Editoriaux de Mme Arlette Laguiller, porte parole de LO, dans "Lutte ouvrière" les 5, 8, 15, 22, 29 mars 2004, sur la persistance du chômage, l'importance du vote LO-LCR lors des élections régionales du 21 mars 2004 pour sanctionner le gouvernement, le désaveu donné à la droite pour sa politique, la reprise de la grève pour défendre l'emploi.

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Média : Lutte Ouvrière

Texte intégral

5 mars 2004
Sanctionner la politique du gouvernement au service du Medef
Tout va pour le mieux, d'après le gouvernement. Il présente comme un grand succès le fait que les statistiques officielles comptabilisent 27 600 chômeurs de moins en janvier, et il annonce que 2004 sera l'année de la reprise économique.
Dans l'un et l'autre cas, il s'agit d'une escroquerie.
En ce qui concerne le chômage, il y a eu 230 000 travailleurs radiés des Assedic en janvier. Ceux-ci, condamnés au RMI ou à l'ASS, n'ont pas de raison de renouveler leur inscription à l'ANPE. Cela fait que cette prétendue baisse du chômage pourrait bien dissimuler une nouvelle et importante augmentation du nombre de chômeurs. Ce qui est vraisemblable quand on voit les suppressions d'emplois, les fermetures sauvages d'entreprise, les plans dits hypocritement "sociaux" se multiplier partout dans le pays.
Quant à une reprise économique en 2004, bien malin qui pourrait dire s'il y en aura une ou pas, car le propre du système capitaliste, soumis à la seule loi du marché, est que les fluctuations de l'économie y sont totalement imprévisibles, y compris par les hommes politiques et les dirigeants des grandes entreprises. Mais évidemment, à trois semaines des élections régionales, à quatre mois des élections européennes, cela ne coûte rien à Raffarin d'annoncer cette fameuse reprise, d'autant qu'après ces élections il n'est même pas sûr de rester Premier ministre.
Mais pour les travailleurs, reprise ou pas, la question n'est pas là. Car même quand la croissance économique est là, les suppressions d'emplois, les plans de licenciements ne cessent pas. C'est une chose que le plus menteur des ministres ne peut pas nier.
La cause principale du chômage, c'est la volonté des dirigeants des grandes entreprises d'augmenter leurs profits en faisant effectuer la même production par moins de travailleurs. Partout on fait des économies de main-d'oeuvre. Et dans les usines, plutôt que d'investir dans de nouvelles installations, le patronat aime mieux, quand les carnets de commandes sont pleins, faire tourner les machines et les chaînes de production la nuit, le samedi, le dimanche, augmenter les cadences de travail, au mépris de la vie privée, de la vie de famille et de la santé des salariés.
Pendant que des millions de travailleurs se désespèrent d'être au chômage, des millions d'autres se ruinent la santé à cause de conditions de travail démentielles.
Augmenter les profits des entreprises, c'est aussi, pour le patronat, "réduire les coûts salariaux". Et le gouvernement, qui n'a rien à lui refuser, lui accorde exonérations de charges sociales sur exonérations de charges sociales, en affirmant sans rire que c'est pour permettre la création d'emplois !
C'est le même prétexte qui est avancé, dans les Conseils généraux comme dans les Conseils régionaux, qu'ils soient dirigés par la droite ou par les partis de l'ex-gauche plurielle, pour multiplier les subventions diverses aux entreprises, alors qu'avec cet argent de l'État il serait possible de créer directement des emplois dans des services publics laissés à l'abandon.
Le Parti Socialiste critique certes la politique du gouvernement. C'est logique: il est dans l'opposition. Mais il se garde bien de critiquer cette politique d'aides aux entreprises que mènent Chirac et Raffarin, parce qu'il a mené la même quand il était au gouvernement, et qu'il s'apprête à récidiver s'il y revient.
Le gouvernement craint un vote "sanction" lors des prochaines élections régionales. Mais un seul vote permettra de sanctionner le gouvernement sans amnistier l'ex-gauche plurielle, et de s'opposer aux attaques du Medef. C'est le seul vote qui peut s'opposer à leur volonté de réduire encore la part des salariés dans la répartition des richesses qu'ils créent par leur travail. C'est le vote pour les listes présentées par Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire.
