Texte intégral
Mes chers amis, je vous invite à prendre place et je vous souhaite la bienvenue dans cette salle du Conseil de l'Hôtel Matignon.
Je voudrais saluer les ministres qui sont ici, à la fois F. Fillon et H. Mekachera, et saluer le ministre, maire de Marseille, J.-C. Gaudin, qui nous fait l'amitié et l'honneur d'être présent. Nous connaissons son engagement pour le Mémorial d'outre-mer, qui est un message fort pour lequel la ville de Marseille est engagée et pour lequel l'Etat est en partenariat. C'est un sujet qui nous rassemble parmi d'autres grands projets qui peuvent unir les efforts de cette grande ville de la Méditerranée avec les initiatives de l'Etat.
Je suis très heureux de saluer les parlementaires, Madame, Monsieur,
Et de vous souhaiter, à toutes et à tous, ici, la bienvenue,
Mesdames et messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs,
Voici quarante ans que se tournait une page importante de l'histoire de notre pays, celle qui avait vu la France uvrer durant plus d'un siècle à la mise en valeur de territoires situés sur l'autre rive de la Méditerranée.
Cette histoire, nous le savons, les uns et les autres, est faite de passion ; elle est faite aussi de blessures, de confrontation, d'amour. Cette histoire a marqué durablement de nombreux Françaises et de Français, mais elle a durablement la nation française elle-même.
Pour vous, pour moi, pour tous ceux qui, à un titre ou un autre, ont vécu ces années tragiques, l'évocation des relations entre la France et les pays du Maghreb est toujours empreinte d'une grande émotion et d'une vraie nostalgie.
La récente visite d'État du Président de la République française en Algérie et l'accueil chaleureux qui lui a été réservé attestent la vivacité de ces liens et sonnent comme un message de l'histoire dans une actualité particulièrement troublée.
Cette longue histoire commune, souvent méconnue encore dans notre pays, souvent, aussi, déformée, a été bâtie par des femmes et des hommes profondément attachés, à la fois, à leur terre natale mais aussi à leur patrie et à leurs couleurs.
Dire cela, c'est rappeler les devoirs particuliers que la France a envers tous ses concitoyens rapatriés qui ont connu la douleur de l'exil et les difficultés de l'installation en métropole.
Dire cela, c'est marquer que la République refuse l'oubli et ne peut s'accommoder d'aucune forme d'abandon à l'égard d'aucun citoyen.
Mesdames et Messieurs,
Depuis quarante ans, les gouvernements successifs se sont attachés à prendre des mesures permettant de répondre, pour partie, aux difficultés auxquelles étaient confrontés les harkis et les rapatriés. J'en ai profondément conscience, les mesures prises n'ont pas permis de résoudre l'ensemble de ces difficultés. Elles n'ont pas permis de répondre à toutes les détresses. Elles n'ont pas permis à tous les rapatriés d'Afrique du Nord de prendre la place qui doit être la leur dans notre société, au coeur de notre République.
C'est sous l'impulsion de Jacques Chirac, ici, dans cette Maison, alors qu'il était Premier ministre, qu'un ensemble cohérent de mesures a été pris, en 1987, en faveur des rapatriés et des harkis.
C'est sous l'impulsion de Jacques Chirac ensuite, devenu président de la République que la communauté nationale a exprimé la reconnaissance due au sacrifice consenti par les harkis et l'ensemble de leurs familles. Vous me permettrez, à cet égard, de saluer tout particulièrement ceux qui se sont engagés dans ces différents programmes, et je pense notamment à Romani qui, auprès de J. Chirac, en tant que ministre, en tant qu'ami et proche, a été l'artisan de la loi du 11 juillet 1994.
En 2002, Jacques CHIRAC s'est engagé à garantir la poursuite de la solidarité nationale en faveur des rapatriés.
Et le gouvernement que je dirige a, depuis, pris plusieurs dispositions pour répondre à cette volonté constante et je pourrais même dire instante, du chef de l'Etat.
