Texte intégral
Je suis heureux de clôturer le colloque "Afrique SA - Ensemble, dynamisons le secteur prive" car il porte sur un domaine vital pour le développement africain. Ce continent, comme vous le savez, ne bénéficie toujours pas du niveau suffisant d'investissements privés pour lui permettre de décoller. La situation s'est même dégradée depuis une vingtaine d'années. Pourtant, une évolution se dessine : la communauté internationale comprend désormais qu'il est, non seulement injuste, mais aussi dangereux d'exclure plus longtemps l'Afrique du développement et, par-là, de la mondialisation. C'est pourquoi après le recul des années 90, l'aide au développement progresse à nouveau.
Comment dès lors permettre à l'Afrique d'attirer plus d'investissements étrangers pour créer davantage d'entreprises ? Comment impliquer les étudiants et les cadres africains dans le développement du secteur privé de leur continent ? C'est l'enjeu fondamental de l'Afrique si elle veut sortir de la pauvreté et rattraper son retard. Beaucoup reste à faire en matière de stabilité politique, de maintien de la paix, d'état de droit, de rigueur dans la politique économique, de développement des infrastructures (eau, énergie, transports) et des échanges, d'éducation et de formation. Encore faut-il moduler les appréciations selon les pays considérés car le continent africain est très diversifié. Vous en avez débattu tout au cours de la journée. Je n'insisterai donc pas sur tous ces points mais je soulignerai deux aspects fondamentaux : l'environnement des entreprises et la formation des cadres et des élites
L'environnement des entreprises
Il doit être amélioré. C'est la condition préalable et indispensable pour attirer et retenir les investissements privés.
Les entreprises ont avant tout besoin d'évoluer dans un contexte sûr. Je veux parler d'abord de sécurité physique : il n'y a pas de développement économique possible sans paix civile.
C'est une évidence, mais elle doit être rappelée et surtout traduite dans la réalité. En dehors des souffrances et des destructions dont ils sont responsables, les crises et conflits sont en effet le premier obstacle au progrès et au développement. Les opérations de prévention, de résolution des conflits, de maintien de la paix font donc, à mes yeux, partie intégrante de l'aide au développement. Dans ce domaine, la France assume pleinement son rôle, mais n'entend pas intervenir isolément. Elle soutient, de manière systématique et résolue, les efforts de médiation des organisations régionales et internationales. Nos réponses doivent être également régionales et multilatérales. L'Union européenne vient de conduire une première expérience concluante en Ituri (RDC). Dans le même esprit, elle soutient la mise sur pied par des organisations régionales - la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ou la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) - de mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits. C'est d'ailleurs un des principes directeurs du NEPAD auquel la France adhère totalement.
Mais il s'agit aussi de renforcer la sécurité financière. Les entreprises doivent pouvoir accéder sans difficulté aux banques et aux marchés des capitaux, qu'ils soient d'origine extérieure ou locale. J'observe avec satisfaction l'évolution que l'on constate au sein de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) avec le développement d'émissions obligataires à partir de ressources locales. Il faut également construire de nouveaux outils destinés à couvrir les risques politiques élargis, au-delà des interventions de la MIGA (Banque mondiale) et de la Compagnie française du commerce extérieur (COFACE). L'Agence française de développement (AFD) et la Commission européenne s'y emploient.
Il s'agit enfin d'améliorer la sécurité juridique et judiciaire, tout aussi essentielle au développement des affaires. A ce titre, l'Organisation pour l'harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA), soutenue par la France depuis sa création, constitue le meilleur instrument pour établir des règles plus sûres et plus impartiales.
Deuxième aspect de cet environnement économique : les infrastructures
Pas de développement économique non plus sans infrastructures en nombre et en qualité suffisants. Or l'aide publique au développement ne peut, à elle seule, les financer. Les capitaux privés non plus, car ils ne prennent pas spontanément le chemin des pays dont l'économie reste fragile. L'alternative que nous soutenons, en étroite en synergie avec l'Agence française de développement et la Société de promotion et de participation pour la coopération économique (PROPARCO), ce sont des formes adaptées de partenariats entre acteurs publics et privés, l'objectif étant d'améliorer la gestion des projets et de mobiliser l'épargne locale. Les investissements doivent, par ailleurs, répondre aux enjeux du développement durable, du point de vue économique et social comme de celui du respect de l'environnement.