C'est aussi le meilleur moyen de préparer la nécessaire riposte de la classe ouvrière aux attaques du patronat.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 5 mars 2004)
8 mars 2004
POUR PROTESTER UTILE, IL FAUT PROTESTER FORT VOTONS LO-LCR
Samedi 6 mars, les chômeurs qui ont vu leurs indemnités brutalement diminuées ont manifesté leur mécontentement. Mardi 9, l'ultimatum lancé par les chercheurs scientifiques, menaçant de démissionner de leurs fonctions administratives si le gouvernement n'accordait pas les crédits et les créations de postes qu'ils réclament, arrive à expiration. Le même jour la CGT appelle les retraités à manifester pour la défense de leur pouvoir d'achat. Jeudi 11, le personnel hospitalier et les salariés du bâtiment feront entendre leurs revendications. Vendredi 12 ce sera le cas des enseignants, et samedi 13 celui des intermittents du spectacle.
Les problèmes soulevés par les uns et les autres sont divers. Mais à l'origine de tous on trouve la même cause : une politique qui vise à utiliser la plus grande partie possible des fonds de l'État pour faire des cadeaux aux entreprises et à leurs actionnaires, au détriment non seulement des travailleurs, des plus pauvres, mais aussi de services publics aussi essentiels que les hôpitaux, l'enseignement ou la recherche scientifique.
Ce gouvernement, comme ses prédécesseurs, ne fait rien pour mettre un terme à ce drame social que constituent le chômage et la généralisation des emplois précaires.
Le chômage n'est pourtant pas une fatalité tombée du ciel. C'est dans les conseils d'administration d'entreprises le plus souvent florissantes, comme le montrent les bilans qu'elles publient à l'usage de leurs actionnaires, que se prennent les décisions de réductions d'effectifs, de fermetures d'usines, que l'on jette à la rue des milliers de salariés, que l'on ruine parfois des villes ou des régions entières.
Et si le gouvernement ne s'y oppose pas, ce n'est pas parce qu'il ne peut pas, c'est parce qu'il ne veut pas, parce qu'il est au service exclusif des puissances d'argent. En fait, plus que le Président de la république et le Premier ministre qui ne sont que ses commis, c'est le grand patronat qui gouverne le pays. Plus que Chirac et Raffarin, c'est le baron Seillière.
Eh bien il faut profiter des élections régionales, dont le premier tour se déroulera le 21 mars, pour sanctionner ce gouvernement, sans amnistier le Parti socialiste qui a mené avec le gouvernement de la gauche-plurielle une politique qui était elle aussi au service du patronat, même si elle était accompagnée de bonnes paroles en direction des travailleurs ! Et le seul moyen d'exprimer un vote sanction clair, c'est de voter pour les listes présentées par Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire.
La droite, comme le Parti Socialiste, prétendent que l'extrême-gauche n'a pas de programme. Mais, eux, leur programme c'est de continuer la même politique que celle qu'ils ont menée et qui a été incapable de faire reculer le chômage.
Il n'y a que l'extrême-gauche qui défende un programme destiné à lutter vraiment contre le chômage :
l'interdiction des licenciements collectifs, en commençant par les entreprises qui font des profits et qui licencient quand même, sous peine de réquisition sans indemnité ;
la suppression du secret bancaire, du secret commercial, du secret industriel, de manière à ce que les travailleurs et la population en général puissent savoir d'où vient et où va l'argent ;
la suppression des impôts indirects (telle la TVA) qui frappe plus les pauvres que les riches, et une taxation plus importante au contraire des bénéfices des entreprises et des hauts revenus ;
l'utilisation par l'État lui-même des fonds ainsi dégagés pour créer les milliers d'emplois utiles qui manquent si cruellement dans les hôpitaux, l'enseignement, les transports en commun, et pour construire des logements dont les loyers soient accessibles aux petits revenus.