C'est dans cet esprit que, dès le 22 mai 2002, j'ai pris la décision de créer une mission interministérielle, dont l'installation a été faite le 6 juin. Cet organisme, est l'exécutif de la volonté gouvernementale en faveur des rapatriés. Plusieurs actes de reconnaissance ont déjà exprimé cette volonté. Nous devons la mémoire à nos aînés et à nos enfants.
Nous devons rendre hommage dans la fidélité, à tous ceux qui ont lutté et parfois donné leur vie, leur sang pour la France. Nous devons rendre hommage à tous ceux qui ont contribué, au-delà des mers, à l'épanouissement de la civilisation française et au développement des territoires vers lesquels la République les a appelés.
Ainsi, renouvelant le geste fondateur accompli en 2001 par le président de la République, je me suis rendu, avec H. Mekachera, le 25 septembre 2002 aux Invalides, pour rendre l'hommage de la Nation aux harkis et membres des formations supplétives qui ont pris les armes pour la République et pour la France, pour leurs terres, pour leurs familles. Le décret pérennisant cette journée d'hommage national vient d'ailleurs d'être signé.
Le 5 décembre 2002, le président de la République qui a inauguré le Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combattants du Maroc et de la Tunisie. Il rappelait ainsi la dette de la France envers tous ceux, soldats de métiers, combattants volontaires ou engagés, appelés du contingent qui ont connu les dures épreuves et qui ont lutté pour le même idéal au service de la République et de la France.
Faire uvre de mémoire, ce n'est pas seulement rendre l'hommage à tout ce qui est dû à nos compatriotes, à tous ceux qui ont souffert, ou à tous sont morts pour notre patrie. Faire uvre de mémoire, c'est aussi rappeler l'uvre accomplie durant un siècle et demi par tous les pionniers, qui ont travaillé à la mise en valeur des territoires de la République au-delà des mers. C'est pourquoi j'attache une importance particulière à la réalisation d'un projet qui nous tient à cur, dont j'ai parlé tout à l'heure, et qui est la création d'un Mémorial de la France Outre-mer.
Faire uvre de mémoire, c'est aussi veiller au respect dû à nos morts et à leurs sépultures. C'est dans sens que le Gouvernement conduit ces contacts, avec les autorités algériennes, pour la réhabilitation des cimetières français en Algérie. Nous sommes très attachés à cette réhabilitation pour la mémoire de nos morts, qui ont droit à cette réhabilitation. Nous avons des engagements du Gouvernement, et le président de la République a obtenu également les engagements du Président, lors de son récent voyage, lors de sa récente visite d'Etat.
Le devoir de mémoire et de vérité trouve son prolongement naturel dans le devoir de reconnaissance. Dans ce but, j'ai demandé au Parlement de créer, en décembre dernier, une allocation de reconnaissance servie à tous les harkis et à leurs veuves qui ont payé d'un lourd tribut leur fidélité à notre patrie. Dans le même esprit, j'ai donné toutes instructions pour que le décret régissant les dispositifs d'aide au désendettement des rapatriés réinstallés soit amélioré afin de pourvoir prendre en compte les contraintes liées à la préservation du toit familial et que soient prolongés les délais octroyés aux rapatriés pour déposer leurs demandes de complément de retraite auprès du Fonds Groupama.
