Texte intégral
Si parfois on a des doutes sur la validité d'être debout, sur la validité d'être des hommes et des femmes engagés, pour ma part tout simplement d'être communiste, je crois que ce qui nous a été dit à l'instant est un encouragement pour nous à ne pas baisser les bras et à se battre, à continuer à se battre toujours et en permanence même si parfois c'est difficile, même si parfois l'objectif apparaît bien lointain, mais se battre pour un monde meilleur, et je veux assurer ici nos camarades palestiniens de la solidarité pleine et entière du Parti communiste français et de ses élus pour mener à leur coté et au coté du peuple israélien le combat pour la paix, pour l'indépendance et pour la liberté.
Je regrette de n'avoir pas pu être présente ce matin, car je crois que cette initiative, ce forum National services Public Europe, va laisser quelques traces, à la fois de ce que j'ai entendu cet après-midi par la qualité des analyses, mais également des propositions, et des propositions d'initiatives très concrètes qui vont en sortir. Bien sûr ce travail sur Service Public et Europe, n'est pas un travail qui démarre aujourd'hui, il est mené depuis des années par les communistes et par d'autres, forces syndicales, forces progressistes, il est mené par nos élus à l'Assemblée européenne, et par Sylviane Ainardi, qui toutes ces dernières années, parfois sans être suffisamment relayée dans le parti, a mené ce combat, il est mené bien sûr avec Marie-Claire Culié, Joëlle Greder et Gilles Garnier, aujourd'hui pour animer la bataille du parti sur ces questions. Mais je pense qu'à travers cette journée, nous avons passé une étape supplémentaire et que nous nous sommes donnés des atouts, des points d'appui pour élargir ce combat.
Ce forum témoigne aussi d'une volonté plus large du PCF de marquer de façon plus forte, sa volonté de dire non aux politiques libérales menées dans ce pays, de dire non à la politique particulièrement dévastatrice de la droite et du patronat, du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Il témoigne de l'engagement du PCF pour dire stop ! Stop aux mesures qui sont prises, stop aux réformes qui sont annoncées. Mais surtout, il montre cette nécessité de dire que d'autres choix sont possibles, qu'il est possible de mettre en uvre dans ce pays et en Europe une autre politique que celle qui est menée aujourd'hui. Nous allons faire des propositions, comme nous l'avons fait sur les retraites, sur les services publics. Vous y avez travaillé aujourd'hui, mais également sur la protection sociale, puisque nous allons sortir dans quelques jours, un document très important sur notre projet pour la santé, pour la protection sociale, la sécurité sociale. Et vous avez vu comment " L'Humanité " a ouvert ce débat avec ce document extrêmement riche concernant les questions de la santé. Nous allons lancer une contre-offensive sur les questions de l'école, avec une journée nationale sur l'école, le 8 novembre. Et nous allons lancer une très grande campagne, sur les questions de l'emploi, contre les plans de licenciements, mais pas simplement dans une posture de résistance. Nous voulons à travers cette campagne, faire vivre de façon très concrète notre proposition, c'est plus qu'une proposition, une certaine conception de la société que nous voulons avancer à travers notre idée d'une sécurité de l'emploi et de la formation. Nous allons également nous exprimer sur les questions de la décentralisation, ou sur celle de l'Europe.
Aujourd'hui, les communistes sont déterminés, à ouvrir partout, des espaces d'action, de réflexion, de débats, sur toutes les grandes questions qui concernent notre peuple, et plus largement sur les questions qui concernent l'avenir de l'Humanité. Et nous voulons dans ces espaces inviter tous ceux et toutes celles, qui aujourd'hui pensent que l'heure n'est pas à la résignations, mais que l'heure est à la résistance et à la construction d'autres rapports entre les individus, d'autres rapports entre les peuples, de les inviter à venir débattre très directement entre nous, dans la confrontation, entre citoyens et citoyennes, et avec toutes les forces politiques qui voudront bien participer à ces grands débats pour construire une véritable alternative à gauche. Et dans ces débats, les services publics vont tenir une très grande place. Bien sûr, il y a une très grande campagne qui est menée pour faire passer cette notion de services publics comme quelque chose de dépassé ou d'archaïque. Or je crois comme vous, que les services publics sont un élément vital d'une réponse émancipatrice aux grands défis de notre époque.
Charles tout à l'heure disait "à travers les services publics, ce n'est pas qu'une question d'économie". En effet, je crois qu'à travers les services publics, c'est une certaine conception de la société, des droits des individus, des rapports des individus entre eux. Et je dirais qu'à contrario, quand on regarde la politique menée par la droite, les objectifs de la droite et du patronat, il s'agit bien à travers la destruction des services publics, de permettre que toutes les activités humaines soient soumises à la loi du marché capitaliste. Et c'est vrai que les services publics sont aujourd'hui un obstacle au déroulement d'un tapis rouge, dans notre pays et en Europe, au capitalisme mondialisé. Donc la défense des services publics, ce n'est pas une démarche corporatiste ou la défense d'un statut, même si cela est important. Défendre les services publics aujourd'hui, c'est défendre une certaine conception de la société, par rapport à la démarche de prédateur des tenants du capitalisme mondialisé.
