Texte intégral
Mesdames, Messieurs
les Ministres,
Mesdames, Messieurs parlementaires,
les élus, les présidents d'entreprise,
Monsieur le Président du Club France.
Je vous dois une grande gratitude d'avoir accepté cette rencontre quelques instants avant que se tienne le séminaire gouvernemental avec l'ensemble des ministres participants, que je coprésiderai avec Monsieur Kassianov. J'ai en effet souhaité vous entendre, ici, à Moscou, comme je l'ai fait, il y a quelques mois à Saint-Pétersbourg pour que l'on mesure à la fois, et les ambitions, nombreuses, mais aussi les difficultés que nous devons surmonter. C'est une façon, je crois, opérationnelle, d'éclairer nos travaux. Je souhaite que dans les différents contacts, que vous pouvez avoir les uns et les autres, avec les membres du Gouvernement, nous puissions ainsi mettre l'accent sur les sujets principaux qui concernent le développement des entreprises françaises, ici, dans la Fédération de Russie. Vous connaissez évidemment le caractère stratégique que revêt pour la France la relation franco-russe et qui est illustré par la fréquence, je dirais même l'accélération de nos rencontres bilatérales. Je suis très heureux à cette occasion de saluer le nouvel ambassadeur qui va pouvoir être l'animateur de ces rencontres qui se sont accélérées, puisque depuis le séminaire que nous avons tenu avec Monsieur Kassianov à Toulouse, en novembre 2002, le président Poutine s'est lui-même rendu en visite d'Etat en France, en février dernier. Le Président Chirac s'est rendu deux fois à Saint-Pétersbourg, en avril et en mai ; Monsieur Kassianov et moi, avons eu un certain nombre d'entretiens, notamment à Saint-Pétersbourg, et maintenant, à l'occasion donc de ce séminaire gouvernemental et cette exposition, très importante, dont je vais reparler. Il y a là, je pense, une dynamique, qu'il faut saluer, cette accélération, voulue par les deux parties, ces relations de confiance grandissante, entre les deux parties, qui nous permettent de faire face, certes, à de nombreuses difficultés, mais qui, de jour en jour, améliorent la confiance, et notamment les impulsions gouvernementales, de part et d'autre, sur les dossiers qui ont besoin de ces impulsions. Je pense évidemment à des dossiers tels que l'aéronautique, le spatial, l'énergie ou les transports, et puis, naturellement, il nous faut aussi profiter de cette proximité renforcée pour lever un grand nombre de difficultés. Je pense - nous y reviendrons sans doute - à la question des visas et aux facilités de circulation qui sont un des sujets sur lequel nous avons obtenu des engagements, j'en ai encore parlé hier soir avec Monsieur Kassianov. C'est un sujet sur lequel, je crois, les procédures devraient nous permettre de progresser, parce qu'il me semble qu'il y a une véritable ambition politique. C'est l'un des sujets majeurs de la rencontre de Rome en novembre prochain, entre l'Union européenne et la Fédération de Russie.
S'agissant de l'environnement des affaires, qui est naturellement une préoccupation importante, je tiens à vous dire que nous sommes très attentifs à l'ensemble de ces sujets et le Garde des sceaux, notamment, ici présent, aura des entretiens avec son homologue sur l'ensemble des dossiers qui peuvent directement influencer la vie des affaires. Je pense à des sujets comme les concessions de service public ou un certain nombre d'autres de conditions qui peuvent être des véritables entraves au développement de nos échanges et de nos investissements. C'est un point sur lequel nous sommes très attentifs. Nous voyons les efforts faits par la Fédération de Russie, évidemment, son taux de croissance, qui ne peut que faire rêver la France, cet investissement en progression. Nous voyons aussi les efforts qui ont été faits sur la dette extérieure publique et nous voyons la balance courante dans un état satisfaisant. Donc nous sommes bien écartés de la situation de 1998, dont faisait allusion tout à l'heure Monsieur le Président, mais ce qui est, je crois, aussi important, c'est de mesurer ce qui a été fait comme réformes de structure, c'est un des points importants des progrès de la Fédération. Nous avons en commun un certain nombre de projets et de débats, voire de combats, et la Fédération de Russie sait compter sur la France pour son entrée dans l'OMC pour faire en sorte que, ainsi, se voit confirmée son intégration complète dans l'ensemble du dispositif international, après le G8, pour lequel la Russie sait avoir pu compter sur le Président de la République française. Nous avons évidemment, dans ce contexte-là, le souci de faire en sorte que l'économie puisse suivre d'une certaine manière l'amélioration de ses relations politiques. Nous voyons combien les entreprises françaises sont actives puisque nous avons une augmentation de 9 % de nos exportations au premier semestre 2003 dans un contexte qui est pourtant récessif sur le territoire national. Le stock des investissements, ici, français, en Russie, devrait bientôt atteindre le milliard d'euros. Il y a évidemment certains sujets de satisfaction, mais c'est toujours un peu la même chose : quand on s'analyse, on s'inquiète ; quand on se compare, on se rassure. Là, quand même, en se comparant aux Italiens, voire, naturellement aux Allemands, on voit qu'il y a encore des choses à faire ; l'Allemagne est à plus de 14 % quand nous sommes à 4 %, et même l'Italie, à 4,8 %. Je crois qu'il y a de nombreux efforts, et je voudrais saluer l'action des conseillers du commerce extérieur de la France qui participent à cette dynamique, qui ont cette ambition de nous mettre au niveau de nos principaux amis et concurrents. Je remercie ainsi donc Bruno Durieux et le président Hiurte qui mènent cette mobilisation pour développer nos exportations. Je crois que l'exposition dont va parler le président du Club France tout à l'heure, France Tech Russie 2003 est très importante. Je salue le travail fait par Ubi France et les 150 entreprises françaises qui sont mobilisées sur ce projet. Je vois dans les discussions que j'ai avec mon homologue, avec l'ensemble des services, combien il est nécessaire de montrer que la France est un pays technologique, la France est un pays moderne, que la France est un pays qui sait s'investir dans les technologies du futur, et que ces investissements sont, certes, ceux des grandes