Troisième aspect : l'environnement des PME
Plus le tissu des très petites (TPE) et des petites et moyennes entreprises (PME) s'étoffe, plus le contexte social et politique peut être stable. L'apparition d'une classe moyenne capable de prospérer grâce aux fruits de son travail constitue la base de la stabilité sociale. Notre rôle est d'accompagner tous les efforts, qu'ils viennent du public ou du privé, pour promouvoir ces entreprises. Cinq objectifs nous guident :
- Structurer les organisations professionnelles et consulaires, comme les Chambres de commerce et d'industrie, les Chambres des métiers, les Chambres d'agriculture.
- Renforcer les services d'appui aux entreprises (notamment en matière de conseils en gestion),
- Développer les moyens d'information techniques et économiques - je pense notamment au site internet "Investir en zone franc" (izf.net), aujourd'hui le plus consulté en Afrique francophone ;
- Encourager les financements adaptés aux besoins des très petites, petites et moyennes entreprises ;
- Promouvoir une éthique fondée sur la responsabilité sociale des entreprises.
Enfin, l'amélioration de l'environnement des entreprises passe par une meilleure intégration régionale. Cette intégration est nécessaire pour élargir la taille des marchés et favoriser les échanges entre les pays d'une même région.
Les unions douanières se sont multipliées mais des progrès restent encore à faire pour encadrer et protéger les investissements, essentiels pour la dynamisation du secteur privé. La France soutient ces initiatives d'intégration, aux cotés des autres bailleurs de fonds, en particulier l'Union européenne.
Telles sont donc les grandes lignes de l'action de la coopération française pour favoriser les conditions nécessaires à l'investissement privé sur un continent qui nous est cher.
La formation
Mais je voudrais aborder un autre volet tout aussi fondamental : la formation des élites, et leur insertion dans les économies africaines.
Le soutien à l'enseignement supérieur et à la recherche est une constante de la politique de la France en direction de l'Afrique. Elle se décline en deux volets complémentaires : la formation sur place, et les programmes de bourses qui attirent les futures élites vers notre pays.
Notre effort en faveur de l'enseignement supérieur africain porte surtout sur la mise en place de filières professionnalisées et sur le renouvellement du corps enseignant vieillissant. Nous soutenons également des initiatives privées de qualité, comme, par exemple, l'Université libre d'Afrique centrale.
Grâce à un système de bourses régionales, nous incitons par ailleurs les étudiants à se tourner vers des établissements africains dont le niveau d'enseignement est reconnu. Je pense par exemple aux écoles inter-Etats situées à Ouagadougou dans le domaine de l'hydraulique et de l'équipement rural.
S'agissant du monde de l'entreprise, je citerai deux types d'actions spécifiques :
- Au Sénégal, nous soutenons 3 établissements qui forment les futurs gestionnaires et managers, artisans du développement économique de la région.
- En Afrique de l'Ouest et Centrale, un réseau de 12 écoles de gestion réparties dans 7 pays se constitue en partenariat étroit avec un réseau d'établissements français.
Ces établissements sont appelés à devenir des références pour l'ensemble des écoles africaines de gestion.
Les formations en France
Nous devons pouvoir en même temps accueillir les jeunes élites africaines dans les universités et grandes écoles françaises. Je voudrais rappeler à ce sujet que le continent africain demeure le premier bénéficiaire de nos programmes de bourses. Parmi les boursiers étudiant en France, un sur deux est africain (un sur quatre, si l'on ne considère que l'Afrique sub-saharienne). En 2002, 11 000 bourses ont été délivrées en faveur des étudiants et jeunes chercheurs de ce continent. La plupart d'entre eux suivent des formations de second et troisième cycles.