C'est à ce niveau-là, je crois qu'il faut situer cet enjeu. Lorsque je dis que la droite veut détruire, je crois qu'aujourd'hui, nous ne sommes pas face à la répétition des gouvernements Chirac-Balladur-Juppé. La droite française, et je dirais la droite européenne et le patronat européen, veulent aujourd'hui franchir une étape nouvelle. Il s'agit pour eux de mettre à bas tout ce qui concerne l'intérêt général, le bien commun, le droit, la notion de droit pour chacune et chacun, tout ce qui concerne le lien social, la solidarité. On l'a vu à travers la question des retraites. On voit ce qu'ils veulent faire sur la protection sociale, on voit comment ils veulent petit à petit détruire ce qui dans le code du travail donnait un minimum de garanties pour le salarié et puis on le voit à travers ce qu'ils veulent faire à travers la décentralisation. Parfois j'entends des élus qui disent : " le problème c'est qu'on décentralise des compétences sans nous donner les moyens ". J'ai envie de dire, ce n'est pas le problème que nous avons aujourd'hui, avec leur projet de décentralisation à la sauce Raffarin. Ce qu'ils veulent faire, c'est détruire ce qui fondent notre nation et notre République. Ils veulent détruire ce qui constituait les missions de l'Etat français par rapport aux citoyens et aux citoyennes. La décentralisation ce n'est pas simplement transférer des compétences. La décentralisation c'est casser la responsabilité collective de l'état par rapport aux droits de chaque individu. Et cette décentralisation qu'on est en train de nous concocter au niveau de l'Etat français, du gouvernement français, elle rejoint cette Europe qui sont est en train de nous construire.
Il y a quelques années, quand les communistes évoquaient l'idée de l'Europe des régions, on nous prenait pour des prêcheurs d'un avenir noir mais qui se basait sur aucun fait concret, sur aucune réalité. Nous y sommes par les plans de décentralisation du gouvernement français et la constitution telle qu'ils sont en train de vouloir nous l'imposer, nous sommes vraiment là où il veulent nous faire arriver, une Europe qui se construira au service de la loi du marché et de la libre concurrence et qui petit à petit effacera tout ce qui peut gêner la mise en uvre de ce projet. Donc il ne faut pas simplement dire que nous voulons nous battre pour une autre décentralisation, il faut dire que par rapport à cela, nous voulons nous battre pour une autre conception de la République Française, une nouvelle République, avec des modifications profondes de nos institutions et nous voulons nous battre pour une autre construction européenne, avec là aussi toute une autre conception des institutions européennes. Face à ces projets de la droite et du patronat au niveaux français et européenne, et on l'a bien vu à travers le grand projet sur les marchés et sur les services, au plan de l'organisation mondiale du commerce, qui est l'objectif des tenants du capitalisme mondialisé au niveau de toute la planète, il y a des résistances qui se font jour et j'ai entendu que vous l'évoquiez cet après midi. Il y a ce qui s'est passé en France, avec ces mouvements contre la guerre, contre les réformes " sauce Raffarin ", avec ce qui est en train de se préparer pour le Forum Social Européen, qui va se tenir dans quelques jours ici même, chez nous, et quelqu'un l'a dit cet après midi, ces mouvements sont marqués par beaucoup d'interpellations du politique, par beaucoup de questions sur quelles propositions alternatives, mais également quelles conditions politiques pour que ces propositions alternatives puissent un jour voir le jour concrètement et puisent s'installer durablement dans notre pays. Et on a bien senti que ces mouvements sociaux portaient très fortement le sens justement de l'intérêt général, du bien commun, du droit des individus, des questions de solidarité.
Quelqu'un tout à l'heure a parlé de la possibilité de revenir sur les décisions qui sont prises aujourd'hui. Et je pense qu'en effet, ce qui a fait la force de ces mouvements sociaux, c'est qu'il n'y avait pas qu'une posture de défense dos au mur, mais qu'il y avait une réflexion sur le besoin de plus de mise en commun, et lorsque les enseignants ou les autres salariés se battaient contre sur la réforme des retraites ou contre la réforme de la décentralisation, ils parlaient aussi dans leurs Assemblées générales de grévistes du besoin d'un Service public de l'eau, du besoin de revisiter les organismes internationaux, qu'ils s'appellent FMI, OMC C'est à dire que ce mouvement social était porteur non seulement d'aspirations liées aux attaques de la droite, mais porteur d'aspirations qui visaient quelque part quand même à remettre en cause la logique capitaliste qui est en uvre aujourd'hui, chez nous et au niveau de la planète.
Alors, j'ai envie de dire par rapport à ce niveau d'exigences, dans notre peuple, mais plus largement dans le monde : quelles réponses politiques ? Parce que j'ai bien entendu cet après midi que vous aviez toute une série de propositions concernant les services publics, mais quelles réponses politiques parce qu'aujourd'hui la droite est au manettes ici, mais dans la quasi totalité des pays de l'Union européenne, ou des pays qui vont nous rejoindre, des 25. Et si elle n'est pas aux manettes, hélas, les gouvernements socio-démocrates mettent en uvre des politiques libérales. L'autre fois à RTL, la première question du journaliste était : " est-ce que pour vous le fait que Chirac parle au nom de Schroeder, n'est pas un formidable symbole ? C'est un symbole, mais il est loin d'être formidable. Ce qui les unit c'est d'avoir mis en uvre au même moment dans les deux pays, la même réforme des retraites et de vouloir construire la même Europe, sauce libérale.
