Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs
I - Le financement du développement
S'agissant du premier point de notre ordre du jour, la France partage les principales conclusions de l'étude qui nous est présentée concernant le financement du développement. Cette étude nous rappelle que nous devons conjuguer de meilleures politiques dans les pays en développement et une aide plus importante et plus efficace des pays riches.
Le document de la Banque montre que les objectifs du Millénaire peuvent être atteints si ces conditions sont remplies. Cela veut dire aussi que, si ces conditions ne sont pas remplies - et elles ne le sont pas pour le moment - les objectifs du millénaire ne seront pas atteints.
Au surplus, nous faisons ce constat au lendemain de l'échec de la Conférence de Cancun et nous savons que le problème de la place des pays pauvres dans les échanges commerciaux est un élément essentiel de leur développement.
Nous devons donc améliorer l'efficacité de notre aide : c'est indispensable mais non suffisant. Les besoins sont considérables, et ce qui a été promis à Monterrey ne suffira pas. Pour sa part, et malgré les difficultés budgétaires du moment, la France entend assumer ses engagements. A l'initiative du président de la République, le gouvernement français a pris les dispositions nécessaires pour que notre aide publique au développement atteigne 0,5 % du PIB en 2007 avant d'arriver à notre objectif de 0,7 % en 2012.
C'est également dans cet esprit que la France soutient le projet d'une facilité de financement internationale, dont le but est de mobiliser des moyens, de façon plus prévisible à moyen terme. Après avoir étudié ce projet dans plusieurs forums de bailleurs, il nous faut maintenant inclure d'autres participants dans cette discussion, notamment les pays en développement et les institutions de Bretton Woods. C'est aussi pour répondre à ces besoins qu'au Sommet d'Evian, sous présidence française, les pays du G8 ont souligné la nécessité de traiter la question de la dette des pays à revenu intermédiaire. Je rappelle enfin que la France souhaite que soit étudiée l'idée d'une taxation internationale sur certaines richesses créées par la mondialisation, pour financer le développement durable.
Deux points me semblent particulièrement importants dans la lutte contre la pauvreté : l'investissement dans les infrastructures et la vulnérabilité des pays en développement en face des chocs économiques extérieurs.
Le plan d'action présenté par la Banque mondiale souligne le rôle fondamental des infrastructures dans la réduction de la pauvreté, et je m'en réjouis. L'accès à l'eau doit être, dans ce domaine, une priorité. Dans la plupart des pays d'Afrique en particulier, les ressources d'eau potable par habitant sont parmi les plus faibles au monde. Or le continent africain n'utilise aujourd'hui que 4 % de ses ressources en eau. C'est pourquoi les propositions du groupe animé par M. Michel Camdessus, qui reprend notamment plusieurs mécanismes permettant de faciliter les investissements, sont si importantes et je me félicite de la réponse que la Banque mondiale vient de leur apporter. Il faut maintenant que celle-ci poursuive son travail, et présente à son conseil d'administration, d'ici avril 2004, de premiers résultats et de nouvelles propositions concrètes.
Nous sommes tous conscients que, même en recevant une aide importante et en menant de bonnes politiques, les pays en développement restent vulnérables aux modifications brutales de leur environnement, liées par exemple au prix des matières premières. Ces chocs entravent fortement leur capacité à rembourser leur dette. Des propositions sont sur la table, comme l'adaptation des calendriers de remboursement, ou le développement d'instruments financiers de couverture. Mais la France souhaite que les institutions de Bretton Woods s'impliquent davantage, présentent à leurs conseils d'administration des propositions concrètes d'ici avril, et renforcent leur coordination sur ce sujet essentiel.
II - L'expression des pays en développement et en transition dans les instances internationales :
Quelques mots concernant la participation des pays en développement à la vie de nos institutions. Nous avions demandé, lors de notre réunion d'avril dernier, aux administrateurs de la Banque et du FMI d'examiner les options susceptibles de bénéficier d'un large appui. Or le document que nous avons sous les yeux ne répond pas à ces attentes.
La faible représentation des pays en développement est un sujet préoccupant. La crédibilité de la Banque et du FMI est en jeu. Leurs directions doivent se mobiliser, et faire des propositions fortes.
Comme vous le savez, la France est très attachée à la notion de partenariat avec les pays en développement. Ce partenariat implique le dialogue, et en particulier le dialogue dans le cadre institutionnel approprié que constituent les institutions de Bretton Woods. C'est dans cet esprit qu'a été organisé un forum élargi à la veille du Sommet du G8 d'Evian, formule qu'il nous paraît souhaitable de renouveler. C'est dans cet esprit aussi que le président de la République, M. Jacques Chirac, a souhaité organiser demain, dans le cadre de l'Assemblée générale de l'ONU, une réunion spécifique consacrée au NEPAD avec, en particulier, les cinq chefs d'Etat africains qui sont à l'origine de ce concept.
Mettons en oeuvre dès aujourd'hui les solutions qui recueillent un consensus. Ainsi, par exemple, les mesures prises par la Banque et le Fonds en faveur des représentations africaines sont essentielles. Celles-ci disposeront désormais de moyens plus importants pour mieux se faire entendre. Bien entendu, la France prendra part à cet effort ; elle est prête à contribuer au projet de fonds fiduciaire créé à cet effet.
Regrettons qu'il n'y ait pas, pour l'instant, de consensus permettant d'aller plus loin. Car il faut aller plus loin. La France reste favorable à toute initiative qui permettrait de rééquilibrer les droits de vote des pays en développement, au premier rang desquels les pays africains. A cet égard, je soutiens la proposition de Mme Wieczorek-Zeul et il est nécessaire d'explorer toutes les possibilités allant dans ce sens.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 septembre 2003)
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs
I - Le financement du développement
S'agissant du premier point de notre ordre du jour, la France partage les principales conclusions de l'étude qui nous est présentée concernant le financement du développement. Cette étude nous rappelle que nous devons conjuguer de meilleures politiques dans les pays en développement et une aide plus importante et plus efficace des pays riches.
