Texte intégral
Le 01/06/2003
IL EST POSSIBLE DE FAIRE RECULER CHIRAC, RAFFARIN ET AUTRES
Malgré le ton adopté par Raffarin et ses ministres pour proclamer qu'ils ne reviendront pas en arrière dans leurs attaques contre les retraites, et qu'ils ne céderont pas aux revendications des enseignants, le gouvernement ne se sent pas si sûr de lui que cela. A preuve le report du projet de loi sur la "décentralisation" des universités. A preuve aussi les offres de discussion avec les syndicats d'enseignants du primaire et du secondaire sur la régionalisation des services annexes de l'éducation nationale.
Mais si les revendications des enseignants, qui ne veulent pas voir se dégrader l'éducation nationale, sont parfaitement justifiées, pour le moment, les esquisses de recul du gouvernement ne concernent pas la principale menace qui pèse sur tous les travailleurs du privé et du public (enseignants compris), et qui est constituée par les attaques du gouvernement sur les retraites.
Raffarin prétend que son projet est le seul moyen de sauver le système des retraites qui serait autrement voué à la faillite... dans trente ou quarante ans. Le fait de prétendre être capable de faire des prévisions à aussi long terme, alors que le gouvernement en est réduit à changer tous les trois mois ses prévisions de croissance, est tout simplement ridicule. Même en admettant qu'elles soient justes et qu'il faille augmenter le montant des rentrées dans les caisses de retraite, pourquoi faudrait-il que ce soient les travailleurs qui fassent les frais de l'opération, en cotisant plus longtemps, pour toucher une pension plus faible ? Pourquoi ne pas augmenter les cotisations patronales ? Cela, ni Chirac-Raffarin, ni d'ailleurs les dirigeants socialistes, ne l'envisagent un seul instant.
Rocard, qui fut premier ministre socialiste sous Mitterrand, vient d'ailleurs de se déclarer solidaire de Raffarin. Et pour cause : c'est lui qui avait préparé les premières attaques contre les retraites, qui furent mises en oeuvre par Balladur, et jamais remises en cause par Jospin. C'est que tous ces politiciens sont au service de la grande bourgeoisie. Leur monde, c'est celui des profits engrangés sur le dos de travailleurs mal payés, jetés à la rue quand ils ne rapportent plus assez de bénéfices, des énormes "commissions", c'est à dire des pots-de-vin, versés en échange de quelques menus services, qu'un procès, comme celui d'Elf, fait parfois émerger au grand jour. Et c'est pour permettre à tout ce beau monde de s'enrichir davantage que ces gens-là s'en prennent aux retraites, déjà misérables pour beaucoup, des travailleurs.
Eh bien, puisque le gouvernement est visiblement embarrassé par la montée du mécontentement qui s'exprime à travers les manifestations et les grèves, c'est justement le moment de continuer. Il faut faire en sorte que la journée du 3 juin soit une réussite, et qu'au delà du 3, la puissance des travailleurs continue à s'exprimer.
Le gouvernement cherche à diviser les travailleurs. Il a essayé d'opposer les salariés du privé et ceux du secteur public. Il fait mine de s'étonner que les cheminots, qui ne sont pas (encore) touchés par ses plans soient dans la lutte. Mais le succès des manifestations précédentes prouve que les travailleurs sont de plus en plus nombreux à comprendre qu'ils sont tous visés par les attaques du gouvernement, et que c'est tous ensemble qu'ils le feront reculer.
Les directions syndicales, qui appellent à cette journée, ne se proposent pas d'obliger le gouvernement à ravaler ses projets. Elles demandent seulement à les discuter. Elles se contenteraient sans doute d'obtenir quelques aménagements de ceux-ci autour du tapis vert.
Alors, puisqu'elles donnent aux travailleurs l'occasion de faire entendre leur volonté, nous devons mettre cette occasion à profit, donner la plus grande ampleur possible aux grèves et aux manifestations, qui seront organisées ce jour-là.
Le 3 juin, tous en lutte !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 2 juin 2003)
6 juin 2003
Obligeons Chirac et Raffarin à remballer leurs projets, sinon nous le paierons cher à l'avenir
La journée du 3 juin a encore été un succès, dont ont témoigné dans toutes les villes le nombre des manifestants, mais aussi leur détermination et le grand nombre des secteurs représentés. Les personnels de l'Éducation nationale formaient toujours le gros des cortèges, mais ils étaient rejoints par des travailleurs de nombre d'autres entreprises, du secteur public mais aussi du secteur privé.
Le gouvernement Chirac-Raffarin et ses ministres, aidés par la presse, tentent de minimiser la mobilisation et d'adopter un ton d'inflexibilité pour proclamer qu'ils ne céderont pas aux revendications des enseignants et qu'ils ne reviendront pas en arrière sur les retraites.
Mais le gouvernement ne se sent pas tellement sûr que cela. Pour preuve le report du projet de loi sur "l'autonomie" des universités. Pour preuve aussi les offres de discussion avec les syndicats d'enseignants du primaire et du secondaire sur la décentralisation des services annexes de l'Éducation nationale, une décentralisation dont le gouvernement dit alternativement qu'il n'est pas question de la remettre en cause ou bien, au contraire, que "tout est négociable"...
Mais pour le moment, les esquisses de recul du gouvernement ne concernent pas la principale menace qui pèse sur tous les travailleurs du privé et du public, Éducation nationale comprise, représentée par les attaques sur les retraites.
