Interveiw de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, à "Centre Presse" du 7 juillet 2003, sur l'échec du référendum sur l'organisation des institutions en Corse.

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Circonstance : Consultation des électeurs de Corse sur la modification du statut particulier de la collectivité territoriale, le 6 juillet 2003

Média : Centre Presse

Texte intégral

Quel bilan tirez-vous du référendum de la Corse ?
La déception du résultat mais la satisfaction de la procédure. Le référendum corse a recueilli le meilleur taux de participation depuis 40 ans dans l'île, presque trois fois plus que le vote pour le quinquennat. Le suffrage populaire sur l'organisation territoriale est un sujet qui intéresse donc les électeurs. La décentralisation, c'est d'abord pour moi la démocratie locale. J'aurais préféré évidemment un vote positif. Je regrette le non mais je respecte le vote des Corses. Consulter c'est écouter, c'est aussi accepter.
Est-ce que cela change les relations entre la Corse et la République ?
Non, et dès aujourd'hui, j'ai téléphoné aux élus corses (partisans du oui et du non) pour dire que le gouvernement n'avait ni humeur ni rancoeur. Les Corses ont choisi le statu quo institutionnel, c'est donc dans ce cadre que nous travaillerons ensemble pour l'avenir. La République en Corse comme ailleurs assumera toutes ses missions.
Est-ce un coup porté à la décentralisation ?
Non, je pense toujours que la République retrouve de la force quand elle se rapproche de l'électeur. En Corse, le débat sur la décentralisation est très spécifique parce qu'il pose toujours la question de l'indépendance, ce qui n'est pas le cas dans les autres régions. Je reste convaincu que nous règlerons davantage les problèmes de la France par la démocratie locale et le dialogue social plutôt que par la centralisation jacobine.
C'est pourquoi je pense qu'il faut multiplier l'expression des citoyens sur les sujets qui les concernent. D'ici un an, j'espère plusieurs référendums régionaux. Il y a déjà des pistes (NDLR : trois à cinq), il va y avoir plusieurs demandes. La décentralisation rapproche la décision du citoyen, elle est renforcée par l'expression populaire. Cela implique bien sûr que l'on respecte les souhaits des citoyens. Lamartine écrivait déjà dans l'Histoire des Girondins : "Les grandes pensées viennent du peuple". Pour une République vivante, la décentralisation doit continuer.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 8 juillet 2003)