En 2001, selon l'UNESCO, 36 % des jeunes Africains étudiant à l'étranger étaient accueillis en France contre 14 % aux Etats-Unis et seulement 9 % au Royaume-Uni et en Allemagne. Depuis 1998, ce nombre a progressé de près de 58 %. Au cours de l'année 2002-2003, parmi les 180.000 étudiants partis d'Afrique, 94.000 étaient inscrits dans l'une de nos universités. La France reste donc, de loin, la première destination pour acquérir ou compléter une formation de haut niveau et se former à la recherche. Elle compte chaque année 28.000 Africains inscrits en doctorat (dont 1/3 issus de l'Afrique sub-saharienne). Pour les élites africaines, notre pays demeure ainsi le creuset de la formation, l'une des portes d'accès à la société du savoir. Il attire là où ses formations sont connues et réputées : sciences de l'ingénieur, sciences exactes, médecine, gestion, droit et sciences politiques.
Il est vrai que les étudiants du Sud sont assez nombreux à rester dans le pays où ils sont venus faire leurs études. Ainsi, plus d'un tiers des Africains diplômés de haut niveau sont aujourd'hui expatriés, essentiellement en France, et le mouvement s'est accentué durant la décennie 1990.
Je voudrais pour conclure vous adresser un message de lucidité et d'optimisme. L'avenir de l'Afrique n'est pas si sombre que certains veulent bien le dire. Il n'y a pas que l'Afrique des crises, il y a aussi celle qui travaille et dont on ne parle pas. Le NEPAD, à ce titre, est un signal fort. Il témoigne de la volonté des Africains de prendre leur part de responsabilité dans le développement économique de leur continent en créant les garanties de la réussite du partenariat.
Car la sécurité et ce qu'on appelle "la bonne gouvernance", c'est-à-dire en français les formes pratiques de gouvernement, sont au cur des enjeux du développement économique. C'est tout l'intérêt du mécanisme de contrôle réciproque ou d'examen mutuel prévu par le NEPAD. Le développement économique de l'Afrique est l'affaire de tous : de vous, entrepreneurs et cadres africains et français ; de nous, bailleur de fonds et pays ami ; celle, enfin, des autorités politiques des pays africains. Le développement de l'Afrique repose sur trois piliers : l'augmentation de l'Aide publique au développement (APD), l'accroissement des investissements privés, l'accès des productions africaines aux marchés internationaux dans des conditions équitables.
Le pilier de l'investissement privé est évidemment essentiel, y compris dans le domaine des infrastructures. Le gouvernement français est déterminé à appuyer cette dynamique propice au développement du secteur privé, car c'est de lui dont dépend la véritable croissance économique de l'Afrique.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 octobre 2003)
Comment dès lors permettre à l'Afrique d'attirer plus d'investissements étrangers pour créer davantage d'entreprises ? Comment impliquer les étudiants et les cadres africains dans le développement du secteur privé de leur continent ? C'est l'enjeu fondamental de l'Afrique si elle veut sortir de la pauvreté et rattraper son retard. Beaucoup reste à faire en matière de stabilité politique, de maintien de la paix, d'état de droit, de rigueur dans la politique économique, de développement des infrastructures (eau, énergie, transports) et des échanges, d'éducation et de formation. Encore faut-il moduler les appréciations selon les pays considérés car le continent africain est très diversifié. Vous en avez débattu tout au cours de la journée. Je n'insisterai donc pas sur tous ces points mais je soulignerai deux aspects fondamentaux : l'environnement des entreprises et la formation des cadres et des élites
L'environnement des entreprises
Il doit être amélioré. C'est la condition préalable et indispensable pour attirer et retenir les investissements privés.
Les entreprises ont avant tout besoin d'évoluer dans un contexte sûr. Je veux parler d'abord de sécurité physique : il n'y a pas de développement économique possible sans paix civile.
C'est une évidence, mais elle doit être rappelée et surtout traduite dans la réalité. En dehors des souffrances et des destructions dont ils sont responsables, les crises et conflits sont en effet le premier obstacle au progrès et au développement. Les opérations de prévention, de résolution des conflits, de maintien de la paix font donc, à mes yeux, partie intégrante de l'aide au développement. Dans ce domaine, la France assume pleinement son rôle, mais n'entend pas intervenir isolément. Elle soutient, de manière systématique et résolue, les efforts de médiation des organisations régionales et internationales. Nos réponses doivent être également régionales et multilatérales. L'Union européenne vient de conduire une première expérience concluante en Ituri (RDC). Dans le même esprit, elle soutient la mise sur pied par des organisations régionales - la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ou la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) - de mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits. C'est d'ailleurs un des principes directeurs du NEPAD auquel la France adhère totalement.