entreprises, mais peuvent aussi être des investissements de petites et moyennes entreprises. Je compte beaucoup sur cette exposition pour diffuser une image stratégique de la France, une image qui non seulement s'appuie sur la réputation des produits des entreprises, des nombres français qui marquent notre développement, mais aussi sur nos technologies et sur les petites et moyennes entreprises, qui jouent un rôle très important, non seulement ici à Moscou, mais dans l'ensemble du pays, parce que je crois qu'il y a aussi intérêt à diffuser nos savoir-faire, nos capacités "entrepreneuriales" sur l'ensemble de ce si vaste pays, que vous décriviez tout à l'heure, Monsieur le Président. Sur l'ensemble de l'espace, je compte beaucoup sur cette exposition pour valoriser l'ensemble de la dynamique économique française, celle des entreprises, celle aussi des collectivités territoriales qui se sont mobilisées, et je voudrais saluer les quatre régions, les deux départements et les cinq Chambres de commerce et d'industrie qui accompagnent les entreprises dans cette dynamique. C'est, je crois, très important de pouvoir mener en commun ces actions entre les pouvoirs publics nationaux, les pouvoirs publics territoriaux et les entreprises. Ceci s'intègre dans un travail que mène François Loos, qui est le travail plan d'action Russie, qui est un travail stratégique, et pour lequel je le remercie beaucoup d'avoir mis son talent et la mobilisation de l'ensemble des services, parce qu'il y a là la nécessité de, finalement, concentrer nos moyens. On ne peut pas chercher à être présent avec la même efficacité sur l'ensemble de la planète, il nous faut une stratégie, il nous faut des pays cibles, il nous faut une concentration de moyens. Et c'est cette capacité-là qui a été mise en place avec les stratégies de pays cibles et les plans d'action. La Russie est le second pays que nous mettons en place après les Etats-Unis ; c'est un élément important, avec un objectif ambitieux, puisque le commerce international croît chaque année de 5 %. Nous voulons que notre part de marché puisse se stabiliser au total, ce qui veut dire qu'elle doit augmenter naturellement dans les pays qui sont les pays sur lesquels nous avons des objectifs principaux. 25 pays ont ainsi été désignés, et nous voulons faire en sorte que les entreprises trouvent là, non seulement une mobilisation des services publics pour les aider, notamment dans les présences, dans les salons professionnels et dans tout ce qui peut être la présentation de l'offre française à la Russie, et de pouvoir s'adresser donc ainsi aux professionnels russes, avec la présentation de nos capacités industrielles et commerciales. C'est un des éléments majeurs de cette dynamique. Je crois qu'au fond, ce qui se passe aujourd'hui en Russie, même si nous vivons actuellement une période électorale, avec les législatives du mois de décembre et les présidentielles prochaines, au mois de mars, vont sans doute ralentir quelque peu un certain nombre d'initiatives. Nous pensons que nous sommes dans un contexte favorable des relations de confiance renforcées. Cet axe Moscou-Berlin-Paris qui a pris du poids politique, qui a pris une compréhension et une place importante dans les relations internationales, c'est un axe qui n'est construit contre personne, mais qui a une capacité à pouvoir renforcer non seulement l'influence politique, mais aussi les stratégies économiques. C'est un des éléments, je crois, moderne et nouveau de nos relations internationales et de cette vision d'un monde équilibré, qui est celle que développe le président de la République française avec ainsi une capacité à défendre un certain nombre de valeurs, que nous partageons avec nos amis Russes, et pour lesquels ces liens doivent être renforcés.
Au total, je voudrais vous dire combien nous pensons que la France moderne, la France du XXIe siècle doit être une France d'ouverture. Je suis frappé de voir les nécessités que nous avons pour développer cette idée de l'ouverture en France, pour combattre toutes les tentations de la nostalgie et toutes les tentations du repli sur soi. Si nous voulons garder l'un des meilleurs systèmes sociaux du monde, il nous faut être capables de créer de la valeur ajoutée et de financer notre vivre ensemble, notre pacte républicain, et nous ne pouvons le faire que par la création de richesses, par la dynamique économique dont l'exportation et le gain de parts de marché à l'étranger est évidemment une priorité essentielle de cette France d'ouverture. Je vois aujourd'hui la nécessité d'affirmer cinq priorités dans cette France d'ouverture qui doit aussi parler un langage de sécurité aux Français pour qu'ils n'aient pas peur de l'ouverture. Je crois que c'est un des grands défis du gouvernement aujourd'hui, dans une France qui hésite à faire ce choix de l'ouverture. Il faut faire le choix de l'ouverture, affirmer nos sécurités, mais affirmer aussi cette exigence de la France d'ouverture. D'abord, je pense qu'il est très important, pour ces cinq priorités de la France d'ouverture, d'affirmer que nous devons faire en sorte que partout où le message international de la France est entendu, là où nous sommes écoutés, là où nous sommes suivis, sur le plan de la politique étrangère, sur le plan des valeurs internationales, universelles, qui ont toujours été celles de la France, et que nous voulons défendre. Je pense à l'idée de paix aujourd'hui dans le monde, je pense à l'idée du droit et notamment à la place que doit avoir l'ONU sur la scène internationale, tous les pays qui défendent ces idées, ces pays qui sont proches de nous, sur le plan de la diplomatie internationale. Ces pays doivent être des pays pour lesquels nous sommes très attentifs au développement économique ; c'est pour ça que je me suis rendu en Chine, je me suis rendu en Inde, je travaille en proximité avec les autorités russes. Je crois qu'il est important pour nous de suivre sur le plan économique les avancées politiques qui sont aujourd'hui les nôtres, dans ce monde moderne de communication et d'information. Et faire en sorte que là où la France est écoutée, là où la France est entendue, là où le message français prend de la force, les entreprises françaises, les stratégies françaises puissent venir en relais ; c'est ce que nous faisons dans la Fédération de Russie.