Raffarin prétend que son projet est le seul moyen de sauver le système des retraites qui serait autrement voué à la faillite... dans trente ou quarante ans. Le fait de prétendre être capable de faire des prévisions à aussi long terme, alors que le gouvernement en est réduit à changer tous les trois mois ses prévisions de croissance, est tout simplement ridicule. Et puis, en admettant qu'elles soient justes et qu'il faille augmenter le montant des rentrées dans les caisses de retraite, pourquoi faudrait-il que ce soit les travailleurs qui fassent les frais de l'opération, en cotisant plus longtemps, pour toucher une pension plus faible? Pourquoi ne pas augmenter les cotisations patronales? Cela, ni Chirac-Raffarin ni d'ailleurs les dirigeants socialistes ne l'envisagent un seul instant.
Rocard, qui fut Premier ministre socialiste sous Mitterrand, vient de se déclarer solidaire de Raffarin. Et pour cause: c'est lui qui avait préparé les premières attaques contre les retraites, qui furent mises en oeuvre par Balladur, et pas remises en cause par Jospin lorsqu'il était au pouvoir. Et il a été rejoint par d'autres responsables socialistes comme Charasse et Delors. Ils estiment et disent qu'il vaut mieux que les projets contre les retraites passent maintenant, sans quoi ce serait plus tard, peut-être, parce qu'un éventuel gouvernement socialiste aurait à les faire passer.
C'est que tous ces politiciens sont au service de la grande bourgeoisie. Leur monde, c'est celui des profits extorqués aux travailleurs mal payés, jetés à la rue quand ils ne rapportent plus assez de bénéfices, des énormes "commissions", c'est-à-dire des pots-de-vin versés en échange de quelques menus services et qu'un procès comme celui d'Elf fait parfois émerger. Et c'est pour permettre à tout ce beau monde de s'enrichir davantage que ces gens-là s'en prennent aux retraites des travailleurs, déjà misérables pour beaucoup.
La seule chose qui peut embarrasser ce gouvernement, qui apparaissait si sûr de lui pour s'attaquer aux travailleurs de tous les secteurs, c'est bien cette montée du mécontentement qui s'exprime à travers les manifestations et les grèves. C'est pourquoi il faut que la puissance des travailleurs continue à s'exprimer.
Le gouvernement cherche à diviser. Il a essayé d'opposer les salariés du privé et ceux du secteur public. Il fait mine de s'étonner que les cheminots, qui ne sont pas (encore) touchés par ses plans soient dans la lutte. Mais le succès des manifestations prouve que les travailleurs sont de plus en plus nombreux à comprendre qu'ils sont tous visés par les attaques du gouvernement, et que c'est tous ensemble qu'ils le feront reculer.
Les directions syndicales, qui appellent aux journées de manifestations, et maintenant à poursuivre le mouvement et à une nouvelle journée le 10 juin, entraînent à la lutte. Mais elles ne proposent pas clairement d'obliger le gouvernement à ravaler tous ses projets. Elles demandent surtout à les discuter, ce qui laisse place à l'arrêt des luttes moyennant quelques aménagements autour du tapis vert du projet gouvernemental.
Mais pour les travailleurs, pour tous les travailleurs, c'est de leur vie qu'il s'agit. C'est à tous que l'on veut imposer les quarante ans de cotisation, et explicitement quarante-et-un, puis quarante-deux ans d'ici peu. On veut leur imposer en fait de reculer l'âge de la retraite, alors que le patronat se débarrasse tous les jours des travailleurs les plus âgés, ce qui fait que lors de leurs dernières années avant la retraite, ils ne cotiseront que sur des indemnités de chômage ou sur le Smic.
Chirac, Raffarin, Fillon osent dire qu'ils parlent au nom des électeurs. Ils prétendent parler au nom des 82% qui ont voté Chirac à la présidentielle grâce à l'intox à laquelle la gauche a participé. Mais aux législatives, ils n'ont eu qu'un peu plus de la moitié des voix. Ils n'ont aucune légitimité à parler et agir au nom de tous.
Alors, il faut que les travailleurs continuent à se faire entendre, que les grèves et les manifestations continuent et s'élargissent. C'est la force des travailleurs en lutte qui peut faire reculer Chirac, Raffarin, Fillon et autres et les contraindre à remiser leurs projets.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 11 juin 2003)
10/06/2003
TOUS ENSEMBLE, TOUS ENSEMBLE, NOUS FERONS RECULER CHIRAC ET RAFFARIN
Malgré de vagues déclarations pour dire que le gouvernement est ouvert à des discussions avec les syndicats, le tandem Chirac-Raffarin n'est pas revenu sur ses projets, tant en ce qui concerne les retraites (il s'agit de faire cotiser les travailleurs plus et plus longtemps pour leur verser des pensions moins élevées), la Sécurité sociale (qui remboursera de moins en moins les assurés), que la régionalisation des services annexes de l'Éducation nationale (qui fera passer, dans chaque région, l'intérêt des firmes privées avant ceux d'un enseignement de qualité). Ce sont là autant d'attaques contre le monde du travail, destinées à diminuer encore la part des richesses revenant aux salariés, au profit des possesseurs de capitaux.
Le gouvernement n'a d'ailleurs pas l'intention de s'arrêter là. Un projet de loi visant à transformer EDF et GDF en sociétés privées vient d'être déposé, et ce sera évidemment, s'il est adopté, un nouveau cadeau offert aux possesseurs de capitaux, au détriment non seulement des salariés d'EGF, mais aussi des usagers.