Le document de la Banque montre que les objectifs du Millénaire peuvent être atteints si ces conditions sont remplies. Cela veut dire aussi que, si ces conditions ne sont pas remplies - et elles ne le sont pas pour le moment - les objectifs du millénaire ne seront pas atteints.
Au surplus, nous faisons ce constat au lendemain de l'échec de la Conférence de Cancun et nous savons que le problème de la place des pays pauvres dans les échanges commerciaux est un élément essentiel de leur développement.
Nous devons donc améliorer l'efficacité de notre aide : c'est indispensable mais non suffisant. Les besoins sont considérables, et ce qui a été promis à Monterrey ne suffira pas. Pour sa part, et malgré les difficultés budgétaires du moment, la France entend assumer ses engagements. A l'initiative du président de la République, le gouvernement français a pris les dispositions nécessaires pour que notre aide publique au développement atteigne 0,5 % du PIB en 2007 avant d'arriver à notre objectif de 0,7 % en 2012.
C'est également dans cet esprit que la France soutient le projet d'une facilité de financement internationale, dont le but est de mobiliser des moyens, de façon plus prévisible à moyen terme. Après avoir étudié ce projet dans plusieurs forums de bailleurs, il nous faut maintenant inclure d'autres participants dans cette discussion, notamment les pays en développement et les institutions de Bretton Woods. C'est aussi pour répondre à ces besoins qu'au Sommet d'Evian, sous présidence française, les pays du G8 ont souligné la nécessité de traiter la question de la dette des pays à revenu intermédiaire. Je rappelle enfin que la France souhaite que soit étudiée l'idée d'une taxation internationale sur certaines richesses créées par la mondialisation, pour financer le développement durable.
Deux points me semblent particulièrement importants dans la lutte contre la pauvreté : l'investissement dans les infrastructures et la vulnérabilité des pays en développement en face des chocs économiques extérieurs.
Le plan d'action présenté par la Banque mondiale souligne le rôle fondamental des infrastructures dans la réduction de la pauvreté, et je m'en réjouis. L'accès à l'eau doit être, dans ce domaine, une priorité. Dans la plupart des pays d'Afrique en particulier, les ressources d'eau potable par habitant sont parmi les plus faibles au monde. Or le continent africain n'utilise aujourd'hui que 4 % de ses ressources en eau. C'est pourquoi les propositions du groupe animé par M. Michel Camdessus, qui reprend notamment plusieurs mécanismes permettant de faciliter les investissements, sont si importantes et je me félicite de la réponse que la Banque mondiale vient de leur apporter. Il faut maintenant que celle-ci poursuive son travail, et présente à son conseil d'administration, d'ici avril 2004, de premiers résultats et de nouvelles propositions concrètes.
Nous sommes tous conscients que, même en recevant une aide importante et en menant de bonnes politiques, les pays en développement restent vulnérables aux modifications brutales de leur environnement, liées par exemple au prix des matières premières. Ces chocs entravent fortement leur capacité à rembourser leur dette. Des propositions sont sur la table, comme l'adaptation des calendriers de remboursement, ou le développement d'instruments financiers de couverture. Mais la France souhaite que les institutions de Bretton Woods s'impliquent davantage, présentent à leurs conseils d'administration des propositions concrètes d'ici avril, et renforcent leur coordination sur ce sujet essentiel.
II - L'expression des pays en développement et en transition dans les instances internationales :
Quelques mots concernant la participation des pays en développement à la vie de nos institutions. Nous avions demandé, lors de notre réunion d'avril dernier, aux administrateurs de la Banque et du FMI d'examiner les options susceptibles de bénéficier d'un large appui. Or le document que nous avons sous les yeux ne répond pas à ces attentes.
La faible représentation des pays en développement est un sujet préoccupant. La crédibilité de la Banque et du FMI est en jeu. Leurs directions doivent se mobiliser, et faire des propositions fortes.
Comme vous le savez, la France est très attachée à la notion de partenariat avec les pays en développement. Ce partenariat implique le dialogue, et en particulier le dialogue dans le cadre institutionnel approprié que constituent les institutions de Bretton Woods. C'est dans cet esprit qu'a été organisé un forum élargi à la veille du Sommet du G8 d'Evian, formule qu'il nous paraît souhaitable de renouveler. C'est dans cet esprit aussi que le président de la République, M. Jacques Chirac, a souhaité organiser demain, dans le cadre de l'Assemblée générale de l'ONU, une réunion spécifique consacrée au NEPAD avec, en particulier, les cinq chefs d'Etat africains qui sont à l'origine de ce concept.
Mettons en oeuvre dès aujourd'hui les solutions qui recueillent un consensus. Ainsi, par exemple, les mesures prises par la Banque et le Fonds en faveur des représentations africaines sont essentielles. Celles-ci disposeront désormais de moyens plus importants pour mieux se faire entendre. Bien entendu, la France prendra part à cet effort ; elle est prête à contribuer au projet de fonds fiduciaire créé à cet effet.
Regrettons qu'il n'y ait pas, pour l'instant, de consensus permettant d'aller plus loin. Car il faut aller plus loin. La France reste favorable à toute initiative qui permettrait de rééquilibrer les droits de vote des pays en développement, au premier rang desquels les pays africains. A cet égard, je soutiens la proposition de Mme Wieczorek-Zeul et il est nécessaire d'explorer toutes les possibilités allant dans ce sens.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 septembre 2003)