Donc quelles réponses politiques ? Comment construire une véritable alternative. Cela pose le problème du projet, cela pose le problème des forces humaines et politiques capables de se rassembler sur ce projet. Alors quel projet, d'abord ? Ce qui me frappe aujourd'hui, c'est sur le sujet qui nous rassemble, services publics et Europe, vous prenez la parole dans la salle en tant que hommes et femmes engagés dans un syndicat, dans un parti, dans une organisation, vous n'éprouvez pas le besoin de mettre une barrière au milieu de la salle, avec le mouvement social d'un coté et le débouché politique de l'autre. Pourtant depuis quelques mois, on essaie de nous faire rentrer dans des cases, où les politiques, nous serions chargés, comme dit François Hollande, à partir des réflexions qui sortent du mouvement social, de produire " un débouché ", tandis que le mouvement social, comme dit également mon ami José Bové, lui s'occuperait de se battre, pour les droits, les élus qui s'occuperaient des territoires, notions vagues, qu'il faudrait redéfinir dans le débat avec lui. Mais moi, j'ai envie de dire que face aux enjeux que traversent notre planète, que nous traversons ici en France, nous avons besoin que toutes les énergies se retrouvent pour construire ensemble. Et que peut être ce à quoi nous appelle la situation telle que nous la connaissons, c'est d'inventer une autre façon de gérer la cité, c'est à dire une autre façon de faire de la politique, et que nous avons besoin pour faire de la politique aujourd'hui, que le militant associatif, syndical, politique, que les hommes et les femmes qui ne sont pas de tout cela, mais qui ont envie que cela bouge pour changer leur vie quotidienne, changer le monde puissent se retrouver dans le même lieu, réfléchir, débattre et prendre les décisions d'actions, ensemble.
Est-ce qu'on peut inventer un débouché politique qui serait pas le fait simplement des partis politiques, mais un débouché politique qui serait le fait de notre peuple lui-même, et dans ce peuple, de ses organisations, telle qu'il se les donne ? C'est à dire, est-ce qu'on peut penser aujourd'hui qu'il faut se donner les moyens que notre peuple investisse le champ des décisions et de la mise en uvre politique ? C'est un peu la démarche que proposent les communistes. Pourquoi cela ? Parce que lorsqu'on regarde le passif de la gauche, et dans la gauche, du Parti Communiste Français, on peut bien sur faire des colonnes, voire ce qui a été bon dans la participation gouvernementale, voire ce qui ne l'a pas été, on peut faire des colonnes... mais peut-être si on prend un peu de distances, et si on regarde, ce qui a manqué à la gauche pour vraiment répondre aux attendes de notre peuple. Eh bien peut-être qu'elle n'a pas permis que ceux et celles qui attendaient de la gauche, investissent le terrain politique et que quelque part la gauche a géré le pouvoir de la même façon que la droite le gère, c'est à dire en pensant que les gouvernants pouvaient eux-mêmes trouver des réponses sans faire appel à tous moments, de la prise de pouvoir, de la gestion, faire appel à tous moments à l'intervention populaire, dans le contenu des réformes à mettre en uvre. Et parce qu'elle ne l'a pas fait, elle a tout juste cherché à tergiverser avec les forces adverses en présence, avec le patronat, la droite, et on l'a vu sur des grandes réformes, on reparle aujourd'hui des 35 heures, mais on pourrait parler d'autres sujets, où la gauche n'a pas eu le courage d'aller au bout des réformes nécessaires sur les questions de la fiscalité, de la démocratie à l'entreprise et dans la cité, ou sur les questions de l'Europe, parce qu'elle n'a pas voulu réellement prendre appui sur le mouvement populaire, sur le mouvement social, telle qu'elle aurait pu le faire, si elle avait eu la volonté d'aller au bout d'une politique réellement à gauche. Alors si on est dans cette idée-là, si le principal enseignement de l'échec de la gauche est celui là, c'est peut être cela qu'il faut changer et inventer une autre façon de faire de la politique. Vous savez cette semaine, j'ai eu trois expériences, comme toujours on a des expériences, dans la vie. J'ai reçu une lettre de François Hollande, suite à la lettre que j'ai adressée à l'ensemble des partis de gauche, pour leur dire on vous invite à venir dans les forums. Et il me répond : très bien votre démarche, très, très bien, et les socialistes vont venir participer à vos forums. Et le paragraphe d'après, il me dit j'attends ta réponse sur les élections régionales. Est-ce que vous faite l'union ou est-ce que vous ne la faites pas. Et puis, nous avons reçu, dans une rencontre officielle, la LCR, mercredi dernier, et nous avons discuté de l'Europe et du NON à la constitution européenne, telle qu'elle nous est projetée, puis nous avons discuté de l'emploi, et des campagnes à mener sur l'emploi et nous nous retrouvions d'accord sur ces sujets. Et puis nous sommes venus sur la question, quand même, qui pour un parti politique a quelque importance, à savoir quelle construction politique pour battre la droite au pouvoir et faire en sorte que s'installe une alternative de gauche durable, eh bien là, on nous répond, ah ben non, on a fait alliance avec LO, on ne peut pas donc envisager de travailler avec les autres forces de gauche. Dernière expérience, Jean-Michel Apathie, journaliste à RTL, me dit que Jean-Paul Huchon a fait un meeting, et qu'il nous demande à nous les communistes de la région Ile de France, si nous faisons alliance au premier tour avec eux ou pas. Ben j'ai dit non, excusez moi, on a décidé de faire de la politique autrement. Est-ce qu'on recommence comme on a fait ? Et est-ce qu'on va de nouveau à l'échec ? On peut avoir alternance en 2007, parce que les hommes et les femmes en auront ras le bol de la droite. Il faut se dire, il faut utiliser ce qu'on peut utiliser pour la renverser, et mettre d'autres forces au pouvoir. Mais si on recommence comme avant et si on échoue de nouveau, qu'est-ce qui va se passer ? De plus en plus d'hommes et de femmes vont se plonger dans la désespérance, le repli sur soi. D'autres vont chercher dans des réponses populistes, xénophobes, d'extrême droite, d'expression