Nous avons l'élargissement, qui avance, et puis nous avons la Conférence intergouvernementale, qui va s'ouvrir à Rome à la fin de la semaine. Il est très important que nos deux pays, qui ont des liens historiques très forts, qui ont des liens culturels très forts, et qui ont une conscience commune des intérêts de l'Europe dans le monde, puissent rapprocher leurs points de vue pour essayer de trouver des solutions au service de l'Europe.
Q - Puisqu'on parle de l'Europe et de la Conférence intergouvernementale, il y a une question sur la future Constitution de l'Union européenne : les petits pays, comme l'Autriche, ont des intérêts différents de ceux des pays comme la France, on discute de savoir si chaque pays aura un commissaire à la Commission. Comment croyez-vous qu'on puisse trouver un compromis ?
R - D'abord, nous sommes d'accord sur l'objectif. Le but, c'est bien d'avoir une Constitution qui permette à l'Europe d'être plus lisible, plus transparente et plus démocratique, ça, c'est un élément important. Ensuite, nous sommes d'accord sur le principe de l'égalité des Etats. Nous croyons qu'il faut respecter cette égalité. Nous pensons qu'il faut aussi être soucieux de l'efficacité du travail de l'Europe, et en particulier de la Commission. C'est pour cela que nous avons soutenu le projet issu de la Convention présidée par M. Giscard d'Estaing, qui préconisait une Commission plus resserrée. Je sais que c'est une préoccupation autrichienne, nous en avons longuement parlé ce matin lors de nos entretiens avec Benita Ferrero-Waldner, et nous allons continuer d'évoquer cette question pour essayer de rapprocher les points de vue. Je crois qu'en nous comprenant mieux, nous allons trouver les meilleures institutions possibles pour l'Europe comme nous le souhaitons.
Q - Vous pensez donc qu'un compromis est possible sur cette question ?
R - Je crois qu'entre le principe de représentativité qu'exprime l'Autriche, en souhaitant que chaque pays puisse avoir un commissaire, et le principe d'efficacité, nous allons explorer les différentes voies. Ce que nous souhaitons fondamentalement, c'est que le projet issu de la Convention ne soit pas déconstruit, ne soit pas "détricoté". Parce que nous nous retrouverions alors devant une absence de perspectives pour l'Europe. Il y a un projet que tout le monde qualifie de bon projet. Je crois qu'il faut essayer d'en maintenir l'équation, et par contre, essayer de clarifier, de préciser tous les points qui méritent de l'être, pour avoir la meilleure Constitution possible. C'est l'intérêt de nos gouvernements, et c'est l'intérêt aussi de nos peuples.
Q - Sur le plan international, le sujet de ces derniers mois a été la guerre et la situation en Irak. La France a toujours été contre cette guerre. Vous avez personnellement fortement critiqué cette guerre. On discute maintenant du futur de l'Irak, vous réclamez un calendrier précis pour le transfert de la souveraineté au peuple irakien. Quand, à votre avis, devraient avoir lieu les premières élections démocratiques en Irak ?
R - C'est bien évidemment une question très difficile. Nous pensons qu'il faut distinguer deux choses très importantes :
- Un transfert de souveraineté, qui pour nous devrait avoir lieu très rapidement, d'ici la fin de l'année ; parce que la souveraineté est un principe essentiel pour les peuples, et que le peuple irakien veut prendre en main son destin. Faisons donc en sorte de pouvoir transférer la souveraineté aux Irakiens très rapidement à partir des institutions qui existent, le Conseil de gouvernement, le Conseil des ministres. Essayons, en élargissant la légitimité de ces institutions, de prévoir un gouvernement provisoire, qui pourrait, dans les quelques mois, d'ici la fin de l'année, s'installer et être dépositaire, temporairement, de la souveraineté irakienne.
- Et puis, travaillons pour qu'il y ait un transfert progressif, graduel, des responsabilités administratives, politiques, économiques, qui pourrait alors s'échelonner sur un calendrier plus long, entre six et neuf mois, et qui verrait alors, peu à peu, transférer l'ensemble des responsabilités, et donc une souveraineté totale aux Irakiens. Ceci doit évidemment se faire progressivement et graduellement.
Nous pensons que parallèlement, il faut un processus politique, avec une Assemblée constituante, une Constitution, un référendum constitutionnel, et puis des élections. Donc le transfert serait total à la fin du processus avec les élections. Mais nous pensons qu'il faut tout de suite poser le principe de respect de la souveraineté irakienne. Nous l'avons fait en Afghanistan, nous pensons qu'il faut faire de même en Irak.
Q - Pensez-vous que toutes les troupes étrangères doivent se retirer de l'Irak ?
R - Il faut éviter bien sûr de créer un vide. Les forces de la coalition doivent assurer leur présence, c'est le droit international. Actuellement il y a un régime, que l'on qualifie "d'occupation", qui a pour responsabilité, selon les lois internationales, selon la Convention de Vienne, d'assurer la sécurité et la stabilité. Ce que nous observons tous, c'est que la situation est difficile, dangereuse. Il y a une spirale de la violence et du terrorisme. Pour enrayer cette spirale, il faut changer l'approche et donc prévoir un transfert très rapide de la souveraineté, bien évidemment accompagné par une force, nous pensons une force multinationale, et nous espérons que la prochaine résolution permettra de poser le cadre de cette souveraineté irakienne, de la présence de cette force multinationale, sous mandat des Nations unies, qui doivent jouer un rôle central dans ce processus.
Q - Au Proche-Orient, la situation est aussi assez difficile, on constate une escalade de la violence. Le processus de paix est en panne, il n'y a pas d'espoir. Vous avez proposé une force internationale d'interposition, que pourrait-elle faire pour améliorer la situation ?
R - Nous pensons que dans les prochains mois, il est très important de rester en initiative. Alors même qu'il va y avoir des élections aux Etats-Unis, un calendrier électoral, nous pensons qu'il ne faut pas rester inertes. Il faut donc accélérer le processus de la Feuille de route et prendre des initiatives. La conférence internationale est prévue entre la première et la deuxième phase de la Feuille de route. Elle pourrait être un grand rendez-vous. Parallèlement, il faut garantir la sécurité. Garantir la sécurité d'Israël, garantir la sécurité d'un Etat palestinien qui est envisagé à la date de 2005. Pour que les conditions de sécurité puissent être maintenues, il faut bien sûr une trêve, il faut que les organisations les plus radicales du côté palestinien acceptent cette trêve, acceptent de s'engager du côté de la paix. Mais pour cela, il faut créer les conditions, et nous pensons que l'idée d'une force d'interposition internationale permettrait véritablement de créer ces conditions et donc d'inciter les deux parties à la modération. C'est pour nous un élément très important, plutôt que de s'engager dans une politique de sécurité unilatérale, comme la construction d'un mur. Nous pensons que la garantie, par la communauté internationale, d'une force, serait beaucoup plus efficace et beaucoup plus légitime.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2003)