Ce gouvernement et ses supporters sont des menteurs. Pendant toute la journée du 10 juin, les médias, pour tenter, en ce jour de manifestations, de donner un visage "social" à la politique de Raffarin, n'ont cessé d'annoncer que le Smic allait être augmenté de 5 % à partir de juillet. En oubliant cependant de préciser que cette mesure ne toucherait qu'un quart des smicards, ceux qui touchent le Smic le plus faible (celui qui est amputé de quatre heures).
Mais la journée du 10 juin a montré une nouvelle fois qu'une fraction importante du monde du travail est décidée à faire reculer Chirac, Raffarin, et leurs ministres. Et c'est possible : un certain Juppé se prétendait lui aussi "droit dans ses bottes", avant d'être obligé, devant la vague de grèves de l'automne 1995, de retirer son projet visant à repousser l'âge de la retraite pour les cheminots.
Il faut faire subir le même sort aux projets de Raffarin.
C'est toute la classe ouvrière qui est concernée. Le gouvernement, la presse écrite, parlée et télévisée à son service, ont tenté d'opposer secteur public et secteur privé. En vain car, dans les manifestations, travailleurs du privé et du public se retrouvent au coude à coude pour crier leur refus de ces projets iniques.
Le gouvernement et la même presse font mine de s'étonner de voir les travailleurs de la SNCF et des transports urbains au premier rang dans la lutte, alors qu'ils ne seraient pas concernés par ce projet, nous disent-ils. Mais outre qu'il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que leur tour viendra après si Raffarin réussit son sale coup, la solidarité du monde du travail, cela existe, et les cheminots ont des membres de leur famille, conjoint ou enfant, qui travaillent dans le privé.
Oh, le gouvernement connaît le mot solidarité. Mais il ne l'emploie que pour parler de solidarité nationale, que pour dire aux travailleurs qu'ils doivent accepter des sacrifices... pour permettre aux capitalistes de faire encore plus de profits. Eh bien, c'est une autre solidarité, fondée, elle, sur des intérêts communs, qui unit tous les travailleurs qui se sont mobilisés depuis des semaines contre les projets de Raffarin.
Alors, il faut faire en sorte que les grèves se multiplient, s'unissent pour se généraliser.
Le mouvement doit encore s'élargir. Car, alors, ce n'est pas seulement le gouvernement qui se sentira visé, c'est la classe capitaliste toute entière qui lui demandera de renoncer à ses projets par peur de voir la situation sociale aller vers un nouveau juin 1936 ou un nouveau mai 1968.
Pour le patronat aussi, la peur est le commencement de la sagesse !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 16 juin 2003)
16 juin 2003
RENDEZ-VOUS LE JEUDI 19, LA LUTTE CONTINUE !
Malgré l'intense propagande gouvernementale, le mouvement de protestation contre les mesures anti-ouvrières du gouvernement Chirac-Raffarin continue. Le chantage aux examens n'empêche pas des enseignants de rester en grève et de manifester. Les salariés du secteur bancaire rejoignent ceux de l'Education nationale le mardi 17 pour protester aussi contre les fermetures d'agences de la Banque de France et les suppressions d'emplois. Les transports publics restent en grève dans beaucoup d'endroits. Jeudi 19, les syndicats appellent à une nouvelle journée de grèves et de manifestations.
Les sondages montrent qu'une majorité continue à se déclarer contre le projet de loi Raffarin-Fillon. C'est dire que, si la droite a eu les moyens financiers de mobiliser quelques milliers de manifestants, aux comptes d'épargne bien garnis, contre les grévistes, dimanche, le mouvement de protestation bénéficie toujours de la sympathie de la majorité de la population, ce qui signifie l'écrasante majorité des salariés.
Bien sûr, ce qui a le plus inquiété le gouvernement pendant les premières semaines du mouvement a été sa tendance à l'élargis-sement et la menace qu'il entraîne aussi le secteur privé, et en particulier les grandes entreprises. Cela ne s'est pas produit mais le simple prolongement du mouvement, avec la sympathie de la majorité des salariés, est un formidable désaveu pour le gouvernement et une source d'inquiétude. Tant que la braise reste vivace, le feu peut reprendre et faire ressurgir les flammes !
C'est la démonstration aussi que ce gouvernement gouverne contre les aspirations et les intérêts de la majorité laborieuse de la population. Ceux qui, parmi les salariés, considèrent que la lutte n'est pas terminée et qui continuent, ont raison. Leur ténacité montre que les actions des semaines écoulées ne sont pas un feu de paille et qu'après plusieurs années où la classe ouvrière a reçu coup sur coup, elle commence à relever la tête et que le gouvernement devra compter avec elle.
Le principal résultat du mouvement est là. Et c'est d'autant plus important pour l'avenir que le gouvernement n'a nullement l'intention d'arrêter les offensives anti-ouvrières. Chirac vient d'ailleurs d'annoncer ouvertement la couleur en parlant de la "modernisation" du système de santé. On sait que, lorsque le gouvernement parle de "réforme" ou de "modernisation", c'est toujours l'annonce d'attaques contre les travailleurs. Sous prétexte de déficit de la Sécurité sociale, le gouvernement et le patronat cherchent à imposer des coupes claires dans les dépenses de santé et dans les remboursements de la Sécurité sociale.