Ces mesures témoignent de la volonté du Gouvernement de prendre des initiatives rapides en faveur des rapatriés. Il faut qu'elles soient rapides, il faut continuer dans cette direction. La période n'est pas évidemment facile pour, aujourd'hui, dégager des fonds pour des initiatives. Mais celle-ci fait partie des premières initiatives de solidarité qui s'imposent à notre pays. Il était aussi nécessaire, je crois, de faire le bilan de l'ensemble des dispositifs existants et de réfléchir aux voies et moyens qui permettraient de les améliorer et aussi de les simplifier et d'en augmenter la lisibilité et les facilité d'accès. Toute réforme, vous le savez, nécessite forcément et concertation et réflexion. C'est dans ce but que j'ai décidé de nommer un parlementaire en mission sur le sujet. Je voudrais saluer, ici, M. Michel Dieffenbacher, à qui j'ai confié cette tâche. Il est parlementaire et il a été préfet. Il est biculturel. De plus, il est passé par Poitou-Charentes, donc il a tous les labels de qualité. Et vous pouvez compter sur ses capacités et son efficacité. Je le remercie beaucoup de s'engager dans cette tâche difficile, avec des convictions et aussi l'expérience et les compétences qu'il possède. Il a pour tâche de procéder à l'analyse de l'ensemble des politiques et dispositifs mis en uvre par le passé, mais surtout, aussi, de tracer les perspectives quant aux solutions qu'il nous faut parachever, quant aux efforts qu'il nous faut engager pour affirmer cette reconnaissance morale et matérielle de la nation à l'égard des rapatriés de toutes origines.
M. Dieffenbacher, Monsieur le député, me remettra un rapport à la rentrée prochaine, afin de préparer un débat au Parlement sur cette question. Je souhaite que la question des rapatriés soit débattue dans le lieu de la représentation nationale, lieu où les grandes causes nationales s'y expriment et pour lesquelles, le débat est un point d'appui nécessaire au développement de l'action.
Les pouvoirs publics ont besoin d'instaurer un dialogue permanent avec les rapatriés.. Et donc, le Haut Conseil des Rapatriés, que j'ai l'honneur d'installer aujourd'hui, devra être ce lieu d'échanges et de concertation au sein duquel toutes les questions qui concernent les rapatriés pourront donc être débattues. Vous êtes quasiment à vous seuls une république, puisque vous allez avoir votre Assemblée, votre Parlement avec le Haut Conseil, et votre exécutif avec la mission. Nous avons un dispositif, dont on aura le lieu de la délibération et en même temps, le lieu de la mise en oeuvre des actions sous l'autorité évidement des membres du Gouvernement qui veilleront à ce que tout ceci soit conforme à la détermination souhaitée par le chef de l'Etat. Je crois que c'est bien d'avoir ainsi équilibré la mission et le Haut Conseil avec des engagements précis et des missions précises et ce dialogue permanent qui doit exister entre les deux structures. C'est pour cela que je suis heureux de participer aujourd'hui à cette installation. Je sais que c'est de façon constructive et raisonnée, évidemment, que l'ensemble des sujets qui préoccupe aujourd'hui nos compatriotes rapatriés pourront y être évoquées.
Le Haut Conseil permettra ainsi - je le souhaite très vivement - d'aider les pouvoirs publics dans la préparation des décisions qui permettront de parachever l'action en faveur des rapatriés. Sous l'égide de M. Alain Vauthier, son président, cet organisme contribuera à un dialogue renouvelé et à un échange permanent, avec, ainsi, une représentativité qui sera renforcée.
Je tiens à saluer aujourd'hui l'ensemble des membres du Haut Conseil, dont la diversité est une vraie chance. Je crois que c'est un élément très important dans la composition qui atteste la vitalité de notre société, qui doit faire de sa pluralité, de sa diversité une richesse. Vous savez l'importance que j'attache à rassembler les citoyens autour du projet républicain, qui est le nôtre et laïc. C'est pour cela que je souhaite qu'on puisse, dans des instances comme celle-ci, cette pluralité autour des valeurs de la République, des valeurs de la France, des valeurs que, les uns et les autres, nous défendons et pour lesquelles un certain nombre de nos proches sont morts pour avoir porté au bout de leur vie, ces valeurs auxquelles nous devons aujourd'hui être particulièrement attachés, compte tenu de la situation du monde.