C'est pour affirmer qu'une telle politique est indispensable qu'il faut voter le 21 mars pour les listes présentées par Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 10 mars 2004)
15/03/2004
LE 21 MARS, POUR SANCTIONNER CLAIREMENT LA POLITIQUE ANTI-OUVRIER DU GOUVERNEMENT, VOTONS LO-LCR
Le gouvernement veut tant convaincre les électeurs que le scrutin de dimanche prochain est une consultation purement locale que Raffarin a lancé l'idée saugrenue d'organiser à l'avenir des élections à des dates différentes pour chaque région. A quand des élections municipales à des dates différentes pour les 36 000 communes du pays ?
Lundi matin, on a même pu entendre sur France-Inter le chiraquien François Baroin, ex-porte parole du gouvernement Juppé, expliquer qu'il ne s'agissait pas dimanche prochain de se prononcer sur la politique de Raffarin, mais pour choisir des présidents de région. Ce qui revient à dire "c'est pas moi, c'est lui".
Il est clair que les représentants de la majorité parlementaire, qui ne se font pas d'illusions sur la popularité du gouvernement dans l'électorat populaire, craignent un "vote sanction". Ils ont raison de le craindre, car sanctionner la politique du gouvernement est la seule chose d'utile que les travailleurs peuvent faire dans ces élections avec leur bulletin de vote.
Le gouvernement Chirac-Raffarin est aux ordres du grand patronat. Les prétendues "réformes" des retraites, des allocations chômage ou de la Sécurité sociale, constituent autant d'attaques contre le monde du travail. Le gouvernement a diminué les impôts des plus riches, mais à travers les augmentations des impôts locaux, le poids de la fiscalité supporté par les plus pauvres a au contraire augmenté. Parce que les ressources de l'Etat sont utilisées au profit du patronat, les services publics (hôpitaux, enseignement, transports en commun, etc.) sont laissés à l'abandon. Le gouvernement a plus d'égards pour les restaurateurs que pour la recherche scientifique. Il gaspille les finances publiques dans des cadeaux aux entreprises, qui ne créent aucun emploi, mais permettent aux actionnaires d'engranger encore plus de profits.
Oui, ce gouvernement mérite que les travailleurs lui manifestent leur mécontentement..
Mais voter pour les listes présentées par les partis de l'ex-gauche plurielle, ce ne serait pas vraiment sanctionner la politique gouvernementale. Car les gouvernements socialistes ont mené eux aussi une politique favorable au patronat.
C'est sous Mitterrand que l'impôt sur les sociétés a diminué de 50% à 33%. Jospin lui aussi a multiplié les cadeaux aux entreprises. Il n'est pas revenu sur la décision de Balladur de porter de 37,5 à 40 le nombre d'années de cotisation nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein. C'est le cabinet de la socialiste Martine Aubry qui a préparé les mesures de déremboursement de médicaments appliquées par Mattei. D'ailleurs, aujourd'hui, les dirigeants socialistes, s'ils critiquent le gouvernement, se gardent bien de promettre que s'ils reviennent au gouvernement ils annuleront toutes les mesures prises par Raffarin contre la population laborieuse.
On ne peut pas sanctionner le gouvernement Chirac-Raffarin en votant pour des hommes qui ont mené ou soutenu une politique qui n'était pas différente, sur le fond, de celle du gouvernement actuel, et qui s'apprêtent, s'ils reviennent au pouvoir, à gouverner dans le même sens.
Sanctionner le gouvernement et sa politique ouvertement pro-patronale, cela ne peut se faire qu'en votant pour des candidats qui se présentent non seulement en opposants résolus à Chirac et Raffarin, mais aussi à l'offensive anti-ouvrière menée par le patronat.
Les listes présentées par Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire sont les seules qui se placent sur ce terrain-là. Les seules qui sont clairement dans le camp des travailleurs.