On veut tout à la fois imposer aux salariés de travailler plus, plus longtemps pour des pensions de retraite plus faibles et de se soigner de moins en moins et de plus en plus mal. Le gouvernement est décidé à imposer le retour en arrière car telle est la volonté du grand patronat pour qui les retraites, les remboursements de soins et de médicaments pour les classes populaires, ou encore l'argent consacré aux services publics utiles à la population, sont autant de faux frais à supprimer pour augmenter encore et toujours la part du patronat dans le revenu national.
Il n'y a évidemment rien à espérer des débats parlementaires et des batailles d'amendements. Le gouvernement dispose au Parlement d'une majorité servile, prête à voter tout, y compris le pire. Seules les grèves peuvent l'obliger à retirer les projets anti-ouvriers en discussion.
Alors, face au gouvernement qui mise sur la fin du mouvement, il faut montrer le jeudi 19 juin que ce n'est pas fini et que ceux qui restent en grève bénéficient d'un large soutien. Ce à quoi le gouvernement a eu à faire jusqu'ici n'est qu'un avertissement. S'il continue son offensive anti-ouvrière, il finira par convaincre tous les travailleurs que seule la riposte générale du monde du travail peut bloquer le bras qui le frappe. Les travailleurs n'acceptent plus d'être étranglés simplement pour augmenter la richesse et les privilèges d'une mince couche de grands patrons et d'actionnaires !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 19 juin 2003)
23/06/2003
LES ATTAQUES NE S'ARRETERONT QUE SI LES TRAVAILLEURS LES ARRETENT
L'Assemblée poursuit dans une morne indifférence le débat sur la loi Raffarin-Fillon sur les retraites. Tout le monde sait que c'est le mouvement social, les grèves, les manifestations qui avaient une chance de faire reculer le gouvernement, et sûrement pas le Parlement. Les gesticulations des députés du Parti socialiste, du Parti communiste et des Verts, leurs amendements, ne servent à rien tellement la majorité de droite est à la botte du gouvernement et tant est grande sa haine des travailleurs.
Mais, au-delà de la position minoritaire des députés de l'ex-gauche plurielle au Parlement, qui peut oublier leur responsabilité dans l'élection triomphale de Chirac ? Après avoir mené pendant cinq ans une politique anti-ouvrière qui a foulé aux pieds toutes les aspirations et tous les espoirs du monde du travail, dégageant ainsi le terrain pour le retour de la droite et de l'extrême droite, ces partis ont parachevé leur oeuvre de démoralisation en appelant à voter pour Chirac. Le gouvernement se sent aujourd'hui d'autant plus les mains libres pour attaquer sans fard les travailleurs qu'il peut se revendiquer de l'investiture de Chirac par les chefs du PS et du PC.
Quelle que soit la mascarade parlementaire, la loi sera votée. Une loi injuste qui oblige à travailler plus longtemps ceux qui le peuvent, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas été transformés en chômeurs avant l'accomplissement de 40, puis de 42 annuités. Et ceux qui n'auront pas accompli ces annuités auront leur retraite, insuffisante même à taux plein, fortement amputée.
Mais ce qu'un Parlement à la botte du gouvernement et un gouvernement à la botte du patronat peuvent faire, les grèves et les manifestations peuvent le défaire. Le gouvernement considère qu'il a gagné une manche. Mais il sait aussi que la rentrée en septembre peut être chaude et que rien ne lui garantit que cette fois-ci le mouvement ne s'étende pas à l'ensemble du service public et que le gros de ceux des entreprises privées ne vienne pas s'y joindre.
De toute façon, seule cette perspective ouvre une issue aux travailleurs. Pas seulement sur la question des retraites, mais aussi sur celle de la Sécurité sociale. Le gouvernement a déjà annoncé qu'après s'en être pris aux retraités, il va s'en prendre à la Sécurité sociale. Sous prétexte que celle-ci est en déficit - ce qui ne serait absolument pas le cas si on n'accordait pas toutes sortes de cadeaux aux patrons avec l'argent de la Sécurité sociale ! -, le gouvernement se prépare soit à augmenter les cotisations des travailleurs, soit à diminuer les remboursements, et probablement les deux à fois.
Non seulement on prive les travailleurs âgés du droit à un repos bien mérité après une vie de travail, mais on réduit leurs possibilités de se soigner convenablement.
Les attaques du gouvernement contre les travailleurs s'ajoutent aux attaques incessantes du patronat qui licencie à tout va. Le chômage s'envole. Les fermetures d'entreprises transforment des villes entières en déserts industriels. Pour faire monter le cours de leurs actions en Bourse, de grands groupes n'hésitent pas à pousser des centaines de familles ouvrières vers la misère. Les travailleurs ne les laisseront pas faire éternellement.
Les semaines qui viennent de se dérouler ont montré qu'après avoir encaissé une succession de coups de la part des gouvernements qui se sont succédé, les travailleurs ont su redresser la tête. Ils n'ont pas accepté sans réagir que le gouvernement démolisse leurs conditions d'existence avec pour unique raison de pouvoir consacrer plus en plus d'argent au patronat et à la classe riche.