Je tiens à saluer les unes et les autres, en participant de cette initiative. Vous vous intégrez à toutes les initiatives que nous développons pour rendre la société française mieux intégrée. Je pense que c'est un élément très important de notre cohésion. Nous ne voulons pas favoriser l'esprit de communautarisme. Nous voulons vraiment que la République soit le lieu fédérateur. Et nous avons tous les atouts pour cela, y compris au plan religieux. Nous sommes un pays qui assume la liberté des religions, nous ne sommes pas un pays qui a peur des religions. Pourquoi nous n'avons pas peur des religions ? Parce que nous avons la laïcité, et que, quand nous parlons de la République, nous parlons de la République laïque, où chacun peut avoir la liberté de pratiquer, l'égalité de pratiquer entre toutes les religions. C'est un comportement, un choix qui appartient à la personne. La République, elle, fait en sorte que chacun ait ce droit et que ce droit soit respecté. Et la République assure par la laïcité, cette liberté.
Il ne faut pas voir la laïcité comme quelque chose qui étouffe. C'est au contraire ce qui intègre, ce qui permet, aux uns et aux autres d'être reconnus dans ce qu'ils sont, mais de partager, de vivre ensemble, et les règles le vivre ensemble et les règles communes de notre République. C'est un élément très important et fort de l'intégration que nous voulons mener dans notre pays, pour lequel nous tiendrons, avec F. Fillon, le 190 avril, un comité interministériel important sur ce sujet.
Je voudrais vous dire que les périodes difficiles de l'histoire que les rapatriés, les harkis ont au coeur même de leur mémoire, sont pour notre pays, constituant un peu de ce message de la France, aujourd'hui entendus partout dans le monde. Nous sommes dans une situation où le monde aujourd'hui écoute la France, quand la France parle des valeurs", quand la France parle d'un monde multipolaire", quand la France parle d'équilibre dans le monde", quand la France parle de "paix." Mais d'une paix, qui est fondée sur le droit. Nous sommes des défenseurs de la paix, et nous sommes des défenseurs du droit. Et nous savons que, la force est quelque chose qui, dans le monde moderne, peut être utile pour le droit. Et nous souhaitons que ce soit la force qui soit au service du droit. Et que, dans ce contexte-là, nous puissions affirmer sans cesse ces valeurs qui sont celles que le président de la République a développé dans la crise internationale récemment, avec autorité, et qui font que les peuples du monde entier ont défilé derrière des drapeaux bleu, blanc, rouge, qui sont ces valeurs universelles, les valeurs de la France, qui sont, aujourd'hui, de plus en plus reconnues, y compris au-delà de la Méditerranée.
C'est, je crois, un élément très important et une fierté pour tous aujourd'hui, tous ceux qui ont contribué à ce que le patrimoine de la France, de toutes ses aventures historiques. La France ne sort pas affaiblie. Et le message de la France, aujourd'hui, est très fort. Et que tous ceux qui ont construit ce message, par sédimentation historique, par chaîne de générations, doivent se sentir partie prenante de ce que, aujourd'hui, la France est écoutée dans le monde quand elle défend son principe d'humanité, quand elle défend les messages qui sont aujourd'hui ceux de l'Onu, ceux du droit et ceux de la paix.
Voilà pourquoi, avec les rapatriés, avec les harkis, la relation entre la nation et ses différentes populations est une relations d'histoire, une relation de mémoire, mais aussi une relation de devoir. Nous avons la possibilité, aujourd'hui, avec les instances créées, de pouvoir progresser dans l'action opérationnelle. Je sais que c'est dans cette action que nous sommes attendus ; je sais que c'est dans l'amélioration des statuts, des prestations, dans la capacité que nous aurons à trouver des solutions aux problèmes qui sont posés. Nous avons mis en place tout le dispositif. Monsieur Dieffenbacher, votre tâche n'est pas mince, mais elle est un peu matricienne pour l'ensemble de notre travail. A partir de la remise de votre rapport, nous engagerons, avec les deux instances, le Haut Conseil, d'un côté, et la Mission de l'autre, la capacité de pouvoir mettre en oeuvre cette action qui reste attendue pour notre pays et qui reste un engagement du président de la République. Un engagement sur lequel il est très attaché, un engagement auquel il sera fidèle. Et je me fais un devoir, moi aussi, avec l'ensemble de mon Gouvernement, d'être fidèle aux engagements du Président.