Première priorité de cette France d'ouverture : faire en sorte qu'il y ait cohérence entre notre message politique et notre ambition économique. Deuxièmement, faire en sorte que l'économie française s'inscrive dans une perspective de croissance durable. Nous ne pouvons être soumis aux aléas internationaux et connaître ce qui s'est passé dans notre histoire récente. Je pense à ces sautes de croissance 4 % en l'an 2000, puis 2 % en 2001, la croissance dans notre pays fait des bonds, mais fait aussi des ressacs, voilà pourquoi il est important de faire des réformes structurelles pour aller chercher, au coeur même de la société française, ces réserves de croissance, notamment dans tout ce qui est bureaucratie, lourdeurs administratives, où il y a une forte disparité par rapport à d'autres pays et une dispersion de nos énergies, et donc une perte de croissance majeure. C'est un des éléments importants pour nous que d'établir une croissance durable. Cette croissance qui nous permettrait de trouver dans la société française ce point qui, quelle que soit l'évolution internationale, nous maintienne à des niveaux positifs de croissance. Nous avons un premier semestre de l'année 2003, avec une croissance négative au total, ce qui naturellement a des conséquences sur le développement de nos entreprises, sur le moral des Français et sur cette capacité d'assumer la France d'ouverture. Il est évident que, au premier semestre, la crise irakienne a été, pour nous, un élément fort du ralentissement international. Nous sommes évidemment très vigilants aujourd'hui à la parité entre l'euro et le dollar, qui est un des éléments également majeurs de notre dynamique à l'exportation. Il est clair que cette croissance durable est pour la France accessible, à condition de faire de véritables réformes structurelles, et que l'Etat fasse, pour lui-même, les efforts qu'il demande de faire au pays.
Deuxième priorité : la croissance durable. Troisième priorité : la valorisation du travail. Nous avons une productivité horaire exceptionnelle dans notre pays, nous sommes en tête des pays à forte économie pour notre productivité horaire, mais le nombre d'heures travaillées, là, nous ne sommes pas médaille d'or. Nous avons besoin de faire en sorte que nous puissions rendre notre capacité plus grande de valorisation du travail ; c'est pour ça que nous voulons alléger les charges, c'est pour ça que nous voulons valoriser les revenus du travail, pour faire en sorte que, année après année, il puisse y avoir une augmentation des revenus du travail. Il faut inciter les Français à participer à cette dynamique du travail, qui est nécessaire pour notre système social, ainsi que pour tenir notre rang mondial.
Quatrième priorité : la relance de la recherche, et notamment la relance de la recherche industrielle. Nicole Fontaine, ministre de l'Industrie, et Claudie Haigneré, ministre de la Recherche, sont avec nous. Elles mènent cette dynamique importante ; la recherche est pour nous une stratégie essentielle. Nous avons un écart important entre la recherche publique et la recherche privée, nous devons mobiliser toutes les énergies pour développer nos efforts de recherche, nos efforts d'innovation. La société française n'évoluera pas comme la société américaine vers la concentration et le gigantisme, vers la standardisation et la banalisation des produits. Nous pouvons avancer par l'innovation, par la création de valeurs ajoutées, par tout ce qui est brevet, par tout ce qui est capacité à ajouter du talent, à ajouter de l'idée, à ajouter de l'humain dans l'économie. Pour cela, il faut faire des efforts considérables évidemment dans la recherche publique ; c'est ce que nous avons engagé, mais également dans la recherche privée. Le budget 2004 prend des initiatives très importantes pour le crédit impôts recherche. Nous allons multiplier par sept le nombre des entreprises qui ont accès au crédit impôts recherche, nous avons aussi la possibilité d'élargir l'assiette de l'éligibilité pour les avantages fiscaux. Non seulement nous raisonnerons en flux, les augmentations seront naturellement éligibles au crédit impôts recherche, mais l'ensemble du stock, tout l'effort de recherche sera éligible au crédit impôts recherche. C'est un allégement significatif pour toutes les entreprises, notamment dans le domaine industriel, mais pour toutes les entreprises qui font de la recherche une priorité dans la compétition internationale. Nous voyons bien que sur le coût de la main-d'oeuvre, nous aurons toujours des concurrents qui seront moins chers que nous. En revanche, sur le terrain de l'innovation, sur le terrain de l'idée et sur le terrain du talent, sur le terrain de la création, il y a là des champs sur lesquels la France peut se faire entendre.
Cinquième priorité de cette France d'ouverture : c'est évidemment la promotion de nos exportations, notamment au travers des 25 pays cibles, ces 25 plans d'action qui sont montés par Bercy et qui nous permettent de mobiliser l'ensemble de nos moyens avec une stratégie marketing avancée.
