Texte intégral
Cher(e)s Camarades,
Le passage à une année nouvelle est propice à un rapide bilan d'activité, mais surtout je suis convaincu que les enjeux sociaux de la période qui s'ouvre confèrent des responsabilités exceptionnelles à tous les militants : c'est la raison pour laquelle j'ai jugé utile et nécessaire de m'adresser de façon un peu solennelle à celles et ceux qui, chaque jour, font la CGT.
Notre 46e Congrès et ses prolongements auront incontestablement marqué la vie sociale de l'année 1999.
"Pour un syndicalisme de nouvelles conquêtes sociales", telle est l'orientation positive que nous y avons retenue ensemble : elle commence à porter ses fruits. Lucide sur ses forces comme sur ses faiblesses, la CGT est à l'offensive pour favoriser l'engagement d'un plus grand nombre de salariés sur leurs revendications et contribuer à de nouvelles prises de conscience.
Un syndicat qui forge ses opinions et ses prises de position à partir de l'opinion des syndiqués, des salariés, un syndicat qui cherche à mieux articuler la contestation, la mobilisation, la proposition et la négociation, voilà notre idéal, voilà notre ambition.
La CGT est ainsi jugée disponible, combative, plus indépendante, plus efficace...
Les salariés apprécient également qu'en militant sans relâche pour le rassemblement des forces syndicales en France, en Europe et dans le monde, sans faire l'impasse sur les différences d'opinion existant entre organisations, le seul but de la CGT soit de réunir les meilleures conditions pour le succès des luttes revendicatives.
Désormais de plain pied dans la Confédération Européenne des Syndicats, la CGT va participer à la réussite des mobilisations d'ores et déjà programmées pour que les exigences sociales soient prises en compte dans la construction européenne.
Tout cela contribue à des résultats encourageants : dans un certain nombre d'élections professionnelles notre influence progresse, parfois dans des proportions importantes.
Pour ce qui est de notre "état de santé", les voyants sont au vert. Ainsi, en 1999, c'est dans plus de 3 000 entreprises que des salariés ont décidé de créer leur syndicat CGT. Près de 70 000 adhésions ont été enregistrées. Voilà une tendance que nous ne connaissions plus depuis 1977, et qui va nous permettre de franchir la barre des 700 000 adhérents à la CGT.
Faire ce constat à grands traits n'ôte rien, bien au contraire, à la nécessité d'ouvrir d'autres chantiers pour perfectionner notre outil syndical comme le Congrès l'a souhaité.
Je pense aux décisions à prendre pour mieux orienter nos moyens financiers en fonction des besoins de l'activité, aux évolutions des structures de l'organisation qu'il faut engager pour coller aux besoins revendicatifs d'aujourd'hui, aux efforts pour une plus grande place faite aux femmes et aux jeunes comme dirigeants de l'organisation, à la nécessité de repenser notre presse syndicale, notamment l'Hebdo, pour qu'elle joue mieux un rôle de support à notre démarche dans les entreprises.
Dans l'année qui s'ouvre, nous devrons nous atteler à ce travail, et assumer en même temps toutes nos obligations sur le terrain revendicatif.
Les luttes se sont développées avec force et détermination ces dernières semaines. Qu'elles portent sur l'emploi, les conditions de travail, le pouvoir d'achat, la dignité elles ont cette caractéristique d'être dynamiques, ambitieuses et rassembleuses. Certaines d'entre elles débouchent sur des succès et parfois s'accompagnent de nouvelles adhésions à la CGT. Nous devons être encore plus disponibles, volontaires pour que les salariés, les chômeurs, les retraités expriment leurs aspirations avec audace.
C'est bien sûr de notre capacité à répondre à chaque situation concrète que peut dépendre le progrès du mouvement social, notamment pour qu'il s'exprime de façon plus coordonnée sur un plan interprofessionnel.
La loi sur les 35 heures telle qu'elle a été adoptée ne répond pas à l'intégralité de nos attentes : maintenant, dans chaque entreprise, c'est de notre engagement avec les salariés pour transformer partout l'objectif de réduction du temps de travail en véritable conquête sociale que va dépendre le bilan final.
Il va nous falloir beaucoup de monde sur le pont disposé à répondre ou à convaincre tous ceux qui ne possèdent pas encore de syndicat CGT sur leur lieu de travail.
Toutes les forces de la CGT vont être nécessaires pour arracher de nouvelles modalités d'indemnisation du chômage, garantir l'avenir des retraites par répartition et l'augmentation du pouvoir d'achat des retraités, mieux répondre aux besoins de santé de la population en refondant le système de protection sociale et en démocratisant sa gestion.
Le patronat n'entend pas céder un pouce sur sa logique de profit. Au nom de la " liberté des entrepreneurs " le MEDEF a même la véritable intention de nous mitonner un vaste projet de déréglementation sociale.