de leur souffrance, de leur colère. On a une responsabilité à gauche. Je ne peux pas de nouveau, emmener notre peuple au mur. Ce n'est pas possible. C'est une démarche difficile, de dire que nous voulons reconstruire à gauche en permanence, dans la confrontation des forces politiques de gauche, avec nos compatriotes, avec vous, avec notre peuple. C'est à dire faire en sorte qu'à aucun moment notre peuple ne soit dessaisi des choix, et y compris des choix concernant les constructions politiques et donc les rassemblements, et donc l'alliance. C'est pourquoi, la démarche des forums, ce n'est pas une démarche électoraliste. Cette démarche des forums, c'est pour nous une démarche permanente, constitutive d'une démarche communiste et plus généralement d'une démarche de gauche. Il faut absolument que nous soyons capables d'aborder tous les sujets, dans ces forums et que les forces politiques soient mises en capacité de construire avec les citoyens, de prendre des engagements clairs. Je reviens sur les services publics. L'ouverture du capital pour les entreprises publiques, ce sont des questions qui ont traversé le gouvernement de gauche, qui ont traversé le PCF. Honnêtement, si nous avions été mieux en capacité d'avoir des débats comme celui que nous avons aujourd'hui, lorsque nous étions au gouvernement, est-ce que nous nous serions positionnés comme nous nous sommes positionnés par rapport à certaines ouvertures du capital ? Pour ma part je réponds non. Et je dis cela parce que c'est vraiment quelque chose de profond que nous voulons porter, les communistes, pas seuls, cela serait bien utopique de penser que le parti communiste aujourd'hui serait capable seul, et je crois que ce serait erroné sur le fond. Nous voulons impulser cette démarche de faire en sorte que toutes les questions soient posées à la portée des hommes et des femmes. Je vais prendre un exemple d'actualité que vous avez débattu aujourd'hui : cette constitution européenne, dont on a caché plus de la moitié du projet de constitution. Eh bien, nous avons révélé, grâce à l'Humanité, le contenu de la constitution projetée pour l'UE et à travers cela nous avons montré, que cette constitution vise, au-delà de son caractère anti-démocratique dans le fonctionnement de l'UE, à restaurer des politiques ultra-libérales pour l'Europe, pour les décennies à venir. C'est comme si dans la Constitution française il était inscrit la suppression des services publics, la mise en service minimum de la protection sociale, etc.. C'est pareil. C'est une fraude électorale. Si cette constitution est adoptée, on pourra nous dire de voter, on pourra nous dire d'élire des gouvernements, mais déjà on aura inscrit la politique économique et sociale des pays de l'Union européenne dans une démarche où ce qui domine, c'est la loi du marché, c'est la mise en concurrence. Le dossier est clair. Et pourtant cela tergiverse à gauche. Et aujourd'hui, je le dis ici publiquement, il faut dans les jours qui viennent que les forces de gauche se positionnent clairement. On ne peut pas dire que l'on va mener une politique de gauche en France et se prononcer pour le oui à la constitution Européenne ; on ne peut pas dire que l'on a fait des erreurs, comme j'entendais Laurent Fabius, l'autre soir, et puis hésiter pour savoir si l'on va adopter ou pas cette constitution européenne. Si on veut récréer une envie de politique dans ce pays, si l'on veut faire en sorte, que ce qu'on a appelé le peuple de gauche de nouveau se mobilise, face à cette droite, pour construire une alternative, il faut du courage et de l'honnêteté à gauche, et il faut oser prendre des dossiers comme celui là et opposer, dans un débat clair, un non de gauche à cette constitution européenne. Oui, il faut un référendum. Mais cela tout le monde est d'accord. Si je lance un appel à signer pour un référendum, tous les partis de gauche, vont signer oui. Mais cela ne suffit pas. Il faut qu'à gauche on se mobilise, tous ensemble à cette constitution et pour construire une Europe sociale, démocratique, une Europe de progrès qui permet à tous les peuples qui la constituent aujourd'hui de connaître le progrès social et d'être un élément de coopération, pour une autre mondialisation. C'est le rôle que pourrait jouer, demain l'Europe.
Voilà, excusez moi, je suis un peu longue, mais je crois, qu'il faut que les politiques arrêtent de pleurnicher sur la crise de la politique. Qu'ils arrêtent de faire le constat que beaucoup d'hommes et de femmes en ont assez des promesses non tenues, ou encore comme je l'entends ces jours-ci, parce que des échéances électorales approchent, de brandir le danger de l'extrême droite, parce que cela peut servir des intérêts électoraux, d'un coté ou de l'autre. Je crois qu'aujourd'hui, il faut, si l'on veut battre la droite -et il est urgent de battre la droite, parce qu'elle travaille vite et elle travaille fort, contre les intérêts populaires- il faut qu'à gauche, il se passe quelque chose Et ce quelque chose c'est qu'à gauche on ose enfin, la confrontation politique, on ose enfin dire que si l'on veut répondre aux attentes populaires, il faut prendre de front la logique capitaliste. Il faut prendre de front les politiques ultra-libérales, telles qu'elles se mènent aujourd'hui, il faut proposer une alternative qui dans son contenu permet cela, et qui dans son contenu permet une nouvelle dynamique et un nouveau rassemblement à gauche. Une nouvelle construction politique à gauche. Voilà, quelques mots que je voulais vous dire. Je sais que parfois tenir ces propos lorsqu'on est un parti qui a connu l'affaiblissement que nous avons connu, peu apparaître un peu déraisonnable. Mais je crois que ce qui serait déraisonnable, pour une parti tel celui auquel j'appartiens, cela serait de penser parce que nous venons de traverser cette période difficile, il faudrait se ranger derrière ceux qui nous disent qu'il faut maintenant se résigner à ce système capitaliste, et qu'il faut arrêter de rêver. Parce que si nous faisions cela nous tromperions ceux, qui dans ce pays, pensent encore, et ils sont nombreux, qu'il est possible de mener une autre vie et qu'il est possible de construire un autre monde.