Voilà cinq éléments qui sont prioritaires pour affirmer cette France d'ouverture que nous voulons pour le XXIe siècle, une France d'ouverture qui veut assumer son devoir d'avenir et son bout d'avenir et qui ne s'enferme pas dans des débats théoriques dépassés et congelés sur le déclin de la France. La France a un avenir devant elle, la France a des potentialités formidables pour peu qu'elle veuille bien assumer sa mission dans le monde, c'est-à-dire affirmer sa vocation à l'ouverture. Mais il faut aussi, pour ce faire naturellement, convaincre les Français que cette ouverture n'est pas pour eux significative d'insécurité systématique. Et c'est pour ça que nous devons, parallèlement à cette exigence d'ouverture, mener des actions sur ce que sont les nouvelles sécurités sociales, toutes ces sécurités qui font que l'ouverture est acceptable parce qu'on s'y sent acteur de plain-pied. Ces nouvelles sécurités sociales sont d'abord, évidemment, l'avenir des retraites, c'est un sujet sur lequel nous avons travaillé et nous avons bâti une réforme stratégique, importante. Il faut sortir la France de ses impasses ; l'impasse des retraites était une impasse qui, évidemment, était anxiogène, qui évidemment est une insécurité, était une insécurité pour les Français ; de moins en moins de cotisants, de plus en plus de personnes qui reçoivent les prestations : il est évident que le schéma ne pouvait conduire qu'à une impasse. Nous avons levé cette impasse ; c'est un élément de sécurité important pour les Français. Nous ferons la même chose dans l'année qui vient pour l'équité et la protection de l'assurance maladie. Nous devons faire en sorte, là encore, que cette exigence qu'ont les Français en matière de santé puisse être assumée, et que le pays puisse l'assumer avec un triangle de responsabilités. Certes, l'Etat doit s'engager, l'Etat fera les efforts nécessaires, mais les acteurs, les acteurs de terrain et les prescripteurs, l'ensemble de ceux qui sont engagés dans l'exercice de la santé participeront à cette dynamique, tout comme les citoyens qui, eux aussi, doivent avoir conscience de la consommation de soins qui est la nôtre aujourd'hui en France. Nous menons dans le dialogue cette importante démarche qui sera au coeur de l'année 2004. Troisième nouvelle, je dirais, et forte sécurité sociale, c'est celle de la formation. La formation professionnelle avec l'accord que viennent de signer les partenaires sociaux, est pour nous un élément stratégique. Dans notre pays, où on nous annonçait une rentrée chaude, où on nous annonçait des difficultés majeures dans le domaine social, nous voyons les partenaires sociaux s'installer autour de la table, et signer un accord stratégique de toute première importance, nous n'en avions pas, une telle importance, depuis trente ans, c'est le rendez-vous en août 1970, pour ceux qui se souviennent de Jacques Chaban-Delmas et de Jacques Delors et de cette première grande loi pour la formation professionnelle en 1971, ce droit à la formation individuelle, quelle que soit l'entreprise, quel que soit votre propre parcours, l'idée que tout au long de la vie, on a droit à une capacité de formation. C'est une idée humaniste pour l'épanouissement personnel, c'est une idée économique, parce qu'elle permet de qualifier le travail, c'est une idée aussi qui assure une sécurité aux salariés, qui trouvent, là, le moyen d'avoir un accompagnement tout au long de sa formation. Avenir des retraites, réformes et équité pour l'Assurance maladie, formation.
Quatrième sécurité importante que nous voulons donner, c'est celle du dialogue social. Nous pensons que le dialogue social est un élément fertile en France, et nous souhaitons vraiment que le dialogue social soit revitalisé, et nous sommes prêts à y apporter les aménagements nécessaires pour renforcer le dialogue social, le rendre plus fertile et de faire en sorte, sur les 35 heures, comme sur tout autre sujet, que le dialogue social puisse précéder la décision législative. C'est un engagement que nous avons pris et que nous tiendrons. Le dialogue social est un préalable. C'est le dialogue qui ouvre le débat législatif en matière de code du travail, en matière d'organisation du travail. Il faut renforcer le dialogue social, c'est la condition de pouvoir assumer cette mission d'ouverture avec des Français rassurés dans cette mission d'ouverture, qui est celle de la France.
Enfin, j'ajouterais l'idée, cinquièmement, du reclassement en ce qui concerne les plans de licenciement. Nous voyons bien que, aujourd'hui, l'Europe est menacée de désindustrialisation, nous l'avons vu avec le dossier Alstom, nous l'avons vu avec un certain nombre de dossiers, nous avons besoin de défendre l'industrie, et nous avons besoin de défendre les industries et la charpente économique de notre pays a besoin d'un fort secteur industriel. C'est un élément très important de notre dynamique, mais c'est pour ça aussi qu'il faut être attentif à tous ceux qui ont une capacité industrielle, une formation industrielle, à tous ceux qui ont travaillé dans l'industrie, et pour lesquels, il faut travailler, quand il y a plan de licenciement, au reclassement prioritaire de ces salariés. Je pense que toutes ces valeurs - aussi bien celles de l'ouverture que celle de la sécurité - permettront à la France de tenir son rôle dans notre économie mondiale d'aujourd'hui. Vous êtes de ceux qui, ambassadeurs des idées françaises, ambassadeurs des produits français, êtes en première ligne dans tous ces débats. Je voudrais simplement vous assurer, non seulement de la reconnaissance du pays, mais aussi de notre disponibilité pour être à vos côtés. Nous sommes dans une phase maintenant avec la Fédération de Russie, où nous avons, je crois, dépassé les attitudes de bonne volonté, les attitudes de manifestation de preuve de coopération. Nous pouvons entrer, au-delà des 400 projets qui sont déjà les vôtres, nous pouvons entrer dans la multiplication des projets. Je le disais hier à Monsieur Kassianov, par exemple en matière d'énergie, il y a un certain nombre de projets opérationnels, je pense aux Transports - Dominique Bussereau est ici présent -, je pense à un certain nombre de sujets sur lesquels nous pouvons passer, aujourd'hui, de l'accord global à l'engagement particulier, autour de projets concrets, opérationnels au service du développement de nos deux pays. Merci à vous tous.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 13 octobre 2003)
les Ministres,
Mesdames, Messieurs parlementaires,
les élus, les présidents d'entreprise,
Monsieur le Président du Club France.