Je vous remercie, et je vous invite à partager un verre de l'amitié, à l'occasion de cette installation."
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 avril 2003)
Je voudrais saluer les ministres qui sont ici, à la fois F. Fillon et H. Mekachera, et saluer le ministre, maire de Marseille, J.-C. Gaudin, qui nous fait l'amitié et l'honneur d'être présent. Nous connaissons son engagement pour le Mémorial d'outre-mer, qui est un message fort pour lequel la ville de Marseille est engagée et pour lequel l'Etat est en partenariat. C'est un sujet qui nous rassemble parmi d'autres grands projets qui peuvent unir les efforts de cette grande ville de la Méditerranée avec les initiatives de l'Etat.
Je suis très heureux de saluer les parlementaires, Madame, Monsieur,
Et de vous souhaiter, à toutes et à tous, ici, la bienvenue,
Mesdames et messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs,
Voici quarante ans que se tournait une page importante de l'histoire de notre pays, celle qui avait vu la France uvrer durant plus d'un siècle à la mise en valeur de territoires situés sur l'autre rive de la Méditerranée.
Cette histoire, nous le savons, les uns et les autres, est faite de passion ; elle est faite aussi de blessures, de confrontation, d'amour. Cette histoire a marqué durablement de nombreux Françaises et de Français, mais elle a durablement la nation française elle-même.
Pour vous, pour moi, pour tous ceux qui, à un titre ou un autre, ont vécu ces années tragiques, l'évocation des relations entre la France et les pays du Maghreb est toujours empreinte d'une grande émotion et d'une vraie nostalgie.
La récente visite d'État du Président de la République française en Algérie et l'accueil chaleureux qui lui a été réservé attestent la vivacité de ces liens et sonnent comme un message de l'histoire dans une actualité particulièrement troublée.
Cette longue histoire commune, souvent méconnue encore dans notre pays, souvent, aussi, déformée, a été bâtie par des femmes et des hommes profondément attachés, à la fois, à leur terre natale mais aussi à leur patrie et à leurs couleurs.
Dire cela, c'est rappeler les devoirs particuliers que la France a envers tous ses concitoyens rapatriés qui ont connu la douleur de l'exil et les difficultés de l'installation en métropole.
Dire cela, c'est marquer que la République refuse l'oubli et ne peut s'accommoder d'aucune forme d'abandon à l'égard d'aucun citoyen.
Mesdames et Messieurs,
Depuis quarante ans, les gouvernements successifs se sont attachés à prendre des mesures permettant de répondre, pour partie, aux difficultés auxquelles étaient confrontés les harkis et les rapatriés. J'en ai profondément conscience, les mesures prises n'ont pas permis de résoudre l'ensemble de ces difficultés. Elles n'ont pas permis de répondre à toutes les détresses. Elles n'ont pas permis à tous les rapatriés d'Afrique du Nord de prendre la place qui doit être la leur dans notre société, au coeur de notre République.
C'est sous l'impulsion de Jacques Chirac, ici, dans cette Maison, alors qu'il était Premier ministre, qu'un ensemble cohérent de mesures a été pris, en 1987, en faveur des rapatriés et des harkis.
C'est sous l'impulsion de Jacques Chirac ensuite, devenu président de la République que la communauté nationale a exprimé la reconnaissance due au sacrifice consenti par les harkis et l'ensemble de leurs familles. Vous me permettrez, à cet égard, de saluer tout particulièrement ceux qui se sont engagés dans ces différents programmes, et je pense notamment à Romani qui, auprès de J. Chirac, en tant que ministre, en tant qu'ami et proche, a été l'artisan de la loi du 11 juillet 1994.
En 2002, Jacques CHIRAC s'est engagé à garantir la poursuite de la solidarité nationale en faveur des rapatriés.
Et le gouvernement que je dirige a, depuis, pris plusieurs dispositions pour répondre à cette volonté constante et je pourrais même dire instante, du chef de l'Etat.
