Déclaration de M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur le bilan des dégats causés par le cyclone Lenny dans les Antilles, Paris le 19 novembre 1999.

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Circonstance : Passage du cyclone Lenny sur les Antilles les 18 et 19 novembre 1999

Texte intégral

Les Antilles, et, tout particulièrement, l'archipel guadeloupéen, mais aussi la Martinique viennent d'être touchés par un phénomène cyclonique particulièrement violent et d'une nature exceptionnelle.
Depuis quarante huit heures les services de l'Etat en Guadeloupe et en Martinique sont en état d'alerte pour faire face aux conséquences humaines et matérielles de cette catastrophe, la deuxième en quelques semaines qui frappe la Guadeloupe.
Alors que le jour se lève sur les Antilles ce vendredi, toute menace n'a pas complètement disparu sur les Iles du Nord - St Martin et St Barthélémy - où les vents continuent à souffler jusqu'à des vitesses pouvant atteindre jusqu'à 230 km et la houle atteindre des creux de 5 à 8 mètres. Les mesures de sécurité recommandées par les autorités doivent donc continuer à être strictement observées.
Avant de dresser un premier bilan des dégâts, je voudrais exprimer les sentiments de sympathie et de soutien du gouvernement envers nos compatriotes de Guadeloupe et de Martinique face à cette nouvelle épreuve. L'Etat fera en sorte que la solidarité nationale se manifeste à la mesure des conséquences matérielles et économiques de cette catastrophe.
D'ores et déjà, je vous annonce qu'une enveloppe de 2 MF de secours d'extrême urgence a été débloquée pour les deux départements. Elle pourra être complétée si nécessaire.
Les informations qui nous sont parvenues au moment où je vous parle nous permettent de dire que les dégâts sont malheureusement très importants en Martinique et en Guadeloupe. Pour l'essentiel, ces dégâts ont été causés par la houle et de très fortes pluies.
En Guadeloupe continentale, les effets ont été très destructeurs, sur la côte ouest : 1 mort, dont le corps n'a pas été retrouvé pour le moment,. est à déplorer à BASSE-TERRE. 49 personnes ont été blessées par les effets de la houle.
De très importants dégâts sur le réseau routier côtier, une centaine de maisons et une trentaine de bateaux ont été endommagés, principalement sur DESHAIES, POINTE NOIRE, BOUILLANTE, BAILLIF, VIEUX FORT et VIEUX HABITANTS.
A DESHAIES, la RN 2 est coupée, la voirie arrachée sur 100 mètres à hauteur de la section FERRY. A BOUILLANTE, la route est inondée en bord de mer. A BASSE-TERRE, le boulevard maritime est partiellement détruit. L'ensemble des voies littorales est en cours de rétablissement. Le rétablissement des lignes téléphoniques est en cours.
450 personnes sont sinistrées, 150 ont été relogées soit dans les familles, soit dans des abris communaux.
Dans les Iles du Nord, les effets du cyclone se poursuivent, vents importants et pluies diluviennes. Depuis hier, 18 novembre après-midi, la situation s'est considérablement dégradée : 1 mort est à déplorer, dans la partie hollandaise de l'île de Saint-Martin.
A Saint-Martin, le quartier des Terres Basses et de l'aéroport Grand Case (route nationale coupée) sont les plus touchés.
La route de Coralita est coupée, le centre de Marigot inondé. 2000 abonnés sont privés d'électricité et les liaisons téléphoniques sont en grande partie détruites.
A Saint-Barthélémy, la route de Gustavia est coupée, les quartiers Corossol, Lézarde et les Cailles sont les plus touchés. La route de Gustavia est coupée, et des éboulements sont à craindre. La centrale électrique de Saint-Barthélémy est arrêtée, suite à inondation, privant la population d'électricité. Les liaisons téléphoniques sont également coupées.
En Martinique, une houle d'Ouest inhabituelle sur la côte Caraïbe a généré des dégâts dans plusieurs communes. Aucune victime, aucun blessé n'ont été recensés. En revanche, les pluies et surtout le phénomène de houle ont provoqué des dégâts.
Dans la commune de Case Pilote, 3 bateaux ont coulé. Dans les communes du Carbet, de Saint-Pierre, du Prêcheur et du Gros Morne, la circulation est délicate, voire interrompue sur plusieurs routes en raison de chutes d'arbres ou de présence d'eau et de sable. La commune du Prêcheur a été la plus durement touchée : 400 personnes sont sinistrées, 200 ont dû être relogées.
Dans le quartier de Boisville, plusieurs maisons ont été inondées, et les personnes évacuées. A Fort-de-France, 300 personnes résidant sur le front de mer ont été évacuées.
Les cellules de crises des préfectures et des sous-préfectures sont activées. Les opérations de rétablissement de la circulation sont en cours depuis ce matin en Guadeloupe continentale et en Martinique.
Pour faire face à cette catastrophe, l'ensemble des sapeurs-pompiers des deux îles, les unités militaires, les unités de régiments du service militaire adapté sont mobilisés, les cellules de crise des préfectures sont activées.
Les moyens aériens habituellement stationnés en Martinique, ont été mis à la disposition du préfet de la Guadeloupe. Les hélicoptères PUMA et FENNEC, ainsi que deux Transals de l'armée de l'air, sont prêts à intervenir sur les Iles du Nord dès que les conditions météorologiques le permettront. Ces moyens aériens permettront en particulier, d'acheminer les secours, des moyens militaires, des équipes sanitaires, des équipes d'opérateurs EDF et France Télécom.
Par ailleurs, soixante sauveteurs de l'unité d'intervention de la sécurité civile n°1 de Nogent Le Rotrou décollera à 15 heures, heure de Paris, d'Orly-Sud à destination de la Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, où ils devraient atterrir vers 23 heures, heure de Paris.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 3 janvier 2000)