Le 21 mars, votez pour les listes LO-LCR.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 16 mars 2004)
22/03/2004
UN VOTE QUI FAIT PLAISIR MAIS QUI N'EST PAS SUFFISANT
Ainsi la droite, le gouvernement Raffarin et, au-dessus de lui, Chirac viennent de recevoir un sérieux désaveu. Au bout de deux ans de gouvernement, les électeurs ont dit son fait à Raffarin. Et c'est bien réjouissant ! Cela ne changera rien à la majorité de droite à l'Assemblée nationale et c'est toujours la droite qui aura le gouvernement. Plusieurs ministres seront remplacés et peut-être même Raffarin, mais cela ne changera pas la politique menée, sauf peut-être un peu moins d'arrogance dans les discours.
Le FN ne progresse que très légèrement et cela montre qu'heureusement ce parti réactionnaire n'a pas servi de moyen de protestation aux classes populaires.
La gauche sera en situation d'être à la direction d'un plus grand nombre de régions que précédemment. L'électorat populaire, celui qui vote pour la gauche, a choisi le Parti Socialiste, le Parti Communiste et leurs alliés pour exprimer son rejet de la politique de Raffarin. C'est vrai que lorsqu'on veut frapper un adversaire on se sert des armes qu'on a sous la main, sans être trop regardant.
Mais il ne faut pas croire que la situation des classes populaires et de tout ce qui concerne la population, va changer en quoi que ce soit dans les régions qui passent à la gauche. Dans l'Ile-de-France, par exemple, personne n'a ressenti dans sa vie quotidienne que, depuis six ans, le président de région était un socialiste. Et s'il le reste six ans de plus, on ne le sentira pas plus.
La droite, par sa politique, par son mépris de la population laborieuse, par sa suffisance, a fait campagne pour la gauche, qui n'a pas eu besoin de dire quoi que ce soit de ce qu'elle ferait si elle revenait au pouvoir. La gauche n'a même pas promis d'annuler les mesures réactionnaires du gouvernement Raffarin.
En ce qui concerne les listes présentées en commun par Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire, leurs scores ne sont pas ceux que la presse leur prêtait avant le scrutin. Mais avec 5 % des voix à l'échelle nationale, ces scores, s'ils sont inférieurs par rapport aux Présidentielles, sont stables par rapport à d'autres élections similaires et en progression par rapport aux élections régionales précédentes. D'ailleurs, l'extrême gauche n'a jamais pu faire autant, dans des élections régionales, européennes ou législatives, qu'aux élections présidentielles.
Ce score de 5 % au niveau national est un score qui se maintient depuis des années, à part les Législatives de 2002, ce qui prouve que l'électorat d'extrême gauche existe et se maintient à travers les aléas et les divers scrutins.
Il aurait réellement mieux valu que le mécontentement populaire se manifeste plus sur les listes d'extrême gauche que sur la gauche que l'on a vu servir les plus riches pendant cinq ans au pouvoir. Beaucoup se sont dit que la droite est pire que la gauche. C'est vrai ! Mais il ne faut pas oublier que pour prendre toutes ces mesures anti-populaires, la droite est partie d'un tremplin préparé par la gauche. Il faut savoir aussi que si la gauche revient au pouvoir elle partira de ce qu'a fait la droite, sans revenir en arrière. Et, à son tour, elle fera pire que ses prédécesseurs de droite.
Les élections ne peuvent apporter le bonheur, elles ne peuvent que redonner le moral. Espérons que celles-ci le feront.
En tout cas, ni LO ni la LCR ne sont des partis électoralistes, même s'ils se présentent aux élections. Car ils ne cherchent aucune place dans l'appareil d'Etat, qui ne peut être qu'au service de la bourgeoisie.
Les militants de LO et de la LCR militent essentiellement au sein des classes populaires et dans les luttes sociales car c'est seulement là qu'on peut changer les choses. Nos organisations le font tout le temps, pendant les élections comme en-dehors des élections, et elles continueront à le faire à l'avenir.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 24 mars 2004)
29/03/2004
CONTRE LE GOUVERNEMENT ET LE PATRONAT, NE NOUS CONTENTONS PAS DU BULLETIN DE VOTE !
Le deuxième tour des Régionales a plus que confirmé le premier. La droite a perdu toutes les régions sauf l'Alsace. Cela ajoute un coup de pied aux fesses à la gifle reçue la semaine précédente.