Et que ne se réjouissent pas trop tôt ce que ce pays compte de réactionnaires ouverts ou déguisés et de parasites vivant de l'exploitation des autres car la mobilisation n'aura peut-être été que le signe avant-coureur d'un mouvement plus vaste, une sorte d'avertissement au patronat et au gouvernement. C'est en tout cas dans ce sens-là que doivent agir tous ceux qui sont dans le camp des travailleurs.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 25 juin 2003)
IL EST POSSIBLE DE FAIRE RECULER CHIRAC, RAFFARIN ET AUTRES
Malgré le ton adopté par Raffarin et ses ministres pour proclamer qu'ils ne reviendront pas en arrière dans leurs attaques contre les retraites, et qu'ils ne céderont pas aux revendications des enseignants, le gouvernement ne se sent pas si sûr de lui que cela. A preuve le report du projet de loi sur la "décentralisation" des universités. A preuve aussi les offres de discussion avec les syndicats d'enseignants du primaire et du secondaire sur la régionalisation des services annexes de l'éducation nationale.
Mais si les revendications des enseignants, qui ne veulent pas voir se dégrader l'éducation nationale, sont parfaitement justifiées, pour le moment, les esquisses de recul du gouvernement ne concernent pas la principale menace qui pèse sur tous les travailleurs du privé et du public (enseignants compris), et qui est constituée par les attaques du gouvernement sur les retraites.
Raffarin prétend que son projet est le seul moyen de sauver le système des retraites qui serait autrement voué à la faillite... dans trente ou quarante ans. Le fait de prétendre être capable de faire des prévisions à aussi long terme, alors que le gouvernement en est réduit à changer tous les trois mois ses prévisions de croissance, est tout simplement ridicule. Même en admettant qu'elles soient justes et qu'il faille augmenter le montant des rentrées dans les caisses de retraite, pourquoi faudrait-il que ce soient les travailleurs qui fassent les frais de l'opération, en cotisant plus longtemps, pour toucher une pension plus faible ? Pourquoi ne pas augmenter les cotisations patronales ? Cela, ni Chirac-Raffarin, ni d'ailleurs les dirigeants socialistes, ne l'envisagent un seul instant.
Rocard, qui fut premier ministre socialiste sous Mitterrand, vient d'ailleurs de se déclarer solidaire de Raffarin. Et pour cause : c'est lui qui avait préparé les premières attaques contre les retraites, qui furent mises en oeuvre par Balladur, et jamais remises en cause par Jospin. C'est que tous ces politiciens sont au service de la grande bourgeoisie. Leur monde, c'est celui des profits engrangés sur le dos de travailleurs mal payés, jetés à la rue quand ils ne rapportent plus assez de bénéfices, des énormes "commissions", c'est à dire des pots-de-vin, versés en échange de quelques menus services, qu'un procès, comme celui d'Elf, fait parfois émerger au grand jour. Et c'est pour permettre à tout ce beau monde de s'enrichir davantage que ces gens-là s'en prennent aux retraites, déjà misérables pour beaucoup, des travailleurs.
Eh bien, puisque le gouvernement est visiblement embarrassé par la montée du mécontentement qui s'exprime à travers les manifestations et les grèves, c'est justement le moment de continuer. Il faut faire en sorte que la journée du 3 juin soit une réussite, et qu'au delà du 3, la puissance des travailleurs continue à s'exprimer.
Le gouvernement cherche à diviser les travailleurs. Il a essayé d'opposer les salariés du privé et ceux du secteur public. Il fait mine de s'étonner que les cheminots, qui ne sont pas (encore) touchés par ses plans soient dans la lutte. Mais le succès des manifestations précédentes prouve que les travailleurs sont de plus en plus nombreux à comprendre qu'ils sont tous visés par les attaques du gouvernement, et que c'est tous ensemble qu'ils le feront reculer.
Les directions syndicales, qui appellent à cette journée, ne se proposent pas d'obliger le gouvernement à ravaler ses projets. Elles demandent seulement à les discuter. Elles se contenteraient sans doute d'obtenir quelques aménagements de ceux-ci autour du tapis vert.
Alors, puisqu'elles donnent aux travailleurs l'occasion de faire entendre leur volonté, nous devons mettre cette occasion à profit, donner la plus grande ampleur possible aux grèves et aux manifestations, qui seront organisées ce jour-là.
Le 3 juin, tous en lutte !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 2 juin 2003)
6 juin 2003
Obligeons Chirac et Raffarin à remballer leurs projets, sinon nous le paierons cher à l'avenir
La journée du 3 juin a encore été un succès, dont ont témoigné dans toutes les villes le nombre des manifestants, mais aussi leur détermination et le grand nombre des secteurs représentés. Les personnels de l'Éducation nationale formaient toujours le gros des cortèges, mais ils étaient rejoints par des travailleurs de nombre d'autres entreprises, du secteur public mais aussi du secteur privé.
Le gouvernement Chirac-Raffarin et ses ministres, aidés par la presse, tentent de minimiser la mobilisation et d'adopter un ton d'inflexibilité pour proclamer qu'ils ne céderont pas aux revendications des enseignants et qu'ils ne reviendront pas en arrière sur les retraites.
Mais le gouvernement ne se sent pas tellement sûr que cela. Pour preuve le report du projet de loi sur "l'autonomie" des universités. Pour preuve aussi les offres de discussion avec les syndicats d'enseignants du primaire et du secondaire sur la décentralisation des services annexes de l'Éducation nationale, une décentralisation dont le gouvernement dit alternativement qu'il n'est pas question de la remettre en cause ou bien, au contraire, que "tout est négociable"...
Mais pour le moment, les esquisses de recul du gouvernement ne concernent pas la principale menace qui pèse sur tous les travailleurs du privé et du public, Éducation nationale comprise, représentée par les attaques sur les retraites.
