Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer, sur le rôle moteur des ingénieurs des Ponts et Chaussées dans le grand chantier de la réforme de l'Etat, Paris le 24 juin 2003.

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Circonstance : Assemblée générale de l'Association des Ingénieurs des Ponts-et-des-Chaussées Généraux (AIPCG) et de l'AAENPC à Paris le 24 juin 2003

Texte intégral


Messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs les ingénieurs,
C'est avec un grand plaisir que je me joins à vous aujourd'hui dans le cadre de votre assemblée générale.
En disant cela, je veux d'abord exprimer toute ma sincère admiration à l'égard de vos compétences professionnelles -notablement reconnues et unanimement appréciées dans leur diversité- qui font du métier d'ingénieur un atout irremplaçable pour la société.
Ensuite, je veux souligner en mesurant toute la valeur hautement symbolique de cet Hôtel de Fleury, combien je suis persuadé que les ingénieurs des Ponts et Chaussées sont tournés vers l'avenir. Nul doute, qu'ils contribueront à façonner le développement de notre pays et de l'Europe, voire au-delà. Je sais pouvoir compter sur leur complète motivation et sur leurs aptitudes personnelles et collectives.
Merci vivement monsieur le président pour vos propos. Permettez-moi, à mon tour, de vous faire partager mes convictions, en particulier celles à l'égard de vos mandants.
Avec l'ensemble du Gouvernement, je me sens totalement en charge pour mon ministère de la modernisation du service public. Je suis convaincu de l'importance des enjeux qui s'y attachent, à travers notamment la décentralisation et la réforme de l'État. Face aux nombreuses attentes des citoyens, il y a une obligation de résultat. Je me réjouis que vous ayez la même vision et que nous fassions cause commune dans une même volonté.
Je souhaite insister sur quelques points ou plutôt quelques principes directeurs.
L'objectif est très clairement de placer au coeur du public le service public qu'il relève de l'État ou des collectivités territoriales. Il doit être plus efficace et doit encore améliorer la qualité du service rendu. Je suis satisfait de noter que vous vous inscrivez dans cette voie de progrès.
La décentralisation n'est pas un désengagement de l'État, ni même un repli sur ses missions régaliennes, mais paradoxalement un renforcement de son rôle. L'État doit être le garant de l'équilibre des territoires, de la cohésion sociale et de la solidarité nationale. La composante technique du service public de l'État a, dans ce cadre, toute sa raison d'être pour concourir à la mise en oeuvre locale des politiques. Les ingénieurs des Ponts et Chaussées, ancrés sur leur culture et leur expérience de projet partenarial, en sont des acteurs prépondérants.
De nouvelles missions nous attendent, ou plus exactement vous attendent. J'en veux pour preuve les échanges de courriers que je viens d'avoir avec Roselyne BACHELOT sur le champ de l'écologie et du développement durable. Je pourrais également citer Hervé GAYMARD pour le domaine de l'ingénierie publique.
Bien entendu, il convient de saisir la phase actuelle comme une opportunité favorable pour réfléchir aux forces et aux faiblesses de l'organisation actuelle des services et pour créer de nouvelles marges de manoeuvre. Cela vise tant le niveau central que les services déconcentrés. Militant fortement pour que des avancées significatives soient dégagées en la matière, dans l'intérêt du service public, de ses usagers et de la qualité de travail de ses agents, je ne suis cependant pas partisan de la réforme pour la réforme. Si elle répond à de vrais besoins, elle se fera naturellement avec l'adhésion d'une majorité ! C'est dans cet esprit que sont conçues les propositions de transfert de compétences que j'ai proposées.
A l'évidence, ces réformes qui ouvrent l'avenir plus qu'elles ne le referment doivent prendre appui sur l'ensemble des personnels et en particulier sur l'encadrement.
Aussi, je vous annonce que j'ai demandé que puisse se tenir à la rentrée de septembre un séminaire des cadres durant lequel le projet d'avenir du ministère pourra être débattu. Ce sera l'occasion pour vous d'apporter votre pierre à l'édifice. Le directeur du personnel, des services et de la modernisation prépare activement cette manifestation, en liaison avec les autres directions d'administration centrale.
Il n'est nul besoin d'un "appel du pied" de votre part pour rappeler que vos associations constituent des forces vives de proposition que je souhaite voir mobiliser par mes services. Je vous invite, d'ailleurs, dans la perspective de ce séminaire, à me faire connaître vos points de vue et à me communiquer toutes vos propositions.
Dès mon arrivée à la tête de ce grand ministère, j'ai pu appréhender l'immense richesse que représente sa compétence technique collective et individuelle. Elle nous est enviée de la part de tous nos partenaires externes, qu'il s'agisse du dispositif de formation, au premier rang duquel se teint votre école d'ingénieurs, du réseau scientifiques et technique ou bien des autres services du ministère. J'ai conscience qu'elle constitue un atout sur l'avenir et un facteur essentiel d'attractivité de ce service public.
Il est capital, à mes yeux, de la renforcer en général et de la développer en direction de secteurs techniques nouveaux tels que la sécurité dans les transports ou bien encore la construction d'infrastructures liées aux technologies de l'information.