(source http://www.pcf.fr, le 23 octobre 2003)
Je regrette de n'avoir pas pu être présente ce matin, car je crois que cette initiative, ce forum National services Public Europe, va laisser quelques traces, à la fois de ce que j'ai entendu cet après-midi par la qualité des analyses, mais également des propositions, et des propositions d'initiatives très concrètes qui vont en sortir. Bien sûr ce travail sur Service Public et Europe, n'est pas un travail qui démarre aujourd'hui, il est mené depuis des années par les communistes et par d'autres, forces syndicales, forces progressistes, il est mené par nos élus à l'Assemblée européenne, et par Sylviane Ainardi, qui toutes ces dernières années, parfois sans être suffisamment relayée dans le parti, a mené ce combat, il est mené bien sûr avec Marie-Claire Culié, Joëlle Greder et Gilles Garnier, aujourd'hui pour animer la bataille du parti sur ces questions. Mais je pense qu'à travers cette journée, nous avons passé une étape supplémentaire et que nous nous sommes donnés des atouts, des points d'appui pour élargir ce combat.
Ce forum témoigne aussi d'une volonté plus large du PCF de marquer de façon plus forte, sa volonté de dire non aux politiques libérales menées dans ce pays, de dire non à la politique particulièrement dévastatrice de la droite et du patronat, du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Il témoigne de l'engagement du PCF pour dire stop ! Stop aux mesures qui sont prises, stop aux réformes qui sont annoncées. Mais surtout, il montre cette nécessité de dire que d'autres choix sont possibles, qu'il est possible de mettre en uvre dans ce pays et en Europe une autre politique que celle qui est menée aujourd'hui. Nous allons faire des propositions, comme nous l'avons fait sur les retraites, sur les services publics. Vous y avez travaillé aujourd'hui, mais également sur la protection sociale, puisque nous allons sortir dans quelques jours, un document très important sur notre projet pour la santé, pour la protection sociale, la sécurité sociale. Et vous avez vu comment " L'Humanité " a ouvert ce débat avec ce document extrêmement riche concernant les questions de la santé. Nous allons lancer une contre-offensive sur les questions de l'école, avec une journée nationale sur l'école, le 8 novembre. Et nous allons lancer une très grande campagne, sur les questions de l'emploi, contre les plans de licenciements, mais pas simplement dans une posture de résistance. Nous voulons à travers cette campagne, faire vivre de façon très concrète notre proposition, c'est plus qu'une proposition, une certaine conception de la société que nous voulons avancer à travers notre idée d'une sécurité de l'emploi et de la formation. Nous allons également nous exprimer sur les questions de la décentralisation, ou sur celle de l'Europe.
Aujourd'hui, les communistes sont déterminés, à ouvrir partout, des espaces d'action, de réflexion, de débats, sur toutes les grandes questions qui concernent notre peuple, et plus largement sur les questions qui concernent l'avenir de l'Humanité. Et nous voulons dans ces espaces inviter tous ceux et toutes celles, qui aujourd'hui pensent que l'heure n'est pas à la résignations, mais que l'heure est à la résistance et à la construction d'autres rapports entre les individus, d'autres rapports entre les peuples, de les inviter à venir débattre très directement entre nous, dans la confrontation, entre citoyens et citoyennes, et avec toutes les forces politiques qui voudront bien participer à ces grands débats pour construire une véritable alternative à gauche. Et dans ces débats, les services publics vont tenir une très grande place. Bien sûr, il y a une très grande campagne qui est menée pour faire passer cette notion de services publics comme quelque chose de dépassé ou d'archaïque. Or je crois comme vous, que les services publics sont un élément vital d'une réponse émancipatrice aux grands défis de notre époque.
Charles tout à l'heure disait "à travers les services publics, ce n'est pas qu'une question d'économie". En effet, je crois qu'à travers les services publics, c'est une certaine conception de la société, des droits des individus, des rapports des individus entre eux. Et je dirais qu'à contrario, quand on regarde la politique menée par la droite, les objectifs de la droite et du patronat, il s'agit bien à travers la destruction des services publics, de permettre que toutes les activités humaines soient soumises à la loi du marché capitaliste. Et c'est vrai que les services publics sont aujourd'hui un obstacle au déroulement d'un tapis rouge, dans notre pays et en Europe, au capitalisme mondialisé. Donc la défense des services publics, ce n'est pas une démarche corporatiste ou la défense d'un statut, même si cela est important. Défendre les services publics aujourd'hui, c'est défendre une certaine conception de la société, par rapport à la démarche de prédateur des tenants du capitalisme mondialisé.