Je vous dois une grande gratitude d'avoir accepté cette rencontre quelques instants avant que se tienne le séminaire gouvernemental avec l'ensemble des ministres participants, que je coprésiderai avec Monsieur Kassianov. J'ai en effet souhaité vous entendre, ici, à Moscou, comme je l'ai fait, il y a quelques mois à Saint-Pétersbourg pour que l'on mesure à la fois, et les ambitions, nombreuses, mais aussi les difficultés que nous devons surmonter. C'est une façon, je crois, opérationnelle, d'éclairer nos travaux. Je souhaite que dans les différents contacts, que vous pouvez avoir les uns et les autres, avec les membres du Gouvernement, nous puissions ainsi mettre l'accent sur les sujets principaux qui concernent le développement des entreprises françaises, ici, dans la Fédération de Russie. Vous connaissez évidemment le caractère stratégique que revêt pour la France la relation franco-russe et qui est illustré par la fréquence, je dirais même l'accélération de nos rencontres bilatérales. Je suis très heureux à cette occasion de saluer le nouvel ambassadeur qui va pouvoir être l'animateur de ces rencontres qui se sont accélérées, puisque depuis le séminaire que nous avons tenu avec Monsieur Kassianov à Toulouse, en novembre 2002, le président Poutine s'est lui-même rendu en visite d'Etat en France, en février dernier. Le Président Chirac s'est rendu deux fois à Saint-Pétersbourg, en avril et en mai ; Monsieur Kassianov et moi, avons eu un certain nombre d'entretiens, notamment à Saint-Pétersbourg, et maintenant, à l'occasion donc de ce séminaire gouvernemental et cette exposition, très importante, dont je vais reparler. Il y a là, je pense, une dynamique, qu'il faut saluer, cette accélération, voulue par les deux parties, ces relations de confiance grandissante, entre les deux parties, qui nous permettent de faire face, certes, à de nombreuses difficultés, mais qui, de jour en jour, améliorent la confiance, et notamment les impulsions gouvernementales, de part et d'autre, sur les dossiers qui ont besoin de ces impulsions. Je pense évidemment à des dossiers tels que l'aéronautique, le spatial, l'énergie ou les transports, et puis, naturellement, il nous faut aussi profiter de cette proximité renforcée pour lever un grand nombre de difficultés. Je pense - nous y reviendrons sans doute - à la question des visas et aux facilités de circulation qui sont un des sujets sur lequel nous avons obtenu des engagements, j'en ai encore parlé hier soir avec Monsieur Kassianov. C'est un sujet sur lequel, je crois, les procédures devraient nous permettre de progresser, parce qu'il me semble qu'il y a une véritable ambition politique. C'est l'un des sujets majeurs de la rencontre de Rome en novembre prochain, entre l'Union européenne et la Fédération de Russie.
S'agissant de l'environnement des affaires, qui est naturellement une préoccupation importante, je tiens à vous dire que nous sommes très attentifs à l'ensemble de ces sujets et le Garde des sceaux, notamment, ici présent, aura des entretiens avec son homologue sur l'ensemble des dossiers qui peuvent directement influencer la vie des affaires. Je pense à des sujets comme les concessions de service public ou un certain nombre d'autres de conditions qui peuvent être des véritables entraves au développement de nos échanges et de nos investissements. C'est un point sur lequel nous sommes très attentifs. Nous voyons les efforts faits par la Fédération de Russie, évidemment, son taux de croissance, qui ne peut que faire rêver la France, cet investissement en progression. Nous voyons aussi les efforts qui ont été faits sur la dette extérieure publique et nous voyons la balance courante dans un état satisfaisant. Donc nous sommes bien écartés de la situation de 1998, dont faisait allusion tout à l'heure Monsieur le Président, mais ce qui est, je crois, aussi important, c'est de mesurer ce qui a été fait comme réformes de structure, c'est un des points importants des progrès de la Fédération. Nous avons en commun un certain nombre de projets et de débats, voire de combats, et la Fédération de Russie sait compter sur la France pour son entrée dans l'OMC pour faire en sorte que, ainsi, se voit confirmée son intégration complète dans l'ensemble du dispositif international, après le G8, pour lequel la Russie sait avoir pu compter sur le Président de la République française. Nous avons évidemment, dans ce contexte-là, le souci de faire en sorte que l'économie puisse suivre d'une certaine manière l'amélioration de ses relations politiques. Nous voyons combien les entreprises françaises sont actives puisque nous avons une augmentation de 9 % de nos exportations au premier semestre 2003 dans un contexte qui est pourtant récessif sur le territoire national. Le stock des investissements, ici, français, en Russie, devrait bientôt atteindre le milliard d'euros. Il y a évidemment certains sujets de satisfaction, mais c'est toujours un peu la même chose : quand on s'analyse, on s'inquiète ; quand on se compare, on se rassure. Là, quand même, en se comparant aux Italiens, voire, naturellement aux Allemands, on voit qu'il y a encore des choses à faire ; l'Allemagne est à plus de 14 % quand nous sommes à 4 %, et même l'Italie, à 4,8 %. Je crois qu'il y a de nombreux efforts, et je voudrais saluer l'action des conseillers du commerce extérieur de la France qui participent à cette dynamique, qui ont cette ambition de nous mettre au niveau de nos principaux amis et concurrents. Je remercie ainsi donc Bruno Durieux et le président Hiurte qui mènent cette mobilisation pour développer nos exportations. Je crois que l'exposition dont va parler le président du Club France tout à l'heure, France Tech Russie 2003 est très importante. Je salue le travail fait par Ubi France et les 150 entreprises françaises qui sont mobilisées sur ce projet. Je vois dans les discussions que j'ai avec mon homologue, avec l'ensemble des services, combien il est nécessaire de montrer que la France est un pays technologique, la France est un pays moderne, que la France est un pays qui sait s'investir dans les technologies du futur, et que ces investissements sont, certes, ceux des grandes entreprises, mais peuvent aussi être des investissements de petites et moyennes