Raffarin prétend que son projet est le seul moyen de sauver le système des retraites qui serait autrement voué à la faillite... dans trente ou quarante ans. Le fait de prétendre être capable de faire des prévisions à aussi long terme, alors que le gouvernement en est réduit à changer tous les trois mois ses prévisions de croissance, est tout simplement ridicule. Et puis, en admettant qu'elles soient justes et qu'il faille augmenter le montant des rentrées dans les caisses de retraite, pourquoi faudrait-il que ce soit les travailleurs qui fassent les frais de l'opération, en cotisant plus longtemps, pour toucher une pension plus faible? Pourquoi ne pas augmenter les cotisations patronales? Cela, ni Chirac-Raffarin ni d'ailleurs les dirigeants socialistes ne l'envisagent un seul instant.
Rocard, qui fut Premier ministre socialiste sous Mitterrand, vient de se déclarer solidaire de Raffarin. Et pour cause: c'est lui qui avait préparé les premières attaques contre les retraites, qui furent mises en oeuvre par Balladur, et pas remises en cause par Jospin lorsqu'il était au pouvoir. Et il a été rejoint par d'autres responsables socialistes comme Charasse et Delors. Ils estiment et disent qu'il vaut mieux que les projets contre les retraites passent maintenant, sans quoi ce serait plus tard, peut-être, parce qu'un éventuel gouvernement socialiste aurait à les faire passer.
C'est que tous ces politiciens sont au service de la grande bourgeoisie. Leur monde, c'est celui des profits extorqués aux travailleurs mal payés, jetés à la rue quand ils ne rapportent plus assez de bénéfices, des énormes "commissions", c'est-à-dire des pots-de-vin versés en échange de quelques menus services et qu'un procès comme celui d'Elf fait parfois émerger. Et c'est pour permettre à tout ce beau monde de s'enrichir davantage que ces gens-là s'en prennent aux retraites des travailleurs, déjà misérables pour beaucoup.
La seule chose qui peut embarrasser ce gouvernement, qui apparaissait si sûr de lui pour s'attaquer aux travailleurs de tous les secteurs, c'est bien cette montée du mécontentement qui s'exprime à travers les manifestations et les grèves. C'est pourquoi il faut que la puissance des travailleurs continue à s'exprimer.
Le gouvernement cherche à diviser. Il a essayé d'opposer les salariés du privé et ceux du secteur public. Il fait mine de s'étonner que les cheminots, qui ne sont pas (encore) touchés par ses plans soient dans la lutte. Mais le succès des manifestations prouve que les travailleurs sont de plus en plus nombreux à comprendre qu'ils sont tous visés par les attaques du gouvernement, et que c'est tous ensemble qu'ils le feront reculer.
Les directions syndicales, qui appellent aux journées de manifestations, et maintenant à poursuivre le mouvement et à une nouvelle journée le 10 juin, entraînent à la lutte. Mais elles ne proposent pas clairement d'obliger le gouvernement à ravaler tous ses projets. Elles demandent surtout à les discuter, ce qui laisse place à l'arrêt des luttes moyennant quelques aménagements autour du tapis vert du projet gouvernemental.
Mais pour les travailleurs, pour tous les travailleurs, c'est de leur vie qu'il s'agit. C'est à tous que l'on veut imposer les quarante ans de cotisation, et explicitement quarante-et-un, puis quarante-deux ans d'ici peu. On veut leur imposer en fait de reculer l'âge de la retraite, alors que le patronat se débarrasse tous les jours des travailleurs les plus âgés, ce qui fait que lors de leurs dernières années avant la retraite, ils ne cotiseront que sur des indemnités de chômage ou sur le Smic.
Chirac, Raffarin, Fillon osent dire qu'ils parlent au nom des électeurs. Ils prétendent parler au nom des 82% qui ont voté Chirac à la présidentielle grâce à l'intox à laquelle la gauche a participé. Mais aux législatives, ils n'ont eu qu'un peu plus de la moitié des voix. Ils n'ont aucune légitimité à parler et agir au nom de tous.
Alors, il faut que les travailleurs continuent à se faire entendre, que les grèves et les manifestations continuent et s'élargissent. C'est la force des travailleurs en lutte qui peut faire reculer Chirac, Raffarin, Fillon et autres et les contraindre à remiser leurs projets.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 11 juin 2003)
10/06/2003
TOUS ENSEMBLE, TOUS ENSEMBLE, NOUS FERONS RECULER CHIRAC ET RAFFARIN
Malgré de vagues déclarations pour dire que le gouvernement est ouvert à des discussions avec les syndicats, le tandem Chirac-Raffarin n'est pas revenu sur ses projets, tant en ce qui concerne les retraites (il s'agit de faire cotiser les travailleurs plus et plus longtemps pour leur verser des pensions moins élevées), la Sécurité sociale (qui remboursera de moins en moins les assurés), que la régionalisation des services annexes de l'Éducation nationale (qui fera passer, dans chaque région, l'intérêt des firmes privées avant ceux d'un enseignement de qualité). Ce sont là autant d'attaques contre le monde du travail, destinées à diminuer encore la part des richesses revenant aux salariés, au profit des possesseurs de capitaux.
Le gouvernement n'a d'ailleurs pas l'intention de s'arrêter là. Un projet de loi visant à transformer EDF et GDF en sociétés privées vient d'être déposé, et ce sera évidemment, s'il est adopté, un nouveau cadeau offert aux possesseurs de capitaux, au détriment non seulement des salariés d'EGF, mais aussi des usagers.