C'est à ce niveau-là, je crois qu'il faut situer cet enjeu. Lorsque je dis que la droite veut détruire, je crois qu'aujourd'hui, nous ne sommes pas face à la répétition des gouvernements Chirac-Balladur-Juppé. La droite française, et je dirais la droite européenne et le patronat européen, veulent aujourd'hui franchir une étape nouvelle. Il s'agit pour eux de mettre à bas tout ce qui concerne l'intérêt général, le bien commun, le droit, la notion de droit pour chacune et chacun, tout ce qui concerne le lien social, la solidarité. On l'a vu à travers la question des retraites. On voit ce qu'ils veulent faire sur la protection sociale, on voit comment ils veulent petit à petit détruire ce qui dans le code du travail donnait un minimum de garanties pour le salarié et puis on le voit à travers ce qu'ils veulent faire à travers la décentralisation. Parfois j'entends des élus qui disent : " le problème c'est qu'on décentralise des compétences sans nous donner les moyens ". J'ai envie de dire, ce n'est pas le problème que nous avons aujourd'hui, avec leur projet de décentralisation à la sauce Raffarin. Ce qu'ils veulent faire, c'est détruire ce qui fondent notre nation et notre République. Ils veulent détruire ce qui constituait les missions de l'Etat français par rapport aux citoyens et aux citoyennes. La décentralisation ce n'est pas simplement transférer des compétences. La décentralisation c'est casser la responsabilité collective de l'état par rapport aux droits de chaque individu. Et cette décentralisation qu'on est en train de nous concocter au niveau de l'Etat français, du gouvernement français, elle rejoint cette Europe qui sont est en train de nous construire.
Il y a quelques années, quand les communistes évoquaient l'idée de l'Europe des régions, on nous prenait pour des prêcheurs d'un avenir noir mais qui se basait sur aucun fait concret, sur aucune réalité. Nous y sommes par les plans de décentralisation du gouvernement français et la constitution telle qu'ils sont en train de vouloir nous l'imposer, nous sommes vraiment là où il veulent nous faire arriver, une Europe qui se construira au service de la loi du marché et de la libre concurrence et qui petit à petit effacera tout ce qui peut gêner la mise en uvre de ce projet. Donc il ne faut pas simplement dire que nous voulons nous battre pour une autre décentralisation, il faut dire que par rapport à cela, nous voulons nous battre pour une autre conception de la République Française, une nouvelle République, avec des modifications profondes de nos institutions et nous voulons nous battre pour une autre construction européenne, avec là aussi toute une autre conception des institutions européennes. Face à ces projets de la droite et du patronat au niveaux français et européenne, et on l'a bien vu à travers le grand projet sur les marchés et sur les services, au plan de l'organisation mondiale du commerce, qui est l'objectif des tenants du capitalisme mondialisé au niveau de toute la planète, il y a des résistances qui se font jour et j'ai entendu que vous l'évoquiez cet après midi. Il y a ce qui s'est passé en France, avec ces mouvements contre la guerre, contre les réformes " sauce Raffarin ", avec ce qui est en train de se préparer pour le Forum Social Européen, qui va se tenir dans quelques jours ici même, chez nous, et quelqu'un l'a dit cet après midi, ces mouvements sont marqués par beaucoup d'interpellations du politique, par beaucoup de questions sur quelles propositions alternatives, mais également quelles conditions politiques pour que ces propositions alternatives puissent un jour voir le jour concrètement et puisent s'installer durablement dans notre pays. Et on a bien senti que ces mouvements sociaux portaient très fortement le sens justement de l'intérêt général, du bien commun, du droit des individus, des questions de solidarité.
Quelqu'un tout à l'heure a parlé de la possibilité de revenir sur les décisions qui sont prises aujourd'hui. Et je pense qu'en effet, ce qui a fait la force de ces mouvements sociaux, c'est qu'il n'y avait pas qu'une posture de défense dos au mur, mais qu'il y avait une réflexion sur le besoin de plus de mise en commun, et lorsque les enseignants ou les autres salariés se battaient contre sur la réforme des retraites ou contre la réforme de la décentralisation, ils parlaient aussi dans leurs Assemblées générales de grévistes du besoin d'un Service public de l'eau, du besoin de revisiter les organismes internationaux, qu'ils s'appellent FMI, OMC C'est à dire que ce mouvement social était porteur non seulement d'aspirations liées aux attaques de la droite, mais porteur d'aspirations qui visaient quelque part quand même à remettre en cause la logique capitaliste qui est en uvre aujourd'hui, chez nous et au niveau de la planète.
Alors, j'ai envie de dire par rapport à ce niveau d'exigences, dans notre peuple, mais plus largement dans le monde : quelles réponses politiques ? Parce que j'ai bien entendu cet après midi que vous aviez toute une série de propositions concernant les services publics, mais quelles réponses politiques parce qu'aujourd'hui la droite est au manettes ici, mais dans la quasi totalité des pays de l'Union européenne, ou des pays qui vont nous rejoindre, des 25. Et si elle n'est pas aux manettes, hélas, les gouvernements socio-démocrates mettent en uvre des politiques libérales. L'autre fois à RTL, la première question du journaliste était : " est-ce que pour vous le fait que Chirac parle au nom de Schroeder, n'est pas un formidable symbole ? C'est un symbole, mais il est loin d'être formidable. Ce qui les unit c'est d'avoir mis en uvre au même moment dans les deux pays, la même réforme des retraites et de vouloir construire la même Europe, sauce libérale.
Donc quelles réponses politiques ? Comment construire une véritable alternative. Cela pose le problème du projet, cela pose le problème des forces humaines et politiques capables de se rassembler sur ce projet. Alors quel projet, d'abord ? Ce qui me frappe aujourd'hui, c'est sur le sujet qui nous rassemble, services publics et Europe, vous prenez la parole dans la salle en tant que hommes et femmes engagés dans un syndicat, dans un parti, dans une organisation, vous n'éprouvez pas le besoin de mettre une barrière au milieu de la salle, avec le mouvement social d'un coté et le débouché politique de l'autre. Pourtant depuis quelques mois, on essaie de nous faire rentrer dans des cases, où les politiques, nous serions chargés, comme dit François Hollande, à partir des réflexions qui sortent du mouvement social, de produire " un débouché ", tandis que le mouvement social, comme dit également mon ami José Bové, lui s'occuperait de se battre, pour les droits, les élus qui s'occuperaient des territoires, notions vagues, qu'il faudrait redéfinir dans le débat avec lui. Mais moi, j'ai envie de dire que face aux enjeux que traversent notre planète, que nous traversons ici en France, nous avons besoin que toutes les énergies se retrouvent pour construire ensemble. Et que peut être ce à quoi nous appelle la situation telle que nous la connaissons, c'est d'inventer une autre façon de gérer la cité, c'est à dire une autre façon de faire de la politique, et que nous avons besoin pour faire de la politique aujourd'hui, que le militant associatif, syndical, politique, que les hommes et les femmes qui ne sont pas de tout cela, mais qui ont envie que cela bouge pour changer leur vie quotidienne, changer le monde puissent se retrouver dans le même lieu, réfléchir, débattre et prendre les décisions d'actions, ensemble.