C'est dans cet esprit que, dès le 22 mai 2002, j'ai pris la décision de créer une mission interministérielle, dont l'installation a été faite le 6 juin. Cet organisme, est l'exécutif de la volonté gouvernementale en faveur des rapatriés. Plusieurs actes de reconnaissance ont déjà exprimé cette volonté. Nous devons la mémoire à nos aînés et à nos enfants.
Nous devons rendre hommage dans la fidélité, à tous ceux qui ont lutté et parfois donné leur vie, leur sang pour la France. Nous devons rendre hommage à tous ceux qui ont contribué, au-delà des mers, à l'épanouissement de la civilisation française et au développement des territoires vers lesquels la République les a appelés.
Ainsi, renouvelant le geste fondateur accompli en 2001 par le président de la République, je me suis rendu, avec H. Mekachera, le 25 septembre 2002 aux Invalides, pour rendre l'hommage de la Nation aux harkis et membres des formations supplétives qui ont pris les armes pour la République et pour la France, pour leurs terres, pour leurs familles. Le décret pérennisant cette journée d'hommage national vient d'ailleurs d'être signé.
Le 5 décembre 2002, le président de la République qui a inauguré le Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combattants du Maroc et de la Tunisie. Il rappelait ainsi la dette de la France envers tous ceux, soldats de métiers, combattants volontaires ou engagés, appelés du contingent qui ont connu les dures épreuves et qui ont lutté pour le même idéal au service de la République et de la France.
Faire uvre de mémoire, ce n'est pas seulement rendre l'hommage à tout ce qui est dû à nos compatriotes, à tous ceux qui ont souffert, ou à tous sont morts pour notre patrie. Faire uvre de mémoire, c'est aussi rappeler l'uvre accomplie durant un siècle et demi par tous les pionniers, qui ont travaillé à la mise en valeur des territoires de la République au-delà des mers. C'est pourquoi j'attache une importance particulière à la réalisation d'un projet qui nous tient à cur, dont j'ai parlé tout à l'heure, et qui est la création d'un Mémorial de la France Outre-mer.
Faire uvre de mémoire, c'est aussi veiller au respect dû à nos morts et à leurs sépultures. C'est dans sens que le Gouvernement conduit ces contacts, avec les autorités algériennes, pour la réhabilitation des cimetières français en Algérie. Nous sommes très attachés à cette réhabilitation pour la mémoire de nos morts, qui ont droit à cette réhabilitation. Nous avons des engagements du Gouvernement, et le président de la République a obtenu également les engagements du Président, lors de son récent voyage, lors de sa récente visite d'Etat.
Le devoir de mémoire et de vérité trouve son prolongement naturel dans le devoir de reconnaissance. Dans ce but, j'ai demandé au Parlement de créer, en décembre dernier, une allocation de reconnaissance servie à tous les harkis et à leurs veuves qui ont payé d'un lourd tribut leur fidélité à notre patrie. Dans le même esprit, j'ai donné toutes instructions pour que le décret régissant les dispositifs d'aide au désendettement des rapatriés réinstallés soit amélioré afin de pourvoir prendre en compte les contraintes liées à la préservation du toit familial et que soient prolongés les délais octroyés aux rapatriés pour déposer leurs demandes de complément de retraite auprès du Fonds Groupama.
Ces mesures témoignent de la volonté du Gouvernement de prendre des initiatives rapides en faveur des rapatriés. Il faut qu'elles soient rapides, il faut continuer dans cette direction. La période n'est pas évidemment facile pour, aujourd'hui, dégager des fonds pour des initiatives. Mais celle-ci fait partie des premières initiatives de solidarité qui s'imposent à notre pays. Il était aussi nécessaire, je crois, de faire le bilan de l'ensemble des dispositifs existants et de réfléchir aux voies et moyens qui permettraient de les améliorer et aussi de les simplifier et d'en augmenter la lisibilité et les facilité d'accès. Toute réforme, vous le savez, nécessite forcément et concertation et réflexion. C'est dans ce but que j'ai décidé de nommer un parlementaire en mission sur le sujet. Je voudrais saluer, ici, M. Michel Dieffenbacher, à qui j'ai confié cette tâche. Il est parlementaire et il a été préfet. Il est biculturel. De plus, il est passé par Poitou-Charentes, donc il a tous les labels de qualité. Et vous pouvez compter sur ses capacités et son efficacité. Je le remercie beaucoup de s'engager dans cette tâche difficile, avec des convictions et aussi l'expérience et les compétences qu'il possède. Il a pour tâche de procéder à l'analyse de l'ensemble des politiques et dispositifs mis en uvre par le passé, mais surtout, aussi, de tracer les perspectives quant aux solutions qu'il nous faut parachever, quant aux efforts qu'il nous faut engager pour affirmer cette reconnaissance morale et matérielle de la nation à l'égard des rapatriés de toutes origines.