Ce gouvernement et ses supporters sont des menteurs. Pendant toute la journée du 10 juin, les médias, pour tenter, en ce jour de manifestations, de donner un visage "social" à la politique de Raffarin, n'ont cessé d'annoncer que le Smic allait être augmenté de 5 % à partir de juillet. En oubliant cependant de préciser que cette mesure ne toucherait qu'un quart des smicards, ceux qui touchent le Smic le plus faible (celui qui est amputé de quatre heures).
Mais la journée du 10 juin a montré une nouvelle fois qu'une fraction importante du monde du travail est décidée à faire reculer Chirac, Raffarin, et leurs ministres. Et c'est possible : un certain Juppé se prétendait lui aussi "droit dans ses bottes", avant d'être obligé, devant la vague de grèves de l'automne 1995, de retirer son projet visant à repousser l'âge de la retraite pour les cheminots.
Il faut faire subir le même sort aux projets de Raffarin.
C'est toute la classe ouvrière qui est concernée. Le gouvernement, la presse écrite, parlée et télévisée à son service, ont tenté d'opposer secteur public et secteur privé. En vain car, dans les manifestations, travailleurs du privé et du public se retrouvent au coude à coude pour crier leur refus de ces projets iniques.
Le gouvernement et la même presse font mine de s'étonner de voir les travailleurs de la SNCF et des transports urbains au premier rang dans la lutte, alors qu'ils ne seraient pas concernés par ce projet, nous disent-ils. Mais outre qu'il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que leur tour viendra après si Raffarin réussit son sale coup, la solidarité du monde du travail, cela existe, et les cheminots ont des membres de leur famille, conjoint ou enfant, qui travaillent dans le privé.
Oh, le gouvernement connaît le mot solidarité. Mais il ne l'emploie que pour parler de solidarité nationale, que pour dire aux travailleurs qu'ils doivent accepter des sacrifices... pour permettre aux capitalistes de faire encore plus de profits. Eh bien, c'est une autre solidarité, fondée, elle, sur des intérêts communs, qui unit tous les travailleurs qui se sont mobilisés depuis des semaines contre les projets de Raffarin.
Alors, il faut faire en sorte que les grèves se multiplient, s'unissent pour se généraliser.
Le mouvement doit encore s'élargir. Car, alors, ce n'est pas seulement le gouvernement qui se sentira visé, c'est la classe capitaliste toute entière qui lui demandera de renoncer à ses projets par peur de voir la situation sociale aller vers un nouveau juin 1936 ou un nouveau mai 1968.
Pour le patronat aussi, la peur est le commencement de la sagesse !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 16 juin 2003)
16 juin 2003
RENDEZ-VOUS LE JEUDI 19, LA LUTTE CONTINUE !
Malgré l'intense propagande gouvernementale, le mouvement de protestation contre les mesures anti-ouvrières du gouvernement Chirac-Raffarin continue. Le chantage aux examens n'empêche pas des enseignants de rester en grève et de manifester. Les salariés du secteur bancaire rejoignent ceux de l'Education nationale le mardi 17 pour protester aussi contre les fermetures d'agences de la Banque de France et les suppressions d'emplois. Les transports publics restent en grève dans beaucoup d'endroits. Jeudi 19, les syndicats appellent à une nouvelle journée de grèves et de manifestations.
Les sondages montrent qu'une majorité continue à se déclarer contre le projet de loi Raffarin-Fillon. C'est dire que, si la droite a eu les moyens financiers de mobiliser quelques milliers de manifestants, aux comptes d'épargne bien garnis, contre les grévistes, dimanche, le mouvement de protestation bénéficie toujours de la sympathie de la majorité de la population, ce qui signifie l'écrasante majorité des salariés.
Bien sûr, ce qui a le plus inquiété le gouvernement pendant les premières semaines du mouvement a été sa tendance à l'élargis-sement et la menace qu'il entraîne aussi le secteur privé, et en particulier les grandes entreprises. Cela ne s'est pas produit mais le simple prolongement du mouvement, avec la sympathie de la majorité des salariés, est un formidable désaveu pour le gouvernement et une source d'inquiétude. Tant que la braise reste vivace, le feu peut reprendre et faire ressurgir les flammes !
C'est la démonstration aussi que ce gouvernement gouverne contre les aspirations et les intérêts de la majorité laborieuse de la population. Ceux qui, parmi les salariés, considèrent que la lutte n'est pas terminée et qui continuent, ont raison. Leur ténacité montre que les actions des semaines écoulées ne sont pas un feu de paille et qu'après plusieurs années où la classe ouvrière a reçu coup sur coup, elle commence à relever la tête et que le gouvernement devra compter avec elle.
Le principal résultat du mouvement est là. Et c'est d'autant plus important pour l'avenir que le gouvernement n'a nullement l'intention d'arrêter les offensives anti-ouvrières. Chirac vient d'ailleurs d'annoncer ouvertement la couleur en parlant de la "modernisation" du système de santé. On sait que, lorsque le gouvernement parle de "réforme" ou de "modernisation", c'est toujours l'annonce d'attaques contre les travailleurs. Sous prétexte de déficit de la Sécurité sociale, le gouvernement et le patronat cherchent à imposer des coupes claires dans les dépenses de santé et dans les remboursements de la Sécurité sociale.