entreprises. Je compte beaucoup sur cette exposition pour diffuser une image stratégique de la France, une image qui non seulement s'appuie sur la réputation des produits des entreprises, des nombres français qui marquent notre développement, mais aussi sur nos technologies et sur les petites et moyennes entreprises, qui jouent un rôle très important, non seulement ici à Moscou, mais dans l'ensemble du pays, parce que je crois qu'il y a aussi intérêt à diffuser nos savoir-faire, nos capacités "entrepreneuriales" sur l'ensemble de ce si vaste pays, que vous décriviez tout à l'heure, Monsieur le Président. Sur l'ensemble de l'espace, je compte beaucoup sur cette exposition pour valoriser l'ensemble de la dynamique économique française, celle des entreprises, celle aussi des collectivités territoriales qui se sont mobilisées, et je voudrais saluer les quatre régions, les deux départements et les cinq Chambres de commerce et d'industrie qui accompagnent les entreprises dans cette dynamique. C'est, je crois, très important de pouvoir mener en commun ces actions entre les pouvoirs publics nationaux, les pouvoirs publics territoriaux et les entreprises. Ceci s'intègre dans un travail que mène François Loos, qui est le travail plan d'action Russie, qui est un travail stratégique, et pour lequel je le remercie beaucoup d'avoir mis son talent et la mobilisation de l'ensemble des services, parce qu'il y a là la nécessité de, finalement, concentrer nos moyens. On ne peut pas chercher à être présent avec la même efficacité sur l'ensemble de la planète, il nous faut une stratégie, il nous faut des pays cibles, il nous faut une concentration de moyens. Et c'est cette capacité-là qui a été mise en place avec les stratégies de pays cibles et les plans d'action. La Russie est le second pays que nous mettons en place après les Etats-Unis ; c'est un élément important, avec un objectif ambitieux, puisque le commerce international croît chaque année de 5 %. Nous voulons que notre part de marché puisse se stabiliser au total, ce qui veut dire qu'elle doit augmenter naturellement dans les pays qui sont les pays sur lesquels nous avons des objectifs principaux. 25 pays ont ainsi été désignés, et nous voulons faire en sorte que les entreprises trouvent là, non seulement une mobilisation des services publics pour les aider, notamment dans les présences, dans les salons professionnels et dans tout ce qui peut être la présentation de l'offre française à la Russie, et de pouvoir s'adresser donc ainsi aux professionnels russes, avec la présentation de nos capacités industrielles et commerciales. C'est un des éléments majeurs de cette dynamique. Je crois qu'au fond, ce qui se passe aujourd'hui en Russie, même si nous vivons actuellement une période électorale, avec les législatives du mois de décembre et les présidentielles prochaines, au mois de mars, vont sans doute ralentir quelque peu un certain nombre d'initiatives. Nous pensons que nous sommes dans un contexte favorable des relations de confiance renforcées. Cet axe Moscou-Berlin-Paris qui a pris du poids politique, qui a pris une compréhension et une place importante dans les relations internationales, c'est un axe qui n'est construit contre personne, mais qui a une capacité à pouvoir renforcer non seulement l'influence politique, mais aussi les stratégies économiques. C'est un des éléments, je crois, moderne et nouveau de nos relations internationales et de cette vision d'un monde équilibré, qui est celle que développe le président de la République française avec ainsi une capacité à défendre un certain nombre de valeurs, que nous partageons avec nos amis Russes, et pour lesquels ces liens doivent être renforcés.
Au total, je voudrais vous dire combien nous pensons que la France moderne, la France du XXIe siècle doit être une France d'ouverture. Je suis frappé de voir les nécessités que nous avons pour développer cette idée de l'ouverture en France, pour combattre toutes les tentations de la nostalgie et toutes les tentations du repli sur soi. Si nous voulons garder l'un des meilleurs systèmes sociaux du monde, il nous faut être capables de créer de la valeur ajoutée et de financer notre vivre ensemble, notre pacte républicain, et nous ne pouvons le faire que par la création de richesses, par la dynamique économique dont l'exportation et le gain de parts de marché à l'étranger est évidemment une priorité essentielle de cette France d'ouverture. Je vois aujourd'hui la nécessité d'affirmer cinq priorités dans cette France d'ouverture qui doit aussi parler un langage de sécurité aux Français pour qu'ils n'aient pas peur de l'ouverture. Je crois que c'est un des grands défis du gouvernement aujourd'hui, dans une France qui hésite à faire ce choix de l'ouverture. Il faut faire le choix de l'ouverture, affirmer nos sécurités, mais affirmer aussi cette exigence de la France d'ouverture. D'abord, je pense qu'il est très important, pour ces cinq priorités de la France d'ouverture, d'affirmer que nous devons faire en sorte que partout où le message international de la France est entendu, là où nous sommes écoutés, là où nous sommes suivis, sur le plan de la politique étrangère, sur le plan des valeurs internationales, universelles, qui ont toujours été celles de la France, et que nous voulons défendre. Je pense à l'idée de paix aujourd'hui dans le monde, je pense à l'idée du droit et notamment à la place que doit avoir l'ONU sur la scène internationale, tous les pays qui défendent ces idées, ces pays qui sont proches de nous, sur le plan de la diplomatie internationale. Ces pays doivent être des pays pour lesquels nous sommes très attentifs au développement économique ; c'est pour ça que je me suis rendu en Chine, je me suis rendu en Inde, je travaille en proximité avec les autorités russes. Je crois qu'il est important pour nous de suivre sur le plan économique les avancées politiques qui sont aujourd'hui les nôtres, dans ce monde moderne de communication et d'information. Et faire en sorte que là où la France est écoutée, là où la France est entendue, là où le message français prend de la force, les entreprises françaises, les stratégies françaises puissent venir en relais ; c'est ce que nous faisons dans la Fédération de Russie.