M. Dieffenbacher, Monsieur le député, me remettra un rapport à la rentrée prochaine, afin de préparer un débat au Parlement sur cette question. Je souhaite que la question des rapatriés soit débattue dans le lieu de la représentation nationale, lieu où les grandes causes nationales s'y expriment et pour lesquelles, le débat est un point d'appui nécessaire au développement de l'action.
Les pouvoirs publics ont besoin d'instaurer un dialogue permanent avec les rapatriés.. Et donc, le Haut Conseil des Rapatriés, que j'ai l'honneur d'installer aujourd'hui, devra être ce lieu d'échanges et de concertation au sein duquel toutes les questions qui concernent les rapatriés pourront donc être débattues. Vous êtes quasiment à vous seuls une république, puisque vous allez avoir votre Assemblée, votre Parlement avec le Haut Conseil, et votre exécutif avec la mission. Nous avons un dispositif, dont on aura le lieu de la délibération et en même temps, le lieu de la mise en oeuvre des actions sous l'autorité évidement des membres du Gouvernement qui veilleront à ce que tout ceci soit conforme à la détermination souhaitée par le chef de l'Etat. Je crois que c'est bien d'avoir ainsi équilibré la mission et le Haut Conseil avec des engagements précis et des missions précises et ce dialogue permanent qui doit exister entre les deux structures. C'est pour cela que je suis heureux de participer aujourd'hui à cette installation. Je sais que c'est de façon constructive et raisonnée, évidemment, que l'ensemble des sujets qui préoccupe aujourd'hui nos compatriotes rapatriés pourront y être évoquées.
Le Haut Conseil permettra ainsi - je le souhaite très vivement - d'aider les pouvoirs publics dans la préparation des décisions qui permettront de parachever l'action en faveur des rapatriés. Sous l'égide de M. Alain Vauthier, son président, cet organisme contribuera à un dialogue renouvelé et à un échange permanent, avec, ainsi, une représentativité qui sera renforcée.
Je tiens à saluer aujourd'hui l'ensemble des membres du Haut Conseil, dont la diversité est une vraie chance. Je crois que c'est un élément très important dans la composition qui atteste la vitalité de notre société, qui doit faire de sa pluralité, de sa diversité une richesse. Vous savez l'importance que j'attache à rassembler les citoyens autour du projet républicain, qui est le nôtre et laïc. C'est pour cela que je souhaite qu'on puisse, dans des instances comme celle-ci, cette pluralité autour des valeurs de la République, des valeurs de la France, des valeurs que, les uns et les autres, nous défendons et pour lesquelles un certain nombre de nos proches sont morts pour avoir porté au bout de leur vie, ces valeurs auxquelles nous devons aujourd'hui être particulièrement attachés, compte tenu de la situation du monde.
Je tiens à saluer les unes et les autres, en participant de cette initiative. Vous vous intégrez à toutes les initiatives que nous développons pour rendre la société française mieux intégrée. Je pense que c'est un élément très important de notre cohésion. Nous ne voulons pas favoriser l'esprit de communautarisme. Nous voulons vraiment que la République soit le lieu fédérateur. Et nous avons tous les atouts pour cela, y compris au plan religieux. Nous sommes un pays qui assume la liberté des religions, nous ne sommes pas un pays qui a peur des religions. Pourquoi nous n'avons pas peur des religions ? Parce que nous avons la laïcité, et que, quand nous parlons de la République, nous parlons de la République laïque, où chacun peut avoir la liberté de pratiquer, l'égalité de pratiquer entre toutes les religions. C'est un comportement, un choix qui appartient à la personne. La République, elle, fait en sorte que chacun ait ce droit et que ce droit soit respecté. Et la République assure par la laïcité, cette liberté.