Le gouvernement, quoi qu'il s'en défende, dispose de réels moyens d'intervention en matière d'emploi et de politique industrielle, en matière de service public et pour une fiscalité plus juste, ou bien encore dans la conduite de négociations internationales qui ont une incidence sur la vie de chacun.
La France présidera les travaux de l'Union Européenne durant le deuxième semestre 2000. Voilà une raison supplémentaire d'être exigeants à son égard pour obtenir des délibérations favorables aux salariés d'Europe.
Beaucoup est affaire de choix et ceux ci s'opèrent, comme souvent, en fonction des rapports de force.
Tout ne dépend pas de nous mais nous pouvons faire beaucoup pour faire évoluer la situation en faveur des salariés. En étant nous-mêmes, en parlant vrai à propos des enjeux de société qui concernent les générations futures, conjuguons au présent les réelles possibilités dont disposent les salariés pour influer sur le cours des choses.
Le droit pour chacun d'intervenir sur ce qui le concerne est une exigence moderne. Une nouvelle démonstration en a été faite à l'occasion du Sommet de Seattle à propos des conditions dans lesquelles le commerce mondial devrait se développer.
Notre démarche syndicale veut contribuer à répondre à cette exigence. Pour le faire et bien le faire, nous préconisons des évolutions sensibles des droits, des prérogatives et des moyens du syndicalisme et nous continuerons à promouvoir de nouvelles règles de représentativité syndicale : cette idée cohérente avec les aspirations à la démocratie et à la justice sociale doit maintenant impérativement être débattue.
A partir des multiples contacts que j'ai pu avoir lors d'initiatives dans des entreprises ou des syndicats, ces derniers mois, j'ai la conviction qu'en nous y mettant tous, syndiqués du secteur privé, d'entreprises publiques ou de la fonction publique, nous allons pouvoir faire de grandes choses dans cette année 2000.
En étant solidaires les uns des autres, nous avancerons dans notre combat commun pour une société meilleure.
En vous remerciant pour le travail déjà accompli, je vous adresse, à titre personnel et au nom de la direction confédérale de la CGT, des voeux sincères de réussite et de bonheur pour vous et tous vos proches.
Bien fraternellement à toutes et à tous.
Bernard THIBAULT, Secrétaire Général de la CGT
(Source http://www.cgt.fr, le 05 janvier 2000)
Le passage à une année nouvelle est propice à un rapide bilan d'activité, mais surtout je suis convaincu que les enjeux sociaux de la période qui s'ouvre confèrent des responsabilités exceptionnelles à tous les militants : c'est la raison pour laquelle j'ai jugé utile et nécessaire de m'adresser de façon un peu solennelle à celles et ceux qui, chaque jour, font la CGT.
Notre 46e Congrès et ses prolongements auront incontestablement marqué la vie sociale de l'année 1999.
"Pour un syndicalisme de nouvelles conquêtes sociales", telle est l'orientation positive que nous y avons retenue ensemble : elle commence à porter ses fruits. Lucide sur ses forces comme sur ses faiblesses, la CGT est à l'offensive pour favoriser l'engagement d'un plus grand nombre de salariés sur leurs revendications et contribuer à de nouvelles prises de conscience.
Un syndicat qui forge ses opinions et ses prises de position à partir de l'opinion des syndiqués, des salariés, un syndicat qui cherche à mieux articuler la contestation, la mobilisation, la proposition et la négociation, voilà notre idéal, voilà notre ambition.
La CGT est ainsi jugée disponible, combative, plus indépendante, plus efficace...
Les salariés apprécient également qu'en militant sans relâche pour le rassemblement des forces syndicales en France, en Europe et dans le monde, sans faire l'impasse sur les différences d'opinion existant entre organisations, le seul but de la CGT soit de réunir les meilleures conditions pour le succès des luttes revendicatives.
Désormais de plain pied dans la Confédération Européenne des Syndicats, la CGT va participer à la réussite des mobilisations d'ores et déjà programmées pour que les exigences sociales soient prises en compte dans la construction européenne.
Tout cela contribue à des résultats encourageants : dans un certain nombre d'élections professionnelles notre influence progresse, parfois dans des proportions importantes.
Pour ce qui est de notre "état de santé", les voyants sont au vert. Ainsi, en 1999, c'est dans plus de 3 000 entreprises que des salariés ont décidé de créer leur syndicat CGT. Près de 70 000 adhésions ont été enregistrées. Voilà une tendance que nous ne connaissions plus depuis 1977, et qui va nous permettre de franchir la barre des 700 000 adhérents à la CGT.
Faire ce constat à grands traits n'ôte rien, bien au contraire, à la nécessité d'ouvrir d'autres chantiers pour perfectionner notre outil syndical comme le Congrès l'a souhaité.
