Texte intégral
Q - La principale organisation patronale, le Medef, a fait part lundi, de ses inquiétudes sur les conséquences économiques pour les entreprises françaises des "divergences" franco-américaines sur l'Irak. Partagez-vous ce diagnostic ?
R - Les sentiments et le commerce ne font pas bon ménage. Les Américains n'achètent pas des produits français pour remercier La Fayette, pas plus que les consommateurs français n'achètent américain par reconnaissance pour les "marines" qui ont débarqué le 6 juin 1944 en Normandie. La compétitivité des produits reste le facteur déterminant. En outre, les économies sont désormais tellement imbriquées ; les fonds de pension américains sont actionnaires d'entreprises françaises, ils ne vont pas se tirer une balle dans le pied. Le "business" reste le "business". Des entrepreneurs français se sont rendus aux Etats-Unis pour prévenir les éventuelles réactions d'hostilité, dont on exagère à mon sens l'impact. Cela n'a pas empêché que les entrepreneurs français se soient bien comportés. Ils ont loyalement soutenu la position de la France et du président de la République.
Q - Si les entreprises et les actionnaires restent raisonnables au nom des affaires, ne peut-on craindre un boycott des produits français par les consommateurs américains ?
R - En 1986, nous nous étions déjà confrontés à une situation du même type, lorsque la France avait interdit le survol de son territoire aux avions américains qui allaient bombarder la Libye. Cela n'avait pas eu d'effet notable. Les consommateurs n'ont pas un comportement politique. Quand José Bové va détruire des McDonald's, les Français ne les fréquentent pas moins. Rappelez-vous la campagne de boycott lancée en France contre Danone, elle n'avait pas eu d'effet. De la même manière, je pense qu'aux Etats-Unis la campagne de boycott va rester marginale.
Q - Le secrétaire d'Etat adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz, a déclaré que la France devrait "payer" pour son attitude anti-américaine. Comment interprétez-vous ces propos ?
R - (...) Les positions diplomatiques et les échanges commerciaux restent deux domaines séparés. Lundi, j'ai déjeuné avec l'ambassadeur des Etats-Unis en France. Nous avons notamment évoqué le développement des fonds d'investissement américains en France...
Q - Vous n'êtes donc vraiment pas inquiet...
R - Aujourd'hui, les politiques étrangères sont encore l'expression des nations, alors que les relations commerciales sont mondialisées. Elles restent étanches les unes par rapport aux autres. En matière économique, il y a bien des inquiétudes, mais elles tiennent à d'autres facteurs. La faiblesse des investissements dans notre pays est bien plus inquiétante que les relations commerciales entre la France et les Etats-Unis. La France et les Etats-Unis restent des alliés, même si ami et allié ne veut pas dire aligné.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr le 18 avril 2003)
R - Les sentiments et le commerce ne font pas bon ménage. Les Américains n'achètent pas des produits français pour remercier La Fayette, pas plus que les consommateurs français n'achètent américain par reconnaissance pour les "marines" qui ont débarqué le 6 juin 1944 en Normandie. La compétitivité des produits reste le facteur déterminant. En outre, les économies sont désormais tellement imbriquées ; les fonds de pension américains sont actionnaires d'entreprises françaises, ils ne vont pas se tirer une balle dans le pied. Le "business" reste le "business". Des entrepreneurs français se sont rendus aux Etats-Unis pour prévenir les éventuelles réactions d'hostilité, dont on exagère à mon sens l'impact. Cela n'a pas empêché que les entrepreneurs français se soient bien comportés. Ils ont loyalement soutenu la position de la France et du président de la République.
Q - Si les entreprises et les actionnaires restent raisonnables au nom des affaires, ne peut-on craindre un boycott des produits français par les consommateurs américains ?
R - En 1986, nous nous étions déjà confrontés à une situation du même type, lorsque la France avait interdit le survol de son territoire aux avions américains qui allaient bombarder la Libye. Cela n'avait pas eu d'effet notable. Les consommateurs n'ont pas un comportement politique. Quand José Bové va détruire des McDonald's, les Français ne les fréquentent pas moins. Rappelez-vous la campagne de boycott lancée en France contre Danone, elle n'avait pas eu d'effet. De la même manière, je pense qu'aux Etats-Unis la campagne de boycott va rester marginale.
Q - Le secrétaire d'Etat adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz, a déclaré que la France devrait "payer" pour son attitude anti-américaine. Comment interprétez-vous ces propos ?
R - (...) Les positions diplomatiques et les échanges commerciaux restent deux domaines séparés. Lundi, j'ai déjeuné avec l'ambassadeur des Etats-Unis en France. Nous avons notamment évoqué le développement des fonds d'investissement américains en France...
Q - Vous n'êtes donc vraiment pas inquiet...
R - Aujourd'hui, les politiques étrangères sont encore l'expression des nations, alors que les relations commerciales sont mondialisées. Elles restent étanches les unes par rapport aux autres. En matière économique, il y a bien des inquiétudes, mais elles tiennent à d'autres facteurs. La faiblesse des investissements dans notre pays est bien plus inquiétante que les relations commerciales entre la France et les Etats-Unis. La France et les Etats-Unis restent des alliés, même si ami et allié ne veut pas dire aligné.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr le 18 avril 2003)