Est-ce qu'on peut inventer un débouché politique qui serait pas le fait simplement des partis politiques, mais un débouché politique qui serait le fait de notre peuple lui-même, et dans ce peuple, de ses organisations, telle qu'il se les donne ? C'est à dire, est-ce qu'on peut penser aujourd'hui qu'il faut se donner les moyens que notre peuple investisse le champ des décisions et de la mise en uvre politique ? C'est un peu la démarche que proposent les communistes. Pourquoi cela ? Parce que lorsqu'on regarde le passif de la gauche, et dans la gauche, du Parti Communiste Français, on peut bien sur faire des colonnes, voire ce qui a été bon dans la participation gouvernementale, voire ce qui ne l'a pas été, on peut faire des colonnes... mais peut-être si on prend un peu de distances, et si on regarde, ce qui a manqué à la gauche pour vraiment répondre aux attendes de notre peuple. Eh bien peut-être qu'elle n'a pas permis que ceux et celles qui attendaient de la gauche, investissent le terrain politique et que quelque part la gauche a géré le pouvoir de la même façon que la droite le gère, c'est à dire en pensant que les gouvernants pouvaient eux-mêmes trouver des réponses sans faire appel à tous moments, de la prise de pouvoir, de la gestion, faire appel à tous moments à l'intervention populaire, dans le contenu des réformes à mettre en uvre. Et parce qu'elle ne l'a pas fait, elle a tout juste cherché à tergiverser avec les forces adverses en présence, avec le patronat, la droite, et on l'a vu sur des grandes réformes, on reparle aujourd'hui des 35 heures, mais on pourrait parler d'autres sujets, où la gauche n'a pas eu le courage d'aller au bout des réformes nécessaires sur les questions de la fiscalité, de la démocratie à l'entreprise et dans la cité, ou sur les questions de l'Europe, parce qu'elle n'a pas voulu réellement prendre appui sur le mouvement populaire, sur le mouvement social, telle qu'elle aurait pu le faire, si elle avait eu la volonté d'aller au bout d'une politique réellement à gauche. Alors si on est dans cette idée-là, si le principal enseignement de l'échec de la gauche est celui là, c'est peut être cela qu'il faut changer et inventer une autre façon de faire de la politique. Vous savez cette semaine, j'ai eu trois expériences, comme toujours on a des expériences, dans la vie. J'ai reçu une lettre de François Hollande, suite à la lettre que j'ai adressée à l'ensemble des partis de gauche, pour leur dire on vous invite à venir dans les forums. Et il me répond : très bien votre démarche, très, très bien, et les socialistes vont venir participer à vos forums. Et le paragraphe d'après, il me dit j'attends ta réponse sur les élections régionales. Est-ce que vous faite l'union ou est-ce que vous ne la faites pas. Et puis, nous avons reçu, dans une rencontre officielle, la LCR, mercredi dernier, et nous avons discuté de l'Europe et du NON à la constitution européenne, telle qu'elle nous est projetée, puis nous avons discuté de l'emploi, et des campagnes à mener sur l'emploi et nous nous retrouvions d'accord sur ces sujets. Et puis nous sommes venus sur la question, quand même, qui pour un parti politique a quelque importance, à savoir quelle construction politique pour battre la droite au pouvoir et faire en sorte que s'installe une alternative de gauche durable, eh bien là, on nous répond, ah ben non, on a fait alliance avec LO, on ne peut pas donc envisager de travailler avec les autres forces de gauche. Dernière expérience, Jean-Michel Apathie, journaliste à RTL, me dit que Jean-Paul Huchon a fait un meeting, et qu'il nous demande à nous les communistes de la région Ile de France, si nous faisons alliance au premier tour avec eux ou pas. Ben j'ai dit non, excusez moi, on a décidé de faire de la politique autrement. Est-ce qu'on recommence comme on a fait ? Et est-ce qu'on va de nouveau à l'échec ? On peut avoir alternance en 2007, parce que les hommes et les femmes en auront ras le bol de la droite. Il faut se dire, il faut utiliser ce qu'on peut utiliser pour la renverser, et mettre d'autres forces au pouvoir. Mais si on recommence comme avant et si on échoue de nouveau, qu'est-ce qui va se passer ? De plus en plus d'hommes et de femmes vont se plonger dans la désespérance, le repli sur soi. D'autres vont chercher dans des réponses populistes, xénophobes, d'extrême droite, d'expression de leur souffrance, de leur colère. On a une responsabilité à gauche. Je ne peux pas de nouveau, emmener notre peuple au mur. Ce n'est pas possible. C'est une démarche difficile, de dire que nous voulons reconstruire à gauche en permanence, dans la confrontation des forces politiques de gauche, avec nos compatriotes, avec vous, avec notre peuple. C'est à dire faire en sorte qu'à aucun moment notre peuple ne soit dessaisi des choix, et y compris des choix concernant les constructions politiques et donc les rassemblements, et donc l'alliance. C'est pourquoi, la démarche des forums, ce n'est pas une démarche électoraliste. Cette démarche des forums, c'est pour nous une démarche permanente, constitutive d'une démarche communiste et plus généralement d'une démarche de gauche. Il faut absolument que nous soyons capables d'aborder tous les sujets, dans ces forums et que les forces politiques soient mises en capacité de