Mais il s'agit aussi de renforcer la sécurité financière. Les entreprises doivent pouvoir accéder sans difficulté aux banques et aux marchés des capitaux, qu'ils soient d'origine extérieure ou locale. J'observe avec satisfaction l'évolution que l'on constate au sein de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) avec le développement d'émissions obligataires à partir de ressources locales. Il faut également construire de nouveaux outils destinés à couvrir les risques politiques élargis, au-delà des interventions de la MIGA (Banque mondiale) et de la Compagnie française du commerce extérieur (COFACE). L'Agence française de développement (AFD) et la Commission européenne s'y emploient.
Il s'agit enfin d'améliorer la sécurité juridique et judiciaire, tout aussi essentielle au développement des affaires. A ce titre, l'Organisation pour l'harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA), soutenue par la France depuis sa création, constitue le meilleur instrument pour établir des règles plus sûres et plus impartiales.
Deuxième aspect de cet environnement économique : les infrastructures
Pas de développement économique non plus sans infrastructures en nombre et en qualité suffisants. Or l'aide publique au développement ne peut, à elle seule, les financer. Les capitaux privés non plus, car ils ne prennent pas spontanément le chemin des pays dont l'économie reste fragile. L'alternative que nous soutenons, en étroite en synergie avec l'Agence française de développement et la Société de promotion et de participation pour la coopération économique (PROPARCO), ce sont des formes adaptées de partenariats entre acteurs publics et privés, l'objectif étant d'améliorer la gestion des projets et de mobiliser l'épargne locale. Les investissements doivent, par ailleurs, répondre aux enjeux du développement durable, du point de vue économique et social comme de celui du respect de l'environnement.
Troisième aspect : l'environnement des PME
Plus le tissu des très petites (TPE) et des petites et moyennes entreprises (PME) s'étoffe, plus le contexte social et politique peut être stable. L'apparition d'une classe moyenne capable de prospérer grâce aux fruits de son travail constitue la base de la stabilité sociale. Notre rôle est d'accompagner tous les efforts, qu'ils viennent du public ou du privé, pour promouvoir ces entreprises. Cinq objectifs nous guident :
- Structurer les organisations professionnelles et consulaires, comme les Chambres de commerce et d'industrie, les Chambres des métiers, les Chambres d'agriculture.
- Renforcer les services d'appui aux entreprises (notamment en matière de conseils en gestion),
- Développer les moyens d'information techniques et économiques - je pense notamment au site internet "Investir en zone franc" (izf.net), aujourd'hui le plus consulté en Afrique francophone ;
- Encourager les financements adaptés aux besoins des très petites, petites et moyennes entreprises ;
- Promouvoir une éthique fondée sur la responsabilité sociale des entreprises.
Enfin, l'amélioration de l'environnement des entreprises passe par une meilleure intégration régionale. Cette intégration est nécessaire pour élargir la taille des marchés et favoriser les échanges entre les pays d'une même région.
Les unions douanières se sont multipliées mais des progrès restent encore à faire pour encadrer et protéger les investissements, essentiels pour la dynamisation du secteur privé. La France soutient ces initiatives d'intégration, aux cotés des autres bailleurs de fonds, en particulier l'Union européenne.
Telles sont donc les grandes lignes de l'action de la coopération française pour favoriser les conditions nécessaires à l'investissement privé sur un continent qui nous est cher.
La formation
Mais je voudrais aborder un autre volet tout aussi fondamental : la formation des élites, et leur insertion dans les économies africaines.
Le soutien à l'enseignement supérieur et à la recherche est une constante de la politique de la France en direction de l'Afrique. Elle se décline en deux volets complémentaires : la formation sur place, et les programmes de bourses qui attirent les futures élites vers notre pays.
Notre effort en faveur de l'enseignement supérieur africain porte surtout sur la mise en place de filières professionnalisées et sur le renouvellement du corps enseignant vieillissant. Nous soutenons également des initiatives privées de qualité, comme, par exemple, l'Université libre d'Afrique centrale.