Je suis certain que le devenir de ce ministère passe par sa capacité d'attirer des cadres de haut niveau à votre image, en proposant des parcours professionnels composés de plusieurs métiers diversifiés successifs. C'est pourquoi, je suis convaincu, et vous l'avez souligné monsieur le Président, qu'il faut accroître pour l'encadrement technique de ce ministère la fluidité entre les ministères et entre les différents niveaux de collectivités État/Région/Département/Commune et aussi avec le secteur privé. Cela doit cependant se faire dans un cadre parfaitement maîtrisé, articulé sur une gestion plus personnalisée, plus prospective et plus professionnelle.
Je souhaite que ces possibilités de plus grande fluidité puissent faire l'objet d'un groupe de travail sous l'égide du directeur du personnel, des services et de la modernisation, en étroite liaison avec le Vice-Président du Conseil Général des Ponts-et-Chaussées et auquel l'AIPC apportera sa riche contribution. Je souhaiterais disposer des premières conclusions et propositions pour la fin de cette année.
Je souscris à la nécessité de dynamiser la gestion de l'encadrement supérieur du ministère, comme, d'ailleurs, de tout l'encadrement supérieur de l'État. Le ministère de l'Équipement et ses corps supérieurs doivent être moteurs dans cette grande réforme de l'État en accompagnant de façon cohérente les nouveaux besoins. Votre association est porteur de cette idée et en est le fer de lance avec les autres grands corps de la haute fonction publique. Je veux saluer votre initiative, vous en remercier et vous inviter à poursuivre votre action en ce sens. Je souhaite donc que la gestion du corps des ingénieurs des Ponts-et-Chaussées ait valeur d'exemple. Dans cet objectif, le directeur du personnel, des services et de la modernisation travaille sur la rénovation de la gestion du corps, en prenant en compte l'ensemble des événements ou phases de carrière les concernant. Le groupe de travail précédemment évoqué devra intégrer ce volet à sa réflexion.
Pour conclure, je voudrais me réjouir du fait que la première année d'existence du nouveau corps a confirmé la dynamique permise par cette fusion des quatre corps issus de l'École Polytechnique. Cela conduit à élargir pour chaque ingénieur la palette des métiers accessibles et à revaloriser les carrières. De premiers cas concrets de mobilité entre les quatre maisons d'emplois du corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées ont d'ores et déjà pu être constatés.
Je me réjouis également de la fédération des représentants des quatre corps précédents sous la bannière " I.P.C. " au sein de votre association.
Le décloisonnement des disciplines, et le développement de nouvelles synergies sont un atout pour améliorer l'efficacité de notre service public face aux attentes de ses bénéficiaires. La dynamique de ce nouveau corps s'est résolument inscrite dans le grand chantier de la modernisation de l'État et de la rénovation de son encadrement supérieur.
Je n'oublie pas non plus la question, non moins essentielle, de la reconnaissance des responsabilités exercées par le niveau de rémunération. L'accélération des carrières prévue par les nouvelles modalités de promotion du statut adopté en 2002 pour le corps des Ponts et Chaussées constitue une première réponse à cette préoccupation. Les textes d'application relatifs au régime indemnitaire sont en cours de signature par les ministères concernés.
Les missions exercées par l'encadrement supérieur de l'État sont de plus en plus sensibles, dans un contexte général d'augmentation de la complexité, de la réactivité aux évènements et de la responsabilité personnelle. Reconnaître cette évolution conduit à reconsidérer l'échelonnement indiciaire des emplois fonctionnels du ministère, en étendant le périmètre et en revalorisant la grille indiciaire. La Direction du Personnel, des Services et de la Modernisation a transmis des propositions dans ce sens aux services de la Direction du Budget.
L'unité professionnelle et culturelle du corps sera renforcée par la définition de cursus nouveaux de formation, en garantissant les compétences reconnues tant au plan national qu'international. C'est l'ambition de la réforme de la scolarité des ingénieurs du corps des Ponts et Chaussées au sein des quatre écoles concernées, avec l'intégration d'un volet significatif d'action publique. Ce dernier point de "l'action publique" est fondamental à mes yeux.
Ces nouveaux cursus combinant formation d'ingénieur et formation aux métiers d'opérateurs publics contribueront à préparer au mieux les ingénieurs des Ponts et Chaussées à des déroulements de carrières diversifiés et brillants, faisant de l'ensemble des quatre écoles dont l'Ecole Nationale des Ponts-et-des-Chaussées "une institution d'excellence mondiale des arts pratiques socio-techniques".
A la veille du bicentenaire du Conseil Général des Ponts et Chaussées qui sera fêté en août 2004, c'est donc une étape supplémentaire pour votre corps qui se dessine. J'appelle de mes voeux que cette dynamique se poursuive et qu'elle nous permette collectivement d'en franchir d'autres dans l'intérêt public et dans l'intérêt des ingénieurs des Ponts et Chaussées. Vous pouvez compter sur mon engagement à vos côtés comme je sais pouvoir compter sur vous.
Je vous remercie.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 30 juin 2003)