On veut tout à la fois imposer aux salariés de travailler plus, plus longtemps pour des pensions de retraite plus faibles et de se soigner de moins en moins et de plus en plus mal. Le gouvernement est décidé à imposer le retour en arrière car telle est la volonté du grand patronat pour qui les retraites, les remboursements de soins et de médicaments pour les classes populaires, ou encore l'argent consacré aux services publics utiles à la population, sont autant de faux frais à supprimer pour augmenter encore et toujours la part du patronat dans le revenu national.
Il n'y a évidemment rien à espérer des débats parlementaires et des batailles d'amendements. Le gouvernement dispose au Parlement d'une majorité servile, prête à voter tout, y compris le pire. Seules les grèves peuvent l'obliger à retirer les projets anti-ouvriers en discussion.
Alors, face au gouvernement qui mise sur la fin du mouvement, il faut montrer le jeudi 19 juin que ce n'est pas fini et que ceux qui restent en grève bénéficient d'un large soutien. Ce à quoi le gouvernement a eu à faire jusqu'ici n'est qu'un avertissement. S'il continue son offensive anti-ouvrière, il finira par convaincre tous les travailleurs que seule la riposte générale du monde du travail peut bloquer le bras qui le frappe. Les travailleurs n'acceptent plus d'être étranglés simplement pour augmenter la richesse et les privilèges d'une mince couche de grands patrons et d'actionnaires !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 19 juin 2003)
23/06/2003
LES ATTAQUES NE S'ARRETERONT QUE SI LES TRAVAILLEURS LES ARRETENT
L'Assemblée poursuit dans une morne indifférence le débat sur la loi Raffarin-Fillon sur les retraites. Tout le monde sait que c'est le mouvement social, les grèves, les manifestations qui avaient une chance de faire reculer le gouvernement, et sûrement pas le Parlement. Les gesticulations des députés du Parti socialiste, du Parti communiste et des Verts, leurs amendements, ne servent à rien tellement la majorité de droite est à la botte du gouvernement et tant est grande sa haine des travailleurs.
Mais, au-delà de la position minoritaire des députés de l'ex-gauche plurielle au Parlement, qui peut oublier leur responsabilité dans l'élection triomphale de Chirac ? Après avoir mené pendant cinq ans une politique anti-ouvrière qui a foulé aux pieds toutes les aspirations et tous les espoirs du monde du travail, dégageant ainsi le terrain pour le retour de la droite et de l'extrême droite, ces partis ont parachevé leur oeuvre de démoralisation en appelant à voter pour Chirac. Le gouvernement se sent aujourd'hui d'autant plus les mains libres pour attaquer sans fard les travailleurs qu'il peut se revendiquer de l'investiture de Chirac par les chefs du PS et du PC.
Quelle que soit la mascarade parlementaire, la loi sera votée. Une loi injuste qui oblige à travailler plus longtemps ceux qui le peuvent, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas été transformés en chômeurs avant l'accomplissement de 40, puis de 42 annuités. Et ceux qui n'auront pas accompli ces annuités auront leur retraite, insuffisante même à taux plein, fortement amputée.
Mais ce qu'un Parlement à la botte du gouvernement et un gouvernement à la botte du patronat peuvent faire, les grèves et les manifestations peuvent le défaire. Le gouvernement considère qu'il a gagné une manche. Mais il sait aussi que la rentrée en septembre peut être chaude et que rien ne lui garantit que cette fois-ci le mouvement ne s'étende pas à l'ensemble du service public et que le gros de ceux des entreprises privées ne vienne pas s'y joindre.
De toute façon, seule cette perspective ouvre une issue aux travailleurs. Pas seulement sur la question des retraites, mais aussi sur celle de la Sécurité sociale. Le gouvernement a déjà annoncé qu'après s'en être pris aux retraités, il va s'en prendre à la Sécurité sociale. Sous prétexte que celle-ci est en déficit - ce qui ne serait absolument pas le cas si on n'accordait pas toutes sortes de cadeaux aux patrons avec l'argent de la Sécurité sociale ! -, le gouvernement se prépare soit à augmenter les cotisations des travailleurs, soit à diminuer les remboursements, et probablement les deux à fois.
Non seulement on prive les travailleurs âgés du droit à un repos bien mérité après une vie de travail, mais on réduit leurs possibilités de se soigner convenablement.
Les attaques du gouvernement contre les travailleurs s'ajoutent aux attaques incessantes du patronat qui licencie à tout va. Le chômage s'envole. Les fermetures d'entreprises transforment des villes entières en déserts industriels. Pour faire monter le cours de leurs actions en Bourse, de grands groupes n'hésitent pas à pousser des centaines de familles ouvrières vers la misère. Les travailleurs ne les laisseront pas faire éternellement.
Les semaines qui viennent de se dérouler ont montré qu'après avoir encaissé une succession de coups de la part des gouvernements qui se sont succédé, les travailleurs ont su redresser la tête. Ils n'ont pas accepté sans réagir que le gouvernement démolisse leurs conditions d'existence avec pour unique raison de pouvoir consacrer plus en plus d'argent au patronat et à la classe riche.
Et que ne se réjouissent pas trop tôt ce que ce pays compte de réactionnaires ouverts ou déguisés et de parasites vivant de l'exploitation des autres car la mobilisation n'aura peut-être été que le signe avant-coureur d'un mouvement plus vaste, une sorte d'avertissement au patronat et au gouvernement. C'est en tout cas dans ce sens-là que doivent agir tous ceux qui sont dans le camp des travailleurs.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 25 juin 2003)