construire avec les citoyens, de prendre des engagements clairs. Je reviens sur les services publics. L'ouverture du capital pour les entreprises publiques, ce sont des questions qui ont traversé le gouvernement de gauche, qui ont traversé le PCF. Honnêtement, si nous avions été mieux en capacité d'avoir des débats comme celui que nous avons aujourd'hui, lorsque nous étions au gouvernement, est-ce que nous nous serions positionnés comme nous nous sommes positionnés par rapport à certaines ouvertures du capital ? Pour ma part je réponds non. Et je dis cela parce que c'est vraiment quelque chose de profond que nous voulons porter, les communistes, pas seuls, cela serait bien utopique de penser que le parti communiste aujourd'hui serait capable seul, et je crois que ce serait erroné sur le fond. Nous voulons impulser cette démarche de faire en sorte que toutes les questions soient posées à la portée des hommes et des femmes. Je vais prendre un exemple d'actualité que vous avez débattu aujourd'hui : cette constitution européenne, dont on a caché plus de la moitié du projet de constitution. Eh bien, nous avons révélé, grâce à l'Humanité, le contenu de la constitution projetée pour l'UE et à travers cela nous avons montré, que cette constitution vise, au-delà de son caractère anti-démocratique dans le fonctionnement de l'UE, à restaurer des politiques ultra-libérales pour l'Europe, pour les décennies à venir. C'est comme si dans la Constitution française il était inscrit la suppression des services publics, la mise en service minimum de la protection sociale, etc.. C'est pareil. C'est une fraude électorale. Si cette constitution est adoptée, on pourra nous dire de voter, on pourra nous dire d'élire des gouvernements, mais déjà on aura inscrit la politique économique et sociale des pays de l'Union européenne dans une démarche où ce qui domine, c'est la loi du marché, c'est la mise en concurrence. Le dossier est clair. Et pourtant cela tergiverse à gauche. Et aujourd'hui, je le dis ici publiquement, il faut dans les jours qui viennent que les forces de gauche se positionnent clairement. On ne peut pas dire que l'on va mener une politique de gauche en France et se prononcer pour le oui à la constitution Européenne ; on ne peut pas dire que l'on a fait des erreurs, comme j'entendais Laurent Fabius, l'autre soir, et puis hésiter pour savoir si l'on va adopter ou pas cette constitution européenne. Si on veut récréer une envie de politique dans ce pays, si l'on veut faire en sorte, que ce qu'on a appelé le peuple de gauche de nouveau se mobilise, face à cette droite, pour construire une alternative, il faut du courage et de l'honnêteté à gauche, et il faut oser prendre des dossiers comme celui là et opposer, dans un débat clair, un non de gauche à cette constitution européenne. Oui, il faut un référendum. Mais cela tout le monde est d'accord. Si je lance un appel à signer pour un référendum, tous les partis de gauche, vont signer oui. Mais cela ne suffit pas. Il faut qu'à gauche on se mobilise, tous ensemble à cette constitution et pour construire une Europe sociale, démocratique, une Europe de progrès qui permet à tous les peuples qui la constituent aujourd'hui de connaître le progrès social et d'être un élément de coopération, pour une autre mondialisation. C'est le rôle que pourrait jouer, demain l'Europe.
Voilà, excusez moi, je suis un peu longue, mais je crois, qu'il faut que les politiques arrêtent de pleurnicher sur la crise de la politique. Qu'ils arrêtent de faire le constat que beaucoup d'hommes et de femmes en ont assez des promesses non tenues, ou encore comme je l'entends ces jours-ci, parce que des échéances électorales approchent, de brandir le danger de l'extrême droite, parce que cela peut servir des intérêts électoraux, d'un coté ou de l'autre. Je crois qu'aujourd'hui, il faut, si l'on veut battre la droite -et il est urgent de battre la droite, parce qu'elle travaille vite et elle travaille fort, contre les intérêts populaires- il faut qu'à gauche, il se passe quelque chose Et ce quelque chose c'est qu'à gauche on ose enfin, la confrontation politique, on ose enfin dire que si l'on veut répondre aux attentes populaires, il faut prendre de front la logique capitaliste. Il faut prendre de front les politiques ultra-libérales, telles qu'elles se mènent aujourd'hui, il faut proposer une alternative qui dans son contenu permet cela, et qui dans son contenu permet une nouvelle dynamique et un nouveau rassemblement à gauche. Une nouvelle construction politique à gauche. Voilà, quelques mots que je voulais vous dire. Je sais que parfois tenir ces propos lorsqu'on est un parti qui a connu l'affaiblissement que nous avons connu, peu apparaître un peu déraisonnable. Mais je crois que ce qui serait déraisonnable, pour une parti tel celui auquel j'appartiens, cela serait de penser parce que nous venons de traverser cette période difficile, il faudrait se ranger derrière ceux qui nous disent qu'il faut maintenant se résigner à ce système capitaliste, et qu'il faut arrêter de rêver. Parce que si nous faisions cela nous tromperions ceux, qui dans ce pays, pensent encore, et ils sont nombreux, qu'il est possible de mener une autre vie et qu'il est possible de construire un autre monde.
(source http://www.pcf.fr, le 23 octobre 2003)