Première priorité de cette France d'ouverture : faire en sorte qu'il y ait cohérence entre notre message politique et notre ambition économique. Deuxièmement, faire en sorte que l'économie française s'inscrive dans une perspective de croissance durable. Nous ne pouvons être soumis aux aléas internationaux et connaître ce qui s'est passé dans notre histoire récente. Je pense à ces sautes de croissance 4 % en l'an 2000, puis 2 % en 2001, la croissance dans notre pays fait des bonds, mais fait aussi des ressacs, voilà pourquoi il est important de faire des réformes structurelles pour aller chercher, au coeur même de la société française, ces réserves de croissance, notamment dans tout ce qui est bureaucratie, lourdeurs administratives, où il y a une forte disparité par rapport à d'autres pays et une dispersion de nos énergies, et donc une perte de croissance majeure. C'est un des éléments importants pour nous que d'établir une croissance durable. Cette croissance qui nous permettrait de trouver dans la société française ce point qui, quelle que soit l'évolution internationale, nous maintienne à des niveaux positifs de croissance. Nous avons un premier semestre de l'année 2003, avec une croissance négative au total, ce qui naturellement a des conséquences sur le développement de nos entreprises, sur le moral des Français et sur cette capacité d'assumer la France d'ouverture. Il est évident que, au premier semestre, la crise irakienne a été, pour nous, un élément fort du ralentissement international. Nous sommes évidemment très vigilants aujourd'hui à la parité entre l'euro et le dollar, qui est un des éléments également majeurs de notre dynamique à l'exportation. Il est clair que cette croissance durable est pour la France accessible, à condition de faire de véritables réformes structurelles, et que l'Etat fasse, pour lui-même, les efforts qu'il demande de faire au pays.
Deuxième priorité : la croissance durable. Troisième priorité : la valorisation du travail. Nous avons une productivité horaire exceptionnelle dans notre pays, nous sommes en tête des pays à forte économie pour notre productivité horaire, mais le nombre d'heures travaillées, là, nous ne sommes pas médaille d'or. Nous avons besoin de faire en sorte que nous puissions rendre notre capacité plus grande de valorisation du travail ; c'est pour ça que nous voulons alléger les charges, c'est pour ça que nous voulons valoriser les revenus du travail, pour faire en sorte que, année après année, il puisse y avoir une augmentation des revenus du travail. Il faut inciter les Français à participer à cette dynamique du travail, qui est nécessaire pour notre système social, ainsi que pour tenir notre rang mondial.
Quatrième priorité : la relance de la recherche, et notamment la relance de la recherche industrielle. Nicole Fontaine, ministre de l'Industrie, et Claudie Haigneré, ministre de la Recherche, sont avec nous. Elles mènent cette dynamique importante ; la recherche est pour nous une stratégie essentielle. Nous avons un écart important entre la recherche publique et la recherche privée, nous devons mobiliser toutes les énergies pour développer nos efforts de recherche, nos efforts d'innovation. La société française n'évoluera pas comme la société américaine vers la concentration et le gigantisme, vers la standardisation et la banalisation des produits. Nous pouvons avancer par l'innovation, par la création de valeurs ajoutées, par tout ce qui est brevet, par tout ce qui est capacité à ajouter du talent, à ajouter de l'idée, à ajouter de l'humain dans l'économie. Pour cela, il faut faire des efforts considérables évidemment dans la recherche publique ; c'est ce que nous avons engagé, mais également dans la recherche privée. Le budget 2004 prend des initiatives très importantes pour le crédit impôts recherche. Nous allons multiplier par sept le nombre des entreprises qui ont accès au crédit impôts recherche, nous avons aussi la possibilité d'élargir l'assiette de l'éligibilité pour les avantages fiscaux. Non seulement nous raisonnerons en flux, les augmentations seront naturellement éligibles au crédit impôts recherche, mais l'ensemble du stock, tout l'effort de recherche sera éligible au crédit impôts recherche. C'est un allégement significatif pour toutes les entreprises, notamment dans le domaine industriel, mais pour toutes les entreprises qui font de la recherche une priorité dans la compétition internationale. Nous voyons bien que sur le coût de la main-d'oeuvre, nous aurons toujours des concurrents qui seront moins chers que nous. En revanche, sur le terrain de l'innovation, sur le terrain de l'idée et sur le terrain du talent, sur le terrain de la création, il y a là des champs sur lesquels la France peut se faire entendre.
Cinquième priorité de cette France d'ouverture : c'est évidemment la promotion de nos exportations, notamment au travers des 25 pays cibles, ces 25 plans d'action qui sont montés par Bercy et qui nous permettent de mobiliser l'ensemble de nos moyens avec une stratégie marketing avancée.