Cela n'a pas empêché Raffarin d'annoncer dès dimanche soir que le gouvernement poursuivrait ce qu'il appelle ses réformes : la démolition des retraites, puis bientôt de la Sécurité sociale, l'Éducation nationale étranglée, la recherche aussi, le logement social inexistant face à la flambée des loyers, les indemnités de chômage amputées. Il est question de limiter le droit de grève, de réformer le droit du travail et de restreindre les possibilités d'action des syndicats. Ce n'est pas encore une proposition du gouvernement, c'en est une de Seillière, le président du Medef, mais on ne peut pas douter que cela deviendra bientôt un projet gouvernemental.
Remaniement ministériel ou pas, changement de premier ministre ou pas, le gouvernement continuera à prendre aux plus pauvres au bénéfice des plus riches.
La condition des classes populaires risque de s'aggraver encore dans les trois ans qui viennent. Et malheureusement, il ne suffira pas qu'en 2007 l'électorat redonne une majorité à la gauche et la ramène au pouvoir pour que cette évolution soit inversée ou même que tout ce qui aura été fait contre les classes populaires par la droite soit annulé.
Les gens comme Huchon, Ségolène Royal et Hollande ne sont pas des défenseurs de la population laborieuse. Ils exerceront tout comme ceux de droite le pouvoir au nom des intérêts de la bourgeoisie.
Ils ne seront peut-être pas aussi cyniques et méprisants que les hommes de droite qui sont au pouvoir, mais on ne peut pas espérer qu'ils fassent fondamentalement autre chose. Si la droite a pu si facilement s'imposer, c'est que la gauche avait gravement déçu l'électorat populaire, et que la classe ouvrière avait été démoralisée par ceux qu'elle croyait ses alliés.
Au risque d'être considérés comme des oiseaux de mauvais augure, les militants du monde du travail que nous sommes continueront à dire la vérité sur les politiciens qui nous ont gouvernés toutes ces années.
Bien sûr, le chômage, les coups que les travailleurs ont reçus ont affaibli leurs capacités à ce défendre. Lorsque des usines licencient, on craint pour sa place et on n'a pas envie de faire grève. Pourtant les travailleurs ne peuvent pas, ne doivent pas, dans les trois années qui viennent se laisser faire. Il faut que nous nous défendions, il faut que nous utilisions la grève, mais pas des grèves qui restent isolées. Il faut contraindre les syndicats à prendre en compte nos revendications, nos intérêts, en cherchant à chaque fois à faire jouer la solidarité entre les travailleurs pour élargir les mouvements, en ne laissant pas les pompiers un jour, les intermittents du spectacle un autre, les cheminots un troisième etc., aller au combat sans réunir leurs forces.
Lorsqu'on ne le fait pas, nos adversaires nous divisent. Par exemple, lorsque les cheminots ou les conducteurs du métro se mettent en grève, cela gêne beaucoup de travailleurs et le gouvernement a beau jeu de dire qu'il faudrait limiter leur droit à la grève, c'est-à-dire leur droit à se défendre. Mais nous avons, nous, intérêt à nous défendre en même temps. Le patronat, l'État et le gouvernement font cause commune. Il faut que nous, salariés de l'État ou salariés du privé, fassions cause commune contre nos adversaires communs.
Voilà la seule chose qui peut changer notre sort. Si nous nous battons, sans attendre les élections, contre le gouvernement de la droite, si nous faisons peur et à ce gouvernement et au patronat, nous pouvons au moins arrêter son offensive, sinon le faire revenir en arrière, et nous serons alors en bien meilleure situation pour nous opposer à la gauche si elle veut suivre le même chemin qu'entre 1997 et 2002, qui lui a fait perdre quatre millions de voix sans que nous réagissions autrement.
Nous n'avons pas le choix qu'entre droite et gauche ou gauche et droite. Nous avons aussi le choix de nous défendre nous-mêmes avec d'autres armes que le bulletin de vote. C'est moins facile mais il n'y a pas d'autre espérance que celle-là.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 31 mars 2004)