Je pense aux décisions à prendre pour mieux orienter nos moyens financiers en fonction des besoins de l'activité, aux évolutions des structures de l'organisation qu'il faut engager pour coller aux besoins revendicatifs d'aujourd'hui, aux efforts pour une plus grande place faite aux femmes et aux jeunes comme dirigeants de l'organisation, à la nécessité de repenser notre presse syndicale, notamment l'Hebdo, pour qu'elle joue mieux un rôle de support à notre démarche dans les entreprises.
Dans l'année qui s'ouvre, nous devrons nous atteler à ce travail, et assumer en même temps toutes nos obligations sur le terrain revendicatif.
Les luttes se sont développées avec force et détermination ces dernières semaines. Qu'elles portent sur l'emploi, les conditions de travail, le pouvoir d'achat, la dignité elles ont cette caractéristique d'être dynamiques, ambitieuses et rassembleuses. Certaines d'entre elles débouchent sur des succès et parfois s'accompagnent de nouvelles adhésions à la CGT. Nous devons être encore plus disponibles, volontaires pour que les salariés, les chômeurs, les retraités expriment leurs aspirations avec audace.
C'est bien sûr de notre capacité à répondre à chaque situation concrète que peut dépendre le progrès du mouvement social, notamment pour qu'il s'exprime de façon plus coordonnée sur un plan interprofessionnel.
La loi sur les 35 heures telle qu'elle a été adoptée ne répond pas à l'intégralité de nos attentes : maintenant, dans chaque entreprise, c'est de notre engagement avec les salariés pour transformer partout l'objectif de réduction du temps de travail en véritable conquête sociale que va dépendre le bilan final.
Il va nous falloir beaucoup de monde sur le pont disposé à répondre ou à convaincre tous ceux qui ne possèdent pas encore de syndicat CGT sur leur lieu de travail.
Toutes les forces de la CGT vont être nécessaires pour arracher de nouvelles modalités d'indemnisation du chômage, garantir l'avenir des retraites par répartition et l'augmentation du pouvoir d'achat des retraités, mieux répondre aux besoins de santé de la population en refondant le système de protection sociale et en démocratisant sa gestion.
Le patronat n'entend pas céder un pouce sur sa logique de profit. Au nom de la " liberté des entrepreneurs " le MEDEF a même la véritable intention de nous mitonner un vaste projet de déréglementation sociale.
Le gouvernement, quoi qu'il s'en défende, dispose de réels moyens d'intervention en matière d'emploi et de politique industrielle, en matière de service public et pour une fiscalité plus juste, ou bien encore dans la conduite de négociations internationales qui ont une incidence sur la vie de chacun.
La France présidera les travaux de l'Union Européenne durant le deuxième semestre 2000. Voilà une raison supplémentaire d'être exigeants à son égard pour obtenir des délibérations favorables aux salariés d'Europe.
Beaucoup est affaire de choix et ceux ci s'opèrent, comme souvent, en fonction des rapports de force.
Tout ne dépend pas de nous mais nous pouvons faire beaucoup pour faire évoluer la situation en faveur des salariés. En étant nous-mêmes, en parlant vrai à propos des enjeux de société qui concernent les générations futures, conjuguons au présent les réelles possibilités dont disposent les salariés pour influer sur le cours des choses.
Le droit pour chacun d'intervenir sur ce qui le concerne est une exigence moderne. Une nouvelle démonstration en a été faite à l'occasion du Sommet de Seattle à propos des conditions dans lesquelles le commerce mondial devrait se développer.
Notre démarche syndicale veut contribuer à répondre à cette exigence. Pour le faire et bien le faire, nous préconisons des évolutions sensibles des droits, des prérogatives et des moyens du syndicalisme et nous continuerons à promouvoir de nouvelles règles de représentativité syndicale : cette idée cohérente avec les aspirations à la démocratie et à la justice sociale doit maintenant impérativement être débattue.
A partir des multiples contacts que j'ai pu avoir lors d'initiatives dans des entreprises ou des syndicats, ces derniers mois, j'ai la conviction qu'en nous y mettant tous, syndiqués du secteur privé, d'entreprises publiques ou de la fonction publique, nous allons pouvoir faire de grandes choses dans cette année 2000.
En étant solidaires les uns des autres, nous avancerons dans notre combat commun pour une société meilleure.
En vous remerciant pour le travail déjà accompli, je vous adresse, à titre personnel et au nom de la direction confédérale de la CGT, des voeux sincères de réussite et de bonheur pour vous et tous vos proches.
Bien fraternellement à toutes et à tous.
Bernard THIBAULT, Secrétaire Général de la CGT
(Source http://www.cgt.fr, le 05 janvier 2000)