Grâce à un système de bourses régionales, nous incitons par ailleurs les étudiants à se tourner vers des établissements africains dont le niveau d'enseignement est reconnu. Je pense par exemple aux écoles inter-Etats situées à Ouagadougou dans le domaine de l'hydraulique et de l'équipement rural.
S'agissant du monde de l'entreprise, je citerai deux types d'actions spécifiques :
- Au Sénégal, nous soutenons 3 établissements qui forment les futurs gestionnaires et managers, artisans du développement économique de la région.
- En Afrique de l'Ouest et Centrale, un réseau de 12 écoles de gestion réparties dans 7 pays se constitue en partenariat étroit avec un réseau d'établissements français.
Ces établissements sont appelés à devenir des références pour l'ensemble des écoles africaines de gestion.
Les formations en France
Nous devons pouvoir en même temps accueillir les jeunes élites africaines dans les universités et grandes écoles françaises. Je voudrais rappeler à ce sujet que le continent africain demeure le premier bénéficiaire de nos programmes de bourses. Parmi les boursiers étudiant en France, un sur deux est africain (un sur quatre, si l'on ne considère que l'Afrique sub-saharienne). En 2002, 11 000 bourses ont été délivrées en faveur des étudiants et jeunes chercheurs de ce continent. La plupart d'entre eux suivent des formations de second et troisième cycles.
En 2001, selon l'UNESCO, 36 % des jeunes Africains étudiant à l'étranger étaient accueillis en France contre 14 % aux Etats-Unis et seulement 9 % au Royaume-Uni et en Allemagne. Depuis 1998, ce nombre a progressé de près de 58 %. Au cours de l'année 2002-2003, parmi les 180.000 étudiants partis d'Afrique, 94.000 étaient inscrits dans l'une de nos universités. La France reste donc, de loin, la première destination pour acquérir ou compléter une formation de haut niveau et se former à la recherche. Elle compte chaque année 28.000 Africains inscrits en doctorat (dont 1/3 issus de l'Afrique sub-saharienne). Pour les élites africaines, notre pays demeure ainsi le creuset de la formation, l'une des portes d'accès à la société du savoir. Il attire là où ses formations sont connues et réputées : sciences de l'ingénieur, sciences exactes, médecine, gestion, droit et sciences politiques.
Il est vrai que les étudiants du Sud sont assez nombreux à rester dans le pays où ils sont venus faire leurs études. Ainsi, plus d'un tiers des Africains diplômés de haut niveau sont aujourd'hui expatriés, essentiellement en France, et le mouvement s'est accentué durant la décennie 1990.
Je voudrais pour conclure vous adresser un message de lucidité et d'optimisme. L'avenir de l'Afrique n'est pas si sombre que certains veulent bien le dire. Il n'y a pas que l'Afrique des crises, il y a aussi celle qui travaille et dont on ne parle pas. Le NEPAD, à ce titre, est un signal fort. Il témoigne de la volonté des Africains de prendre leur part de responsabilité dans le développement économique de leur continent en créant les garanties de la réussite du partenariat.
Car la sécurité et ce qu'on appelle "la bonne gouvernance", c'est-à-dire en français les formes pratiques de gouvernement, sont au cur des enjeux du développement économique. C'est tout l'intérêt du mécanisme de contrôle réciproque ou d'examen mutuel prévu par le NEPAD. Le développement économique de l'Afrique est l'affaire de tous : de vous, entrepreneurs et cadres africains et français ; de nous, bailleur de fonds et pays ami ; celle, enfin, des autorités politiques des pays africains. Le développement de l'Afrique repose sur trois piliers : l'augmentation de l'Aide publique au développement (APD), l'accroissement des investissements privés, l'accès des productions africaines aux marchés internationaux dans des conditions équitables.
Le pilier de l'investissement privé est évidemment essentiel, y compris dans le domaine des infrastructures. Le gouvernement français est déterminé à appuyer cette dynamique propice au développement du secteur privé, car c'est de lui dont dépend la véritable croissance économique de l'Afrique.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 octobre 2003)