Voilà cinq éléments qui sont prioritaires pour affirmer cette France d'ouverture que nous voulons pour le XXIe siècle, une France d'ouverture qui veut assumer son devoir d'avenir et son bout d'avenir et qui ne s'enferme pas dans des débats théoriques dépassés et congelés sur le déclin de la France. La France a un avenir devant elle, la France a des potentialités formidables pour peu qu'elle veuille bien assumer sa mission dans le monde, c'est-à-dire affirmer sa vocation à l'ouverture. Mais il faut aussi, pour ce faire naturellement, convaincre les Français que cette ouverture n'est pas pour eux significative d'insécurité systématique. Et c'est pour ça que nous devons, parallèlement à cette exigence d'ouverture, mener des actions sur ce que sont les nouvelles sécurités sociales, toutes ces sécurités qui font que l'ouverture est acceptable parce qu'on s'y sent acteur de plain-pied. Ces nouvelles sécurités sociales sont d'abord, évidemment, l'avenir des retraites, c'est un sujet sur lequel nous avons travaillé et nous avons bâti une réforme stratégique, importante. Il faut sortir la France de ses impasses ; l'impasse des retraites était une impasse qui, évidemment, était anxiogène, qui évidemment est une insécurité, était une insécurité pour les Français ; de moins en moins de cotisants, de plus en plus de personnes qui reçoivent les prestations : il est évident que le schéma ne pouvait conduire qu'à une impasse. Nous avons levé cette impasse ; c'est un élément de sécurité important pour les Français. Nous ferons la même chose dans l'année qui vient pour l'équité et la protection de l'assurance maladie. Nous devons faire en sorte, là encore, que cette exigence qu'ont les Français en matière de santé puisse être assumée, et que le pays puisse l'assumer avec un triangle de responsabilités. Certes, l'Etat doit s'engager, l'Etat fera les efforts nécessaires, mais les acteurs, les acteurs de terrain et les prescripteurs, l'ensemble de ceux qui sont engagés dans l'exercice de la santé participeront à cette dynamique, tout comme les citoyens qui, eux aussi, doivent avoir conscience de la consommation de soins qui est la nôtre aujourd'hui en France. Nous menons dans le dialogue cette importante démarche qui sera au coeur de l'année 2004. Troisième nouvelle, je dirais, et forte sécurité sociale, c'est celle de la formation. La formation professionnelle avec l'accord que viennent de signer les partenaires sociaux, est pour nous un élément stratégique. Dans notre pays, où on nous annonçait une rentrée chaude, où on nous annonçait des difficultés majeures dans le domaine social, nous voyons les partenaires sociaux s'installer autour de la table, et signer un accord stratégique de toute première importance, nous n'en avions pas, une telle importance, depuis trente ans, c'est le rendez-vous en août 1970, pour ceux qui se souviennent de Jacques Chaban-Delmas et de Jacques Delors et de cette première grande loi pour la formation professionnelle en 1971, ce droit à la formation individuelle, quelle que soit l'entreprise, quel que soit votre propre parcours, l'idée que tout au long de la vie, on a droit à une capacité de formation. C'est une idée humaniste pour l'épanouissement personnel, c'est une idée économique, parce qu'elle permet de qualifier le travail, c'est une idée aussi qui assure une sécurité aux salariés, qui trouvent, là, le moyen d'avoir un accompagnement tout au long de sa formation. Avenir des retraites, réformes et équité pour l'Assurance maladie, formation.
Quatrième sécurité importante que nous voulons donner, c'est celle du dialogue social. Nous pensons que le dialogue social est un élément fertile en France, et nous souhaitons vraiment que le dialogue social soit revitalisé, et nous sommes prêts à y apporter les aménagements nécessaires pour renforcer le dialogue social, le rendre plus fertile et de faire en sorte, sur les 35 heures, comme sur tout autre sujet, que le dialogue social puisse précéder la décision législative. C'est un engagement que nous avons pris et que nous tiendrons. Le dialogue social est un préalable. C'est le dialogue qui ouvre le débat législatif en matière de code du travail, en matière d'organisation du travail. Il faut renforcer le dialogue social, c'est la condition de pouvoir assumer cette mission d'ouverture avec des Français rassurés dans cette mission d'ouverture, qui est celle de la France.
Enfin, j'ajouterais l'idée, cinquièmement, du reclassement en ce qui concerne les plans de licenciement. Nous voyons bien que, aujourd'hui, l'Europe est menacée de désindustrialisation, nous l'avons vu avec le dossier Alstom, nous l'avons vu avec un certain nombre de dossiers, nous avons besoin de défendre l'industrie, et nous avons besoin de défendre les industries et la charpente économique de notre pays a besoin d'un fort secteur industriel. C'est un élément très important de notre dynamique, mais c'est pour ça aussi qu'il faut être attentif à tous ceux qui ont une capacité industrielle, une formation industrielle, à tous ceux qui ont travaillé dans l'industrie, et pour lesquels, il faut travailler, quand il y a plan de licenciement, au reclassement prioritaire de ces salariés. Je pense que toutes ces valeurs - aussi bien celles de l'ouverture que celle de la sécurité - permettront à la France de tenir son rôle dans notre économie mondiale d'aujourd'hui. Vous êtes de ceux qui, ambassadeurs des idées françaises, ambassadeurs des produits français, êtes en première ligne dans tous ces débats. Je voudrais simplement vous assurer, non seulement de la reconnaissance du pays, mais aussi de notre disponibilité pour être à vos côtés. Nous sommes dans une phase maintenant avec la Fédération de Russie, où nous avons, je crois, dépassé les attitudes de bonne volonté, les attitudes de manifestation de preuve de coopération. Nous pouvons entrer, au-delà des 400 projets qui sont déjà les vôtres, nous pouvons entrer dans la multiplication des projets. Je le disais hier à Monsieur Kassianov, par exemple en matière d'énergie, il y a un certain nombre de projets opérationnels, je pense aux Transports - Dominique Bussereau est ici présent -, je pense à un certain nombre de sujets sur lesquels nous pouvons passer, aujourd'hui, de l'accord global à l'engagement particulier, autour de projets concrets, opérationnels au service du développement de nos deux pays. Merci à vous tous.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 13 octobre 2003)