Il ne faut pas voir la laïcité comme quelque chose qui étouffe. C'est au contraire ce qui intègre, ce qui permet, aux uns et aux autres d'être reconnus dans ce qu'ils sont, mais de partager, de vivre ensemble, et les règles le vivre ensemble et les règles communes de notre République. C'est un élément très important et fort de l'intégration que nous voulons mener dans notre pays, pour lequel nous tiendrons, avec F. Fillon, le 190 avril, un comité interministériel important sur ce sujet.
Je voudrais vous dire que les périodes difficiles de l'histoire que les rapatriés, les harkis ont au coeur même de leur mémoire, sont pour notre pays, constituant un peu de ce message de la France, aujourd'hui entendus partout dans le monde. Nous sommes dans une situation où le monde aujourd'hui écoute la France, quand la France parle des valeurs", quand la France parle d'un monde multipolaire", quand la France parle d'équilibre dans le monde", quand la France parle de "paix." Mais d'une paix, qui est fondée sur le droit. Nous sommes des défenseurs de la paix, et nous sommes des défenseurs du droit. Et nous savons que, la force est quelque chose qui, dans le monde moderne, peut être utile pour le droit. Et nous souhaitons que ce soit la force qui soit au service du droit. Et que, dans ce contexte-là, nous puissions affirmer sans cesse ces valeurs qui sont celles que le président de la République a développé dans la crise internationale récemment, avec autorité, et qui font que les peuples du monde entier ont défilé derrière des drapeaux bleu, blanc, rouge, qui sont ces valeurs universelles, les valeurs de la France, qui sont, aujourd'hui, de plus en plus reconnues, y compris au-delà de la Méditerranée.
C'est, je crois, un élément très important et une fierté pour tous aujourd'hui, tous ceux qui ont contribué à ce que le patrimoine de la France, de toutes ses aventures historiques. La France ne sort pas affaiblie. Et le message de la France, aujourd'hui, est très fort. Et que tous ceux qui ont construit ce message, par sédimentation historique, par chaîne de générations, doivent se sentir partie prenante de ce que, aujourd'hui, la France est écoutée dans le monde quand elle défend son principe d'humanité, quand elle défend les messages qui sont aujourd'hui ceux de l'Onu, ceux du droit et ceux de la paix.
Voilà pourquoi, avec les rapatriés, avec les harkis, la relation entre la nation et ses différentes populations est une relations d'histoire, une relation de mémoire, mais aussi une relation de devoir. Nous avons la possibilité, aujourd'hui, avec les instances créées, de pouvoir progresser dans l'action opérationnelle. Je sais que c'est dans cette action que nous sommes attendus ; je sais que c'est dans l'amélioration des statuts, des prestations, dans la capacité que nous aurons à trouver des solutions aux problèmes qui sont posés. Nous avons mis en place tout le dispositif. Monsieur Dieffenbacher, votre tâche n'est pas mince, mais elle est un peu matricienne pour l'ensemble de notre travail. A partir de la remise de votre rapport, nous engagerons, avec les deux instances, le Haut Conseil, d'un côté, et la Mission de l'autre, la capacité de pouvoir mettre en oeuvre cette action qui reste attendue pour notre pays et qui reste un engagement du président de la République. Un engagement sur lequel il est très attaché, un engagement auquel il sera fidèle. Et je me fais un devoir, moi aussi, avec l'ensemble de mon Gouvernement, d'être fidèle aux engagements du Président.
Je vous remercie, et je vous invite à partager un verre de l'amitié, à l'occasion de cette installation."
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 avril 2003)